GARCIA MARQUEZ Gabriel - Journal d’un enlèvement (1999)
Gabriel GARCIA MARQUEZ fait œuvre de
journaliste dans ce livre où il relate l’enlèvement de neuf personnalités
colombiennes par le bras armé du cartel de Medellín. Partant du témoignage des personnes
qui ont été directement mêlées à ce drame dans lequel deux otages périrent, il
nous relate les souffrances des victimes, l’angoisse de leurs proches,
l’embarras du Président et de ses conseillers et la complexité des problèmes
posés.
Le gouvernement fédéral américain réclame
l’extradition des dirigeants des cartels de la drogue vers les États-Unis où la
plus grande partie des stupéfiants est écoulée. Le gouvernement colombien avait
décidé de les anéantir. Les narcotrafiquants colombiens ont déclaré une guerre
totale contre le gouvernement et s’attaquent directement aux responsables
politiques par des attentats, des exécutions, des enlèvements et des prises
d’otages parmi leurs proches.
Dans ce pays où
les guérillas et les cartels de la drogue pratiquent les mêmes forfaits, les
victimes ignorent qui a commis les rapts. Leurs conditions de captivités sont
différentes suivant l’endroit où elles sont retenues et qui est chargé de leur
garde. Leurs conditions de détention sont extrêmement dures. L’incertitude sur
leur sort futur agit sur leur moral. Une vie humaine n’a de valeur que dans la
mesure où elle peut servir un intérêt particulier.
L’auteur
explique comment les familles des otages ont été mises au courant des
kidnappings et leurs démarches en vue d’une intervention gouvernementale
pacifique. Une action armée brutale serait l’arrêt de mort des prisonniers. Ils
font pression pour que des narcotrafiquants comme les frères Ochoa et Pablo
Escobar ne soient pas livrés aux pays demandeurs. Ils réclament l’engagement de
négociations en vue de faire libérer leurs proches.
Comment faire savoir à ceux qu’on aime que
personne ne les oublie ? Comment soutenir leur moral ? Comment ne pas les
couper du monde ? Les messages diffusés par Radio Caracol destinés aux otages des guérillas et des cartels
parviennent parfois aux intéressés. Des responsables de productions télévisées
s’arrangent pour faire paraître des familiers des victimes dans leurs
programmes, afin de leur apporter indirectement des informations plus ou moins codées.
Le président et
les responsables gouvernementaux, souvent personnellement touchés par ces
chantages et ces exactions, partagent leurs interventions, entre intransigeance
et tentatives secrètes de négociation, au moyen d’intermédiaires véreux plus ou
moins fiables.
Une relation
ambigüe faite de terreur, de haine, de méfiance, mais aussi de complicité et
d’entraide lie les otages et leurs gardiens.
Le talent littéraire de Gabriel GARCIA MARQUEZ au service de la rigueur du journaliste, fait de ce récit un ouvrage d’information plein de sensibilité et passionnant.