Julien GRACQ (1910~2007)- BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE
BIOGRAPHIE:
Son vrai nom est Louis Poirier. Il est né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Viel. Après des études à l’École normale supérieure, il fut professeur d’histoire-géographie de 1936 à 1942 successivement à Nantes, Quimper, à Henri IV, Angers, puis à Saint-Maur en région parisienne. En 1942, il accepte un poste d’assistant de géographie à l’université de Caen et en 1947, il est nommé professeur au lycée Claude-Bernard, à Paris, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en juillet 1970. Il mènera une production d’écrivain parallèlement à sa carrière d’enseignant.
En 1936, il adhère au PCF. De 1937 à 1939, il sera secrétaire de la section CGT de son lycée de Quimper et participera seul à la grève générale interdite de septembre 1938. En 1939, à l’annonce du pacte germano-soviétique, il renvoie sa carte du parti ; c’est son dernier acte politique.
Au château d’Argol paraît au début de 1939 chez l’éditeur José Corti. André BRETON lui écrit une lettre galvanisante. Les deux hommes se rencontrent en août 1939 à Nantes. Une relation amicale s’établit entre les deux hommes cependant GRACQ ne fera jamais partie du groupe surréaliste.
Louis Poirier choisit son pseudonyme : Julien, comme Sorel, GRACQ, comme les Gracques (Gracchus, nom de famille d’une branche plébéienne de la gens sempronia à Rome IIème siècle av. J.C.).
Fin août 1939, GRACQ est mobilisé
à Quimper comme lieutenant au 137ème régiment d’infanterie. Pendant la « drôle de guerre », son régiment est cantonné en Moselle. Le 2 juin 1940, Julien GRACQ est fait prisonnier sur le front de l’Aa, il restera interné en Silésie jusqu’en février 1941 où il tombera gravement malade ; un risque supposé de contagion lui vaudra d’être libéré.
Du 25 avril au 22 mai 1949, on joue au théâtre Montparnasse sa pièce Le Roi Pêcheur, l’œuvre est éreintée par la critique. GRACQ règlera ses comptes en rédigeant un pamphlet, La Littérature à l’estomac, qui paraît en janvier et février 1950.
Le Rivage des Syrtes paraît en septembre 1951 et devient favori du Goncourt. GRACQ annonce qu’il refuserait le prix s’il lui était décerné. Le livre est cependant couronné. GRACQ maintient son refus.
En 1959 Luciano Chaily crée à Monte-Carlo l’opéra La riva delle Sirti qu’il a composé sur un livret adapté du roman de GRACQ.
Julien GRACQ est mort à Anger le 22 décembre 2007.
SON ŒUVRE :
J. GRACQ a exprimé sa conception exigeante de la littérature dans des essais où il s’oppose à « ces valeurs pilotes dont les hauts et bas enfièvrent le marché » : La Littérature à l’estomac (1950) ; Les Eaux étroites (1976) qui proposent une réflexion sur la poésie.
Tout en révélant son penchant pour les romantiques et les surréalistes (André Breton, 1948 ; Préférences, 1961), sa critique et ses essais réhabilitent le droit à la subjectivité en matière artistique (Lettrines I, II, 1967 et 1974 ; En lisant, en écrivant, 1980 ; Autour des sept collines, 1988 et Carnets du grand chemin, 1992 ).
Il emprunte aux légendes du Moyen Âge et aux contes des romantiques allemands dans son théâtre (Le roi pêcheur) et dans ses poèmes en prose (Liberté grande,1946) ainsi que dans ses récits qui en utilisent les riches symboles pour mieux susciter le sentiment de l’étrange (Au Château d’Argol, 1938).
Ses romans soulignent l’influence des milieux géographiques sur l’homme. Le « secret d’un roman est la création d’un milieu homogène d’un éther romanesque où baignent gens et choses et qui transmet les vibrations dans tous les sens ».Les longues descriptions, organisées suivant une construction musicale, sont la projection du paysage intérieur des personnages. Les héros attendent l’irruption de l’insolite ou du danger dans leur vie (Un beau ténébreux, 1945 ; Un Balcon en forêt , 1958 ; les trois récits de La presqu’île, 1970), quand ils ne cristallisent pas avec leurs propres désirs la tentation intime et fiévreuse de tout un peuple (Le Rivage des Syrtes).