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14 août 2011

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt (2011)

 Un ballon dégagé maladroitement sort du terrain annexe du centre sportif proche du micro-campus à l’américaine qu’était,  pour l’époque, l’établissement récemment érigé à la lisière de la forêt domaniale de Montargis. Un gamin, lancé à sa poursuite découvre, dans les fourrés, une femme inanimée, à dix mètres à peine de la touche. Le match de foot rituel élèves-professeurs de fin d’année scolaire du lycée en forêt est aussitôt interrompu, bien avant le temps règlementaire.

La  jeune femme est tombée à plat ventre dans le sous-bois, avant d’avoir pu, semble-t-il, accéder au terrain. Elle est vêtue curieusement d’un costume folklorique hongrois. Le docteur Guillemot, appelé pour la secourir, reconnaît Marina Szabo son ex-fiancée. En dépit de ses efforts pour la ranimer, le médecin éploré ne peut que constater la mort de Marina  par overdose de barbituriques, associés à de l’alcool.

Nestor Duchemin s’interroge :

- Pourquoi cet accoutrement ?

- Suicide, ou mort provoquée ?

- Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ?

- Pour lequel de ses anciens amants présents à ce match, Marina est-elle revenue ? Guillemot, le fiancé abandonné à la publication des bancs ? Dietrich Varady, l’assistant d’allemand, réfugié d’origine hongroise, comme elle ? Son ancien employeur, le séducteur Léon Corentin, professeur de lettres ?

- Conclusion, ou épisode dramatique du soulèvement lycéen en écho à la révolte étudiante de Mai 1968 ?

Duchemin trouvera bien sûr réponse à toutes ces questions.

Q/ R

Q : -Pourquoi toutes ses découvertes n’ont-elles jamais été publiées, à l’époque ?

R : -Tout simplement parce que la France était sous une chape de silence médiatique ouaté parcouru de rumeurs. Europe 1, seule radio à couvrir l’action concentrait ses sources sur Paris et les grandes métropoles.

Q : - Et pourquoi ne l’ont-elles pas été  après ?

R : - Mais, parce qu’après les évènements et les grèves généralisées, les Accords de Grenelle sur les salaires occupaient la une dans tous les médias et tous les esprits.

Q :- Pourquoi Nestor Duchemin, introduit dans le milieu du journalisme, a-t-il attendu quarante-trois ans pour témoigner ?

R : Lui seul pourrait nous répondre !   

Afin d’éclairer le processus, qui a généré la tournure des évènements en mai et juin 68 au lycée en forêt, Nestor nous invite à l’accompagner dans les couloirs de la Sorbonne, en 1956, au cœur des manifestations révolutionnaires de Mai 1968 du lycée, et même à franchir le Rideau de fer vers  Budapest et Berlin.

Nestor Duchemin, professeur de lettres au lycée en forêt, cycliste urbain, passionné de football, de météo, de cinéma, journaliste, n’est autre que le double de l’auteur du roman. Dans le tableau des évènements qu’il expose et les portraits qu’il brosse, les lecteurs des chroniques hebdomadaires de Roland DUVAL retrouveront  ses expressions favorites, son style, son humour cocasse, son recul goguenard sur les faits, recul mêlé d’aversion ou de complicité. Le narrateur se pose tantôt en témoin neutre, témoin complice qui dit « chiche » - histoire de voir – ou emboîte hardiment le pas des meneurs. Il se plaît à souligner les situations absurdes et les actions paradoxales, quitte à en être l’acteur. La description de la palette de nuances et les « révisions » internes des courants politiques, qui agitaient le milieu estudiantin en 1956, amusera sûrement nombre d’entre-nous.

L’évocation de certaines figures montargoises réveillera chez les plus anciens habitants de la ville, des souvenirs émouvants. Aucun d’entre eux  n’a oublié Monsieur Frayer, dont la librairie, véritable caverne d’Ali Baba pour les bibliophiles, était aussi un forum de discussions littéraires et politiques dans un va et vient permanent d’enseignants, les jeudis et les samedis. Quant aux vociférations martiales proférées à travers un des multiples salons de coiffure du quartier de la Chaussée pas encore détruit, elles résonnent encore aux oreilles des vieux clients.

Livre agréable à lire, distrayant, amusant, Guerre froide au lycée en forêt invite aussi à réfléchir sur l’origine, sans facebook, ni téléphone mobiles (C’était déjà bien beau d’avoir accès à une ligne de téléphone fixe !), et les conséquences réelles de ces journées d’exaltation prometteuses pour les uns, d’agitation stérile pour d’autres ou  pour d’autres encore, de bouleversements  irréversibles.

 

Pour lire : DUVAL Roland (1933) -Biographie – Bibliographie – Filmographie

 

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18 juillet 2011

PASKAL CARLIER (1963) – Grossir à en mourir (2009)

PASKAL CARLIER (1963) – Grossir à en mourir (2009)

 

Patrick Legendre n’a plus le profil. Copie conforme, jusqu’à présent, de l’avatar imaginé par les concepteurs des bureaux de marketing, pour les ressources humaines d’une chaîne de magasins de matériel informatique, Legendre a pris énormément de poids ces derniers temps. Il n’entre plus dans l’uniforme fourni par la firme à ses vendeurs. Il n’est plus qu’un bibendum qui se traîne lamentablement, le regard éteint, entre les rayons regorgeant de produits high-tech. Quelle image de l’enseigne donnée à la clientèle ! Ses quotas de vente fléchissent ! Ils finiront par impacter le chiffre d’affaire de la succursale ! Il est temps d’en finir !

Ce lundi 20 juin 2005, c’est à licencier Patrick Legendre que s’emploie justement le directeur du magasin, Lukas Desjeans, le héros du roman,. N’a-t-il pas déjà mis en garde son subordonné sur son laisser aller ? Legendre est venu à la convocation de Lukas, accompagné d’une femme âgée. Il a beau pleurnicher lamentablement qu’il est malade, qu’il se soigne, que, son traitement achevé, tout rentrera dans l’ordre, son supérieur  reste insensible. Sans états d’âme, Lukas, dégoûté, regarde Legendre, effondré et larmoyant, quitter son bureau. La femme en noir franchit avec lui le pas de la porte, se retourne et lance à Lukas des imprécations menaçantes avant de disparaître.

Lukas Desjeans est un jeune cadre sportif, heureux en amour avec Julie, sa compagne, qui partage ses goûts. Ses qualités professionnelles, son dynamisme au service de son ambition lui ont ouvert l’accès à une excellente situation de directeur dans une entreprise commerciale. Situation assortie d’un salaire qui lui assure une vie confortable, l’accession à la propriété d’un appartement de standing à Neuilly-sur Seine et le plaisir de rouler  à bord d’un bolide, sa Porsche 944.

Dans son journal commencé de lundi 20 juin 2005, avec pour sous titre  –  Le jour où tout a basculé – Lukas associe le lecteur à son combat pour sortir du calvaire cauchemardesque qu’il gravit dès l’instant où la vieille femme en noir a proféré : « Toi aussi tu vas grossir, tu vas tout perdre, rien ni personne ne pourra te venir en aide et tu finiras par en crever. ».

Puristes soyez indulgents pour cette petite maison d’édition s’il vous plaît ! Les grigris des correcteurs informatiques sont impuissants face aux maléfices grammaticaux orthographiques et typographiques de la vieille femme en noir !

Le style, la syntaxe, le vocabulaire, la sensibilité, l’humanité de Paskal Carlier sont accessibles à tous. Grossir à en mourir est un récit dans lequel on trouve le suspense angoissant d’un thriller, mais qui amène chacun à réfléchir sur sa conception du bonheur, de la réussite sociale, les conséquences des comportements collectifs et individuels, la précarité du présent, la solitude dans l’épreuve. La morale à tirer de ce conte du XXIe siècle se rapproche de la recommandation  de BOSSUET, dans un sermon sur la justice, « ... ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse. ».[1]

  L’AUTEUR :

PasKal Carlier le 11 mai 2011

Paskal CARLIER est né en 1963 à Beaumont-sur-Oise. Il vit depuis de nombreuses années à Montargis (Loiret), où il a été élevé dans le quartier de la Chaussée. Il est amateur de musique et aime peindre.

Paskal CARLIER a écrit et chanté environ 200 chansons dans des soirées cabaret et a été animateur de radio libre. Il a toujours aimé écrire des poèmes et des nouvelles.

En 2002, une de ses nouvelles a été retenue pour le 3ème prix au concours du Salon du Livre de Montargis. Il a reçu le prix d’excellence pour un de ses poèmes dans un concours international de poésies.

En 2009, il publie  un conte pour enfants : Les 6 trouilles et leur pot Iron chez Paultick aux Éditions Bio.

Après sa rencontre avec Cécile FAREZ, écrivain public, il franchit le pas vers le roman et écrit Grossir à en mourir, publié en 2009 aux Éditions Plumes Libres, rapidement épuisé. La troisième édition de ce roman remaniée par l’auteur est parue en mars 2011.

Paskal CARLIER est un battant inventif et généreux. Il a décidé de se donner les moyens de réaliser sa passion. Adepte de toutes les possibilités d’ouverture et d’échanges culturels offertes par internet, il s’est lancé dans l’édition en ligne en créant Le Forum des écrivains libres ouvert à toute personne qui écrit.

Il a participé à l’édition d’un recueil L’envol des mots  et d’un conte de Noël.

Avec son épouse et deux autres personnes, il a créé une association ‘loi 1901’, « Plumes Libres Éditions » qui a une boutique de vente en ligne à partir de son site internet.

En 2010, Paskal CARLIER crée sa propre maison d’édition « Les Éditions du Préau » spécialisée dans la littérature pour la jeunesse mais qui publie aussi quelques romans pour adultes.

On peut lire une de ses nouvelles pour enfants, Les Robinsons de Bretagne, sur le site « L’instant poétique ».

http://www.instant-poetique.com/nw_nouvelle3.php?NouvID=115



[1] Ce conseil est tiré  des Extrait des Œuvres complètes, Tome 1er, Sermons, Avent – Carême – Fêtes et Dimanches de Jacques Bénigne BOSSUET (1627~1704)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/07/24/21666724.html

3 juillet 2011

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice MATTHIEUSSENT[1]

Dans Retour en terre, Jim HARRISON nous conduit à nouveau auprès de la famille Burkett qui avait fait l’objet du roman De Marquette à Veracruz (2004). Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis la mort tragique du père de famille au Mexique. Donald, le mari métis Chippewa-Finnois de Cynthia est corbeau PAPOatteint de la maladie de Lou Gehrig[2].

Conscient de l’évolution inéluctable de son mal et de celle, tout aussi inexorable, de la civilisation de ses ancêtres, Donald décide de transmettre à ses enfants l’histoire de leurs ascendants. La première partie du livre est la transcription par Cynthia du récit  de son époux. La saga de trois générations de Clarence s’accompagne d’un testament spirituel acquis sur la terre de ses ancêtres au cours de son initiation aux rites des Indiens Anishnabe. Cynthia complète le récit de Donald de  précisions et de commentaires explicatifs, placés entre crochets.

Dans laLa coiffure Mohawk PAPO deuxième partie, K, le fils de Polly, très proche de Donald en qui il a trouvé un oncle d’adoption après la mort accidentelle de son père, reprend le récit. La famille, regroupée autour du couple, s’emploie à ménager le malade et soulager ses souffrances. L’échéance venue,  tous ses proches accompagnent l’agonisant vers la délivrance qu’il a choisie et participent à l’exécution de son vœu de retour en terre rituel, sur le lieu de son initiation spirituelle.

Très éprouvée, épuisée par sa lutte contre l’impitoyable mal, lentement, Cynthia, dans la quatrième partie, fait face à l’absence, à la douleur, à la dépression qui suit la mort de l’homme qu’elle aimait. Quel sens donner à la vie  désormais? Comment apprendre à vivre autrement ? Comment réapprendre à aimer ? 

Les évènements relatés s’écoulent sur une année. En réalité, ils sont composés d’un assemblage de souvenirs, de divers points de vue sur de mêmes faits, d’anecdotes sans cohérence les unes et les autres. Des récits en vrac bien rendus composent le message de Donald pressé par le temps qui lui reste ; ses idées se bousculent et les digressions se multiplient. Des échanges  sans homogénéïté, des afflux de souvenirs se rattachant à Donald, des questions existentielles, ces propos décousus tenus par les membres de son entourage témoignent de leur perturbation. Leurs obsessions et le présent bassement terre à terre imprègnent ce chaos hétéroclite. Un discours instable traduit le travail de deuil  de Cynthia doublé de son inquiétude devant l’état dépressif quasi suicidaire de sa fille Clara.

Dans la troisième partie, le frère de Cynthia, David, vours noir d'Amérique PAPOientpasser l’été dans son chalet dans le Nord, après la mort de Donald. Il  été retenu par ses occupations au Mexique où il apporte de l’aide aux immigrants latinos qui tentent de franchir la frontière mexicaine. Le meurtre du père et la publication de l’essai sur les méfaits de la famille Burkett ruminés sur trois décennies, n’ont pas délivré David n° 4 de ses démons. Bien que sorti du Golfe du Mexique, David continue de mener sa barque avec une seule rame, c'est dire qu’il n’avance pas.

Jim HARRISON tirerait-il sur la ficelle ? Cette narration davidienne, insérée dans le fil du roman, donne une impression de déjà vu, de redit. Ce procédé avait déjà été exploité plus habilement dans des romans antérieurs, en particulier dans La route du retour (1998).

Dans De Marquette à Veracruz, Jim HARRISON avait privilégié les conséquences de l’action des colons venus du nord de l’Europe sur les ressources naturelles. Dans Retour en terre, tout en laissant planer leur caractère mystérieux, il s’intéresse à travers Donald, à la survivance de la spiritualité de certaines populations autochtones de la région des Grands Lacs, aux vertus prémonitoires qu’elles attribuent aux rêves et leur foi dans une réincarnation animale de l’esprit d’un défunt.

[1] [1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi  à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

[2] Lou Gehrig est le nom d’un joueur de baseball célèbre mort de cette maladie en 1941. Il s’agit de la  sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot qu’on appelle maladie de Lou Gehrig aux États-Unis. http://fr.wikipedia.org/wiki/Scl%C3%A9rose_lat%C3%A9rale_amyotrophique

 

12 juin 2011

Jim HARRISON (1936) – De Marquette à Veracruz(2004)

Jim HARRISON (1936) – De Marquette à Veracruz(2004)

traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSSENT[1]

 

« Je ne me déteste pas, mais j’ai la mâchoire suffisamment saillante pour me rappeler mon arrière-grand-père, mon grand-père et mon père. J’ai eu beaucoup de chance quand les traits délicats de ma mère ont modéré mon héritage paternel, moyennant quoi les plus vieux habitants de la Péninsule Nord du Michigan ne se détournaient pas aussitôt de moi, réduits au silence par le malaise et l’effroi. », ainsi se décrit David Burkett, quatrième d’une lignée de David Burkett remontant aux années 1860. Pourtant né avec une cuiller d’argent dans la bouche, mais il se considère porteur d’une tare rédhibitoire et n’aura de cesse de la repousser. Il ne la crachera qu’à l’issue d’un itinéraire de formation de trois décennies qui se soldera à Veracruz.

Les deux premiers David ont bâti leur fortune sur l’extraction drastique et le commerce de milliards de stères de bois d’œuvre de la Péninsule Nord  du Michigan.

 Contrairement à Cynthia, sa sœur cadette, délurée, teigneuse et provocatrice, le garçon est un tendre, soucieux du regard porté sur lui par autrui, rêveur, amoureux de la nature et passionné de parties de pêche en compagnie de son ami Glenn. Leurs parents vivent des rentes des fortunes héritées de l’exploitation des ressources naturelles du Sud du Lac Supérieur par leurs  aïeux. Ils partagent leur vie oisive en loisirs et fêtes, fréquentant des nantis de même acabit, entre Marquette l’hiver où se trouve la maison familiales, sur leurs lieux de vacances respectifs où leur bungalow au sein d’un club privé.
         Lorsque nous faisons sa connaissance dans les années soixante, le narrateur est un adolescent en pleine crise identitaire. Comment s’identifier à ces Burkett capables de tout pour assouvir leur avidité? Comment s’identifier à ce père, David le troisième, cet ivrogne pervers, roublard, en tête du palmarès du viol de gamines à peine pubères, cet homme égoïste, imbu de son statut social, qui se place au-dessus de la morale commune en achetant le silence des victimes de ses obsessions  pédophiles et de ses orgies ? Quelle consolation trouver auprès d’une mère malheureuse, réfugiée dans l’oubli procuré par l’alcool et les antidépresseurs ?

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Source de l'image : cliquez ICI

Le repentir par procuration de David commence par une conversion à l’église méthodiste[1], église schismatique de l’église anglicane épiscopalienne à laquelle appartient sa famille, afin de devenir pasteur. La méthode du pasteur John Wesley renforce sa hantise de rachat du péché originel et de sanctification personnelle. Le jeune homme renoncera au sacerdoce et décidera de se consacrer à la dénonciation des déprédations irréversibles exercées par sa famille.
         Le père de David est assisté de Jesse son homme à tout faire. Jesse, d’origine mexicaine a obtenu la nationalité américaine pendant la guerre du Pacifique où il a servi sous les ordres de Mac Arthur avec son patron. Il a décidé de revenir avec sa fille, Vera, d’une de ses visites annuelles à sa famille restée au Mexique. Promu répétiteur de Vera pour l’apprentissage de l’anglais, David en tombe secrètement amoureux. Sa protégée est une fillette intelligente et enjouée d’une douzaine d’années qui diffuse son entrain et sa bonne humeur à toute la maisonnée. C’est le viol de cette enfant par M. Burkett père qui provoquera la dislocation de la famille. Un délit resté impuni, évidemment !

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Source de l'image : cliquez ICI

          Enceinte à seize ans d’un condisciple du lycée, Cynthia est la première à fuir cette ambiance folle. Situation d’autant plus scandaleuse, pour une fille d’une grande famille du Mississipi, que le père est Donald, un sang-mêlé finnois et indien chippewa, fils du fidèle jardinier Clarence, vétéran de la guerre de Corée.

        La progression du cheminement vengeur de David  s’identifiera rapidement à un parcours initiatique. Il est soutenu par Fred, l’oncle pasteur alcoolique «qui jouait les funambules entre deux mondes», attiré par les philosophies asiatiques, écarté du ministère sur plainte de ses paroissiens. Son affection pour sa sœur Cynthia et pour Carla sa chienne, les femmes qui ont compté pour lui, Laurie son premier amour, Riva la Noire qui a consacré sa vie aux enfants en difficulté, Polly son ex-épouse avec laquelle il ne voulait pas avoir d’enfant, Vernice la poétesse, aideront à sortir ce « pète-sec » de son petit moi. Les  travaux d’endurance en compagnie des travailleurs manuels, l’écoute des démunis, des victimes de l’exploitation des territoires du Nord, de Clarence et de Jesse le feront émerger de son exil expiatoire et de ses contradictions. Toutes ces rencontres l’aideront à approfondir  ses motivations, à réfléchir sur les problèmes existentiels que sont la religion, le désir, le sexe, l’amour, le sens de la vie, la mort.

PAPO Le plongeon huard

 

David constatera la naïveté de jeter l’opprobre sur les générations antérieures. La cupidité de ses ancêtres n’est pas vécue par les bûcherons survivants de la manière qu’il imagine, c’était le bon temps qui leur fournissait un travail certes dangereux, rude et pénible, mais il permettait de nourrir leur famille. Le malaise et l’effroi qu’il croit percevoir chez eux ne concernent-il pas plutôt l’usage que la génération présente fait de sa fortune et de l’orientation de son appétit du gain ? Surpris de la réticence de ses amis désargentés envers sa générosité financière, cet enfant gâté découvrira que l’argent s’échange. Sans contrepartie de sa part, le bénéficiaire se sent avili.

Goinfrerie et cuisine élaborée, beuveries à la bière, au whisky et dégustation de vins fins, débordements érotiques et retenue puritaine, haine et amour, fortunes colossales et misère, détails triviaux et méditations philosophique, théologique et culturelles, propriétés luxueuses et modestes chalets inconfortables, immensité des magnifiques paysages et friches lamentables, abondance de gibier et massacre d’espèces animales,  solitude absolue et promiscuité des cités, monotonie des routes interminables et encombrement urbains, liberté des grands espaces et regroupements ethniques, enfermement volontaire de riches résidents, froids polaires, tempêtes de neige, orages terrifiants, chaleur accablante,  villes gigantesques  donnent un aperçu des excès de l’Amérique du Nord contemporaine.

PAPO Opossum

Les lecteurs prennent connaissance du dénouement de l’histoire dès le début du roman. Pourtant, au cours de la lecture, quelques doutes naissent quant à la nature de cette page et demie écrite en italique et puis non, on la retrouve bien à la fin. Entre ces pages, une partie est consacrée à chaque décennie, les années soixante,  les années soixante-dix, les années quatre-vingt dans lesquelles la chronologie n’est pas toujours suivie. Un épilogue termine la narration.

Dans les romans précédents Dalva (1987), puis La Route de retour (1998), Jim HARRISON avait abordé les conséquences de l’invasion des immigrants européens en Amérique du Nord sur le sort des populations autochtones. Dans De Marquette à Veracruz, il élargit le thème vers celui du comportement des hommes envers la nature, leur héritage commun. Il resitue la colonisation européenne de l’Amérique, l’asservissement et l’extermination des populations autochtones dans la continuité de l’histoire universelle de l’humanité. Il remet l’espèce humaine à la place de prédateur qu’elle occupe depuis la nuit des temps et souligne la légèreté de sa conduite égocentrique, laquelle provoque des dégâts irréversibles sur l’environnement jusqu’à compromettre l’équilibre la biodiversité de notre planète

Lien vers :

BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE de Jim HARRISSON

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/01/23/20197744.html

LE PIN BLANC D’AMÉRIQUE - LES CONSÉQUENCES DE SA SUREXPLOITATION AU XIXe SIÈCLE DANS LE MICHIGAN

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007) suite de De Marquette à Veracruz

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/07/03/21533906.html


[1] Le méthodisme, l’Église épiscopalienne, John Wesle, voir ORIGINE DE QUELQUES EGLISES PROTESTANTES  : http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/06/26/21487081.html



[1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi  à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

 http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=250

"Jim Harrison de A à X" de Brice MATTHIEUSSENT

http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=50

 


5 juin 2011

Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961) - BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961) - BIOGRAPHIE -BIBLIOGRAPHIE

 

        CÉLINE, de son vrai nom Louis-Ferdinand DESTOUCHES, est né à Courbevoie en banlieue parisienne en 1894. Son père était employé au service de la correspondance dans une compagnie d’assurance et sa mère possédait un commerce de dentelles. Ses parents ne s’entendent guère et connaissent d’incessants problèmes financiers. L’enfant trouvera soutien et réconfort auprès d’un oncle et de sa grand-mère maternelle dont il choisira le prénom comme pseudonyme en 1932.

Il passe son certificat d’études, quitte l’école, effectue des séjours en Allemagne et en Angleterre, avant d’être placé comme apprenti dans divers commerces.

Il s’engage dans la cavalerie où il deviendra maréchal des logis. Il a 20 ans en août 1914, quand la guerre éclate. Il est blessé au bout de 3 mois et est démobilisé l’année suivante. Cette expérience fera de lui un pacifiste acharné.

Il fait une courte expérience conjugale en Angleterre.

De 1916 à 1917, il s’embarque pour l’Afrique de l’Ouest où  il est surveillant de plantation pour une compagnie forestière. De santé fragile et déçu de ne pas avoir fait fortune, il rentre en France à la fin de la guerre.

Profitant des mesures prises en faveur des anciens combattants, il passe son baccalauréat en 1919 et s’engage dans des études de médecine au cursus accéléré de 5 ans.

En 1919, il épouse la fille d’un professeur de médecine.

Après sa thèse, il entre à la S.D.N., à la section d’hygiène, à Genève. Ce poste l’amène à faire de nombreux voyages. Il s’intéresse à la médecine du travail aux États-Unis. Il découvre New York et les usines Ford de Detroit.

Il divorce en 1926 et vit avec une danseuse américaine Élisabeth Craig.

En 1928, il s’installe à Clichy où il ouvre un cabinet privé puis travaille au dispensaire municipal.

En 1932, son père  meurt, il fait paraître chez Denoël, Voyage au bout de la nuit.

En 1933, Élisabeth Craig rompt avec lui et retourne définitivement aux État-Unis.

En 1936, c’est la parution de Mort à crédit qui est reçu fraîchement.

Il rédige ensuite Casse-pipe, un roman de l’expérience militaire qui paraîtra en 1949.

Il compose des arguments de ballets, des essais théâtraux, des synopsis de films et surtout des pamphlets connus pour leur violence : Mea Culpa en 1936 qui s’attaque surtout au communisme soviétique, et pour leur antisémitisme ordurier : Bagatelles pour un massacre en 1937, L’École des cadavres en 1938  où est affirmée sans ambiguïté son admiration pour Hitler et enfin nettement pro allemands avec Les Beaux Draps, ainsi qu’une longue série d’articles favorables à la politique de Vichy.

En 1943, il épouse Lucette Almanzor, une danseuse rencontrée en 1935 qui l’accompagnera jusqu’à sa mort.

En 1944, paraît la première partie d’un nouveau roman rédigé pendant la guerre, Guignol’s band, et dont la seconde partie sera publiée de manière posthume en 1964, sous le titre Pont de Londres.

Au lendemain du débarquement allié, CÉLINE, accompagné de sa femme,  suit Pétain et ses collaborateurs à Sigmaringen, parvient, en 1945, à rejoindre Copenhague au Danemark où il a mis de l’argent en sûreté. Il est extradé pour ses activités collaborationnistes par la France et est incarcéré pendant deux ans. Il sera libéré en 1947 et restera en exil au Danemark. À la suite d’une amnistie, il rentre en France, en 1951, mais est condamné à l’indignité nationale et à la confiscation de ses biens.

Il s’installe à Meudon où il ouvre un nouveau cabinet médical et revient à l’écriture.

Il raconte ses années d’errance et règle ses comptes dans Une féerie pour une autre fois qu’il publie en 1952. En 1954, c’est la publication de la seconde partie de Féerie sous le titre de Normance, et de l’interview imaginaire où il aborde quelques points de sa poétique, Entretiens avec le professeur Y.  Les critiques et le public lui restent hostiles et le boudent.

En 1957, paraît Un château l’autre qui retrace l’épisode peu glorieux de Sigmaringen qui rencontre le succès. Mais Céline reste un auteur sulfureux.

Il poursuit le récit de ses tribulations allemandes dans Nord (1960) et dans Rigodon (posthume 1964).

Dans ces derniers romans, il apparaît sous son vrai nom et dans des circonstances réelles transposées par l’imaginaire.

Lien pour consulter le message sur Voyage au bout de la nuit (1932)

À voir à propos de Céline et son œuvre, son antisémitisme, sa collaboration et son attitude après son retour en France, la vidéo publiée le 17 oct. 2011 par Arteplus7 : Le procès Céline

 ainsi que Les entretiens à Meudon ( en 2 parties) sur la même chaîne

1ère partie

2ème partie

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29 mai 2011

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT (1932) - Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961)

 

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT (1932) - Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961)

Le livre se résume dans son titre Voyage au bout de la nuit.

LA NUIT

La nuit  est du côté de la Terre qui n’est pas éclairé par le soleil. C’est ce qu’on ne voit pas, la face cachée des institutions (l’armée, la recherche médicale, le clergé, le commerce, la psychiatrie), des lieux (la banlieue des villes, leurs bas-fonds, les cours intérieures, les coulisses du théâtre, les maisons closes), des personnes (les sentiments profonds, inavouables, refoulés).

La nuit, c’est l’envers du décor, le côté des idéaux politiques et sociaux, l’envers des valeurs morales.

La nuit, c’est ce que vivent  ceux qui ont perdu leurs repères, les fous, les aveugles.

La nuit, c’est la mort. C’est aussi l’enfer.

LE VOYAGE

Le voyage est une anti- épopée  burlesque et amère, un voyage initiatique vécu par le narrateur, Ferdinand Bardamu,

- Pendant la guerre de 1914-18, dans les coulisses du front, des postes de commandement, à l’arrière dans les hôpitaux avec les convalescents qui ont été blessés dans leur corps, dans leur tête et ont perdu leurs illusions, dans le Paris des permissionnaires, des « planqués », des œuvres caritatives

- En Afrique coloniale et colonisée, dans la brousse

- En Amérique, aux Etats-Unis, à New York, du côté des pauvres, des émigrés, des chercheurs d’emploi, des ouvriers sur les chaînes des usines Ford, à Detroit.

En banlieue parisienne où médecin des pauvres, Barnamu survit à peine et partage le sort misérable de ses patients à une époque sans protection sociale.

À Paris, dans un hôtel meublé pour carabins désargentés, les coulisses d’un cabaret, les maisons closes, les hôtels de passes.

Dans une institution pour aliénés désignée sous l'euphémisme de « maison de santé »

      Le roman est une auto fiction dans laquelle se retrouve l’expérience de CÉLINE qui a vécu dans tous les endroits fréquentés par Bardamu, comme soldat, employé de plantation en Afrique coloniale, médecin à la S.D.N. et en banlieue parisienne pauvre, ami et époux d’artistes.

      LE NARRATEUR s'exprime en langage parlé populaire aux tournures riches et argotiques. Antihéros, tour à tour, simple « troufion », employé subalterne, esclave galérien, immigré, gigolo entretenu par des artistes qui se prostituent, et enfin modeste médecin fauché et sans prestige, il vit les pires expériences et les révèle sous leur aspect habituellement caché.

      Bardamu se présente comme un raté, peureux, prêt à toutes les lâchetés pour se tirer d’embarras. Un être sans ambition, sans idéal, non sans repères moraux car il est conscient de les franchir. Un pleutre incapable de résister à l’attrait de Léon Robinson, son âme damnée, qu’il retrouve à toutes les étapes de son voyage.

     Robinson qui ne supporte aucune contrainte, capable de toutes les turpitudes, même tuer. Rendu momentanément aveugle il le précède dans la nuit. Lui ira au bout de la nuit. Il est celui qui suit ses pulsions, celui qui passe à l’acte.

     Dans ce roman, le narrateur, homme du peuple, fait parler le peuple, montrant sans mélo, sans populisme, un personnage qui évolue en faux naïf dans un monde malsain, sale, pervers. Un homme qui jette un cri de révolte et de désespoir.

     LE STYLE est familier, très imagé, riche des tournures populaires et de l’argot, bien documenté. Le rythme est véhément et d’un lyrisme haletant.

   LES PERSONNAGES sont décrits scientifiquement, médicalement. L’homme n’est qu’un être en décomposition comme le monde qu’il a construit et ce qu’il produit.

   Certaines scènes nous plongent dans  le surréalisme et l’absurde :

     - L’engagement à l’armée de Bardamu, suivant les sergents recruteurs, évoque le conte d’ANDERSEN du « Joueur de flûte ».        
      - L’exercice des miliciens du sergent Alcide chaque matin sur la plage, « en s’imaginant des sacs, des chaussures, voire des baïonnettes et plus fort encore, en ayant l’air de s’en servir…vêtus d’un semblant de culotte kaki. Tout le reste devait être par eux imaginé et l’était. »
     - Bardamu, aux portes de l’immigration, transformé en agent « compte-puces » dans les services de la « Quarantaine » à son arrivée aux Etats-Unis obsédés de statistiques.
           - La visite du caveau de la mère Henrouille.
         - Le voyage au pays des morts alors qu’il raccompagne Tania et traverse un cimetière Montmartre fait penser à la représentation de WALD DISNEY dans le dessin animé Fantasia d’Une Nuit sur le Mont Chauve de MOUSSORGSKI.

     Seules lueurs dans ce tableau sordide et déprimant, Alcide qui se sacrifie pour faire élever sa nièce dignement, Moly, Bébert.

     Il se penche sur des valeurs comme l’autorité, la justice, la compétence professionnelle, la connaissance, la bravoure, l’héroïsme, pour en dénigrer les travers, les ridiculiser, et montrer la futilité de leurs représentants.

    Il met en évidence la fragilité de la frontière entre folie et simulation, entre raison et aliénation, entre vie et mort et souligne leur interpénétration.

    C’est un roman très riche et perturbant. À la fin de chaque étape de ce voyage, le lecteur se réveille d’un cauchemar,amer et mal à l’aise, pour replonger aussitôt dans son atmosphère morbide et délétère. CÉLINE le rend complice de  Bardamu. Il l’entraîne malgré lui, témoin et acteur impuissant, dans des évènements incontrôlables et malsains.

 lien vers : Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961) - BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE


8 mai 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - Biographie - Bibliographie

Rachid BOUDJEDRA  (1941) – Biographie Bibliographie [1]

         Rachid BOUDJEDRA, écrivain et poète algérien, est né en 1941 à Aïn Beida dans la Constantinois. Il est issu d’une famille bourgeoise. D’après Mokhbi ABDELOUAHAB[2], Rachid BOUDJEDRA serait l’aîné de trente-six enfants. Sa mère était la première épouse de son père, qui, tyrannique et féodal, était quatre fois polygame. Il a une sœur et un frère.

         Rachid BOUDJEDRA commence ses études à Constantine puis en Tunisie, à Tunis. En 1959, il prend le maquis où il sera blessé. Il voyage ensuite, comme représentant de FLN, dans  les pays de l’Est, puis en Espagne. Après l’Indépendance de l’Algérie, il rentre au pays et reprend des études de philosophie à Alger et à Paris. C’est un étudiant syndicaliste. Il obtient une licence de philosophie à la Sorbonne en 1965 et présente un mémoire sur CÉLINE.

        Il se marie avec une Française et se destine à l’enseignement  (Blida). Après la prise du pouvoir par Boumediene  en 1965, il quitte l’Algérie. Faisant l’objet d’une condamnation à mort par une fatwa, il est interdit de séjour en Algérie pendant plusieurs années. Il vivra d’abord en France de 1969 à 1972 où il sera professeur de philosophie au lycée de Coulommiers, puis il ira vivre au Maroc où il enseignera jusqu’en 1975.

       En 1977, il devient conseiller pour le ministère de l’Information et de la Culture. Il participe à la rubrique culturelle de la revue hebdomadaire Révolution africaine. Il est membre de la ligue des droits de l’homme.

         En 1981, il est nommé lecteur à la SNED et enseigne à IEP d’Alger.

         Il est condamné par une fatwa du FIS en avril 1983.

         Rachid BOUDJEDRA écrit indifféremment en langue arabe ou en langue française.

SON ŒUVRE :

Pour ne plus rêver, poèmes (1965) ; La Répudiation (1969) ; La Vie quotidienne en Algérie (1971) ; Naissance du cinéma algérien (1971) ; L’Insolation (1987) ; Journal palestinien (1972) ; L’Escargot entêté (1977) ; Topographie idéale pour une agression caractérisée (1975) ; Les 1001 Années de la nostalgie ; (1979) ; Le Vainqueur de coupe (1981) ; Extinction de voix, poèmes (1981) ; Le Démentellement (1982) ;La Macération(1984) ; Greffe (1985) ; La Pluie (1987) ;La Prise de Gibraltar (1987) ; Le Désordre des choses (1991) ; Fis de la haine (1992) ; Philippe Djian (1992) ; Timimoun (1994) ; Mines de rien, théâtre (1995) ; Lettres algériennes (1995) ; La Vie à l’endroit (1997) ; Fascination (2000) ; Le Directeur des promenades (2002 ; Cinq Fragments du désert 2001) ; Les Funérailles (2003) ; Peindre l’Orient (1996) ; Hôtel Saint Georges (2007)

Rachid BOUDJEDRA a également écrit des scénarios d’une dizaine de films. Chronique des années de braise (Mohamed Lakhdar-Hamina) a obtenu en 1975 la Palme d’or au Festival de Cannes ; Ali au pays des mirages Ahmed Rachedi) en 1980 a obtenu le Tanit d’or au Festival de Carthage.

 



[1] Biographie établie avec un document Wikipédia

1 mai 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - Fascination (2000)

Rachid BOUDJEDRA  (1941) - Fascination (2000)

           L’intrigue du livre est difficile à résumer. Elle tourne autour d’une prolifération de personnages affublés de prénoms de trois lettres contenant tous la lettre L, Ali, Ali Bis, Ila, Lil, Lol, Lam, Eli, Mol, Ela... Aucun n’a de nom patronymique. Le père de famille, Ila, militant indépendantiste, est propriétaire d’un haras internationalement renommé à Constantine. Il élève des chevaux de pure race arabe et voyage à travers le monde à la recherche d’étalons et de pouliches susceptibles de donner les meilleurs croisements. Fascination étant le fruit d’un de ces métissages.  Son mariage avec Lil étant stérile, Ila a adopté une kyrielle d’enfants, Ali, Ali Bis, Lol dont les parents biologiques ont été sauvagement massacrés par de riches colons, Lam, le plus jeune. Chaque prénom contient la lettre L comme dans Ali.

           Lam suit le même cursus que Rachid BOUDJEDRA dans sa jeunesse : naissance en 1941, études à Constantine puis à Tunis, Baccalauréat en 1959, engagement dans le maquis, blessure. Nous le suivons à Moscou, Pékin, Hanoï, Barcelone, Alger, Paris où il travaille pour le FLN. Lam souffre de ne pas connaître ses origines, d’avoir été amputé de son nom et est hanté par l’inceste qu’il a commis avec Lol.

          Lol est une femme excentrique au caractère terrible, au langage ordurier, homosexuelle, sans complexe quant à sa nuit d’amour avec son jeune frère Lam.  

          Ali et Ali Bis ont disparu, l’un avec la sacoche contenant la recette de la vente d’étalons en compagnie de sa maîtresse, l’autre le poursuivant. Tous deux ayant des destins parallèles à travers les péripéties de la Seconde Guerre Mondiale et des guerres coloniales, sans se retrouver pour autant.

          Le récit des aventures de ces différents personnages est noyé dans des extraits d’encyclopédies, de journaux, de récits de grands voyageurs (Marco Polo), d’historiens (Salluste, Ibn Khaldoun, Ibn Batouta), de rapprochements entre certains personnages d’Un Amour de Swann, de Marcel Proust, d’Ulysse de Joyce ou du Bruit et la Fureur de William Faulkner. Est-ce pour donner du poids à une intrigue sans tension ?

          L’histoire à la manière des contes orientaux est truffée de répétitions rappelant les caractéristiques d’une situation ou d’un personnage. Ce procédé ne réussit pas à donner du rythme au récit, ni à maintenir l’attention du lecteur en suspend, il finit même par lasser.

          L’auteur a une volonté certaine de casser les valeurs des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La virilité : il imagine un père de famille stérile. La religion : il réduit la religion musulmane à une série de dogmes et de rituels mécaniques. Le sexe : Son héroïne, Lol est lesbienne et a eu une relation incestueuse avec son frère.

          Pour ce qui est de la politique, la colonisation française est évoquée de façon manichéenne et répétitives. La sauvagerie des assassinats et des combats, les viols ne viennent que d’un seul camp. Il n’est pas question de nier les horreurs et les erreurs de la conquête de l’Algérie, de son occupation puis de la guerre de décolonisation, mais les arguments avancés sentent le discours de propagande marxiste léniniste bien rôdé. De toutes les partenaires de Lol, l’auteur privilégie la femme d’un gros colon et l’épouse d’un haut fonctionnaire. De toutes les dames de la maison close de Bône, c’est une prostituée d’origine française qui incite Ali Bis à voler la sacoche bourré d’argent pour fuir avec elle. Où se trouve le vice ?

            Toutes ces transgressions peuvent séduire une jeunesse algérienne déçue et aigrie, réduite au chômage en dépit de ses diplômes dans un pays qui se cherche politiquement et économiquement. Mais quelle issue le conteur offre-t-il à l’errance de Lam  et à celle de ses frères et sœur ? Le père mort, chacun se range gentiment et travaille à la prospérité de l’affaire familiale. Tout est bien qui finit bien ! Est-ce exaltant pour un jeune qu’on a incité à tout secouer ?

Connaissant les goûts d’une grande partie des intellectuels français et du monde de l’édition, j’adopte volontiers la supposition de Mokhbi Abdelouahab [1]comme mienne «...est-il mu par l’obsession de plaire à ceux qui l’on fait figurer parmi les dix meilleurs écrivains du siècle ? ».

            J’avais choisi ce livre écrit par un Algérien dans l’espoir d’y trouver des réponses sur la société algérienne. Je n’ai trouvé qu’un pamphlet incitant à la haine et au rejet des valeurs traditionnelles sans apporter la moindre solution, dissimulé dans une intrigue singulière.

 

ColineCelia a lu aussi (La Vie à l’endroit) 1997 de Rachid BOUDJEDRA

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/24/20967180.html



[1]Monologue avec Rachid Boudjedra

Ecrire pour qui et pourquoi ?

mardi 15 février 2005, par Mokhbi Abdelouahab

 http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?article68

 

 

24 avril 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - La Vie à l’endroit (1997)

Rachid BOUDJEDRA (1941) - La Vie à l’endroit (1997)

 

     Le livre est sorti en librairie en 1997. Le personnage principal est Rac dont le nom peut être interprété comme un diminutif de Rachid. Tout comme Rachid BOUDJEDA, cet homme fait l’objet d’une fatwa lancée par les « Fous de Dieu ». De nombreux détails sont directement inspirés de la biographie de l’auteur : sa mère répudiée par un père tyrannique qui a eu quatre épouses, trente-six enfants, voyage beaucoup par le monde pour ses affaires et adresse des cartes postales de tous les endroits visités ; une grand-mère obèse autoritaire grande cuisinière ;un oncle veule réduit à sa merci ; les villes de Constantine, de Bône (Annaba) et d’Alger qu’il connaît bien, Le sujet de l’ouvrage porte sur trois dates dans trois lieux différents, le 26 mai 1995 à Alger, 26 juin 1995, à Constantine dans la maison familiale, le 26 juillet 1995, dans un hôtel de Bône. Rac, donc, est un homme condamné à une vie clandestine mouvementée car il n’a pas renoncé à lutter contre les intégristes. Sa compagne française, Flo, est infirmière dans un hôpital d’Alger. Menacé de mort, il est armé, possède une capsule de cyanure prête à être utilisée afin d’éviter de tomber vivant entre les mains de ses ennemis


     De sa planque, Rac assiste, puis se mêle, au délire joyeux des supporters du C.R. Belcourt qui vient de remporter la Coupe d’Algérie de football. La foule en liesse, dirigée par la mascotte du club, un nain fantasque et excentrique surnommé Yamaha, brave le couvre-feu de l’armée et les tabous intégristes. Tout à sa joie, le peuple en transes oublie, par une fête païenne, sa peur et transgresse tous les interdits. C’est un tournant pour le pays, les autorités débordées supprimeront le couvre-feu définitivement. Quelques jours plus tard, Yamaha sera abattu sauvagement par les intégristes.

     Rac, clandestin, est condamné à l’inexistence sociale et privée, à l’inexistence physique sous ses déguisements. Tel un insecte englué dans une toile d’araignée, Rac, obsédé par les meurtres rituels ou sadiques des intégristes et les tortures qu’ils infligent à leurs victimes, se débat entre  ce qu’il appelle « peur extérieure et peur intérieure ». Il tente de leur ériger un rempart de sa subjectivité. Photographe, il réactive son imaginaire en s’entourant de clichés représentant les victimes des horreurs intégristes. Ceux qu’il a réalisés de l’exécution de Yamaha y ont une bonne place. Certains ont été soustraits de la morgue par Flo. Il réveille aussi les démons du passé, afin de les vaincre.

     Flo, inquiète, voit l’homme qu’elle aime, partagé entre haine et compassion, entre terreur et sérénité, entre rejet et recherche d’une vie tranquille. Elle le voit s’enfoncer dans une folie meurtrière et hallucinatoire. La raison l’emportera-t-elle ? La vie finira-t-elle par revenir à l’endroit ?


     L’auteur nous expose les portraits manichéens, figés  et récurrents des personnages qui étayent la subjectivité de Rac/Rachid. Ses descriptions des lieux et des situations sont réalistes, sans concession, voire sordides. Il n’est pas indifférent à la nature, les arbres derrière les vitres, les jacarandas d’Alger, le bougainvillier de Constantine, le platane de Bône résistent au temps, aux évènements qui bouleversent le pays. Ils sont espoir de normalité et de paix dans leur vitalité exubérante.


     La Vie à l’endroit est un ouvrage qui dérange. Son intérêt est de rendre compte de la période de terreur qui a frappé l’Algérie du fait de la menace intégriste. Mais c’est aussi un roman provocateur et subversif. Il me semble que l’auteur ressasse sans fin ses traumatismes  et justifie ses engagements  comme dans une analyse qui peine à aboutir.

 

ColineCelia a lu aussi Fascination (2000) de Rachid BOUDJEDRA

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/01/21026303.html

   

17 avril 2011

Yann QUEFFÉLEC (1949) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Yann QUEFFÉLEC (1949) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Yann QUEFFÉLEC est né à Paris en 1949. Il est le fils du romancier Henri QUEFFÉLEC (1910-1992). Sa sœur Anne QUEFFÉLEC, née en 1948, est une célèbre pianiste concertiste. Critique musical,  en 1981, il publie un essai sur Béla Bartók.

Encouragé par la célèbre découvreuse de talents qu’était la directrice d’édition Françoise VERNY(1928~2004), il publie son premier roman, Le Charme noir en 1983. Le livre suivant, Les Noces barbares, a rencontré un large succès et a obtenu le Prix Goncourt en  1985. Il produit depuis de nombreux romans, un recueil de poésie. Il a animé en 1991 un roman interactif sur internet Trente jours à tuer et a écrit des paroles de chansons pour Pierre Bachelet. Il a fait partie des chroniqueurs de l’émission de télévision de Stéphane Bern sur France 2 « Pourquoi les manchots n’ont-ils pas froid aux pieds ? »

D’origine bretonne, Yann QUEFFÉLEC est un passionné de navigation à voile. Il a écrit une biographie d’Éric Tabarly, parue  en 2008. Il apporte son soutien aux familles du  Bugaled-Breizh en attente de vérité sur les causes exactes de la disparition du chalutier et a fait paraître Adieu Bugaled-Breizh en 2009.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Béla Bartók, 1981

Le Charme noir, 1983

Les Noces barbares, 1985 (Prix Goncourt)

La Femme sous l’horizon, 1988

Le Maître des chimères, 1990

Prends garde au loup, 1992

Noir animal : La Menace, 1993

Disparue dans la nuit, 1994

Et la force d’aimer, 1996  

Le Pingouin mégalomane, 1994

La Boîte à joujoux, 1994 (conte musical sur une musique de Claude Debussy)

Bretagne : Le soleil se lève à l’Ouest, 1994

Disparue dans la nuit, 1994

Et la force d’aimer, 1996

Happy birthday Sarah, 1998

Toi l’horizon, 1999 (Éditions Cercle d’art)

Osmose, 2000

Jeanne Champion : Idoles, 2002 (Éditions Cercle d’art)

Boris après l’amour, 2002

Vert cruel, 2003

La Dégustation, 2003

Moi et toi, 2004

Les Affamés, 2004

Les Soleils de la nuit, 2004

Ma première femme,2005

L’Amante, 2006

Mineure, 2006

Inside, 2007 en collaboration avec la photographe Katia LEGENDRE et  le baigneur A.N.A.T.O.L.E

Le plus heureux des hommes, 2007

L’Amour est fou, (2007)

Passions criminelles, 2008 coécrit avec Mireille DUMAS

Barbaque, 2008

Tabarly, 2008

Adieu au Bugaled Breizh, 2009

La Puissance des corps, 2009

Le Piano de ma mère, 2009

Les Portes du vent, 2009 (un roman pour la jeunesse)

Dictionnaire amoureux de la Bretagne, 2009

Les Sables de Jubaland, 2010

Les Oubliés du vent, 2010

 

 Voir : Les Noces barbares (1985) :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/10/20859541.html

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