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12 juillet 2010

François VALLEJO (1960) - L’Incendie du Chiado (2008)

François VALLEJO (1960) - L’Incendie du Chiado (2008) 

Mais qu’est-ce qui a poussé ces trois hommes et cette femme à se jeter dans ce brouillard de fumées, de suie grasse et de poussières, malgré le hurlement des curieux et des rescapés ? Qu’est-ce qui les attire dans cette fournaise battue par ce violent vent du Nord qui attise les flammes et déverse une pluie de cendres ? Pourquoi ont-ils quitté la pagaille, l’agitation, la foule des résidents survivants évacués, pour se jeter dans le ronflement des flammes, le fracas des écroulements de façades ? Pourquoi ont-ils quitté le groupe des badauds malgré les ordres, les injonctions, les appels, les cris horrifiés ? Pourquoi ont-ils enfreint les consignes, franchit le cordon de sécurité et forcé le barrage qui les séparait du brasier et des poutres incandescentes ? Pourquoi ont-ils pénétré dans le Chiado en feu depuis l’aube de ce jeudi 25 août 1988 ?

Certes, Carneiro, ce vieux gardien de cinéma septuagénaire, veut sauver ou périr avec son misérable bien ! Certes, Eduardo, le photographe de presse, souhaite alimenter Le Reportage de sa Carrière avec ses clichés sur le théâtre du sinistre ! N’a-t-il pas couvert le Liban ? Certes le Français devait rencontrer quelqu’un au café Al Brazilieira pour obtenir des renseignements d’une grande importance à ses yeux ! Certes, Augustina, cette femme éperdue cherche sa fille qu’elle devait retrouver aux Grandes Armazéns do Chiado ! Mais maintenant que l’escalier accédant aux étages de son immeuble s’est éboulé, que l’objectif du Canon est détruit, que l’interlocuteur inconnu et la fille sont introuvables, qu’ont-ils à rester dans ces quartiers dévastés, à fuir les patrouilles de surveillance, à s’abriter des survols des hélicoptères ? Que veulent-ils au fond ? Est-ce pour piller les décombres, les boutiques de luxe, les appartements abandonnés à la hâte, ce qu’il y reste d’objets de valeur ? L’incendiaire se cache-il ou se cache-t-elle parmi eux ?

Comment tenir sans eau, sans nourriture, sans gaz ni électricité, sales, en loques dans les ruines fumantes de l’incendie de Lisbonne ? Il n’y a pas de mal à prendre les denrées périssables épargnées dans les ruines des commerces. Seulement, quelqu’un rôde, passe derrière eux ou avant eux. La vue perçante d’Augustina repère une silhouette bleue qui les suit ou les précède où qu’ils aillent. Partagés entre individualisme, solidarité, confiance et méfiance, agressivité et passivité, les quatre naufragés volontaires s’organisent.

Un cinquième personnage, la silhouette entraperçue, un certain Juvenal Ferreira se joint à eux apportant opportunément la flamme de son briquet d’argent et se présentant comme l’homme indispensable. Quel individu inquiétant ! Qu’est cet homme chauve au costume bleu si net, si propre dans un tel environnement ! Le Français l’avait déjà repéré en ville. Est-ce un officier de police avec sa manie de questionner ses compagnons et d’élucider les réponses à leurs demandes ?

Soudés du fait des circonstances, tous les cinq se cachent, organisent leur survie, se transforment en pillards, en saccageurs. Alternant confessions et agressivité, moment d’exaltation et d’abattement. Dans un huit-clos étouffant, le mystérieux Juvenal, chevalier de l’Apocalypse garde un implacable ascendant sur les autres, les soumet tour à tour à un interrogatoire sans concession. Manipulateur perspicace, il démolit un à un leurs petits alibis. Inquisiteur pervers, il leur fait avouer les mobiles cachés de leur décision de rester dans ce quartier calciné.

Mis à nu à la faveur de la nuit, dès les lueurs de l’aube du lundi, chacun des quatre fuit son image lacérée tandis que le messager de l’ordre poursuit sa mission purificatrice.

 Vingt ans plus tard, François VALLEJO, qui a assisté à l’incendie du Chiado, ce 25 août 1988, nous fait revivre la disparition de ce quartier historique. Il en a fait le cadre et le prétexte d’un drame dans lequel la tension psychologique progresse tout au long du récit, au rythme de la clarté des jours et de l’obscurité des nuits.  

François Vallejo s’est surtout intéressé dans cet ouvrage aux conflits internes de chaque protagoniste par rapport à son histoire personnelle, son tempérament ou son statut social.

  Voir Biographie et bibliographie de François VALLEJO

 Quelques photos et un bilan de l’incendie du Chiado sur ce site :

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