Dominique FERNANDEZ (1929) - Dans la main de l’ange
Dominique
FERNANDEZ (1929)
Dans la main de l’ange
On n’a
jamais vraiment su comment et par qui exactement le poète, romancier et
cinéaste italien Pier Paolo PASOLINI (Bologne 1922 ~ Près de Rome 1975) fut
assassiné sauvagement, sur une plage d’Ostie dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, probablement
par une de ses conquêtes masculines de la soirée. On a parlé aussi de trois
hommes mystérieux. Le destin de cet homme complexe, tourmenté, passionné,
anticonformiste, créateur maudit, avait tout pour séduire Dominique FERNANDEZ
,qui a construit avec ce récit, une autobiographie fictive de cet être marginal.
Pier Paolo
avait été influencé par son professeur d’histoire de l’art à l’Université et
avait découvert avec lui les peintres Masaccio (1401~1428), Masolino
(1383~1447), Piero della Francesca (1416~1492) et Le Caravage (1573~1610). Rompant
avec les conventions expressives idéalistes du sentiment religieux, ce dernier,
qui choisissait ses modèles dans le peuple et soulignait avec réalisme leur
aspect humble et prosaïque, subit l’hostilité de ses contemporains et fut
accusé de vulgarité et d’indécence. Sa vie aventureuse lui valut des démêlées
avec la police, une accusation de meurtre qui le contraignit à fuir et une mort
restée mystérieuse[1].
Dominique
FERNANDEZ dresse un parallèle entre les destins du réalisateur et du peintre. Artistes
en rupture avec leur temps, provocateurs, marginaux, homosexuels, tous deux découverts
assassinés sur une plage. Il comble les lacunes historiques par son imagination soutenue
par son érudition et sa culture. Dominique FERNANDEZ conduit cette
psychobiographie de façon à démontrer par quel déterminisme implacable les
évènements familiaux, historiques, politiques, le cadre naturel ou urbain, les
conceptions architecturales et artistiques, l’évolution sociale, la révolution
des mœurs du demi-siècle de 1922 à 1975, vont modeler les fantasmes et les
pulsions de Pier Paolo P., en faire le
créateur d’une œuvre variée originale et provocatrice, le porter à l’obsession,
exacerber ses pratiques homosexuelles vers un sadomasochisme exercé dans les
lieux les plus repoussants, avec son ami du moment ou des prostitués ramassés
dans les quartiers malfamés de Rome. Le paroxysme étant atteint avec la mort
infâme réalisatrice de son vœu le plus profond. Ne conclut-il pas sa longue
lettre posthume adressée à son ami napolitain Gennariello que constitue ce
roman : « Dans aucun de mes livres, dans aucun de mes films je ne
m’étais montré à la hauteur de mes ambitions. Mais maintenant je m’en allais
tranquille, ayant organisé dans chaque détail ma cérémonie funèbre et signé ma
seule œuvre assurée de survivre à l’oubli. » ?
Si les
situations intimes décrites sont imaginaires, les évènements, les dates, les
lieux sont réels ainsi que les célébrités citées.
On peut
facilement comprendre qu’à sa parution, l’ouvrage fut décrié par les proches de
PASOLINI et fut sujet à controverse. Cette relation rompt avec la notion
habituellement véhiculée de biographie. Écrit très dense et très fort, il ne
laisse pas indifférent. Dominique FERNANDEZ qui a fait lui-même l’expérience de
l’exclusion, a su, avec talent, nous amener à mieux comprendre son héros.
L’écrivain
a été récompensé par le jury du Prix Goncourt, pour ce livre en 1982.
CONTEXTE HISTORIQUE dans lequel se situe le roman
À
PROPOS DU FUTURISME EN ITALIE AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE
[1] Résumé du portrait du peintre Le Caravage par Le Petit
Robert des Noms propres.