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24 mai 2010

LES COURANTS DANS LE THÉÂTRE AVANT 1914

[Résumé écrit d’après Le Robert des noms propres (2006), le XIXème siècle et le XXème siècle de LAGARDE et MICHARD (1985 pour le 1er et 1980 pour le second)]

 

 

LE NÉO-ROMANTISME depuis l’échec des Burgraves de Victor HUGO en 1843, le romantisme semblait condamné. Il connaît pourtant une étonnante résurrection dans les dernières années du XIXème siècle et au début du XXème siècle, quand Edmond ROSTAND (1868~1918) fit représenter Cyrano de Bergerac en 1897, accueilli par l’enthousiasme du public, suivi de L’Aiglon en 1900 puis de Chantecler en 1910.

 

 

LE NATURALISME : Vers 1880, Émile ZOLA s’attaque à ce qu’il appelle la convention, qui affadit la comédie contemporaine : le théâtre naturaliste doit « apporter la puissance de la réalité », multiplier les scènes qui seront « des tranches de vie », sans la moindre concession à la morale bourgeoise, et dans des décors scrupuleusement documentaires. Beaucoup de romans de ZOLA, des GONCOURT, d’Alphonse DAUDET furent adaptés à la scène, généralement sans grand succès.

La nouvelle école adopta bruyamment un écrivain que son caractère tenait à l’écart : Henri BECQUE (1837~1899), auteur des Corbeaux (1882) et de la Parisienne (1885) qui sont les chefs-d’œuvre de cette forme de théâtre.

En s’attaquant au réalisme des décors et à la vérité de l’interprétation, le Théâtre Libre, fondé par ANTOINE en 1887, assurera le triomphe éphémère du drame naturaliste.

Le réalisme social, nuancé à la fois de cynisme et de moralisme, caractérise l’œuvre d’Octave MIRBEAU (1850~1917). Celui-ci décrit dans Les mauvais Bergers (1896), l’antagonisme des classes, et, dans Les Affaires sont les Affaires (1903), il développe une description impitoyable des formes modernes du pouvoir de l’argent.

D’autre part, les pièces courtes et vives dans lesquelles Jules RENARD, inspiré par un naturalisme psychologique plutôt que social, transpose, sous la forme dramatique, son habituelle manière incisive : le pessimisme et l’amertume se résolvent en humour et en cruauté, dans Le Plaisir de rompre (1897), Le Pain de Ménage (1898), Monsieur Vernet (1903) et surtout dans l’adaptation dramatique de Poil de Carotte (1900).

Émile FABRE (1869~1953) schématise les thèses naturalistes, et en fait la matière d’un théâtre à l’emporte-pièce, qui connut à l’époque un assez large succès bien que sa manière manque de force proprement littéraire (L’Argent, 1895 ; Les Ventres dorés, 1905).

 

 

LE « THÉÂTRE D’IDÉES » : Certains dramaturges, qui font alors figure de maîtres à penser, dont l’œuvre, inspirée par la question sociale, glisse du naturalisme aux « idées », ont eu une influence, de valeur inégale, qui fut loin d’être négligeable.

Eugène BRIEUX (1858~1922) écrivit des pièces à thèse qui ont connu le succès : La Robe rouge (1900) qui pose, en termes assez énergiques, le problème de l’administration de la justice et montre comment l’égoïsme et l’intérêt corrompent la fonction judiciaire ; dans Les remplaçantes (1901), il traite les thèmes de la propagande familiale, en montrant que le devoir de la mère est d’élever personnellement ses enfants. Il était l’un des auteurs favoris du Théâtre-libre d’Antoine.

Paul HERVIEU (1857~1915) manifeste dans son théâtre son tempérament de moraliste dans des drames du couple et de la famille qui abordent, avec une grande sobriété de moyens, des problèmes sociaux (Les Tenailles, 1895, sur le mariage ; Le Dédale, 1905, sur le divorce ; La Loi de l’homme, 1897, sur le féminisme) ou passionnels (L’Énigme, 1901 ; La Course au flambeau, 1901).

François de CUREL (1854~1929) est sans doute le représentant le plus notable de ce courant. Son théâtre d’idées a occupé une place de premier plan sur la scène française puis sombra dans l’oubli. Son style, austère, résiste à la tentation de la rhétorique et compense l’abstraction des idées par la puissance suggestive des images. L’art de CUREL  est de faire vivre des personnages qui incarnent des abstractions. Le Repas du Lion (1897) porte sur les rapports entre patrons et ouvriers ; La Nouvelle Idole (1899) sans doute son chef-d’œuvre, soulève le problème des limites morales du pouvoir scientifique. Après la seconde guerre mondiale, Terre inhumaine (1922) aborde le thème de l’amour entre un homme et une femme appartenant à des nations ennemies.

 

 

LE THÉÂTRE D’AMOUR : La psychologie amoureuse reste le thème de prédilection de nombre d’auteurs à la mode.

Henry BATAILLE (1872~1922) représente le mieux le caractère déjà conventionnel du « théâtre de boulevard » où le sujet des pièces à succès est le conflit entre la passion et les obstacles qu’elle rencontre. Son théâtre propose la peinture complaisante de mœurs décadentes dans un style que l’on a appelé « le réalisme sentimental » (Maman Colibri,  1904 ; La Marche nuptiale, 1905 ; La Femme nue, 1908 ; La Vierge folle, 1910 ; L’Homme à la rose, 1920).

Henry BERNSTEIN (1876~1953) décrit les mœurs d’une société où l’argent et la vie sensuelle constituent d’essentielles raisons de vivre. Il transforme la scène en un champ clos où se heurtent passions, intérêts et valeurs morales. C’est un des maîtres de ce qui s’appellera le « suspens » dramatique. Sa psychologie reste conventionnelle et n’échappe pas au risque de la vulgarité. Le succès de son théâtre fut considérable jusqu’aux années de l’après-guerre 1939 (La Rafale, 1905 ; La Griffe, 1906 ; Le Voleur, 1906 ; Samson, 1907 ; Le Secret, 1913 ; Félix, 1926 ; Mélo, 1929 ; La Soif, 1949).

Georges de PORTO-RICHE (1849~1930) conçoit le théâtre comme une anatomie sentimentale dont il dresse les résultats dans son « Théâtre d’amour » qui a pour thème dominant la passion sensuelle, avec les obsessions, les épreuves et les déchéances qu’elle entraîne pour ses victimes (Amoureuse, 1891 ; Le Passé, 1997 ; Le Viel Homme, 1911 ; Le Marchand d’Estampes, 1917).

 

 

LE THÉÂTRE DU BOULEVARD : Le public a apprécié particulièrement, parmi les nombreux auteurs du boulevard, quatre écrivains de talent qui ont produit une vingtaine de pièces chacun entre 1895 et 1914.

Maurice DONNAY (1859~1945) : fit ses débuts au Chat-noir dont la verve légère qui l’anima se retrouve souvent dans son théâtre (Lysistrata, 1892 ; Éducation du prince, 1900) mais qui prend parfois les couleurs plus sombres du drame (Amants ,1895 ; La Douloureuse ; Le Torrent ; L’Autre Danger, 1902 ; Le Retour de Jérusalem, 1904 ; Paraître, 1906 ; Les Éclaireuses.

Alfred CAPUS (1858~1922) : Les Petites Folles, La Veine, La Petite Fonctionnaire, Notre Jeunesse, Un Ange.

Henri LAVEDAN (1858~1940) a été le peintre complaisant de  la société parisienne de son temps : Le Vieux Marcheur, 1899 ; Viveurs ; Le Marquis de Priola, 1902 ; Le Duel, 1905 ; Servir.

Abel HERMANT (1862~1950) : Monsieur de Courpière, Rue de la Paix, La Belle Madame Hébert, Trains de Luxe, Les Transatlantiques, pièce conçue avec des couplets dus à la collaboration avec Franc-Nohain qui en font presqu’une opérette.

 

 

LE VAUDEVILLE ET LA COMÉDIE LÉGÈRE :

Georges FEYDEAU (1862~1921) fut, après LABICHE, le maître du vaudeville. Il porta ce genre mineur à son point de perfection, avec 39 pièces, comédies en trois actes. Entre la farce et la comédie, son théâtre est un perpétuel jaillissement de situations cocasses, de péripéties tumultueuses et absurdes où se trouvent engagés des personnages dénués de réalité et cependant rigoureusement fidèles, dans leur inconséquence, aux modèles proposés. Une logique rigoureuse, renouvelée par le sens de l’inattendu, et la vivacité d’un mouvement vertigineux font la valeur durable de ce théâtre. On peut citer Monsieur chasse (1892), Un Fil à la patte (1894), L’Hôtel du Libre Échange (1894), Le Dindon (1896), La Dame de chez Maxim (1899), Occupe-toi d’Amélie (1908), Mais n’te promène pas toute nue (1912), pièces qui sont encore souvent à l’affiche de nos jours.

Tristan BERNARD (1866~1947), romancier et auteur dramatique, fut surtout un humoriste dont on cite quantité de bons mots. C’est l’humour qui fait le charme de ses romans comme de ses pièces en un trois ou cinq actes depuis Les Pieds nickelés (1895) jusqu’à Jules, Juliette et Julien (1929). L’Anglais tel qu’on le parle est un court vaudeville qui est resté au répertoire. L’Étrangleuse (1908) est une parodie tragi-comique. Les Jumeaux de Brighton est une amusante reprise du thème des Ménechmes[1]. Monsieur Codomat (1907) est une comédie de caractère. Triplepatte (1905) écrite en collaboration avec André GODFERNAUX est une comédie de l’indécision qui unit l’esprit, la fantaisie et la satire légère à une sympathie compréhensive, presque attendrie.

Robert de FLERS (1872~1927) et Gaston Arman de CAILLAVET (1869~1915) inaugurent avec le siècle une collaboration féconde. Ils trouvent leur voie dans la satire des mœurs tout en demeurant indulgents et en émoussant les traits de « rosserie » par une amabilité mondaine et un ton de bonne compagnie : Le Roi (1908), L’Habit vert (1912), La Belle Aventure (1913). Après la mort prématurée de CAILLAVET, de FLERS collabora avec Francis de CROISSET (1877~1937) pour Les Vignes du Seigneur (1923) et le livret de l’opérette Ciboulette (1923).

Georges COURTELINE (1858~1929) stigmatisa avec drôlerie la bêtise, sous toutes ses formes. Il évoqua la vie militaire dans Les Gaieté de l’escadron (1886), Le Train de 8 heures 47 (1888) et Lidoire, tableau militaire (1891). Il fit souvent s’affronter le citoyen-victime à la tyrannie des lois et des magistrats qui les servent : Un Client sérieux (1896), Le commissaire est bon enfant et Le Gendarme est sans pitié (1899).  Il fait la satire des petits fonctionnaires peignant avec une verve comique, et parfois amère, le médiocre despotisme de ces derniers, serviteurs et esclaves d’un règlement absurde : La Lettre chargée (1897). Il montre dans L’Article 333 (1900) et Les Balances (1901) combien il est difficile d’innocenter un homme qui n’a rien fait. Dans la nouvelle adaptée pour le théâtre et montée par Antoine, Boubouroche (1903), il reprend la satire traditionnelle de la femme volage qui bafoue impudemment un mari pleutre et bon et témoigne de sa verve. La Paix chez soi (1903) et La Peur des coups (1894) connurent aussi un grand succès.

 

 

 


 

[1] Les Menechmes : Comédie de Plaute (v. -254~-184), imitée de Ménandre-v. -342~v. -292), contemporain et ami d’Épicure, auteur de comédies. L’un des deux fils jumeaux d’un marchand sicilien a été enlevé. Devenu homme, l’autre part à la recherche de son frère et le retrouve en Épire où celui-ci a fait fortune. Mais la ressemblance entre les deux frères est si grande que chacun, femme, maîtresse et beau-père s’y laisse prendre. Cette confusion engendre une suite de quiproquos et d’incidents comiques à la suite desquels les deux frères se reconnaissent.

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