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14 août 2011

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt (2011)

 Un ballon dégagé maladroitement sort du terrain annexe du centre sportif proche du micro-campus à l’américaine qu’était,  pour l’époque, l’établissement récemment érigé à la lisière de la forêt domaniale de Montargis. Un gamin, lancé à sa poursuite découvre, dans les fourrés, une femme inanimée, à dix mètres à peine de la touche. Le match de foot rituel élèves-professeurs de fin d’année scolaire du lycée en forêt est aussitôt interrompu, bien avant le temps règlementaire.

La  jeune femme est tombée à plat ventre dans le sous-bois, avant d’avoir pu, semble-t-il, accéder au terrain. Elle est vêtue curieusement d’un costume folklorique hongrois. Le docteur Guillemot, appelé pour la secourir, reconnaît Marina Szabo son ex-fiancée. En dépit de ses efforts pour la ranimer, le médecin éploré ne peut que constater la mort de Marina  par overdose de barbituriques, associés à de l’alcool.

Nestor Duchemin s’interroge :

- Pourquoi cet accoutrement ?

- Suicide, ou mort provoquée ?

- Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ?

- Pour lequel de ses anciens amants présents à ce match, Marina est-elle revenue ? Guillemot, le fiancé abandonné à la publication des bancs ? Dietrich Varady, l’assistant d’allemand, réfugié d’origine hongroise, comme elle ? Son ancien employeur, le séducteur Léon Corentin, professeur de lettres ?

- Conclusion, ou épisode dramatique du soulèvement lycéen en écho à la révolte étudiante de Mai 1968 ?

Duchemin trouvera bien sûr réponse à toutes ces questions.

Q/ R

Q : -Pourquoi toutes ses découvertes n’ont-elles jamais été publiées, à l’époque ?

R : -Tout simplement parce que la France était sous une chape de silence médiatique ouaté parcouru de rumeurs. Europe 1, seule radio à couvrir l’action concentrait ses sources sur Paris et les grandes métropoles.

Q : - Et pourquoi ne l’ont-elles pas été  après ?

R : - Mais, parce qu’après les évènements et les grèves généralisées, les Accords de Grenelle sur les salaires occupaient la une dans tous les médias et tous les esprits.

Q :- Pourquoi Nestor Duchemin, introduit dans le milieu du journalisme, a-t-il attendu quarante-trois ans pour témoigner ?

R : Lui seul pourrait nous répondre !   

Afin d’éclairer le processus, qui a généré la tournure des évènements en mai et juin 68 au lycée en forêt, Nestor nous invite à l’accompagner dans les couloirs de la Sorbonne, en 1956, au cœur des manifestations révolutionnaires de Mai 1968 du lycée, et même à franchir le Rideau de fer vers  Budapest et Berlin.

Nestor Duchemin, professeur de lettres au lycée en forêt, cycliste urbain, passionné de football, de météo, de cinéma, journaliste, n’est autre que le double de l’auteur du roman. Dans le tableau des évènements qu’il expose et les portraits qu’il brosse, les lecteurs des chroniques hebdomadaires de Roland DUVAL retrouveront  ses expressions favorites, son style, son humour cocasse, son recul goguenard sur les faits, recul mêlé d’aversion ou de complicité. Le narrateur se pose tantôt en témoin neutre, témoin complice qui dit « chiche » - histoire de voir – ou emboîte hardiment le pas des meneurs. Il se plaît à souligner les situations absurdes et les actions paradoxales, quitte à en être l’acteur. La description de la palette de nuances et les « révisions » internes des courants politiques, qui agitaient le milieu estudiantin en 1956, amusera sûrement nombre d’entre-nous.

L’évocation de certaines figures montargoises réveillera chez les plus anciens habitants de la ville, des souvenirs émouvants. Aucun d’entre eux  n’a oublié Monsieur Frayer, dont la librairie, véritable caverne d’Ali Baba pour les bibliophiles, était aussi un forum de discussions littéraires et politiques dans un va et vient permanent d’enseignants, les jeudis et les samedis. Quant aux vociférations martiales proférées à travers un des multiples salons de coiffure du quartier de la Chaussée pas encore détruit, elles résonnent encore aux oreilles des vieux clients.

Livre agréable à lire, distrayant, amusant, Guerre froide au lycée en forêt invite aussi à réfléchir sur l’origine, sans facebook, ni téléphone mobiles (C’était déjà bien beau d’avoir accès à une ligne de téléphone fixe !), et les conséquences réelles de ces journées d’exaltation prometteuses pour les uns, d’agitation stérile pour d’autres ou  pour d’autres encore, de bouleversements  irréversibles.

 

Pour lire : DUVAL Roland (1933) -Biographie – Bibliographie – Filmographie

 

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