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14 novembre 2010

LES ROYAUMES DE BORÉE (2003) - Jean RASPAIL (1925)

LES ROYAUMES DE BORÉE (2003) -Jean RASPAIL (1925)

         Jean RASPAIL est né en 1925 à Chemillé-sur-Dême, Indre et Loire. Il est l’arrière-petit-fils de François-Vincent Raspail, biologiste, chimiste et homme politique français qui participa à la création de la IIIème République en tant que député socialiste.

 Grand voyageur, notamment chez les Indiens d’Amérique (Terre de feu-Alaska, 1952 ; Journal peau-rouge, 1975), dans ses romans (Le camp des saints, 1973 ; Le Jeu du roi, 1976 ; Qui se souvient des hommes…, 1986 ; Sire, 1991 ; L’anneau du pêcheur, 1995) et ses essais (La Hache des steppes, 1974), Jean RASPAIL est le messager des irréductibles, des causes perdues, de la résistance à la civilisation de masse.

En canot sur les chemins d’eau du roi, éditée chez Albin Michel en 2005, raconte comment il s’est lancé, en 1949, sur les traces des pionniers américains de la Compagnie d’Hudson de Trois-Rivières au golfe du Mexique. Il était chef scout à cette époque et a fait cette équipée avec trois équipiers sur deux canots fabriqués à l’ancienne.

 « Monarchiste sentimental » attaché à certaines valeurs chevaleresques, son langage est recherché. Il a le sens de la courtoisie.
Bibliographie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Raspail

L’HISTOIRE, comme dans Septentrion, se passe dans un royaume imaginaire aux confins septentrionaux de l’Europe. La frontière Valduzia de s’étend au nord et à l’est sur quelque quatre cent soixante-dix lieues, traversant d’interminables forêts, des plaines spongieuses semées de lacs, de marécages, de rivières torrentueuses qui coulent vers des destinations inconnues.

Au-delà, s’étend une terre inexplorée, la Borée. Ce territoire serait habité par un mystérieux petit homme couleur d’écorce, portant un arc et un carquois et maniant des javelots à tête de loup ou de harfang. Seuls quelques initiés l’auraient vu.

Quels sont les indices de vie dans ces terres septentrionales ?

- Certains croient avoir aperçu le petit homme et même, lui auraient dû leur survie. –rêve, délire ou réalité ?-

- Des flèches se sont plantées à proximité des envahisseurs qui s’aventuraient trop loin. Une pluie de flèches s’est abattue sur les cavaliers Cosaques au cours de la bataille de la Dvina.

- On a trouvé quelques pieux représentant une tête de loup la gueule sanguinolente, ou une tête de harfang.

- Les incidents météorologiques, les catastrophes d’origine humaine sont toujours précédées du vol des bernaches et de la fuite des animaux.

- Une borne de la frontière porte un dessin qui représente un petit homme.

- Un petit homme soigné et décédé dans l’ambulance de la Campagne d’hiver de mai 1940.

L’enquête menée par le narrateur nous conduit à suivre, dans cette partie de l’Europe de 1658 à 2002, en passant par les États Unis, les bouleversements politiques et les vagues migratoires qui ont accompagné la reconnaissance, la protection puis l’exploitation des ressources minières et forestières de cette région sur plus de trois siècles d’aventures et de batailles.

LES PERSONNAGES : Certains princes de la dynastie régnante s’intéresseront avec l’aide d’officiers des éclaireurs de Ragen à ces « lisières de l’éternité » (O’Neill), cet « outre monde », cet au-delà mystérieux. Nous suivons dans la quête de plusieurs générations de Pikkendorff, de Chapak et de Soudza et du narrateur. Ce dernier se révèle être le dernier descendant du petit homme vert. Aucun d’eux ne prendra la relève, soit qu’ils n’aient pas de descendance, soit que celle-ci ait rompu avec son héritage, happée par le monde moderne. Quoiqu’il en soit, le petit homme n’existe plus, son monde a disparu.

  Le lieutenant Souzda aux U.S.A. émigre dans l’État du Mississipi. Jean RASPAIL ne peut s’empêcher de nous emmener dans cette autre contrée construite au prix de la disparition des peuples autochtones ou de leur concentration dans des réserves. L’homme se fera un défenseur du droit des Indiens dont les descendants s’adaptent à leur manière au capitalisme moderne tout en tentant de préserver leur identité.

 

LE CONTENU : L’enquête est agréable à suivre, c’est une épopée à laquelle il est difficile de s’arracher.

Au début de l’aventure, l’installation du fort de Frechenbach nous fait penser au livre Le Désert des Tartares de Dino BUZZATI (1940) et au film qui en a été tiré.

Certains personnages sont attachants.

On retrouve dans ce roman les convictions, les combats et les valeurs défendues par Jean Raspail dans son œuvre.

La description du départ et des scènes de pillage de la Grande armée se retirant de Moscou en octobre 1812, le portrait de Napoléon abandonnant ses troupes à leur destin, sont accablants.

En avril 1945, la fuite des populations civiles devant le déferlement de l’Armée rouge et les exactions commises par les troupes soviétiques sur ceux qui étaient rattrapés est poignante.

          LE STYLE est agréable, le vocabulaire est riche et juste, les descriptions vivantes et imagées.

          LES PISTES DE RECHERCHE : C’est un livre qui nous amène à chercher plus avant sur le plan géographique et historique.

         Une des expéditions sur la frontière était accompagnée par deux huguenots français de La Rochelle, émigrés suite à la Révocation de l’Édit de Nantes en 1685.

         La Livonie : comprend la Lettonie et l’Estonie. À l’origine, la Lettonie était habitée par les Lives.

En 1561, elle était polonaise. Elle fut disputée jusqu’en 1918 entre la Suède, la Russie et la Pologne. Elle fut annexée à l’Empire russe au traité de Nystad (1721) puis partagée entre la Lettonie et l’Estonie en 1918.

Un des héros, O’Neill, 3ème commandant du fort est un émigré irlandais victime de Cromwell.

-  1541, accaparement des terres, la religion protestante imposée par les Anglais. Henri VIII prend le titre de roi d’Irlande. 

- 1559, révolte de Shane O’Neill

- 1594-1603, révoltes de Hugh O’Neill, comte de Tyrone et de O’Donnel fortement réprimée

- 1641, nouvelles menaces de confiscation, rébellion qui dure dix ans brisée par Cromwell

- 1649, massacres de Drogheda et de Wexford

            La persécution des Juifs d’Europe centrale :

         Les Khazars, peuple d’origine turque de la base de la Volga adoptèrent au IXè siècle le judaïsme comme religion d’État.

         Au Moyen-Âge, des communautés juives apparurent à l’ouest de la Russie et de l’Ukraine.

         La Pologne constituait avec la Turquie un grand refuge juif : dès 1551, les juifs avaient obtenu une autonomie administrative à peu près complète et se gouvernaient eux-mêmes par le Vaad ou Conseil des Quatre Pays. Cette tranquillité cessa brusquement en 1648, lorsque les Cosaques, révoltés contre les Polonais, envahirent les provinces du Sud et se livrèrent à des massacres systématiques. Peu après, les communautés juives de la Pologne occidentale et de la Lituanie furent ravagées par les soldats suédois et russes. De 1648 à 1658, plus de 20 000 juifs furent tués.

         Lors du partage de la Pologne, à la fin du XVIIIè siècle, les Juifs furent contraints de vivre dans des zones spécifiques où ils obtinrent une relative liberté.

         En Allemagne, les Juifs étaient très nombreux, mais toujours en butte à l’hostilité de la population car les corporations redoutaient leur concurrence commerciale. C’est à cette époque qu’on imposa au Juifs des noms germaniques pittoresques et parfois ridicules. Mais les empereurs s’efforçaient de protéger les Juifs et de nombreux petits États allemands recouraient aux services de banquiers, de financiers, de diplomates israélites, qui jouissaient d’une position souvent considérable. Au XVIIè/XVIIIè siècle se répandit ainsi un type nouveau : le « Juif de cour » anobli.

         Origine de l’adjectif et du nom ashkénaze : XIXe s., n. pr. Hébreux , cité dans la bible et appliqué au Moyen-Âge à la diaspora d’Allemagne.

        Juif issu d’une communauté originaire des pays d’Europe non méditerranéens (≠ séfarade). Les Ashkénazes parlent souvent le Yiddish.

        Yiddish : n. m. invariable ; Yudish 1864, mot anglais transcription de l’adj. jüdish « juif »

      Adj. Ensemble des parlers germaniques des communautés juives d’Europe orientale et autrefois d’Allemagne.

       Un exemple du choix d’une religion dans un État :

     Au Xè siècle, Vladimir, tsar de Russie fit venir à Kiev des émissaires des différentes croyances : musulmans bulgares, germains, Juifs de la Volga, Juifs Khazars, Grecs orthodoxes et compara ces religions, séduit par la beauté et la spiritualité du culte grec byzantin, il imposa le culte orthodoxe en 988, déjà adopté par sa grand-mère).


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1 juin 2010

Gabriel GARCIA MARQUEZ – BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

Texte mis à jour le 18 avril 2014

Gabriel Garcia Marquez est né en 1928, à Aracataca, petit village de Colombie. Il est journaliste, écrivain et auteur de cinéma.

C’est un conteur fantastique (Les Funérailles de la grande mémé, 1962 ; L’Incroyable et Triste Histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique, 1972).

Il défend les droits de l’homme dans (L’Automne du patriarche, 1975).

Il est surtout l’auteur de Cent ans de solitude (1967) qu’il se plaît à dire, être le seul et même roman qu’il a commencé à écrire à l’âge de dix-sept ans et que Pablo NERUDA qualifia comme « la plus grand révélation de la langue espagnole depuis le Don Quichotte de CERVANTÈS ».

On lui doit également Chronique d’une mort annoncée (1981), L’Amour au temps du choléra (1985), Le Général dans son labyrinthe (1989).

Ses entretiens avec Plinio Mendoza ont paru en 1982 (Une odeur de goyave).

Le premier volume de ses mémoires, Vivre pour la raconter, est paru en 2003.

Gabriel GARCIA MARQUEZ est décédé, suite à une pneumonie, le 17 avril 2014 à Mexico où il vivait depuis plus d'une vingtaine d'années.

Gabriel GARCIA MARQUEZ a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1982.Son œuvre témoigne de l’importance de la littérature latino-américaine dans le XXème siècle.

9 août 2010

Dany LAFERRIÈRE (1953) - L’énigme du retour (2009)

Dany LAFERRIÈRE (1953) - L’énigme du retour (2009)

 

« La nouvelle coupe la nuit en deux.

L’appel téléphonique fatal

que tout homme d’âge mûr

reçoit un jour.

Mon père vient de mourir. »(p13)

La dictature de Papa doc pour son père, de Bébé doc pour Dany LAFERRIÈRE une génération plus tard, a fait d’eux des exilés. Destinées communes. Seulement, la vie les a séparés. Quelles images a-t-il de ce père qu’il n’a jamais revu, sinon ces deux photos et son souvenir entretenu par sa mère ? Les bons moments de l’enfance, la chaleur familiale, la jeunesse studieuse et passionnée, les débuts professionnels, la conscience d’avoir une vocation, la survie dans l’exil, l’adaptation à ce pays si différent aux hivers si longs, refont surface.

« Foule dans cette église de Manhattan

pour un homme qui a vécu seul

les dernières années de sa vie.

On ne l’avait pas oublié.

Comme il ne voulait voir personne

on a attendu patiemment sa mort

pour lui rendre hommage. (p63)

Une femme l’attend depuis cinquante ans. Il ne sera pas mort « tant que cette femme ne saura la nouvelle. » Le narrateur en sera  le messager. Il regagne Haïti après trente-trois ans.

Arrivé à Port-au-Prince, bien décidé à ne pas verser dans la nostalgie, c’est avec le détachement d’un Américain du Nord en visite que l’écrivain note sur son carnet noir le soleil, la chaleur, la sueur, la poussière, le bruit, le bidonville, la déambulation chronique de la foule, la misère, la faim, le manque d’eau, les coupures d’électricité, les marchés, les petits métiers, les klaxons, mais aussi les chiens, les oiseaux, un lézard, quelques arbres et l’insécurité toujours présente sous une autre forme.

Quel calme, au dessus de la ville ! Là haut, sur la montagne, villas luxueuses, inhabitées pour la plupart ou louées aux étrangers chargés de sortir le pays de la misère, hôtel confortable et bar convivial, point de ralliement des journalistes étrangers en reportage. 

L'auteur retrouve sa famille. Les notes sur sa mère pleines de délicatesse sont très émouvantes. Quel avenir pour son jeune neveu et ses amis ? Les souvenirs reviennent se confrontent au présent.

Et puis, accompagné de Dany son neveu, qui porte le même prénom que lui, il entreprend un parcourt à l’intérieur de l’île au relief tourmenté avec sa végétation exubérante, ou désolée, ses cultures de cannes à sucre, ses routes cahoteuses. Il retrouve des amis, des artistes, ceux qui sont restés ou qui sont revenus.

Dany LAFERRIÈRE se doit d’annoncer le décès aux anciens amis politiques de son père. L’un, ancien ministre, amateur de peinture, a transformé sa vaste demeure en musée d’œuvres majeures des peintres haïtiens les plus talentueux. C’est pour lui l’occasion d’évoquer les artistes naïfs qui transcendent la misère et le dénuement en représentation de végétation luxuriante aux couleurs primaire. L’autre ami de son père qui s’est retiré du monde et vit modestement aidé de sa petite fille lui offre une poule noire.

Avec la Buick 57 du ministre pilotée par son chauffeur, ils traversent des régions très isolées mais sont toujours reçus avec déférence par une population pourtant nécessiteuse imprégnée de rites occultes. L’espace entre le paradis chrétien et le vaudou se rétrécit. La compagnie de la poule noire fait de son neveu Legba dieu vaudou qu’on est honoré de recevoir et lui d’Ogou, un dieu colérique et jaloux qu’il est important d’amadouer, deux dieux gardiens du royaume des morts.

C’est seul, qu’il poursuivra sa route vers Baradères, le village natal de son père où, à défaut d’y ramener le corps dans son cimetière, il pourra méditer sur ses origines et le sens de la vie.

Familier des chroniques, Dany LAFERRIÈRE trouve des formules percutantes pour exprimer des pensées qui donnent à méditer. Il note ses observations, ses commentaires et ses réflexions sous forme de strophes en vers libres, alternant avec des explications en prose. Il faut s’habituer aux dialogues en continu, déconcertants au début.

 

Photo de Frank Étienne et Dany LAFERRIÈRE

 

9 octobre 2011

Claude LANZMANN (1925) - Le Lièvre de Patagonie (Mémoires) (2009)

Claude LANZMANN (1925)

Le Lièvre de Patagonie (Mémoires) (2009)

 QUELQUES DONNÉES BIOGRAPHIQUES : Le Lièvre de Patagonie est consacré aux mémoires de Claude LANZMANN qui y rapporte les grandes lignes de  sa vie durant laquelle il s’est trouvé témoin, parfois acteur, d’évènements majeurs et a rencontré ou côtoyé des personnages qui ont marqué l’Histoire.

Les grands-parents paternels de Claude LANZMANN habitaient Paris, ses grands-parents maternels vivaient en région parisienne. Les uns et les autres avaient fuit les répressions antisémites d’Europe orientale et s’étaient spécialisés dans le commerce de mobilier ancien. Itzhak Lanzmann avait ouvert un magasin rue Drouot tandis qu’Yankel Grobermann  était devenu brocanteur, puis antiquaire.

Claude LANZMANN est né en 1925 à Paris. En 1937, ses parents Armand et Pauline (Paulette) divorcent. Dès lors, Claude, son frère cadet Jacques et la benjamine Évelyne vivent avec leur père et sa compagne Hélène successivement à Brioude (Haute Loire), à Paris où Claude fréquente le Lycée Condorcet, puis de nouveau à Brioude.

En 1943, Claude est l’un des organisateurs de la Résistance au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Il participera à la lutte clandestine urbaine puis aux combats des maquis d’Auvergne.

Après la Libération, Claude LANZMANN revient à Paris, reprend contact avec sa mère et Monny de Boully et entre en 1945 en Hypokhâgne au lycée Louis Legrand. Là, il se lie d’amitié avec Jean Cau.

En 1946, Le jeune homme interrompt la préparation des concours pour devenir le premier des secrétaires de Jean-Paul SARTRE et fait parallèlement des études de philosophie à la Sorbonne. Il sera désormais un fidèle compagnon de route de Simone de BEAUVOIR et de SARTRE qui vient de fonder la revue Les Temps Modernes (1945).

En 1947, il poursuit son cursus de philosophie  en Allemagne à Tübingen avec Michel TOURNIER et obtient l’année suivante un poste de lecteur à l’Université de Berlin. Il s’y trouve donc pendant le blocus de la ville (1948~1949).

De retour en France, Claude LANZMANN entre dans le groupe de presse de Pierre et Hélène Lazareff.

De 1952 à 1959, Claude LANZMANN devient le compagnon de Simone de BEAUVOIR et l’ami du couple SARTRE-BEAUVOIR et le restera jusqu’à leur mort. Il entre au comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes.

En 1963, il épouse l’actrice Judith Magre.

Jusqu’en 1970, il partage son activité entre Les Temps Modernes dont il est aujourd’hui le directeur. Dès cette date, il se consacre exclusivement au cinéma en tant que réalisateur.

LE LIVRE : est consacré aux mémoires de Claude LANZMANN. Tout en le respectant en gros, l’ordre chronologique est quelque peu bousculé par des références à des évènements postérieurs à ceux développés ou inversement par des flash-back.

Dès le premier chapitre, partant du fait que les humains s’octroient le droit de donner la mort à d’autres êtres humains et surtout que, pour ce faire, imaginent des mises en scènes et des procédés allant du plus barbare, sanglant et terrifiant au plus raffiné, rapide et efficace, il précise le fil conducteur de son existence qui l’amènera à la réalisation de son grand-œuvre le film Shoah. Qu’éprouve la victime à l’instant de son exécution ? Telle est la question qui l’obsède.

Claude LANZMANN nous conte son enfance perturbée par une situation familiale peu commune à l’époque à laquelle s’ajoutent les conséquences de l’invasion allemande et des rafles antisémites. Le garçon a reçu une éducation libérale pendant laquelle il a eu l’occasion de rencontrer des personnes exceptionnelles, les relations de Paulette et Monny, la clientèle de ce dernier et ses pourvoyeurs en pièce rares ou en « vrais-faux » manuscrits, des professeurs éminents et ses condisciples à Khâgne.

Il nous parle de son admiration pour SARTRE et son œuvre. Nous le suivons dans le monde existentialiste de Simone de BEAUVOIR et Jean-Paul SARTRE.

Journaliste, il a eu des entrevues et des échanges avec des célébrités politiques, qui ont joué un rôle historique, ou au rôle artistique incontestable.

Il explique ses engagements politiques, son rapport avec le parti communiste, son opposition à la présence française en Algérie, sa signature du Manifeste des 121  contre la répression en Algérie et, paradoxalement, sa défense de la constitution d’Israël.

Il évoque la situation de Berlin occupé par les ex-alliés, la zone soviétique. Le blocus de la ville par les soviétique qui l’a amené à écrire un article qui parut dans Le Monde.

Au cours de ses voyages dans les nouveaux pays communistes, la Corée du Nord, la Chine, Cuba, il a pu mesurer la différence entre l’idéal attendu et la réalité de l’application sur le terrain. Il est vrai qu’à cette époque, ces nations avaient à mener leur reconstruction. Ils pouvaient encore invoquer l’excuse de leur jeunesse.

Et puis, ce sont  ses séjours en Israël, le premier en 1952, la préparation de son film Pourquoi Israël (1972) présenté aux USA alors qu’éclate la guerre du Kippour. Il y tournera aussi le film sur l’armée israélienne, Stahal (1994).

Claude LANZMANN nous explique son objectif  et la complexité de la réalisation de Shoa (1985) film  d’une durée de neuf heures et demie, auquel il a consacré onze années de préparation, à plein temps. Le thème des camps d’extermination sera repris avec Sobibór, 14 octobre  1943, 16 heures, son dernier film.

Il fait aussi allusion aux polémiques soulevées à la sortie de ses films sur Israël par ses anciens amis de l’époque Algérienne, à l’accueil réservé à Shoah, aux obstacles polonais pour diffusion de ce dernier en Pologne.

 

La revue Les temps modernes :

Présentation de la revue

Direction de la revue

À propos des films de Claude Lanzmann

Le film Shoah

Bande annonce du film Shoah

1 juin 2010

Gabriel GARCIA MARQUEZ - CENT ANS DE SOLITUDE (1967)

LE CONTEXTE BIOGRAPHIQUE : Gabriel GARCIA MARQUEZ raconte dans Vivre pour la raconter, qu’alors qu’il mettait fin à ses études de droit, voulant devenir écrivain , il participait à la rédaction d’articles dans plusieurs revues littéraires où certaines de ses nouvelles avaient été remarquées, mais était à la recherche d’inspiration et d’un moyen de mettre en forme son ambition d’écrire un roman, il entreprit avec sa mère un voyage sur les lieux de son enfance pour tenter de vendre la maison de ses grands-parents. Les paysages, les marécages, les gares désaffectées, les ruines de la compagnie bananière dont on attend toujours le retour, le village d’Aracataca, la visite chez le vieil ami du grand père, le docteur Alfredo Barboza, la vue de la maison familiale délabrée, réveillèrent ses souvenirs. Il prit alors conscience qu’il tenait là, la matière de son œuvre.

Les aventures et les enseignements de son grand-père, ancien colonel de l’armée des libéraux qui participa à la « Guerre des mille jours », orfèvre spécialisé dans la fabrication de petits poissons en or, qu’il accompagnait, voire chaperonnait dans toutes ses sorties, sa grand-mère, boulangère, qui confectionnait des petits animaux en caramel, qui tenait un registre des naissances hors mariage de son époux pendant la guérilla et qui dirigeait la maisonnée où cohabitaient aussi la famille élargie et les domestiques indiens, sa petite sœur qui mangeait de la terre, la vie du village, les tribulations des adultes, les conversations en sa présence évoquant les faits marquants du village, l’arrivée du modernisme, le développement, l’essor, puis la décadence de la région suite au départ de la compagnie bananière, tout cela servira de terreau à ses ouvrages.

 

LE LIVRE : Servi par ses talents de conteur et une imagination débridée, l’auteur nous entraîne dans ce village imaginaire de Macondo, isolé du reste du monde, pour y suivre l’épopée de la famille Buendia dont l’ancêtre est un des fondateurs, jusqu’à la décadence et la fin de la dynastie.

Dans ce récit, se côtoient la réalité historique avec le rêve, le rationnel avec l’irréel, le quotidien prosaïque avec l’extraordinaire et le fantastique, l’athéisme avec la religion, les rites, la bigoterie, voire le miracle, la connaissance avec l’alchimie et la magie, la cruauté, les meurtres, les exécutions avec la tendresse et l’amour, le sexe débridé avec la pudibonderie, la tempérance avec la goinfrerie, la misère avec le gaspillage, le confort et l’abondance avec le dénuement, la convivialité avec la solitude, l’invasion avec la désertion, l’enfance avec la grande vieillesse, la lucidité avec la folie .

La dynastie subit les épidémies, des fléaux météorologiques (sécheresse, déluge), des invasions d’insectes, des catastrophes écologiques (l’inondation due au détournement de la rivière). La guerre, les alternances politiques et leurs conséquences modifient la vie familiale.

 L’exploitation économique des États Unis à travers l’installation, l’essor, puis le départ de la société bananière, marque le destin du village. Cette entreprise gourmande de main d’œuvre amènera auprès des descendants des fondateurs du village une vague d’exploiteurs, de journaliers, de pionniers, d’aventuriers, de fonctionnaires, de commerçants, de nomades, de prostituées. En se retirant elle laissera les plus déshérités.

 La mort côtoie constamment la vie : mort des animaux, des enfants, des héros, exécutions politiques, assassinats crapuleux, meurtres d’ivrognes, mitraillage de foule, « train de la mort », épidémies. Le rituel du deuil est contraignant. L’esprit des morts hantent la maison. Les défunts reviennent visiter les vivants. On transporte avec soi les ossements des ancêtres. Le cimetière est au centre de la vie. La mort peut frapper brusquement. Certains la sentent venir. D’autres s’y préparent et la préparent. Il en est qui l’attendent longtemps. On peut même entrer en relation avec les morts, converser avec eux, recevoir leurs conseils ou devenir messager des vivants auprès des défunts, en passant de vie à trépas. Remedios-la-belle qui « détenait certains pouvoirs de mort » y échappera en s’élevant dans les airs «…au milieu de l’éblouissant battement d’ailes des draps qui montaient avec elle,… pour se perdre à jamais avec elle dans les hautes sphères où les plus hauts oiseaux de la mémoire ne pourraient eux-mêmes la rejoindre. ».

Cette parodie délirante rabelaisienne, soutenue, sans cesse relancée par de nouveaux rebondissements nous emporte.

Ce roman proliférant, merveilleux, révèle les contrastes et les contradictions de l’Amérique latine encore très marquée par le colonialisme ibérique auquel se mêle l’exotique des traditions, des croyances et des superstitions locales ancestrales. La rage de vivre de ces descendants d’aventuriers, la violence des rapports humains dans une nature qui peut être à la fois paradis et enfer imprègne le récit.

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6 mai 2010

LE KIRGHIZISTAN

Le Kirghizistan est un pays d’Asie centrale. Il est bordé, à l’est et au sud-est, par la Chine, au nord, par le Kazakhstan, à l’ouest, par l’Ouzbékistan et au sud-ouest par le Tadjikistan. Sa superficie est de 198 500 km2.

Le Kirghizistan est un pays très pauvre, dont l’économie est tournée essentiellement vers l’agriculture. La principale activité est l’élevage du bétail qui produit la laine, la viande et les laitages. Les cultures dominantes sont le blé, la betterave à sucre, le coton, le tabac, les légumes et les fruits.

Le pays exporte principalement des métaux non-ferreux et des minéraux, des produits manufacturés en laine et des produits agricoles, de l’énergie électrique. La production d’or de la mine de Kumtor représente environ 10%du PIB.

Les importations consistent en Pétrole, gaz naturel, métaux ferreux, produits chimiques, les outils et les machines, du bois, du papier, des matériaux de construction, peu de produits alimentaires.

Ses principaux partenaires commerciaux sont la Chine, la Russie, Kazakhstan, les États-Unis, l’Ouzbékistan et l’Allemagne.

La densité de la population est assez faible de 29 habitants au km2. 65% de la population est d’origine kirghize constituée de bergers et de nomades. Elle est complétée par de ouzbèkes (14,5%) dans le sud principalement et par diverses communautés minoritaires.

Les Kirghizes, traditionnellement nomades restent attachés à leurs coutumes. L’épopée « Manas », phénomène littéraire par son volume et son emphase est enrichie par plusieurs siècles de transmission orale, fait la fierté de ce peuple qui se réapproprie actuellement ses racines historiques et mythologiques.

La religion principale est l’Islam sunnite, de l’école hanafite. La pratique religieuse a gardé des influences chamaniques et est marquée par le soufisme utilisé par les missionnaires qui ont islamisé la région.

Le kirghize fait partie des langues turques. En 1924, un alphabet basé sur l’alphabet arabe fut introduit. Il fut remplacé en 1928 par l’alphabet latin puis en 1941 par l’alphabet cyrillique qui fut définitivement adopté.

Le premier roman écrit en langue kirghize est Djamilia

Le Kirghizistan, ex-République socialiste de Kirghizie, depuis 1936, au sein de l’Union soviétique, vota son indépendance le 31 août 1991 et pris le nom de Kirghizistan. Sa capitale Frounzé repris son nom pré-soviétique de Bichkek. Le Kirghizistan adhéra à la Communauté des États indépendants à la fin de la même année. La capitale est Bichkek.

24 mai 2010

LES COURANTS DANS LE THÉÂTRE AVANT 1914

[Résumé écrit d’après Le Robert des noms propres (2006), le XIXème siècle et le XXème siècle de LAGARDE et MICHARD (1985 pour le 1er et 1980 pour le second)]

 

 

LE NÉO-ROMANTISME depuis l’échec des Burgraves de Victor HUGO en 1843, le romantisme semblait condamné. Il connaît pourtant une étonnante résurrection dans les dernières années du XIXème siècle et au début du XXème siècle, quand Edmond ROSTAND (1868~1918) fit représenter Cyrano de Bergerac en 1897, accueilli par l’enthousiasme du public, suivi de L’Aiglon en 1900 puis de Chantecler en 1910.

 

 

LE NATURALISME : Vers 1880, Émile ZOLA s’attaque à ce qu’il appelle la convention, qui affadit la comédie contemporaine : le théâtre naturaliste doit « apporter la puissance de la réalité », multiplier les scènes qui seront « des tranches de vie », sans la moindre concession à la morale bourgeoise, et dans des décors scrupuleusement documentaires. Beaucoup de romans de ZOLA, des GONCOURT, d’Alphonse DAUDET furent adaptés à la scène, généralement sans grand succès.

La nouvelle école adopta bruyamment un écrivain que son caractère tenait à l’écart : Henri BECQUE (1837~1899), auteur des Corbeaux (1882) et de la Parisienne (1885) qui sont les chefs-d’œuvre de cette forme de théâtre.

En s’attaquant au réalisme des décors et à la vérité de l’interprétation, le Théâtre Libre, fondé par ANTOINE en 1887, assurera le triomphe éphémère du drame naturaliste.

Le réalisme social, nuancé à la fois de cynisme et de moralisme, caractérise l’œuvre d’Octave MIRBEAU (1850~1917). Celui-ci décrit dans Les mauvais Bergers (1896), l’antagonisme des classes, et, dans Les Affaires sont les Affaires (1903), il développe une description impitoyable des formes modernes du pouvoir de l’argent.

D’autre part, les pièces courtes et vives dans lesquelles Jules RENARD, inspiré par un naturalisme psychologique plutôt que social, transpose, sous la forme dramatique, son habituelle manière incisive : le pessimisme et l’amertume se résolvent en humour et en cruauté, dans Le Plaisir de rompre (1897), Le Pain de Ménage (1898), Monsieur Vernet (1903) et surtout dans l’adaptation dramatique de Poil de Carotte (1900).

Émile FABRE (1869~1953) schématise les thèses naturalistes, et en fait la matière d’un théâtre à l’emporte-pièce, qui connut à l’époque un assez large succès bien que sa manière manque de force proprement littéraire (L’Argent, 1895 ; Les Ventres dorés, 1905).

 

 

LE « THÉÂTRE D’IDÉES » : Certains dramaturges, qui font alors figure de maîtres à penser, dont l’œuvre, inspirée par la question sociale, glisse du naturalisme aux « idées », ont eu une influence, de valeur inégale, qui fut loin d’être négligeable.

Eugène BRIEUX (1858~1922) écrivit des pièces à thèse qui ont connu le succès : La Robe rouge (1900) qui pose, en termes assez énergiques, le problème de l’administration de la justice et montre comment l’égoïsme et l’intérêt corrompent la fonction judiciaire ; dans Les remplaçantes (1901), il traite les thèmes de la propagande familiale, en montrant que le devoir de la mère est d’élever personnellement ses enfants. Il était l’un des auteurs favoris du Théâtre-libre d’Antoine.

Paul HERVIEU (1857~1915) manifeste dans son théâtre son tempérament de moraliste dans des drames du couple et de la famille qui abordent, avec une grande sobriété de moyens, des problèmes sociaux (Les Tenailles, 1895, sur le mariage ; Le Dédale, 1905, sur le divorce ; La Loi de l’homme, 1897, sur le féminisme) ou passionnels (L’Énigme, 1901 ; La Course au flambeau, 1901).

François de CUREL (1854~1929) est sans doute le représentant le plus notable de ce courant. Son théâtre d’idées a occupé une place de premier plan sur la scène française puis sombra dans l’oubli. Son style, austère, résiste à la tentation de la rhétorique et compense l’abstraction des idées par la puissance suggestive des images. L’art de CUREL  est de faire vivre des personnages qui incarnent des abstractions. Le Repas du Lion (1897) porte sur les rapports entre patrons et ouvriers ; La Nouvelle Idole (1899) sans doute son chef-d’œuvre, soulève le problème des limites morales du pouvoir scientifique. Après la seconde guerre mondiale, Terre inhumaine (1922) aborde le thème de l’amour entre un homme et une femme appartenant à des nations ennemies.

 

 

LE THÉÂTRE D’AMOUR : La psychologie amoureuse reste le thème de prédilection de nombre d’auteurs à la mode.

Henry BATAILLE (1872~1922) représente le mieux le caractère déjà conventionnel du « théâtre de boulevard » où le sujet des pièces à succès est le conflit entre la passion et les obstacles qu’elle rencontre. Son théâtre propose la peinture complaisante de mœurs décadentes dans un style que l’on a appelé « le réalisme sentimental » (Maman Colibri,  1904 ; La Marche nuptiale, 1905 ; La Femme nue, 1908 ; La Vierge folle, 1910 ; L’Homme à la rose, 1920).

Henry BERNSTEIN (1876~1953) décrit les mœurs d’une société où l’argent et la vie sensuelle constituent d’essentielles raisons de vivre. Il transforme la scène en un champ clos où se heurtent passions, intérêts et valeurs morales. C’est un des maîtres de ce qui s’appellera le « suspens » dramatique. Sa psychologie reste conventionnelle et n’échappe pas au risque de la vulgarité. Le succès de son théâtre fut considérable jusqu’aux années de l’après-guerre 1939 (La Rafale, 1905 ; La Griffe, 1906 ; Le Voleur, 1906 ; Samson, 1907 ; Le Secret, 1913 ; Félix, 1926 ; Mélo, 1929 ; La Soif, 1949).

Georges de PORTO-RICHE (1849~1930) conçoit le théâtre comme une anatomie sentimentale dont il dresse les résultats dans son « Théâtre d’amour » qui a pour thème dominant la passion sensuelle, avec les obsessions, les épreuves et les déchéances qu’elle entraîne pour ses victimes (Amoureuse, 1891 ; Le Passé, 1997 ; Le Viel Homme, 1911 ; Le Marchand d’Estampes, 1917).

 

 

LE THÉÂTRE DU BOULEVARD : Le public a apprécié particulièrement, parmi les nombreux auteurs du boulevard, quatre écrivains de talent qui ont produit une vingtaine de pièces chacun entre 1895 et 1914.

Maurice DONNAY (1859~1945) : fit ses débuts au Chat-noir dont la verve légère qui l’anima se retrouve souvent dans son théâtre (Lysistrata, 1892 ; Éducation du prince, 1900) mais qui prend parfois les couleurs plus sombres du drame (Amants ,1895 ; La Douloureuse ; Le Torrent ; L’Autre Danger, 1902 ; Le Retour de Jérusalem, 1904 ; Paraître, 1906 ; Les Éclaireuses.

Alfred CAPUS (1858~1922) : Les Petites Folles, La Veine, La Petite Fonctionnaire, Notre Jeunesse, Un Ange.

Henri LAVEDAN (1858~1940) a été le peintre complaisant de  la société parisienne de son temps : Le Vieux Marcheur, 1899 ; Viveurs ; Le Marquis de Priola, 1902 ; Le Duel, 1905 ; Servir.

Abel HERMANT (1862~1950) : Monsieur de Courpière, Rue de la Paix, La Belle Madame Hébert, Trains de Luxe, Les Transatlantiques, pièce conçue avec des couplets dus à la collaboration avec Franc-Nohain qui en font presqu’une opérette.

 

 

LE VAUDEVILLE ET LA COMÉDIE LÉGÈRE :

Georges FEYDEAU (1862~1921) fut, après LABICHE, le maître du vaudeville. Il porta ce genre mineur à son point de perfection, avec 39 pièces, comédies en trois actes. Entre la farce et la comédie, son théâtre est un perpétuel jaillissement de situations cocasses, de péripéties tumultueuses et absurdes où se trouvent engagés des personnages dénués de réalité et cependant rigoureusement fidèles, dans leur inconséquence, aux modèles proposés. Une logique rigoureuse, renouvelée par le sens de l’inattendu, et la vivacité d’un mouvement vertigineux font la valeur durable de ce théâtre. On peut citer Monsieur chasse (1892), Un Fil à la patte (1894), L’Hôtel du Libre Échange (1894), Le Dindon (1896), La Dame de chez Maxim (1899), Occupe-toi d’Amélie (1908), Mais n’te promène pas toute nue (1912), pièces qui sont encore souvent à l’affiche de nos jours.

Tristan BERNARD (1866~1947), romancier et auteur dramatique, fut surtout un humoriste dont on cite quantité de bons mots. C’est l’humour qui fait le charme de ses romans comme de ses pièces en un trois ou cinq actes depuis Les Pieds nickelés (1895) jusqu’à Jules, Juliette et Julien (1929). L’Anglais tel qu’on le parle est un court vaudeville qui est resté au répertoire. L’Étrangleuse (1908) est une parodie tragi-comique. Les Jumeaux de Brighton est une amusante reprise du thème des Ménechmes[1]. Monsieur Codomat (1907) est une comédie de caractère. Triplepatte (1905) écrite en collaboration avec André GODFERNAUX est une comédie de l’indécision qui unit l’esprit, la fantaisie et la satire légère à une sympathie compréhensive, presque attendrie.

Robert de FLERS (1872~1927) et Gaston Arman de CAILLAVET (1869~1915) inaugurent avec le siècle une collaboration féconde. Ils trouvent leur voie dans la satire des mœurs tout en demeurant indulgents et en émoussant les traits de « rosserie » par une amabilité mondaine et un ton de bonne compagnie : Le Roi (1908), L’Habit vert (1912), La Belle Aventure (1913). Après la mort prématurée de CAILLAVET, de FLERS collabora avec Francis de CROISSET (1877~1937) pour Les Vignes du Seigneur (1923) et le livret de l’opérette Ciboulette (1923).

Georges COURTELINE (1858~1929) stigmatisa avec drôlerie la bêtise, sous toutes ses formes. Il évoqua la vie militaire dans Les Gaieté de l’escadron (1886), Le Train de 8 heures 47 (1888) et Lidoire, tableau militaire (1891). Il fit souvent s’affronter le citoyen-victime à la tyrannie des lois et des magistrats qui les servent : Un Client sérieux (1896), Le commissaire est bon enfant et Le Gendarme est sans pitié (1899).  Il fait la satire des petits fonctionnaires peignant avec une verve comique, et parfois amère, le médiocre despotisme de ces derniers, serviteurs et esclaves d’un règlement absurde : La Lettre chargée (1897). Il montre dans L’Article 333 (1900) et Les Balances (1901) combien il est difficile d’innocenter un homme qui n’a rien fait. Dans la nouvelle adaptée pour le théâtre et montée par Antoine, Boubouroche (1903), il reprend la satire traditionnelle de la femme volage qui bafoue impudemment un mari pleutre et bon et témoigne de sa verve. La Paix chez soi (1903) et La Peur des coups (1894) connurent aussi un grand succès.

 

 

 


 

[1] Les Menechmes : Comédie de Plaute (v. -254~-184), imitée de Ménandre-v. -342~v. -292), contemporain et ami d’Épicure, auteur de comédies. L’un des deux fils jumeaux d’un marchand sicilien a été enlevé. Devenu homme, l’autre part à la recherche de son frère et le retrouve en Épire où celui-ci a fait fortune. Mais la ressemblance entre les deux frères est si grande que chacun, femme, maîtresse et beau-père s’y laisse prendre. Cette confusion engendre une suite de quiproquos et d’incidents comiques à la suite desquels les deux frères se reconnaissent.

1 janvier 2012

PLAISANCE Daniel (1944) – Empreintes (2011) - Chroniques

PLAISANCE Daniel (1944) – Empreintes (2011)

Chroniques

     Vingt-quatre textes courts sont regroupés dans VOLUPTÉS MAJUSCULES : « Simples exercices d’écriture à l’origine, clin d’œil circonstanciel à Philippe Delerm et à l’hédonisme jusqu’au second degré, ces textes ont acquis progressivement leur autonomie pour déposer des empreintes devenues indélébiles et, sans leur légèreté, éveiller des images à la fois communes et infiniment intimes. » Des faits insignifiants par leur banalité éveillent, dans certaines circonstances, chez le narrateur, une sensation de  plaisir d’autant plus apprécié qu’il est fragile et éphémère. Ces moments de bien être se perpétuent et se partagent avec les lecteurs, grâce à l’écriture.

 

     Dans les années 1980, Daniel PLAISANCE a eu l’occasion d’interviewer, pour une radio locale, des chanteurs-auteurs-compositeurs de premier plan invités par l’association de promotion des spectacles et de la culture à Montargis. Professeur de lettres au Lycée en Forêt et animateur du Salon du Livre du Montargois, de 1997 à 2005, il a pu accueillir, au salon et dans les lycées de l’agglomération, « une vingtaine d’auteurs dont l’apport, dans notre littérature, est considéré comme essentiel ». Dans RENCONTRES EN DOUCE, dix-neuf d’entre eux sont évoqués en marge de leur prestation. « Les circonstances, le temps partagé, l’anecdote révélatrice ou pittoresque ont seuls été déterminants », pour les sélectionner. Léo Ferré (1916~1993), Mouloudji (1922~1994), Gilbert Bécaud (1927~2001), Claude Nougaro (1929~2004), Hervé Bazin (1911~1996), aujourd’hui disparus, sont devenus de véritables mythes.

 

      Daniel PLAISANCE a intitulé la dernière partie de son ouvrage RÉSONANCES INTIMES. « Ces évocations, à caractère romanesque, sont à l’origine de texte ancrés dans l’histoire sociologique et intellectuelle dont la tonalité est nécessairement moins légère »... L’auteur précise : « De l’enfance en Gâtinais à la découverte d’autres univers au fil du temps, des êtres et des évènements qui m’ont formé, m’ont accompagné, m’ont ému – en un mot ceux qui ont compté dans ma vie – côtoient les fantômes de mes ancêtres et ceux des personnalités artistiques, littéraires et politiques qu’ils ont eux-mêmes rencontrés. » 

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      Empreintes s’avale goulument, d’un seul trait. Notre curiosité assouvie, un remords de boulimique nous taraude. Captivés, emportés, par le fond du propos, nous n’avons pas pris le temps d’en goûter toute la saveur. S’impose aussitôt l’envie d’apprécier pleinement les « Voluptés majuscules », de renouveler les « Rencontres en douce » et d’accompagner encore l’auteur dans ses « Résonances intimes ».

     Daniel PLAISANCE a soigneusement travaillé la construction, la clarté du style, la syntaxe de ses textes. Une atmosphère de sensibilité, d’amitiés fidèles, de convivialité, d’amour de la nature, de fidélité à ses origines s’en dégage.

     Si ces récits évoquent des richesses, celles-ci ne se monnayent pas, ce sont celles du patrimoine historique, culturel, familial, de rencontres, du dépassement de soi, celles par lesquelles l’être humain trouve son identité liée à l’histoire complexe de l’humanité.

     Beaucoup de ces  chroniques sont très émouvantes, particulièrement l’hommage fait à Monsieur Belletête, son ancien maître, et surtout celui consacré à monsieur Georges Thouvenot, artiste montargois de grand talent, Toutoune pour ses anciens élèves, qui, contribua, avec son épouse, à la protection et à la réhabilitation de nombreux vestiges sauvés de la fièvre de destruction de la fin du siècle, en changeant, par ses gravures, ses dessins, ses peintures et son action au sein des Amis du Vieux Montargis, le regard porté par les habitants de l’agglomération sur leur cadre de vie.

     Même si l’auteur invite les lecteurs dans son univers avec courtoisie et bienveillance, avec des récits à caractère personnel, son hospitalité les contient hors du cadre privé. C’est tant mieux ! 

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 Georges THOUVENOT : est né à Paris en 1909. Après des études à l’École Estienne à partir de 1924, il intègre le Beaux-arts à partir de 1927. En 1934, il obtient le 2ème prix de Rome de gravure avec « Le remords d’Oreste ». Il enseigne les arts plastiques d’abord à Montluçon, puis,  est nommé en 1943 au Collège Gambetta, puis au Lycée en Forêt de Montargis. Parallèlement, il consacre ses loisirs  à son art de dessinateur, de graveur et de peintre et ses activités au sein de la Société d’Émulation. Avec son épouse, France, et Henri Perruchot, il s’intéresse à la sauvegarde du patrimoine et fonde en 1973 les « Amis du Vieux Montargis ». Georges Thouvenot est décédé quelques jours avant la parution, en 2008, du dernier ouvrage consacré à son œuvre.

Des reproductions des œuvres de Georges THOUVENOT sont parues dans plusieurs ouvrages :

Les églises du Gâtinais (1971) en collaboration avec France Thouvenot, (GT)

Montargis, ses rues sur l’eau, sa vieille ville (1976) en collaboration avec France Thouvenot, (GT)

Le Gâtinais pittoresque et rural (1985) GT

Les Georgiques (2007)

Images du Gâtinais et autres inédits (2008), Daniel PLAISANCE et Gilbert BAUMGARTNER. Hommage et rétrospective de l’œuvre de Georges Thouvenot, Éditions de l’Écluse

 

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Henri PERRUCHOT : est né dans le Nivernais en 1886. Il vécut à Montargis de 1910 à sa mort en 1981. Il était journaliste et écrivain, historien érudit de sa ville d’adoption. Président de la Société d'émulation de Montargis (de 1958 à 1969)

Il a écrit sur l’histoire de Montargis.

Nota : À ne pas confondre avec son homonyme originaire aussi du Morvan, Henri PERRUCHOT né à Montceau-les--Mines (Saône-et-Loire), décédé en 1967 à Paris, écrivain, critique d’art, biographe et éditeur.  On peut se faire  une idée de la prolificité de son œuvre toujours très appréciée, en suivant le lien ci-dessus.

 

 

1 juin 2010

GARCIA MARQUEZ Gabriel - Journal d’un enlèvement (1999)

Gabriel GARCIA MARQUEZ fait œuvre de journaliste dans ce livre où il relate l’enlèvement de neuf personnalités colombiennes par le bras armé du cartel de Medellín. Partant du témoignage des personnes qui ont été directement mêlées à ce drame dans lequel deux otages périrent, il nous relate les souffrances des victimes, l’angoisse de leurs proches, l’embarras du Président et de ses conseillers et la complexité des problèmes posés.

 Le gouvernement fédéral américain réclame l’extradition des dirigeants des cartels de la drogue vers les États-Unis où la plus grande partie des stupéfiants est écoulée. Le gouvernement colombien avait décidé de les anéantir. Les narcotrafiquants colombiens ont déclaré une guerre totale contre le gouvernement et s’attaquent directement aux responsables politiques par des attentats, des exécutions, des enlèvements et des prises d’otages parmi leurs proches.

Dans ce pays où les guérillas et les cartels de la drogue pratiquent les mêmes forfaits, les victimes ignorent qui a commis les rapts. Leurs conditions de captivités sont différentes suivant l’endroit où elles sont retenues et qui est chargé de leur garde. Leurs conditions de détention sont extrêmement dures. L’incertitude sur leur sort futur agit sur leur moral. Une vie humaine n’a de valeur que dans la mesure où elle peut servir un intérêt particulier.

L’auteur explique comment les familles des otages ont été mises au courant des kidnappings et leurs démarches en vue d’une intervention gouvernementale pacifique. Une action armée brutale serait l’arrêt de mort des prisonniers. Ils font pression pour que des narcotrafiquants comme les frères Ochoa et Pablo Escobar ne soient pas livrés aux pays demandeurs. Ils réclament l’engagement de négociations en vue de faire libérer leurs proches.

 Comment faire savoir à ceux qu’on aime que personne ne les oublie ? Comment soutenir leur moral ? Comment ne pas les couper du monde ? Les messages diffusés par Radio Caracol destinés aux otages des guérillas et des cartels parviennent parfois aux intéressés. Des responsables de productions télévisées s’arrangent pour faire paraître des familiers des victimes dans leurs programmes, afin de leur apporter indirectement des informations plus ou moins codées.

Le président et les responsables gouvernementaux, souvent personnellement touchés par ces chantages et ces exactions, partagent leurs interventions, entre intransigeance et tentatives secrètes de négociation, au moyen d’intermédiaires véreux plus ou moins fiables.

Une relation ambigüe faite de terreur, de haine, de méfiance, mais aussi de complicité et d’entraide lie les otages et leurs gardiens.

Le talent littéraire de Gabriel GARCIA MARQUEZ au service de la rigueur du journaliste, fait de ce récit un ouvrage d’information plein de sensibilité et passionnant.

19 juillet 2010

LES GUERRES DE VENDÉE

LES GUERRES DE VENDÉE[1]

     On a donné ce nom aux guerres menées par les catholiques et les royalistes de l’ouest de la France contre la Révolution. Elles se développèrent dans le bas Poitou, l’Anjou, le bas Maine et la Bretagne méridionale.

     La Vendée n’avait pas été systématiquement hostile aux réformes de l’Assemblée constituante même si elle n’avait pas accueilli la Révolution avec le même enthousiasme que les autres régions de France. La vente des biens du clergé n’avait provoqué aucune révolte. Parmi les acquéreurs, on comptait même des nobles qui furent plus tard les chefs de l’insurrection comme Bonchamps et Lescure.

     La politique religieuse révolutionnaire provoqua la rupture morale entre la Vendée et le nouveau régime avec la Constitution civile du clergé (été 1790). La plupart des prêtres vendéens refusèrent de prêter serment. L’agitation se répandit dans la région dès 1791.

     Le décret sur la levée de 300 000 hommes voté par la Convention le 24 février 1793, ajouté aux difficultés économiques (disette, misère) provoqua le mécontentement des populations paysannes. Le 10 mars 1793, jour fixé pour le tirage au sort des jeunes vendéens, les paysans prirent les armes dans de nombreux villages. De graves échauffourées eurent lieu à Cholet, Saint-Florent-le-Vieil et Machecoul.

     Les insurgés vendéens (les Blancs) constituèrent une armée appelée d’abord « catholique et romaine », puis à partir de mai « catholique et royale ». Parmi leurs chefs on comptait des nobles comme Lescure, Bonchamps, d’Elbée puis La Rochejaquelein et Charette, des roturiers comme Cathelineau qui était colporteur et Stofflet qui était garde-chasse. La grande armée vendéenne compta jusqu’à 40 000 hommes dès le mois de mai.

     La Convention, qui devait faire déjà face à ce moment à la guerre étrangère, n’a envoyé que des recrues pour s’opposer à la guérilla de Vendée. Celles-ci, décontenancées se montrèrent incapables de faire face aux actions  des soldats-paysans. Après les villes prises en mars, les insurgés remportèrent des victoires et prirent les villes de Bressuire, Thouars, Parthenay, Fontenay en mai, Saumur et Angers en juin, et passèrent la Loire, mais ils échouèrent devant Nantes où Cathelineau trouva la mort.

      Pour écraser la révolte, le Comité de Salut Public prit des mesures rigoureuses : il décréta la peine de mort contre tous les vendéens pris les armes à la main (19 mars) puis il décida d’appliquer à la Vendée la politique de la terre brûlée (1er août). Il réunit deux puissantes armées républicaines : l’armée des côtes de La Rochelle commandée par Rossignol au Sud, l’armée des côtes de Brest commandée par Canclaux de Nantes pour former l’armée de l’Ouest sous les ordres de Léchelle, secondée par la garnison de Mayence qui fut envoyée en Vendée avec Kléber. Il faut aussi signaler Marceau parmi les chefs républicains. Les patriotes (les Bleus) reprirent Cholet le 17 octobre, Angers les 3 et 4 décembre, Le Mans le 13 décembre. Ils anéantirent l’armée vendéenne à Savenay le 23 décembre 1793.

     Les excès des forces de l’ordre répondirent aux massacres des républicains perpétrés par les révoltés vendéens. Des milliers de vendéens prisonniers furent fusillés ou noyés à Nantes par Carrier. Les « colonnes infernales » de Turreau sillonnèrent toute la Vendée afin de la transformer en désert. L’insurrection vendéenne était dans l’ensemble réprimée à la fin de 1793, mais La Rochejaquelein avait réussit à sauver son armée d’une ruine totale.

     Certains généraux Charette, La Rochejaquelein (tué au combat en mars 1794), Stofflet continuèrent la lutte, en particulier dans le Marais poitevin jusqu’en 1795~1796. La guerre avait changé de caractère. Les insurgés s’éparpillaient en petites bandes, les chouans, qui obstruaient les routes, arrêtaient les voitures, faisaient peser une menace permanente sur l’administration républicaine. Après la chute de Robespierre le 9 Thermidor an II (27 juillet

 

 

[1] Sources : Dictionnaire d’histoire universelle en 1 volume de Michel MOURRE – Jean-Pierre Delarge (Bordas)

Le Petit Robert de noms propres

6 février 2011

Hermann HESSE (1877~1962) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Hermann HESSE (1877~1962) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

LES ORIGINES ET LES ANNÉES DE FORMATION

Hermann HESSE est un écrivain suisse d’origine et de langue allemande. Il est né le en 1877 à Calw, petite ville de Forêt-noire dans le Wurtemberg. Son grand-père paternel dirige la librairie d’édition missionnaire tenue par la famille depuis 1873. L’enfant est élevé dans un milieu de missionnaires protestants. Son père, Johannes, qui avait été missionnaire en Inde pendant sa jeunesse, le destine au pastorat et le fait entrer en 1881 au séminaire de Maulbronn. En révolte contre le piétisme[i] et l’austérité religieuse de ses parents, l’adolescent s’enfuit de l’établissement. Après quelques mois difficiles, dépressif et suicidaire, il entre au lycée de Bad Cannstatt, à Stuttgart. Ayant obtenu son diplôme probatoire de première année en 1883, il décide d’arrêter ses études.

     Le jeune homme cherche sa voie et travaille quelques temps comme apprenti mécanicien dans l’horlogerie à Calw, puis commence un apprentissage de libraire à Tübingen.

      Tübingen était une ville universitaire où il  pouvait fréquenter un milieu intellectuel. Autodidacte, il lit des écrits théologiques, les romantiques allemands, la Mythologie grecque, des textes sacrés orientaux et écrit des poèmes.

      En 1899, il s’installe à Bâle où il travaille dans une librairie de livres d’occasion et fréquente les milieux spirituels et artistiques. Il publie des recueils de poèmes d’inspiration romantiques. En 1903, il accompagne en Italie Maria Bemoulli et sa sœur Mathilde qui tenaient à Bâle un studio de photographie d’art chez une amie peintre qui vient de s’installer à Florence. Si Hermann ne pratique pas d’instrument, Maria (Mia) joue du piano et est réputée excellente interprète de Chopin et de Schubert. Le goût de la musique les rapprochent.

 LES PREMIERS ROMANS :

      Le thème central de ses premiers romans est la solitude. Son premier roman Peter Camenzing est publié en 1904. Le héros quitte son petit village suisse à la conquête du monde et devient écrivain. Déçu par la vie parisienne et la civilisation occidentale, il revient dans son village natal devient restaurateur et trouve la paix et la consolation en vivant en communion avec la nature et en menant une vie de charité. 

      Après ce roman, Hermann HESSE se consacre à la littérature et se marie avec Maria. Il a 27 ans, Mia est de neuf ans son aînée. Le couple s’installe au bord du lac de Constance à Gaienhofen.

      L’Ornière, Untern Rad (1906) d’inspiration autobiographique décrit la solitude d’un enfant brimé par l’autorité de ses parents et de ses maîtres.

      Gertrude, Gertrud (1910) est la confession d’un musicien qui renonce à celle qu’il aime pour ne pas briser une amitié. La vie est une solitude. L’artiste est plus seul que les autres.

       Animé par un esprit d’évasion, cet esprit tourmenté entreprend un voyage en Inde en 1911. En 1912, il émigre en Suisse. Avec Maria et leurs trois garçons il emménage à Berne.

 LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE :

      Rosshalde (1914) est une transposition de l’échec de son mariage et expose la solitude de l’homme mal marié.

       Knulp, 1915

      Quand débute la Première Guerre Mondiale (1914~1918), HermannHESSE est horrifié et s’adresse à ses compatriotes au nom de la fraternité universelle, appelle les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Ces positions pacifistes et libérales à contre-courant lui valent d’être placé au milieu d’une violente querelle politique. Il est attaqué par la presse allemande, reçoit des lettres de menaces et se voit abandonné par de vieux amis. Il est cependant soutenu par son ami Theodor Heuss[ii] et par l’écrivain français Romain Rolland[iii] à qui il rendit visite en 1915. Déclaré inapte au combat, il est affecté à l’assistance aux prisonniers allemands, auprès de l’ambassade d’Allemagne à Berne. Il édite des journaux destinés aux prisonniers et est responsable de la « Librairie des prisonniers de guerre allemands ».

      Cette guerre, s’ajoutant à des problèmes personnels, et matériels (Le revenu de ses publications est payé en monnaie allemande dont le cours s’est complètement effondré), provoque chez lui une grave crise psychologique et morale qui l’amène à entreprendre une cure psychanalytique de mai 1916 à novembre 1917, avec un disciple du fondateur de la psychologie analytique suisse, Carl Gustav Jung (1875~1961).

      Suite à cette expérience, les romans qu’il écrit ensuite expriment sous une forme allégorique les conflits intérieurs, les contradictions de l’être humain et la recherche d’une solution.

      Iris (1918), est un conte symbolique sur la quête du bonheur à la recherche de sa véritable identité. Après une vie d’errance, la crise existentielle du héros débouche sur la recherche d’une activité purement spirituelle.

  L’ENTRE-DEUX GUERRES :

      La guerre finie, le couple Maria-Hermann se disloque, Maria schizophrène étant attente d’une grave psychose. Hermann HESSE et Maria se séparent puis divorcent en 1922.

      Hermann HESSE emménage dans le Tessin à Montagnola en 1919. Il a toujours cherché à habiter au sein de paysages l’inspirant dans sa recherche d’harmonie. Là, au bord du lac de Lugano, il s’adonne à la création littéraire et commence à peindre. Il recourt au vin, afin d’entrer en communion avec la sève de la terre, et aux drogues.

      Dans Demain, histoire de la jeunesse d’Emil Sinclair ; Demian, die Geschiste einer Jugend, 1919), Sinclair est l’alter ego de l’auteur, qui y oppose et réconcilie le divin et le démoniaque.

       Siddharta, 1922, s’inspire de la Mythologie indoue. Bon connaisseur des philosophies et religions de l’Inde et de la Chine, tout en restant profondément attaché au protestantisme, il aspire à concilier la spiritualité et la vitalité de l’Europe et de l’Asie. 

En 1923, il obtient la nationalité suisse.

      Il se lie d’amitié avec l’écrivaine suisse Lisa Wenger (1858-1941) et son mari. Cette dernière, qui s’était frayé un modeste chemin dans la littérature, avait pressenti en lui un avenir capital, dès 1920. Elle s’est employée à multiplier les invitations et les occasions de rencontre avec sa fille Ruth. La jeune fille apprend le chant à Zurich et dessine au fusain. En 1924, Hermann HESSE a envie de « se ranger ». Il épouse Ruth. Mariage sans amour. Il a quarante-sept ans. Ruth est une femme-enfant capricieuse de vingt-deux ans. La jeune épouse tombe très rapidement malade, atteinte de tuberculose. Trois ans plus tard, en juillet 1927, le divorce est prononcé sur l’initiative de Ruth.

      Le Loup des steppes ; Der Steppenwolf, 1927, dont bien les aspects fantastiques romantiques se rapprochent sur certains points du surréalisme. Il y oppose la spiritualité à l’animalité. Sont-elles vraiment inconciliables ? L’animalité n’est elle pas une nourriture pour le dynamisme intellectuel ? Le livre sera interdit en Allemagne par les nazis.

      Hermann HESSE rencontre par hasard Ninon Dolbin (1895~1966), parmi ses amis suisses. Cette jeune femme avait été mariée à un caricaturiste Benedict Fred Dolbin et était originaire de Czernovitz[iv]. Cette ville était autrichienne à cette époque. Encore étudiante, bien avant son mariage, alors qu’elle étudiait la médecine, et l’histoire de l’art, elle correspondait avec l’écrivain pour lequel elle éprouvait un penchant. Ninon est passionnée de grec et d’archéologie, n’est pas musicienne mais partage avec lui son amour de la musique. Fin 1927, Hermann et Ninon décidèrent de vivre ensemble.

En 1931, HESSE se marie pour la troisième fois avec Ninon.

Le Voyage en orient ; Die Morgenlandfahrt, 1932. André Gide, avec lequel il était lié en a écrit la préface.

Pendant la période nazie, il s’élève contre l’évolution politique de son pays d’origine et contre la répression culturelle qui y est faite. Son œuvre est interdite en Allemagne et plus aucun journal allemand ne publie ses articles.

En route vers l’exil, en 1933, son ami l’écrivain Thomas MANN (1875~1955) s’arrête à Montagnola de même que le poète, auteur dramatique et théoricien du théâtre allemand, Bertolt BRECHT (1898~1956).

Pendant la guerre, il se consacre à la composition du roman Le jeu des perles de verre ; Das Glassperlenspiel, qui est imprimé en Suisse, en 1943. C’est un roman d’anticipation, l’utopie romantique crée par l’image d’une cité idéale qu’il faut dépasser car l’être humain ne peut accepter l’immuable.

Ce dernier roman et Le Loup des steppes (1927) ont été à l’origine du Prix Nobel de littérature en 1946.

Après la Seconde Guerre mondiale, il n’écrit plus que des poèmes et des nouvelles et répond au courrier de ses lecteurs.

Hermann HESSE a entretenu avec les musiciens des relations intimes. Il a correspondu tout au long de sa vie avec une quarantaine de musiciens[v]. Bien des amitiés profondes et durables de l’écrivain sont nées sous le signe de la musique.

Pour HESSE, la quête spirituelle de l’homme dans sa réalité individuelle unique, « la recherche d’une unité cachée de l’univers et de l’esprit humain » ne peuvent pas trouver de réponse dans la civilisation technique ni dans la culture intellectuelle.

Hermann HESSE meurt à Montagnola le 9 août 1962.

Hermann HESSE a aussi publié des poèmes et des nouvelles.

 Plus de renseignement sur les romans de Hermann HESSE sur :

www.comptoirlitteraire.com/docs/157-hesse-hermann.doc

Ses œuvres picturales sur :

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://museum.oglethorpe.edu/Hesse-1up.jpg&imgrefurl=http://museum.oglethorpe.edu/Hesse.htm&usg=__ox9cGDLyr4AQGunFMCNLnqF82Wo=&h=260&w=280&sz=28&hl=fr&start=599&sig2=F32f9HAcFeSIGvVIoFWTsg&zoom=1&itbs=1&tbnid=htY8mNaCAapsZM:&tbnh=106&tbnw=114&prev=/images%3Fq%3Dhermann%2BHesse%26start%3D588%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26sa%3DN%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26gbv%3D2%26ndsp%3D21%26tbs%3Disch:1&ei=7XEwTci9GNGe4QadoKSSCg 

 Hesse et Mann: une profonde amitié masculine (Swiss Info)

http://www.swissinfo.ch/fre/infos/magazine/Hesse_et_Mann:_une_profonde_amitie_masculine.html?cid=6955470

Des timbres à l’effigie de H. HESSE sur

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&hl=fr&source=imghp&q=TIMBRE+SUISSE+HERMANN+HESSE&btnG=Recherche+d%27images&gbv=2&aq=f&aqi=&aql=&oq=

et

http://www.google.fr/images?hl=fr&client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&gbv=2&tbs=isch%3A1&sa=1&q=TIMBRES+HERMANN+HESSE&btnG=Rechercher&aq=f&aqi=&aql=&oq=

 


 

[i] Piétisme : mouvement religieux d’une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle et le sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale.

 

 

[ii] Theodor Heuss (1884~1963) est un homme d’état allemand. Il fut rédacteur de  la revue libérale Die Hilfe (L’Entraide) de 1905 à 1912. À partir de 1924, il fut deux fois élu représentant au Reichstag du Parti démocrate. Après la guerre, il prit la tête du FDP (Frei Demokratische Partei) et fut le premier président de la RFA (République Fédérale Allemande).

 

 

[iii] Romain ROLLAND (1886~1944) est un écrivain français qui fut élève à l’École normale supérieure. Lors de son séjour à l’École française de Rome de 1889 à 1891, il opta pour l’étude de l’histoire et rencontra en 1889, Malwida von MEYSENBUG qui l’orienta vers la culture germanique.

 Partagé entre la pensée de Nietzsche et celle de Tolstoï, Romain ROLLAND rêva d’un héro non violent qui cherchât à « tout comprendre pour tout aimer ». À la fois internationaliste et attaché à la patrie, il écrit en Suisse une série d’articles Au-dessus de la mêlée (1915) qui lui valurent le Prix Nobel en 1916 mais aussi beaucoup d’attaques des deux côtés du Rhin.

 La correspondance entre Hermann HESSE et Romain ROLLAND, D’une rive à l’autre : Correspondance, est parue en 1972 chez Albin Michel

Malwida von MEYSENBUG vécut de 1816 à 1903. Elle est l’auteure des Mémoires d’une idéaliste (3 vol.,1876). Elle fut une des premières femmes féministe. Avant-gardiste, elle fut une des premières femmes à s’intéresser à l’éducation intellectuelle engagée et fut contrainte à l’exil en Angleterre. Elle fut l’amie de nombreuses personnalités importantes de son époque).

 

 

[iv] Czernowitz "l'appellation Autrichienne", Cernauti, Czernowitz, Tchernovtsy, Chermivtsy : Czernowitz

Czernowitz est son nom allemand, celui que l'on utilise encore par commodité. Mais pour les Ukrainiens elle est Chernivtsy, pour les Roumains Cernauti et pour les Russes Tchernovtsy.

Adossée au versant oriental de la chaîne des Carpates, la ville se trouve aujourd'hui en Ukraine, tout près de la frontière septentrionale de la Roumanie.

http://www.bucovine.com/fr/pages/villes/czernowitz.shtml

[v] Voir à ce sujet : la thèse pour l’obtention du grade de Docteur (discipline : Allemand) HERMANN HESSE ET LA MUSIQUE présentée par Dominique LINGENS à l’université de Metz (Moselle) UFR Lettres et Sciences humaines en juin 1999.

 

ftp://ftp.scd.univ-metz.fr/pub/Theses/1999/Lingens.Dominique.LMZ9907_1.pdf

15 juin 2010

BUSSY-RABUTIN Roger (1618~1693) - BIOGRAPHIE et BIBLIOGRAPHIE

Roger BUSSY-RABUTIN est né à Épiry en Bourgogne le 13 avril 1618. Après des études au collège de Jésuites d’Autun puis au collège de Clermont à Paris, il commence une carrière militaire et participe à différentes campagnes françaises contre les Habsbourg.

En 1643, il épouse Gabrielle de Toulongeon, mais celle-ci décède en 1646. Il se remarie plus tard avec Mlle de Rouville.

Pendant la Fronde, il suit d’abord Condé dans son conflit avec la cour. Ayant subit des affronts de ce dernier qui lui ordonne de céder sa charge de capitaine des la compagnie de chevau-légers, il prend parti pour la cour et sert sous les ordres de Turenne.

En avril 1659, il entre en disgrâce pour avoir passé la fin de la semaine sainte avec des amis « libertins » et avoir tenu des propos sur les amours du Roi. Il est exilé en Bourgogne où sa maîtresse Mme de Montglas le suit. Il peut rentrer à Paris en Novembre, à condition de ne pas paraître à la cour.

En 1660, il compose l’Histoire amoureuse des Gaules à Bussy. C’est le début du règne de Louis XIV. Il obtient l’autorisation de se présenter à la cour qui se tient à Paris ou à Fontainebleau, mais Bussy se rend compte que le jeune roi ne l’aime pas.

À la fin de l’année 1662, Bussy lit son manuscrit à quelques amis dont Madame de la Baume. Cette dame se fait prêter le texte pour quarante-huit heures et profite de ce délai pour le recopier avant de le rendre.

De retour à Paris quelques mois plus tard, Bussy apprend que son texte est « assez public ». Mme de la Baume nie l’avoir dévoilé. Mais en 1664, il en aura la preuve par Mme de Sourdis. Il fait une scène violente à Mme de la Baume qui désormais sera sa pire ennemie.

Le Roi ratifie son élection à l’Académie française au début de l’année 1665. La parution anonyme à Liège de l’Histoire des Gaules accentue l’hostilité du Roi. Pour se dédouaner, Bussy charge le duc de Saint-Aignan de montrer le manuscrit au Roi qui le garde quatre jours. La consultation est suivie d’un entretien avec Bussy, semble-t-il favorable. Mais ce dernier apprend qu’une dame aurait obtenu une audience et aurait convaincu le Roi que le manuscrit était tronqué. Il découvre alors que Madame de la Baume avait introduit dans sa copie des traits injurieux pour certains personnages de la cour, particulièrement Condé. Malgré les démarches de Bussy pour se disculper, il est arrêté le 16 avril 1665, mis au secret à la Bastille et doit céder sa charge de mestre de camp général de la cavalerie légère.

Le 10 août 1666, Bussy a l’autorisation de se retirer sur ses terres. Il part le 6 septembre à Bussy.

Là, Bussy reçoit des visites, écrit ses Mémoires (posth. 1856) et entretient une importante Correspondance (posth. 1697 et 1858) avec les beaux esprits de son époque, notamment sa cousine Madame de SÉVIGNÉ. Il fait aménager les appartements de son château dont il conçoit lui-même la décoration dans laquelle il manifeste sa nostalgie de l’armée, de la cour, son ressentiment contre Louis XIV et sa rancune contre Mme de Montglas qui l’a abandonné.

Il ne pourra revenir à Paris que pour de courts séjours en 1672 et 1676 et définitivement seulement en 1681. Sa disgrâce n’est pourtant pas terminée. Aussi, il ne fera que de courtes apparitions à Paris en 1682, 1687 et 1690, puis restera définitivement à Bussy.

Il meurt le 9 avril 1693 à Autun.


Vidéo sur le château de Bussy Rabutin (Cote d'Or)

 

LE CHÂTEAU DE BUSSY-RABUTIN (Côte d'Or)

 

 

 

 

 

 

26 juillet 2010

René DEPESTRE (1926) - – BIOGRAPHIE

René DEPESTRE (1926) _ Biographie[1]

René DEPESTRE est né en Haïti à Jacmel, le 29 août 1926. Il a deux frères et deux sœurs et va à l’école primaire des Frères de l’Instruction chrétienne. Après la mort en 1936 de son père, préparateur en pharmacie, la famille va vivre à Port-au-Prince dans un quartier pauvre où sa mère est couturière. Il vivra quelques temps chez sa grand-mère maternelle et de 1940 à 1944 et fréquentera le lycée Pétion de Port-aux-Princes.

 En 1945, il se fait connaître par un recueil de poésies Étincelles. Il fonde avec trois amis un hebdomadaire La Ruche (1945-1946) dont le gouvernement fait saisir le numéro consacré à André BRETON, ce qui déclenchera l’insurrection de janvier 1946. Il fréquente les intellectuels et poètes haïtiens de l’époque et des artistes étrangers. En 1946, il publie son deuxième recueil Gerbe de sang.

Il fait partie des dirigeants révolutionnaires de l’insurrection de janvier 1946, qui parvient à reverser le président Élie Lescot. L’armée ayant pris le pouvoir, DEPESTRE est emprisonné puis exilé en France.

De 1946à 1950, il suit des études de lettres et de sciences politiques à la Sorbonne et fréquente les poètes surréalistes français, des artistes étrangers et les intellectuels du mouvement de la négritude, qui se réunissent autour d’Alioune Diop et de Présence Africaine.

En 1949, il épouse une Juive hongroise, Édith Gombos Sorel (Dito) et est expulsé du territoire français comme participant actif aux mouvements de décolonisation en France. Il se rend successivement à Prague, en est chassé en 1952, à Cuba où il est arrêté et expulsé par le régime de Batista, en Autriche, au Chili où il organise avec Pablo NERUDA et Jorge AMADO le congrès continental de la culture, en Argentine et au Brésil, puis il revient à Paris en 1956 et y fréquente d’autres haïtiens.

Il participe au premier congrès organisé par Présence Africaine en 1956, écrit dans les revues Présence Africaine, Esprit et Lettres française.

En 1956-57, il retourne à Haïti et appelle les Haïtiens à la résistance au régime de Duvalier. Il est mis en résidence surveillée. Invité par Che Guevara, il se rend à Cuba et s’investit dans la gestion du pays, la réforme agraire et le programme d’alphabétisation. Il travaille au ministère des relations extérieures, aux Éditions nationales, au Conseil national de la culture et voyage en URSS, en Chine, au Viêt-Nam, à Alger.

Il se sépare d’Édith et épouse en 1963, une cubaine Nelly Compano avec qui il a deux enfants.

René DEPESTRE poursuit son œuvre poétique Un Arc-en ciel pour l’Occident chrétien (1967), Poète à Cuba (1973), En état de poésie (1980).

En 1971, il est écarté par le pouvoir castriste. Après avoir rompu avec l’expérience cubaine en 1978, il revient à Paris où il rompt avec tous les marxismes et travaille au secrétariat de l’UNESCO jusqu’en 1986 avant de se retirer dans l’Aude à Lézignan-Corbières.

Après avoir publié un recueil de nouvelles, prix Goncourt de la nouvelle,  marquées par un érotisme païen (Allélua pour une femme jardin 1973, édit. définitive en 1981) et une farce romanesque (Le mât de Cocagne en 1979), il a obtenu le prix Renaudot, le prix du roman de la Société des Gens de Lettres, le prix Antigone de la Ville de Montpellier, le Prix du Roman de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique pour Hadriana dans tous mes rêves en 1988.

René DEPESTRE obtient la nationalité française en 1991 et vit désormais en France, dans l’Aude à Lézignan-Corbières

            En 1998, il reçoit le Grand prix de Poésie de l’Académie française et le Prix Carbet de la Caraïbe pour l’ensemble de son œuvre. En 1993, il obtient le Prix Apollinaire pour son Anthologie personnelle.

[1] Sources : Sur Internet, www.lehman.cuny.edu/ile.en.../depestre.html, www.bm-limoges.fr/.../depestre/auteur-biographie.php, « Le petit Robert des noms propres » 2004, p 608.

 

 

 

3 avril 2010

AÏTMATOV Tchinghiz - Les Rêves de la louve

Les Rêves de la louve est la traduction du titre original, Plakha, de ce livre est Le Billot.  La traduction  est de Christine ZEYTOUNIAN

Nous sommes au Kazakhstan. Le roman est constitué de trois parties. Celles-ci pourraient être autant de nouvelles distinctes reliées entre elles par l’imbrication du destin d’un couple de loups. Ce dernier poussé hors de leurs terrains de chasse originels par l’extension des activités humaines, a installé sa tanière dans la région escarpée qui borde la savane du Mujunkum. Leur aventure commence alors que les premières chutes de neige recouvrent la steppe. Le temps est venu pour la louve aux yeux bleus, Akbara, et son compagnon Tachtchaïnar d’initier leurs trois louveteaux aux grandes chasses. Les troupeaux de saïgas paissent la végétation qui dépasse encore de la poudreuse. Soudain, deux hélicoptères volant en rase-mottes et à grande vitesse, jettent la panique dans le troupeau d’antilopes des steppes, dans un vrombissement de tonnerre. Les loups à l’affut se trouvent entraînés dans le flot de bêtes terrorisées qui tentent d’échapper à l’opération d’extermination destinée à compléter le quota quinquennal insuffisant de viande demandé à la région.

Dans la première partie, nous suivons l’expédition d’un journaliste stagiaire dans cette savane du Mujunkum riche en chanvre sauvage dont les feuilles et le pollen ont de forts pouvoirs hallucinogènes. Pour enquêter sur la filière de cette denrée lucrative, Abdias s’est infiltré parmi les cueilleurs-trafiquants. Fils de pope, il se destinait à la religion. Excellent élève du séminaire, il est cependant mis à la porte en raison de ses prises de position jugées hérétiques par ses maîtres, sur la place de la religion dans la société. Devenu pigiste dans un journal, il compte sur ce reportage pour être titularisé. Abdias se révèle être un grand naïf un illuminé qui ne peut s’empêcher d’entreprendre la conversion des jeunes trafiquants à une vie meilleure, éveillant chez eux irritation et méfiance. Le jeune homme échappera miraculeusement à une mort probable après avoir été roué de coups et basculé hors d’un train sur le bord de la voie ferrée qui traverse les régions désertiques du Kazakhstan. Le reportage, apprécié par ses supérieurs dans un premier temps, ne paraîtra jamais.

Dans la deuxième partie, nous retrouvons Abdias engagé parmi les ramasseurs du gibier exterminé au cours de la traque évoquée plus haut. Incorrigible, le jeune homme, persuadé être porteur d’une mission rédemptrice, reprend ses tentatives moralisatrices. Victime de ses compagnons nourris de doctrine stalinienne et abrutis par la vodka, il refuse de renier Dieu et meurt à trente-trois ans, crucifié aux branches d’un arbre. Akbara, la louve, sera seule témoin de son dernier souffle.

La troisième partie nous mène au sein d’un sovkhoze d’éleveurs de yacks et de moutons, toujours dans cette région pastorale d’Union Soviétique. Barzarbaï, un berger ivrogne, de retour d’une expédition en montagne, découvre par hasard la tanière de Tachtaïnar et Akbara. L’homme s’empare des quatre petits qui l’occupent, leurs parents étant en quête de nourriture. La vente de ces louveteaux lui permettra de s’acheter de la vodka. En chemin, il fait étape à la bergerie dirigée par Boston où il se fait offrir à boire et exhibe son butin devant ses hôtes. Boston est absent. Il n’est pas encore rentré de la réunion du comité du sovkhoze pour lequel sa bergerie obtient les meilleurs rendements. Tout oppose Barzarbaï et Boston, l’un estime que le travail qu’il fournit à la collectivité est toujours bien suffisant tout en jalousant la réussite de l’autre qu’il juge trop zélé. L’un est alcoolique alors que l’autre est abstinent et le méprise pour sa dépendance à la boisson et sa négligence professionnelle.

La piste du kidnappeur de la portée de louveteaux a conduit la louve et son compagnon jusque chez Boston. De cet instant, leurs hurlements nocturnes plongeront les habitants de la bergerie dans la terreur.

Outre le harcèlement les loups et sa rancœur de l’inconséquence de Barzarbaï, Boston a des soucis au sein du comité du sovkhoze. Avec son franc-parler, il met en cause les exigences de rendements disproportionnés des commissions régionales. Ces propos sont mal reçus des apparatchiks du parti. À ces griefs s’ajouteront les médisances, les diffamations, les provocations de Barzarbaï. Boston, considéré comme réactionnaire est mis au banc de la communauté.

Tous les éléments d’un drame sont rassemblés...

 

LE CONTEXTE HISTORIQUE : Le livre est paru en 1986. Michaël Gorbatchev était alors secrétaire général du Parti communiste soviétique depuis la mort de Tchernenko en 1985. Conscient des faiblesses de son pays, Gorbatchev avait lancé dès 1985~1986, un ambitieux programme de réformes connu sous le nom de perestroïka (restructuration). Ses initiatives telles que la suppression du parti unique, la démocratisation de la presse, l’amorce d’une réforme économique reconnaissant le rôle du marché et la propriété privée, rencontrèrent de vives résistances.

AÏTMATOV se permet d’aborder dans ce roman, avec ses dons de conteur, certains problèmes de l’URSS considérés comme tabous, la corruption, l’ivrognerie, la drogue, la délinquance organisée, la censure sur la presse, la place de la religion, l’héritage culturel des hommes. Il souligne le côté pervers du dogmatisme du Parti et de la collectivisation démobilisatrice, les conséquences sur les relations humaines et la Nature de plans quinquennaux trop ambitieux ou irréalistes conçus par des apparatchiks coupés du peuple.

En faisant d’Abdias un héros de son récit, il pose aussi le problème de la place de la religion dans le pays. Qu’en serait-il aujourd’hui du destin de Jésus-Christ, s’il refaisait un passage parmi les hommes, dans le monde actuel ? AÏTMATOV apporte une réponse pessimiste mais certainement réaliste.

ColineCelia

1 juin 2010

GARCIA MARQUEZ Gabriel - Chronique d’une mort annoncée (1981)

Comme l’indique le titre, la mort de Santiago Nasar, a été annoncée par les frères Vicario à tous ceux qu’ils ont rencontrés dès l’aube du matin du meurtre.

Le narrateur a quitté Santiago Nasar après avoir passé une nuit blanche avec les derniers fêtards d’un mariage. De nombreuses années plus tard, il cherche à reconstituer les circonstances qui en s’enchaînant ont permis et même facilité la volonté aveugle du destin.

Les uns ont pris la proclamation des deux frères pour des propos d’ivrognes. Certains fatigués après la noce sont allés dormir, tout simplement. Le maire, le colonel Aponte s’est contenté de leur confisquer leurs couteaux de boucher avant d’aller se préparer, tout comme le Père Amador et la victime, à accueillir l’archevêque dont le passage est un évènement pour cette localité isolée. D’autres ont tenté de prévenir Nasar, mais un enchevêtrement de contretemps ou d’évènements imprévus les ont retardés ou ont détourné leur attention. Il en est qui n’ont rien fait par indifférence ou paralysés par une vieille rancune.

Gabriel GARCIA MARQUEZ, situe à nouveau ce roman dans cette région de Colombie de Ríohacha qu’il a bien connue. Province dans laquelle la population vivait en vase clos. Il traite les thèmes de l’honneur et de la fatalité avec son humour et son imagination débordante.

22 juin 2010

LE ROYAUME DE NAPLES AU XVIIIe SIÈCLE

LE ROYAUME DE NAPLES AU XVIIIe SIÈCLE[1]

 

L’État napolitain royauté espagnole :

L’État napolitain rattaché à la couronne d’Aragon depuis la capitulation de la France à Gaète le 1er janvier 1504 n’est plus, pendant deux siècles, qu’une vice-royauté espagnole, livrée à une fiscalité écrasant, à une corruption honteuse, un marasme économique croissant. Naples se révolta à plusieurs reprises, notamment sous Masaniello (1647), mais en vain.

À la fin du règne de Charles II (de1665 à 1700), monarque infirme et débile, le royaume d’Espagne est dans une situation telle qu’il apparaît que les Habsbourg espagnols, figés dans l’étiquette de la cour, touchent à leur fin. Charles II n’a pas d’héritier direct bien que marié deux fois. Sa succession ouvre la compétition entre les Bourbon et les Habsbourg d’Autriche. Les uns et les autres peuvent faire valoir des droits au trône. À trois reprises (1698, 1699, 1700), les puissances européennes règlent sans lui le partage de ses états[2]. Charles II, dans son dernier testament, institue le prince français Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Espagne (octobre 1700) comme légataire universel.

 

Conséquences de la guerre de succession d’Espagne :

Charles II étant mort le 1er novembre 1700, Louis XIV accepte sans hésitation la couronne d’Espagne pour son petit-fils. Mais l’Autriche oppose la candidature de Charles de Habsbourg qui est l’arrière-petit-fils de Philippe III, invoquant le traité de partage signé quelques mois plus tôt à Londres par les grandes puissances dont la France. C’est le début de la guerre de succession d’Espagne qui se termine par le traité d’Utrecht (1713) et de Rastatt (1714).

- L’Espagne reste aux Bourbons, Philippe d’Anjou prend le nom de Philippe V. Les possessions espagnoles sont réduites à la péninsule Ibérique et aux colonies d’Amérique.

- Milan, Naples, la Sardaigne et les Pays-Bas sont donnés aux Habsbourg autrichiens.

- La Sicile revient à la Savoie (qui l’échangera ensuite contre la Sardaigne).

- L’Angleterre a Gibraltar ainsi que le monopole de la traite dans les colonies espagnoles.

 

Les Autrichiens s’établissent à Naples (1713). Ils y joignent la Sicile, échangée en 1720 avec la Savoie contre la Sardaigne.

 

Conséquences de la participation autrichienne à la guerre de la Succession de la Pologne, monarchie élective :

Auguste II roi de Pologne avait essayé d’assurer, en vain, l’hérédité de la couronne polonaise au profit de la maison de Saxe. À sa mort (1733), Stanislas Leszczynski (élu roi en 1704 puis chassé en 1709), devenu le beau-père de Louis XV entre-temps, se fait élire à nouveau roi par la diète. Aussitôt, la tsarine Anne envoie une armée contre lui et convoque une pseudo-diète, qui proclame roi le nouvel Électeur de Saxe, Auguste III (1733–1763). L’Autriche appuie la Russie, et Louis XV son beau-père Stanislas. Cette affaire dégénère en guerre de la Succession de la Pologne (1733-1738) qui se règle avec les traités de Vienne (3 octobre 1735 et 18 novembre 1738) entre la France et l’Autriche.

- L’empereur céde le royaume de Naples et la Sicile à une lignée cadette des Bourbons d’Espagne représentée par Charles VII, mais reçoit Parme et Plaisance.

- L’empereur cède aussi Tortora et Novare au roi de Sardaigne.

- Le gendre de l’empereur, François de Lorraine abandonne la Lorraine pour devenir grand-duc de Toscane.

- Stanislas  Leszczynski  renonce à la Pologne, reçoit en viager la Lorraine et le Barrois qui iront à la France après sa mort.

- La France reconnaît Auguste III comme roi de Pologne.

 

Les Bourbons à Naples :

Le nouveau souverain Charles VII règne sur Naples de 1735 à 1759. Aidé de son ministre Tanucci, il entreprend la réorganisation de ses États  selon les principes du despotisme éclairé. Une réforme foncière est esquissée malgré la résistance de la noblesse. L’enseignement est encouragé. La puissance de l’Église est diminuée par la suppression de la dîme, par l’obligation pour les clercs de payer l’impôt et la suppression d’un grand nombre de couvents.

Mais en 1759, Charles VII part pour Madrid afin de remplacer sur le trône d’Espagne son demi-frère Ferdinand VI. Le royaume de Naples passe à son fils encore mineur, Ferdinand IV (1759-1825).

Dans un premier temps, Ferdinand IV conserve d’abord Tanucci jusqu’en 1777. Il se marie en 1778 avec Marie-Caroline d’Autriche, la sœur de Marie-Antoinette. Le roi se laisse gouverner par sa femme et par l’anglais sir John Acton. Sous leur influence, il laisse ses États retomber dans un morne despotisme. Acton devenu premier ministre en 1785, aligne le royaume de Naples sur la politique britannique. Marie-Caroline, qui est une farouche adversaire de la Révolution française, jette Naples dans la guerre contre la France en 1798, malgré l’agitation des révolutionnaires napolitains.

 

La république Parthénogénèse :

 Philippe IV, chassé par l’avancée française, doit se réfugier à Palerme en décembre 1798. Les Français entrent dans Naples en janvier 1799. La république Parthénogénèse est proclamée. Le cardinal Ruffo réussit à expulser les Français. Ferdinand revient à Naples en juin 1799. Le cardinal Ruffo laisse massacrer les libéraux.

Ferdinand se rallie à la troisième coalition et reprend les armes contre Napoléon 1er en 1805. Napoléon proclame la déchéance des Bourbons par le décret de Schönbrunn (27 décembre 1805). Il confie le royaume de Naples à son frère Joseph (1806 à 1808) puis à Murat (1808 à 1815).

Ferdinand s’est à nouveau réfugié en Sicile où il se maintient sous la protection des Anglais jusqu’en 1815, qui lui imposent une relative libéralisation de son régime sur la Sicile.

 

Retour des Bourbons :

La convention de Casalanza, le 20 mai 1815 restitue les Deux-Siciles aux Bourbons. Rentré à Naples, Ferdinand fait fusiller Murat (en octobre 1815), qui avait tenté de reprendre le pouvoir, abolit les réformes et prend le nom de « roi des Deux-Siciles ». Il rétablit aussitôt une administration tyrannique, appuyée par une administration désordonnée et corrompue.

Et l’histoire se poursuit..., mais c'est hors sujet !

 


 

[1] Texte rédigé avec l’aide du dictionnaire d’histoire universelle en 1 volume de Michel Mourre (Jean-Pierre Delarge – Bordas)

 

[2] À ce propos on peut consulter : pour les tractations    

 pour les dates 

21 novembre 2010

Francis. SCOTT FITZGERALD (1896~1940) - Biographie et principales œuvres

 

Francis. SCOTT FITZGERALD (1896~1940)

Biographie et principales œuvres [1]

 

 Francis Scott Key FITZGERALD est né au États-Unis le 24 septembre 1896 à Saint-Paul capitale du Minnesota. À sa naissance, son père, Edward, était président d’une manufacture de meubles. Celle-ci ayant fait faillite, deux ans plus tard, il fut engagé comme commis-voyageur chez Procter & Gamble. Sa mère, Mary (Mollie) McQuillan était l’une des trois filles d’un homme d’affaire d’origine irlandaise ayant fait fortune après la guerre de Sécession. Quelques mois avant la naissance de Francis, ses deux sœurs aînées meurent prématurément. En 1900, une autre fille mourra à la naissance. Sa petite sœur Annabel naîtra à New-York en 1908. La famille retournera vivre à Saint-Paul, mais ne trouvera pas de stabilité financière et sociale.

 

L’argent hérité par Mollie permettra au jeune Scott de fréquenter l’école privée Saint Paul Academy puis à partir de 1911, l’école Newman dans le New Jersey. Scott se sent différent des autres garçons. Grand lecteur éclectique, il commence à écrire des poèmes et des nouvelles pour le journal de l’établissement.

 

    Le jeune homme rêve de gloire et de célébrité et entre dans la prestigieuse université de Princeton[1], mais sa prétention et son immaturité l’excluent de la société estudiantine. Sa vaine tentative d’intégration dans l’équipe de football le marquera toute sa vie. Il ne commencera à se faire des amis que la deuxième année et ses écrits trouvent une place dans les journaux de l’université, Princeton Tiger et le Nassau Literary Magazine. Il participe à l’écriture d’une comédie musicale pour le Princeton Triangle Club avec deux de ses condisciples Edmund Wilson [2]et John Peale Bishop et à des revues littéraires et humoristiques. Petit à petit, Scott néglige ses études au profit de la poésie et quittera Princeton sans diplôme.

 

    En 1917, il s’engage dans l’armée. En juin 1918, il est envoyé à Camp Sheridan, près de Montgomery (Alabama) où il tombe amoureux de Zelda Sayre (1900~1948), une belle jeune fille de dix-huit ans excentrique mais pleine d’esprit. Scott entreprend son premier roman  qui paraîtra en librairie en mars 1920 sous le titre de L’Envers du Paradis et rencontrera un énorme succès. Son auteur devient, par ce roman, le représentant de la génération L’Ère du Jazz. Il épouse Zelda la même année et le couple passe une partie des années 20 en Europe, notamment en France, à Paris (Montmartre) et sur la Côte d’Azur. Il écrit un deuxième roman Les Heureux et les Damnés (1922) puis son chef-d’œuvre, Gatsby le Magnifique (1925). Malgré l’enthousiasme du jeune journaliste Ernest HEMINGWAY, la confiance dans le succès de son éditeur et les bonnes critiques, les ventes du livre ne décollent pas autant que l’espérait l’écrivain. Il écrit des nouvelles que lui achètent les journaux  comme le Saturday Evening Post. Le couple se distingue par ses frasques et ses excès.

 

   Commencent les années difficiles. Zelda a une aventure avec un aviateur français rencontré sur la Riviera, Édouard Josan. Francis Scott devient invivable. La jeune femme fait de la peinture, de la danse, écrit des nouvelles, un roman autobiographique Accordez-moi cette valse (qui paraîtra en 1932). Ses tentatives pour devenir célèbre se révèlent vaines à l’ombre du succès, quoique relatif, de Francis Scott. Des symptômes de schizophrénie apparaissent et nécessitent des cures dans des établissements psychiatriques. Scott choisit les meilleurs cliniques en Suisse, se réfugie dans l’alcool, éprouve de la difficulté à écrire, passe par des périodes de dépression et a des soucis financiers qu’il évoquera dans le recueil de nouvelles La Fêlure (posth. 1945). Au bout de neuf ans, il parvient à écrire son quatrième roman, le plus abouti après Gatzby, Tendre est la nuit (1934), considéré aujourd’hui comme son chef-d’œuvre, lequel pourtant ne se vend pas mieux que les autres.

 

    Son œuvre de nouvelliste est aussi importante (Les enfants du jazz, 1920 ; Un Diamant gros comme le Ritz, 1963 en France)

 

    L’écrivain passe ses dernières années à Hollywood, essayant de vivre comme scénariste (Histoires de Pat Hobby, posth. 1946) et laissa un roman inachevé sur le milieu du cinéma, Le dernier Nabab (posth. 1941).

 

    Il meurt à Hollywood en 1940. Sa femme mourra en 1945 dans l’incendie qui ravagea l’établissement dans lequel elle était internée en Suisse à Asheville.

 

    Francis SCOTT FITZGERALD est considéré comme le chef de file de « La Génération perdue [3]»

 

 


 

[1] L’université privée de Princeton (New Jersey) est l’une des plus importantes des États-Unis.

 

 

[2] Edmund WILSON est un critique et écrivain américain (Red Bank, New Jersey 1895~Talcottville, New Jersey 1972). Il fut un critique très influent qui fit connaître HEMINGWAY ? Dos Passos, Faulkner et surtout FITZGERALD. Il publia une analyse du mouvement symboliste qui est devenue un classuque de la critique littéraire américaine, Le Château d’Axel (1931), de la poésie, un roman (J’ai pensé à Daisy, 1929) et un recueil de nouvelles (Mémoire du comté d’Hécate, 1942). Il est aussi l’auteur d’écrits politiques (La Gare de Finlande, 1940). D’après Le Petit ROBERT des Noms propres (2004)

 

[3] Le terme de Génération perdue (Lost Generation) désigne un courant littéraire américain de l'entre-deux-guerres.

Il a été créé par Gertrude STEIN pour décrire un groupe d'auteurs américains expatriés à Paris durant l'entre-deux-guerres. Dans Paris est une fête (titre original : A Moveable Feast), Ernest HEMINGWAY dévoile sous la forme d'une anecdote que le nom de « génération perdue » n'a aucune connotation tragique, au contraire de ce qui est souvent admis.

Le mouvement compte parmi ses membres Ernest HEMINGWAY, le plus emblématique, John STEINBECK, DOS PASSOS,F.Scott FITZGERALD, Ezra POUND, Sherwood ANDERSON, Waldo PIERCE, Sylvia BEACH, T.S. ELIOT et Gertrude STEIN elle-même. Tous ont vu et raconté la perte de transcendance d'une Amérique bouleversée par les mutations sociales et morales. On considère souvent F. Scott FITZGERALD comme le chef de file de la Génération Perdue. (définition Wikipedia)

 


 

[1] SOURCES : Petit Robert des noms propres (2004) et

 http://fr.wikipedia.org/wiki/F._Scott_Fitzgerald

29 juin 2010

LE FUTURISME EN ITALIE AU DEBUT DU XXe SIECLE

À PROPOS DU FUTURISME[1] EN ITALIE AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE

 On désigne sous le terme de futurisme l’ensemble des mouvements artistiques et littéraires qui se développèrent en Italie et en Russie à partir de 1909 et qui préconisèrent une esthétique fondée sur le rejet du traditionalisme et l’exaltation du modernisme.

En Italie, l’inspirateur du mouvement fut le peintre, sculpteur et théoricien Umberto BOCCIONI (1882~1916) signataire du « Manifeste de la peinture et de la sculpture futuriste » en 1910, puis publia en 1912 le « Manifeste technique de la sculpture futuriste ».

Après sa mort, de 1918 à 1944, Filippo Tommaso MARINETTI (1876~1944), son théoricien, tenta d’en faire l’art officiel italien. Le « Manifeste futuriste » de Marinetti  publié en février 1910 dans le Figaro fut traduit en russe peu après. 

Le peintre MODIGLIANI (1884~1920) et le peintre et écrivain Giorgio DE CHIRICO (1888~1978) entre autres critiquèrent sévèrement les futuristes pour leurs positions nationalistes puis fasciste et leur apologie de la guerre.

La mort de BOCCIONI et celle de l’architecte SANT’ELIA (1888~1916) atténuèrent l’impulsion du mouvement dont la fin coïncida avec la Deuxième Guerre mondiale et la mort de MARINETTI. 


 

[1] Sources : Petit Robert des Noms Propres.

20 septembre 2010

COMME NEIGE AU SOLEIL (1985) - William BOYD (1952)

COMME NEIGE AU SOLEIL (1985) - William BOYD (1952)

L’action se déroule entre 1914 et 1918, pendant la Seconde Guerre mondiale en partie en Angleterre, au sein de la famille Cobb et d’autre part en Afrique de l’Est où la modeste possession allemande cernée entre l’Afrique Orientale britannique, l’Ouganda, la Rhodésie et l’Afrique Orientale portugaise apparaît aux Alliés comme une proie vulnérable que les Anglais s’empressent d’attaquer dès le 8 août 1914.

Au pied du Kilimandjaro, frontière entre les colonies anglaise et allemande, les voisins qui y faisaient jusqu’alors bon ménage deviennent des ennemis. Pris dans la tourmente, Temple, un fermier américain installé en zone anglaise, pense être épargné par les événements mais il finira par rejoindre le camp anglais dans lequel il se battra quatre ans dans le but de récupérer un décortiqueur de sisal volé par les allemands commandés par son ancien voisin Von Bishop.

Colons, fermiers et militaires des deux bords se jettent avec ardeur dans la guerre persuadés qu’elle ne durera pas deux mois, pourtant quatre ans plus tard, l’armistice est signé en Europe depuis plusieurs jours alors que les Allemands d’Afrique se battent encore, oubliés de la mère patrie.

À Ashurst, dans le Kent anglais, nous suivons le destin de la famille du major Cobb à la santé mentale fragile, concernée par l’Afrique puisque le fils aîné, Gabriel, y est prisonnier des Allemands mais aussi par les autres théâtres d’opérations par les gendres l’un au Ministère de la guerre, l’autre, Nigel Bath, amputé des deux bras en Mésopotamie. Le départ à la guerre de Gabriel a abrégé une lune de miel quelque peu ratée, la jeune épouse Charis, frustrée, désemparée a une relation ambigüe avec son jeune beau-frère, Félix.

Sans nouvelles de son mari, Charis se suicide « par désespoir ». Félix, jeune homme en quête de personnalité, provocateur en famille, influencé jusqu’alors par un camarade de Lycée sensible aux idées révolutionnaires bolcheviques, s’engagera lui aussi pour l’Afrique afin d’y retrouver son frère. C’est le coup de grâce pour le major Cobb dont la folie s’affirme.

William BOYD fait ressortir l’absurdité de ces combats auxquels ont participé des ethnies colonisées d’Inde, des autres régions d’Afrique sans unité de langue commandées par des européens, souvent dans l’improvisation. Certains évènements cumulent l’insoutenable, le dérisoire et le grotesque.

Le réalisme cruel de la description physique des acteurs du récit, la précision caricaturale de leurs particularités constitue une galerie de portraits digne d’une bande dessinée dans laquelle les femmes ne sont guère favorisées.

 Le lecteur passe de l’horreur au rire, sans pour autant relâcher son attention ,en lisant ce livre passionnant qui incite à s’informer sur cet aspect de la Première Guerre mondiale peu connu.

22 mai 2011

A l'époque des guerres de religion, les descendants d'Anne de Bretagne, Reine de France, XVe et XVIe siècles

A l'époque des guerres de religion, les descendants d'Anne de Bretagne, Reine de France,XVe et XVIe siècles

Cliquez sur le lien pour atteindre le document pdf

Descendants_d_Anne_de_Bretagne_reine_de_France_

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Les familles nobles impliquées dans les guerres de religion de François 1er à Henri IV  cliquez pour accéder au document (pdf)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/22/21199508.html

A propos de Renée de France et sa fille Anne d'Este:

LELOUP–AUDIBERT Huguette – Les dernières Dames de Montargis

Au temps des guerres de religion

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/15/21140076.html



 
22 mai 2011

De François 1er à Henri IV, les familles nobles impliquées dans les guerres de religion

De François 1er à Henri IV, les familles nobles impliquées dans les guerres de religion, en France

Cliquez sur le lien pour accéder au document pdf

Familles_nobles_impliquées_dans_les_guerres_de_religion_en_France_de_François_1er_à_Henri_IV

A l’époque des guerres de religion, les descendants d’Anne de Bretagne XVe et XVIe siècles (pdf)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/22/21199210.html

Voir aussi : Les dernières Dames de Montargis

 

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/15/21140076.html

11 décembre 2011

Hector BIANCIOTTI (1930) – BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

Dernière mise à jour le 13 juin 2012 

Hector BIANCIOTTI (193~2012) – BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

     Hector BIANCIOTTI est né en Argentine le 18 mars 1930. Ses parents étaient installés dans la Pampa, à Calchin Oeste, Cordoba. Émigrés piémontais, ils parlaient leur dialecte entre eux, mais ayant souffert de ne pas posséder la langue de leur pays d’accueil, ils exigeaient de leurs enfants l’usage exclusif de l’espagnol.

    Le garçon entre dans un séminaire franciscain, à douze ans. Il en sort à dix-huit ans. À 15 ans, il y avait commencé à étudier la langue française en confrontant quelques textes en prose de Paul VALÉRY à leur traduction espagnole.

    En février 1955, il quitte l’Argentine. S’arrête à Rome. Il y connaît la faim et une existence  précaire. Il vit ensuite quatre ans en Espagne, avant d’arriver à Paris, en février 1961.

    Un an plus tard, il commence à rédiger des rapports de lecture pour les éditions Gallimard. En 1969, à la demande de Maurice Nadeau, son premier éditeur, il publie son premier article dans La Quinzaine littéraire. Il devient, en 1972,  journaliste littéraire au Nouvel Observateur. Parallèlement, il écrit ses premières œuvres, imprégnées par l’univers de Borges : quatre romans, une pièce de théâtre et un recueil de nouvelles, traduits en français par Françoise Rosset.

    À partir de 1982, il n’écrit plus qu’en français. Il est par là fidèle aux admirations de son adolescence, parmi lesquelles Valéry, Claudel et Jouhandeau. Le passage à la langue française marque le dernier temps de ce qui a été vécu comme un retour en Europe. Depuis qu’il a choisi d’écrire en français, BIANCIOTTI uni le classique de la langue à une inspiration baroque.

   Après être entré d’abord aux éditions Gallimard, qu’il quitte en 1989, il devint membre du comité de lecture des éditions Grasset et Fasquelle. Il était en outre critique littéraire au journal Le Monde, avant d’être atteint de troubles de la mémoire. Il vit actuellement à Paris d’un établissement spécialisé.

   Hector BIANCIOTTI a été naturalisé français en 1981. Il a reçu le prix Médicis étranger, en 1977, pour Le Traité des saisons, ainsi que le prix du Meilleur livre étranger, en 1983, pour L’Amour n’est pas aimé. 

   En 1985, le Prix Femina récompense son premier roman français, Sans la miséricorde du Christ.

    Le prix Prince Pierre de Monaco lui a été décerné, en 1993, pour l’ensemble de son œuvre

    En 1994, il reçoit le Prix de la langue de France.

   Hector BIANCIOTTI a été élu à l'Académie française 18 janvier 1996, au fauteuil d’André Frossard (2e fauteuil). Il était Officier de la Légion d’Honneur et Officier de l’ordre national du Mérite.

   Hector BIANCIOTTI est mort à Paris le 12 juin 2012 à l'âge de 82 ans.

*****

 SON ŒUVRE :

1967, Les Déserts dorés (Denoël)

1969, Celle qui voyage la nuit (Denoël)

1970, Les Autres, un soir d’été (Gallimard)

1972, Ce moment qui s’achève (Denoël)

1977, Le Traité des saisons (Gallimard)

1982, L’Amour n’est pas aimé (Gallimard)

1985, Sans la miséricorde du Christ (Gallimard), Prix Femina 1985

1988, Seules les larmes seront comptées(Gallimard)

1992, Ce que la nuit raconte au jour (Grasset), Prix de la langue française 1992

1995, Le Pas si lent de l’amour (Grasset)

1999, Comme la trace de l’oiseau dans l’air (Grasset)

2001, Une passion en toutes lettres (Gallimard)

2003, La nostalgie de la maison de Dieu (Gallimard)

Hector BIANCIOTTI a obtenu le Prix Prince Pierre de Monaco en 1993.

Lettres à un ami prêtre. Correspondance avec Benoît Lobet 1989-1994, Gallimard, 2006

Benoît Lobet est un prêtre et un théologien belge né à Louvain en 1957.

 Sources :

http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=689

Le Petit Robert des Noms Propres - Dictionnaires Robert

19 février 2012

Jorge SEMPRÚN (1923) – Autobiographie de Federico Sánchez (1977-1978)

Jorge SEMPRÚN (1923) – Autobiographie de Federico Sánchez (1977-1978)

Traduit de l’espagnol par Claude et Carmen Durand

   Le Grand Voyage, récit de l’expérience de déporté de Jorge, articulait un enchevêtrement de digressions, sur les faits qui ont marqué son arrestation, de projections vers la libération du camp et le retour vers la France, tout en revenant régulièrement au wagon qui le transportait, avec 119 compagnons, de  Compiègne à Buchenwald.

 

   Jorge SEMPRÚN utilise un procédé littéraire similaire pour l’Autobiographie de Federico Sánchez. À sa table de travail, l’écrivain, converse à bâton rompu avec cette part de lui-même que fut Federico Sánchez, coordinateur de la résistance communiste au régime de Franco, chargé des relations avec les milieux intellectuels, membre du Comité central, puis du Comité exécutif du PCE(1) en exil. La discussion porte sur les faits  qui ont précédé, puis ont amené le vote de l’exclusion du parti communiste de ce dernier et de Francisco Paulin, un ancien important dirigeant du parti, le 19 avril 1964 au Meeting qui se tenait en région parisienne à Stains. 

 *****

     « La Pasionaria a demandé la parole. » Cette phrase est le point d’appui du récit, caractéristique du refus de la chronologie adopté par Jorge SEMPRÚN. C’était à Prague, sous les voûtes du château des rois de Bohème, quelques jours avant le Meeting de Stains. « La Pasionaria a demandé la parole. » commence, l’autobiographie politique de Jorge SEMPRÚN. Simple rapporteur des propos de Federico Sanchez, ce dernier prend de la distance par rapport aux faits et peut se découvrir, sans être atteint dans son intimité, en écrivant sous le couvert d’un pseudonyme, une de ses identités de clandestin. 

*****

     Jeune militant,  il est séduit, comme beaucoup d’intellectuels de sa génération, par la lecture des philosophes et des théoriciens léninistes et marxistes. Cette découverte théorique est suivie de l’expérience de la résistance au nazisme, aussi bien au maquis qu’au camp de Buchenwald. La Seconde Guerre Mondiale achevée, Jorge SEMPRÚN est traducteur à l’UNESCO et adhère au Part Communiste Espagnol (PCE) en exil qui lutte contre le pouvoir franquiste. En 1952, il devient membre permanent du Parti et se rend plusieurs fois clandestinement en Espagne, sous de fausses identités, dont Federico Sánchez, pour coordonner la résistance clandestine  au régime de Franco. On lui adjoindra ensuite la charge des relations avec les milieux intellectuels. Il entre en 1954 au comité central du PCE puis, en 1956, au Comité exécutif (Bureau politique). En 1962, le travail clandestin en Espagne lui est retiré par le Secrétaire général du PCE,  Santiago Carrillo et en 1964, comme nous l’avons vu plus haut, il est exclu, avec Francisco Paulin du PCE. La raison  invoquée est « divergence de point de vue par rapport à la ligne du Parti ». 

 *****

    L’écrivain conduit, sous forme d’une introspection à deux voix, l’examen de conscience assumé de Sánchez (SEMPRÚN utilise aussi des métaphores se référant aux dogmes de l’Église.). Le tutoiement, alterné avec le je de chacun et la mise en scène des récits donnent de la vie au texte et élargissent la portée du débat au delà de la rancœur personnelle de l’éviction par le Parti, plus généralement vers les dérives des Partis communistes. 

 *****

     Jeune militant, il considère le parti « comme un instrument de la lutte révolutionnaire parmi d’autres, dont on pouvait remettre en cause certains aspects et qu’on pouvait toujours infléchir. ». Il prend conscience de la stalinisation du parti qui survivra à la mort de son initiateur, caractérisée par un appareil administratif intouchable, d’autant plus qu’il exerce sa mission au nom des masses prolétariennes. Le Parti  est glorifié. Ses dirigeants, à la fois inaccessibles et omniprésents  sont l’objet d’un culte. SEMPRÚN rapporte trois interventions décisives de Dolorès Ibárruri(2) en 1956, 1959 puis en 1964. Son témoignage sur l’entrevue de la délégation du PCE à Cuba, avec Fidel Castro est éloquent.

 Au sein du Parti sacralisé, les militants doivent l’adhésion absolue et l’approbation sans réserve des résolutions du bureau politique et du comité central. Ces instances se réservant le droit d’accuser, d’exclure, d’exécuter (ou de laisser exécuter) au nom de l’orthodoxie du parti.

 Souvent sur le terrain, Sánchez tente en vain de faire admettre à la direction du parti la nécessité d’analyser objectivement la situation concrète de la société en Espagne, surtout après l’entrée à l’ONU du pays et l’aide apportée par les États-Unis. Les instances dirigeantes manichéistes restent arc-boutées, depuis 1939, sur leur stratégie subjective et le leitmotiv de recours au « spectre de la grève mythologique », la « Gé Enne Pé (3)».  Finalement, « l’Esprit-de Parti » l’emporte, les « deux intellectuels à tête de linotte », sont exclus en 1964. Federico Sánchez n’existe plus. 

 *****

      lecture, en 1974, du livre de Santiago Carrillo, Demain l’Espagne, dont Jorge SEMPRÚN réfute la version de certains faits, des ajouts ou des retraits suivant les éditions, le décide à écrire La Biographie de Federico Sánchez. S’il fait un retour sur les années de militantisme actif de Jorge SEMPRÚN, ce livre est le moyen d’exposer son point de vue, qu’il n’a pu exprimer dix ans plus tôt, à ses contemporains de la base et surtout aux jeunes générations de militants. C’est aussi un livre de polémique « Il reflète la dynamique d’une vie sociale qui est établie sur des contradictions ». Contradictions qu’il va s’efforcer de mettre en évidence, à partir d’archives, dans une étude sémantique, philologique et lexicale systématique de motions, de rapports, de mots d’ordre, de publications, d’articles de presse, de conversations et de discours de ses dirigeants. Il brosse une galerie de portraits très sévères de ces derniers, visant particulièrement Santiago Carrillo, le secrétaire général du PCE et le vice président Alfonso Guerra, à qui il reproche de soutenir, avec impudence, la thèse de l’indépendance du parti par rapport au PCUS(3). 

 *****

      Libéré du militantisme clandestin, Jorge SEMPRÚN reprend en 1963, le manuscrit du Grand Voyage commencé à Madrid, alors qu’il reste confiné par prudence dans la chambre de l’appartement loué par le parti, parce qu’un de ses contacts, arrêté et probablement torturé par les sbires du franquisme, ne s’est pas manifesté sur leur lieu de rendez-vous. Récompensé par le Prix Fromentor le 1er mai 1964, il sort de l’anonymat. Il se consacre désormais à son autre passion, la  littérature sous diverses formes, en accord avec ses engagements et ses convictions. 

 *****

     La portée de ce livre est plus générale : nulle obédience politique n’est à l’abri du dogmatisme de l’Esprit-de-Parti générateur d’incohérence, de sclérose et de fermeture à toute réflexion de fond. 

     L’Autobiographie de Federico Sánchez écrite en espagnol a été publiée en Espagne, en 1977. Sa traduction en Français par Claude et Carmen Durand est parue en 1978. Le livre a obtenu le Prix Planeta(4).

  Le grand voyage (1963)

La deuxième mort de Ramón Mercader (1969)

Notes :

 1)Dolorès Ibárruri , dite la Pasionaria (1895~1989), fut secrétaire générale du PCE  de 1942 à 1960, puis Présidente de 1960 à sa mort en 1989. Elle fut remplacée au secrétariat général par Santiago Carrillo (1915) jusqu’en 1982.

 2)la Gé Enne Pé : GNP (« Grève Générale Pacifique »)

 3)PCUS : Parti Communiste d’Union Soviétique

 4) Le Prix Planeta : ou Prix Lara est un prix littéraire, créé en 1952, par l’éditeur des éditions Planeta, José Manuel Lara Hernández pour la promotion d’écrivains espagnol. La maison d’édition récompense des romans inédits écrits en castillan. Ce prix est moins solennel que le Prix Cervantès plus récent (1974), mais il est le plus convoité après le Prix Nobel en raison du montant des dotations qu’il apporte au bénéficiaire et aussi à son finaliste. Il est remis le jour de la Ste Thérèse, le 17 octobre.

 



 


2 octobre 2011

Marguerite DURAS (1914~1996) – ŒUVRE

Marguerite DURAS (1914~1996) – ŒUVRE

          Marguerite DURAS à été une écrivaine prolifique, romancière, auteur de théâtre, scénariste, chroniqueuse pour divers journaux et revues.

Les romans :

- Les Impudents (1937 puis 1943)

- La Vie tranquille (1944)

- Un Barrage contre le Pacifique (1950) évoque sa jeunesse en Indochine dans un récit autobiographique imprégné de réalisme.

- Le Marin de Gibraltar (1952)

 

- À partir  des Petits chevaux de Tarquinia (1953), elle s’oriente vers des œuvres en apparence statiques, où les personnages tentent d’échapper à la solitude pour donner un sens à leur vie par l’amour absolu (Dix heures et demie du soir en été, 1960 ; Le Ravissement de Lol. V. Stein, 1964 ; Le Vice-consul, 1966 ; L’Amour, 1971),

par le crime ou la folie (Moderato cantabile, 1958, Prix de Mai 1958 ; L’Amante anglaise, 1967).

 

Ses héroïnes vivent « sans savoir pourquoi », mais attendent « que quelque chose sorte du monde et vienne à (elles) ». Elles sont incapables de vraiment communiquer et sont contraintes de « rentrer dans le silence » (Le Square, 1955). Des dialogues apparemment futiles traduisent leur attente pathétique comme dans

- L’Après-midi de Monsieur Andesmas, 1962).

- Détruire dit-elle (1969)

- Abahn Sabana David (1970)

- L’Amour (1972)

- Vera Baxter ou les plages de l’Atlantique (1980)

- L’Homme atlantique (1982)

 

Avec l’Amant (Prix Goncourt, 1984 et Prix Ritz-Paris-Hemingway, 1986) et plus tard L’Amant de la Chine du Nord (1991), elle revient à l’Indochine des années 1930. Elle y exprime le paroxysme de la jouissance, la douleur de la mort et le désir de l’écriture.

- La Douleur (1985), recueil d’histoires, où l’autobiographie se mêle à la fiction, dont la plus longue, La Douleur raconte l’attente de Marguerite DURAS alors que son mari est enfermé dans un camp de concentration comme réfugié politique pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dans ce récit, Marguerite lit les pages de son journal de cette époque qui décrit ses peurs, ses inquiétudes et ses envies de le retrouver. Elle réalise, à cette lecture,  qu’ils ne seraient plus les mêmes, que son amour pour lui serait modifié.

 

- La Maladie de la mort (1982)

- Les Yeux bleus, cheveux noirs (1986)

- La Pute de la côte normande (1986)

 - Emily L. (1987)

- Pluie d’été (1990)

- Yann Andréa Steiner (1992)

Des journées entières dans les arbres – Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers (1954), L’Homme assis dans le couloir (1980) sont des récits.

Elle a écrit aussi un conte pour enfants Ah ! Ernesto (1971)

 

Écrire (1993) : Dans cet ouvrage, Marguerite DURAS explique sa conception de l’écriture. Écrire est un besoin vital, qui lui permet de ne pas sombrer dans la folie. Qu’importe ce qui est écrit, pourvu que l’écriture suive le fil de la pensée sans modifier ce qui est produit.


Le théâtre :

Marguerite DURAS a donné entre autres

- Les Viaducs de Seine-et-Oise (1960)

- Le Square(1965)

- Les Eaux et Forêts

- La Musica (1965)

- Savannah Bay  (1962)

 

Elle a tiré des adaptations théâtrales de nombreux de ses romans, a collaboré à l’adaptation d’œuvres d’autres écrivains, pour le théâtre et a écrit des dialogues de film.

 

Les scénarios de films :

On y retrouve son art de l’ellipse et des sous-entendus :

- Hiroshima mon amour (Alain Resnay, 1959)

- Une aussi longue absence (Henri Colpi, 1961)

ainsi que dans ses propres films :

- Nathalie  Granger (1973)

- India Song (1974) En 1975, India Song a été récompensé par le Prix de l’Association française des cinémas d’art et d’essai à Cannes

- Des journées entières dans les arbres, Prix Jean Cocteau (1976)

 - Le Camion (1977)

 

Des articles, des textes choisis de Marguerite DURAS ont été compilés en recueils pour des revues littéraires et par divers éditeurs. Elle a préfacé des publications, participé a des émissions radiophoniques ou télévisées, prêté sa voix dans des productions cinématographiques.

La vie de Marguerite DURAS et son œuvre sont les thèmes d’études de nombreux auteurs d’ouvrages sur la littérature.

 Marguerite DURAS (1914~1996) - BIOGRAPHIE

UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE (1950) - Marguerite DURAS (1914~1996)

12 juillet 2010

François VALLEJO (1960) - L’Incendie du Chiado (2008)

François VALLEJO (1960) - L’Incendie du Chiado (2008) 

Mais qu’est-ce qui a poussé ces trois hommes et cette femme à se jeter dans ce brouillard de fumées, de suie grasse et de poussières, malgré le hurlement des curieux et des rescapés ? Qu’est-ce qui les attire dans cette fournaise battue par ce violent vent du Nord qui attise les flammes et déverse une pluie de cendres ? Pourquoi ont-ils quitté la pagaille, l’agitation, la foule des résidents survivants évacués, pour se jeter dans le ronflement des flammes, le fracas des écroulements de façades ? Pourquoi ont-ils quitté le groupe des badauds malgré les ordres, les injonctions, les appels, les cris horrifiés ? Pourquoi ont-ils enfreint les consignes, franchit le cordon de sécurité et forcé le barrage qui les séparait du brasier et des poutres incandescentes ? Pourquoi ont-ils pénétré dans le Chiado en feu depuis l’aube de ce jeudi 25 août 1988 ?

Certes, Carneiro, ce vieux gardien de cinéma septuagénaire, veut sauver ou périr avec son misérable bien ! Certes, Eduardo, le photographe de presse, souhaite alimenter Le Reportage de sa Carrière avec ses clichés sur le théâtre du sinistre ! N’a-t-il pas couvert le Liban ? Certes le Français devait rencontrer quelqu’un au café Al Brazilieira pour obtenir des renseignements d’une grande importance à ses yeux ! Certes, Augustina, cette femme éperdue cherche sa fille qu’elle devait retrouver aux Grandes Armazéns do Chiado ! Mais maintenant que l’escalier accédant aux étages de son immeuble s’est éboulé, que l’objectif du Canon est détruit, que l’interlocuteur inconnu et la fille sont introuvables, qu’ont-ils à rester dans ces quartiers dévastés, à fuir les patrouilles de surveillance, à s’abriter des survols des hélicoptères ? Que veulent-ils au fond ? Est-ce pour piller les décombres, les boutiques de luxe, les appartements abandonnés à la hâte, ce qu’il y reste d’objets de valeur ? L’incendiaire se cache-il ou se cache-t-elle parmi eux ?

Comment tenir sans eau, sans nourriture, sans gaz ni électricité, sales, en loques dans les ruines fumantes de l’incendie de Lisbonne ? Il n’y a pas de mal à prendre les denrées périssables épargnées dans les ruines des commerces. Seulement, quelqu’un rôde, passe derrière eux ou avant eux. La vue perçante d’Augustina repère une silhouette bleue qui les suit ou les précède où qu’ils aillent. Partagés entre individualisme, solidarité, confiance et méfiance, agressivité et passivité, les quatre naufragés volontaires s’organisent.

Un cinquième personnage, la silhouette entraperçue, un certain Juvenal Ferreira se joint à eux apportant opportunément la flamme de son briquet d’argent et se présentant comme l’homme indispensable. Quel individu inquiétant ! Qu’est cet homme chauve au costume bleu si net, si propre dans un tel environnement ! Le Français l’avait déjà repéré en ville. Est-ce un officier de police avec sa manie de questionner ses compagnons et d’élucider les réponses à leurs demandes ?

Soudés du fait des circonstances, tous les cinq se cachent, organisent leur survie, se transforment en pillards, en saccageurs. Alternant confessions et agressivité, moment d’exaltation et d’abattement. Dans un huit-clos étouffant, le mystérieux Juvenal, chevalier de l’Apocalypse garde un implacable ascendant sur les autres, les soumet tour à tour à un interrogatoire sans concession. Manipulateur perspicace, il démolit un à un leurs petits alibis. Inquisiteur pervers, il leur fait avouer les mobiles cachés de leur décision de rester dans ce quartier calciné.

Mis à nu à la faveur de la nuit, dès les lueurs de l’aube du lundi, chacun des quatre fuit son image lacérée tandis que le messager de l’ordre poursuit sa mission purificatrice.

 Vingt ans plus tard, François VALLEJO, qui a assisté à l’incendie du Chiado, ce 25 août 1988, nous fait revivre la disparition de ce quartier historique. Il en a fait le cadre et le prétexte d’un drame dans lequel la tension psychologique progresse tout au long du récit, au rythme de la clarté des jours et de l’obscurité des nuits.  

François Vallejo s’est surtout intéressé dans cet ouvrage aux conflits internes de chaque protagoniste par rapport à son histoire personnelle, son tempérament ou son statut social.

  Voir Biographie et bibliographie de François VALLEJO

 Quelques photos et un bilan de l’incendie du Chiado sur ce site :

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