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3 juillet 2011

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice MATTHIEUSSENT[1]

Dans Retour en terre, Jim HARRISON nous conduit à nouveau auprès de la famille Burkett qui avait fait l’objet du roman De Marquette à Veracruz (2004). Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis la mort tragique du père de famille au Mexique. Donald, le mari métis Chippewa-Finnois de Cynthia est corbeau PAPOatteint de la maladie de Lou Gehrig[2].

Conscient de l’évolution inéluctable de son mal et de celle, tout aussi inexorable, de la civilisation de ses ancêtres, Donald décide de transmettre à ses enfants l’histoire de leurs ascendants. La première partie du livre est la transcription par Cynthia du récit  de son époux. La saga de trois générations de Clarence s’accompagne d’un testament spirituel acquis sur la terre de ses ancêtres au cours de son initiation aux rites des Indiens Anishnabe. Cynthia complète le récit de Donald de  précisions et de commentaires explicatifs, placés entre crochets.

Dans laLa coiffure Mohawk PAPO deuxième partie, K, le fils de Polly, très proche de Donald en qui il a trouvé un oncle d’adoption après la mort accidentelle de son père, reprend le récit. La famille, regroupée autour du couple, s’emploie à ménager le malade et soulager ses souffrances. L’échéance venue,  tous ses proches accompagnent l’agonisant vers la délivrance qu’il a choisie et participent à l’exécution de son vœu de retour en terre rituel, sur le lieu de son initiation spirituelle.

Très éprouvée, épuisée par sa lutte contre l’impitoyable mal, lentement, Cynthia, dans la quatrième partie, fait face à l’absence, à la douleur, à la dépression qui suit la mort de l’homme qu’elle aimait. Quel sens donner à la vie  désormais? Comment apprendre à vivre autrement ? Comment réapprendre à aimer ? 

Les évènements relatés s’écoulent sur une année. En réalité, ils sont composés d’un assemblage de souvenirs, de divers points de vue sur de mêmes faits, d’anecdotes sans cohérence les unes et les autres. Des récits en vrac bien rendus composent le message de Donald pressé par le temps qui lui reste ; ses idées se bousculent et les digressions se multiplient. Des échanges  sans homogénéïté, des afflux de souvenirs se rattachant à Donald, des questions existentielles, ces propos décousus tenus par les membres de son entourage témoignent de leur perturbation. Leurs obsessions et le présent bassement terre à terre imprègnent ce chaos hétéroclite. Un discours instable traduit le travail de deuil  de Cynthia doublé de son inquiétude devant l’état dépressif quasi suicidaire de sa fille Clara.

Dans la troisième partie, le frère de Cynthia, David, vours noir d'Amérique PAPOientpasser l’été dans son chalet dans le Nord, après la mort de Donald. Il  été retenu par ses occupations au Mexique où il apporte de l’aide aux immigrants latinos qui tentent de franchir la frontière mexicaine. Le meurtre du père et la publication de l’essai sur les méfaits de la famille Burkett ruminés sur trois décennies, n’ont pas délivré David n° 4 de ses démons. Bien que sorti du Golfe du Mexique, David continue de mener sa barque avec une seule rame, c'est dire qu’il n’avance pas.

Jim HARRISON tirerait-il sur la ficelle ? Cette narration davidienne, insérée dans le fil du roman, donne une impression de déjà vu, de redit. Ce procédé avait déjà été exploité plus habilement dans des romans antérieurs, en particulier dans La route du retour (1998).

Dans De Marquette à Veracruz, Jim HARRISON avait privilégié les conséquences de l’action des colons venus du nord de l’Europe sur les ressources naturelles. Dans Retour en terre, tout en laissant planer leur caractère mystérieux, il s’intéresse à travers Donald, à la survivance de la spiritualité de certaines populations autochtones de la région des Grands Lacs, aux vertus prémonitoires qu’elles attribuent aux rêves et leur foi dans une réincarnation animale de l’esprit d’un défunt.

[1] [1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi  à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

[2] Lou Gehrig est le nom d’un joueur de baseball célèbre mort de cette maladie en 1941. Il s’agit de la  sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot qu’on appelle maladie de Lou Gehrig aux États-Unis. http://fr.wikipedia.org/wiki/Scl%C3%A9rose_lat%C3%A9rale_amyotrophique

 

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