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21 mars 2015

GUERNICA (26 avril 1937)

Que s’est-il passé à Guernica ?

Pourquoi Guernica ?

Guernica, l'œuvre de Picasso

Lien vers le fichier PDF :

Guernica_26_avril_1937

Photo du bombardement de Guernica

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7 mars 2015

Lydie SALVAYRE (1948) - Pas pleurer (2014)

Lydie SALVAYRE (1948) - Pas pleurer (2014)

     En Espagne, la gauche unie dans un "Frente Popular remporte les élections législatives du 18 février 1936. Le pays connaît immédiatement une vague de violences : confiscation sommaires de terres par des bandes de paysans, pillages, incendie d'églises, de séminaires, de monastères, de journaux d'oppositions ; des grèves générales et partielles etc., comme celles qui avaient accompagné l'avènement de la seconde République espagnole dans les années 1931/32. Ces troubles ont contribué à rallier l'opinion modérée, bourgeoise et catholique aux militaires et aux jeunes fascistes (phalangistes), les adversaires les plus résolus du régime, lesquels s'affairent à la préparation d'un coup d'État. L'assassinat du monarchiste Carlos Sotelo, chef de file de la droite, est l'étincelle qui déclenche l'insurrection de l'armée (le pronunciamiento), d'abord le 16 juillet 1936  au Maroc espagnol puis gagne l'Espagne le 18 juillet. Le Général Franco débarque à la tête des troupes nationalistes composées de 23 400 hommes.

     En 1936, José a 17 ans. Il habite un village coupé du monde figé dans ses traditions ancestrales, sous la coupe de l'église catholique, où les gros propriétaires terriens maintiennent les familles comme la sienne dans une grande pauvreté. Depuis l'âge de quatorze ans, José travaille dans les champs de l'aube à la tombée du jour et, chaque année, entre la récolte des amandes et celle des noisettes, le garçon part comme saisonnier faire les foins dans une grosse propriété des environs de Lérima, pour un salaire dérisoire qu'il est content rapporter à  sa famille. Cette année là, Lérima est gagnée par la fièvre libertaire. L'allégresse et l'enthousiasme règnent dans toute la ville. À son retour au village, José porte un foulard rouge et noir serré autour du cou, peste contre les riches et les curés et  se gargarise de grandes phrases qui sonnent comme autant de promesses fabuleuses qui fascinent sa jeune sœur de 15 ans, Montse.

Barcelone_19_juillet_1936-3-2

     Aujourd'hui, Montse est une vieille dame atteinte d'amnésie. Seul ce merveilleux été où, comme elle, des jeunes gens ont cru qu'un nouveau monde était possible est resté gravé dans sa mémoire. Montse raconte à sa fille Lydie SALVAYRE, l'arrivée au village des idées révolutionnaires, sa découverte d'une ville libérée des tabous sociétaux, de l'émancipation féminine à Barcelone où le temps d'une nuit, elle a aimé André, un Français de passage, père de la sœur aînée de Lydie née en 1937. Pour cacher sa faute, la jeune fille a dû épouser Diego avec qui elle a fuit l'Espagne en janvier 1939 et a trouvé refuge dans le village du Languedoc où elle vit toujours.

 

Visca la llibertat

    Dans leur village de Catalogne gagné par les idées nouvelles, à l'euphorie générale des premiers moments libertaires, succèdent progressivement les manœuvres équivoques des staliniens, les luttes fratricides des différentes tendances révolutionnaires, la désillusion puis la mort de José dont on ignorera sous quelles balles il est tombé.

     Montse s'exprime dans un sabir hispano-français émaillé de termes grossiers, orduriers et de formules vulgaires, que sa fille nous livre avec délectation, sans la moindre traduction. Le lecteur doit se familiariser avec cette langue mixte qui entremêle le français et l'espagnol, livrée dans toute sa brutalité pour entrer dans le récit. 

     En contrepoint, la romancière rapporte la vision de l'ancien camelot du roi Georges Bernanos fixé aux Baléares à Palma de Majorque depuis 1934. Monarchiste, catholique, époux d'une descendante d'un des frères de Jeanne d'Arc, l'auteur de "Sous le soleil de Satan" avait d'abord été favorable à Franco. Au début du conflit, Il se félicitait d'avoir un de ses fils engagé dans les Phalanges. Or, en  en juillet 1936, quand éclate la guerre civile, il est témoin de la répression barbare franquiste, des rafles aveugles par les "Nationaux" avec la complicité du clergé majorquin. L'horreur et le désespoir qu'il éprouve devant ces massacres et ces arrestations arbitraires constituent un des thèmes essentiels de "Les Grands Cimetières sous la lune" (1938). L'écrivain s'éloigne puis rompt définitivement avec l'Action française.  La publication de son pamphlet lui vaudra d'être qualifié de "gauche" par certains après avoir été classé de "droite".

     En replaçant les bribes révélées par les réminiscences maternelles dans leur contexte  chronologique, idéologique et le cynisme des enjeux stratégiques européens, la romancière tire de l'ombre la tragédie vécue par les quelque 600 000 morts durant la Guerre civile et les 400 000 Républicains, pour la plupart anonymes, contraints de s'exiler en 1939, afin d'échapper à la répression de la dictature franquiste.

     Dans "Les Cimetières sous la lune", Bernanos ouvre de nouvelles perspectives: il proclame que cette violence est le symptôme d'une crise profonde de la civilisation occidentale. Un malaise qui s'est confirmé au cours du déroulement et des conséquences de la Deuxième Guerre Mondiale. Hélas, toujours à l'ordre du jour en regard du contexte international actuel !

     Le Prix Goncourt 2014 a été attribué à Lydie SALVAYRE pour son livre Pas pleurer.

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