Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ColineCelia a lu
Newsletter
Publicité
ColineCelia a lu
Visiteurs
Depuis la création 237 168
Archives
Derniers commentaires
5 décembre 2010

Irène FRAIN (1950) - Les Naufragés de l’île de Tromelin (2009)

Irène FRAIN (1950) - Les Naufragés de l’île de Tromelin (2009)

Commandé par le capitaine Jean Lafargue, l’Utile est un navire flambant neuf, armé par la Compagnie des Indes. Il est parti de Bayonne neuf mois plus tôt et fait voile pour ravitailler l’île de France. Dans la cale, tout au fond, sont entassés à même le lest, des hommes, des femmes et des enfants achetés clandestinement à Foulpointe. Cargaison frauduleuse que Lafargue projette de vendre comme esclaves, pour son compte, avec un sérieux bénéfice. Sa destination ? L’île de France et l’île Bourbon. Le navire cingle toutes voiles dehors vers le rivage où la fortune l’attend...

La traite vient d’être interdite dans l’Océan Indien, aussi navigue-t-il cap à l’est, dans une zone mal connue des cartographes, à l’écart de la route maritime.

Soudain, vers vingt-deux heures, le 31 juillet 1761, la flûte de cinq cent tonneaux touche la roche, se disloque et sombre dans une mer déchaînée. Les rescapés d’une nuit de lutte contre les éléments en furie échouent sur un îlot corallien. Quelques capitaines de passage, intrigués par des nuées d’oiseaux survolant la crête des vagues, l’avaient aperçu à la lunette. Cette île toute plate, au centre d’une barrière de déferlantes, est à peine visible. Les courants sont changeants et les vagues redoutables, à son approche. Son nom ? L’Île des Sables. Existe-t-elle seulement ? C’est, un mirage, dit-on.

          Lafargue a perdu la raison au cours du désastre. Sur 143 hommes d’équipage embarqués, 122 sont rescapés. Cent soixante esclaves étaient enfermés dans la cale. 88 seulement se retrouvent sur l’îlot. Le premier lieutenant du bord, Castillan, prend rapidement en main le sort et la discipline des naufragés  et entreprend l’organisation de leur survie.

Aucun point d’eau douce, sur cette île perdue dans l’océan ! Pour toute nourriture, des oiseaux ! Aussi  les survivants ont-ils arraché aux déferlantes les trésors vomis par les morceaux disloqués de l’Utile. Des plongeurs ont  retiré de l’épave tout ce qui était récupérable.

Aidé d’une quarantaine de blancs et d’une vingtaine de noirs, Castillan consacrera  toute son énergie à la construction d’une embarcation afin de fuir l’île inhospitalière, avant qu’elle ne devienne leur tombeau. Il s’avèrera rapidement que la prame issue de l’effort conjugué de tous ces êtres en détresse ne pourra jamais contenir tout le monde. À la fin du mois de septembre, les noirs, assemblés sur la plage, voient partir l’embarcation chargée de tous les blancs survivants. Castillan leur promet de revenir les rechercher le plus tôt possible. Promesse non tenue par les autorités!

Le 14 décembre 1776, La Dauphine, commandée par le capitaine Tromelin, touche l’île de France, avec à bord sept femmes et un bébé. Des naufragés abandonnés sur l’Île des Sables, quinze ans plus tôt, ils sont les seuls survivants.

Cet ouvrage, Irène FRAIN le qualifie de roman. Pourtant, elle ne s’est pas contentée de romancer avec tact et retenue, le récit du naufrage de l’Utile en 1761 et de ce qu’il est advenu des survivants. À ses talents de romancière reconnue, elle ajoute la rigueur d’une journaliste d’investigation et d’une historienne. Elle a su habilement mêler au drame vécu par les rescapés sur l’île de Tromelin, les résultats de la sécheresse de l’exploitation des archives, de l’examen des vestiges et des reliques, de l’analyse des sources, du recoupement des témoignages, et  préciser contexte politique et social de l’époque.

          Si cette fortune de mer est mal connue, de nombreux témoignages écrits ont pu être étudiés. Ils ont rapport aux circonstances et au déroulement du naufrage, à la vie des Blancs sur l’île et à leur sauvetage. La postface de Max GUÉROUT[1] apporte un complément émouvant et précieux, quand au sort des Noirs les quinze années qui ont succédé à leur abandon. De multiples questions ne trouveront jamais de réponse, mais son témoignage atténue partiellement le déséquilibre entre les deux parties du récit.

Sites à consulter pour compléter la lecture du roman, qui présentent une iconographie éloquente de l'île et des vestiges retrouvés  :

Irène FRAIN : Les naufragés de l’île Tromelin

http://www.lesnaufragesdeliletromelin.fr/interface.htm

 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_Tromelin

[1] Max GÉROUT, né le 12 septembre 1936 à Colombes (92)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
I
Chère Coline Celia, merci de votre article si sensible et de votre fine analyse de ma démarche. Un auteur est toujours très touché de se sentir compris. <br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> Irène FRAIN
Publicité