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1 mai 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - Fascination (2000)

Rachid BOUDJEDRA  (1941) - Fascination (2000)

           L’intrigue du livre est difficile à résumer. Elle tourne autour d’une prolifération de personnages affublés de prénoms de trois lettres contenant tous la lettre L, Ali, Ali Bis, Ila, Lil, Lol, Lam, Eli, Mol, Ela... Aucun n’a de nom patronymique. Le père de famille, Ila, militant indépendantiste, est propriétaire d’un haras internationalement renommé à Constantine. Il élève des chevaux de pure race arabe et voyage à travers le monde à la recherche d’étalons et de pouliches susceptibles de donner les meilleurs croisements. Fascination étant le fruit d’un de ces métissages.  Son mariage avec Lil étant stérile, Ila a adopté une kyrielle d’enfants, Ali, Ali Bis, Lol dont les parents biologiques ont été sauvagement massacrés par de riches colons, Lam, le plus jeune. Chaque prénom contient la lettre L comme dans Ali.

           Lam suit le même cursus que Rachid BOUDJEDRA dans sa jeunesse : naissance en 1941, études à Constantine puis à Tunis, Baccalauréat en 1959, engagement dans le maquis, blessure. Nous le suivons à Moscou, Pékin, Hanoï, Barcelone, Alger, Paris où il travaille pour le FLN. Lam souffre de ne pas connaître ses origines, d’avoir été amputé de son nom et est hanté par l’inceste qu’il a commis avec Lol.

          Lol est une femme excentrique au caractère terrible, au langage ordurier, homosexuelle, sans complexe quant à sa nuit d’amour avec son jeune frère Lam.  

          Ali et Ali Bis ont disparu, l’un avec la sacoche contenant la recette de la vente d’étalons en compagnie de sa maîtresse, l’autre le poursuivant. Tous deux ayant des destins parallèles à travers les péripéties de la Seconde Guerre Mondiale et des guerres coloniales, sans se retrouver pour autant.

          Le récit des aventures de ces différents personnages est noyé dans des extraits d’encyclopédies, de journaux, de récits de grands voyageurs (Marco Polo), d’historiens (Salluste, Ibn Khaldoun, Ibn Batouta), de rapprochements entre certains personnages d’Un Amour de Swann, de Marcel Proust, d’Ulysse de Joyce ou du Bruit et la Fureur de William Faulkner. Est-ce pour donner du poids à une intrigue sans tension ?

          L’histoire à la manière des contes orientaux est truffée de répétitions rappelant les caractéristiques d’une situation ou d’un personnage. Ce procédé ne réussit pas à donner du rythme au récit, ni à maintenir l’attention du lecteur en suspend, il finit même par lasser.

          L’auteur a une volonté certaine de casser les valeurs des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La virilité : il imagine un père de famille stérile. La religion : il réduit la religion musulmane à une série de dogmes et de rituels mécaniques. Le sexe : Son héroïne, Lol est lesbienne et a eu une relation incestueuse avec son frère.

          Pour ce qui est de la politique, la colonisation française est évoquée de façon manichéenne et répétitives. La sauvagerie des assassinats et des combats, les viols ne viennent que d’un seul camp. Il n’est pas question de nier les horreurs et les erreurs de la conquête de l’Algérie, de son occupation puis de la guerre de décolonisation, mais les arguments avancés sentent le discours de propagande marxiste léniniste bien rôdé. De toutes les partenaires de Lol, l’auteur privilégie la femme d’un gros colon et l’épouse d’un haut fonctionnaire. De toutes les dames de la maison close de Bône, c’est une prostituée d’origine française qui incite Ali Bis à voler la sacoche bourré d’argent pour fuir avec elle. Où se trouve le vice ?

            Toutes ces transgressions peuvent séduire une jeunesse algérienne déçue et aigrie, réduite au chômage en dépit de ses diplômes dans un pays qui se cherche politiquement et économiquement. Mais quelle issue le conteur offre-t-il à l’errance de Lam  et à celle de ses frères et sœur ? Le père mort, chacun se range gentiment et travaille à la prospérité de l’affaire familiale. Tout est bien qui finit bien ! Est-ce exaltant pour un jeune qu’on a incité à tout secouer ?

Connaissant les goûts d’une grande partie des intellectuels français et du monde de l’édition, j’adopte volontiers la supposition de Mokhbi Abdelouahab [1]comme mienne «...est-il mu par l’obsession de plaire à ceux qui l’on fait figurer parmi les dix meilleurs écrivains du siècle ? ».

            J’avais choisi ce livre écrit par un Algérien dans l’espoir d’y trouver des réponses sur la société algérienne. Je n’ai trouvé qu’un pamphlet incitant à la haine et au rejet des valeurs traditionnelles sans apporter la moindre solution, dissimulé dans une intrigue singulière.

 

ColineCelia a lu aussi (La Vie à l’endroit) 1997 de Rachid BOUDJEDRA

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/24/20967180.html



[1]Monologue avec Rachid Boudjedra

Ecrire pour qui et pourquoi ?

mardi 15 février 2005, par Mokhbi Abdelouahab

 http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?article68

 

 

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18 décembre 2011

Hector BIANCIOTTI (1930) - Ce que la nuit raconte au jour (1992)

Hector BIANCIOTTI (1930~2012) - Ce que la nuit raconte au jour (1992)

     Nous ne connaîtrons pas le nom de « l’enfant », le héros et narrateur de cet ouvrage, mais tout laisse à penser qu’Hector BIANCIOTTI s’est fortement inspiré de son propre parcours. Comme lui, l'enfant est né en 1930 dans la pampa de la région de Cordoba, en Argentine, dans une famille pauvre d’émigrés économiques piémontais.  La famille vit dans une estancia isolée de la grande plaine aux horizons illimités battue par le vent et la poussière. L’enfant y jouit d’une grande liberté qu’il perd brutalement  à douze ans. Entrer au séminaire est sa chance de faire des études. Excellent élève,  il est attiré par la musique et les livres. Curieux d’expériences nouvelles, à 18 ans, il prend conscience de son manque de vocation et quitte le séminaire. Comme le jeune homme veut devenir comédien, il mène alors une vie de bohème, et survit grâce à de petits boulots.

     Il ne fait pas bon vivre dans un pays soumis à la dictature des militaires (1943 à 1946), puis de Juan Perón (1946 à 1955). Respecter les apparences, surveiller ses fréquentations, éviter de se faire repérer des polices parallèles est une nécessité. Chacun est à la merci d’une délation et d’une justice expéditive. La moindre imprudence peut être fatale. Le jeune homme, dénoncé par un mouchard haut placé, découvre que celui-ci est un de ses amis. Pour se faire pardonner, ce dernier lui fait remettre les documents et le billet de bateau qui lui permettront de quitter le pays.

     C’est l’exil ! Le jeune homme débarque en Italie sans un sou, mais libre et confiant en son avenir.

 

Hector BIANCIOTTI (1930) - BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE


27 décembre 2011

Hector BIANCIOTTI (1930) - Le Pas si lent de l’amour (1995)

Hector BIANCIOTTI (1930~2012) - Le Pas si lent de l’amour (1995)

     Le héros de Ce que la nuit raconte au jour poursuit son voyage initiatique. Menacé d’arrestation par la police politique de son pays natal, l’Argentine, il est contraint à l’exil. Le jeune homme embarque à Buenos Aires vers Naples où le personnage se démasque : son prénom est Hector, a le même âge et évolue dans les mêmes sphères que l’auteur.

     Hector est donc en route vers l’Europe. Bien que sans argent, il en est certain que, là, son destin l’attend. De Naples à Paris, en passant par Rome et Madrid, le narrateur fait partager au lecteur, ses rencontres et ses expériences, dans Le Pas si lent de l’amour. « Intermittent du spectacle », l’apprenti comédien court le cachet, afin de tenter de combler les grandes plages vides de toute activité lucrative de son emploi du temps. Le jeune homme vit d’expédients et n’a pas de domicile fixe. Les poches vides, s’il survit, c’est à la merci d’une opportunité de repas, dormant plus souvent dans la rue, à la belle étoile, que dans un lit. Comment ne pas s’avilir, garder son honneur et rester confiant en son avenir dans ces conditions ?

     Hector fréquente les bas-fonds de Naples, dans la Rome de la dolce vita de la fin des années cinquante, dans l’Espagne de Franco, du Madrid des tentations du Paseo de la Castellana. Il côtoie des personnages sordides, interlopes, originaux ou fantaisistes, des petites gens, des célébrités, des bourgeois timorés, mais noue aussi des amitiés fidèles qui résistent à la séparation.

     C’est à Paris qu’Hector trouvera sa véritable vocation, écrire. Déjà, à Buenos-Aires, en comparant, à l’aide d’un dictionnaire, un texte de Valéry à sa traduction argentine, il avait appris  seul le français.  Vingt-sept ans plus tard, il écrira, non plus dans sa langue natale, mais en langue française.

Hector BIANCIOTTI (1930) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Hector BIANCIOTTI (1930) - Ce que la nuit raconte au jour (1992)





24 mars 2012

Mohamed FELLAG (1950) – Rue des petites daurades (2001)

Mohamed FELLAG (1950) – Rue des petites daurades (2001)

    En toile de fond, une rue imaginaire d’un quartier populaire de Paris, la rue G., que tout le monde appelle « rue des petites daurades » ; une église désertée sur une petite place ; en face, une école style Troisième République accueille les enfants du quartier ; pas moins de six bistrots dont Les Chants Alisés, en face de l’entrée de l’hôpital, le plus populaire et le plus animé, et aussi le Révizor qui regroupe tous les rabougris et les aigris du quartier ; accolée au petit marché couvert, la boulangerie La Tradition de Madame Lucienne ; plus loin, un peu en retrait, à l’emplacement de l’ancienne usine de souffre, s’élèvent les bâtiments de la Résidence des Cerisiers et dans la petite rue qui descend vers le canal, l’enseigne de néon rosâtre de l’Excelsior éclaire depuis quarante ans, les trois étages de la façade crasseuse et décrépie d’un vieil hôtel.

* 

     De nouveaux arrivants ont posé là leur balluchon, victimes des vicissitudes du siècle dernier, et se sont mêlés aux autochtones. La rue G. héberge une population  cosmopolite de petites gens oubliés où se noient des paumés, des marginaux, des petits délinquants, des diplômés es combine, des naïfs, des inventifs, des renfermés, des expansifs, et des excentriques. FELLAG  nous invite à découvrir l’univers de personnages surprenants dans leur complexité et leurs paradoxes.

 ***** 

Sur un mode fantastique, tantôt merveilleux, tantôt terrifiant, FELLAG révèle les ambivalences sous les masques, sonde les points faibles des carapaces les plus coriaces, libère les ingrédients d’une réalité sociale, volontairement condensée dans la rue G., les exacerbe,   pour mettre en scène une humanité rêvée, solidaire, généreuse dans laquelle chaque être a une place privilégiée.

*  

Les qualités d’essayiste et de scénariste de Mohamed FELLAG dominent dans la rédaction de Rue des petites daurades, son premier roman. Ses admirateurs retrouvent dans ce livre l’humour, la dérision complice, la faconde et surtout l’humanité qu’il déploie dans ses spectacles. Le roman a été publié aux Éditions J. C. Lattès, Paris.

***** 

La pièce de théâtre « Rue des petites daurades » qui a été tirée de ce livre a été montée au Théâtre international de Paris en 2001. Elle a été reprise depuis par de nombreuses compagnies. 

 

FELLAG Mohamed (1950) – C’est à Alger (2002)

Mohamed FELLAG (1950) – L’Allumeur de Rêves berbères (2007) 

Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999

4 avril 2012

FELLAG Mohamed (1950) – C’est à Alger (2002)

FELLAG Mohamed (1950) – C’est à Alger (2002)

 

     Le recueil de nouvelles de FELLAG, C’est à Alger, nous immerge dans la tragédie algérienne du dernier quart du XXe siècle.

*****

 La théorie des dominos 

      Bâb-El-Oued, une nuit froide de décembre 1975, des nervis attirent Mourad dans un guet-apens. Enlevé, conduit dans des locaux sordides, Mourad est interrogé, menacé, malmené, insulté et objet de l’humour sadique de tortionnaires aussi bêtes que cruels. Persuadé être la victime innocente d’une erreur, Mourad apprend que son crime est d’avoir ri à une plaisanterie anodine d’un inconnu, sur le Président algérien (voir contexte 1). Le malheureux est jeté dans une cellule des sous-sols glacés et sombres de l’immeuble. L’endroit est déjà occupé par un être famélique, enfermé là depuis une douzaine d’années, sur un motif aussi futile.

 *****

 Le Nègre de midi 

      Farid est un marginal, aux yeux de tous. Artiste-peintre autodidacte, voilà presqu’un an qu’il consacre tout son temps à la réalisation du portrait d’une jeune fille aperçue dans la rue. Chaque touche de couleur, chaque trait de la miniature concentrent tout ce qu’il est capable de donner, d’imaginer, d’aimer, d’espérer. Un après-midi d’août 1992, alors que le tableau achevé est enfermé dans la niche creusée au coin de la terrasse, que la ville est paralysée par la chaleur torride, une fillette l’informe que le « Nègre de midi » demande à le voir...

 *

     Ce conte offre une ouverture sur l’imaginaire, l’irrationnel. Il nous propose une réflexion sur l’universel et l’intemporel de l’art et de la culture. Il nous invite à méditer sur la vie, la mort, l’éternité, sur le passé, le transitoire du présent, aussi cruel et fou qu’il soit. L’imaginaire est l’échappée du puits sans fond du désespoir, de la résignation, de l’oubli, de l’interdit. L’imaginaire est l’Oiseau de paradis aux ailes magnifiques, qui plane, inaccessible, au-dessus des chars, des hélicoptères et des hordes noires.

 *****

La balle 

      Alger est en état de siège. Un officier s’écroule, la tête fracassée par une pierre lancée d’un toit. La provocation déclenche les tirs de riposte de l’armée qui affronte les Islamistes place des Martyrs.

      Face à face, deux amis d’enfance se reconnaissent, Kamel le chef des barbus, pistolet braqué sur Nordine. Trop tard ! Nordine, le soldat, vient précisément d’ajuster son tir. « Le temps suspend son vol. »

      Amis d’enfance, d’adolescence, de jeunesse, partageant joies et épreuves, séparés seulement par l’opportunité qu’ils ont eu de se sortir de l’insécurité matérielle, l’un dans un camp, son ami dans l’autre. Le destin direz-vous!

      Quoi d’autre ?

      Nordine aussitôt abattu par le snipper provocateur.

      Deux vies évoquées en durée balistique et abrégées, pour..., pour des causes qui ne sont pas les leurs : celles d’Islamistes radicaux algériens, saoudiens, iraniens, afghans, soudanais ; celles de généraux carriéristes, indifférents au coût humain de leur stratégie ; celles d’hommes d’affaires, de grosses affaires, auprès desquelles que représentent deux vies ?

 *

      FELLAG, alterne l’évocation du drame avec l’écoulement de la minute fatidique, qu’il étire, prêtant à la balle une conscience et une résistance à l’absurdité de la scène, dans une lutte tragi-comique, du chargeur à la cible. Paradoxalement, ce procédé, donne vie à l’action de mort décrite dans cette nouvelle concise et poignante datée de juin 1991.

 *****

 Allô !

      Dès que la maisonnée est endormie, réfugiée sur le balcon de l’appartement, jusqu’au premier appel à la prière du lever du jour, une femme téléphone à Samir, l’homme qu’elle aime.

      La chronique de sept monologues adressés à un correspondant compréhensif, patient et taciturne révèle, au fil des nuits, la personnalité de Samia et la cause de ses appels clandestins. Malgré des études supérieures, une formation juridique et une expérience professionnelle, cette jeune femme cultivée est recluse par ses frères et beaux frères acquis à l’Islamisme.

      Depuis le fond des âges, sort absurde et injuste accordé au fait d’être née femme, qui la condamne à rester cloitrée sous surveillance avec ses sœurs et belles-sœurs, guettée par l’effrayante perspective d’un mariage arrangé.

      Faisant fi du couvre-feu, dans la nuit de décembre 1997, des ombres discrètes glissent le long des murs, des familles terrorisées tentent d’échapper à la horde islamiste et l’écho de la chasse infernale parvient jusqu’au coin de balcon où se tapit Samia.

 *****

Alger-New York 

      Hocine « avait l’insouciance et l’inconscience d’une génération que la politique dégoûte au plus haut point parce que c’est un truc de bourgeois ou de pouvoir, honni de naissance dans les quartiers d’où il vient. »

      Hocine tentait de vivre, tout simplement ! Il fallait se débrouiller, évidemment ! Il avait un petit trafic lucratif d’importations illégales de produits de première nécessité et avait un don pour dégoter les objets les plus invraisemblables afin de satisfaire les désirs inhabituels d’un client.

      L’existence d’Hocine se compliquait depuis cinq ans que la guerre civile s’étendait sur l’Algérie. Rentrer avant le couvre-feu, ruser avec les interdits s’ajoutaient aux problèmes de logement, de chômage et de pénurie.

       N’avait-il pas, du renfoncement d’une porte, assisté impuissant à l’exécution d’un homme par un commando islamiste ? N’a-t-il pas senti mourir dans ses bras une fillette ensanglantée, victime d’un attentat à la bombe particulièrement meurtrier ?

      Le Rouquin, son ami philosophe, Malik, l’ingénieur du temps, son copain Zaïd ont été massacrés un à un, et … Farida, son amour, égorgée avec sa famille dans leur appartement. L’étau se serrait sur lui.

      Que lui restait-t-il ?

      La mort ou l’exil !

 *

      Le récit fait un va et vient entre les derniers mois de 1995 décisifs d’Hocine à Alger et les jours qui précédèrent l’attentat du 11 septembre 2001, à New York. Le « rêve américain » concrétisé par le froid, la faim, la misère, la solitude prenait alors fin, car, rattrapé par l’horreur qu’il avait cherché à fuir, Hocine est devenu un suspect aux États-Unis. Terroriste potentiel, il est arrêté…

*****

     Ces nouvelles oscillent entre fantastique et réalité. FELLAG raconte l’histoire individuelle de héros pris dans l’engrenage des problèmes socioculturels, empêtrés malgré eux dans les contradictions de la réalité algérienne et victimes de causes dont les enjeux les dépassent.

      La force de ces textes est de suggérer, sans pathos, le contexte dans lequel les personnages évoluent. L’éventail des thèmes abordés nous fait découvrir en filigrane les réalités pudiquement cachée sous les termes d’années noires.

      FELLAG-homme-de-théâtre se profile derrière FELLAG-écrivain dans l’art de planter sobrement le décor, de mettre en scène ses héros, par la clarté du texte et  la vie qu’il a su donner aux cinq récits.

Mohamed FELLAG (1950) – Rue des petites daurades (2001)

 Mohamed FELLAG (1950) – L’Allumeur de Rêves berbères (2007)

Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999

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27 mai 2012

Théophile GAUTIER (1811~1872)

Théophile GAUTIER (1811~1872)

     Théophile GAUTIER est né à Tarbes en 1811. Ses parents viennent habiter Paris alors qu’il n’a que trois ans. Il fait ses études au lycée Charlemagne, se lie d’amitié avec un condisciple qui deviendra Gérard de NERVAL (Paris 1808~1855) et le futur écrivain Pétrus BOREL (Lyon 1809~Mostaganem 1859). Le jeune homme est d’abord tenté par la peinture puis opte pour la littérature en 1829 et est présenté à Victor HUGO (Besançon 1802~Paris 1885). En 1830, il se fait remarquer avec son gilet rouge et ses cheveux longs, parmi les jeunes défenseurs de l’auteur, dans la bataille littéraire provoquée par la première d’Hernani.

     Le long poème descriptif et fantastique Albertus paraît en 1832 et le recueil de contes ironiques Les Jeune-France en 1833, montrent son indépendance à l’égard des romantiques. Il fait du journalisme au Mercure du XIXe siècle, au Figaro, à La Charte de 1830.

     Dans la Préface de son roman Mademoiselle de Maupin (1835~1836), il exprime son exigence de beauté pure en revendiquant pour l’artiste le droit de se placer au-dessus de la morale.

     Théophile GAUTIER devient critique dramatique et critique d’art dans La Presse, écrit  dans des journaux, des revues, des feuilletons (2 000), fait les chroniques de ses voyages en Orient, en Espagne. Il voyage aussi dans le temps avec Les Grotesques (1844), essai littéraire qui réhabilite l’époque de Louis XIII qui lui inspira son roman Le Capitaine Fracasse (1865). Il évoque l’ancienne Pompéi dans Arria Marcella (1852), l’Égypte ancienne dans Le Roman de la Momie (1858). Dans Le Spirite (1866) il transpose sur le plan surnaturel un grand amour et une longue quête de l’idéal.  

     GAUTIER, persuadé que l’art est un but et que la seule possibilité de pérennité est la perfection technique, il a été l’animateur du mouvement de l’art pour l’art, L’Art (1857). Il est le précurseur de la poésie parnassienne.

Théophile GAUTIER meurt à Neuilly-sur-Seine en 1872, laissant une œuvre abondante toujours reconnue. 


15 avril 2012

Mohamed FELLAG (1950) – L’Allumeur de Rêves berbères (2007)

Mohamed FELLAG (1950) – L’Allumeur de Rêves berbères (2007)

     Mohamed FELLAG situe son récit à Alger en 1990 où le Front Islamique du Salut (FIS) vient de remporter le plus grand nombre d’élus aux élections locales de juin.

*****

     Il est à peine quatre heures vingt-huit au réveil de Zakaria, le narrateur, quand des bribes de discussion parvenant de l’extérieur le sortent du sommeil. Une vingtaine d’habitants du quartier s’agglutinent en bas, autour du taxi en panne de M. Saïd. Fusent vers le meccano, diagnostiques et conseils des assistants, ponctués de références au bon vouloir divin par Jebbar-l’Islamiste. L’imagination, l’ingéniosité, la solidarité, les solutions de fortune relancent le moteur du véhicule hors d’âge, sous le regard et les appréciations des habitants de la cité tous sur le pied de guerre. Résignés, ils attendent le retour de l’eau, non sans quelques traits d’humour de  la part d’Hakim sur son fauteuil roulant.

*

     Zakaria, 50 ans, journaliste à la rédaction du quotidien « Le Révolutionnaire », l’organe du pouvoir en place depuis l’indépendance du pays, encensaient sans vergogne, dans ses articles, les réalisations du régime. Le zélateur en dissimulait soigneusement les carences. Écrivain, chantre de l’élite gouvernementale, ses récits et ses essais  recevaient sans peine l’approbation éditoriale. L’attaque des autorités par des contestataires du parti sortent brusquement Zakaria de sa torpeur militante. Le voilà qui dénonce violemment la répression sanglante des « manifestations de la faim » d’octobre 1988. Censure de ses ouvrages, mise au placard, lettres de menaces de mort, harcèlement téléphonique, bouleversent son existence d’homme public. La peur le submerge. Elle lui fait adopter un comportement si insensé qu’il provoque le départ de sa femme avec ses enfants. Mis d’office en retraite anticipée, il est libre désormais, ayant pour seules contraintes : remplir ses bassines pendant les horaires fluctuants de distribution d’eau et son réfrigérateur par quelques sorties prudentes dans le quartier. Terré dans son appartement, il noie sa terreur dans l’alcool jusqu’à l’inconscience dont il sort brutalement par d’horribles cauchemars.

*

     Petit à petit, de son balcon, Zakaria  commence à regarder vivre ses voisins, à les saluer, les écouter, à participer à la vie de la cité. Il est repris par l’envie d’écrite un livre, mais ni la fumée du tabac, ni l’alcool n’aident l’écrivain en panne de sujet. Le peuple devient sa matière première. Zakaria commence « d’observer ce microcosme d’humanité avec un appétit nouveau ... glane les minuscules évènements sortant de l’ordinaire par leur teneur étrange, caustique ou dramatique...dresse un fichier d’histoires des gens » de son quartier « laboratoire de toutes les composantes sociales».

*

     Il a trouvé ses personnages : Nasser, le petit technicien du gaz insignifiant qui rejoint Malika, la prostituée, la nuit, quand elle n’est pas « en voyage d’affaires » ; Mokrane, le tenancier de la Méduse bleue, un bar malfamé isolé sur la côte, ouvert pendant les heures du couvre-feu ; Jebbar-l’islamiste qui se réfère à l’intervention d’Allah pour les choses les plus insignifiantes ; les trois barbus qui préparent l’enfer sur Terre sur leur banc de parpaings ; Aziz, l’inventeur génial ; Rose, l’ancienne sage-femme juive qui a voulu rester après l’Indépendance, respectée et protégée de tous ; Hakim sur son fauteuil roulant.

*

     Une nuit, de retour de beuverie, Zakaria croise Nasser, tout tremblant sur le palier. Bouleversé, ce dernier lui confie avoir reçu une lettre de menaces de mort. L’écrivain tient son héros. Il tient son histoire ...

*****

     Un message signé ORION, du 29/10/07, rapporte une interview de FELLAG intitulée « Le rire, c’est le costume du désespoir », à la question :

           « Dans L’Allumeur des rêves berbères, vous dressez le portrait de personnages qui recherchent dans les extrêmes un exutoire à leur peur. Le peuple algérien ressemble-t-il à ces personnages ? »

Mohamed FELLAG répond : 

 « Les Algériens sont comme tous les peuples du monde. Ils vivent en fonction des réalités socio-politiques qui les entourent. Mes personnages sont des sortes de losers, des désaxés que leur environnement a cassés. Leurs rêves, leurs avenirs et leurs amours ont été brisés. Et ces deux premières années de la naissance de la violence en Algérie les poussent à leur extrémité inconsciente, conditionnée par leur culture et par l’éducation qu’ils ont eues. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est la mécanique intellectuelle que ces personnages produisent pour continuer à exister. Quand on est dans une situation extrême, le cerveau s’emballe et essaie de trouver des solutions. Comment rester vivant si on est menacé ? Comment être encore là demain ? Comment faire vivre ma famille ? »

http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=62305

 L’Allumeur de Rêves berbères est paru en 2007, chez J.C. Lattès

 FELLAG Mohamed (1950) – C’est à Alger (2002)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2012/04/04/23935188.html

 Mohamed FELLAG (1950) – Rue des petites daurades (2001)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2012/03/24/23845042.html

Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2012/04/26/24108833.html


7 juin 2010

AÏTMATOV Tchinghiz, BIOGRAPHIE,BIBLIOGRAPHIE

Tchinghiz Torekoulovitch AÏTMATOV est un « écrivain kirghiz (Cheker 1928~ Nuremberg 2008). Il acquit la notoriété avec une nouvelle Djamilia (1958), traduite par ARAGON qui la salua comme « la plus belle histoire d’amour ». Ses nouvelles (Le Premier Maître, 1963 ; Adieu Goulsary), 1966, ses romans (Une Journée plus longue qu’un siècle, 1980 ; Les Rêves de la louve, 1986), empreints de lyrisme et d’éléments allégoriques, posent les problèmes moraux de la société soviétique.[1] »

«  Défenseur des cultures et des langues des peuples non-russophones de l’ancienne Union soviétique, Tchinghiz AÏMATOV nous a fait découvrir la richesse de la culture Kirghize. »[2]

Cet écrivain kirghiz était traduit dans le monde entier. Il était candidat au prix Nobel de littérature pour 2008. Alors qu’il suivait en Russie le tournage de l’adaptation de son roman Un jour plus long qu’un siècle, il fut victime d’un malaise. Hospitalisé en Allemagne à Nuremberg, il y est décédé le 10 juin 2008.

Il avait été reçu en 1956 au prestigieux Institut de littérature Maxime Gorki à Moscou.

Il écrivait aussi bien en Kirghiz qu’en Russe.

Il est l’auteur d’une quinzaine de romans dont en plus de ceux cités plus haut de Il fut un blanc navire.

Il avait commencé à s’intéresser à la politique en 1985 quand Michaël Gorbatchev est arrivé au pouvoir, soutenant la « perestroïka » et les réformes qui s’annonçaient en Union soviétique.

Après la chute de l’URSS, il fut ambassadeur de Russie à Bruxelles, auprès de l’Union européenne et de l’OTAN, puis occupa ces mêmes fonctions pour le Kirghizstan devenu indépendant, par intermittence, entre 1993 et 2008. Il fut aussi ambassadeur du Kirghizstan auprès de la France, de la Belgique et du Luxembourg.[3]

 


 

[1]Le Petit Robert des noms propres 2004

 

[2] Déclaration du 11 juin 2008 de M. Bernard Kouchner, le lendemain du décès de Tchinghiz AÏTMATOV.

 

[3] sources : www.slavika.com/spip.php?article1060 et www.diplomatie.gouv.fr/.../deces-m.-tchinghiz-aitmatov-11.06.08_63498.html -

8 avril 2011

La Vie fantôme - Danièle SALLENAVE (1940)

La Vie fantôme 1986

Danièle SALLENAVE (1940)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/08/19525210.html

Une ville moyenne indéterminée est le théâtre d’un adultère.

Le roman comporte trois parties. L’histoire recouvre les années 1970 sur 5 ans avec une précision chronologique déstructurée dans laquelle on se retrouve cependant parfaitement,. La météo est prise en compte, parfois sans date.

La première scène et la dernière scène du roman sont des scènes de lit dans lesquelles il n’y a aucun détail obscène.

L’amour est organisé, programmé l’après-midi, au goûter. La femme est dans la dépendance totale, aliénée au temps. Elle se sent seulement elle-même et épanouie, dans ces moments. Elle n’éprouve aucune révolte face à cet état de  fait . Paradoxalement, lui est heureux de rentrer chez lui.

Cette situation entraîne des problèmes matériels pour les appels téléphoniques (à une époque sans téléphone portable), nécessite une boîte aux lettres pour la correspondance (elle sera peu utilisée), des aménagements pour la location de la villa des vacances de façon à rester à proximité l’un de l’autre et à s’entrevoir.

Ni l’un ni l’autre n’a la vocation pour son métier. Lui est professeur de lettres et elle est bibliothécaire dans le même lycée. Leur profession ne les absorbe pas.

La deuxième partie du récit est un flash-back dans les années 1950 dans lequel leur rencontre, leurs études et leur choix professionnel sont évoqués. La seule manière de se retrouver se situe autour des livres. Ils ont peu d’amis. Ce qu’il y a entre eux est « l’entente » malgré certaines bourdes de Pierre qui parallèlement, depuis 10 ans, vit heureux en ménage avec son épouse Annie.

Dans la troisième partie, ils auront un très court épisode de vie commune, trois jours, entre Lille et la Belgique.

Laure, qui n’a pour ainsi dire pas d’ami, ira au mariage de son cousin et aura à cette occasion un regard sur la famille. Pierre, qui n’a pas d’amis non ,plus fait cependant des confidences à son beau-père puis à un vieux professeur ,mais les uns et les autres sont dans l’impossibilité de communiquer.

Les amants vont être séparés par la maladie.  Ils se retrouveront dans la même villa où Annie, la femme de Pierre, reviendra d’une absence plus tôt que prévu. Laure devra fuir. Humiliée, elle prend conscience de « la vie fantôme ».

Le roman a une fin ouverte sur … rien. On note le rôle joué par la moustache que porte Pierre au cours de ces retrouvailles et que Laure n’a pas remarquée.

Les Portes de Gubbio (1980)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/08/18986358.html

10 octobre 2010

William BOYD (1952) - Orages ordinaires (2010)

William BOYD (1952) - Orages ordinaires (2010)

 

 Adam Kindred, 31 ans, marié, une excellente situation de professeur-chercheur en climatologie apprécié d’une université privée, menait une vie somme toute heureuse et paisible aux États-Unis. Aurait-il pu imaginer où le mènerait un moment d’amour à la sauvette avec une de ses étudiantes sur la galerie d’observation, tout en haut de la chambre à brouillard, au dessus des nuages ? Aurait-il pu imaginer que par une cascade de maladresses et de coïncidences terrifiantes, il serait aux yeux de tous, indubitablement l’auteur d’un homicide ?

 

Recherché par la police, poursuivi par le tueur à gage qu’il a surpris, Adam entre dans la clandestinité. Agressé par des voyous, il se retrouve rapidement dépouillé de tout, même de vêtements. Comment survivre inaperçu dans Londres sans papiers, sans portable, sans argent, sinon connaître le sort des sans-domiciles, des disparus de tout poil qui errent dans la capitale ? Sur le qui-vive, dans une insécurité permanente, tous doivent déployer une ingéniosité fabuleuse pour faire face, à tout prix, à leurs besoins les plus élémentaires.

 

Le récit nous conduit aussi dans les coulisses d’une société cotée en bourse, nasse de piranhas voraces où le cynisme le plus révoltant est au service de la cupidité. Qu’importe les moyens ! Supprimer les importuns au besoin, sans se salir les mains !

 

Pourchassé et menacé par les uns, aidé par les autres, Adam saura saisir la chance qui lui permettra peut-être de reprendre pied dans la société.

William BOYD articule son roman d’une main de maître, tient le lecteur en haleine et met en valeur la complexité des personnages avec son habileté coutumière.

17 octobre 2010

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Traduit de l’italien par Michel BEITMAN[1]

  LE LIVRE est un recueil composé de 32 contes.

Dans certains de ces contes, BUZZATI traite du sentiment de culpabilité :  

- L’écroulement de la Baliverna : Le narrateur fuit sa responsabilité indirecte dans une catastrophe et est obsédé par la crainte du châtiment.

-  Le chien qui a vu Dieu : Par son regard, un chien errant réveille la mauvaise  conscience de chaque habitant d’un village. Sa présence est  interprétée comme le jugement de Dieu sur leurs gestes les plus intimes et révolutionne leur conduite.

- Les gladiateurs : Monseigneur, seul dans la campagne, provoque, pour se distraire, un combat cruel entre deux araignées jusqu’à ce que la plus faible soit anéantie par l’autre. À ce moment, il lui semble percevoir une expression dure et cuisante provenant des yeux de la victime ainsi qu’une présence invisible derrière lui.

- La fillette oubliée. Invitée à la campagne pour quelques jours chez des cousins, Ada est taraudée par le doute après qu’un nommé Imbastaro lui ait demandé « Pourriez-vous jurer que vous avez laissé votre maison parfaitement en ordre, de n’avoir absolument rien oublié ? ».

- Le dénonciateur. Un homme a exprimé imprudemment son avis sur un massacre. Il craint tellement d’être dénoncé par un de ses interlocuteurs, parmi lesquels se cachait un traitre, qu’il finit par se trahir lui-même.

D’autres sont irrévérencieuses pour des institutions politiques, l’église, l’armée.

- Jusqu’à la dernière goutte de sang : Proclamer et menacer n’est pas agir

-   Un corbeau au Vatican. Dans un texte surréaliste, onirique, il imagine un pèlerin, qui se rend à Rome, est transformé en corbeau et frappe vainement aux portes du Vatican rejeté par tous comme incarnation du démon. Seul, le pape semble l’attendre

-  Les tentations de saint Antoine ou les distractions d’un prêtre pendant sa leçon de catéchisme.

- Rigoletto avec une revue militaire surréaliste.

 La lutte entre le bien et le mal en est aussi le thème comme dans

- Garage Erebus

- Triomphe

 L’enfermement, l’isolement est déjà un thème déjà rencontré dans Le désert des Tartares, ainsi dans

- Il était arrivé quelque chose : Il décrit l’inquiétude et la peur des passagers d’un train qui traverse un pays déserté et ne s’arrête plus dans aucune gare. Que s’est-il passé pour que tout le monde ait fuit ?

À la lecture de cette nouvelle, chacun peut avoir à l’esprit ces trains qui traversèrent l’Europe, transportant dans leurs wagons scellés des voyageurs ignorant leur destination, dans l’indifférence ou l’aveuglement général.

-  La grosse couleuvre : Les habitants d’un village déserté hors saison touristique comble son ennui en réveillant l’intérêt pour leur village chaque hiver, avec une couleuvre mythique qui aurait été aperçue aux environs.

- Le frère transformé : Un jeune garçon ne reconnaît plus son frère, meneur de chahuts et particulièrement turbulent tant il change totalement de comportement depuis son entrée dans un pensionnat.

- L’homme qui voulut guérir ou de la difficulté de se réinsérer pour quelqu’un qui s’est retiré du monde et l’impossibilité de le faire quand la société vous a stigmatisée.

Il dénonce la vanité de l’Homme qui se place au centre la société ou de l’univers dans :

- Sic transit. Un matin, un ministre découvre qu’il n’est plus qu’un homme ordinaire sans l’apparat qui l’accompagnait jusqu’à la veille.

 Sujets qu’il illustre par la science fiction.

- 24 mars 1968. N’oublions pas que le recueil est paru en 1954. Tout comme Icare du dieu soleil, des hommes s’approche trop près de Dieu.

- La soucoupe se posa, où l’homme imagine être la créature la plus parfaite de l’univers.

- La machine à arrêter le temps. Que se passerait-il si l’on réussissait à arrêter le temps ? BUZZATI traitera aussi de la stagnation du temps et de sa fuite dans Le désert des Tartares.

- Rendez-vous avec Einstein. Au service de qui sont les applications des grandes découvertes scientifiques ?

 Dans d’autres nouvelles, l’homme se débat dans un univers kafkaïen :

- L’obscurité : Un automobiliste tombé en panne d’essence dans un endroit désert en montagne, trouve asile dans une auberge isolée dont tous les hôtes ont un étrange comportement et semblent de connivence.

- Les souris. Des souris s’approprient une résidence à la campagne et soumettent les propriétaires à leur service.

Le traitement allégorique cette nouvelle par BUZZATI lui permet  de déjouer la censure. Les souris peuvent illustrer la montée puis l’installation du fascisme dans une société : l’incursion insidieuse, les premiers signes visibles négligés, l’accommodement progressif aux contraintes qu’elle impose, la prise de conscience de l’invasion trop tardive alors qu’on n’a plus ni les moyens, ni le courage, ni la force d’y faire face, enfin le renoncement. Plus généralement, la métaphore de l’irruption de phénomènes nocifs peut s’appliquer à d’autres menaces d’emprises sur notre société.

Dans Les amis,Toni Appacher, mort depuis vingt jours à peine, revient demander l’hospitalité aux amis qui l’on tant pleuré à son enterrement. Aucun d’entre eux n’accepte de le reconnaître. Tous se sont faits à l’idée de cette morte, ont repris leurs activités ou réorganisé leur existence sur de nouvelles bases. Toni Appacher n’a plus sa place chez les vivants.

 Les nouvelles de Dino BUZZATI sont aussi des contes moraux :

- L’enfant tyran : La démission éducative d’une famille terrorisée à l’idée d’affronter leur fils ou petit-fils fait de ce dernier un tyran qui les méprise et se joue de leur lâcheté.

- Un ver à la maison : Un ancien condisciple du collège perdu de vue depuis de nombreuses années surgit et s’impose dans la vie du narrateur.

- Le musicien envieux : Un musicien renommé et sûr de son talent découvre que le confrère modeste, qu’il méprise et ridiculise, est un compositeur de génie.

- Les cinq frères : Comment le génie du mal sème la discorde et le malheur dans une famille ?

- Ils n’attendaient rien d’autre : Un couple d’inconnus arrive dans une ville. La haine aveugle cachée au fond de chacun déchaîne une foule apparemment paisible contre eux, sous un prétexte futile et conduit celle-ci progressivement au meurtre.

-   À l’hydrogène ou l’effet d’une rumeur.

- La machine ou le combat de David et Goliath revu par BUZZATI.

- Nuit d’hiver à Philadelphie Un guide de haute montagne découvre, en 1945, les traces de parachutistes américains tombés pendant la guerre. La montagne a gardé l’histoire de leur mort.

 Dino BUZZATI, journaliste démontre dans L’avalanche la relativité de la notion d’évènement.

 Un charme étrange à la fois agréable dans leur narration et angoissant quant au fond du propos se dégage de tous ces contes allégoriques. Ils révèlent, chez BUZZATI, un profond pessimisme sur la nature du genre humain, une  inquiétude  sur les conséquences des phénomènes politiques et sociaux sur la liberté d’expression, le libre-arbitre de chacun.

Les certitudes, les embrigadements, le laxisme, la complaisance, l’aveuglement, la lâcheté, le renoncement sont des menaces permanentes, pour BUZZATI. « Soyons vigilant ! », pourrait être son message. 

 Le K (1966) - Dino BUZZATI (1906~1972)

Le désert des Tartares - Dino BUZZATI (1906~1972)

 


 

[1] Michel BEITMAN(1926~2009) – Voir sa biographie et son œuvre sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Breitman

24 octobre 2010

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le K (1966)

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le K (1966)

Traduction de l’Italien par Jacqueline REMILLET[1]

Dans cet ouvrage, le K, nom du premier conte, Dino BUZZATI a réuni 51 récits parus initialement dans « Il Corriere della sera ». Ces textes courts peuvent être qualifiés tantôt de contes, tantôt de récits, tantôt de nouvelles réalistes ou fantastiques, parfois de fables. Le point de départ est souvent un fait divers rencontré dans l’exercice de son métier de journaliste. Il fait basculer l’évènement dans le fantastique, l’absurde ou le paradoxe. Il en est soit narrateur extérieur, soit narrateur-témoin ou narrateur-acteur du récit.

Dès la première histoire, nous plongeons dans l’univers de BUZZATI pour lequel l’être humain, après avoir passé son existence à poursuivre un but indéfini, découvre, la vieillesse venue, qu’il n’était qu’un mort en sursis. BUZZATI est pessimiste sur la nature et la destinée humaine. Des enfants martyrs, cruels, ou malheureux, des voyous de banlieue, des escrocs de tous poils, des enquiquineurs, des supérieurs cyniques, des vaniteux, des exploiteurs, des promoteurs avides, des progénitures ingrates, des personnes esseulées, des vieillards abandonnés, peuplent son monde. Et les femmes ? Ah, les femmes ! Elles n’ont pas souvent le beau rôle, jalouses perfides, dominatrices. Seule, sa mère est épargnée. L’amour et la passion se nourrit aux dépens de l’un des deux partenaires. Ne désespérons pas ! L’abjection dérive vers l’absurde ou le fantastique. Les ambitions humaines se perdent dans les nuages ou dans les profondeurs de l’enfer.

Et Dino narrateur-acteur, comment se présente-t-il ? Il est modeste, chétif, manipulé, insatisfait du présent. Il convoite à la fois l’opportunité de se promouvoir vers un travail plus prestigieux, tout en craignant l’incertitude du futur.

Après quoi, les hommes foncent-ils si vite ? Insensiblement, le jeune d’aujourd’hui sera le vieux de demain. Le temps fuit si vite !

Dino BUZZATI est marqué par sa formation chrétienne. La vie sur terre n’est qu’un passage dont l’issue sera le ciel ou l’enfer. Le ciel des bienheureux est-il si attractif ? Le bonheur perpétuel n’est-il pas monotone à la longue, au point qu’un saint préfère retourner sur terre ? Pour ce qui est de l’Enfer ? Il constate dans Le Jardin : « Et puis moi qui y suis allé, je ne suis pas bien certain de savoir si l’Enfer se trouve de l’autre côté.»

Buzzati est un moraliste sur le fond. Dans ses récits, il n’y a pas de formules percutantes, ni de courtes morales dans ses contes, ni de moralité dans ses fables. Sa morale perce dans le contenu même de ses textes. Il sublime sa constatation réaliste et pessimiste en la conduisant vers le surréalisme et le surnaturel.

Il est moderne sur la forme. On se surprend à lire à haute voix ses contes. À l’heure du numérique, des films d’animation en  deux dimensions ou en 3D, la représentation de ses histoires fantastiques ou absurdes est tout à fait réalisable tant ses descriptions sont évocatrices. PRÉVERT avait déjà ouvert cette voie avec « Le Roi et l’Oiseau ».

Le recueil est suivi, chez POCKET, d’une postface très intéressante de François LIVI[1], de repères biographiques et de repères bibliographiques.

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le désert des Tartares (1940)

 

[1] François LIVI : Professeur des universités Directeur d’UFR Italien et Roumain http://www.paris-sorbonne.fr/fr/spip.php?article8719

 


7 novembre 2010

LE RIVAGE DES SYRTES (1951) - Julien GRACQ (1910~2007)

LE RIVAGE DES SYRTES (1951) Julien GRACQ (1910~2007)

 

Le Rivage des Syrtes situe dans un monde imaginaire le processus qui conduit au déclenchement d’une guerre. L’action se situe dans la seigneurie d’Orsenna, état du type de Venise ou Carthage en déclin. Le narrateur et héros est un jeune patricien qui rompt avec une vie facile et un avenir tracé d’avance pour aller loin de la capitale au front du Sud, en tant qu’observateur. « Le front des Syrtes » est celui d’une guerre en suspend, oubliée depuis 300 ans, avec un pays d’Orient fabuleux, au delà de la mer du Farghestan.

Aldo entre pénètre dans un espace désolé, infini, monotone, baigné d’épais brouillards, soumis  aux excès de température. L’écoulement du temps est indéfini. GRACQ nous fait partager cette atmosphère et le vague du temps, par de longues descriptions, des phrases interminables allongées par l’utilisation systématique des digressions, des points-virgules et l’emploi d’expressions en italique. Cette mise en scène, ce style obsédant, déroutent le lecteur et font qu’il est aussi difficile d’entrer dans le récit que dans la province des Syrtes. Les seuls repaires sont la ville de Maremma, capitale de la province, une Venise en décomposition, le fort isolé et désolé où veille l’équipe du capitaine Marino face à l’inconnu, une ville en ruine, Sagra, un domaine agricole de pionniers dont le propriétaire agonise, un cimetière désolé dans la lande.

 

Comme Aldo, nous guettons le moindre signe ou acte qui émerge de son attente fascinée, de sa contemplation des cartes, de la magie des noms ,d’une patrouille vaine, des rumeurs et des sous-entendus de la population, comme une voile aperçue, la vue d’un bateau de contrebande dans les ruines de Sagra. Nous suivons sa lutte contre le capitaine Marino qui maintient le statu quo au prix d’une tension continuelle. Ce dernier a transformé ses soldats en paysans. La veille aux créneaux, face au vide de la mer, les rituels quotidiens sont le rempart dressé contre la tentation.

A Maremma, il retrouve Vanessa Aldobrandi, héritière d’une faction d’aventuriers et de traître. Celle-ci l’emmène dans l’île de Vezzano d’où l’on voit le volcan Tängri qui domine le Farghestan. Elle l’investit d’une mission dans des termes obscurs qui consonnent avec un sermon gnostique entendu la nuit de Noël à Saint-Damase, et des consignes arrivées de la seigneurie dans de mystérieuses enveloppes.

Pendant l’absence du capitaine Marino, Aldo conduit une croisière de reconnaissance. Le franchissement de la ligne de démarcation fictive séparant les deux états, se fait dans une exaltation calme, avec l’aisance du rêve. Il éprouve la certitude d’accomplir sa « mission ». Au moment de toucher le Tängri, trois coups de canons retentissent, le Redoutable fait demi-tour.

L’acte, qui, en soi, est une faute, devient évènement. La collectivité s’empare du médiateur qui a réalisé ses désirs épars et en fait un héros. Par le jeu des versions qui circulent et des fictions de la vie politique, le processus enclenché conduira de lui-même à des actes de guerre, et à la destruction d’Orsenna qui nous a été annoncée dès le début de l’histoire.

             Marino est chassé. Alors qu’il transmet ses pouvoirs à Aldo qui doit prendre le commandement des Syrtes, il tombe du rempart, disparaissant dans les fonds vaseux de la lagune. Accident, suicide ou assassinat ?

Convoqué à la seigneurie, Aldo retourne à Orsenna. Il revoit son père et son ami Orlando. Il y rencontre, dans le palais aux intrigues florentines, le vieux Danielo, instigateur caché de l’acte d’Aldo à qui il tente de donner une explication.

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LES PERSONNAGES :

 

Les personnages du récit sont les intermédiaires entre le héros et la collectivité.

Sur le portrait qui orne la chambre de Vanessa, les yeux de Pietro Aldobrandi, transfuge d’Orsenna trois cent ans plus tôt, fixés vers le large en direction de Rhaghes au Farghestan semblent porteurs d’un message. Sur les autres potraits, les autres personnages n’ont pas de regard ou ceux-ci sont fuyants.

Vanessa est l’instigatrice, c’est elle qui répand les bruits qui courent dans la ville. C’elle qui pose l’acte d’Aldo en fait héroïque. On la sait fascinante et imprévisible mais nous n’avons que sa chevelure pour nous la représenter.

Marino, le capitaine, est un homme droit qui veut éviter tout geste provocateur. Conscient du danger de l’inaction, il fait de ses marins des agriculteurs et maintient le fort dans une routine de guet et de reconnaissance scrupuleuse dans les lignes de démarcation entre les deux états. Sa lutte d’arrière-garde et désespérée contre les changements qui se profilent en fait un personnage attendrissant.

Fabrizio est un jeune homme impulsif, dynamique à qui Marino reproche l’inconséquence des actes. C’est lui qui tient la barre du Redoutable, la nuit fatale. Il est le bras qui passe à l’acte.

Le policier Belsenza, intermédiaire entre la masse turbulente et dangereuse du peuple pauvre et méprisé, et les agents du pouvoir, personnage antipathique, trouble, n’hésite pas à utiliser des sévices pour alimenter ses interrogatoires comme la flagellation de la diseuse de bonne aventure.

Le vieux Carlo, en fin de vie, pressent le changement des temps.

Aldo non plus n’a pas d’image, sinon des mains fortes.

Le vieux Danielo, de la génération du père d’Aldo, instigateur caché de l’acte de ce dernier, semble être un prétexte au support du discours.

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LES PAYSAGES :

              La description des paysages est au service du récit. Tout paysage est contemplé dans la posture du guet : chemin de ronde, chambre-promontoire, passerelle de bateau. Le paysage dominant est la lande rase couverte de joncs.

 Les villes, Orsenna, Maremma, Sagra, La Rhages du portrait, sont toutes exposées à la mer. Orsenna est une ville sur pilotis. Elles ne présentent pas de trace de vie économique. Les bas quartiers sont occupés par la masse misérable et houleuse, au-dessus, les quartiers de négoce, puis les demeures patriciennes, et au sommet, les casemates du pouvoir. À Maremma, le palais Aldobrandi domine la ville et la lagune et est ouvert à tous les vents. 

           Les trajets se font à pieds, à cheval, en voiture, mais on en ignore le type de propulsion. Le Redoutable consomme du charbon.

 

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              LA FIN :
Elle est connue dès le début du livre. Cependant elle surprend. Il semble manquer quelque chose. Le discours-justification de Danielo est peu convainquant sur le plan rationnel. Il est inquiétant pour ce qui concerne la responsabilité des personnages au pouvoir.


              CONCLUSION :


Les connaissances de GRACQ en histoire et en géographie se retrouvent dans la précision des évocations.

 Son attirance pour le surréalisme est sensible dans le propos de l’ouvrage : l’atmosphère dans laquelle Aldo vit, conduit ses actions comme dans un rêve éveillé. Il est entre deux vies, entre deux massacres, celui de Rhages du tableau Aldobrandi et la future destruction d’Orsenna. Il est médiateur et non pas acteur, il est porté par les circonstances. Qui est ce mystérieux visiteur nocturne ? Ne serait-ce pas le retour de conscience après l’accomplissement de l’acte décisif ?

  L’atmosphère des années 1936-39 qui a amené le déclenchement de la seconde guerre mondiale a probablement influencé l’auteur. Le livre a été publié en 1951, la guerre n’était pas loin.

                L’œuvre ne laisse pas indifférent, bien que le lecteur ne reste qu’observateur.

L'inspiration de ce roman de Julien GRACQ n'est pas sans rappeler celui de l'Italien Dino BUZZATI (1906~1972), paru en 1940 Le Désert des tartares.


8 mai 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - Biographie - Bibliographie

Rachid BOUDJEDRA  (1941) – Biographie Bibliographie [1]

         Rachid BOUDJEDRA, écrivain et poète algérien, est né en 1941 à Aïn Beida dans la Constantinois. Il est issu d’une famille bourgeoise. D’après Mokhbi ABDELOUAHAB[2], Rachid BOUDJEDRA serait l’aîné de trente-six enfants. Sa mère était la première épouse de son père, qui, tyrannique et féodal, était quatre fois polygame. Il a une sœur et un frère.

         Rachid BOUDJEDRA commence ses études à Constantine puis en Tunisie, à Tunis. En 1959, il prend le maquis où il sera blessé. Il voyage ensuite, comme représentant de FLN, dans  les pays de l’Est, puis en Espagne. Après l’Indépendance de l’Algérie, il rentre au pays et reprend des études de philosophie à Alger et à Paris. C’est un étudiant syndicaliste. Il obtient une licence de philosophie à la Sorbonne en 1965 et présente un mémoire sur CÉLINE.

        Il se marie avec une Française et se destine à l’enseignement  (Blida). Après la prise du pouvoir par Boumediene  en 1965, il quitte l’Algérie. Faisant l’objet d’une condamnation à mort par une fatwa, il est interdit de séjour en Algérie pendant plusieurs années. Il vivra d’abord en France de 1969 à 1972 où il sera professeur de philosophie au lycée de Coulommiers, puis il ira vivre au Maroc où il enseignera jusqu’en 1975.

       En 1977, il devient conseiller pour le ministère de l’Information et de la Culture. Il participe à la rubrique culturelle de la revue hebdomadaire Révolution africaine. Il est membre de la ligue des droits de l’homme.

         En 1981, il est nommé lecteur à la SNED et enseigne à IEP d’Alger.

         Il est condamné par une fatwa du FIS en avril 1983.

         Rachid BOUDJEDRA écrit indifféremment en langue arabe ou en langue française.

SON ŒUVRE :

Pour ne plus rêver, poèmes (1965) ; La Répudiation (1969) ; La Vie quotidienne en Algérie (1971) ; Naissance du cinéma algérien (1971) ; L’Insolation (1987) ; Journal palestinien (1972) ; L’Escargot entêté (1977) ; Topographie idéale pour une agression caractérisée (1975) ; Les 1001 Années de la nostalgie ; (1979) ; Le Vainqueur de coupe (1981) ; Extinction de voix, poèmes (1981) ; Le Démentellement (1982) ;La Macération(1984) ; Greffe (1985) ; La Pluie (1987) ;La Prise de Gibraltar (1987) ; Le Désordre des choses (1991) ; Fis de la haine (1992) ; Philippe Djian (1992) ; Timimoun (1994) ; Mines de rien, théâtre (1995) ; Lettres algériennes (1995) ; La Vie à l’endroit (1997) ; Fascination (2000) ; Le Directeur des promenades (2002 ; Cinq Fragments du désert 2001) ; Les Funérailles (2003) ; Peindre l’Orient (1996) ; Hôtel Saint Georges (2007)

Rachid BOUDJEDRA a également écrit des scénarios d’une dizaine de films. Chronique des années de braise (Mohamed Lakhdar-Hamina) a obtenu en 1975 la Palme d’or au Festival de Cannes ; Ali au pays des mirages Ahmed Rachedi) en 1980 a obtenu le Tanit d’or au Festival de Carthage.

 



[1] Biographie établie avec un document Wikipédia

13 novembre 2011

Sándor MÁRAI (1900~1989) - Les Braises(1942

Sándor MÁRAI (1900~1989) - Les Braises(1942

     Henri, un vieux général, s’apprête à recevoir Conrad, son ami de jeunesse qu’il n’a pas revu depuis son départ précipité à la suite d’une partie de chasse 41 ans plus tôt et dont il n’avait plus aucune nouvelle. Sa carrière militaire achevée, le vieil homme s’est retiré sur ses terres et vit seul dans une partie du château familial, isolé dans un immense domaine forestier.

     Enfants, Henri et Conrad se sont liés d’une amitié fraternelle très profonde,  à l’Académie militaire de Vienne. Comme ses congénères venus de toutes les parties de l’empire Austro-hongrois, Henri est un fils d’une grande famille hongroise. Son père est officier de la Garde impériale. Contrairement à ses camarades, la famille polonaise de Conrad est pauvre. Fonctionnaire méritant, son père a reçu le titre de baron tandis que sa mère appartient à une famille aristocratique ruinée suite au dépeçage du pays par les impériaux. Les deux amis sont inséparables et passent même leurs vacances ensemble. Conrad est reçu comme un fils par les parents d’Henri.

    Jeunes officiers, leur amitié passionnée reste un lien indissoluble malgré leurs différences de plus en plus marquées, de condition sociale et de caractère. Henri excelle dans les exercices physiques et la chasse, aime les revues et les parades militaire, la vie mondaine, la musique des bals viennois, les femmes légères et fait la bamboche. Conrad  n’a pas la vocation militaire, mais il s’efforce de son mieux être digne de l’ambition démesurée que ses parents ont mis en lui et pour laquelle ils se sacrifient. Le jeune homme mène une vie studieuse et sobre, refuse toute aide pécuniaire de son ami, souffre d’être son obligé. La musique est sa passion. N’a-t-il pas Chopin dans sa parenté ? Cette passion, il la partagera avec la mère française d’Henri, puis avec l'épouse de son ami. C’est Conrad qui a présenté Christine à son ami. Le père de la jeune fille était un musicien contraint par une infirmité à enseigner et à copier des partitions, qui a travaillé pour lui. L’amitié des deux hommes a continué avec ce mariage. Henri, qui n’a pas de sens artistique, considère d’abord leur goût pour la musique comme une marotte insignifiante. Peu à peu, il vivra leur communion musicale comme un langage hermétique qui l’isole, lui, qui a tant besoin de se sentir aimé. Cette passion pour initiés est en quelque sorte diabolique.

     Le vieil homme attend des réponses aux questions qu’il se pose depuis 41 ans, à propos d’une partie de chasse au cours de laquelle il a la certitude d’avoir perçu un geste manqué suivi du départ, sans explication, de son ami.

     La deuxième partie du roman a pour cadre une reconstitution du décor du dernier repas pris la veille de cette chasse.  Les deux vieillards revivent la soirée  en huis-clos autour du même menu. Christine est décédée depuis, mais son couvert est mis. Son fauteuil vide sépare les deux hommes installés devant la cheminée. Le vieux général expose le fruit de ses analyses sur la relation passionnelle qui le liait à son ami, sur sa perception au cours de cette chasse et sur ses découvertes à la suite de la fuite de Conrad. Après avoir abordé ce qu’il avait vécu aux tropiques pendant toutes ces années, tel un psychanalyste, Conrad, recentre sur le sujet l'exposé de son ami et relance régulièrement les explications du général. A quoi le Henri en veut-t-il venir ?

     Cet ouvrage présente les caractéristiques d’une tragédie classique :

-       unité de temps : L’action s’étend sur la même journée.

-       unité de lieu : le château d’un immense domaine

-    unité d’action : les retrouvailles de deux hommes qui furent des amis de jeunesse après 41 ans de séparation.

     Sándor MÁRAI, par une habile construction dramatique du roman, nous tient en haleine et attise notre réflexion. Qui dit passion dit aussi amour, possession, chantage, jalousie, haine, rupture, suicide, meurtre...

     Le sujet du livre n’est pas politique, mais l’Histoire et les évènements politiques d’Europe centrale de 1860 à 1940 sont en filigrane. On pourrait cependant avoir l’audace de considérer cette histoire aussi comme une métaphore les illustrant. Le capitaine de la Garde, et le vieux général seraient représentatifs de la grandeur, la richesse, le prestige, la culture, la puissance de l’Empire Austro-hongrois assemblant et protégeant de multiples nations. Christine et Conrad représenteraient ces pays aux traditions si différentes que seul, l’empire unit. La langue régionale, la musique et les danses folkloriques les aident à se ressourcer. Ces singularités exotiques, d’abord considérées comme vénielles par le pouvoir central, deviennent un mode de ralliement, un langage ésotérique inquiétant et finalement le véhicule de l’aspiration de ces peuples à l’autonomie, à l’indépendance. Ce mouvement débouchera sur leur révolte sanglante.

     La traduction de Marcelle et Georges Régnier donne un texte fluide agréable à lire permettant d’apprécier tout le talent de l’écrivain Sándor MÁRAI.

 

6 mai 2012

SALLENAVE Danièle – Viol Six entretiens, quelques lettres et une conversation finale (1997)

SALLENAVE Danièle – Viol

Six entretiens, quelques lettres et une conversation finale (1997)

      Dans une cité ouvrière du Nord de la France, Madeleine Dumonchel accepte de recevoir Sophie Dauthry, qui vient de Paris afin de tenter de comprendre ce que vit cette femme dont le mari est condamné à dix ans de prison, pour inceste.

     La visiteuse se trouve face à une femme fatiguée, tourmentée. Tandis que le magnétophone tourne, Mado confie que sa vie est brisée depuis trois ans et demi. Elle ne peut oublier le matin où les gendarmes sont venus arrêter son mari. Elle n’en dort plus et pense à lui sans arrêt. Il n’a rien fait. C’est un coup monté par des gens qui leur en veulent.

 *

     Conduire l’entretien est chose délicate pour la femme qui la questionne. Mado s’enferre dans des explications contradictoires pour éluder constamment la faute de Lucien. Son interlocutrice sent qu’à la moindre maladresse de sa part, Mado peut se murer dans le silence et mettre fin à la rencontre. Aussi, tout en revenant sur les faux fuyants, se montre-elle bienveillante et réamorce prudemment les confidences de Madeleine. Elle l’écoute raconter son enfance culpabilisée, mal aimée, sa famille, sa vie sans horizon, la fatigue, la déprime, les horaires décalés, le réconfort dans l’alcool, la solitude, son amour pour Lucien, les autres, les jaloux qui complotent, la frustration d’être née du mauvais côté. Ses fils ? Elle ne les voit plus. Sa fille à laquelle elle était si attachée ? Non plus. Et surtout elle ne veut plus revoir Maud, la fille de Lucien par qui tout est arrivé ! Mal conseillée, c’est elle qui a tout manigancé.

     À mesure des entrevues, se révèle l’enchevêtrement d’inculture, de manque de repère, d’ignorance, de non-dits, de mensonges, de frustrations, de rancœurs, d’égoïsme, qui a favorisé l’aveuglement volontaire de cette mère confrontée au viol de Marie-Paule, sa fille de treize ans, jusqu’aux révélations insupportables de la conversation finale, quatorze mois plus tard.

***** 

     La plupart des viols d’enfants et de mineurs ont lieu dans le cadre familial ou l’entourage immédiat de la famille, nous dit-on. Comment se fait-il que l’autre parent n’ait rien vu, rien su, n’ait pas réagi… ? Telle est la question que nombre d’entre nous se posent à chaque nouvelle affaire divulguée dans les médias. Danièle SALLENAVE a choisi le biais de la fiction pour donner directement la parole à une mère d’enfant violée par son conjoint. Partenaires de ce tête à tête, les lecteurs entrent au cœur du problème.

Danièle SALLENAVE (1940) - La Vie fantôme (1986)

Danièle SALLENAVE (1940) - Les Portes de Gubbio (1980)

Danièle SALLENAVE (1940) - Biographie et Bibliographie  

16 mai 2012

Théophile GAUTIER (1811~1872) - Le Roman de la Momie )1858) suivi de : Une Nuit de Cléopâtre (1838)

Théophile GAUTIER (1811~1872)

Le Roman de la Momie )1858) suivi de : Une Nuit de Cléopâtre (1838)

     Le Roman de la Momie est précédé d’une dédicace d'Ernest FEYDEAU[1] auprès de qui il a trouvé une abondante documentation sur les rites funéraires de l’ancienne Égypte. Ce fut d’abord un feuilleton qui parut dans « Le Moniteur » de mars à mai 1967 puis fut publié en volume, en 1868, bien avant que Théophile GAUTIER ne soit allé lui-même en Égypte.

     L’auteur expose dans le prologue les circonstances qui ont amené un jeune lord anglais,  riche et dilettante, à monter une expédition afin de découvrir une tombe inviolée dans la vallée des rois. Leur quête est vouée au succès. La momie, une jeune fille couverte de bijoux est parfaitement conservée. Un rouleau de papyrus manuscrit trouvé à côté de la jeune morte révèlera, après traduction, l’histoire de Tahoser, fille du grand prêtre d’Égypte.

      Le regard d’épervier de Pharaon a daigné s’abattre sur Tahoser, la fille du prêtre Pétamounoph. Seulement, voilà ! Tahoser s’est éprise d’un jeune Hébreux, Poëri, et celle-ci est prête à tous les stratagèmes pour déjouer la vigilance de son entourage et même à partager le sort misérable du peuple hébreu réduit en esclavage.

      L’histoire se déroule à l’époque de Moïse et de son frère Aaron et des fléaux qui se sont abattus sur l’Égypte, précédant l’errance dans le désert du peuple hébreu libéré, en route vers la Terre promise.

****** 

     Théophile GAUTIER s’est sérieusement documenté pour écrire son roman. L’orientalisme est à la mode à l’époque. Il a le souci du vocabulaire exact et du détail précis. Ses descriptions sont si évocatrices que le lecteur, surtout s’il a déjà visité la Vallée des Rois, n’a aucun mal à découvrir la tombe de Tahoser à la suite de lord Evandale et de l’Égyptologue Rumphius,  conduits par l’entrepreneur de fouilles grec Argyropoulos.

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      Une Nuit de Cléopâtre est parue en feuilleton en 1838 et 1839 en six épisodes dans La Presse. Théophile GAUTIER exploite dans cette nouvelle, le mythe de Cléopâtre, reine d’Égypte aux multiples amants d’une nuit sacrifiés à l’aube.



[1] Ernest FEYDEAU (1821~1873), écrivain, lui-même, est le père de Georges FEYDEAU (1862~1921), le vaudevilliste.

1 juillet 2012

Yasmina KHADRA (1955) - L’Attentat (2005)

Yasmina KHADRA (1955) - L’Attentat (2005)

   Le propos du roman se situe dans l’actualité du conflit israélo-palestinien. Bédouin de nationalité israélienne, Amine Jaafari, est un chirurgien arabe, qui vit  à Tel-Aviv. Il exerce dans un hôpital de la capitale où sa compétence est reconnue. Parfaitement intégré dans la société israélienne, ce praticien renommé a de nombreux amis juifs et jouit d’une réussite sociale certaine.

   Un attentat s’est produit dans Tel-Aviv. Une jeune femme s’est fait exploser dans un restaurant rempli de convives. Les nombreuses victimes sont amenées à l’hôpital où travaille le docteur Jaafari. Ce dernier a soigné et opéré les survivants jusque tard dans la nuit. Épuisé, à peine rentré chez lui, il est rappelé d’urgence pour examiner la dépouille de la terroriste. Atterré, Jaafari découvre que le corps de la kamikaze est celui de son épouse.

   Comment comprendre l’inimaginable ? Les pensées et les sentiments d’Amine se bousculent. Petit à petit, l’impossible réalité se révèle. Le mari comblé découvre que la femme qui partageait son intimité avec lui, n’était pas celle qu’il croyait connaître.

   La quête d’Amine nous conduit d’Israël en Palestine et en Cisjordanie, dresse un tableau de la complexité de la situation politique dans cette région du Moyen-Orient et nous fait pénétrer à l’intérieur des communautés israélo-palestiniennes. Le chirurgien qui suivait son idéal : soigner et réparer les corps, l’homme qui pensait avoir construit sa vie en dehors de la guerre, découvre qu’il s’y trouve mêlé par le suicide de sa femme. Amine comprend que sa maison a servi de repaire aux extrémistes à son insu et réalise que ce qu’il vit comme une catastrophe insupportable et irréparable est  considéré par ses proches comme un acte héroïque sanctifiant.

   Au cours de son enquête, il se retrouvera piégé par deux factions palestiniennes, sera battu et maltraité, séquestré. En représailles, il verra la maison tribale détruite, les siens chassés de leur terre, par les israéliens. Lui, qui se considérait maître de son destin, qui voulait trouver seul la cause de son malheur, sera le jouet de tous les camps, à la fois victime et appât.

*****

   La construction du livre est surprenante, commençant par la fin, avec un retour sur la fin. Pourtant informé depuis le début de l’issue de l’histoire,  le lecteur, qui au fil du récit s'est pris à espérer un avenir différent pour Amine, est décontenancé de se retrouver au dernier chapitre dans la même situation qu’au premier. Cette construction illustre le thème du propos dans lequel chaque pas afin de trouver un arrangement conduisant à la paix est entravé par des attaques, des attentats, des représailles sanglants qui renvoient vers le centre d’une spirale infernale.

    L’auteur, Yasmina KHADRA, souligne tous les éléments qui rapprochent les partis antagonistes et tous les ressentiments qui les séparent, mais l’empathie du lecteur est entravée par son plaidoyer en faveur d’une recherche d’entente qui prend parfois le pas sur la crédibilité de l’intrigue jusqu’à la caricature. 

 

23 août 2012

LA TROISIÈME CROISADE (1189-1192)

LA TROISIÈME CROISADE (1189-1192)

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LIBAN - Saida - le Château de Sidon

 SYRIE - Le Krak des chevaliers

13 août 2012

LES ROYAUMES DE BOURGOGNE

LES ROYAUMES DE BOURGOGNE

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8 décembre 2012

William BOYD (1952) – Waiting for Sunrise – L’attente de l’aube (2012)

Image L'attente de l'aube

 

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24 août 2014

De la « Manufacture Royale de l’Anglée » (1740) à l’usine Hutchinson de Châlette-sur-Loing de nos jours

De la « Manufacture Royale de l’Anglée » (1740) à l’usine Hutchinson de Châlette-sur-Loing de nos jours

Usine Hutchinson Châlette-Vésines - le port (photo F. Martin)

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Langlee_Chalette_Vesines

3 juillet 2011

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice MATTHIEUSSENT[1]

Dans Retour en terre, Jim HARRISON nous conduit à nouveau auprès de la famille Burkett qui avait fait l’objet du roman De Marquette à Veracruz (2004). Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis la mort tragique du père de famille au Mexique. Donald, le mari métis Chippewa-Finnois de Cynthia est corbeau PAPOatteint de la maladie de Lou Gehrig[2].

Conscient de l’évolution inéluctable de son mal et de celle, tout aussi inexorable, de la civilisation de ses ancêtres, Donald décide de transmettre à ses enfants l’histoire de leurs ascendants. La première partie du livre est la transcription par Cynthia du récit  de son époux. La saga de trois générations de Clarence s’accompagne d’un testament spirituel acquis sur la terre de ses ancêtres au cours de son initiation aux rites des Indiens Anishnabe. Cynthia complète le récit de Donald de  précisions et de commentaires explicatifs, placés entre crochets.

Dans laLa coiffure Mohawk PAPO deuxième partie, K, le fils de Polly, très proche de Donald en qui il a trouvé un oncle d’adoption après la mort accidentelle de son père, reprend le récit. La famille, regroupée autour du couple, s’emploie à ménager le malade et soulager ses souffrances. L’échéance venue,  tous ses proches accompagnent l’agonisant vers la délivrance qu’il a choisie et participent à l’exécution de son vœu de retour en terre rituel, sur le lieu de son initiation spirituelle.

Très éprouvée, épuisée par sa lutte contre l’impitoyable mal, lentement, Cynthia, dans la quatrième partie, fait face à l’absence, à la douleur, à la dépression qui suit la mort de l’homme qu’elle aimait. Quel sens donner à la vie  désormais? Comment apprendre à vivre autrement ? Comment réapprendre à aimer ? 

Les évènements relatés s’écoulent sur une année. En réalité, ils sont composés d’un assemblage de souvenirs, de divers points de vue sur de mêmes faits, d’anecdotes sans cohérence les unes et les autres. Des récits en vrac bien rendus composent le message de Donald pressé par le temps qui lui reste ; ses idées se bousculent et les digressions se multiplient. Des échanges  sans homogénéïté, des afflux de souvenirs se rattachant à Donald, des questions existentielles, ces propos décousus tenus par les membres de son entourage témoignent de leur perturbation. Leurs obsessions et le présent bassement terre à terre imprègnent ce chaos hétéroclite. Un discours instable traduit le travail de deuil  de Cynthia doublé de son inquiétude devant l’état dépressif quasi suicidaire de sa fille Clara.

Dans la troisième partie, le frère de Cynthia, David, vours noir d'Amérique PAPOientpasser l’été dans son chalet dans le Nord, après la mort de Donald. Il  été retenu par ses occupations au Mexique où il apporte de l’aide aux immigrants latinos qui tentent de franchir la frontière mexicaine. Le meurtre du père et la publication de l’essai sur les méfaits de la famille Burkett ruminés sur trois décennies, n’ont pas délivré David n° 4 de ses démons. Bien que sorti du Golfe du Mexique, David continue de mener sa barque avec une seule rame, c'est dire qu’il n’avance pas.

Jim HARRISON tirerait-il sur la ficelle ? Cette narration davidienne, insérée dans le fil du roman, donne une impression de déjà vu, de redit. Ce procédé avait déjà été exploité plus habilement dans des romans antérieurs, en particulier dans La route du retour (1998).

Dans De Marquette à Veracruz, Jim HARRISON avait privilégié les conséquences de l’action des colons venus du nord de l’Europe sur les ressources naturelles. Dans Retour en terre, tout en laissant planer leur caractère mystérieux, il s’intéresse à travers Donald, à la survivance de la spiritualité de certaines populations autochtones de la région des Grands Lacs, aux vertus prémonitoires qu’elles attribuent aux rêves et leur foi dans une réincarnation animale de l’esprit d’un défunt.

[1] [1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi  à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

[2] Lou Gehrig est le nom d’un joueur de baseball célèbre mort de cette maladie en 1941. Il s’agit de la  sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot qu’on appelle maladie de Lou Gehrig aux États-Unis. http://fr.wikipedia.org/wiki/Scl%C3%A9rose_lat%C3%A9rale_amyotrophique

 

17 décembre 2013

JOHN STEINBECK (1902~1968) - Grapes of Wrath (1939) - Les raisins de la colère (1947)

JOHN STEINBECK (1902~1968)

Grapes of Wrath (1939) - Les raisins de la colère (1947)

Traduit de l’américain par Marcel DUHAMEL et M.–E. COINDREAU

Cliquez sur le lien, ci-dessous, pour ouvrir le document PDF:

JOHN_STEINBECK___Les_raisins_de_la_col_re__1939_

 

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guimbarde de migrant

Sans titre

 

file de guimbardes

 

21 mars 2015

GUERNICA (26 avril 1937)

Que s’est-il passé à Guernica ?

Pourquoi Guernica ?

Guernica, l'œuvre de Picasso

Lien vers le fichier PDF :

Guernica_26_avril_1937

Photo du bombardement de Guernica

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