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17 octobre 2010

Dino BUZZATI (1906~1972) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

 Dino BUZZATI (1906~1972) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE 

 

Dino BUZZATI-Traverso de son vrai nom, est né dans le Frioul en Italie à Belluno le 16 octobre 1906. Son père, Giulio Cesare Buzzati, magistrat, président de la Cour d’appel de Venise, collaborait au « Corriere della Sera » en matière de droit international. Dès son adolescence, Dino a été en contact avec les représentants du monde journalistique milanais et souhaite devenir écrivain et journaliste. Son père meurt en 1920 d’un cancer du pancréas.

Après des études de droit entreprises en 1924,  il entre en 1928 en tant que chroniqueur au journal « Corriere della Sera » ou il est chargé d’élaborer des informations sur des faits divers recueillis par d’autres, de rédiger la critique musicale des spectacles les moins importants de la Scala.

L’ambiance très austère, les locaux du journal, le fait de rester enfermé dans son bureau, absorbé par ce travail monotone et fatigant jusque tard dans la nuit, de 1933 à 1939, tous ces éléments font prendre conscience à BUZZATI de la fuite du temps. En sera-t-il toujours ainsi ?

Intellectuel raffiné et sensible à l’absurde, BUZZATI, de retour chez lui compose des récits où un puissant sentiment d’étrangeté se dégage de la banalité la plus quotidienne. Il inaugure sa carrière littéraire avec Barnabo des montagnes en 1933, puis paraît en 1935, Le secret du bosco Vecchio.

 En 1936, il part en mission en Afrique dans le désert, comme correspondant et photographe du «Corriere della Sera ». Dans le Désert des Tartares, paru en 1940, il substitue l’atmosphère de la rédaction du journal à celle d’un fort militaire. Cette allégorie hors de tout contact avec la réalité du temps, dans laquelle il transmet sa perception de l’écoulement des heures et des journées, du temps pétrifié par la routine, traduit la sensation que l’univers vacille autour de l’homme. Le livre rencontre un succès immédiat et mondial et fut adapté au cinéma en 1976 par Valerio Zurlini sous le même titre, et fut tourné dans la forteresse de Bam dans le sud de l’Iran.

L’Italie entre en guerre en 1940. Le 30 juillet, BUZZATI est envoyé comme correspondant de guerre sur le croiseur Fiume, puis sur le Trieste. Entre juillet 1940 et 1942, il couvre de nombreuses batailles. Pendant les combats, il observe, prend des notes et photographie.

Le journal est passé à partir de septembre 1943 sous le contrôle des nazi-fascistes. Alors que nombre de rédacteurs sont en contact avec le parti communiste à l’intérieur du journal, lui reste politiquement non engagé, même après la guerre, dans les années 50-60 marquées par la forte politisation  des intellectuels. La crainte de la maladie, du licenciement font partie des obsessions de BUZZATI.

En 1959, il fait la connaissance d’une femme avec laquelle il vivra une histoire malheureuse qu’il sublime dans Un amour en 1963 qui décrit la passion dévorante d'un quadragénaire pour une jeune prostituée, et ses tourments savamment entretenus par elle. Le roman fut très mal accueilli par la critique ce qui n’empêcha pas le livre,d’être le best-seller de l’année, peut être à cause de son sujet.

En 1960, il rencontre Almerina Antoniazzi, mannequin, qu’il épouse et avec laquelle il partage un équilibre affectif basé sur la discrétion et sur le respect mutuel. Atteint à son tour d’un cancer du pancréas, il est décède à Milan en 1972.

BUZZATI, auteur de romans, a écrit aussi des contes, notamment Les sept messagers (1941), L’écroulement de la Baliverna, (1954), L’Image de pierre (1960), des pièces de théâtre, des poèmes, ainsi que des nouvelles dont la plus célèbre est Le K (1966). Peintre, il a fait une bande dessinée Poèmes bulles.

Sources : « Le petit Robert des noms propres » (2004), page357 ;
Internet, rosannadelpiano.perso.sfr.fr/ONPA_Buzzati_html.htm

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16 janvier 2011

Jim HARRISON (1936) – La Route du Retour (1998) traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSSENT

Jim HARRISON (1936)La Route du Retour (1998)
traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSSENT[1]

Dans Dalva (1987), nous avions suivi le destin de la famille Northridge par le journal de l’héroïne, Dalva, les notes de son amant du moment Michael qui, lui même étudiait les récits de John Westley, l’arrière-grand-père, défenseur de la cause indienne. Le livre se terminait en 1985. Un nouvel horizon s’ouvrait dans la vie de Dalva qui s’apprêtait à rencontrer son fils Nelse. Onze ans plus tard, Jim HARRISON apporte un éclairage nouveau à l’histoire de Dalva et la complète, dans La Route du Retour.

Le roman est l’enchaînement des journaux intimes des acteurs principaux du roman. Souvenirs intimes, évocations historiques, traditions ancestrales, petits et grands bonheurs, amours fugaces ou durables, amitiés profondes, chagrins, drames, culpabilité, vulnérabilité, force, générosités, lâchetés, frayeurs, exaltation contemplative de la nature, révoltes, rêves, plaisirs subtiles et raffinés, « cuites carabinées», élucubrations oiseuses, méditations philosophiques ou métaphysiques, références culturelles pour initiés, rencontres. Des détails et les soucis des plus prosaïques s’y mêlent. Dans cette profusion hétéroclite, se cachent les éléments du puzzle qui, assemblés révèlent une image nette et précise de la famille de Dalva. Au lecteur de faire le tri. Tous les Northridge ont en partage l’amour et le respect de la nature, la solidarité familiale, la fidélité en amitié, le  souci de donner un sens à leur vie. Chacun est porteur de qualités et de défauts. Cette humanité les rend attachants.

Nous retrouvons les mêmes protagonistes dans les deux romans. Jim HARRISON a évité le piège des redites et du délayage complaisant que l’on rencontre la plupart du temps dans les sagas familiales. Les mêmes situations vécues et rapportées différemment par les uns et les autres prennent toutes leurs dimensions. Les caractères des personnages et leur rôle respectif s’affirment avec toute leur complexité. En fermant le livre sur la dernière page, on comprend que Jim HARRISON ait désiré revenir sur le métier après la parution de Dalva. Son ouvrage trouve son accomplissement avec La Route du Retour.

Pour se faire une idée de l’univers pictural du grand-père Northridge

Vous pouvez consulter ces sites :

Charles Marion Russel (1864~1926)

 

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Charles+Marion+Russell&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=GRzTTPWeNcSK4QaUqInbDg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CCkQsAQwAA

Charles Éphraïm Burchfield (1893~1967)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Charles+Burchfield&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=1hzTTP_MO92O4gabrvTADg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CC4QsAQwAA

Maynard Dixon (1875~1946)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Maynard+Dixon&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=VB3TTOaJF4Gv4QaV4MStDg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=2&ved=0CDcQsAQwAQ

Marsden Hartley (1877~1943)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Marsden+Hartley&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=mx3TTJx5itTiBsmv6LAO&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CDMQsAQwAA

Stuart Davis (1892~1964)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Stuart+Davis&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=PR7TTIKdIOaN4gaw0-CBDw&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CC4QsAQwAA

Thomas Hart Benton (1889~1975)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Thomas+Hart+Benton&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=hh7TTIdkldPiBpXjvLAO&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CC8QsAQwAA

Gottado Piazzoni (1872~1945)

http://www.google.fr/images?hl=fr&client=firefox-a&hs=8zm&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&q=Gottardo+Piazzoni&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=5x7TTKjRNOaX4gb-1ry1Dg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=2&ved=0CDEQsAQwAQ

[1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

 http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=250

"Jim Harrison de A à X" de Brice MATTHIEUSSENT

http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=50

26 avril 2012

Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999

Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999

     Mohamed FELLAG situe les 5 nouvelles  de C’est à Alger (2002) et L’Allumeur de rêves berbères (2007) durant la période dite des « années noires » de la décennie 1990.

*

     Le Président de la République algérienne Mohamed Ben Bella (1916~2012) depuis l’Indépendance de l’Algérie en 1962, est renversé le 19 juin 1965, par un coup d’État, dirigé par Mohamed Boukharouba, dit Houari Boumediene (1925~1978).

     Houari Boumediene devient alors Président du Conseil de la Révolution, chef du gouvernement et ministre de la Défense. En décembre 1967, une tentative de putsch du colonel  Tahar Zbiri, maître de l’armée et du FLN, le parti unique, échoue.

     Son autorité n’étant plus contestée, le Président Boumediene fait adopter par référendum, le 27 juin 1976, une Charte nationale qui définit l’Algérie comme une « démocratie socialiste », consacre le rôle dirigeant du parti et garantit à l’Islam le statut de religion d’État.

      Le 19 novembre 1976, une nouvelle une nouvelle constitution renforce les pouvoirs du chef de l’État qui est élu Président de la République algérienne.

*****

Situation politique des années 1990

     Après la répression dans le sang de « manifestations de la faim » en octobre 1988, le Président Chadli Bendjedid, dit Chadli (1929), élu à la tête du pays depuis 1972, engagea une timide démocratisation du régime. Une multitude de partis politiques se présentèrent aux élections locales de juin 1990 ouvertes au multipartisme. Parmi ceux-ci, le Front Islamique du Salut (FIS) obtint le plus grand nombre de voix.

     L’armée qui se considérait garante des institutions  s’opposa à la légalisation du FIS. Le Président Chadli décida de tenir tout de même des élections législatives, en décembre 1991. Le scrutin majoritaire étant favorable aux Islamistes, ceux-ci remportèrent une écrasante victoire au premier tour.

     En janvier, l’armée démit Chadli de ses fonctions, annula les élections et confia le pouvoir à un Haut Comité d’État (HCE) présidé par un dirigeant historique du FLN rentré de son exil au Maroc, Mohamed Boudiaf (1919~1992). En mars, le FIS fut dissous. Une vague de répression s’abattit sur les Islamistes. Ceux-ci répliquèrent par le terrorisme assassinant plus de 600 personnes dont Mohamed Boudiaf qui fut remplacé à la présidence du HCE par Ali Kafi (1928), en juillet 1992.

*

     L’assainissement de l’économie était devenu une priorité absolue pour le régime ainsi que l’intensification de la répression des oppositions.

     Le général Liamine Zéroual (1941), ministre de la Défense en 1993 puis nommé chef de l’État en janvier 1994 par le HCE, engagea  une lutte sans merci contre le mouvement islamiste qui s’était radicalisé avec la création du GIA (Groupe Islamiste Armé).

     Le GIA lança une vague d’attentats contre les forces de l’ordre, les intellectuels, les journalistes, les artistes, et, à partir de 1993, les ressortissants étrangers.

    Un mouvement de revendication berbère hostile aux militaires comme aux Islamistes, se développait parallèlement en Kabylie.

     Le pouvoir rejeta l’éventualité de négociations avec une plateforme commune composée du FIS, du Front des forces socialiste, du FLN, les principaux partis d’opposition.

     En dépit du boycotte de l’opposition, une très forte participation des électeurs au scrutin  de novembre 1995, porta  le général Zéroual à la Présidence de la République algérienne confirmant sa présence à la tête de l’État. La société algérienne manifestait ainsi sa volonté de voir s’arrêter la violence.

    Malgré les efforts de modération du Premier Ministre, Ahmed Ouyahia (1952), nommé en janvier 1996, qui fit entrer dans son gouvernement des membres de l’opposition modérée (MSI-Hamasi, Mouvement du Renouveau National), puis des différentes  tentatives des gouvernements qui lui ont succédé, les attentats et les massacres continuaient, entraînant une perte de confiance de la part de la population.

     De même, les mesures d’arabisation hâtives décidées en 1998 furent très contestées

     À la suite d’une nouvelle recrudescence des attentats islamistes, de nombreux clans se formèrent au sommet de l’État paralysant les institutions politiques. Liamine Zéroual fut contraint de démissionner.

*

     Le Président Abdelaziz Bouteflika (1937) fut élu à sa succession en avril 1999 et son projet de « Concorde civile » portant sur la restauration de la paix civile, l’ouverture économique et la lutte contre la corruption fut approuvé par référendum par une écrasante majorité.

*****

Bilan de la guerre civile de janvier 1992 à décembre 1997

     Les morts : Dans sa déclaration du 21 janvier 1998, Ahmed Ouyahia (1952), (Premier ministre de l’Algérie de 1995 à 1998, de mai 2003 à mai 2006, puis à nouveau  depuis le 23 juin 2008 dans plusieurs gouvernements successifs), ce bilan serait de 26 000 morts. Le département d’État américain l’estime à 70 000 morts dont 6 à 7 mille en 1997. Amnesty international annonce un minimum de 80 000 morts, tandis que l’opposition algérienne parle de plus  de 100 000 morts. L’Express en a cité 60 000.

     Personnes disparues : Il y aurait eu 3 000 disparus.

     Les victimes : De 1990 à 1999, outre les 100 000 morts, le nombre des victimes est estimé à environ 1 million.

20 000 Islamistes auraient été emprisonnés.

     Les attentats : Le gazoduc (Transmest) a fait l’objet de 3 attentats depuis 1992. Des bombes déposées aussi bien dans la capitale que dans d’autres villes d’Algérie ont fait de nombreuses victimes tout comme les attaques contre les moyens de transports (cars, train, et les faux barrages de police ou de l’armée).

Sources de la documentation : Le Petit Robert des noms propres ; édit. Dictionnaires Robert ; Michel Mourre Dictionnaire d’histoire universelle ; Jean-Pierre Delarge ; édit. Bordas ; Quid, Dominique et Michèle Frémy ; édit. Robert Laffont www.quid.fr

Mohamed FELLAG (1950) – Rue des petites daurades (2001)

FELLAG Mohamed (1950) – C’est à Alger (2002)

Mohamed FELLAG (1950) – L’Allumeur de Rêves berbères (2007)


 

27 septembre 2014

LA RÉVOLTE DES MAU MAU AU KENYA (1952-1956)

LA RÉVOLTE DES MAU MAU AU KENYA (1952-1956)

      Protectorat britannique dès 1895, la colonisation des territoires de l'intérieur du Kenya s'effectua au fur et à mesure de l'avancée la construction du chemin de fer de l'Ouganda à Mombassa sur la zone côtière de l'Océan indien (1900). Le pays devint colonie de la couronne britannique, en 1920, sous le nom de Kenya.

      Sous le mandat britannique, la condition des Africains, auxquels les Blancs n'avaient pas laissé  plus d'un quart des terres cultivables, était misérable. Aussi la population africaine, qui luttait contre le travail forcé, réclamait-elle une nouvelle répartition des terres et la création d'écoles indigènes. Celle-ci trouva une organisation de défense  dans la Kikuyu Central Association créée en 1925, avec à sa tête Jomo Kenyatta. Ce dernier créa en 1947 la Kenya African Union, dont le programme comportait notamment l'abolition des barrières raciales et l'égalité des droits politiques.

      Vers 1952, une société secrète s'est formée dans les tribus Kikuyu, Embu et Meru. Les adeptes de cette société, les Mau Mau, étaient farouchement opposés au mode de vie occidental, étaient liés par des rites sauvages. Leur but était de chasser les Européens par le terrorisme.

     L'état d'urgence fut proclamé en 1952. Les Blancs répliquèrent aux atrocités commises par les Mau Mau par une répression impitoyable : 40 000 Mau Mau furent tués et 80 000 furent emprisonnés. Les autorités britanniques accusèrent Jomo Kenyatta d'être l'instigateur de ce mouvement en dépit de ses dénégations véhémentes. Kenyatta fut condamné à sept ans de prison en 1953.

      Cependant, cette révolte amena le gouvernement britannique à reconnaître le droit du Kenya à l'autonomie interne en 1961, et à accepter une juste représentation des Noirs au Conseil législatif. Elu aux élections de mai 1963, Jomo Kenyatta, devenu chef de l'Union Nationale Africaine (K.A.N.U), fut désigné comme Premier ministre, le 1er juin suivant.

Le Kenya devint pleinement indépendant le 12 décembre 1963. Il adopta, alors, un régime républicain et resta dans le Commonwealth.

Sources : Dictionnaire d'Histoire universelle Michel MOURRE - Jean-Pierre Delarge - Bordas

24 mai 2010

Jules RENARD - Le Journal - Biographie - Bibliographie

L'AUTEUR:

 Jules RENARD (Châlons-sur-Mayenne, 22 février 1864~Paris, 22 mai 1910) a commencé à écrire son journal en 1887 et l’a tenu jusqu’au 6 avril 1910, quelques semaines avant sa mort.

Jules RENARD est renommé en littérature pour son personnage Poil de Carotte, enfant non désiré et mal aimé de sa mère, héros du livre éponyme paru en 1894 et adapté au théâtre en 1900. Auparavant, il avait fait paraître l’Écornifleur. [Ces récits réalistes par leur sujet... offrent des croquis rapides et mordants où l’ironie se teinte de tendresse][1]. Élevé dans le Morvan, on trouve cette présence de la campagne morvandelle dans les Histoires naturelles (1896), sans doute son chef-d’œuvre [où ce « chasseur d’images » manifeste l’acuité de son regard à l’égard du monde animal dont il donne une interprétation poétique, parfois précieuse, parfois épigrammatiques][2].

Attiré par le théâtre, il a écrit de courtes comédies inspirées d’un naturalisme psychologique plutôt que social comme Le Plaisir de rompre (1897), Le Pain de ménage (1898), l’adaptation dramatique de Poil de Carotte (1900), Monsieur Vernet (1903) dans lesquelles le pessimisme et l’amertume se résolvent en humour et en cruauté.

Le Journal est indissociable de l’œuvre de Jules RENARD, certains disent qu’il est supérieur à son œuvre, ce qui est sûr c’est qu’il éclaire son œuvre.

Pour plus de renseignement sur sa biographie et sa bibliographie, suivre ce lien

 


 

QUELQUES NOTES ET REMARQUES PERSONNELLES

à propos de ce journal

 

L’écrivain : J.RENARD confie à son journal le malaise qu’il ressent devant la page blanche, son souci du langage et du style, ses recherches, ses scrupules, ses doutes, ses déceptions, ses corrections. Il y porte ses notes et remarques de lecture des grandes œuvres.

Il cherche à se situer dans la littérature et l’art dramatique et aussi par rapport aux écrivains de son époque.

Il n’est pas question d’utiliser des trucs, de se laisser aller à la facilité, de flatter le goût du lecteur ou du spectateur ni celui de l’éditeur ou du directeur de troupe. Il se sert du style pour mêler le tragique et le cocasse, l’ironie et la lucidité, la tendresse et le pessimisme. Le métier d’écrire est une épreuve sérieuse et grave. Il dit : « Mon style m’étrangle. »

Il n’invente pas de sujet, ni pour ses récits, ni pour son théâtre. Il se sert seulement de sa vie, fait peu de voyages et a peu d’excitations extérieures.

Une partie de sa vie est parisienne, c’est dans la capitale qu’il peut rencontrer les écrivains, échanger, se mesurer, se comparer avec eux. Il a l’ambition de devenir un grand auteur mais il est lucide quant à ses limites. 

 

Le témoin de son temps : S’il veut vivre de sa plume, il faut habiter une partie de l’année à Paris, se faire connaître, aller au-devant des éditeurs, des directeurs de théâtre, écrire des articles dans les journaux littéraires, faire des conférences, autrement dit, placer sa copie. Ces rencontres sont une source d’inspiration qui donne une succession de réflexions cruelles ou plaisantes sur les artistes et les écrivains du temps, l’ambiance des salles de rédaction, les coulisses des théâtres.

 Il trace des portraits de ses amis, des personnages qu’il fréquente, rapporte des propos tenus au cours de réunions, de banquets ou de repas, relate les conversations avec ses amis, raconte les répétitions de ses pièces, parle de ses rencontres avec Jaurès et Léon Blum.

Il se promène dans Paris sur le boulevard, au parc Monceau, est aux enterrements de ses contemporains décédés, assiste à des représentations théâtrales.

Jules RENARD vit aussi à la campagne. La nature qu’il décrit n’est pas une construction de l’esprit. Il observe les animaux, les éléments, la lune les sites. « Chasseur d’images », il en donne des instantanés, des interprétations poétiques, parfois précieuses, souvent anthropomorphiques. Les gens de la campagne morvandelle n’échappent pas à ses observations incisives et pénétrantes. Ni romantisme, ni réalisme complaisant dans ces scènes de la vie réelle parfois banales ou sordides, mais une succession de tableaux impressionnistes qui nous donnent une idée des conditions de vie du monde paysan avant la guerre de 1914, beaucoup mieux qu’un exposé ethnologique.

 

La famille : Son père, son frère font partie de son univers jusqu’à leur décès. En filigrane, il se reproche de ne pas être plus proche d’eux. Il est affecté par leur mort. Le suicide de son père est l’occasion pour lui de se poser des questions existentielles et de réflexions sur sa propre destinée. Sa mère, inchangée, est un objet d’étude, il accompli envers elle son devoir, ni plus, ni moins, il s’en protège en gardant ses distances. Dans cette mesure elle le laisse indifférent. Quant à sa sœur, elle est peu évoquée dans son journal. Il note des situations qu’il imagine dans lesquelles Poil de Carotte, Monsieur Lepic, Madame Lepic sont les héros, morceaux qu’il pourrait utiliser pour son œuvre.

L’image qu’il donne du couple qu’il forme avec Marinette est paisible. C’est une épouse attentive, compréhensive, apaisante, attentionnée, équilibrante pour lui, le tourmenté qui vit dans un doute constant.

Il rapporte dans le journal, quantité de mots de ses enfants (surtout de Baïe) dont il semble qu’il ait été très proche bien qu’il regrette de ne pas arriver à être plus intime avec son fils, Fantec. Son anxiété ses angoisses et ses inquiétudes lors de la maladie de sa petite fille est évoquée avec pudeur, on ne peut que compatir.

 

Les femmes : Dans son univers, il y a deux sortes de femmes : les « bonnes femmes » (dans le sens de femmes vertueuses et bonnes ménagères) et les « grues ».

Nombre de fois, il fait allusion au désir de femmes qu’il éprouve, mais il refuse de se laisser aller à la tentation. Jules RENARD qui n’était pas un homme de compromis et qui détestait les situations fausses, préférait surement assumer la frustration qui lui permettait de se consacrer à l’écriture.

Certains portraits de femmes sont particulièrement cruels. Il y fait souvent allusion aux odeurs corporelles qu’elles dégageaient qui était loin d’être en leur faveur.

 

La politique : Jules RENARD était dans le camp dreyfusard. À travers son témoignage, on perçoit combien cette affaire a divisé l’opinion entraînant des rancœurs farouches qui ont perduré bien après la réhabilitation du capitaine puisqu’il en fait encore référence à propos des réunions de la Société des Auteurs et de l’Académie Goncourt, les dernières années de sa vie. Il reproduit des propos anti-juifs tenus par des écrivains qu’il côtoie. Lui-même, malgré ses idées progressistes, caractérise certains comportements, attitudes, caractères physiques de Schwob, Mendès par le fait qu’ils appartiennent à « la race juive ». L’oppression du début du XXème siècle est en marche. 

 

Il se dit libre-penseur, il est même anticlérical. Il est maire de sa commune au moment de la séparation des églises et de l’État. Ses portraits des curés de campagne les présentent comme ignares, bornés, obscurantistes. Les deux partis se radicalisent de part et d’autre, dans une lutte ouverte s’exprimant par un sectarisme intolérant.

Il fréquente Léon Blum, est présenté à Jean Jaurès, assiste à un meeting, nous fait part de la création et des débuts du journal l’Humanité, y écrit des articles. Il se dit socialiste.

Mais il s’interroge sur la sincérité de son engagement qui devrait, pense-t-il, l’amener à tout partager, à renoncer à la vie bourgeoise qu’il mène avec sa famille et à laquelle il se sent attaché.

 

Les honneurs : Jules RENARD est sensible aux honneurs. L’épisode de l’attente, de l’obtention de la Légion d’Honneur. Ses nombreuses allusions au port de sa décoration, au fait qu’elle soit ou non remarquée de ses interlocuteurs, sa quête d’une reconnaissance admirative et que la porter l’engage dans un type de comportement, le prouvent.

Il aime être reconnu en tant qu’écrivain célèbre par ses ouvrages, mais s’il est vaniteux, il n’en est pas moins lucide dans la manière ironique dont il relate l’ignorance ou les confusions dont il est victime.

Il aurait aimé être élu à l’Académie française, il est quelque peu déçu de devoir se contenter de l’Académie Goncourt.

 

L’homme face à lui-même : Jules RENARD fait une introspection sans concession où se mêlent ironie, humour et nostalgie dans laquelle il est aussi sévère qu’il l’est pour autrui.

 

La mort : Elle est constamment présente dans son Journal. Elle est là, bien sûr, quand il est endeuillé, quand il accompagne le cercueil d’un ami ou d’un confrère, elle rôde et frappe dans les campagnes mais l’idée de la mort lui est familière. Vivra-t-il longtemps ? Aura-t-il le temps de laisser une œuvre ? Comment se présentera-t-elle ? Mettra-t-il fin lui-même à ses jours ? Il pense souvent au suicide et écrit que ce qui le retient, c’est la détresse de ses proches que provoquerait un tel geste.

Il parle plusieurs fois de la publication de son Journal, c’est surtout par lui qu’il survit encore aujourd’hui.

 De nos jours, le Journal, considéré comme un chef-d’œuvre du genre par de nombreux spécialistes, est programmé régulièrement pour des séances de lecture d’extraits choisis. Ce genre de production a été entre autres auditions organisées en province par d’autres troupes, à l’affiche du théâtre Hébertot à Paris mis en scène par Jean-Louis Trintignan, avec Jean-Louis Bérard Manuel Durand, Joëlle Bellemonte.

 

 

 


 

[1] Le Petit Robert des Nom Propres 2004

[2] Idem

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24 mai 2010

Jules RENARD - Le Journal

LE CADRE HISTORIQUE DANS LEQUEL SE SITUE LE JOURNAL DE J. RENARD

   Les évènements évoqués se passent après la guerre de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine. Le Journal traverse les présidences de Jules Grévy (jusqu’en 1887), de Marie, François, Sadi Carnot (1887-1894), Casimir-Périer, Félix Faure (1895-1899), Émile Loubet (1899-1906), Armand Fallières (1906-1913).

Sous la présidence de J. Grévy, le régime parlementaire s’affirme grâce à un ensemble de réformes relatives aux libertés publiques et à l’enseignement. Le pays fut secoué par l’affaire Dreyfus (1894-1899)

Le paysage politique et social se transforme avec l’essor du catholicisme social et du socialisme sous l’impulsion de J. Guesde et de J. Jaurès, la séparation des églises et de l’État en 1905 et le développement du syndicalisme.

29 septembre 2010

ATTITUDE DES ÉTATS-UNIS AU DÉBUT DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

ATTITUDE DES ÉTATS-UNIS AU DÉBUT DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE[1]

 Entre les deux guerres : Après la politique de repliement sur soi, de renforcement du protectionnisme douanier, de xénophobie (quant à l’immigration et à l’intérieur par les activités du Ku Klux Klan), et de prohibition des gouvernements républicains successifs de 1920 à 1932 ainsi que la crise économique après le « jeudi noir » de Wall Street du 24 octobre1929, les élections de 1932 virent la victoire écrasante du démocrate Franklin D. Roosevelt qui devait rester à la tête du pays jusqu’à sa mort en 1945.

 

Cependant, jusqu’en 1938, les tâches du redressement économique (le « New Deal ») et la persistance d’un puissant courant isolationniste dans l’opinion américaine réduisirent considérablement la marge de manœuvre de Roosevelt en politique étrangère. Le 31 août 1935, le 1er Neutrality Act interdit toute expédition de munitions et d’armes à une nation en guerre. Le 29 février 1936, le 2ème Neutrality Act prolonge la validité du premier jusqu’au 1er mai 1937 et interdit tout prêt ou crédit à un État en guerre. Le 1er mai 1937, Le 3ème Neutrality Act rend permanentes les décisions prise dans les deux premiers. La clause « Cash and carry » introduite pour deux ans permet de vendre des armes (sauf des munitions) aux belligérants qui paient comptant (cash) et se chargent du transport (carry).

 

En 1939, au début du conflit : Le 5 septembre, les USA se déclarent neutres dans la guerre. Le 18 octobre, ils déclarent l’interdiction des ports américains aux sous-marins belligérants. Le 4 novembre, le 4ème Neutrality Act garde la clause « Cash and carry ».

 

En 1940 : Le 3 juin, les Américains vendent leurs surplus militaires aux Anglais. Lors de l’effondrement français de juin 1940, Roosevelt ne put répondre à l’appel qui lui fut lancé in extremis par Paul Reynaud. Le 16 septembre, il fit adopter par le Congrès un programme de réarmement et la conscription de tous les hommes entre 20 et 35 ans. Il fut réélu pour la troisième fois le 5 novembre. Les commandes militaires sauvent l’économie.

 

En 1941, Roosevelt plaide l’obligation pour les États-Unis d’aider les nations en lutte pour la démocratie. Il obtient la loi prêt-bail le 11 mars pour aider tous les adversaires de l’Axe et qui fit de l’Amérique le fournisseur de leur arsenal. L’accord fut signé par Roosevelt et Churchill sur le Prince of Wales dans la baie de Terre-Neuve. Le 11 avril, des forces armées s’installent au Groenland. Le 7 juillet, Les Américains occupent l’Islande. La 14 août, Roosevelt établit avec Churchill la Chartre de l’Atlantique. Il décide d’étendre à l’URSS le bénéfice de la loi prêt-bail. Seulement, il fallut l’agression japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor aux îles Hawaï, le 7 décembre[2], pour que les États-Unis déclarent la guerre au Japon le 8 décembre, à l’Allemagne et à l’Italie le 11 décembre 1941.   

 

AVANT L’ENTRÉE EN GUERRE DES USA (7 déc. 1941), LE BSC (British Security Coordination).


 

[1] Sources : Quid – Dominique et Michèle Frémy ww.quid.fr (Robert Laffont) et Dictionnaire d’histoire universelle en 1 volume Michel MOURRE – Jean-Pierre Delarge – (Bordas)

[2] Certains pensent qu’ayant besoin d’une agression japonaise pour justifier aux yeux des Américains son intervention dans la Seconde Guerre Mondiale, Roosevelt aurait tendu un piège aux Japonais en laissant à leur portée une escadre vulnérable.

5 décembre 2010

Irène FRAIN (1950) - Les Naufragés de l’île de Tromelin (2009)

Irène FRAIN (1950) - Les Naufragés de l’île de Tromelin (2009)

Commandé par le capitaine Jean Lafargue, l’Utile est un navire flambant neuf, armé par la Compagnie des Indes. Il est parti de Bayonne neuf mois plus tôt et fait voile pour ravitailler l’île de France. Dans la cale, tout au fond, sont entassés à même le lest, des hommes, des femmes et des enfants achetés clandestinement à Foulpointe. Cargaison frauduleuse que Lafargue projette de vendre comme esclaves, pour son compte, avec un sérieux bénéfice. Sa destination ? L’île de France et l’île Bourbon. Le navire cingle toutes voiles dehors vers le rivage où la fortune l’attend...

La traite vient d’être interdite dans l’Océan Indien, aussi navigue-t-il cap à l’est, dans une zone mal connue des cartographes, à l’écart de la route maritime.

Soudain, vers vingt-deux heures, le 31 juillet 1761, la flûte de cinq cent tonneaux touche la roche, se disloque et sombre dans une mer déchaînée. Les rescapés d’une nuit de lutte contre les éléments en furie échouent sur un îlot corallien. Quelques capitaines de passage, intrigués par des nuées d’oiseaux survolant la crête des vagues, l’avaient aperçu à la lunette. Cette île toute plate, au centre d’une barrière de déferlantes, est à peine visible. Les courants sont changeants et les vagues redoutables, à son approche. Son nom ? L’Île des Sables. Existe-t-elle seulement ? C’est, un mirage, dit-on.

          Lafargue a perdu la raison au cours du désastre. Sur 143 hommes d’équipage embarqués, 122 sont rescapés. Cent soixante esclaves étaient enfermés dans la cale. 88 seulement se retrouvent sur l’îlot. Le premier lieutenant du bord, Castillan, prend rapidement en main le sort et la discipline des naufragés  et entreprend l’organisation de leur survie.

Aucun point d’eau douce, sur cette île perdue dans l’océan ! Pour toute nourriture, des oiseaux ! Aussi  les survivants ont-ils arraché aux déferlantes les trésors vomis par les morceaux disloqués de l’Utile. Des plongeurs ont  retiré de l’épave tout ce qui était récupérable.

Aidé d’une quarantaine de blancs et d’une vingtaine de noirs, Castillan consacrera  toute son énergie à la construction d’une embarcation afin de fuir l’île inhospitalière, avant qu’elle ne devienne leur tombeau. Il s’avèrera rapidement que la prame issue de l’effort conjugué de tous ces êtres en détresse ne pourra jamais contenir tout le monde. À la fin du mois de septembre, les noirs, assemblés sur la plage, voient partir l’embarcation chargée de tous les blancs survivants. Castillan leur promet de revenir les rechercher le plus tôt possible. Promesse non tenue par les autorités!

Le 14 décembre 1776, La Dauphine, commandée par le capitaine Tromelin, touche l’île de France, avec à bord sept femmes et un bébé. Des naufragés abandonnés sur l’Île des Sables, quinze ans plus tôt, ils sont les seuls survivants.

Cet ouvrage, Irène FRAIN le qualifie de roman. Pourtant, elle ne s’est pas contentée de romancer avec tact et retenue, le récit du naufrage de l’Utile en 1761 et de ce qu’il est advenu des survivants. À ses talents de romancière reconnue, elle ajoute la rigueur d’une journaliste d’investigation et d’une historienne. Elle a su habilement mêler au drame vécu par les rescapés sur l’île de Tromelin, les résultats de la sécheresse de l’exploitation des archives, de l’examen des vestiges et des reliques, de l’analyse des sources, du recoupement des témoignages, et  préciser contexte politique et social de l’époque.

          Si cette fortune de mer est mal connue, de nombreux témoignages écrits ont pu être étudiés. Ils ont rapport aux circonstances et au déroulement du naufrage, à la vie des Blancs sur l’île et à leur sauvetage. La postface de Max GUÉROUT[1] apporte un complément émouvant et précieux, quand au sort des Noirs les quinze années qui ont succédé à leur abandon. De multiples questions ne trouveront jamais de réponse, mais son témoignage atténue partiellement le déséquilibre entre les deux parties du récit.

Sites à consulter pour compléter la lecture du roman, qui présentent une iconographie éloquente de l'île et des vestiges retrouvés  :

Irène FRAIN : Les naufragés de l’île Tromelin

http://www.lesnaufragesdeliletromelin.fr/interface.htm

 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_Tromelin

[1] Max GÉROUT, né le 12 septembre 1936 à Colombes (92)

 

19 décembre 2010

MARTINEZ Carole (1966) - Le cœur cousu (2007)

Message complété le 3/08/2012

MARTINEZ Carole (1966) - Le cœur cousu (2007)

 

Soledad, née aux porte du désert, à l’issue d’une odyssée, de la durée d’une gestation voire un peu plus, de Santavela à travers l’Andalousie jusqu’aux portes du désert oranien, raconte l’histoire de sa mère Frasquita Carasco.

Frasquita est-elle magicienne ou sorcière ? Comme toutes les femmes de sa lignée elle a reçu à la puberté, une boîte mystérieuse, qui se transmet depuis la nuit des temps, accompagnée de paroles rituelles magiques. Avec les fils aux magnifiques couleurs et les aiguilles contenus dans ce coffret, elle pourra exprimer son don de couturière et de brodeuse, sublimer de vulgaires chiffons, broder des fleurs dans la trame des tissus, créer un éventail-papillon qui s’envolera par la fenêtre, suspendre par des fils invisibles un cœur de soie qui semble battre dans la carcasse d’osier de la madone et repriser les chairs déchiquetées des hommes. Mais José, son mari habité par une obsession « poulaillère » et le démon du jeu a misé Frasquita et l’a perdue lors d’un combat de coq. L’adultère accompli, vêtue de sa robe de noce brodée, la jeune femme fuit la réprobation villageoise. La voilà poussant dans une charrette à bras son maigre bagage et traînant ses cinq enfants. Ils traverseront au cours d’une longue errance l’Andalousie en proie aux révoltes paysannes et aux espoirs des anarchiques. Chaque enfant de Frasquita se distingue par un don surnaturel.

Quelle est la part du réel ou de la légende dans le récit de sa sœur aînée Anita?  L’épopée relatée à Soledad est enrichie, adaptée, modifiée, au fil du temps par la conteuse qui est aussi sa mère de substitution. Soledad l’ignore. Traditions et superstitions ancestrales, rituels magiques, croyances miraculeuses, pratiques de sorcellerie, passages lyriques, anecdotes drôles ou cruelles, horreur et misère se conjuguent tout au long de sa narration.

Ce conte-roman de Carole MARTINEZ ouvre de multiples pistes de réflexion : Comment l’étranger est-il perçu dans un milieu qui vit en autarcie ? - Que peut apporter celui ou celle qui vient d’ailleurs ? - l’interprétation empirique, fantastique ou démoniaque des phénomènes naturels inexpliqués et les superstitions - la condition de la femme dans les campagnes espagnoles à la fin du XIXe siècle - l’acceptation de la différence par un groupe humain ; le démon du jeu et ses conséquences - les obsessions morbides, pédophilie, perversions sexuelles - l’avarice - la religion en Espagne - les regroupements communautaires dans un pays d’immigration - la transmission orale - prédestination et vocation - la perception des œuvres artistiques - Le génie est-il un don divin ou une manifestation diabolique ? - misère et violence - la recherche de la perfection absolue et ses conséquences – renoncer pour rompre un enchaînement de faits – l’écrit et l’oralité – le symbolisme des couleurs le blanc, le noir, le rouge.

En lisant ce livre, on retrouve des situations déjà rencontrées dans la Littérature comme L’Odyssée, Cent ans de solitude de Gabriel GARCIA MARQUEZ, les contes de PERRAULT, l’esprit des Fables de LA FONTAINE.

Les tribulations de la pauvre Frasquita constituent un voyage initiatique dont Anita puis Soledad sont les chroniqueuses.

Voir le contexte historique.

 

L’AUTEURE[1] : Carole  MARTINEZ est née en 1966. Après multiples petits boulots, serveuse, ouvreuse, vendeuse de chichis, photographe sur les plages, comédienne, metteur en scène, assistante réalisatrice, pigiste, sémiologue, elle entre dans l’enseignement et devient professeur de français dans un collège d’Issy-les-Moulineaux.

Elle profite d’un congé parental en 2005 pour écrire « quelque chose qui soit entre le conte et le roman ». Puisant dans les légendes de sa tradition familiale espagnole, elle brode, à partir des histoires que sa grand-mère lui racontait. Le cœur cousu, paru en 2007, est un succès.

Carole MARTINEZ reçoit pour  ce premier roman le prix Renaudot des lycéens en 2007, le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2007, la Bourse de la découverte Prince Pierre de Monaco, la Bourse Thyde Monnier, Coup de cœur des lycéens de Monaco, le prix Emmanuel Roblès, le prix du Premier Roman de Draveil, le prix Ulysse du premier roman, le prix des Lucioles des lycéens.

Autre roman de cet auteur:

Carole MARTINEZ (1966) – Du Domaine des Murmures (2011)

 


 

[1] Source : http://www.evene.fr/celebre/biographie/carole-martinez-29494.php 

 

17 juin 2011

LE PIN BLANC D’AMÉRIQUE - LES CONSÉQUENCES DE SA SUREXPLOITATION AU XIXe SIÈCLE DANS LE MICHIGAN

LE PIN BLANC D’AMÉRIQUE - LES CONSÉQUENCES DE SA SUREXPLOITATION AU XIXe SIÈCLE DANS LE MICHIGAN

Situation géographique du pin blanc

 Il y a environ 6 000 ans, 30 à 40% de la composition forestière le long de la vallée du Saint-Laurent et dans la région des Grands Lacs étaient constitués de pins blancs (Pinus strobus L.). Cette espèce disparue d’Europe n’occupe aujourd’hui que la partie nord-est  du continent américain.

Conditions de développement du pin blanc 

 Cet arbre géant des forêts du nord-est de l’Amérique peut atteindre une hauteur de 40 à 60m, la souche dépasse souvent 1à 1,20m de diamètre. Si ses conditions de développement sont favorables, il a une croissance rapide et une longévité surprenante.

Cette essence qui peut s’adapter à une grande diversité de sols, voit sa croissance favorisée sur les sols sablonneux et bien drainés. La croissance des jeunes pins, qui nécessite la pénétration de la lumière dans le sous-bois, est compromise si elle se trouve en compétition avec celle d’autres espèces résineuses ou de feuillus. 

Adulte, ce pin s’adapte au feu. Sa résistance aux incendies modérés se renforce avec l’âge de l’arbre grâce à son écorce épaisse qui protège le tronc de la chaleur. D’autre part, la distance des premières branches du pin adulte au sol est souvent importante, ce qui isole le feuillage des flammes. Le passage du feu élimine la couche superficielle du parterre forestier et le dessus aéré de l’humus, et augmente la possibilité de germination. Le feu, en détruisant les espèces végétales sensibles au feu, ouvre le passage de la lumière jusqu’au sol et favorise la croissance des futurs plants.

Les incendies périodiques naturels (orages, sécheresse) ou provoqués par l’homme depuis des millénaires ont aidé le maintien et le renouvellement naturel de l’espèce.  

Certains pins blancs survivant de nos jours furent témoins au XVIIe siècle de l’arrivée des premiers explorateurs européens. Plus de 95% des millions d’hectares de pinèdes qui couvraient l’est de l’Amérique du Nord n’ont pas survécu à l’action des hommes.

 Les hommes et le pin blanc 

Une concordance de l’aire de répartition du pin blanc avec celle des territoires occupés par les premières populations humaines a été mise en évidence. De ce constat, a été suggérée l’idée que la pratique des brûlis largement utilisés tant pour l’agriculture, la chasse et l’aménagement du territoire par les peuples autochtones de l’Amérique du Nord, aurait, en plusieurs endroits, contribué à créer des conditions favorables au développement des grandes forêts de pins blancs.

En Amérique du Nord, le pin blanc a toujours fait partie de la vie des gens. Les populations autochtones recouvraient l’extérieur de leur maisons avec son écorce et utilisaient la résine mélangée à de la cendre pour calfater les canots d’écorces.

La région des Grands Lacs fut exploitée par les coupeurs de bois à partir de 1618.

La colonisation encore timide a fourni les première bases d’une exploitation des ressource forestières concentrée le  long des cours d’eau pour satisfaite aux besoins locaux.

Les premiers colons de la Nouvelle Angleterre appartenaient à des sectes protestantes. Leur interprétation littérale de l’Ancien Testament plaçait l’homme au sommet du reste de la création. L’homme pouvait donc dominer la terre. S’installer, au détriment des populations autochtones, des animaux et des plantes, n’était pas un problème moral. Certains parmi ces colons étaient prédestinés à être des élus.  L’Amérique était le paradis terrestre promis aux élus par Dieu. Devenir riche était leur récompense.  

Au début du XIXe siècle, l’exploitation intensive des pins blancs d’Amérique du Canada et du Nord-est de la Nouvelle Angleterre commençait à poser des problèmes de raréfaction. La frontière forestière a progressé de l’Est vers l’Ouest en fonction de l’épuisement des ressources.   

Le Michigan accueillit une vague d’une centaine de milliers d’immigrants après l’ouverture du canal Érié en 1825, qui favorisait le commerce dans les Grands Lacs. Après son entrée dans les États-Unis, une vague de près de 380 000 immigrants de 1837 à 1860 y afflua. Ces migrants étaient originaires des États de l’Est de l’Union, du Nord de l’Europe ou du Canada. Certains ont profité de l’opportunité d’acquérir à bon prix des terres fertiles pour s’installer comme colons dans une région encore vierge, repoussant la frontière des terres agricoles vers l’ouest. D’autres se faisaient embaucher comme travailleurs dans l’agriculture, l’exploitation du bois et dans les années 1840 dans les mines de cuivre et de fer de la Péninsule Nord. Les besoins grandissants, la présence des Grands lacs s’accompagnaient des perfectionnements techniques de la hache, l’utilisation de la hache à double tranchants, des cognées, des scies à double poignées, des scies à chaîne. L’installation dans un premier temps de scieries à eau puis de scieries à vapeur favorisèrent l’exploitation intensive des forêts. La production de pins du Michigan a rapidement progressé dans les années 1850. Elle a enregistré une hausse majeure, des années 1864 au début des années 1870. Grâce à la mise au point d’un nouveau type de locomotives à vapeur pour extraire les grumes, en 1880, des endroits trop pentus et très accidentés devinrent accessibles.

En 1891, les pinèdes du Michigan étaient épuisées. La frontière forestière continua sa progression vers le Wisconsin, le Minnesota et le nord-ouest du Pacifique. On estime qu’à cette date, 160 milliards de Pieds planche (37 millions 760 mille stères) ont été récoltés dans les pinèdes du Michigan. L’Amérique de la deuxième moitié du XIXe siècle s’est construite à partir du bois de cette magnifique forêt primitive.

De 1860 à 1910, d’immenses fortunes se sont constituées au Michigan avec la récolte, le sciage de grumes, et la commercialisation du bois d’œuvre. Les forêts épuisées, les tenants des fortunes  réalisées dans l’exploitation forestière, ainsi que celle des mines de cuivre et de fer de la Péninsule Nord, ont investi de l’argent dans l’industrie automobile naissante, ce qui est une des principales raison de sa concentration  à Detroit, dans le Michigan.

 Fonctionnement de l’exploitation forestière 

Les entrepreneurs forestiers amenaient avec eux des capitaux, des techniques et de la main d’œuvre spécialisée. Les fermiers et les ouvriers agricoles migraient l’hiver vers les exploitations forestières comme bûcherons.  L’abattage se faisait le long des cours d’eau. Les troncs étaient poinçonnés, stockés sur les rives en attendant le printemps. Durant le dégel, les troncs flottaient jusqu’aux lacs où ils étaient assemblés en énormes radeaux, ou bien les grumes étaient attachées les unes aux autres pour former des cordons. Ces radeaux et ces cordons étaient ensuite tirés par des remorqueurs à vapeur jusqu’aux scieries. Plus tard, afin d’éviter les inconvénients pour la navigation que provoquaient les troncs à la dérive détachés des assemblages, des bateaux spécialement équipés pour le transport des grumes acheminèrent le bois d’œuvre jusqu’aux points de transformation.

Parmi les ouvriers, il y avait des Autochtones, des Canadiens, des Irlandais, des Finnois, des Suédois, des Norvégiens, des Allemands. Ces bûcherons passaient l’hiver dans les bois dans des conditions semblables à celles répandues en Europe à cette époque, travaillant 12 heures par jour, six jours sur sept, à transporter, empiler les grumes. Des haricots, le plus souvent accompagnés de poisson grillé pêché sur place ou parfois de gibier abattu à proximité du campement, constituaient la nourriture de base.

 Utilisation 

Le bois de pin blanc léger et fort servait à la construction de navire et de bâtiments, à étayer les galeries très profondes des mines de cuivre et de fer. À partir des années 1860, le bois abattu alimentait aussi les nombreuses fabriques de pâte à papier.

  Conséquences écologiques 

 -  Raréfaction de l’espèce : L’été 1871 fut particulièrement sec dans le nord du Middle-west. La moindre étincelle pouvait être à l’origine de départ de feu. Les pratiques combinées de brûlages agricoles et de l’exploitation forestière qui ne tirait parti que des grumes et laissait sur place les branchages  et les déchets particulièrement inflammables, provoquèrent des incendies gigantesques qui ravagèrent le tour du « pouce » du Michigan, la ville de Chicago et les vallées de la Presqu’île Nord.[1]

On parla de mesures préventives, mais l’exploitation forestière frénétique n’en a pas moins continué, s’enfonçant plus profondément dans les terres. Les forêts furent à nouveau la proie d’énormes incendies en 1881, 1891 et plus tard au Minnesota en 1917.

Une fois cette ressource épuisée, les bûcherons ont dû utiliser d'autres espèces, et ont abattu des feuillus tels que l'érable, le noyer et le chêne, pour fabriquer des meubles, des tonneaux et des produits spéciaux.

La coupe « à blanc » de ces arbres plusieurs fois centenaires, non remplaçables à court termes, était la méthode habituellement pratiquée. À la faveur des espaces libérés, des érables, des sapins se sont implantés entrant, pour les apports en eau, substrats et lumière, en concurrence avec les jeunes pins devenus de ce fait minoritaire. Les sols des terrains dénudés ont été souvent entraînés dans les cours d’eau et les lacs. De vastes étendues de vieilles souches calcinées des nombreux endroits semi-désertiques de la Péninsule Nord du Michigan témoignent des conséquences de la cupidité humaine. D’autre part, en plusieurs points, le choix d’abattre les plus beaux spécimens n’a laissé sur place que des sujets moins vigoureux, malades ou carencés, compromettant la perpétuation de l’espèce.

- La biodiversité : Les graines du pin blanc nourrissent d’une grande variété d’oiseaux, et de petits mammifères. Le feuillage est brouté par les lièvres et les cerfs de Virginie. Les aigles, les pics et plusieurs mammifères se réfugient dans les pins  rescapés. Les grands pins voient souvent les ours noirs creuser leur tanière entre leurs racines. Plus tard, les hautes branches abriteront les petits.

- Les réserves naturelles : Quelques réserves fondées au début du XXe siècle, à partir de 1928, peuvent donner une idée de ce à quoi ressemblait la forêt ancienne des grands pins blancs d’Amérique. C’est le cas du Hartwick Pines State Park dans l’État du Michigan où 49 acres (20ha) sur les  9 672 acres (39,2 km²) de l’étendue du parc témoignent  de l’apparence que pouvait avoir la forêt primitive de pins blancs et pins rouges dans tout le Nord du Michigan avant l’époque de l’exploitation forestière.

 Sources :

http://terrescontees.free.fr/pays/Am%E9rique%20du%20Nord/michigan.htm

http://gleams.altarum.org/glwatershed/atlas/glat-chap3-f.html

http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.designerswithoutborders.org/pdfs/D%26Dfinal.pdf

 http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.geo.msu.edu/geogmich/whitepine-loggingII.html

http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://en.wikipedia.org/wiki/Eastern_White_Pine

http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-217/Pin_blanc_d%27Am%C3%A9rique:_pr%C3%A9servation.html



[1] Une autre théorie, déjà proposée dès 1882, est avancée par l’ingénieur et physicien Robert Wood, lors d’une conférence en 2004 de L’Aerospace Corporation et de l’American Institute of Aeronautics and Astronautics à propos de l’origine de ces multiples départs d’incendies des 8 au 10 octobre 1871. Il suggère que le feu a démarré suite à l’explosion de la Comète de Biela , le 8, au dessus du Middle West. Le même jour que l’incendie de Chicago, quatre foyers se sont déclarés sur les rives du Lac Michigan, ce qui fait penser à une cause commune. D’après Robert Wood, ce pourrait être le méthane généralement contenu par les comètes qui expliquerait les combustions spontanées, l’absence de fumée et les « boules de feu » évoquées par des témoins visuels. http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_incendie_de_Chicago

http://echelledejacob.blogspot.com/2011/04/lete-1871.html

http://fr.sott.net/articles/show/3338-La-comete-Biela-et-la-vache-de-Mme-O-Leary

 

 

 

 

3 janvier 2012

CONTEXTE HISTORIQUE DANS LEQUEL SE SITUE LE RÉCIT DE François VALLEJO (1960) « Ouest »(2007)

CONTEXTE HISTORIQUE DANS LEQUEL SE SITUE LE RÉCIT DE François VALLEJO (1960) « Ouest »(2007)[1]

       Le roman de François VALLEJO commence au moment où s’effondre LA MONARCHIE DE JUILLET (juillet 1830~février 1848).  

       La révolution des 27 au 28 juillet 1830 avait mis fin au règne des Bourbons,  « rois de France », au profit de la branche d’Orléans avec Louis-Philippe qui devint « roi des Français ».

CAUSES DE LA RÉVOLUTION DE 1848

       Né d’une révolution, le régime de Louis-Philippe évolua rapidement vers le conservatisme avec le parti de la Résistance qui prit le pouvoir dès 1831. Il dut faire face à de nombreux mouvements d’opposition politique et sociale qui furent sévèrement réprimés. L’opposition légitimiste était plus hautaine que redoutable malgré l’équipée de la duchesse de Berry dans l’Ouest en 1832. L’opposition républicaine qui reprochait au roi d’avoir confisqué la révolution était beaucoup plus redoutable. Elle cherchait appui auprès des milieux populaires que le premier essor du capitalisme industriel réduisait à un sort misérable. Des hommes et de petits groupes isolés cherchaient des remèdes à cette misère et des bouleversements idéologiques apparurent avec le catholicisme libéral de Lamennais (1782~1854), Lacordaire (1802~1861), Montalembert (1810~1870), Ozanam (1813~1853), les débuts du socialisme de Claude Henri de Saint-Simon (1760~1825), Charles Fourier (1773~1837), Pierre Leroux (1797~1871), Pierre Joseph Proudhon (1809~1885), le positivisme d’Auguste Comte (1798~1857) et des écrivains comme George Sand (1804~1876), Jules Michelet (1798~1874).

       Le pouvoir était Mandataire de la bourgeoisie aisée. Il se souciait peu de considérations humanitaires. Il fit écraser par l’armée ou par la garde nationale la révolte des canuts lyonnais (novembre 1831, l’émeute parisienne du cloître Saint-Merry (juin 1832) et celle de la rue Transnonain (1834). Les lois de septembre 1835 renforcèrent les moyens répressifs contre la presse, les associations, les rassemblements. L’opposition ne pouvait alors s’exprimer que dans des sociétés secrètes.

       Dans les années 1846 et 1847, la spéculation boursière provoqua une crise financière qui coïncida avec  une crise économique à la fois agricole et industrielle, montrant la fragilité de la structure bancaire française.

       Mais ce fut surtout le ministre conservateur Guizot (1787~1874), chef effectif du gouvernement de 1840 à 1848 qui provoqua la chute de Louis-Philippe. Président du Conseil à partir de novembre 1847, il pensait que seule, la bourgeoisie aisée était capable de diriger le pays. L’opposition demandait la réforme du régime électoral qui limitait le nombre d’électeurs à 250 000. Guizot refusait énergiquement l’abaissement du cens. Une campagne de banquets organisés par les opposants en 1847 afin de contourner l’interdiction des rassemblements rencontra son obstination farouche. La troupe tira sur une manifestation populaire demandant son renvoi. Il y eut des morts et Paris s’insurgea à nouveau, dressant des barricades. Le 23 février 1848, Guizot démissionnait, mais il était trop tard. Le régime s’effondrait le 24 février.

*****

LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE (25 février 1848~2 décembre 1852)

       La révolution a entrainé l’abdication de Louis-Philippe et la proclamation de la IIe République le 25 février 1848.

       Le gouvernement provisoire est formé d’une majorité de républicains modérés (voire conservateurs) comme Lamartine (1790~1869) et Étienne Arago (1802~1892) et de quelques socialistes comme Louis Blanc (1811~1882) et Albert (1815~1895) imposés par les forces révolutionnaires. Le suffrage universel est établi pour toutes les élections. Les libertés de la presse et  de réunion sont rétablies. La garde nationale est ouverte aux ouvriers. La peine de mort pour motif politique et l’esclavage dans les colonies sont abolis.

       Le gouvernement provisoire tente de résoudre le problème du chômage par la création des ateliers nationaux (26 février 1848).

       L’assemblée constituante est élue en avril 1848. C’est la bourgeoisie républicaine modérée favorable à la république démocratique emporte la majorité au détriment des tenants d’une république sociale. Le conflit avec la classe ouvrière ne tarde pas à éclater quand l’assemblée voulu supprimer les ateliers nationaux. Aggravée par la révolution, la crise économique provoque une importante agitation politique révolutionnaire avec les journées du 16 avril et du 15 mai 1848 puis les émeutes du 23 au 26 juin qui sont écrasées par le général Cavaignac auquel la Commission exécutive a remis les pleins pouvoirs. Cette répression est suivie de plus de 4 000 déportations en Algérie, décapitant l’aile socialiste du parti républicain et provocant l’indifférence du monde ouvrier à ce régime de classe.

       La constitution de 1848 consacre la souveraineté du peuple et le suffrage universel, confie l’exécutif à un président de la République élu au suffrage universel pour quatre ans.

       Face au « péril rouge », les modérés et les conservateurs se regroupent dans le « parti de l’Ordre » qui assure la victoire de Louis-Napoléon Bonaparte à l’élection présidentielle du 10 décembre 1848, à une large majorité.

       Cette réaction antirévolutionnaire triomphe lors de l’élection de l’Assemblée législative de mai 1849.

       Tout en se présentant comme le champion du suffrage universel, comme le protecteur du monde ouvrier, ou de la religion, comme le garant du droit de propriété auprès de la paysannerie et de la bourgeoisie, le prince-président laisse habilement l’assemblée se déconsidérer par l’expédition de troupes à Rome afin de rétablir le pouvoir temporel du pape en 1849, le vote de la loi Falloux sur la liberté de l’enseignement favorisant l’enseignement confessionnel le15 mars, de la loi électorale supprimant le suffrage universel le 31 mai et de la loi sur  la presse le 16 juillet 1850.

       Désirant se faire réélire en 1852, Louis-Napoléon se voit refuser la révision de la constitution par l’Assemblée en juillet 1851. Il prépare alors son coup d’État du 2 décembre 1851, malgré l’opposition courageuse de la bourgeoisie républicaine. Dans les jours suivants, 30 000 personnes sont arrêtées, 10 000 déportées en Guyane et en Algérie. Le 21 décembre, le coup d’État est approuvé par un plébiscite.

       La constitution de janvier 1852 restreint considérablement le pouvoir législatif au profit de l’exécutif. Un nouveau plébiscite, les 21 et 22 novembre 1852, approuve la proclamation de l’Empire le 2 décembre 1852.

*****

 LE SECOND EMPIRE (2 décembre 1852~4 septembre 1870)

        On divise généralement le règne de Napoléon III en trois périodes : l’Empire autoritaire  de 1852 à 1860, l’Empire libéral de 1860 à 1870 et l’Empire parlementaire de 1870.

        Durant la première période, l’empereur exerce un pouvoir sans partage, s’appuyant sur le suffrage universel dont il dirige l’orientation des votes par un système de « candidature officielle » et qui lui fournit régulièrement des majorités écrasantes. Il est soutenu par l’ancienne bourgeoisie naguère orléaniste, les catholiques et les milieux d’affaire. Les légitimistes s’abstiennent, suivant les consignes du comte de Chambord. Les chefs républicains sont en fuite ou déportés, mais Victor HUGO, en exil depuis le coup d’état, fait paraître Les Châtiments en 1853. Le recueil satirique dirigé contre « Napoléon-le-Petit » a un profond retentissement en France où circule « sous le manteau ». Il contribue à forger une jeunesse républicaine.

       Les fonctionnaires doivent prêter serment de fidélité à l’empereur. Le pouvoir des préfets est renforcé. À l’Université, les agrégations d’histoire et de philosophie sont supprimées car suspectes, des professeurs républicains sont révoqués. Jules MICHELET (1798~1874) est destitué de toutes ses fonctions officielles après le coup d’état tandis qu’Edgar QUINET (1803~1875), proscrit, vit d’abord en Belgique puis en Suisse. La presse est bâillonnée : elle est soumise à l’autorisation préalable, au droit de timbre très élevé et peut se voir appliquer des « avertissements », le troisième entraînant sa suppression. Une censure très moralisatrice s’exerce sur les œuvres littéraires. La répression sera encore renforcée après l’attentat d’Orsini (14 janvier 1858).

       Parallèlement, c’est une période de fêtes fastueuses au son de musiques endiablées, de grands bals, du théâtre de Boulevard, de vogue des stations balnéaires.

       Paris est bouleversé par les grands travaux qui remodèlent la capitale sous la direction du baron Haussmann (1809~1891), préfet de la Seine de 1853 à 1869.

       Cette période est marquée par l’essor important des finances, de l’industrie et du commerce, la modernisation des transports maritimes et ferroviaires et une politique de libre-échange.

       Oubliant ses déclarations pacifistes, Napoléon III se fait le champion des nationalités opprimées, bouleversant l’équilibre européen postérieur aux traités de 1815 institué par la Sainte-Alliance,  mais lui assure un grand prestige international. Il s’allie avec la Turquie en plein déclin, l’Angleterre et la Sardaigne contre la Russie pour l’empêcher d’atteindre les détroits et défendre les intérêts catholiques et français en Orient. C’est la guerre de Crimée de 1853 à 1856 qui se termine par le traité de Paris le 30 mars 1856. Il appuie la création du royaume de Roumanie avec un Hohenzollern catholique pour souverain (1856). Puis c’est la campagne d’Italie contre l’Autriche avec une armée de 200 000 hommes en 1859 pour soutenir Cavour dans son combat pour l’unité italienne en échange de l’annexion Nice et la Savoie en 1860.

       L’expansion coloniale continue par l’acquisition de la Nouvelle Calédonie (1853), l’administration de Faidherbe (1818~1889) au Sénégal à partir de 1854). La conquête de l’Algérie est achevée par la pacification brutale de l’Algérie par Randon (1857). La conquête de la Cochinchine s’achève avec la prise de Saigon en 1859 et le traité de Huê en 1860. La France intervient aussi aux côtés de l’Angleterre en Chine de 1858 à 1860. Quand cette période se termine, elle commence la protection des communautés chrétienne en Syrie par l’envoi d’une expédition en 1860.

       Nous en resteront là, car seule, la première période du second Empire est contemporaine des héros du roman de François VALLEJO.    

 

François VALLEJO (1960) - Ouest (2006)

Biographie et bibliographie de François VALLEJO

François VALLEJO (1960) -Madame Angeloso (2001)

François VALLEJO (1960) - L’Incendie du Chiado (2008)

 


[1] Sources : Mes souvenirs scolaires renforcés par la consultation du Petit Robert des noms propres (Éditions des dictionnaires Robert) et le dictionnaire d’Histoire universelle Michel MOURRE (Jean-Pierre Delarge – Bordas)

 

29 juin 2010

CONTEXTE HISTORIQUE dans lequel se situe le roman Dans la main de l’ange de Dominique FERNANDEZ

CONTEXTE HISTORIQUE dans lequel se situe le roman Dans la main de l’ange de Dominique FERNANDEZ

 Après la première Guerre Mondiale, l’Italie se voit refuser la Dalmatie et Fiume par les traités de Saint-Germain-en –Laye (1919) et de Rapallo (1920). C’est une grande déception pour le courant nationaliste italien. Les socialistes profitent du mécontentement nationaliste, de la crise économique et du chômage pour organiser des grèves et des occupations d’usines. Mussolini (1883~1945) fonde les Faisceaux italiens du combat en 1919. Giolitti (1842~1928) à nouveau Président du Conseil en 1920 réussit à calmer l’extrême agitation et à rétablir l’ordre. Mais ce succès profite à Mussolini et Giolitti démissionne en 1921. Les gouvernements suivants sont trop faibles pour empêcher la montée du fascisme.

La « marche sur Rome » des Chemises noires (27 octobre 1922 )conduit Mussolini au pouvoir, avec l’accord du roi Victor-Emmanuel III (30 octobre 1922). La façade parlementaire est respectée avec seulement quatre fascistes sur les quatorze ministres jusqu’à l’assassinat du député socialiste Matteotti en 1924 qui a dénoncé les méthodes fascistes. Dès cette date, Giolitti passe à l’opposition. Il a soutenu jusque là le régime de Mussolini, croyant pouvoir « absorber » les forces fascistes.

En 1925, les « lois fascistes » organisent la dictature. La politique intérieure de Mussolini de mise en place d’une législation sociale , la réalisation de grands travaux, la disparition du chômage, les accords de Latran avec le Pape (11 février 1929) ainsi que sa politique de collaboration internationale marquée par des accords avec la Yougoslavie en 1924,l’adhésion à la SDN, au pacte Briand-Kellog[1], le front de Stresa[2] avec la Grande-Bretagne et la France en avril 1935, lui assurent une large adhésion des masses populaires.

 À l’étranger, Churchill (1874~1965), inquiet des progrès du communisme, soutient Mussolini  de même qu’Hitler sur lequel le Duce exerce une influence modératrice (envoi de troupes au col du Brenner après l’assassinat du chancelier Dollfuss en 1934, action à la Conférence de Munich en 1938).

Invoquant des incidents ayant opposé les Éthiopiens aux Italiens de Somalie, le gouvernement fasciste attaque l’Éthiopie en 1935. L’armée de Badoglio envahit le pays et le négus plaint vainement sa cause auprès de la SDN et doit s’exiler. L’Éthiopie est alors réunie à l’Érythrée et à la Somalie pour former l’Afrique-Orientale italienne et Victor-Emmanuel III prit le titre d’empereur d’Éthiopie en 1936.

Mussolini rompt alors avec les démocraties occidentales par la signature du pacte Antikomintern entre l’Allemagne, le Japon et l’Italie le 6 novembre 1937.

Le 7 avril 1939, les Italiens envahissent l’Albanie.

L’Italie entre dans la Deuxième guerre mondiale aux côtés de l’Allemagne le 10 juin 1940.

Lors du conflit mondial, un corps d’armée britannique chasse les Italiens d’Éthiopie et restaure le Négus.

Le début du XXe siècle connut une grande effervescence culturelle avec le futurisme qui fut partiellement récupérée par le fascisme.

 

L’Italie fasciste prend fin avec l’exécution de Mussolini le 28 avril 1945. La monarchie, compromise par vingt ans de collaboration ne peut y survivre : Victor-Emmanuel III abdique le 9 mai 1946 en faveur de son fils Humbert II. Ce dernier s’exile à la suite d’un référendum favorable à la République le 2 juin 1946.

Le traité de paix signé en 1947 impose à l’Italie l’abandon de Fiume, de la Dalmatie et des colonies africaines. Le pays sortie ruinée de la guerre effectue un redressement spectaculaire grâce aux efforts de toute la population et l’aide du plan Marshall (1948). Essor qui bénéficie par la suite de son entrée dans le Marché commun ( De Gasperi) notamment dans le secteur industriel, tandis que l’agriculture marque un certain retard.

Dans les années 1970, l’économie est touchée par une crise de croissance rendue plus aigüe par les difficultés sociales et la chute de la lire.

Pour rester au gouvernement, la démocratie chrétienne doit s’appuyer tantôt sur la droite (Segni), tantôt sur la gauche socialiste (Nenni, Saragat, Fanfani, Moro), voire communiste (Berlinger). L’instabilité ministérielle caractérise la vie politique italienne. Le pays et le théâtre de nombreux attentats et enlèvements revendiqués par l’organisation terroriste des Brigades rouges dont l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro en 1978. 


 [1] Pacte Briand-Kellog : Pacte signé le 27 août 1928 par lequel cinquante-sept pays condamnèrent la guerre « comme instrument de la politique nationale ». Aucune sanction n’étant prévue en cas d’infraction à ce pacte, il fut illusoire.

 

[2] Conférence de Stresa : Elle réunit du 11 au 14 avril 1935 les représentants de l’Italie (Mussolini), de la Grande-Bretagne (MacDonald et J. Simon) et de la France (Laval, Flandrin) qui à la suite du rétablissement par l’Allemagne du service militaire obligatoire s’entendirent pour s’opposer à toute violation du traité de Versailles.

2 août 2010

Dany LAFERRIÈRE (1953) - Biographie et Bibliographie

Dany LAFERRIÈRE (1953)- Biographie et Bibliographie

 

BIOGRAPHIE : Windsor Klébert Laferrière, qu’on surnomme Dany pour ne pas le confondre avec son père avec lequel il partage le même prénom, est né à Port-au-Prince en Haïti le 13 avril 1953. Il est connu sous le pseudonyme de Dany LAFERRIÈRE. Il a 4 ans lorsque son père, maire de Port-au-Prince, puis sous-secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie, opposant au régime dictatorial de François Duvalier (Papa Doc), doit s’exiler à New York pour ne jamais revenir dans sa patrie, ni renouer avec sa vie antérieure. Pour le protéger d’une vengeance éventuelle, l’enfant est confié à sa grand-mère Da qui vit à Petit-Goâve. À 11 ans, il revient vivre à Port-au-Prince avec sa mère Marie Nelson et sa jeune sœur. Il s’intéresse à la langue française et à la littérature. Après ses études secondaires, il devient chroniqueur culturel à l’hebdomadaire « Le Petit Samedi Soir » et à « Radio Haïti ».

Papa Doc meurt en 1971. Son fils, Jean-Claude Duvalier (Bébé Doc) le remplace, ne relâchant qu’en façade l’étreinte d’un régime policier propice à toutes les exactions. Les « Tontons Macoutes », bras armés de Bébé Doc terrorisent le pays. Ils assassinent un jeune journaliste de la rédaction, Gasner Raymond, le 1er juin 1976. Dany LAFERRIÈRE pense être sur la même « liste » que la victime âgée comme lui de 23 ans, dont il était un ami proche. Seule, sa mère est avertie de son départ précipité d’Haïti.

Il se rend au Québec, à Montréal où il travaille dans différentes usines et habite rue Saint-Denis. En novembre 1985, il est révélé au public par un roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Le livre est apprécié par la critique et sera traduit en plusieurs langues puis adapté au cinéma par Jacques W. Benoît en 1989. Cet ouvrage sera, avec neuf autres romans, le premier d’une œuvre qu’il considère comme « une autobiographie américaine ».

Il retourne six mois en Haïti en 1976 puis a habité ensuite successivement New York, Miami (de 1990 à 2002) et depuis cette date à nouveau à Montréal.

Parallèlement à sa carrière d’écrivain, Dany LAFERRIÈRE a travaillé comme chroniqueur et éditorialiste pour des stations de radio et de télévision. Il a écrit le scénario du film « Le goût des jeunes filles » pour John l’Écuyer (2004). Il a écrit le scénario et réalisé « Comment conquérir l’Amérique en une nuit » la même année, prix Zénith au Festival des Films du monde. Il a un projet en cours « Vite, je n’ai que ça à faire ».

Dany LAFERRIÈRE est co-président de l’association Étonnants Voyageurs Haïti avec Lyonel TROUILLOT.

 BIBLIOGRAPHIE :

Une autobiographie américaine :

1985, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer

1987, Éroshima

1991, L’Odeur du café, prix Carbet1991

1992, Le goût des jeunes filles

1993, Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit, prix RFO du livre 2002

1994, Chronique de la dérive douce

1996, Pays sans chapeau

1997, La Chair du maître

1997, Le Charme des après midi sans fin

2000, Le cri des oiseaux fous, prix Carbet des lycéens 2000

2006, Vers le sud (dans la sélection du prix Renaudot en 2006) dont Laurent Cantet a réalisé un film de même titre avec Charlotte Rampling  

2008, Je suis un écrivain japonais

 Autres : 

2001, Je suis fatigué

2004, Les années 1980 dans ma vieille Ford

2006, Je suis fou de Vava (Collection jeunesse), conte pour enfants, prix du gouverneur général 2006

          2009, La Fête des morts (Collection jeunesse)

          2009, L’Énigme du retour, Prix Médicis 2009

 2010, Tout bouge autour de moi, témoignage autour du séisme du 12 janvier 2010 qui a détruit Haïti.

 

 

[1] Sources : fr.wikipedia.org/wiki/Dany_Laferrière

 www.lemonde.fr/.../le-prix-medicis-a-danny-laferriere-pour-l-enigme-du-retour_1262569_3260.html

 auteurs.contemporain.info/dany-laferriere

www.contacttv.net/i_presentation.php?id_rubrique=460 www.alterpresse.org/article.php3?id_article=4700

 www.etonnants-voyageurs.com/spip.php

3 octobre 2010

LE BSC (British Security Coordination) AVANT L’ENTRÉE EN GUERRE DES USA (7 déc. 1941)

LE BSC (British Security Coordination) AVANT L’ENTRÉE EN GUERRE DES USA (7 déc. 1941)

 

   Restée seule en face des forces de l’Axe après l’effondrement de la France devant l’avancée nazie, la Grande-Bretagne, fit front, avec une énergie extraordinaire, aux attaques incessantes de la Luftwaffe et  aux menaces de débarquement allemand pendant l’été et l’automne 1940.

   Winston Churchill avait remplacé Chamberlain à la tête du gouvernement de coalition le 10 mai 1940. Il fut l’animateur de la résistance. L’écrasement de l’Angleterre aurait été inévitable si elle n’avait pas bénéficié d’une aide matérielle croissante de la part des États-Unis. Cependant, l’opinion américaine n’était pas disposée à entrer en guerre.

 William Stephenson,  un industriel canadien, est chargé par Winston Churchill de créer un service qui prendra le nom de BSC. Sa tâche du BSC consistait à promouvoir les intérêts britanniques aux  États-Unis, à contrer la propagande nazie et à protéger les convois de l’Atlantique des sabotages ennemis.

   Le BSC a été enregistré par le Département d’État. Ses bureaux étaient installés dans le Rockefeller Center et portaient comme nom de couverture British Passport Control Office.

 On trouvera plus de renseignements sur

 ses activités sur ce site en anglais :

http://www.spinprofiles.org/index.php/British_Security_Co-ordination)

la formation de ses agents :

http://www.mdn.ca/site/commun/ml-fe/article-fra.asp?id=3350

un de ses agents, l’espionne Elisabeth Thorpe :

http://www.toutpourlesfemmes.com/conseil/Elizabeth-Thorpe-espionne-au.html?xtor=RSS-2

son fondateur, sur ce site en anglais :

http://www.intrepid-society.org/intrepid04.htm

3 octobre 2010

LA FIN DE L’IRAN DES PAHLÉVI - (l’année 1978~16/01/1979)

LA FIN DE L’IRAN DES PAHLÉVI [1] (l’année 1978~16/01/1979)

 

Grâce aux revenus du pétrole, Mohamed Réza Pahlévi, schah d’Iran depuis 1941, engagea son pays dans une profonde transformation politique, économique et sociale. Il mit en place une réforme agraire de redistribution des terres appartenant à la couronne et à l’État à partir de 1963. Parallèlement se développait un grand effort d’éducation populaire avec la création d’un corps pédagogique de jeunes gens et de jeunes filles chargés de donner des cours dans les villages peuplés d’illettrés.

De 1969 à 1974, le taux de croissance annuel de l’Iran fut de 12% et le revenu par habitant avait augmenté de plus de 60%. Après le premier choc pétrolier de 1974, consécutif à aux brutales hausses décidées par l’O.P.E.P., le schah joua un rôle modérateur au sein de cette organisation, afin de ne pas asphyxier ses alliés occidentaux. Avec leur aide, il souhaitait faire de son pays une grande puissance économique moderne dans le Moyen-Orient.

Membre du pacte de Bagdad depuis 1955, lié par traité aux États-Unis, Mohamed Réza voulait aussi faire de l’Iran une puissance militaire afin de jouer le rôle privilégié de « gendarme » de l’Occident dans la région du Golfe Persique et envisageait de se doter de l’arme nucléaire.

Cette ascension de l’Iran au rang de grande puissance se faisait dans le cadre d’un régime autoritaire, qui soumettait la population au contrôle implacable de la Savak, la police politique, entraînant des vagues de répression, marquées par des centaines d’exécutions. Selon un rapport d’Amnesty International en 1976, il y aurait eu de 25 000 à 100 000 prisonniers politiques et 300 exécutions en trois ans.

Le loyalisme populaire s’atténuait au fil des années sous l’effet d’une double opposition :

- celle des milieux politiques et universitaires, hostiles à l’autocratie et à la sujétion envers les États-Unis,

- celle des milieux intégristes chiites, hostiles à l’occidentalisation d’un régime, qui sous couvert de mesures de libéralisation (notamment en faveur de l’insertion des femmes dans la vie civile) allait à l’encontre de leur interprétation des préceptes du Coran.  Cette opposition religieuse était relayée par quelque 180 000 mollahs, à travers les 80 000 mosquées du pays. De plus, elle était soutenue par les commerçants du Bazar et trouvait un écho auprès du prolétariat urbain victime de l’industrialisation forcenée et de l’exode rural.

Cette prise de conscience populaire allait permettre aux leaders religieux chiites, les ayatollahs, de l’emporter nettement sur les leaders politiques dans la lutte ouverte véritablement en 1978 contre le régime. L’ayatollah Khomeiny, après 15 ans d’exil, arrive en France à Neauphle-le-Château, le 6 octobre 1978. Meneur de foules à la volonté implacable, il allait faire échouer toutes les solutions politiques empreintes de la moindre compromission avec le Shah et abattre la monarchie.

Dès le début de 1978, des émeutes, des manifestations parfois sanglantes et de graves troubles universitaires dans les villes se succèdent. Leur répression fit des centaines de morts.  À ces soulèvements, s’ajoutaient des évènements dramatiques (400 morts dans l’incendie d’un cinéma à Abadan, le 19 août 1978). L’explosion sociale s’étendit dans tout le pays à partir du mois de septembre. L’extension le 8 septembre, à Téhéran et à dix autres villes, de la loi martiale déjà en vigueur à Ispahan, est proclamée. Ce fut le « Vendredi noir » : l’armée ouvrit le feu sur de jeunes manifestants, laissant environ un millier de morts.

Parallèlement depuis octobre 1978, une vague de grèves est déclenchée dans les usines paralysant les secteurs vitaux de l’économie et notamment celui du pétrole dont les exportations sont arrêtées le 26 décembre. Ces grèves d’abord revendicatives devinrent politiques au fil des jours. Dans tout le pays, les grévistes, comme les manifestants, réclamaient, le retour de l’ayatollah Khomeiny.

Au cours des deux dernières années, depuis 1977, deux gouvernements civils, un gouvernement militaire, puis un gouvernement civil se succédèrent.

Dans le climat de chaos créé par les appels répétés de l’ayatollah Khomeiny à la grève, à la désertion, à l’insurrection générale, seul Chahpour Bakhtiar accepta de tenter une nouvelle expérience de gouvernement civil le 6 janvier 1979.

Des concessions aux intégristes musulmans avaient été faites. Des prisonniers politiques avaient été libérés. Les entraves à la liberté de la presse avaient été supprimées. De hautes personnalités accusées de corruption ainsi que le chef de la Savak avaient été arrêtés. Aucune de ces mesures prises depuis les six derniers mois de 1978, ne purent arrêter la révolution en marche. Le 16 janvier, le schah et sa famille quittaient l’Iran.

L’Iran attendait désormais le retour de l’ayatollah Khomeiny le 1er février. Dès le 13 janvier 1979, celui-ci annonça la formation du Conseil islamique de la révolution, contre pouvoir qui donna naissance le 12 février au premier gouvernement révolutionnaire.

On estime qu’au total, les évènements d’Iran de l’année 1978 avaient coûté la vie à au moins 10 000 personnes.

 

 

Sources : Quid – Dominique et Michèle Frémy ww.quid.fr (Robert Laffont)

Dictionnaire d’histoire universelle en 1 volume Michel MOURRE – Jean-Pierre Delarge – (Bordas)

Le Petit Robert des noms propres - Dictionnaires Le Robert 27, rue de la Glacière 75013 PARIS


 

[1] La famille Palhlévi régna sur l’Iran de 1921 à 1979 

8 avril 2011

Danièle SALLENAVE (1940) – Biographie – Bibliographie

Danièle SALLENAVE (1940) – Biographie – Bibliographie

 

      Danièle SALLENAVE est née à Angers en 1940. Elle est normalienne agrégée de lettres et a enseigné la littérature et le cinéma à l’université de Nanterre (Paris X) de 1968 à 2001. Danièle SALLENAVE à traduit de l’italien des œuvres de PASOLINI et de CALVINO.

      Ce sont ses œuvres qui l’ont distinguée dont :

Paysages de ruines avec personnages, Flammarion, 1975

Le voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation, Flammarion, 1977

Paysages de ruines avec personnages, Flammarion, 1975

·Le voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation, Flammarion, 1977

·Un Printemps froid, Seuil, 1985

·Rome, Autrement, 1986

·La Vie fantôme, Seuil, 1988

·Le Don des morts, Gallimard, 1991

·Le Théâtre des idées, Gallimard, 1991

·Passages de l’Est, Gallimard, 1991

·Villes et villes, Des femmes, 1991

·Le Principe de ruine, Gallimard,...

voir toute la bibliographie

Les Portes de Gubbio, Hachette, 1980, Prix Renaudot 1980

Un Printemps froid, P.O.L., 1985

Rome, Autrement, 1986

La Vie fantôme, P.O.L., 1986

Conversations conjugales, P.O.L., 1987

Adieu, , P.O.L., 1988

Le Don des morts, Gallimard, 1991

Le Théâtre des idées, Gallimard, 1991

Passages de l’Est, Gallimard, 1991

Villes et villes, Des femmes, 1991

Le Principe de ruine, Gallimard, 1991

Lettres mortes, Michalon, 1995

Les Trois Minutes du diable, Gallimard, 1994/1996

Viol, Gallimard, 1997

L’Amazone du grand Dieu, Bayard, 1997

À quoi sert la littérature?, Textuel, 1997

Carnets de route en Palestine occupée : Gaza-Cisjordanie, novembre 1997, Stock, 1998

D’amour, Gallimard, 2002

Nos amours de la France, en collaboration, Textuel, 2002

dieu.com, Gallimard, 2003

La Fraga, Gallimard, 2004, Grand Prix Jean Giono 2005

Au café "Le Rostand", à Paris, Olivier BARROT reçoit Daniele SALLENAVE pour la présentation de son roman "La fraga".

http://www.dailymotion.com/video/xf29xo_daniele-sallenave-la-fraga_news

Quand même, Gallimard, 2006, Grand Prix Marguerite Duras 2006

Castor de guerre, Gallimard, 2008, Prix Jean Monnet de littérature européenne du département de Charente 2008

Olivier BARROT reçoit Danièle SALLENAVE pour son livre "Castor de guerre" archives INA

http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/3554041001/daniele-sallenave-castor-de-guerre.fr.html

Nous, On N'Aime Pas Lire, Gallimard, 2009

La vie éclaircie : Réponses à Madeleine Gobeil, Gallimard, 2010

Pourquoi on écrit des romans ? destiné à la jeunesse, 2010

 

Danièle SALLENAVE est connue aussi comme auteure de pièces de théâtre. Elle collabore à des revues et des journaux, tient depuis 2009 une chronique radiophonique hebdomadaire sur France-Culture et est membre du jury du Prix Femina.

En 2005, Danièle SALLENAVE a obtenu le Grand Prix de l’Académie Française

      Universitaire, elle enseigne depuis 1968, notamment au département Arts du spectacle de l’université de Nanterre.

Danièle  SALLENAVE a été élue à l'Académie française le 7 avril 2011 au fauteuil de Maurice DRUON.

 

 

Elle est Chevalier de la légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des lettres 

Liens  pour suivre : l'entretien de Danielle Sallenave avec Bruno DUVIC au cours du 7/9 sur France Inter le 15 avril 2011

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/sept-neuf/index.php?id=103771

L’Académie française consacre Danièle Sallenave (Europe 1)

http://www.europe1.fr/Culture/L-Academie-francaise-consacre-Daniele-Sallenave-490019/

 

27 février 2011

William FAULKNER (1897~1962) - BIOGRAPHIE – SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

William FAULKNER (1897~1962) -BIOGRAPHIE

SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

BIOGRAPHIE : William Falkner, dit William FAULKNER, né à New Albany, Mississipi le 25 septembre 1897, est issu d’une vieille famille aristocratique d’industriels sudistes ruinés par la Guerre de  Sécession[1] et devenus quincailliers au Tennessee.

     Méprisant les Yankees, pendant la  Première Guerre Mondiale il s’engage dans l’aviation canadienne où il est élève-pilote en 1918. Il fait connaissance de l’écrivain Sherwood ANDERSON (1873~1941) dont il s’inspira pour écrire Monnaie de singe (1925). Les hostilités ayant cessé, il est étudiant en français à l’Université de Mississipi (1919-1921). Ses études inachevées en 1921, il a travaillé temporairement, comme postier, comme employé dans une librairie, puis pour un journal de la Nouvelle Orléans.

     En 1924, il publie à compte d’auteur sa première œuvre, un recueil de vers champêtres, Le Faune de marbre.

     Après la publication de Monnaie de singe il se rend en Europe en 1925 et séjourne en Italie du Nord, à Paris, à Londres. En 1930, il achète sa propriété de Rowan Oak (Oxford), où il s’installera définitivement en 1931, au moment de son mariage avec Estelle. Il y vivra en gentleman-farmer. Le couple aura une fille Jill. Les époux étant tous deux alcooliques, cette union se révèle rapidement catastrophique. La même année, il donne quelques nouvelles à des revues et publie un roman rural picaresque Tandis que j’agonise. Il rédige Lumière d’août (1932).

     Le comté d’Oxford sert de décor sous le nom de Yoknapatawpha à la « saga des Jefferson » qui comprend Sartoris (1927), Le Bruit et la fureur (1929), Absalon ! Absalon ! (1936, Descend, Moïse (1942), L’Intrus (1948), Requiem pour une nonne (1951).

     De 1932 à 1937, il alterne les séjours entre Oxford et Hollywood où il travaille comme scénariste pour le cinéma pour Howard Hawks, avec lequel il se lie d’amitié et en qui il trouve aussi un compagnon de beuveries.

     À l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans la défense passive.

     Il reprend ses travaux de scénariste à Hollywood, collabore notamment avec Francis Scott FITZGERALD pour Howard Hawks et avec Jean Renoir pour L’Homme du Sud qui sort en 1945 aux États-Unis.

     En août 1949, une jeune admiratrice Joan WILLIAM (1928~2004) vient le voir à Rowan Oak. Cette visite marquera le début d’une relation de cinq années, suivies, après le mariage de la jeune femme avec Ezra Drinker Bowen, d’une longue amitié  avec des échanges épistolaires dont le thème est souvent le rôle de l’écrivain et le sacrifice de l’artiste. William FAULKNER fut considéré comme le mentor littéraire de l’écrivaine. La même année, il reçoit le Prix Nobel de Littérature qui le fera connaître aussi en Amérique, où il fut longtemps ignoré.

     Il participe en 1954 à une conférence internationale d’écrivains. Il prend des positions politiques et condamne la ségrégation raciale.

     En 1955, il voyage au Japon, à Manille, en Italie.

     De 1957 à 1958, il est « écrivain-résident » à l’Université de Virginie à laquelle il lègue ses manuscrits.

     Son alcoolisme lui vaut de nombreuses hospitalisations.

     Il aime pratiquer l’équitation, malgré de nombreuses chutes. Quelques jours après l’une d’entre-elles, il meurt à Oxford, Mississipi le 6 octobre 1962.

      FAULKNER a eu une grande influence sur la mutation du roman en Europe. Sartre fut un des premiers à le faire connaître en France.

      L’ensemble de l’œuvre de William FAULKNER a été récompensée par le National Book Award. Il a reçu le Prix Pulitzer de la Fiction pour Parabole.

      Pour d’autres précisions sur sa biographie et en particulier la visite en images de sa propriété de Rowanoak, consultez

http://maisonsecrivains.canalblog.com/archives/2008/02/10/7885443.html

 

     SON ŒUVRE :

      William FAULKNER a écrit des poèmes, des scénarios de films, des essais, des discours, des cours,  et des conférences pour l’Université de Virginie. Sa correspondance 1944 à 1962, avec Malcom COWLEY (1898~1989) de  Viking Press a été publiée en français.

     Il est surtout connu pour ses nouvelles et ses romans.

 SES NOUVELLES PARUES EN FRANCE

-         Treize histoires

-        Le docteur Martino et autres histoires

-        Le gambit du cavalier

-        Histoires diverses

-        L’arbre aux souhaits

-        Idylle au désert et autres nouvelles

-        Croquis de la Nouvelle-Orléans, suivi de Mayday.

-        Une rose pour Emily

-        Soleil couchant

-        Septembre ardent


SES ROMANS PARUS EN FRANCE : Les dates sont celles de la parution aux USA.

-        Sanctuaire (1931)

-        Tandis que j’agonise (1930)

-        Lumière d’août (1932)

-        Sartoris (1929) ou, suivant les éditions, Étendards dans la poussière

-        Le Bruit et la Fureur (1929)

-        Pylône (1935)

-        L’invaincu (1938)

-        L’intrus (1948)

-        Les Palmiers sauvages ou, suivant les éditions, Si je t’oublie, Jérusalem (1939)

htthttp://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/13/20379721.html

-        Absalon ! Absalon ! (1936)

-        Descend, Moïse (1942)

-        Requiem pour une nonne (1951)

-        Parabole (1954)

-        Le Hameau (1940)

-        La Ville (1957)

-        Le Domaine (1959)

-        Les Larrons (1962)

  Les Moustiques (1927)

   Elmer suivi  de Le Père Abraham

1] Guerre de  Sécession : conflit intérieur qui divisa les États-Unis de 1861 à 1865
 

 

14 août 2011

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt (2011)

 Un ballon dégagé maladroitement sort du terrain annexe du centre sportif proche du micro-campus à l’américaine qu’était,  pour l’époque, l’établissement récemment érigé à la lisière de la forêt domaniale de Montargis. Un gamin, lancé à sa poursuite découvre, dans les fourrés, une femme inanimée, à dix mètres à peine de la touche. Le match de foot rituel élèves-professeurs de fin d’année scolaire du lycée en forêt est aussitôt interrompu, bien avant le temps règlementaire.

La  jeune femme est tombée à plat ventre dans le sous-bois, avant d’avoir pu, semble-t-il, accéder au terrain. Elle est vêtue curieusement d’un costume folklorique hongrois. Le docteur Guillemot, appelé pour la secourir, reconnaît Marina Szabo son ex-fiancée. En dépit de ses efforts pour la ranimer, le médecin éploré ne peut que constater la mort de Marina  par overdose de barbituriques, associés à de l’alcool.

Nestor Duchemin s’interroge :

- Pourquoi cet accoutrement ?

- Suicide, ou mort provoquée ?

- Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ?

- Pour lequel de ses anciens amants présents à ce match, Marina est-elle revenue ? Guillemot, le fiancé abandonné à la publication des bancs ? Dietrich Varady, l’assistant d’allemand, réfugié d’origine hongroise, comme elle ? Son ancien employeur, le séducteur Léon Corentin, professeur de lettres ?

- Conclusion, ou épisode dramatique du soulèvement lycéen en écho à la révolte étudiante de Mai 1968 ?

Duchemin trouvera bien sûr réponse à toutes ces questions.

Q/ R

Q : -Pourquoi toutes ses découvertes n’ont-elles jamais été publiées, à l’époque ?

R : -Tout simplement parce que la France était sous une chape de silence médiatique ouaté parcouru de rumeurs. Europe 1, seule radio à couvrir l’action concentrait ses sources sur Paris et les grandes métropoles.

Q : - Et pourquoi ne l’ont-elles pas été  après ?

R : - Mais, parce qu’après les évènements et les grèves généralisées, les Accords de Grenelle sur les salaires occupaient la une dans tous les médias et tous les esprits.

Q :- Pourquoi Nestor Duchemin, introduit dans le milieu du journalisme, a-t-il attendu quarante-trois ans pour témoigner ?

R : Lui seul pourrait nous répondre !   

Afin d’éclairer le processus, qui a généré la tournure des évènements en mai et juin 68 au lycée en forêt, Nestor nous invite à l’accompagner dans les couloirs de la Sorbonne, en 1956, au cœur des manifestations révolutionnaires de Mai 1968 du lycée, et même à franchir le Rideau de fer vers  Budapest et Berlin.

Nestor Duchemin, professeur de lettres au lycée en forêt, cycliste urbain, passionné de football, de météo, de cinéma, journaliste, n’est autre que le double de l’auteur du roman. Dans le tableau des évènements qu’il expose et les portraits qu’il brosse, les lecteurs des chroniques hebdomadaires de Roland DUVAL retrouveront  ses expressions favorites, son style, son humour cocasse, son recul goguenard sur les faits, recul mêlé d’aversion ou de complicité. Le narrateur se pose tantôt en témoin neutre, témoin complice qui dit « chiche » - histoire de voir – ou emboîte hardiment le pas des meneurs. Il se plaît à souligner les situations absurdes et les actions paradoxales, quitte à en être l’acteur. La description de la palette de nuances et les « révisions » internes des courants politiques, qui agitaient le milieu estudiantin en 1956, amusera sûrement nombre d’entre-nous.

L’évocation de certaines figures montargoises réveillera chez les plus anciens habitants de la ville, des souvenirs émouvants. Aucun d’entre eux  n’a oublié Monsieur Frayer, dont la librairie, véritable caverne d’Ali Baba pour les bibliophiles, était aussi un forum de discussions littéraires et politiques dans un va et vient permanent d’enseignants, les jeudis et les samedis. Quant aux vociférations martiales proférées à travers un des multiples salons de coiffure du quartier de la Chaussée pas encore détruit, elles résonnent encore aux oreilles des vieux clients.

Livre agréable à lire, distrayant, amusant, Guerre froide au lycée en forêt invite aussi à réfléchir sur l’origine, sans facebook, ni téléphone mobiles (C’était déjà bien beau d’avoir accès à une ligne de téléphone fixe !), et les conséquences réelles de ces journées d’exaltation prometteuses pour les uns, d’agitation stérile pour d’autres ou  pour d’autres encore, de bouleversements  irréversibles.

 

Pour lire : DUVAL Roland (1933) -Biographie – Bibliographie – Filmographie

 

22 janvier 2012

Jorge SEMPRÚN (1923) - Le grand voyage (1963)

Jorge SEMPRÚN (1923) - Le grand voyage (1963)

     Le grand voyage aborde sous une forme autofictionnelle, l’expérience de Jorge SEMPRÚN déporté en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Le livre est bâti autour du transport du narrateur, en train de marchandises, vers le camp de concentration de Buchenwald, en automne 1943. Le jeune homme et ses 119 compagnons, debout, entassés,  durant cinq jours et cinq nuits interminables dans un wagon cadenassé, ignorent leur destination.

*

     Dans la bousculade de la montée, à Compiègne, le gars de Semur-en-Auxois l’a entraîné vers une des ouvertures.

     «Respirer, c’est l’essentiel, tu comprends, pouvoir respirer. »

     Chacun a sa manière de vivre l’attente, l’inquiétude, l’angoisse, la fatigue, la soif, la faim, le froid et de côtoyer la mort. Par la lucarne, l’univers se réorganise autour du narrateur. Ses pensées s’évadent par delà cette fenêtre, barrée de fil de fer barbelé.

*

     « C’est vrai que j’avais décidé d’oublier. À Eisenach, aussi, j’avais décidé de ne jamais être un ancien combattant. C’est bon, j’avais oublié, j’avais tout oublié, je peux me souvenir de tout, désormais. »

     Les souvenirs remontent en avalanche. Ils s’entremêlent, surgissent à l’improviste. Mémoire du passé d’avant le camp, du retour du camp, du camp, d’après le camp, l’exil. Réminiscences redondantes, obsédantes, parfois lyriques !

     « Il faut que je parle au nom des choses qui sont arrivées, pas en mon nom personnel. »

*

     Les choses qui sont arrivées, le narrateur les recadre dans la logique rationnelle inexorable du contexte politique du national socialisme nazi. Le contraste entre ce qu’ont subi les déportés et  la vie à l’extérieur, lui inspirent une méditation sur le dedans et le dehors.

     Du dedans resteront la réalité,  où le dérisoire côtoie l’immonde, le partage généreux mais aussi l’égoïsme meurtrier, le meilleur et le pire, les victimes et les bourreaux. «Mais  les camps sont des situations limites, dans lesquelles se fait plus brutalement le clivage entre les hommes. » Dedans, la mort et l’odeur des fours crématoires sont omniprésentes. Une question l’obsède : L’odeur s’arrêtait-elle aux limites du camp ?

     Dehors, les chiens aboient, les SS hurlent, les coups tombent, les voyageurs curieux observent, les moqueries s’élèvent, les gamins lancent des insultes, la vallée de la Moselle est superbe. Autour du camp, l’indifférence règne, les arbres poussent, les fleurs s’épanouissent, une vie insouciante et paisible s’écoule, la fontaine déverse une eau délicieuse.

*

   Libérés, enfin dehors, le goût des menus plaisirs de la vie reviennent, mais l’impossibilité de parler du dedans, le besoin d’oublier et la certitude d’être incompris pèsent, isolent. Des familles attendent encore des camarades qui ne reviendront plus. Dehors, tandis que les débris des convois retrouvent une patrie, l’exil continue. Le combat reprend dans la clandestinité.

    Et puis, il y a la conviction qu’il faudra parler plus tard, un jour, pas en son nom personnel, mais au nom des camarades tués au maquis, arrêtés, emprisonnés, torturés, exécutés, parler au nom de tous les morts du camp. Il sait qu’il faudra évoquer aussi la sympathie spontanée établie avec le gars de Semur, un garçon plein de ressources qui ne concevait pas qu’on ne puisse pas partager. Tous deux se sont soutenus mutuellement. Un gars qui n’a pas vu la fin du voyage !

     « Vous vous rendez compte ? »,  avait murmuré le vieillard du wagon en se laissant aller à tout jamais. Il fallait que nous nous rendions compte !

*

     Quand on croit être au bout de l’abominable, il y a encore plus abject. Le double de l’auteur rappelle que, si le sort des déportés politiques soumis au travail forcé à Buchenwald était ignoble, celui des familles juives avait été encore plus immonde, déportées à 200 par wagon vers d’autres camps affectés spécialement pour leur extermination.

*

    « Logiquement j’aurais dû décrire mon expérience en partant de mes souvenirs en espagnol. Cependant, j’ai écrit le Grand Voyage en français alors que j’étais à Madrid dans la clandestinité. Par la suite, j’ai eu recours naturellement au français. Cela tient sans doute à une nécessité d’échapper au pathétique. Le français est une langue plus littéraire, mais aussi moins trompeuse. Elle permet d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur d’un récit. »

     Jorge SEMPRÚN a reçu le Prix Formentor pour Le Grand Voyage le premier mai 1964 à Saltzbourg. Écrit en français, le livre avait été publié en treize langues. Le livre n’était pas paru en Espagne en raison de la censure franquiste.

Le prix Fromentor – Aventure d’un prix littéraire 

6 mai 2010

AÏTMATOV Tchinghiz – Djamilia

AÏTMATOV Tchinghiz – Djamilia

 

Nous sommes au Kirghiztan pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les habitants de l’aïl (le village), jadis nomades, vivent désormais dans des maisons depuis la collectivisation. Cette sédentarisation subie n’empêche pas la mère de Seït , le jeune narrateur d’à peine quinze ans, d’installer, au milieu de la cour de l’enclos, la yourte de nomade fabriquée par le père dans sa jeunesse et de l’enfumer avec du genévrier. L’enclos cerne deux maisons. Le narrateur habite la Grande maison avec ses parents, ses deux frères ainés et sa petite sœur. Dans la petite maison, vit une veuve de la parentèle, que le père a dû épouser suivant la coutume de la tribu, et ses deux fils dont l’un, Sadyk s’est marié avec Djamilia. Dès l’aube, le père, un homme effacé, « fait sa prière tourné vers La Mecque avant de se rendre dans son atelier de Charpentier jusque tard dans la soirée ». « La mère première », remarquable ménagère régente harmonieusement les deux demeures qu’elle entretient avec sa petite fille, veillant à la bonne entente de tous.

 

 

Comme tous les hommes de l’aïl en état de porter les armes, les deux ainés de la Grande Maison et les deux fils de la Petite Maison sont mobilisés au loin pour défendre l’Union Soviétique envahie. « La mère seconde », Damilia, les femmes de la tribu, même les enfants comme le narrateur travaillent au kolkhoze.

 

Cet été là, Djamilia est chargée, tout comme Seït, de conduire les chariots qui transportent les récoltes jusqu’à la gare la plus proche du village. Le brigadier leur adjoint un homme qui rentre des combats avec une blessure. Danïiar est son nom. Orphelin, il avait quitté l’aïl dans son enfance. Cet homme taciturne intrigue le jeune garçon. Au fur et à mesure de leurs équipées, Seït découvre en lui un étrange contemplateur de la Nature. Les chants de cet homme énigmatique expriment sa passion pour les grands espaces de la steppe et envoutent ses compagnons. Djamilia est belle, courageuse, joyeuse, taquine, insouciante mais triste et morose parfois. Elle reste fidèle à Sadyk enrôlé quatre mois après leurs épousailles.

 

L’expédition occupe tout le jour jusqu’à la nuit tombée. Les chariots (brichtka) aussitôt chargées, l’aller jusqu’à la gare, se fait sans perte de temps, afin d’arriver suffisamment tôt. Il leur faut alors décharger un à un les énormes sacs, les hisser à dos d’homme, gravir dans la file des autres porteurs l’escalier de bois étroit et raide et déverser leur contenu au sommet de l’immense tas de céréales. Le retour est plus détendu. Les cochers lancent d’abord leurs chevaux dans des courses folles. Le calme revenu, le chant ensorcelant de Danïiar qui s’élève dans le cadre grandiose offert par la nature exalte le romantisme des jeunes gens. Suivra encore l’entretien des chevaux qu’il faudra mener pâturer avant de s’écrouler fourbus sur une meule et dormir. Puis vient l’amour de Djamilia et de Danïiar. Subjugué, Seït, chargé de protéger sa belle-sœur des convoitises des jeunes hommes, se laisse prendre au charme de leur complicité. Il prend conscience de sa vocation artistique et découvre son amour de la vie. 

 

 

Tchinghiz AÏTMATOV écrit ici un livre édifiant : les hommes défendent courageusement la nation sur le front tandis qu’à l’arrière, les cadences de travail soutenues, les tâches les plus pénibles, les horaires les plus longs sont acceptés avec entrain par les hommes mûrs, les femmes et les enfants, pour seconder l’effort de ceux qui se battent. La société de l’aïl est archaïque bousculée dans ses traditions ancestrales dans laquelle la valeur de l’homme est liée à l’importance de son troupeau par la collectivisation et le sédentarisme imposé. Il montre leur courage et leur isolement. L’homme sans biens, qui a connu d’autres expériences, qui projette son regard au delà de l’horizon, Danïiar, symbolise l’avenir, l’ouverture, peut-être le progrès. Le couple qui s’éloigne ne peut trouver le bonheur qu’ailleurs, tout comme Seït qui apprendra plus tard le dessin et la peinture pour réaliser sa vocation.

 

Le lecteur se plait à lire les descriptions de la nature de ce pays à la fois rude est magnifique.

 

 On comprend qu’un tel ouvrage ait séduit Louis ARAGON, dont on a connu l’engagement au parti communiste, qu’il l’ait traduit en 1959 et l’ait qualifié de plus belle histoire d’amour. Si sa longue préface est intéressante pour sa présentation de l’auteur et du pays, la passion qu’il manifeste avec force détails pour l’intrigue, perturbe l’entrée du lecteur dans le roman. Ce dernier, émoustillé, attend plus que ce qui lui est offert. Il eut été préférable qu’il apporte son avis à la fin du livre

 

26 décembre 2010

Carole MARTINEZ (1966) - Le cœur cousu (2007) - LE CONTEXTE HISTORIQUE

Carole MARTINEZ  - Le cœur cousu (2007)
LE CONTEXTE HISTORIQUE

A propos du roman Le cœur cousu (2007) voir :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2010/12/19/19915426.html

« Actuellement, tout se joue en France : M Pasteur y a fait des découvertes stupéfiantes, sur le virus rabique entre autre... » confiait Eugenio à son auditoire (p 191). 

« Dans une des salles de la mairie à peu près épargnée par les flammes où ce qui restait du groupe de Salvador venait d’établir son quartier général, on s’interrogeait sur la conduite à adopter car il était évident que le gouvernement faussement libéral de Sagasta, même s’il venait d’établir le suffrage universel masculin et d’autoriser tous les partis, ne les laisserait pas prendre ainsi les rênes d’une commune. » (p 251).

 Ces deux indices permettent de dater approximativement l’époque à laquelle se déroule cette histoire et d’en préciser le contexte historique. C’est en 1885 qu’assisté de Roux, Pasteur (1822~1895) appliqua le vaccin de la rage à un enfant mordu par un chien enragé.

D’autre part, Sagasta (1825~1903) fut ministre de l’Intérieur espagnol après la révolution de 1868, Président du Conseil en 1872 et 1874. Il fut ensuite Premier ministre dans 5 gouvernements de 1881 à1902 sous le roi Alphonse XII et pendant la minorité de son fils Alphonse XIII. En cette fin de XIXe siècle, l’Espagne avait pris un retard considérable dans le domaine de l’industrialisation et de l’équipement technique. Malgré le faible développement industriel, le mouvement ouvrier commença à prendre de l’ampleur, surtout en Catalogne, à partir des années 1880. D’inspiration surtout anarchique, il se manifesta avec violence par des grèves révolutionnaires, des incendies d’églises, de couvents. L’Espagne connaissait aussi une grave crise agraire puisque 40% de la fortune foncière appartenait à 1% de propriétaires[1].

Entre 1880 et 1900 de nombreuses familles espagnoles émigrèrent en Algérie dans la région d’Oran.

Origine des Espagnols vivant à Oran en 1900 :

Afrique du Nord 25%

Murcie 18%

Almeria 17%

Valence 9%

Alicante 9%

Albacete 7%

Grenade 4%

Cuenca 3%

Malaga 3%

 

Voir : MIGRATION DES ESPAGNOLS EN ORANIE (1830-1962) par Bernard Zimmermann (Bernard Zimmermann. Président de Soleil en Essonne. Instituteur en Algérie jusqu’en 1966 puis professeur d’histoire et géographie en Région parisienne.)

http://www.soleilessonne.net/IMG/pdf_MIGRATION_DES_ESPAGNOLS_EN_ORANIE.pdf

Lire aussi : Espagnol en Oranie: histoire d'une migration, 1830-1914  Par Jean-Jacques Jordi, ouvrage dont il est fait référence dans l’article qui précède.

http://books.google.fr/books?id=LTuogxsArtYC&pg=PA114&lpg=PA114&dq=Oran+1900+%3Dorigine+des+espagnols&source=bl&ots=bhVEg05Pjw&sig=BiOYW3XFT2eDZSkYN-elcSBdMTo&hl=fr&ei=_j0OTYuwBMSt8gOMoZyCBw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBwQ6AEwAA#v=onepage&q=Oran%201900%20%3Dorigine%20des%20espagnols&f=false

 


 

[1] Sources : Michel MOURRE Dictionnaire d’histoire universelle Jean-Pierre Delarge - Bordas

20 mars 2011

David LODGE (1935) – Thérapie (1995 ;1996)

 

David LODGE (1935) – Thérapie (1995 ;1996)

Traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux 

Lawrence Passmore a tout pour se sentir heureux. Il a fait fortune avec un scénario de sitcom très populaire. Sa femme est une universitaire dynamique, sportive et superbe. Le couple habite une belle maison dans la banlieue résidentielle d’une ville du centre de l’Angleterre. Au cours de ses séjours londoniens, il reçoit et sort avec Amy, sa confidente avec qui il partage un amour platonique. Mais voilà que son existence est gâchée par des élancements récurrents au genou, auxquels une récente opération par un éminent chirurgien  n’a pas apporté remède. Dépressif, Passmore occupe une partie de la semaine à rencontrer en vain ses divers thérapeutes.

Cinquante-huit ans, un mètre soixante-treize, quatre-vingt-cinq kilos, ... « la poitrine couverte de quelque chose qui ressemble à une paille de fer de la taille d’un paillasson, et qui monte jusqu’à la pomme d’Adam... », le crâne chauve, « à part une petite frange autour des oreilles, et sur la nuque » qu’il  «garde très longue au point qu’elle pend sur » le col. Tubby se décrit ainsi dans le journal intime qu’il tient sur les conseils du Dr Alexandra Boule, sa psy. Tubby[1], surnom qui lui avait été donné durant son service militaire, en référence à son « torse en forme de barrique, légèrement renflé de la poitrine jusqu’au point de rencontre de la chemise et du short ». Ce sobriquet lui est resté.

Ponctué d’élancements intempestifs au genou, le mal-être de Tubby Passmore qui ne le quitte plus, perturbe sa vie conjugale et professionnelle. Les difficultés s’accumulent. Sally, son épouse, lui annonce qu’elle désire le quitter. Jake, son agent, le prévient du départ, à la fin du dernier épisode de la série en cours, de la célèbre comédienne sur qui s’appuie  « Les Gens d’à côté ». En panne d’inspiration, Tubby ne sait quelle suite crédible apporter à son scénario.

Le comportement du malheureux Tubby prend un tour inquiétant. Persuadé que Sally le quitte au profit de son moniteur de tennis, il agit de façon insensée pour, croit-il, surprendre les amants. Bientôt sexagénaire, il s’inquiète des défaillances de sa libido. Fidèle à son épouse depuis le mariage, le voilà qui se lance à la conquête des occasions naguère repoussées et fait des « escapades de bonne fortune » rocambolesques, toutes plus lamentables les unes que les autres. Indifférent  à l’urgence à trouver une issue au problème de l’évolution de son  sitcom, il est subitement pris d’un engouement pour KIERKEGAARD[2]. Néophyte zélé, il se plonge dans la lecture de toutes ses œuvres et du Journal d’un séducteur. Son fétichisme le conduit à Copenhague dans les pas du philosophe danois. S’identifiant à lui  dans son remord permanent après sa rupture avec sa fiancée Régine Olsen. De retour à Londres, il décide de retrouver la trace de Maureen, son premier amour.

Le journal de Lawrence Passmore se découpe en quatre parties. La première dresse le tableau de la crise existentielle traversée par son auteur et de toutes ses tentatives pour y remédier. La deuxième est faite de six récits-témoignages, autant de points de vue par leurs auteurs sur le comportement étrange de Tubby. En réalité, le scénariste se dédouble en observateur de son propre personnage. Il consacre la troisième partie de son journal à la version  critique de tous ses fiascos suivie de la chronique de ses premiers émois amoureux puis de son enquête pour retrouver Maureen. La quatrième le mène à sa recherche en Espagne. Chaque partie est faite de courtes séquences qui ont permis d’adapter le roman Thérapie en sitcom sous le titre des « Mésaventures de Laurence Passmore »

La formule du journal intime permet à David LODGE d’élargir le panel d’idées exprimées par son personnage qui peut ainsi passer arbitrairement, sans transition, du détail prosaïque le plus intime, voire le plus trivial, à de grandes envolées métaphysiques ou philosophiques. Il souligne au passage les conséquences de la politique libérale de Margareth Thatcher sur la qualité des soins hospitaliers, les transports ferroviaires, les réformes des établissements universitaires. Le milieu des productions télévisuelles,  le monde des « psycho-quelque-chose » de tous poils, le bétonnage intensif des îles au soleil, les différents aspects des grands pèlerinages religieux  sont aussi égratignés au passage.  L’auteur a su traiter avec humour, mais sans dérision, un sujet aussi grave que la dépression.

Pour accéder à David LODGE (1935) – Pensées secrètes (2002)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/27/20719257.html

David LODGE (1935) – La Vie en sourdine (2008)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/03/20801273.html



[1] Tubby, traduction : Rondelet ; nous dirions en français Rondouillard ou Bouboule.

[2] Søren Aabye KIERKEGAARD (Copenhague 1813~1855) est un théologien et penseur danois. Il a décrit dans ses œuvres les étapes du chemin de sa vie. Ses conceptions philosophiques et religieuses  eurent une influence considérable sur les philosophes de l’existence aussi bien athées que chrétiens et sur le renouvellement de la théologie protestante.

 


26 juin 2011

ORIGINE DE QUELQUES ÉGLISES PROTESTANTES - LE MÉTHODISME – NIKOLAUS VON ZINZENDORF – LE PIÉTISME – LES FRÈRES MORAVES

ORIGINE DE QUELQUES ÉGLISES PROTESTANTES

LE MÉTHODISME – NIKOLAUS VON ZINZENDORF – LE PIÉTISME – LES FRÈRES MORAVES

 

Le méthodisme est un mouvement religieux  créé en Angleterre par John Wesley en 1729. Le méthodisme a pris naissance dans l’anglicanisme. (Sources : Le Petit Robert – dictionnaire de la langue française)

 John  Wesley (1703~1791): était un prêtre anglican et un réformateur religieux britannique. Il a fondé le méthodisme. À Oxford il dirigea une société pieuse puis il partit en Amérique (1735). De retour à Londres, il se « convertit » subitement le 24 mai 1738, accomplissant un retour aux sources de la Réforme sous l’influence d’un missionnaire morave (Zinzendorf). Il organisa alors la prédication dans toute l’Angleterre, notamment en milieu industriel, prêchant lui-même. Il rompt avec l’Église anglicane en 1784.

À sa mort, on comptait environ méthodistes en Grande Bretagne et 60 000 aux États-Unis. (Sources : idem et  http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Wesley)

 Le comte Nikolaus Ludwig von Zinzendorf (1700~1760) : est né à Dresde et fut élevé dans le piétismeIl fit ses études à Halle et à Wittenberg, puis il voyagea en Hollande et en France où il prit contact avec les milieux protestants et catholiques. En 1727, il renonça à ses fonction de conseiller juridique à la cour de Dresde pour se consacrer à la direction d’une communauté hussite réfugiée sur les terres de Berthelsdorf. Pour elle, il fonda le village de Herrnhute et restaura l’ordre des Frères moraves. La communauté restait au sein de l’église luthérienne mais avait une organisation théocratique, à la fois communautaire et patriarcale, et se caractérisait par son esprit de tolérance et la recherche d’une foi vivante et personnelle.

Zinzendorf fut chassé de Saxe en 1738. Il voyagea alors en Europe et en Amérique, où il chercha à propager ses idées religieuses. À son retour en Saxe en 1747, il fit adhérer les Frères moraves à la confession d’Augsbourg. Il est auteur de cantiques qui sont encore en usage dans les communautés de Herrnhute. (Sources : Le Petit Robert des noms propres)

Le piétisme : est une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle et du sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale. Ce mouvement religieux fut fondé à Francfort par un pasteur luthérien, Philipp Jacob Spener (1635~1705). (Sources : idem et  http://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A9tisme)

           Les Frères moraves : Il s’agit d’une Église protestante issue du hussisme, le mouvement des disciples de Jan Hus (1371~1415), lequel fut excommunié en 1512 puis brûlé vif à Constance en 1514. Ceux-ci sont organisés en communautés sur le modèle de la fraternité des premiers chrétiens qui s’opposent à la richesse du clergé, mènent une vie austère retirées du monde, refusent la violence et revendiquent le droit de prêcher. Ils traduisent la bible en langue vulgaire. Cette église fut persécutée en Moravie (Est de la Tchéquie) dès l’origine. Elle s’installe en Saxe en 1722. Après l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918, cette « Église évangélique tchèque des Frères », y devint prépondérante. Depuis, ils ont eu une très intense activité missionnaire, multipliant les communautés en Europe Centrale, en Angleterre, aux États-Unis, dans les Caraïbes et au Groenland. (Le Petit Robert – dictionnaire de la langue française – et http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_Moraves)

6 novembre 2011

Mustapha TLILI (1937) Un Après-midi dans le désert (2008)

Mustapha TLILI (1937) - Un Après-midi dans le désert (2008)

     Le vieil autocar poussif qui dessert, depuis la capitale lointaine, chaque semaine en principe, le village de La Montagne du Lion, apporte dans ses soutes le gros sac gris du courrier. C’est aujourd’hui qu’arrivent les nouvelles et les mandats de fin de mois adressés par les enfants exilés à leurs vieux parents restés au pays. Sam, le facteur, a devant lui tout cet après-midi caniculaire de juillet 1992 pour préparer, dans la pénombre du bureau de poste, la tournée qu’il n’entamera qu’à la fraîcheur du soir. Parmi toutes ces lettres, une d’elles lui est adressée, à lui, Sam. Une lettre de « Petit-Frère », son ami d’enfance, le fils cadet d’Horïa El-Gharib, « Tête Brûlée » que tous croyaient disparu ! Sam a tout de suite reconnu sa petite écriture fine, appliquée, sous le timbre pakistanais. Il n’est pas pressé d’ouvrir l’enveloppe qui protège « la vérité », un message attendu, mais dont il redoute les révélations.

     Grillant cigarette sur cigarette, Sam se remémore l’amitié qui le liait autrefois à « Petit-Frère ».  Il a tant changé depuis. Ne lui a-t-il pas tenu des propos blasphématoires lors de sa dernière visite ? Et que penser de son comportement envers lui, son ami, cette nuit-là en traversant le cimetière ! Et voilà que pour tous, lui, l’apostat, est devenu « Tête-Brûlée », combattant l’Occident par le monde, au service des causes extrémistes !

     Sam laisse défiler dans l’atmosphère sombre et enfumée du bureau de poste les péripéties des quinze années qui ont précédé le départ des Français, et les grands évènements qui ont bouleversé le village les trois décennies suivantes.

     Au pied des Montagnes Bleues, village désolé, tantôt proie d’une chaleur d’enfer, de la sécheresse de la steppe et de la poussière du Sahara, tantôt ravagé par les éléments déchaînés, abandonné de tous, perdu à la lisière du désert, la Montagne du Lion a bien changé aussi ! Les riches jardins, les arbres ployant sous les fruits, les fleurs exubérantes, la végétation luxuriante ont dépéri depuis que la petite rivière a été détournée. Les aléas climatiques, les errements économiques, politiques et maintenant la menace islamiste, ont eu raison du village de son enfance, du temps des Français, avant la catastrophe. Les squelettes secs des magnifiques peupliers du quartier européen de La Source en restent les seuls témoins.

     En ce temps là, dès l’heure de l’apéritif, la clientèle des habitués se présentait à l’Hôtel des Peupliers tenu d’une main de fer par Mathilde, la veuve Garnier. Le jeune Bédouin rescapé de l’enfer du désert, Hafnawi, promu gigolo de la patronne servait au bar cochant scrupuleusement sur une ardoise les consommations des légionnaires. Souvent ces derniers ne rentraient à leur base qu’au lever du jour. Une partie importante de la vie sociale des expatriés français, des fonctionnaires pour la plupart, se déroulait dans la grande salle du bar et sous la véranda.

     Perplexes, les autochtones, employés, domestiques, observaient avec un intérêt discret l’évolution des amours, des tensions, des jalousies, des espoirs, des déceptions des habitants de La Source. Le narrateur nous rapporte les confidences d’Hafnawi sur cette époque d’avant la grande catastrophe. Témoin d’abord muet, le Bédouin prendra place petit à petit dans le microcosme des initiés jusqu’à en devenir un élément privilégié avec l’irruption dans la vie du groupe de la nouvelle épouse de l’instituteur Monsieur Bermann, Ursula.

 *****

     Sous couvert d’un roman anodin d’amour et d’adultère, le récit de Mustapha TLILI est une chronique subtile de cinquante ans d’un village qu’on peut imaginer se situer dans le sud-est algérien.

    Une succession de cultures ont tenté de s’imposer en Algérie depuis l’origine des temps. Horïa El-Gharib, descendante de savants-guerriers venus d’Andalousie, le sait bien elle, qui a hérité de riches manuscrits de ses ancêtres fondateurs de La Montagne du Lion.

      Les habitants de l’Algérie française se concentrent en communautés bien distinctes. Les Européens vivent à La Source. Les Indigènes habitent le village ancien au-delà des cimetières.

 « ...il y avait à l’époque, à la Montagne du Lion, trois centres de pouvoir : la poste et monsieur Ménard, la gendarmerie et Monsieur Faure, l’hôtel des Peupliers et la « veuve Garnier » ; il y avait aussi, mais à part, la mosquée et l’imam Sadek. »

    Les groupes ne sont pas complètement étanches : les gens de la Montagne descendent des douars et les  bédouins nomades du désert échangent leurs produits au marché hebdomadaire et animent les grandes fêtes régulières où les Françaises achètent de magnifiques bijoux artisanaux et de superbes tenues traditionnelles bédouines. Le personnel de l’exploitation apprécie l’humanité du colonel Garnier le propriétaire pied-noir et se réjouit de son retour des camps nazis. Mathilde et le régisseur corses sont au contraire les modèles des abus tyranniques de certains colons. La vigilance et la sagesse du vieux Mokthar en font le médiateur entre les employés et la patronne de l’Hôtel des Peupliers. Ses interventions prudentes calmeront les angoisses et les fureurs de Mathilde dans sa relation avec le jeune Bédouin. Des élèves indigènes, les fils d’Horïa, sérieusement préparés par l’instituteur, Monsieur Bermann, ont été reçus premiers au concours d’entrée en sixième, ce qui lui vaut la confiance et le respect de toute leur communauté.

     La société des expatriés français n’a pas plus d’unité. Du brouhaha des conversations entremêlées émergent des bribes d’entretiens, des réflexions inquiètes ou critiques sur la politique de Mendès, un juif comme Bermann, qu’on n’aime guère semble-t-il. Pour ce dernier, Hafwani n’est qu’«un indigène aux origines pittoresques».  Certains comme Monsieur Ménard, le receveur des postes et Monsieur Faure, le chef de la gendarmerie, apprécient la culture ancestrale, la richesse morale d’Horïa, le courage et la ténacité de  Sââd, le Nubien mutilé dans les combats de Monte Cassino ainsi que la sagesse de Mokhtar avec lesquels ils aiment s’entretenir. Lucides, ces deux hommes perçoivent la fin inéluctable de la présence française. Ils imaginent que ces gens de valeur auront une place majeure dans la construction de leur nation. Hélas, l’Histoire évoluera différemment !

     Depuis l’Indépendance de l’Algérie, un discours manichéen exclusivement négatif est répandu sur la période coloniale française. Autant cette dépréciation est compréhensible en Algérie où les jeunes pouvoirs successifs ont eu besoin de trouver une assise, autant surprennent, le dénigrement systématique de cette époque de l’histoire de France et la « repentance » globale affichés par les instances politiques et relayés auprès du public par les milieux intellectuels et médiatiques français. Cette attitude « officielle » couvre-t-elle, sous cette simplification extrême, une complicité tacite pour les uns qu’éclairera dans encore nombre d’années, l’ouverture de dossiers classés secrets¹ ou pour les autres une ignorance de la complexité des faits et de la société algérienne aussi bien européenne qu’autochtone de la fin de la Seconde Guerre Mondiale à l’Indépendance du pays? Mustapha TLILI a le mérite de nous présenter ce passé avec plus de distance et de sérénité.

*****

 L’AUTEUR :

     Mustapha TLILI est né en Tunisie  en 1937. Il est parti très tôt à l’étranger après ses études secondaires. Sa carrière professionnelle s’est déroulée entre Paris et New York où il était fonctionnaire aux Nations Unies. Il est  chercheur à l’Université de New York et fondateur du Centre pour le Dialogue de l’Université de New York. 

 

    Sa carrière littéraire a commencé avec la parution en 1975 de La Rage aux tripes puis s’est poursuivie avec Le Bruit dort en 1978 et Gloire des sables (1982) qui fait une description prémonitoire de l’instrumentalisation d’un Américain d’origine algérienne tout à fait intégré aux États-Unis, son pays d’adoption, et sa transformation en terroriste.

     Il participe aux collectifs Pour Nelson Mandela en 1986.

     La Montagne du Lion sort en 1988. En 2008, vingt ans plus tard la Montagne du lion servira à nouveau de cadre au roman Un Après-midi dans le désert qui a été récompensé la même année par le Comar d’Or en langue française.

     Un Après-midi dans le désert a été traduit en langue arabe par Slaheddine Boujeh, puis paraissait l’année suivante en Tunisie la traduction de Gloire des sables par le Centre National de la Traduction.

Note :

¹Voir à ce sujet l’article d’Arnaud Folch n° 3910 du 3 au 9 novembre 2011 du magazine « Valeurs Actuelles » à propos de l’ouvrage d l’historien Jean-Jacques Jordi Un silence d’État, les disparus civils européens de la guerre d’Algérie paru en 2011, chez Soteca-Belin (200 pages, 25€)

Lien:

http://www.afrik.com/article14877.html

 

 

19 juillet 2010

François VALLEJO (1960) - Ouest (2006)

François VALLEJO (1960)

Ouest (2006)

Quand le jeune baron de l’Aubépine, quarante ans, vient prendre possession de son château des Perrières, après la mort de son père, seuls, sont restés les trois fermiers qui exploitent les terres du domaine et la famille Lambert. Les gens de maison qui ont connu M. de l’Aubépine le Jeune du temps qu’il vivait encore au château, quinze ans plus tôt, ont préféré s’en aller. Lambert, le garde-chasse et sa femme Eugénie font connaissance avec leur nouveau maître.

Est-ce à cause des brimades subies de la part de feu M. de l’Aubépine, « un écraseur de fils », durant toute la jeunesse de M. de l’Aubépine le Jeune, en raison de sa faible constitution et son manque d’attirance pour les exercices physiques ou parce que le père avait découvert chez son fils un tempérament qu’il entendait réprimer, que le jeune baron était devenu « un écraseur de père », qu’il prônait la Révolution et le pouvoir du peuple dans la République ? Lambert, homme simple, au bon sens populaire, passionné par ses chiens et soucieux du bien-être de sa famille est déconcerté par ce maître, indifférent au chenil, qui craint les chiens, qui disparaît plusieurs mois pour faire la Révolution à Paris, qui s’enferme des semaines durant et reparaît excité par quelque nouvelle excentricité. Certains jours, le maître lance sa vieille jument grise dans des courses infernales à travers bois et marécages, à la faire crever d’épuisement. Le baron « jusqu’au-boutiste » de la République voudrait y trouver une place de meneur de premier plan. Il accuse de faiblesse Lamartine, qui lui a refusé ses services. Il s’imprègne des théories phalanstériennes, admire Victor Hugo, se prétend ami de Victor Schœlcher pour l’approcher. Il lui fait parvenir à Guernesey de longues lettres, et projette de le ramener en France afin de chasser Louis-Napoléon, « Napoléon-le Petit ». Et ces jeunes femmes qu’il amène au château ! Des créatures ! Lambert est même chargé d’en reconduire deux ou trois jours plus tard. Il faut voir dans quel état ! Que se cache-t-il derrière les activités nocturnes du baron ?

Dans la pratique quotidienne, le baron n’est qu’un républicain de salon. Comment s’entendre avec un dément, un maniaque sexuel, un fou retors, intuitif et perspicace, quand on est un homme simple et sensé ? Le temps passant - dix années ! - les lubies s’accumulent, des choses étranges se produisent au château. Et il y aura les doutes, des recoupements, qui deviendront certitudes au fil des jours. Se rebeller ? Les Lambert craignent d’être chassés. Dénoncer ? C’est quitter la propriété, se retrouver sans travail. Avoir servi si longtemps un tel maître les aura stigmatisés. Ils préfèrent se taire.

Le drame rôde dès le début du livre. Les oppositions entre exigence et dépendance de deux classes sociales, des caprices contre la sagesse, de la folie contre bon sens sont servies admirablement par la qualité de l’écriture et le style particulier de François Vallejo. Ses phrases courtes, ses expressions originales, les dialogues dématérialisés, le rythme soutenu mêlant échanges et pensées, aspirent le lecteur dans cette guerre des nerfs impitoyable.

 

Le Prix Giono 2006 et le Prix du Livre Inter 2007 ont récompensé François VALLEJO pour  Ouest.

 

Vous trouverez dans ce blog :

- une documentation sur les guerres de Vendée

- une documentation sur le contexte historique portant sur la période allant de 1848 à 1860

 



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