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20 septembre 2010

COMME NEIGE AU SOLEIL (1985) - William BOYD (1952)

COMME NEIGE AU SOLEIL (1985) - William BOYD (1952)

L’action se déroule entre 1914 et 1918, pendant la Seconde Guerre mondiale en partie en Angleterre, au sein de la famille Cobb et d’autre part en Afrique de l’Est où la modeste possession allemande cernée entre l’Afrique Orientale britannique, l’Ouganda, la Rhodésie et l’Afrique Orientale portugaise apparaît aux Alliés comme une proie vulnérable que les Anglais s’empressent d’attaquer dès le 8 août 1914.

Au pied du Kilimandjaro, frontière entre les colonies anglaise et allemande, les voisins qui y faisaient jusqu’alors bon ménage deviennent des ennemis. Pris dans la tourmente, Temple, un fermier américain installé en zone anglaise, pense être épargné par les événements mais il finira par rejoindre le camp anglais dans lequel il se battra quatre ans dans le but de récupérer un décortiqueur de sisal volé par les allemands commandés par son ancien voisin Von Bishop.

Colons, fermiers et militaires des deux bords se jettent avec ardeur dans la guerre persuadés qu’elle ne durera pas deux mois, pourtant quatre ans plus tard, l’armistice est signé en Europe depuis plusieurs jours alors que les Allemands d’Afrique se battent encore, oubliés de la mère patrie.

À Ashurst, dans le Kent anglais, nous suivons le destin de la famille du major Cobb à la santé mentale fragile, concernée par l’Afrique puisque le fils aîné, Gabriel, y est prisonnier des Allemands mais aussi par les autres théâtres d’opérations par les gendres l’un au Ministère de la guerre, l’autre, Nigel Bath, amputé des deux bras en Mésopotamie. Le départ à la guerre de Gabriel a abrégé une lune de miel quelque peu ratée, la jeune épouse Charis, frustrée, désemparée a une relation ambigüe avec son jeune beau-frère, Félix.

Sans nouvelles de son mari, Charis se suicide « par désespoir ». Félix, jeune homme en quête de personnalité, provocateur en famille, influencé jusqu’alors par un camarade de Lycée sensible aux idées révolutionnaires bolcheviques, s’engagera lui aussi pour l’Afrique afin d’y retrouver son frère. C’est le coup de grâce pour le major Cobb dont la folie s’affirme.

William BOYD fait ressortir l’absurdité de ces combats auxquels ont participé des ethnies colonisées d’Inde, des autres régions d’Afrique sans unité de langue commandées par des européens, souvent dans l’improvisation. Certains évènements cumulent l’insoutenable, le dérisoire et le grotesque.

Le réalisme cruel de la description physique des acteurs du récit, la précision caricaturale de leurs particularités constitue une galerie de portraits digne d’une bande dessinée dans laquelle les femmes ne sont guère favorisées.

 Le lecteur passe de l’horreur au rire, sans pour autant relâcher son attention ,en lisant ce livre passionnant qui incite à s’informer sur cet aspect de la Première Guerre mondiale peu connu.

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20 septembre 2010

William BOYD (1952) - BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

William BOYD (1952) – BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

William Andrew Murray BOYD est né le 7 mars 1952 à Accra, capitale de la Côte-de-l’Or devenue le Ghana en 1957. Sa mère est enseignante et son père médecin responsable du service santé de l’université. En 1961, ses parents déménagent au Nigéria. En 1962, il quitte le Nigéria pour la Grande-Bretagne et entre en pension en Écosse. Il étudie ensuite à l’Université de Glasgow puis à l’Université d’Oxford. Il décide de s’orienter vers la littérature.

 

En 1971, il part étudier à Nice. Il parle le Français couramment. Son père meurt en 1979.

 

En 1980, il retourne à Oxford où il enseigne la littérature contemporaine, publie son premier roman A good man in Africa et entame son journal intime. De 1981 à 1983, il est critique de télévision pour l’hebdomadaire The New Statesman. En 1984, c’est la sortie en France d’Un Anglais sous les tropiques. En 1985, Comme neige au soleil est présenté avec chaleur aux téléspectateurs de l’émission Apostrophe par Bernard Pivot. C’est le début du succès de ce côté de la Manche. Il quitte l’enseignement.

 

Depuis 1983, il est membre de la « Royal Society of Literature ».

 

En 1991, il rédige son premier scénario de cinéma.

 

Avec sa femme Susan, il partage sa vie entre le quartier de Chelsea à Londres et la Dordogne en France.

 

SON ŒUVRE :

 

Les romans : (dates de parutions en France)

 

Un Anglais sous les tropiques (1984), adapté au cinéma en 1994

 

 Comme neige au soleil (1985)

 

La Croix et la Bannière (1986)

 

Les nouvelles confessions (1988)

 

Brazzaville Plage (1991)

 

L’après-midi bleu (1994)

 

Armadillo (1998)

 

À livre ouvert (2002)

 

La vie aux Aguets (2007)

 

Orages ordinaires (2010)

 

Les nouvelles :

 

La chasse au lézard (1990)

 

Le destin de Nathalie X (1996)

 

Visions fugitives (1997)

 

La femme sur la plage avec un chien (2005)

 

Monographie :

 

Nat Tate : un artiste américain (2002)

 

Au cinéma :

 

Il a réalisé un film, La Tranchée en 1999, consacré à la bataille de la Somme lors de la Première Guerre mondiale.

 

Il est également scénariste et a adapté à l’écran La Tante Julia et le scribouillard de Mario Vargas Llosa (1990), Mister Johnson de Joyce Carey (1991), Chaplin pour Richard Attenborough (1992), l’adaptation d’Un Anglais sous les tropiques (1994), Man to man pour Régis Wargnier (2005). Il travaille actuellement sur la jeunesse d’Adolf Hitler de 1912 à 1933.

30 août 2010

Laurent GAUDÉ (1972) - LE SOLEIL DES SCORTA (2004)

 Laurent GAUDÉ (1972)

LE SOLEIL DES SCORTA (2004)

 

L’AUTEUR : Laurent GAUDÉ est né en 1972. Romancier et dramaturge, il a publié chez Actes Sud plusieurs pièces de théâtre et deux romans : Cris (2001 et Babel n°613) et La Mort du roi Tsongor (2002, prix Goncourt des lycéens 2002, prix des libraires 2003, aujourd’hui traduit en une quinzaine de langues).

Laurent GAUDÉ vient de publier en 2010, Ouragan, roman inspiré par l'ouragan Katrina qui a ravagé le delta du Mississippi en le 29 août 2005.

 

LE LIVRE Le Soleil des Scorta a obtenu le Prix Goncourt 2004 : Un viol est à l’origine de la lignée des Scorta nés dans l’opprobre. A Montepuccio, petit village d’Italie du sud où ils vivent pauvrement et ne mourront pas riches, ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage.

Imaginez un décor de théâtre avec en toiles de fond soit le paysage figé des Pouilles, soit le village de Montepuccio, soit un bateau d’émigrants ou des ports, escales de leur périple. Devant les premières toiles, le temps écoulé en un siècle de 1875 à 1980 ne semble pas avoir eu prise. Les figurants, des villageois, s’ils ne sont pas à l’affut derrière leurs volets clos, se tiennent sur le cours principal, plus tard les touristes occuperont l’été la place des autochtones immigrés vers l’Amérique.

 Le récit est essentiellement centré sur la saga des héritiers issus de la méprise de Luciano Mascalzone à l’origine de la naissance de Rocco et de la lignée des Scorta.

Hors la pauvreté de la région arriérée, son soleil de plomb, son agriculture ingrate, l’importance des curés de village, l’expédition New-Yorkaise et surtout le retour, sujets  largement développés, se profilent une foison de thèmes intéressants par eux-mêmes, mais

seulement suggérés.

La mafia, les bandits de grands chemins, les assassinats etc.…

L’émigration italienne vers New York (à l’origine de la mafia de cette ville), le sort des immigrants, les petits trafics des miséreux pour améliorer leur sort, Les critères de sélection etc…

Le mépris des habitants du Nord de l’Italie envers les habitants pauvres du Sud à travers don Bozzoni. Et même celui de l’évêché envers le sort de ses prêtres dans les campagnes retirées.

Les superstitions, le satanisme, leur cohabitation avec la religion voire les accommodements cf. la tarentelle.

Les rites religieux

Comment sortir de la misère pour qui n’est pas propriétaire d’un lopin de terre ?

La corruption des fonctionnaires détenteurs de quelque pouvoir d’obtention d’une licence de vente de cigarettes

Les trafics de contrebande sur les produits soumis à la régie de l’État, puis la dérive l’extension au trafic des êtres humains.

La politique : Victor-Emmanuel, les deux guerres mondiales, la Libération, la République italienne sont ignorés. Seul, le fascisme est évoqué avec le départ du météore Antonio Manuzio vers la mort au côté des franquistes espagnols en 1936.

Le tremblement de terre et ses conséquences.

La transmission de l’expérience aux générations futures.

Les personnages : Carmella, pivot des Mascalzone-Scorta, autour de laquelle gravitent les hommes de la famille : ses frères, Rafaelo, le frère adoptif, ses fils.

Son mari, pièce rapportée le temps d’engendrer deux fils.

Sa mère, «la muette», pas de nom, un ventre

Les belles-sœurs cantonnées à la cuisine

Les nièces, figurantes en robe blanche au banquet

Un espoir, Marie, « la plus chère », mais celle-ci retombe dans l’anonymat

 

Les quatre prêtres, le père Zampalli, le père Bonzzoni, don Salvadore et l’évocation du prêtre moderne jouant de la guitare sur la plage avec les jeunes

Les trois ânes témoins, le premier, du retour de Luciano, le second l’asino fumatore » qui meurt d’un cancer des poumons, l’âne qui amène don Salvatore au village 

 

Quelques faits marquants :

Le retour de Luciano

Le legs et la mort de Rocco

Le voyage à New York

Le banquet

 Quel est le soleil des Scorta ?

La famille, l’attachement au pays où l’on revient toujours, l’argent gagné avec effort, la débrouille

Quelle morale ?  Quel bonheur ?

A mon avis les questions restent posées malgré le point de vue de l’éditeur en quatrième de couverture.

Heureusement, il existe une petite ouverture, un espoir, ANNA.

 Le style et l’écriture :

Le texte est bien écrit, agréable à lire, le vocabulaire varié. L’auteur nous transporte dans cet univers et nous transmet son amour pour ce pays qu’il connaît bien, son épouse en est originaire.

Le récit-confession de Carmella est très agréable à lire.

Le paragraphe sur la vie consacrée à la cigarette est remarquable.

 

Biographie et bibliographie de Laurent GAUDÉ

 

 

23 août 2010

Raphaël PÉAUD (1970) - CIRCUS ALÉA (2005)

Raphaël PÉAUD (1970) 

CIRCUS ALÉA (2005)

L’AUTEUR : Raphaël PÉAUD, originaire de Châlette-sur-Loing dans la région montargoise, a une quarantaine d’années. Après avoir effectué des études de monteur dans une école de cinéma il a travaillé comme stagiaire en tant qu’assistant monteur avec des metteurs en scène réputés. Depuis qu’il est devenu monteur, il est « intermittent du spectacle ». S’étant trouvé au chômage durant deux ans, il a mis à profit cette période en écrivant le roman Circus Aléa[1], paru à compte d’auteur en 2005. Auparavant, il avait déjà écrit un premier livre autobiographique Kyria le dernier.

Raphaël Péaud est monteur de profession, pour le cinéma et la télévision, mais également photographe, écrivain et réalisateur occasionnel. Il diversifie actuellement son activité en direction du spectacle vivant.

Ses sources d’inspiration : Raphaël PÉAUD aime la musique et les musiciens. Il a eu un contrat avec le nouveau cirque à La Villette où il a participé au tournage d’un film sur la vie d’un cirque hors piste et en piste et a donc été amené à côtoyer les artistes.

D’autre part, un de ses amis a été dans le coma durant trois mois et il a participé à l’accompagnement du malade pendant son inconscience. Cet ami, cité dans les remerciements qu’il adresse en début d’ouvrage, est mort avant la parution du livre.

Il aime la musique et les musiciens. Il a été frappé par la mort du typhus de Robert DESNOS  à la veille de la libération du camp de Terezin.

LE LIVRE : La première partie de l’ouvrage se déroule dans un petit cirque nouveau, le Chapiteau de papier qui fonctionne en collectif autour du héros, Blaise. Alors que la troupe prépare sa participation au festival de Brescia, Blaise a un grave malaise cardiaque, perd connaissance et doit subir une opération très lourde. Blaise reste plusieurs semaines dans un coma agité, rythmé par le bip-bip des appareils de réanimation.

Quand Blaise reprend conscience, il reste habité par son voyage dans l’antichambre de l’au-delà. Quelles sont ces personnes qui ont accompagné son inconscience ? Quelle est cette musique lancinante qu’il croit saisir et qui s’enfuit sans cesse, martelée par le tic-tac d’un métronome ? Pourquoi s’exprime-t-il en Italien et récite-t- il des poèmes en cette langue ? À qui appartient ce nom Vaclav Veselka ?

Rien ne peut reprendre comme avant. Blaise, dans la deuxième partie, cherche à comprendre la signification de ce cauchemar et à lier les bribes de ce qui l’obsédait dans son inconscience.

Quantité de thèmes sont abordés dans ce roman :

° la vie des petits cirques, les problèmes de survie de ce type de représentation, les intermittents du spectacle, l’existence ou l’absence de subventions, le fonctionnement d’un « collectif », la composition éphémère, hétérogène, hétéro-nationale d’une troupe le temps d’une tournée, le spectacle et ses exigences, les répétitions, les conflits, les enfants de la balle ;

° les non-dits et leurs ravages, les souvenirs enfouis de la petite enfance ;

° la famille de Blaise, alliance d’un employé du B.T.P. en déplacement en fonction des chantiers, et d’une femme Rom sédentarisée et par là-même du clan manouche, le phagocytage du père par « les aborigènes », l’élimination de l’enfant venu d’ailleurs ;

° le père mort, toujours présent bien que rejeté, la sœur, Michelle, protectrice de Blaise, Chouquette, digne représentant du clan, Constance, la mère, personnage ambigu, qui pourtant souhaite son retour au foyer, l’oncle Raymond, protecteur de Blaise jusqu’à la mort du père, musicien, complice cependant du non-dit ;

° le couple Blaise – Poline, la rupture d’entente due aux conséquences de la maladie qui a engendré un changement de registre pour Blaise qui est en quête d’identité, les non-dits, ici aussi ;

° la transmission du vécu par delà le temps et la mort ;

° la psychiatrie, l’association du vécu et de l’inconscient, le rôle de l’écrit spontané ;

° l’irrationnel de Jana, cartomancienne à ses heures et l’hypnose, sa fille Iolanda qui capte les préoccupations des adultes et les formule dans ses récits riches d’inventions.

La question qu’on se pose à la fin du livre est : maintenant que Blaise sait d’où il vient, saura-t-il où aller ?

Terezin : On trouvera, sur les sites web, une documentation sur la forteresse et le ghetto de Terezin qui accueillirent des juifs du 24/11/1941 au 5/05/1945. 139 654 personnes y furent incarcérés, 33 419 y sont morts dont Robert Desnos (Typhus), 86 934 furent déportés vers Auschwitz-Birkenau, 17 320 furent rescapés (QUID).

Terezin se situe à 36 km de la frontière allemande en Tchéquie, à 65 km au nord de Prague en direction de Teplice et Dresde.

ENCYCLOPEDIE MULTIMEDIA DE LA SHOAH

MUSIQUE : Teresienstadt CD Deutche Grammophon 

  

Plus de renseignements sur le CD

REALISATIONS de Raphaël PÉAUD : 1 et 2

  

 


 

[1] LE MANUSCRIT Le livre est disponible sur www.manuscrit.com

16 août 2010

Badia HADJ NASSER - Les Hédonistes (Nouvelles)-2009

Badia HADJ NASSER

  Les Hédonistes (Nouvelles)-2009

L_Eclaireur_du_G_tinaisL’AUTEURE : Badia HADJ NASSER est née à Tanger. Elle partage sa vie entre sa ville natale et Paris. Elle a exercé la profession de psychothérapeute à Paris, puis à Fontainebleau. Dans une entrevue à L’Éclaireur du Gâtinais et du Centre, elle dit « Je suis venue à Montargis pour écrire ». Le vendredi 13 novembre 2009, elle présentait son recueil de nouvelles Les Hédonistes (Les Éditions de la Guette), au café littéraire de Montargis, qu’elle fréquente régulièrement, avec beaucoup de gentillesse et de simplicité, au cours d’une soirée consacrée aux Aspects littéraires au Maroc.

Le 10 mars 2010, le cours « Plaisir de lire » de l’Université du Temps libre de Montargis a eu l’honneur de recevoir Mme Badia HADJ NASSER avec laquelle les participants ont pu échanger leurs impressions sur les 12 nouvelles rassemblées sous le titre Les Hédonistes.

Les sujets abordés ont porté sur la condition féminine au Maroc avant et depuis 2004, date du nouveau statut de la femme marocaine ; sur la transmission orale des connaissances et des traditions immémoriales ; les relations inter8générationnelles ; la tradition et l’instruction ; l’isolement d’expatriées immigrées en région parisienne ; la vie en ville et la vie au bled ; le plaisir d’aimer et de se sentir aimer ; la complicité à deux ; l’impossible dialogue ; le plaisir lié à l’attente de l’autre ; les amours interdites, les retrouvailles entre amis après une longue séparation, les amours extra8communautaires et leur perception par la société, la polygamie, la complicité père-fille. Les Hédonistes tentent de concilier les valeurs ancestrales du Maroc avec celles apportées par la modernité et les échanges internationaux.

On sent que Badia HADJ NASSER porte en elle toutes les femmes de ces douze nouvelles, qu’elle partage leur jouissance de l’instant. Son message est empli de sensibilité et de tolérance. Toutes tentent d’accorder au mieux leurs aspirations et leurs passions, au monde dans lequel elles baignent.

Le souci de ces femmes a un caractère universel. Quel être humain n’a pas eu à s’accommoder aux modifications imposées par la société en constante évolution ? Autant le faire le plus sereinement possible !

L’amour du Maroc et surtout de Tanger imprègne ces récits de Mme HADJ NASSER. Tanger, ce port tant convoité depuis la nuit des temps, jonction entre l’Orient et l’Occident, l’Afrique et l’Europe ! Tanger, sa lumière, ses couleurs, ses odeurs, ses fruits, ses jardins fleuris, ses terrasses ombragées, son art de vivre, inspiratrice de tant d’artistes et d’écrivains, séductrice ! Tanger, la ville où il fait bon sortir, se promener, se retrouver en famille, se détendre, se ressourcer, porter le regard au-delà ! Mais Paris tient aussi une bonne place. Paris, son agitation, les retrouvailles autour d’un verre entre deux rendez-vous, moments volés à la fuite du temps ! Les promenades dans Paris ! Les dîners entre amis dans un appartement douillet ! Paris, la mixité ! Paris, internationale, elle aussi ! Paris, l’affranchie !


Revue_SUDPLANETTE

 

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9 août 2010

Dany LAFERRIÈRE (1953) - L’énigme du retour (2009)

Dany LAFERRIÈRE (1953) - L’énigme du retour (2009)

 

« La nouvelle coupe la nuit en deux.

L’appel téléphonique fatal

que tout homme d’âge mûr

reçoit un jour.

Mon père vient de mourir. »(p13)

La dictature de Papa doc pour son père, de Bébé doc pour Dany LAFERRIÈRE une génération plus tard, a fait d’eux des exilés. Destinées communes. Seulement, la vie les a séparés. Quelles images a-t-il de ce père qu’il n’a jamais revu, sinon ces deux photos et son souvenir entretenu par sa mère ? Les bons moments de l’enfance, la chaleur familiale, la jeunesse studieuse et passionnée, les débuts professionnels, la conscience d’avoir une vocation, la survie dans l’exil, l’adaptation à ce pays si différent aux hivers si longs, refont surface.

« Foule dans cette église de Manhattan

pour un homme qui a vécu seul

les dernières années de sa vie.

On ne l’avait pas oublié.

Comme il ne voulait voir personne

on a attendu patiemment sa mort

pour lui rendre hommage. (p63)

Une femme l’attend depuis cinquante ans. Il ne sera pas mort « tant que cette femme ne saura la nouvelle. » Le narrateur en sera  le messager. Il regagne Haïti après trente-trois ans.

Arrivé à Port-au-Prince, bien décidé à ne pas verser dans la nostalgie, c’est avec le détachement d’un Américain du Nord en visite que l’écrivain note sur son carnet noir le soleil, la chaleur, la sueur, la poussière, le bruit, le bidonville, la déambulation chronique de la foule, la misère, la faim, le manque d’eau, les coupures d’électricité, les marchés, les petits métiers, les klaxons, mais aussi les chiens, les oiseaux, un lézard, quelques arbres et l’insécurité toujours présente sous une autre forme.

Quel calme, au dessus de la ville ! Là haut, sur la montagne, villas luxueuses, inhabitées pour la plupart ou louées aux étrangers chargés de sortir le pays de la misère, hôtel confortable et bar convivial, point de ralliement des journalistes étrangers en reportage. 

L'auteur retrouve sa famille. Les notes sur sa mère pleines de délicatesse sont très émouvantes. Quel avenir pour son jeune neveu et ses amis ? Les souvenirs reviennent se confrontent au présent.

Et puis, accompagné de Dany son neveu, qui porte le même prénom que lui, il entreprend un parcourt à l’intérieur de l’île au relief tourmenté avec sa végétation exubérante, ou désolée, ses cultures de cannes à sucre, ses routes cahoteuses. Il retrouve des amis, des artistes, ceux qui sont restés ou qui sont revenus.

Dany LAFERRIÈRE se doit d’annoncer le décès aux anciens amis politiques de son père. L’un, ancien ministre, amateur de peinture, a transformé sa vaste demeure en musée d’œuvres majeures des peintres haïtiens les plus talentueux. C’est pour lui l’occasion d’évoquer les artistes naïfs qui transcendent la misère et le dénuement en représentation de végétation luxuriante aux couleurs primaire. L’autre ami de son père qui s’est retiré du monde et vit modestement aidé de sa petite fille lui offre une poule noire.

Avec la Buick 57 du ministre pilotée par son chauffeur, ils traversent des régions très isolées mais sont toujours reçus avec déférence par une population pourtant nécessiteuse imprégnée de rites occultes. L’espace entre le paradis chrétien et le vaudou se rétrécit. La compagnie de la poule noire fait de son neveu Legba dieu vaudou qu’on est honoré de recevoir et lui d’Ogou, un dieu colérique et jaloux qu’il est important d’amadouer, deux dieux gardiens du royaume des morts.

C’est seul, qu’il poursuivra sa route vers Baradères, le village natal de son père où, à défaut d’y ramener le corps dans son cimetière, il pourra méditer sur ses origines et le sens de la vie.

Familier des chroniques, Dany LAFERRIÈRE trouve des formules percutantes pour exprimer des pensées qui donnent à méditer. Il note ses observations, ses commentaires et ses réflexions sous forme de strophes en vers libres, alternant avec des explications en prose. Il faut s’habituer aux dialogues en continu, déconcertants au début.

 

Photo de Frank Étienne et Dany LAFERRIÈRE

 

2 août 2010

Dany LAFERRIÈRE (1953) - Biographie et Bibliographie

Dany LAFERRIÈRE (1953)- Biographie et Bibliographie

 

BIOGRAPHIE : Windsor Klébert Laferrière, qu’on surnomme Dany pour ne pas le confondre avec son père avec lequel il partage le même prénom, est né à Port-au-Prince en Haïti le 13 avril 1953. Il est connu sous le pseudonyme de Dany LAFERRIÈRE. Il a 4 ans lorsque son père, maire de Port-au-Prince, puis sous-secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie, opposant au régime dictatorial de François Duvalier (Papa Doc), doit s’exiler à New York pour ne jamais revenir dans sa patrie, ni renouer avec sa vie antérieure. Pour le protéger d’une vengeance éventuelle, l’enfant est confié à sa grand-mère Da qui vit à Petit-Goâve. À 11 ans, il revient vivre à Port-au-Prince avec sa mère Marie Nelson et sa jeune sœur. Il s’intéresse à la langue française et à la littérature. Après ses études secondaires, il devient chroniqueur culturel à l’hebdomadaire « Le Petit Samedi Soir » et à « Radio Haïti ».

Papa Doc meurt en 1971. Son fils, Jean-Claude Duvalier (Bébé Doc) le remplace, ne relâchant qu’en façade l’étreinte d’un régime policier propice à toutes les exactions. Les « Tontons Macoutes », bras armés de Bébé Doc terrorisent le pays. Ils assassinent un jeune journaliste de la rédaction, Gasner Raymond, le 1er juin 1976. Dany LAFERRIÈRE pense être sur la même « liste » que la victime âgée comme lui de 23 ans, dont il était un ami proche. Seule, sa mère est avertie de son départ précipité d’Haïti.

Il se rend au Québec, à Montréal où il travaille dans différentes usines et habite rue Saint-Denis. En novembre 1985, il est révélé au public par un roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Le livre est apprécié par la critique et sera traduit en plusieurs langues puis adapté au cinéma par Jacques W. Benoît en 1989. Cet ouvrage sera, avec neuf autres romans, le premier d’une œuvre qu’il considère comme « une autobiographie américaine ».

Il retourne six mois en Haïti en 1976 puis a habité ensuite successivement New York, Miami (de 1990 à 2002) et depuis cette date à nouveau à Montréal.

Parallèlement à sa carrière d’écrivain, Dany LAFERRIÈRE a travaillé comme chroniqueur et éditorialiste pour des stations de radio et de télévision. Il a écrit le scénario du film « Le goût des jeunes filles » pour John l’Écuyer (2004). Il a écrit le scénario et réalisé « Comment conquérir l’Amérique en une nuit » la même année, prix Zénith au Festival des Films du monde. Il a un projet en cours « Vite, je n’ai que ça à faire ».

Dany LAFERRIÈRE est co-président de l’association Étonnants Voyageurs Haïti avec Lyonel TROUILLOT.

 BIBLIOGRAPHIE :

Une autobiographie américaine :

1985, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer

1987, Éroshima

1991, L’Odeur du café, prix Carbet1991

1992, Le goût des jeunes filles

1993, Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit, prix RFO du livre 2002

1994, Chronique de la dérive douce

1996, Pays sans chapeau

1997, La Chair du maître

1997, Le Charme des après midi sans fin

2000, Le cri des oiseaux fous, prix Carbet des lycéens 2000

2006, Vers le sud (dans la sélection du prix Renaudot en 2006) dont Laurent Cantet a réalisé un film de même titre avec Charlotte Rampling  

2008, Je suis un écrivain japonais

 Autres : 

2001, Je suis fatigué

2004, Les années 1980 dans ma vieille Ford

2006, Je suis fou de Vava (Collection jeunesse), conte pour enfants, prix du gouverneur général 2006

          2009, La Fête des morts (Collection jeunesse)

          2009, L’Énigme du retour, Prix Médicis 2009

 2010, Tout bouge autour de moi, témoignage autour du séisme du 12 janvier 2010 qui a détruit Haïti.

 

 

[1] Sources : fr.wikipedia.org/wiki/Dany_Laferrière

 www.lemonde.fr/.../le-prix-medicis-a-danny-laferriere-pour-l-enigme-du-retour_1262569_3260.html

 auteurs.contemporain.info/dany-laferriere

www.contacttv.net/i_presentation.php?id_rubrique=460 www.alterpresse.org/article.php3?id_article=4700

 www.etonnants-voyageurs.com/spip.php

2 août 2010

Dany LAFERRIÈRE (1953) - Vers le sud (2006)

Dany LAFERRIÈRE (1953) - Vers le sud (2006)


     Ce roman est un recueil de nouvelles dont les protagonistes peuvent se retrouver d’un récit à l’autre. Le décor est Haïti, île qui n’offre pas grand avenir à une génération de jeunes gens paumés Fanfan, Chico et Denz, qui par nécessité ou par facilité vit de combines et a recours à la prostitution. Dans les quartiers riches de Port-au-Prince, confinent en vase clos des expatriés américains et européens. Les divisions de classe sociales, les préjugés de ce microcosme fondent dans les bras de filles pulpeuses ou d’éphèbes du pays. Les femmes blanches du Nord cinquantenaires, attirées par la chaleur, la lumière, le repos qu’offrent les plages paradisiaques de l’île, retrouvent un regain de jeunesse et se découvrent une sexualité exacerbée auprès de jouvenceaux cyniques à peau d’ébène.

Est-ce le charme des tropiques qui guérit des frustrations sexuelles, de l’impuissance ou de la frigidité, des tabous raciaux ? Est-ce l’envoutement vaudou qui rend un être imbu de valeurs morales organisateur de partie fines, entremetteuse, voyeuse, assoiffé(e) de sexualité débordante ? Quelle folie pousse telle autre à plaquer mari, enfants, confort et aisance matérielle et financière pour tomber dans les bras d’un humble paysan et partager son destin dans une misérable maison à flanc de montagne ?

Mieux qu’un reportage ou qu’un plaidoyer, ce roman troublant, voire choquant, plein de sensualité, d’érotisme, mais aussi de crudité, expose, par son réalisme, toute l’ambiguïté du tourisme sexuel. Des échanges « donnant-donnant » et « perdant-perdant » (pour ce qui concerne le respect de soi), dans lesquels chacun trouve son compte,  s’établissent ici entre personnes adultes et consentantes. La dernière nouvelle de Dany LAFERRIÈRE laisse entendre que cet échange n’est pas exempt des résidus du colonialisme, les uns assouvissant la violence de leur désir grâce à leur argent, les autres apaisant leur « furieux désir de la chair du maître ». Qui domine l’autre ? Répondre est bien difficile !  

26 juillet 2010

René DEPESTRE (1926) - – BIOGRAPHIE

René DEPESTRE (1926) _ Biographie[1]

René DEPESTRE est né en Haïti à Jacmel, le 29 août 1926. Il a deux frères et deux sœurs et va à l’école primaire des Frères de l’Instruction chrétienne. Après la mort en 1936 de son père, préparateur en pharmacie, la famille va vivre à Port-au-Prince dans un quartier pauvre où sa mère est couturière. Il vivra quelques temps chez sa grand-mère maternelle et de 1940 à 1944 et fréquentera le lycée Pétion de Port-aux-Princes.

 En 1945, il se fait connaître par un recueil de poésies Étincelles. Il fonde avec trois amis un hebdomadaire La Ruche (1945-1946) dont le gouvernement fait saisir le numéro consacré à André BRETON, ce qui déclenchera l’insurrection de janvier 1946. Il fréquente les intellectuels et poètes haïtiens de l’époque et des artistes étrangers. En 1946, il publie son deuxième recueil Gerbe de sang.

Il fait partie des dirigeants révolutionnaires de l’insurrection de janvier 1946, qui parvient à reverser le président Élie Lescot. L’armée ayant pris le pouvoir, DEPESTRE est emprisonné puis exilé en France.

De 1946à 1950, il suit des études de lettres et de sciences politiques à la Sorbonne et fréquente les poètes surréalistes français, des artistes étrangers et les intellectuels du mouvement de la négritude, qui se réunissent autour d’Alioune Diop et de Présence Africaine.

En 1949, il épouse une Juive hongroise, Édith Gombos Sorel (Dito) et est expulsé du territoire français comme participant actif aux mouvements de décolonisation en France. Il se rend successivement à Prague, en est chassé en 1952, à Cuba où il est arrêté et expulsé par le régime de Batista, en Autriche, au Chili où il organise avec Pablo NERUDA et Jorge AMADO le congrès continental de la culture, en Argentine et au Brésil, puis il revient à Paris en 1956 et y fréquente d’autres haïtiens.

Il participe au premier congrès organisé par Présence Africaine en 1956, écrit dans les revues Présence Africaine, Esprit et Lettres française.

En 1956-57, il retourne à Haïti et appelle les Haïtiens à la résistance au régime de Duvalier. Il est mis en résidence surveillée. Invité par Che Guevara, il se rend à Cuba et s’investit dans la gestion du pays, la réforme agraire et le programme d’alphabétisation. Il travaille au ministère des relations extérieures, aux Éditions nationales, au Conseil national de la culture et voyage en URSS, en Chine, au Viêt-Nam, à Alger.

Il se sépare d’Édith et épouse en 1963, une cubaine Nelly Compano avec qui il a deux enfants.

René DEPESTRE poursuit son œuvre poétique Un Arc-en ciel pour l’Occident chrétien (1967), Poète à Cuba (1973), En état de poésie (1980).

En 1971, il est écarté par le pouvoir castriste. Après avoir rompu avec l’expérience cubaine en 1978, il revient à Paris où il rompt avec tous les marxismes et travaille au secrétariat de l’UNESCO jusqu’en 1986 avant de se retirer dans l’Aude à Lézignan-Corbières.

Après avoir publié un recueil de nouvelles, prix Goncourt de la nouvelle,  marquées par un érotisme païen (Allélua pour une femme jardin 1973, édit. définitive en 1981) et une farce romanesque (Le mât de Cocagne en 1979), il a obtenu le prix Renaudot, le prix du roman de la Société des Gens de Lettres, le prix Antigone de la Ville de Montpellier, le Prix du Roman de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique pour Hadriana dans tous mes rêves en 1988.

René DEPESTRE obtient la nationalité française en 1991 et vit désormais en France, dans l’Aude à Lézignan-Corbières

            En 1998, il reçoit le Grand prix de Poésie de l’Académie française et le Prix Carbet de la Caraïbe pour l’ensemble de son œuvre. En 1993, il obtient le Prix Apollinaire pour son Anthologie personnelle.

[1] Sources : Sur Internet, www.lehman.cuny.edu/ile.en.../depestre.html, www.bm-limoges.fr/.../depestre/auteur-biographie.php, « Le petit Robert des noms propres » 2004, p 608.

 

 

 

26 juillet 2010

René DEPESTRE Hadriana dans tous mes rêves (1988)

René DEPESTRE (1926) - Hadriana dans tous mes rêves (1988)

René DEPESTRE a partagé son roman en trois mouvements.

Dans le premier mouvement, le jeune Patrick Altamont, raconte deux évènements qui ont marqué le port haïtien de Jacmel.

Tout d’abord, sa marraine Germaine Villaret-Joyeuse, endimanchée, le visage couvert d’un énorme papillon-bizango[1], à bord d’une limousine « autozombie » conduite par son fils, traverse la ville, semant l’épouvante sur son passage. Ce masque noir n’est autre que la réincarnation du plus grand « tombeur » de l’île, Balthazar Granchiré, transformé en papillon par le mari-sorcier d’une de ses conquêtes. Les péripéties de la mort de la marraine bien aimée du jeune Patrick seront l’occasion, pour le conteur qu’est le coiffeur Scylla Syllabaire,  de « reconstituer par le menu la version des évènements qui allait être retenue pour officielle et vraie ».

Puis, quelques temps plus tard, le 29 janvier 1938, toute la ville est conviée aux réjouissances publiques qui suivront le mariage de la sœur de baptême du jeune Patrick, dont il est secrètement amoureux, une jeune békée française de Jacmel. N’a-t-on pas lu à ce sujet, dans La Gazette du Sud-Ouest, l’éditorial de son directeur Népomucène Homaire « Plus qu’une jeune fille de dix-neuf ans, la fée tutélaire de Jacmel est une rose piquée au chapeau du Bon Dieu. »? L’éblouissante Hadriana Siloé épouse en effet, le jeune aviateur haïtien Hector Danoze. Alors qu’après le oui d’Hector, elle répond à la question rituelle, « Hadriana poussa un oui  hallucinant de détresse et s’écroula aux pieds du prêtre ». Hadriana Siloé était morte.

De cet instant, la cérémonie échappe à la famille effondrée par le malheur. Les Jacméliens prennent en main la suite des évènements. Le rituel vaudou[2] se dispute au rituel chrétien. La veillée funèbre s’accompagne de danses carnavalesques, d’une sarabande macabre, de scènes burlesques, de musiques endiablées, de rituels magiques. Hadriana est enterrée en grande pompe dans sa tenue de mariée. Mais le lendemain, une cruche emplie d’eau remplace son corps disparu de la tombe ouverte. La belle héroïne, métamorphosée en zombie[3], entre dans la légende de Jacmel. Qui s’est emparé du « petit bon ange » d’Hadriana pour l’enfermer dans une bouteille ? Qui exploite son « gros bon ange » ? Telles sont les questions qui obsèdent le narrateur.

Dans le deuxième mouvement, trente-quatre ans plus tard, Patrick Altamont, fait le point sur sa recherche de la compréhension du phénomène de la zombification. Quatre années passent encore. Il retrouve Hadriana bien vivante, à Kingstown (Jamaïque).

Dans le troisième mouvement, Hadriana fait elle-même, le récit des moments qui ont précédé sa mort apparente, de ses perceptions durant heures qui l’ont suivie, de son enterrement et comment elle a échappé à sa zombification.

***** 

Quand Hadriana dans tous mes rêves paraît en 1988, René DEPESTRE a rompu avec le marxisme et sa rébellion anticolonialiste s’est assagie. À soixante-deux ans, fort de ses rencontres littéraires et artistiques, de l’expérience humanitaire acquise au cours de son errance d’exilé, à travers le monde, habité par la nostalgie de son île malmenée par les successions de catastrophes telluriques, climatiques, politiques, économiques, il s’inspire de ses souvenirs d’enfance à Jacmel, pour écrire ce roman.

De la même veine que Cent ans de solitude de Gabriel GARCIA MARQUEZ, ce livre nous entraîne dans un monde surréaliste, à la fois réaliste et fantastique où le réel se confronte à l’imaginaire le plus débridé, un monde d’excès dans lequel la misère et le dénuement les plus sordides se subliment par l’exubérance et les couleurs de l’art pictural, la musique, les danses effrénées, un monde où les revenants côtoient les vivants, un monde partagé entre son passé d’esclave, de colonisé et l’héritage des Philosophes des Lumières.

Les personnages du récit de René DEPESTRE sont tous plus originaux, fantasques, extravagants les uns que les autres. La richesse somptueuse des descriptions, la verve colorée de l’auteur entraînent le lecteur, aux sons tonitruants des fanfares  dans un déchaînement carnavalesque de masques naïfs, de déguisements grotesques irrespectueux, le tout façonné par une langue enrichie d’expressions créoles savoureuses et accompagné, tout au long du récit, d’un érotisme naturel.

 


[1] Bizango : Membre de société secrète de magie noire

[2] Vaudou : Culte animiste originaire du Bénin, répandu chez les noirs des Antilles et d’Haïti, mélange de pratiques magiques, de sorcellerie et d’éléments pris au rituel chrétien ; divinité de ce culte.

[3] Zombie ou zombi : 1. Fantôme, revenant (dans les croyances vaudou des Antilles). 2. par extension (1967) Personne qui paraît vidée de sa substance et dépourvue de toute volonté.

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