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27 février 2011

William FAULKNER (1897~1962) - BIOGRAPHIE – SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

William FAULKNER (1897~1962) -BIOGRAPHIE

SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

BIOGRAPHIE : William Falkner, dit William FAULKNER, né à New Albany, Mississipi le 25 septembre 1897, est issu d’une vieille famille aristocratique d’industriels sudistes ruinés par la Guerre de  Sécession[1] et devenus quincailliers au Tennessee.

     Méprisant les Yankees, pendant la  Première Guerre Mondiale il s’engage dans l’aviation canadienne où il est élève-pilote en 1918. Il fait connaissance de l’écrivain Sherwood ANDERSON (1873~1941) dont il s’inspira pour écrire Monnaie de singe (1925). Les hostilités ayant cessé, il est étudiant en français à l’Université de Mississipi (1919-1921). Ses études inachevées en 1921, il a travaillé temporairement, comme postier, comme employé dans une librairie, puis pour un journal de la Nouvelle Orléans.

     En 1924, il publie à compte d’auteur sa première œuvre, un recueil de vers champêtres, Le Faune de marbre.

     Après la publication de Monnaie de singe il se rend en Europe en 1925 et séjourne en Italie du Nord, à Paris, à Londres. En 1930, il achète sa propriété de Rowan Oak (Oxford), où il s’installera définitivement en 1931, au moment de son mariage avec Estelle. Il y vivra en gentleman-farmer. Le couple aura une fille Jill. Les époux étant tous deux alcooliques, cette union se révèle rapidement catastrophique. La même année, il donne quelques nouvelles à des revues et publie un roman rural picaresque Tandis que j’agonise. Il rédige Lumière d’août (1932).

     Le comté d’Oxford sert de décor sous le nom de Yoknapatawpha à la « saga des Jefferson » qui comprend Sartoris (1927), Le Bruit et la fureur (1929), Absalon ! Absalon ! (1936, Descend, Moïse (1942), L’Intrus (1948), Requiem pour une nonne (1951).

     De 1932 à 1937, il alterne les séjours entre Oxford et Hollywood où il travaille comme scénariste pour le cinéma pour Howard Hawks, avec lequel il se lie d’amitié et en qui il trouve aussi un compagnon de beuveries.

     À l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans la défense passive.

     Il reprend ses travaux de scénariste à Hollywood, collabore notamment avec Francis Scott FITZGERALD pour Howard Hawks et avec Jean Renoir pour L’Homme du Sud qui sort en 1945 aux États-Unis.

     En août 1949, une jeune admiratrice Joan WILLIAM (1928~2004) vient le voir à Rowan Oak. Cette visite marquera le début d’une relation de cinq années, suivies, après le mariage de la jeune femme avec Ezra Drinker Bowen, d’une longue amitié  avec des échanges épistolaires dont le thème est souvent le rôle de l’écrivain et le sacrifice de l’artiste. William FAULKNER fut considéré comme le mentor littéraire de l’écrivaine. La même année, il reçoit le Prix Nobel de Littérature qui le fera connaître aussi en Amérique, où il fut longtemps ignoré.

     Il participe en 1954 à une conférence internationale d’écrivains. Il prend des positions politiques et condamne la ségrégation raciale.

     En 1955, il voyage au Japon, à Manille, en Italie.

     De 1957 à 1958, il est « écrivain-résident » à l’Université de Virginie à laquelle il lègue ses manuscrits.

     Son alcoolisme lui vaut de nombreuses hospitalisations.

     Il aime pratiquer l’équitation, malgré de nombreuses chutes. Quelques jours après l’une d’entre-elles, il meurt à Oxford, Mississipi le 6 octobre 1962.

      FAULKNER a eu une grande influence sur la mutation du roman en Europe. Sartre fut un des premiers à le faire connaître en France.

      L’ensemble de l’œuvre de William FAULKNER a été récompensée par le National Book Award. Il a reçu le Prix Pulitzer de la Fiction pour Parabole.

      Pour d’autres précisions sur sa biographie et en particulier la visite en images de sa propriété de Rowanoak, consultez

http://maisonsecrivains.canalblog.com/archives/2008/02/10/7885443.html

 

     SON ŒUVRE :

      William FAULKNER a écrit des poèmes, des scénarios de films, des essais, des discours, des cours,  et des conférences pour l’Université de Virginie. Sa correspondance 1944 à 1962, avec Malcom COWLEY (1898~1989) de  Viking Press a été publiée en français.

     Il est surtout connu pour ses nouvelles et ses romans.

 SES NOUVELLES PARUES EN FRANCE

-         Treize histoires

-        Le docteur Martino et autres histoires

-        Le gambit du cavalier

-        Histoires diverses

-        L’arbre aux souhaits

-        Idylle au désert et autres nouvelles

-        Croquis de la Nouvelle-Orléans, suivi de Mayday.

-        Une rose pour Emily

-        Soleil couchant

-        Septembre ardent


SES ROMANS PARUS EN FRANCE : Les dates sont celles de la parution aux USA.

-        Sanctuaire (1931)

-        Tandis que j’agonise (1930)

-        Lumière d’août (1932)

-        Sartoris (1929) ou, suivant les éditions, Étendards dans la poussière

-        Le Bruit et la Fureur (1929)

-        Pylône (1935)

-        L’invaincu (1938)

-        L’intrus (1948)

-        Les Palmiers sauvages ou, suivant les éditions, Si je t’oublie, Jérusalem (1939)

htthttp://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/13/20379721.html

-        Absalon ! Absalon ! (1936)

-        Descend, Moïse (1942)

-        Requiem pour une nonne (1951)

-        Parabole (1954)

-        Le Hameau (1940)

-        La Ville (1957)

-        Le Domaine (1959)

-        Les Larrons (1962)

  Les Moustiques (1927)

   Elmer suivi  de Le Père Abraham

1] Guerre de  Sécession : conflit intérieur qui divisa les États-Unis de 1861 à 1865
 

 

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20 février 2011

LA GRANDE INONDATION DU MISSISSIPPI EN 1927

LA GRANDE INONDATION DU MISSISSIPPI EN 1927

 

La littérature, le cinéma, des chansons perpétuent la mémoire de la grande inondation du Mississippi en 1927.

Ce déluge sert de cadre dans le récit intitulé Old Man du roman de William FAULKNER dans Les Palmiers sauvages (ou, suivant les éditions) Si je t’oublie, Jérusalem (1939) et du téléfilm qui en a été tiré en 1997, William Faulkner's Old Man, avec Jeanne Tripplehorn et Arliss Howard. 

Il a inspiré le blues « When the Levee breaks » de Memphis Minnie et Joe McCoy et son titre a été repris dans le quatrième album du groupe de rock Led Zeppelin.

 Randy Newman, en 1974, a écrit et sorti également une chanson sur ces inondations de 1927 dont le titre est « Louisana 1927 »

LA CATASTROPHE

La crue : Le Mississippi, déjà gonflé par la fonte des neiges précoces au Canada dans son cours supérieur, en raison du printemps chaud, reçut les flots des rivières gonflées par les pluies tombées dans le haut Middle-Ouest. L’afflux d’eau dans le Delta se heurtait au mascaret et à la houle qui coupaient l’accès au Golfe du Mexique, quand il s’est mis à pleuvoir dans le Sud.

Les cours d’eau et les lacs de l’Arkansas étaient saturés par les conséquences des précipitations exceptionnelles d’avril. L’Arkansas ne fut pas épargné par les eaux du Mississippi. Le mascaret et la houle refoulant le flot profondément à l’intérieur des terres, White River a même coulé vers l’amont à un moment donné.

Une première levée avait déjà cédé au Caire (Illinois), le 1er janvier. Après la rupture d’une digue aux Mounds Landing, les eaux coulaient dans le Mississipi avec la force des chutes du Niagara. Les levées entre Fort Smith (Comté de Sebastian) et Little Rock lâchèrent sous la pression de l’eau. Le Vendredi saint, le Mississippi a franchi les digues, une à une, à plus de 145 endroits et un mur d'eau s’épandit à travers les terres agricoles et les villes.

Les régions touchées : L’Arkansas, l’Illinois, le Kentucky, la Louisiane, le Mississippi, le Missouri, l’Oklahoma et le Tennessee ont été dévastés par les eaux. L’état la plus touché fut l’Arkansas où les terres inondées ont été plus nombreuses que la Louisiane et le Mississippi réunis.

La superficie couverte par les eaux a été évaluée à 73 000 km², soit une surface équivalente à celle de 11 départements français.

Les secours : Dans un premier temps, les moyens technologiques modernes de l’époque ont favorisé les secours. La radio diffusait des avertissements. Les avions repéraient les survivants réfugiés sur les toits ou accrochés aux branches d’arbres. Des canots à moteur procédaient à leur évacuation et les conduisaient vers des points de rassemblement. Les trains  transportaient les sinistrés vers les terres émergées où des camps c’accueil étaient préparés.

La Croix-Rouge américaine et les citoyens ont réagit rapidement. Les secouristes affluaient par trains, par camions ou automobiles. En Arkansas, la Croix-Rouge a installé à la hâte cinquante camps de réfugiés, utilisant les tentes et les lits de l’armée. À Forest City (comté de Saint-François), l’un d’entre eux abritait plus de 15 000 réfugiés. Les victimes, malades, souffrant de froid et de faim, arrivaient de tout l’Arkansas. Certaines d’entre-elles avaient trouvé refuge dans des bâtiments publics ou des abris de fortunes. Tous se sont retrouvés sans eau, sans nourriture ni vêtements secs. Les terrains épargnés par l’eau avaient du mal à contenir ces villes de tentes.

Bon nombre des habitants déplacés de Louisiane ont cherché refuge dans la Nouvelle-Orléans. Quand le mur d’eau s’est approché, les responsables gouvernementaux ont décidé de faire exploser la digue de Caernarvon en Louisiane, inondant des paroisses pauvres et politiquement marginalisés de Louisiane,  dans le but de guider le flot loin de la vulnérable Nouvelle-Orléans. L’effort de protection fut vain, le courant ayant détruit de nombreuses levées en amont.

Accès à une carte claire de l’étendue de l’inondation

http://www.classzone.com/books/earth_science/terc/content/investigations/es1308/es1308page05.cfm

ORIGINES DE LA CATASTROPHE :

Les origines naturelles : Dans la seconde moitié de l’année 1926, les pluies abondantes avaient saturé les sols et porté le niveau de tous les cours d’eau au-dessus de la normale pour cette époque de l’année, produisant déjà de grandes crues sur le Tennessee et le Cumberland à la fin décembre et au début janvier 1927. Après une accalmie, des pluies générales couvrirent les régions à l’est du Mississippi. En avril, les précipitations s’étendirent encore en augmentant d’intensité sur le bas de l’Arkansas et ailleurs, dépassant 400 mm. L’ensemble du bassin reçut de janvier à avril, une quantité moyenne de précipitations de 274 mm provoquant des écoulements qui atteignaient le débit record de 223 milliards de m³.

La configuration du terrain entre aussi en jeu. Après le confluent du Mississipi avec l’Ohio, la plaine alluviale s’élargit considérablement, atteignant jusqu’à 120 km, dans sa partie moyenne. Les méandres s’étalent, se recoupent, se déplacent vers l’aval. Le cours du fleuve s’éloigne peu à peu du lit principal et change soudain de direction. Des rivières comme la Rivière Saint-François traversent ainsi un lacis de lacs allongés qui sont d’anciens bras du fleuve. Le Sun Flower et la rivière Tensas empruntent des anciens lits du Mississippi. Des rivières, qui débouchent dans les alluvions de la plaine, trouvent une contrepente qui détourne leur cours à angle droit et les contraint à suivre les escarpements (les bluffs) qui limitent la vallée avant de se jeter plus tard dans le fleuve. Les bayous et tous ces cours d’eau présents dans la grande plaine du Mississippi sont autant de bassins d’inondation.

Les origines humaines :

La gestion des crues : Jusqu'en 1927, la stratégie du (US Army Corps of Engineers) consistait à contrôler les inondations seulement par des levées. L’aménagement de canaux secondaires, d’exutoires fermés, de réservoirs étanches en amont étaient évités en faveur de remblais gigantesques séparant le lit du fleuve de sa plaine d'inondation.

À la fin des années 1920, les progrès technologiques accompagnaient la croissance économique. D’énormes moyens de financements ont été consacrés pour la construction d’un vaste système de digues, pour retenir les cours d’eau. Ces travaux étaient facilités par la mise en œuvre d’énormes engins de terrassement. Des drainages ouverts ont été réalisés sur les basses terres forestières laissées à nu par l’industrie du bois.

 Protégés par les digues, les agriculteurs ont mis en culture les basses terres de leurs propriétés. Des terres fertiles, jadis inondables ont été mises en valeur. Les récoltes se vendaient d’autant mieux que de nouveau marché étaient accessibles grâce au développement des moyens de transport (rail, route, voies maritimes). Les banques, en plein essor, encourageaient cette expansion en accordant facilement des prêts financiers pour la mise l’aménagement des terres et l’équipement des exploitations.

LES CONSÉQUENCES

Les conséquences humaines: Une grande partie de l’Arkansas est restée noyée sous les eaux boueuses d’avril à la fin du mois de septembre 1927. L’eau envahissait les villes, recouvrait les terres et les routes rendant tout déplacement impossible.

Les moustiques, vecteurs de la malaria avaient trouvé dans les eaux stagnantes les conditions idéales de reproduction. Des épidémies de dysenterie, de typhoïde se répandaient dans les camps surpeuplés. On appréhendait l’apparition de la variole. Les carences alimentaires provoquaient la pellagre [1]chez les réfugiés.

La Croix-Rouge a estimé le nombre de morts à 246 dont 127 dans le seul Arkansas. On évalue à environ 750 000 le nombre de personnes sinistrées, dont 300 000 Afro-Américains qui se sont retrouvées sans nourriture, ni eau, sans vêtements, ni travail.

L’effort de secours a été massif, mais inégal, en grande partie exercé sur des critères raciaux, priorité étant donnée aux Blancs. Les secouristes extérieurs étaient en conflit avec les autorités sanitaires locales et les grands planteurs sur l'ampleur et les types d'aide et à qui cette aide devait aller. Dans certains endroits, la Croix-Rouge distribuait une aide directement aux victimes. Dans d’autre elle chargeait les planteurs de l’organiser.

Accès à un film d’archive présentant l’organisation des secours et la vie dans les camps (On peut constater que la ségrégation raciale était appliquée pour dresser les camps de réfugiés. Le film est intéressant, malgré la qualité très médiocre dans la première partie particulièrement.)

http://www.archive.org/details/mississippi_flood_1927

Les conséquences économiques :

Les camps de réfugiés ont été maintenus par la Croix-Rouge jusqu’au 15 septembre 1927. De très nombreux réfugiés (des Noirs et des Blancs) ont pu alors retrouver leurs terres dévastées avec pratiquement rien pour survivre à l’approche de l’hiver.

Les semis avaient été emportés ou étaient enfouis dans la boue. Toute plantation nouvelle était impossible. Le bétail était décimé. Des milliers d’animaux pourrissaient dans les eaux stagnantes.

Les ponts et les routes avaient été emportés par les flots.

Après le retrait des eaux, les planteurs n’avaient plus de main d’œuvre pour remettre les champs en culture. Beaucoup de métayers blancs et noirs, profondément endettés, ne pouvaient retourner chez eux depuis les camps. Un accord permit aux métayers, particulièrement des Noirs, de partir des camps, sous la supervision de leurs planteurs. Dans ce cas, c’étaient les planteurs qui distribuaient les moyens de secours que la Croix-Rouge leur donnait.

Les Noirs devaient présenter un laissez-passer pour entrer et sortir des camps. Certains ont été contraints par la force publique d’y rester indéfiniment et furent réquisitionnés sous la menace des baïonnettes pour les secours ou le renforcement les digues.

Après le déluge, il y avait peu de travail dans les fermes, les propriétaires des plantations ont réduit considérablement les salaires de la main d’œuvre noire. Un grand nombre d’entre eux souhaitaient partir vers le Nord chercher un emploi. Beaucoup de propriétaires ont essayé de retenir de force leurs travailleurs agricoles. En dépit de leur pression, des dizaines de milliers d’Afro-Américains ont migré vers le Nord, se faire embaucher dans les usines, à Chicago et Detroit principalement.

Les conséquences politiques : La catastrophe s’est produite alors que le pays était en pleine prospérité économique. À Washington, le Président républicain Calvin Coolidge [2]est un partisan convaincu du « laisser faire » et de la libre concurrence. Par un seul dollar n’est allé, en aide directe, de la part du gouvernement fédéral aux victimes des inondations dans le Sud.

Mesures adoptées en vue d’éviter une nouvelle catastrophe : 

Remaniement de la politique d’aménagement des cours d’eaux : Le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis a imaginé la réalisation de l’élargissement, du renforcement et du revêtement des levées dans la mesure où leur surélévation n’aggravait pas le danger pour les riverains. Trois grands chenaux de dérivation parallèles au fleuve ont été établis en dehors des levées. Des réservoirs ont été prévus en amont. La partie inférieure des bassins d’inondations est réservée pour recevoir une portion des crues exceptionnelles. En amont de la ville de la Nouvelle-Orléans, un déversoir réglable détourne une partie des eaux vers le lac Pontchartrain.

Projet d’une modification de la politique agraire : Herbert Hoover (1874~1964) était alors secrétaire au Commerce. Il fut nommé par Coolidge aux opérations de secours locales et chargé d’organiser l’aide bénévole. Cette charge l’a placé sous les projecteurs et l’a fait entrer dans sa campagne électorale.

Il a vu à travers cette épreuve l’occasion d’étudier la mise en place d’une réforme agraire. L’ambition du projet était de changer le système de plantation mis en place depuis la Reconstruction. De vastes étendues de terres de grands planteurs, qui avaient fait faillite à cause de la crue, restaient à l’abandon. Hoover proposait de diviser ces terres en petites exploitations et d’encourager les métayers et les locataires blancs et noirs à accéder à la propriété. Le plan, préparé avec l’aide de Couch Harvey, professeur à Harvey (Arkansas), prévoyait de mettre de côté 2.1 millions de dollars de fonds de secours contre les inondations pour son projet de réinstallation sur de petites fermes. Une société spécifique gérée par des directeurs incluant « la représentation de couleur » était prévue. Lorsqu’en 1928, Hoover fut élu Président, il n’a pas tenu ses promesses. Il confia cette responsabilité à des sociétés privées. Ces expériences de réinstallation furent toutes des échecs.

Les Noirs émigrés furent remplacés par la mécanisation et l’agriculture industrielle. Les métayers blancs, les petits agriculteurs, de nombreuses exploitations familiales dépendirent des grandes propriétés industrielles.

Depuis la Guerre de Sécession, les Afro-Américains étaient traditionnellement favorables au Parti républicain. Leur ressentiment à l’absence de réponse républicaine à la misère des inondations de 1927, les promesses non tenues, provoquèrent un changement politique de leur part, qui les amena à transférer leur préférence au Parti démocrate aux élections du 8 novembre 1932. Entre cette date et son entrée en fonction, le 4 mars 1933, Franklin Delano Roosevelt (1882~1945)  prépara un programme économique et social contre la crise (1929), le New Deal, en s’entourant d’économistes. Dès mars 1933, Roosevelt fit voter par le congrès une série de lois qui éloignèrent les États-Unis de leur conception purement libérale de l’économie, et les firent entrer dans l’interventionnisme étatique

Depuis la nuit des temps, la vallée du Mississipi est affligée par ses crues récurrentes, toutes très destructrices.

En 2005, l’ouragan Katrina a ruiné la Nouvelle-Orléans. Ces deux désastres se sont produits à l’apogée  de périodes d’euphorie économique, à la veille d’un effondrement économique et financier. Dans les deux cas, le Parti républicain était chargé du Gouvernement fédéral et défendait bec et ongles un libéralisme à tout crin. Grâce aux reportages télévisées, aux témoignages sur internet, le monde entier a pu voir l’importance des dégâts provoqués par les eaux, suivre l’organisation des secours, la lenteur de la réaction du Président G. W. Buch (1946). Il est certain que les communautés Afro-Américaines ont apporté leur soutien au changement de majorité favorisant l’élection le Président B. Obama (1961) en 2008. Ce dernier sinistre a eu aussi pour conséquence la migration de la population vers d’autres États, les bas-quartiers anciens évacués étant habités en majorité par des Afro-Américains pauvres. De nombreuses familles, aussi bien noires que blanches, souvent déjà fortement endettées par ailleurs, n’avaient pas souscrit d’assurance et se sont retrouvées sans abri, démunies et sans travail. Depuis d’autres calamités naturelles se sont abattues sur les États-Unis.

Le nombre d’États frappés, l’étendue des dommages causés par la grande inondation du Mississippi de 1927 en font l’une des plus importantes catastrophes naturelles du XXe siècle, pour les États-Unis d’Amérique.

Sources :

Flood of 1927 - The encyclopedia of Arkansas History & culture (Ce site donne accès à des photographies prises à cette époque.)

http://encyclopediaofarkansas.net/encyclopedia/entry-detail.aspx?entryID=2202

Les inondations du Mississipi en 1927 – H. Baulig – Annales de Géographie – Année 1929 – Volume 38 – Numéro 211 – pages 81 à 84

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1929_num_38_211_9556 

 

The Great Mississippi Flood of 1927 - The Most Destructive Flood in the History of the United States
http://www.suite101.com/content/the-great-mississippi-flood-of-1927-a198648#ixzz1633pRcmN

 Laurent GAUDE (1972) s'est inspiré de l'ouragan Katrina pour écrire son roman paru en 2010 OURAGAN

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/06/20559009.html


 

[1] La pellagre est une maladie due à une carence en vitamine PP. Elle est caractérisée par des lésions eczémateuses sur la peau des parties découvertes (visage, mains), l’inflammation des muqueuses de la bouche, des troubles digestifs et nerveux. Elle atteint surtout les populations qui se nourrissent exclusivement de maïs. (déf. Le Petit Robert)

 

[2] Calvin Coolidge  (1872~1933) fut le trentième président des États-Unis. Son prédécesseur, Warren G. Harding étant mort en cours de mandat, il fut élu en 1923. Réélu, il fit un second mandat jusqu’en 1929.

13 février 2011

William FAULKNER (1897~1962) – Les Palmiers sauvages (1952)

William FAULKNER (1897~1962) – Les Palmiers sauvages (1952)

Ouvrage traduit de l’anglais et préfacé par Maurice Edgar COINDREAU[1]

 

William FAULKNER avait tiré le titre de ce livre d’un psaume rappelant la captivité des Juifs à Babylone, If I Forget Thee Jerusalem (Si je t’oublie, Jérusalem). Suite au refus de son éditeur, FAULKNER choisit alors The Wild Palms (Les Palmiers sauvages). L’ouvrage est donc paru en 1939, aux États-Unis sous ce titre.  Les dernières éditions américaines ont adopté le titre d’origine. Gallimard a choisi des traductions plus récentes pour les quatre volumes qui rassemblent « Les Œuvres romanesques » de William FAULKNER dans sa collection de « La Pléiade », dans laquelle figure Si je t’oublie, Jérusalem.

Le livre est composé de deux romans distincts : Les Palmiers sauvages et Le Vieux Père (The Old Man, le surnom donné au Mississipi « Old Man River »). Ces récits sont imbriqués tour à tour par alternance des chapitres. FAULKNER bouscule aussi la chronologie. Le premier récit commence par le chapitre qui aurait été avant dernier s’il avait respecté la succession des événements. Cet artifice lui permet de maintenir l’incertitude des lecteurs jusqu’à la fin, malgré ce bond en avant.

Les Palmiers sauvages :

« Tu seras médecin comme papa !», Cette phrase probablement serinée depuis sa plus tendre enfance, par sa sœur aînée, Harry Wilbourne l’a faite sienne. Orphelin à deux ans, il s’est coulé docilement dans le moule qu’on lui avait préparé. Quelques semaines le séparent de la fin de son internat. Il aura enfin accès au diplôme tant convoité. Son assiduité, sa constance, son austérité trouveront enfin leur récompense.

Comment fêter ses vingt-sept ans ? Flint, un de ses condisciples, l’entraîne en ville à une soirée très « bohème », copieusement arrosée. C’est là qu’il est abordé par Charlotte, une jeune femme mariée, mère de deux petites filles. Rencontre insolite, qui sera suivie de quelques autres et d’amours adultères.

Très rapidement, les amants sacrifient tout pour vivre leur passion. Harry largue internat et diplôme réputé. Charlotte plaque mari et enfants. Pour fuir la tentation du confort, les habitudes, le conformisme religieux et social, Charlotte Rittenmeyer et Harry, commencent une errance qui les conduit « de la Nouvelle Orléans à Chicago, dans le Wisconsin, de nouveau à Chicago et dans l’Utah et à San Antonio et de nouveau à la Nouvelle-Orléans » dans une précarité matérielle extrême.

Les amants, dans leur quête de liberté et d’amour absolu, sont rattrapés par le quotidien et les besoins physiologiques. Plutôt qu’assumer les conséquences biologiques de leur union, Charlotte préfèrera risquer sa vie.

Une histoire très ordinaire, somme toute, comme toutes celles qu’on pouvait lire dans les romans réalistes et puritains de la fin des années 1930, destinés à l’édification des lecteurs ! Les amants, qui avaient enfreint les préceptes religieux et légaux, trouvaient une juste punition divine ou finissaient dans la misère et l’opprobre.

De cette banalité, FAULKNER a construit un roman original tant par l’écriture que par la forme et le traitement psychologique des protagonistes du récit.

À vingt-sept ans, Harry, absorbé par ses études et les petits boulots de survie, est passé à côté des exaltations et des révoltes de l’adolescence et de la jeunesse. Le jeune homme tombe dans les bras de la première femme qui s’intéresse à lui. C’est Charlotte qui mène le couple. Elle porte l’expérience du mariage et de la maternité, en connaît les écueils. C’est elle qui a propulsé leur liaison vers un amour passionnel.

Charlotte est une artiste talentueuse et inspirée. De son imagination et de sa dextérité naissent ces figurines et ces marionnettes uniques, si originales, si expressives que ses dons sont reconnus et appréciés. Mais Charlotte ne pourra s’accomplir que dans une réalisation plus forte que la création matérielle. Pour apaiser sa soif d’idéal, leur amour doit être total, intransigeant.

Rittenmeyer-« Rat », le mari bafoué est-il magnanime au point d’offrir un « chèque-retour » à son épouse infidèle et, plus tard, un comprimé de cyanure au responsable de la mort de sa femme afin d’abréger ses souffrances ? McCord, est-il l’ami serviable qui facilite toutes les étapes de l’odyssée d’Harry et Charlotte ? Leur rôle est ambigu. Ne sont-ils pas plutôt les agents du destin, Rat, le tentateur diabolique, McCord, le facilitateur ? Ceux par qui la tragédie doit s’accomplir ?

Marionnettes_en_papier_m_ch__NMS

Le vieux Père :

Chaque soir, au dortoir du pénitencier agricole de l’État du Mississippi, le grand forçat lit à haute voix les journaux du matin, à ses compagnons. Tellement coupés du monde extérieur, ils suivent, sans trop bien y comprendre, la montée des eaux, par delà la digue qui domine les champs. L’Ohio, le Missouri, le Mississipi débordent depuis quinze jours, en ce mois de mai 1927. Peut être s’intéressent-ils à la terrible lutte des équipes d’hommes, noirs et blancs mêlés, réquisitionnés pour le renforcement des digues, sous les pluies diluviennes ?

La digue de Mound’s Landing cède un matin. Le pénitencier est évacué. À bord du camion bâché puis du train, qui les ont conduits, sous bonne garde armée, vers le Vieux Père, le grand forçat et ses compagnons ont pu découvrir l’étendue du désastre.

Le grand forçat sait pagayer. Il est chargé de secourir les victimes, avec le petit gros forçat imberbe. Emporté dans un tourbillon, l’embarcation chavire. Le grand forçat se retrouve seul dans le canot à ramer obstinément contre la violence des flots. Il a cueilli une femme enceinte sur un arbre, mais n’a pas trouvé l’homme assis sur la faîtière de son hangar. Le grand forçat refusera les multiples occasions de se « faire la belle ». Il s’acharne, à ramer dans son canot chargé de la femme et de l’enfant, à la merci de la lutte entre le flot qui déferle de l’amont ou des monstrueuses incursions du mascaret qui inversent le cours des eaux.

Ayant échappé aux multiples dangers du fleuve en furie, aux menaces terrestres, le grand forçat, qu’on attendait plus, se rend. Le devoir accompli, en sécurité, à l’abri du pénitencier, il raconte à ses compagnons les péripéties de son expédition.

Crue_du_Mississipi_par_NMS

Thèmes qui se rapprochent dans les deux récits

L’enfermement : Harry comme le grand forçat choisissent l’enfermement. La prison, pour Harry, c’est éviter le néant, c’est vivre avec son chagrin et assumer sa culpabilité dans la disparition de Charlotte. Les murs du pénitencier protègent le grand forçat du monde extérieur. L’homme est courageux, persévérant, héroïque, mais il est trop vulnérable. Il préfère la routine sécurisante du travail répétitif et pénible dans les champs de coton, plutôt qu’affronter le monde extérieur où il n’a connu que des déboires. L’enfermement était déjà en eux : Harry, inhibé par une éducation mesquine et confinée ; le grand forçat, prisonnier de lectures qui ont trompé sa naïveté.

La femme est désexualisée du fait d’être mère. Charlotte refuse l’enfant au prétexte qu’il n’apporte que souffrances. En réalité, il n’a pas sa place dans l’amour fusionnel qu’elle recherche. La femme avec son bébé n’a aucun attrait pour le grand forçat. 

Les phénomènes naturels sont omniprésents dans les deux récits. Ils rappellent aux êtres humains la précarité de leur liberté. 

L’anonymat : Aucun nom pour les protagonistes du Vieux Père. Le forçat n’est plus qu’une tenue rayée avec une étiquette sur le dos. Il se distingue seulement par son apparence physique. Les armes caractérisent les gardiens et les soldats. Le chant dans l’adversité, les travaux pénibles non ou peu rémunérés sont les attributs du Noir. Les victimes de la catastrophe se noient dans une foule de réfugiés autour desquels s’activent médecins et infirmières.

La justice : FAULKNER souligne l’absurdité de la condamnation sans preuve du petit gros forçat imberbe à cent quatre-vingt-dix-neuf ans de travaux forcés. Incohérence ou prétention d’une justice qui fait jurer sur la Bible et condamne au-delà de la mort ? Et Dieu, dans tout ça ?

Le style : La qualité des récits occulte très rapidement la longueur des phrases, les abondantes descriptions et la construction du livre déroutantes à prime abord.

A propos de la grande inondation du Mississippi de 1927 (cliquez sur le lien)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/20/20439376.html

WILLIAM FAULKNER (1897~1962) - BIOGRAPHIE - SES NOUVELLES - SES ROMANS (cliquez sur le lien)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/27/20499273.html

William FAULKNER (1897~1962) – The Sound and the Fury – Le Bruit et la Fureur (1929)  

 

[1] Maurice Edgar COINDREAU (1892~1990)

 Agrégé d’Espagnol, M. E. COINDREAU commence sa carrière d’enseignant au lycée de Madrid, puis de 1922 à 1961, il exerce au lycée de Princeton au USA.

 Il traduit pour les Éditions Gallimard toute la génération de romanciers américains de l’entre-deux–guerres Dos Passos, Hemingway, Faulkner, Caldwell, Steinbeck, William Maxwell, Truman Capote, William Goyen, William Styron, Reynolds Price,Fred Chappell, Vladimir Nabokov (en collaboration), Shelby Foote, William Humphrey (en collaboration) ainsi que les romanciers espagnols Valle Inclan, Juan Goytisolo, Rafael Sanchez Ferlosio, Miguel Delibes, Elena Quiroga, Ana Maria Matute, Juan Marsé.

Un prix qui porte son nom récompense chaque année "le meilleur livre américain en traduction française", depuis 1981.

Il a écrit de nombreuses préfaces et introductions aux œuvres qu’il a traduites.

En 1942, La Farce est jouée ; en 1946, Apercus de littérature américaine, en 1974 et 1992, Mémoires d’un traducteur, ses entretiens avec Christian Giudicelli, sont parus chez Gallimard.

 http://www.imec-archives.com/fonds_archives_fiche.php?i=CND

6 février 2011

Hermann HESSE (1877~1962) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Hermann HESSE (1877~1962) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

LES ORIGINES ET LES ANNÉES DE FORMATION

Hermann HESSE est un écrivain suisse d’origine et de langue allemande. Il est né le en 1877 à Calw, petite ville de Forêt-noire dans le Wurtemberg. Son grand-père paternel dirige la librairie d’édition missionnaire tenue par la famille depuis 1873. L’enfant est élevé dans un milieu de missionnaires protestants. Son père, Johannes, qui avait été missionnaire en Inde pendant sa jeunesse, le destine au pastorat et le fait entrer en 1881 au séminaire de Maulbronn. En révolte contre le piétisme[i] et l’austérité religieuse de ses parents, l’adolescent s’enfuit de l’établissement. Après quelques mois difficiles, dépressif et suicidaire, il entre au lycée de Bad Cannstatt, à Stuttgart. Ayant obtenu son diplôme probatoire de première année en 1883, il décide d’arrêter ses études.

     Le jeune homme cherche sa voie et travaille quelques temps comme apprenti mécanicien dans l’horlogerie à Calw, puis commence un apprentissage de libraire à Tübingen.

      Tübingen était une ville universitaire où il  pouvait fréquenter un milieu intellectuel. Autodidacte, il lit des écrits théologiques, les romantiques allemands, la Mythologie grecque, des textes sacrés orientaux et écrit des poèmes.

      En 1899, il s’installe à Bâle où il travaille dans une librairie de livres d’occasion et fréquente les milieux spirituels et artistiques. Il publie des recueils de poèmes d’inspiration romantiques. En 1903, il accompagne en Italie Maria Bemoulli et sa sœur Mathilde qui tenaient à Bâle un studio de photographie d’art chez une amie peintre qui vient de s’installer à Florence. Si Hermann ne pratique pas d’instrument, Maria (Mia) joue du piano et est réputée excellente interprète de Chopin et de Schubert. Le goût de la musique les rapprochent.

 LES PREMIERS ROMANS :

      Le thème central de ses premiers romans est la solitude. Son premier roman Peter Camenzing est publié en 1904. Le héros quitte son petit village suisse à la conquête du monde et devient écrivain. Déçu par la vie parisienne et la civilisation occidentale, il revient dans son village natal devient restaurateur et trouve la paix et la consolation en vivant en communion avec la nature et en menant une vie de charité. 

      Après ce roman, Hermann HESSE se consacre à la littérature et se marie avec Maria. Il a 27 ans, Mia est de neuf ans son aînée. Le couple s’installe au bord du lac de Constance à Gaienhofen.

      L’Ornière, Untern Rad (1906) d’inspiration autobiographique décrit la solitude d’un enfant brimé par l’autorité de ses parents et de ses maîtres.

      Gertrude, Gertrud (1910) est la confession d’un musicien qui renonce à celle qu’il aime pour ne pas briser une amitié. La vie est une solitude. L’artiste est plus seul que les autres.

       Animé par un esprit d’évasion, cet esprit tourmenté entreprend un voyage en Inde en 1911. En 1912, il émigre en Suisse. Avec Maria et leurs trois garçons il emménage à Berne.

 LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE :

      Rosshalde (1914) est une transposition de l’échec de son mariage et expose la solitude de l’homme mal marié.

       Knulp, 1915

      Quand débute la Première Guerre Mondiale (1914~1918), HermannHESSE est horrifié et s’adresse à ses compatriotes au nom de la fraternité universelle, appelle les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Ces positions pacifistes et libérales à contre-courant lui valent d’être placé au milieu d’une violente querelle politique. Il est attaqué par la presse allemande, reçoit des lettres de menaces et se voit abandonné par de vieux amis. Il est cependant soutenu par son ami Theodor Heuss[ii] et par l’écrivain français Romain Rolland[iii] à qui il rendit visite en 1915. Déclaré inapte au combat, il est affecté à l’assistance aux prisonniers allemands, auprès de l’ambassade d’Allemagne à Berne. Il édite des journaux destinés aux prisonniers et est responsable de la « Librairie des prisonniers de guerre allemands ».

      Cette guerre, s’ajoutant à des problèmes personnels, et matériels (Le revenu de ses publications est payé en monnaie allemande dont le cours s’est complètement effondré), provoque chez lui une grave crise psychologique et morale qui l’amène à entreprendre une cure psychanalytique de mai 1916 à novembre 1917, avec un disciple du fondateur de la psychologie analytique suisse, Carl Gustav Jung (1875~1961).

      Suite à cette expérience, les romans qu’il écrit ensuite expriment sous une forme allégorique les conflits intérieurs, les contradictions de l’être humain et la recherche d’une solution.

      Iris (1918), est un conte symbolique sur la quête du bonheur à la recherche de sa véritable identité. Après une vie d’errance, la crise existentielle du héros débouche sur la recherche d’une activité purement spirituelle.

  L’ENTRE-DEUX GUERRES :

      La guerre finie, le couple Maria-Hermann se disloque, Maria schizophrène étant attente d’une grave psychose. Hermann HESSE et Maria se séparent puis divorcent en 1922.

      Hermann HESSE emménage dans le Tessin à Montagnola en 1919. Il a toujours cherché à habiter au sein de paysages l’inspirant dans sa recherche d’harmonie. Là, au bord du lac de Lugano, il s’adonne à la création littéraire et commence à peindre. Il recourt au vin, afin d’entrer en communion avec la sève de la terre, et aux drogues.

      Dans Demain, histoire de la jeunesse d’Emil Sinclair ; Demian, die Geschiste einer Jugend, 1919), Sinclair est l’alter ego de l’auteur, qui y oppose et réconcilie le divin et le démoniaque.

       Siddharta, 1922, s’inspire de la Mythologie indoue. Bon connaisseur des philosophies et religions de l’Inde et de la Chine, tout en restant profondément attaché au protestantisme, il aspire à concilier la spiritualité et la vitalité de l’Europe et de l’Asie. 

En 1923, il obtient la nationalité suisse.

      Il se lie d’amitié avec l’écrivaine suisse Lisa Wenger (1858-1941) et son mari. Cette dernière, qui s’était frayé un modeste chemin dans la littérature, avait pressenti en lui un avenir capital, dès 1920. Elle s’est employée à multiplier les invitations et les occasions de rencontre avec sa fille Ruth. La jeune fille apprend le chant à Zurich et dessine au fusain. En 1924, Hermann HESSE a envie de « se ranger ». Il épouse Ruth. Mariage sans amour. Il a quarante-sept ans. Ruth est une femme-enfant capricieuse de vingt-deux ans. La jeune épouse tombe très rapidement malade, atteinte de tuberculose. Trois ans plus tard, en juillet 1927, le divorce est prononcé sur l’initiative de Ruth.

      Le Loup des steppes ; Der Steppenwolf, 1927, dont bien les aspects fantastiques romantiques se rapprochent sur certains points du surréalisme. Il y oppose la spiritualité à l’animalité. Sont-elles vraiment inconciliables ? L’animalité n’est elle pas une nourriture pour le dynamisme intellectuel ? Le livre sera interdit en Allemagne par les nazis.

      Hermann HESSE rencontre par hasard Ninon Dolbin (1895~1966), parmi ses amis suisses. Cette jeune femme avait été mariée à un caricaturiste Benedict Fred Dolbin et était originaire de Czernovitz[iv]. Cette ville était autrichienne à cette époque. Encore étudiante, bien avant son mariage, alors qu’elle étudiait la médecine, et l’histoire de l’art, elle correspondait avec l’écrivain pour lequel elle éprouvait un penchant. Ninon est passionnée de grec et d’archéologie, n’est pas musicienne mais partage avec lui son amour de la musique. Fin 1927, Hermann et Ninon décidèrent de vivre ensemble.

En 1931, HESSE se marie pour la troisième fois avec Ninon.

Le Voyage en orient ; Die Morgenlandfahrt, 1932. André Gide, avec lequel il était lié en a écrit la préface.

Pendant la période nazie, il s’élève contre l’évolution politique de son pays d’origine et contre la répression culturelle qui y est faite. Son œuvre est interdite en Allemagne et plus aucun journal allemand ne publie ses articles.

En route vers l’exil, en 1933, son ami l’écrivain Thomas MANN (1875~1955) s’arrête à Montagnola de même que le poète, auteur dramatique et théoricien du théâtre allemand, Bertolt BRECHT (1898~1956).

Pendant la guerre, il se consacre à la composition du roman Le jeu des perles de verre ; Das Glassperlenspiel, qui est imprimé en Suisse, en 1943. C’est un roman d’anticipation, l’utopie romantique crée par l’image d’une cité idéale qu’il faut dépasser car l’être humain ne peut accepter l’immuable.

Ce dernier roman et Le Loup des steppes (1927) ont été à l’origine du Prix Nobel de littérature en 1946.

Après la Seconde Guerre mondiale, il n’écrit plus que des poèmes et des nouvelles et répond au courrier de ses lecteurs.

Hermann HESSE a entretenu avec les musiciens des relations intimes. Il a correspondu tout au long de sa vie avec une quarantaine de musiciens[v]. Bien des amitiés profondes et durables de l’écrivain sont nées sous le signe de la musique.

Pour HESSE, la quête spirituelle de l’homme dans sa réalité individuelle unique, « la recherche d’une unité cachée de l’univers et de l’esprit humain » ne peuvent pas trouver de réponse dans la civilisation technique ni dans la culture intellectuelle.

Hermann HESSE meurt à Montagnola le 9 août 1962.

Hermann HESSE a aussi publié des poèmes et des nouvelles.

 Plus de renseignement sur les romans de Hermann HESSE sur :

www.comptoirlitteraire.com/docs/157-hesse-hermann.doc

Ses œuvres picturales sur :

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://museum.oglethorpe.edu/Hesse-1up.jpg&imgrefurl=http://museum.oglethorpe.edu/Hesse.htm&usg=__ox9cGDLyr4AQGunFMCNLnqF82Wo=&h=260&w=280&sz=28&hl=fr&start=599&sig2=F32f9HAcFeSIGvVIoFWTsg&zoom=1&itbs=1&tbnid=htY8mNaCAapsZM:&tbnh=106&tbnw=114&prev=/images%3Fq%3Dhermann%2BHesse%26start%3D588%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26sa%3DN%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26gbv%3D2%26ndsp%3D21%26tbs%3Disch:1&ei=7XEwTci9GNGe4QadoKSSCg 

 Hesse et Mann: une profonde amitié masculine (Swiss Info)

http://www.swissinfo.ch/fre/infos/magazine/Hesse_et_Mann:_une_profonde_amitie_masculine.html?cid=6955470

Des timbres à l’effigie de H. HESSE sur

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&hl=fr&source=imghp&q=TIMBRE+SUISSE+HERMANN+HESSE&btnG=Recherche+d%27images&gbv=2&aq=f&aqi=&aql=&oq=

et

http://www.google.fr/images?hl=fr&client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&gbv=2&tbs=isch%3A1&sa=1&q=TIMBRES+HERMANN+HESSE&btnG=Rechercher&aq=f&aqi=&aql=&oq=

 


 

[i] Piétisme : mouvement religieux d’une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle et le sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale.

 

 

[ii] Theodor Heuss (1884~1963) est un homme d’état allemand. Il fut rédacteur de  la revue libérale Die Hilfe (L’Entraide) de 1905 à 1912. À partir de 1924, il fut deux fois élu représentant au Reichstag du Parti démocrate. Après la guerre, il prit la tête du FDP (Frei Demokratische Partei) et fut le premier président de la RFA (République Fédérale Allemande).

 

 

[iii] Romain ROLLAND (1886~1944) est un écrivain français qui fut élève à l’École normale supérieure. Lors de son séjour à l’École française de Rome de 1889 à 1891, il opta pour l’étude de l’histoire et rencontra en 1889, Malwida von MEYSENBUG qui l’orienta vers la culture germanique.

 Partagé entre la pensée de Nietzsche et celle de Tolstoï, Romain ROLLAND rêva d’un héro non violent qui cherchât à « tout comprendre pour tout aimer ». À la fois internationaliste et attaché à la patrie, il écrit en Suisse une série d’articles Au-dessus de la mêlée (1915) qui lui valurent le Prix Nobel en 1916 mais aussi beaucoup d’attaques des deux côtés du Rhin.

 La correspondance entre Hermann HESSE et Romain ROLLAND, D’une rive à l’autre : Correspondance, est parue en 1972 chez Albin Michel

Malwida von MEYSENBUG vécut de 1816 à 1903. Elle est l’auteure des Mémoires d’une idéaliste (3 vol.,1876). Elle fut une des premières femmes féministe. Avant-gardiste, elle fut une des premières femmes à s’intéresser à l’éducation intellectuelle engagée et fut contrainte à l’exil en Angleterre. Elle fut l’amie de nombreuses personnalités importantes de son époque).

 

 

[iv] Czernowitz "l'appellation Autrichienne", Cernauti, Czernowitz, Tchernovtsy, Chermivtsy : Czernowitz

Czernowitz est son nom allemand, celui que l'on utilise encore par commodité. Mais pour les Ukrainiens elle est Chernivtsy, pour les Roumains Cernauti et pour les Russes Tchernovtsy.

Adossée au versant oriental de la chaîne des Carpates, la ville se trouve aujourd'hui en Ukraine, tout près de la frontière septentrionale de la Roumanie.

http://www.bucovine.com/fr/pages/villes/czernowitz.shtml

[v] Voir à ce sujet : la thèse pour l’obtention du grade de Docteur (discipline : Allemand) HERMANN HESSE ET LA MUSIQUE présentée par Dominique LINGENS à l’université de Metz (Moselle) UFR Lettres et Sciences humaines en juin 1999.

 

ftp://ftp.scd.univ-metz.fr/pub/Theses/1999/Lingens.Dominique.LMZ9907_1.pdf

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