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24 avril 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - La Vie à l’endroit (1997)

Rachid BOUDJEDRA (1941) - La Vie à l’endroit (1997)

 

     Le livre est sorti en librairie en 1997. Le personnage principal est Rac dont le nom peut être interprété comme un diminutif de Rachid. Tout comme Rachid BOUDJEDA, cet homme fait l’objet d’une fatwa lancée par les « Fous de Dieu ». De nombreux détails sont directement inspirés de la biographie de l’auteur : sa mère répudiée par un père tyrannique qui a eu quatre épouses, trente-six enfants, voyage beaucoup par le monde pour ses affaires et adresse des cartes postales de tous les endroits visités ; une grand-mère obèse autoritaire grande cuisinière ;un oncle veule réduit à sa merci ; les villes de Constantine, de Bône (Annaba) et d’Alger qu’il connaît bien, Le sujet de l’ouvrage porte sur trois dates dans trois lieux différents, le 26 mai 1995 à Alger, 26 juin 1995, à Constantine dans la maison familiale, le 26 juillet 1995, dans un hôtel de Bône. Rac, donc, est un homme condamné à une vie clandestine mouvementée car il n’a pas renoncé à lutter contre les intégristes. Sa compagne française, Flo, est infirmière dans un hôpital d’Alger. Menacé de mort, il est armé, possède une capsule de cyanure prête à être utilisée afin d’éviter de tomber vivant entre les mains de ses ennemis


     De sa planque, Rac assiste, puis se mêle, au délire joyeux des supporters du C.R. Belcourt qui vient de remporter la Coupe d’Algérie de football. La foule en liesse, dirigée par la mascotte du club, un nain fantasque et excentrique surnommé Yamaha, brave le couvre-feu de l’armée et les tabous intégristes. Tout à sa joie, le peuple en transes oublie, par une fête païenne, sa peur et transgresse tous les interdits. C’est un tournant pour le pays, les autorités débordées supprimeront le couvre-feu définitivement. Quelques jours plus tard, Yamaha sera abattu sauvagement par les intégristes.

     Rac, clandestin, est condamné à l’inexistence sociale et privée, à l’inexistence physique sous ses déguisements. Tel un insecte englué dans une toile d’araignée, Rac, obsédé par les meurtres rituels ou sadiques des intégristes et les tortures qu’ils infligent à leurs victimes, se débat entre  ce qu’il appelle « peur extérieure et peur intérieure ». Il tente de leur ériger un rempart de sa subjectivité. Photographe, il réactive son imaginaire en s’entourant de clichés représentant les victimes des horreurs intégristes. Ceux qu’il a réalisés de l’exécution de Yamaha y ont une bonne place. Certains ont été soustraits de la morgue par Flo. Il réveille aussi les démons du passé, afin de les vaincre.

     Flo, inquiète, voit l’homme qu’elle aime, partagé entre haine et compassion, entre terreur et sérénité, entre rejet et recherche d’une vie tranquille. Elle le voit s’enfoncer dans une folie meurtrière et hallucinatoire. La raison l’emportera-t-elle ? La vie finira-t-elle par revenir à l’endroit ?


     L’auteur nous expose les portraits manichéens, figés  et récurrents des personnages qui étayent la subjectivité de Rac/Rachid. Ses descriptions des lieux et des situations sont réalistes, sans concession, voire sordides. Il n’est pas indifférent à la nature, les arbres derrière les vitres, les jacarandas d’Alger, le bougainvillier de Constantine, le platane de Bône résistent au temps, aux évènements qui bouleversent le pays. Ils sont espoir de normalité et de paix dans leur vitalité exubérante.


     La Vie à l’endroit est un ouvrage qui dérange. Son intérêt est de rendre compte de la période de terreur qui a frappé l’Algérie du fait de la menace intégriste. Mais c’est aussi un roman provocateur et subversif. Il me semble que l’auteur ressasse sans fin ses traumatismes  et justifie ses engagements  comme dans une analyse qui peine à aboutir.

 

ColineCelia a lu aussi Fascination (2000) de Rachid BOUDJEDRA

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/01/21026303.html

   

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