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22 juin 2010

Dominique FERNANDEZ (1929) - Porporino ou Les Mystères de Naples (1974)

Dominique FERNANDEZ (1929)

Porporino ou Les Mystères de Naples (1974)

 

Le comte de S..., propriétaire du château en amont du Neckar, confie un manuscrit de la fin du XVIIe siècle à un éditeur français de passage à Heidelberg. Son ancêtre avait entretenu une « chapelle » selon la coutume de cette époque en Allemagne. Ce sont des Mémoires d’un des derniers castrats napolitains mort très âgé à la cour de cet ancêtre. Le texte est consigné dans trois gros cahiers constituant autant de parties du récit.

La première partie, San Donato, est consacrée à l’enfance de Vincenzo Del Prato dans ce petit village de Calabre. Les habitants y vivent misérablement du fruit de la culture d’une terre ingrate, sous l’autorité des intendants du propriétaire de la région, le prince de Sansevero.

Une menace imprécise pèse sur Vincenzo, perçue par diverses observations, des propos saisis dont il être l’objet, l’embarras de son père, son agressivité envers lui. [Finalement, il se déchargeait sur moi du poids qui l’oppressait. Il ne se contentait plus de me dire : « Bon à rien ! » en me rudoyant au hasard avec les premiers mots qui lui venaient à l’esprit. « Tu ne seras jamais bon à rien ! » s’écriait-il maintenant, et le froncement prolongé de ses sourcils, la lenteur avec laquelle il détachait ses paroles, comme s’il prenait le temps de les choisir et de les peser mûrement, le soin qu’il mettait pour les articuler, la brièveté cinglante du dernier mot qui tombait comme le verdict après une délibération, toutes ces circonstances transformaient une injure machinale à laquelle j’étais depuis longtemps habitué, en une sinistre prophétie qui me remplissait d’épouvante.] Les plaidoiries de don Sallusto et la promesse de beaucoup d’argent feront céder le père de l’enfant qui a la plus belle voix du village et sera placé sous la protection du prince. 

Don Sallusto se plait à visiter ses paroissiens en compagnie du jeune garçon qui s’imprègne ainsi de la pauvreté des paysans du Mezzogiorno de leurs coutumes archaïques souvent surprenantes. L’auteur du manuscrit se remémore ses premiers émois amoureux avec Luisilla son amie d’enfance.

 

La deuxième partie a pour titre Les Pauvres de Jésus-Christ. Porporino - C’est le nom que s’est choisi Vincenzo après sa castration - évoque l’adolescence « différente » des jeunes castrats de l’école napolitaine instruits chez Les Pauvres de Jésus-Christ, leur quotidien, leurs études générales et musicales, leurs servitudes, les sorties gourmandes à la pâtisserie Startuffo, l’amitié admirative et amoureuse avec Feliciano, jeune prodige au physique angélique promis à un brillant avenir. Il raconte sa vie dans le palais du prince de Sansevero (1710~1771), personnage exceptionnel alchimiste, inventeur génial autant qu’original, érudit, franc-maçon. Fasciné par la voix des castrats, celui-ci conçoit l’émasculation comme un maintien de l’indifférenciation des sexes originelle et un défit au vieillissement imposé par la nature.

 Porporino raconte la ville, ses ruelles, ses palais. Il fait revivre la cité napolitaine rivale des autres capitales européennes autour des princes mécènes de cet âge baroque et leurs intrigues de cour. Il fréquente les amateurs d’art et les esprits éclairés dans les salons de la haute société où se tiennent des échanges sur les artistes, les compositeurs, les querelles musicales. Il y croise Casanova (1725~1798) entre deux aventures, la superbe lady Hamilton (1765~1815), le baron de Breteuil (1730~1807) ambassadeur de Louis XV, le franc-maçon nationaliste Antonio Perocades, le jeune Mozart (1758~1791) et la belle intrigante Sarah Goudar. Tous ces personnages ayant réellement existé donnent de la vraisemblance à cette autobiographie fictive.

 

La troisième partie, Naples, vit sous le règne des Bourbons d’Espagne depuis 1735. Le jeune roi Ferdinand IV (1751~1816), époux de Marie-Caroline gouverne en despote. La cité est partagée entre les influences italiennes et espagnoles. L’esprit rationaliste des Lumières se heurte aux traditions héritées du passé antique et baroque. L’art lyrique est en mutation : les goûts du public évoluent sous l’impulsion de Scarlatti (1660~1725), de Métastase (1698~1782) et Pergolèse (1710~1736). « L’opera seria », spécialité napolitaine  qui traite de sujets mythiques en utilisant des voix de sopranos et l’aigu des castrats affublés de costumes extravagants, des effets de mises en scènes avec des machineries compliquées, cohabite maintenant avec « l’opera buffa » traitant de sujets comiques avec des personnages évoluant dans des situations quotidiennes, s’exprimant dans les dialectes locaux et excluant les castrats au profit de voix de basse.

Porporino est témoin impuissant de l’amour sans espoir du comte Manuele Carafo pour son ami Feliciano qui fait ses débuts dans le rôle d’Achille au San Carlo dans la reprise du drame de Métastase Achille à Scyro. C’est le prétexte pour Dominique Fernandez d’une reconstitution grotesque et imagée de l’ambiance d’une représentation lyrique napolitaine. Don Raimondo de Sansevero conçoit la décoration et l’aménagement de la chapelle de son palais et entreprend des expériences de plus en plus audacieuses. Horrifié, Porporino constate que son protecteur s’enfonce dans la folie jusqu’à ce que...

 

Dominique FERNANDEZ analyse en profondeur le problème psychologique des castrats. Porporino, par la blessure sexuelle qui lui a été infligée est entré dans la marginalité. La société n’aime pas les marginaux qui, par leur existence même, représentent la contestation de l’ordre établi, de la norme. Porporino en souffre, mais il en jouit aussi. N’appartenant à aucun sexe, tout en ayant une attitude soumise, les castrats se sentent libres et portent un regard critique sur la société qui les a éloignés de la vie normale. Porporino et Feliciano sont vus comme marginaux à la fois rejetés comme « différents », mais intriguent les gens « normaux ». D’aucuns leur prêtent certains pouvoirs occultes. Leur androgynéité éveille chez d’autres une attirance sexuelle (Don Manuele, Sarah Goudar). Leur voix et leur talent font pâmer les foules de l’époque.

Le thème de l’homosexualité est effleuré discrètement. Ce n’est pas vraiment l’objet du livre.

Amoureux du sud de l’Italie, et particulièrement de Naples, Dominique FERNANDEZ nous plonge dans cette époque fastueuse que fut le XVIIIe siècle pour Naples qu’il fait revivre magistralement.

 

Le roman de Dominique FERNANDEZ a obtenu le Prix  Médicis en 1974.

Pour en savoir plus vous trouverez dans ce blog le résultat de mes recherches sur :

LE ROYAUME DE NAPLES AU XVIIIe SIÈCLE :

LES CASTRATS:

et un message que j'ai trouvé sur ce site à propos du prince de Sansevero :

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15 juin 2010

BUSSY-RABUTIN Roger (1618~1693) - Histoire amoureuse des Gaules (1660)

Bussy-Rabutin 3 - le comte-1
La Fronde (1649~1653) est terminée depuis 7 ans, le traité des Pyrénées (1659) vient d’être signé clôturant la guerre menée contre les Habsbourg quand BUSSY rédige l’Histoire amoureuse des Gaules. S’inspirant du Satiricon de l’écrivain latin PETRONE (mort en 65), Roger RABUTIN dépeint, dans ce « un roman satirique», les vices de la Cour et les intrigues galantes de personnages qui occupaient un rang élevé à la cour les mettant en scène sous un jour fâcheux. Le cynisme et les scandales étaient de mode. Pendant la période hivernale, les combats des armées cessaient pour des raisons de logistiques. Les aristocrates se retrouvaient alors oisifs et occupaient leur temps à entremêler intrigues politiques et amoureuses. Les gentilshommes prétendaient à nombre de maîtresses et ces dames avaient quantité d’amants. Toutes ces histoires amusaient la société de l’époque.

BUSSY fait une peinture d’une société avec une acuité redoutable. Les scandales qu’il évoque sont connus de tous. La vanité, la malice, la volonté de puissance animent ses héros. Chez les femmes, l’esprit d’intrigue, la cupidité l’emportent sur le sentiment, la passion ou les exigences des sens. Ce sont ces ressorts cachés qui l’intéressent.

De culture latine, BUSSY admirait le souci d’élégance et de raffinement de l’épicurien PETRONE ainsi que son observation des ridicules, son esprit libre et son détachement des préjugés.

 Bussy-Rabutin 11
BUSSY écrivit son ouvrage pour divertir sa maîtresse, Madame de Montglas. Le « roman satirique » était un genre de roman à clé à la mode qui peignait sous des pseudonymes les portraits de personnages de certaines parties de la société. Les épisodes évoqués, qui étaient de notoriété publique, fournissaient matière à mettre en scène des situations libertines et scabreuses. Bussy- Rabutin 7-1

On trouve, parmi les portraits contenus dans l’Histoire amoureuse des Gaules, celui de BUSSY par lui-même et un de sa cousine Mme de SÉVIGNÉ dont elle aurait souffert. Lors de la visite du château de Bussy, le visiteur se rend rapidement compte que le propriétaire des lieux utilise des vengeances sournoises et perfides pour soulager ses rancunes tenaces. BUSSY qui trouvait sa cousine à son goût a vu ses avances repoussées d’où la description de sa froideur. Pour subvenir en 1658 aux frais de la campagne des Flandres, la marquise lui avait refusé l’argent qu’il lui demandait d’où l’allusion à son avarice.

La pureté de la langue, la netteté rapide des phrases, la justesse des mots, leur richesse, l’ironie légère de certaines formules font l’agrément de la lecture de ce récit.

 

BIOGRAPHIE et BIBLIOGRAPHIE
LE CHÂTEAU DE BUSSY-RABUTIN (Côte d'Or)

Voir la vidéo de ColineCélia sur le château de Bussy Rabutin (Côte d'Or)

15 juin 2010

BUSSY-RABUTIN Roger (1618~1693) - BIOGRAPHIE et BIBLIOGRAPHIE

Roger BUSSY-RABUTIN est né à Épiry en Bourgogne le 13 avril 1618. Après des études au collège de Jésuites d’Autun puis au collège de Clermont à Paris, il commence une carrière militaire et participe à différentes campagnes françaises contre les Habsbourg.

En 1643, il épouse Gabrielle de Toulongeon, mais celle-ci décède en 1646. Il se remarie plus tard avec Mlle de Rouville.

Pendant la Fronde, il suit d’abord Condé dans son conflit avec la cour. Ayant subit des affronts de ce dernier qui lui ordonne de céder sa charge de capitaine des la compagnie de chevau-légers, il prend parti pour la cour et sert sous les ordres de Turenne.

En avril 1659, il entre en disgrâce pour avoir passé la fin de la semaine sainte avec des amis « libertins » et avoir tenu des propos sur les amours du Roi. Il est exilé en Bourgogne où sa maîtresse Mme de Montglas le suit. Il peut rentrer à Paris en Novembre, à condition de ne pas paraître à la cour.

En 1660, il compose l’Histoire amoureuse des Gaules à Bussy. C’est le début du règne de Louis XIV. Il obtient l’autorisation de se présenter à la cour qui se tient à Paris ou à Fontainebleau, mais Bussy se rend compte que le jeune roi ne l’aime pas.

À la fin de l’année 1662, Bussy lit son manuscrit à quelques amis dont Madame de la Baume. Cette dame se fait prêter le texte pour quarante-huit heures et profite de ce délai pour le recopier avant de le rendre.

De retour à Paris quelques mois plus tard, Bussy apprend que son texte est « assez public ». Mme de la Baume nie l’avoir dévoilé. Mais en 1664, il en aura la preuve par Mme de Sourdis. Il fait une scène violente à Mme de la Baume qui désormais sera sa pire ennemie.

Le Roi ratifie son élection à l’Académie française au début de l’année 1665. La parution anonyme à Liège de l’Histoire des Gaules accentue l’hostilité du Roi. Pour se dédouaner, Bussy charge le duc de Saint-Aignan de montrer le manuscrit au Roi qui le garde quatre jours. La consultation est suivie d’un entretien avec Bussy, semble-t-il favorable. Mais ce dernier apprend qu’une dame aurait obtenu une audience et aurait convaincu le Roi que le manuscrit était tronqué. Il découvre alors que Madame de la Baume avait introduit dans sa copie des traits injurieux pour certains personnages de la cour, particulièrement Condé. Malgré les démarches de Bussy pour se disculper, il est arrêté le 16 avril 1665, mis au secret à la Bastille et doit céder sa charge de mestre de camp général de la cavalerie légère.

Le 10 août 1666, Bussy a l’autorisation de se retirer sur ses terres. Il part le 6 septembre à Bussy.

Là, Bussy reçoit des visites, écrit ses Mémoires (posth. 1856) et entretient une importante Correspondance (posth. 1697 et 1858) avec les beaux esprits de son époque, notamment sa cousine Madame de SÉVIGNÉ. Il fait aménager les appartements de son château dont il conçoit lui-même la décoration dans laquelle il manifeste sa nostalgie de l’armée, de la cour, son ressentiment contre Louis XIV et sa rancune contre Mme de Montglas qui l’a abandonné.

Il ne pourra revenir à Paris que pour de courts séjours en 1672 et 1676 et définitivement seulement en 1681. Sa disgrâce n’est pourtant pas terminée. Aussi, il ne fera que de courtes apparitions à Paris en 1682, 1687 et 1690, puis restera définitivement à Bussy.

Il meurt le 9 avril 1693 à Autun.


Vidéo sur le château de Bussy Rabutin (Cote d'Or)

 

LE CHÂTEAU DE BUSSY-RABUTIN (Côte d'Or)

 

 

 

 

 

 

10 juin 2010

LE CHÂTEAU DE BUSSY-RABUTIN (Côte d'Or - FRANCE)

LE CHÂTEAU DE BUSSY-RABUTIN[1] (Côte d'Or - FRANCE)

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A la Renaissance, les comtes de Rochefort firent abattre le mur qui fermait la cour de l’ancien château fort du XVe siècle, transformèrent les quatre tours de défense en tours d’habitation et firent décorer les ailes.

Le grand-père de Roger Rabutin commença la façade. Le rez-de-chaussée date de LouisXIII tandis que les parties supérieures, qui furent terminées en 1649, évoquent le premier style Louis XIV.

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Bussy-Rabutin a conçu la décoration de l’intérieur.

Le portrait du maître de maison peint par Lefèvre, un élève de Lebrun se trouve sur la cheminée de la salle à manger appelée aussi « Cabinet des devise ». La pièce est décorée de panneaux figuratifs ou allégoriques et de devises imaginées par Bussy ainsi que des châteaux et des monuments de l’époque dont certains n’existent plus

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Les portraits de 65 hommes de guerre de du Guesclin à Bussy sont représentés dans « l’antichambre des hommes de guerre ». Des fleurs de lys, des trophées, des étendards et les chiffres entrelacés de Bussy et de la Marquise de Montglas décorent les boiseries et les plafonds. Des devises perfides qualifient sa maîtresse infidèle.

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Les portraits de 25 dames de la Cour et de favorites ornent la chambre de Bussy. Un triptyque réunit sa seconde épouse Louise de Rouville, ses cousines Madame de Sévigné et sa fille Madame de Grignan.

L’exilé avait installé son bureau dans « la tour dorée » où il s’est fait représenter en empereur romain. Des peintures aux sujets galants ou empruntés à la mythologie couvrent entièrement la pièce. Elles sont accompagnées de quatrains et de distiques[2] ravageurs. Sous le plafond à caisson richement décoré, se trouvent des copies de personnage des règnes de Louis XIII et Louis XIV.

La « galerie des rois de France » mène à l’oratoire situé dans la tour sud.

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Pour en savoir plus sur :

Regarder la vidéo  de ColineCelia sur le Château de Bussy Rabutin sur

http://www.youtube.com/watch?v=ANxW9FpfbLA

 et celle des Amis du château de Bussy Rabutin

http://www.dailymotion.com/video/xiks2y_chateau-de-bussy-rabutin_tv

BUSSY-RABUTIN Roger (1618~1693)
et

L’Histoire amoureuse des Gaules

 


 

[1] document rédigé à l’aide du guide vert Michelin de la Bourgogne 2006 (p176 177) ; photosNMS (juillet 2008)

 

[2] Groupe de deux vers renfermant un énoncé complet

7 juin 2010

AÏTMATOV Tchinghiz, BIOGRAPHIE,BIBLIOGRAPHIE

Tchinghiz Torekoulovitch AÏTMATOV est un « écrivain kirghiz (Cheker 1928~ Nuremberg 2008). Il acquit la notoriété avec une nouvelle Djamilia (1958), traduite par ARAGON qui la salua comme « la plus belle histoire d’amour ». Ses nouvelles (Le Premier Maître, 1963 ; Adieu Goulsary), 1966, ses romans (Une Journée plus longue qu’un siècle, 1980 ; Les Rêves de la louve, 1986), empreints de lyrisme et d’éléments allégoriques, posent les problèmes moraux de la société soviétique.[1] »

«  Défenseur des cultures et des langues des peuples non-russophones de l’ancienne Union soviétique, Tchinghiz AÏMATOV nous a fait découvrir la richesse de la culture Kirghize. »[2]

Cet écrivain kirghiz était traduit dans le monde entier. Il était candidat au prix Nobel de littérature pour 2008. Alors qu’il suivait en Russie le tournage de l’adaptation de son roman Un jour plus long qu’un siècle, il fut victime d’un malaise. Hospitalisé en Allemagne à Nuremberg, il y est décédé le 10 juin 2008.

Il avait été reçu en 1956 au prestigieux Institut de littérature Maxime Gorki à Moscou.

Il écrivait aussi bien en Kirghiz qu’en Russe.

Il est l’auteur d’une quinzaine de romans dont en plus de ceux cités plus haut de Il fut un blanc navire.

Il avait commencé à s’intéresser à la politique en 1985 quand Michaël Gorbatchev est arrivé au pouvoir, soutenant la « perestroïka » et les réformes qui s’annonçaient en Union soviétique.

Après la chute de l’URSS, il fut ambassadeur de Russie à Bruxelles, auprès de l’Union européenne et de l’OTAN, puis occupa ces mêmes fonctions pour le Kirghizstan devenu indépendant, par intermittence, entre 1993 et 2008. Il fut aussi ambassadeur du Kirghizstan auprès de la France, de la Belgique et du Luxembourg.[3]

 


 

[1]Le Petit Robert des noms propres 2004

 

[2] Déclaration du 11 juin 2008 de M. Bernard Kouchner, le lendemain du décès de Tchinghiz AÏTMATOV.

 

[3] sources : www.slavika.com/spip.php?article1060 et www.diplomatie.gouv.fr/.../deces-m.-tchinghiz-aitmatov-11.06.08_63498.html -

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1 juin 2010

Gabriel GARCIA MARQUEZ – BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

Texte mis à jour le 18 avril 2014

Gabriel Garcia Marquez est né en 1928, à Aracataca, petit village de Colombie. Il est journaliste, écrivain et auteur de cinéma.

C’est un conteur fantastique (Les Funérailles de la grande mémé, 1962 ; L’Incroyable et Triste Histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique, 1972).

Il défend les droits de l’homme dans (L’Automne du patriarche, 1975).

Il est surtout l’auteur de Cent ans de solitude (1967) qu’il se plaît à dire, être le seul et même roman qu’il a commencé à écrire à l’âge de dix-sept ans et que Pablo NERUDA qualifia comme « la plus grand révélation de la langue espagnole depuis le Don Quichotte de CERVANTÈS ».

On lui doit également Chronique d’une mort annoncée (1981), L’Amour au temps du choléra (1985), Le Général dans son labyrinthe (1989).

Ses entretiens avec Plinio Mendoza ont paru en 1982 (Une odeur de goyave).

Le premier volume de ses mémoires, Vivre pour la raconter, est paru en 2003.

Gabriel GARCIA MARQUEZ est décédé, suite à une pneumonie, le 17 avril 2014 à Mexico où il vivait depuis plus d'une vingtaine d'années.

Gabriel GARCIA MARQUEZ a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1982.Son œuvre témoigne de l’importance de la littérature latino-américaine dans le XXème siècle.

1 juin 2010

GARCIA MARQUEZ Gabriel - Journal d’un enlèvement (1999)

Gabriel GARCIA MARQUEZ fait œuvre de journaliste dans ce livre où il relate l’enlèvement de neuf personnalités colombiennes par le bras armé du cartel de Medellín. Partant du témoignage des personnes qui ont été directement mêlées à ce drame dans lequel deux otages périrent, il nous relate les souffrances des victimes, l’angoisse de leurs proches, l’embarras du Président et de ses conseillers et la complexité des problèmes posés.

 Le gouvernement fédéral américain réclame l’extradition des dirigeants des cartels de la drogue vers les États-Unis où la plus grande partie des stupéfiants est écoulée. Le gouvernement colombien avait décidé de les anéantir. Les narcotrafiquants colombiens ont déclaré une guerre totale contre le gouvernement et s’attaquent directement aux responsables politiques par des attentats, des exécutions, des enlèvements et des prises d’otages parmi leurs proches.

Dans ce pays où les guérillas et les cartels de la drogue pratiquent les mêmes forfaits, les victimes ignorent qui a commis les rapts. Leurs conditions de captivités sont différentes suivant l’endroit où elles sont retenues et qui est chargé de leur garde. Leurs conditions de détention sont extrêmement dures. L’incertitude sur leur sort futur agit sur leur moral. Une vie humaine n’a de valeur que dans la mesure où elle peut servir un intérêt particulier.

L’auteur explique comment les familles des otages ont été mises au courant des kidnappings et leurs démarches en vue d’une intervention gouvernementale pacifique. Une action armée brutale serait l’arrêt de mort des prisonniers. Ils font pression pour que des narcotrafiquants comme les frères Ochoa et Pablo Escobar ne soient pas livrés aux pays demandeurs. Ils réclament l’engagement de négociations en vue de faire libérer leurs proches.

 Comment faire savoir à ceux qu’on aime que personne ne les oublie ? Comment soutenir leur moral ? Comment ne pas les couper du monde ? Les messages diffusés par Radio Caracol destinés aux otages des guérillas et des cartels parviennent parfois aux intéressés. Des responsables de productions télévisées s’arrangent pour faire paraître des familiers des victimes dans leurs programmes, afin de leur apporter indirectement des informations plus ou moins codées.

Le président et les responsables gouvernementaux, souvent personnellement touchés par ces chantages et ces exactions, partagent leurs interventions, entre intransigeance et tentatives secrètes de négociation, au moyen d’intermédiaires véreux plus ou moins fiables.

Une relation ambigüe faite de terreur, de haine, de méfiance, mais aussi de complicité et d’entraide lie les otages et leurs gardiens.

Le talent littéraire de Gabriel GARCIA MARQUEZ au service de la rigueur du journaliste, fait de ce récit un ouvrage d’information plein de sensibilité et passionnant.

1 juin 2010

GARCIA MARQUEZ Gabriel - Chronique d’une mort annoncée (1981)

Comme l’indique le titre, la mort de Santiago Nasar, a été annoncée par les frères Vicario à tous ceux qu’ils ont rencontrés dès l’aube du matin du meurtre.

Le narrateur a quitté Santiago Nasar après avoir passé une nuit blanche avec les derniers fêtards d’un mariage. De nombreuses années plus tard, il cherche à reconstituer les circonstances qui en s’enchaînant ont permis et même facilité la volonté aveugle du destin.

Les uns ont pris la proclamation des deux frères pour des propos d’ivrognes. Certains fatigués après la noce sont allés dormir, tout simplement. Le maire, le colonel Aponte s’est contenté de leur confisquer leurs couteaux de boucher avant d’aller se préparer, tout comme le Père Amador et la victime, à accueillir l’archevêque dont le passage est un évènement pour cette localité isolée. D’autres ont tenté de prévenir Nasar, mais un enchevêtrement de contretemps ou d’évènements imprévus les ont retardés ou ont détourné leur attention. Il en est qui n’ont rien fait par indifférence ou paralysés par une vieille rancune.

Gabriel GARCIA MARQUEZ, situe à nouveau ce roman dans cette région de Colombie de Ríohacha qu’il a bien connue. Province dans laquelle la population vivait en vase clos. Il traite les thèmes de l’honneur et de la fatalité avec son humour et son imagination débordante.

1 juin 2010

Gabriel GARCIA MARQUEZ - CENT ANS DE SOLITUDE (1967)

LE CONTEXTE BIOGRAPHIQUE : Gabriel GARCIA MARQUEZ raconte dans Vivre pour la raconter, qu’alors qu’il mettait fin à ses études de droit, voulant devenir écrivain , il participait à la rédaction d’articles dans plusieurs revues littéraires où certaines de ses nouvelles avaient été remarquées, mais était à la recherche d’inspiration et d’un moyen de mettre en forme son ambition d’écrire un roman, il entreprit avec sa mère un voyage sur les lieux de son enfance pour tenter de vendre la maison de ses grands-parents. Les paysages, les marécages, les gares désaffectées, les ruines de la compagnie bananière dont on attend toujours le retour, le village d’Aracataca, la visite chez le vieil ami du grand père, le docteur Alfredo Barboza, la vue de la maison familiale délabrée, réveillèrent ses souvenirs. Il prit alors conscience qu’il tenait là, la matière de son œuvre.

Les aventures et les enseignements de son grand-père, ancien colonel de l’armée des libéraux qui participa à la « Guerre des mille jours », orfèvre spécialisé dans la fabrication de petits poissons en or, qu’il accompagnait, voire chaperonnait dans toutes ses sorties, sa grand-mère, boulangère, qui confectionnait des petits animaux en caramel, qui tenait un registre des naissances hors mariage de son époux pendant la guérilla et qui dirigeait la maisonnée où cohabitaient aussi la famille élargie et les domestiques indiens, sa petite sœur qui mangeait de la terre, la vie du village, les tribulations des adultes, les conversations en sa présence évoquant les faits marquants du village, l’arrivée du modernisme, le développement, l’essor, puis la décadence de la région suite au départ de la compagnie bananière, tout cela servira de terreau à ses ouvrages.

 

LE LIVRE : Servi par ses talents de conteur et une imagination débridée, l’auteur nous entraîne dans ce village imaginaire de Macondo, isolé du reste du monde, pour y suivre l’épopée de la famille Buendia dont l’ancêtre est un des fondateurs, jusqu’à la décadence et la fin de la dynastie.

Dans ce récit, se côtoient la réalité historique avec le rêve, le rationnel avec l’irréel, le quotidien prosaïque avec l’extraordinaire et le fantastique, l’athéisme avec la religion, les rites, la bigoterie, voire le miracle, la connaissance avec l’alchimie et la magie, la cruauté, les meurtres, les exécutions avec la tendresse et l’amour, le sexe débridé avec la pudibonderie, la tempérance avec la goinfrerie, la misère avec le gaspillage, le confort et l’abondance avec le dénuement, la convivialité avec la solitude, l’invasion avec la désertion, l’enfance avec la grande vieillesse, la lucidité avec la folie .

La dynastie subit les épidémies, des fléaux météorologiques (sécheresse, déluge), des invasions d’insectes, des catastrophes écologiques (l’inondation due au détournement de la rivière). La guerre, les alternances politiques et leurs conséquences modifient la vie familiale.

 L’exploitation économique des États Unis à travers l’installation, l’essor, puis le départ de la société bananière, marque le destin du village. Cette entreprise gourmande de main d’œuvre amènera auprès des descendants des fondateurs du village une vague d’exploiteurs, de journaliers, de pionniers, d’aventuriers, de fonctionnaires, de commerçants, de nomades, de prostituées. En se retirant elle laissera les plus déshérités.

 La mort côtoie constamment la vie : mort des animaux, des enfants, des héros, exécutions politiques, assassinats crapuleux, meurtres d’ivrognes, mitraillage de foule, « train de la mort », épidémies. Le rituel du deuil est contraignant. L’esprit des morts hantent la maison. Les défunts reviennent visiter les vivants. On transporte avec soi les ossements des ancêtres. Le cimetière est au centre de la vie. La mort peut frapper brusquement. Certains la sentent venir. D’autres s’y préparent et la préparent. Il en est qui l’attendent longtemps. On peut même entrer en relation avec les morts, converser avec eux, recevoir leurs conseils ou devenir messager des vivants auprès des défunts, en passant de vie à trépas. Remedios-la-belle qui « détenait certains pouvoirs de mort » y échappera en s’élevant dans les airs «…au milieu de l’éblouissant battement d’ailes des draps qui montaient avec elle,… pour se perdre à jamais avec elle dans les hautes sphères où les plus hauts oiseaux de la mémoire ne pourraient eux-mêmes la rejoindre. ».

Cette parodie délirante rabelaisienne, soutenue, sans cesse relancée par de nouveaux rebondissements nous emporte.

Ce roman proliférant, merveilleux, révèle les contrastes et les contradictions de l’Amérique latine encore très marquée par le colonialisme ibérique auquel se mêle l’exotique des traditions, des croyances et des superstitions locales ancestrales. La rage de vivre de ces descendants d’aventuriers, la violence des rapports humains dans une nature qui peut être à la fois paradis et enfer imprègne le récit.

24 mai 2010

LES COURANTS DANS LE THÉÂTRE AVANT 1914

[Résumé écrit d’après Le Robert des noms propres (2006), le XIXème siècle et le XXème siècle de LAGARDE et MICHARD (1985 pour le 1er et 1980 pour le second)]

 

 

LE NÉO-ROMANTISME depuis l’échec des Burgraves de Victor HUGO en 1843, le romantisme semblait condamné. Il connaît pourtant une étonnante résurrection dans les dernières années du XIXème siècle et au début du XXème siècle, quand Edmond ROSTAND (1868~1918) fit représenter Cyrano de Bergerac en 1897, accueilli par l’enthousiasme du public, suivi de L’Aiglon en 1900 puis de Chantecler en 1910.

 

 

LE NATURALISME : Vers 1880, Émile ZOLA s’attaque à ce qu’il appelle la convention, qui affadit la comédie contemporaine : le théâtre naturaliste doit « apporter la puissance de la réalité », multiplier les scènes qui seront « des tranches de vie », sans la moindre concession à la morale bourgeoise, et dans des décors scrupuleusement documentaires. Beaucoup de romans de ZOLA, des GONCOURT, d’Alphonse DAUDET furent adaptés à la scène, généralement sans grand succès.

La nouvelle école adopta bruyamment un écrivain que son caractère tenait à l’écart : Henri BECQUE (1837~1899), auteur des Corbeaux (1882) et de la Parisienne (1885) qui sont les chefs-d’œuvre de cette forme de théâtre.

En s’attaquant au réalisme des décors et à la vérité de l’interprétation, le Théâtre Libre, fondé par ANTOINE en 1887, assurera le triomphe éphémère du drame naturaliste.

Le réalisme social, nuancé à la fois de cynisme et de moralisme, caractérise l’œuvre d’Octave MIRBEAU (1850~1917). Celui-ci décrit dans Les mauvais Bergers (1896), l’antagonisme des classes, et, dans Les Affaires sont les Affaires (1903), il développe une description impitoyable des formes modernes du pouvoir de l’argent.

D’autre part, les pièces courtes et vives dans lesquelles Jules RENARD, inspiré par un naturalisme psychologique plutôt que social, transpose, sous la forme dramatique, son habituelle manière incisive : le pessimisme et l’amertume se résolvent en humour et en cruauté, dans Le Plaisir de rompre (1897), Le Pain de Ménage (1898), Monsieur Vernet (1903) et surtout dans l’adaptation dramatique de Poil de Carotte (1900).

Émile FABRE (1869~1953) schématise les thèses naturalistes, et en fait la matière d’un théâtre à l’emporte-pièce, qui connut à l’époque un assez large succès bien que sa manière manque de force proprement littéraire (L’Argent, 1895 ; Les Ventres dorés, 1905).

 

 

LE « THÉÂTRE D’IDÉES » : Certains dramaturges, qui font alors figure de maîtres à penser, dont l’œuvre, inspirée par la question sociale, glisse du naturalisme aux « idées », ont eu une influence, de valeur inégale, qui fut loin d’être négligeable.

Eugène BRIEUX (1858~1922) écrivit des pièces à thèse qui ont connu le succès : La Robe rouge (1900) qui pose, en termes assez énergiques, le problème de l’administration de la justice et montre comment l’égoïsme et l’intérêt corrompent la fonction judiciaire ; dans Les remplaçantes (1901), il traite les thèmes de la propagande familiale, en montrant que le devoir de la mère est d’élever personnellement ses enfants. Il était l’un des auteurs favoris du Théâtre-libre d’Antoine.

Paul HERVIEU (1857~1915) manifeste dans son théâtre son tempérament de moraliste dans des drames du couple et de la famille qui abordent, avec une grande sobriété de moyens, des problèmes sociaux (Les Tenailles, 1895, sur le mariage ; Le Dédale, 1905, sur le divorce ; La Loi de l’homme, 1897, sur le féminisme) ou passionnels (L’Énigme, 1901 ; La Course au flambeau, 1901).

François de CUREL (1854~1929) est sans doute le représentant le plus notable de ce courant. Son théâtre d’idées a occupé une place de premier plan sur la scène française puis sombra dans l’oubli. Son style, austère, résiste à la tentation de la rhétorique et compense l’abstraction des idées par la puissance suggestive des images. L’art de CUREL  est de faire vivre des personnages qui incarnent des abstractions. Le Repas du Lion (1897) porte sur les rapports entre patrons et ouvriers ; La Nouvelle Idole (1899) sans doute son chef-d’œuvre, soulève le problème des limites morales du pouvoir scientifique. Après la seconde guerre mondiale, Terre inhumaine (1922) aborde le thème de l’amour entre un homme et une femme appartenant à des nations ennemies.

 

 

LE THÉÂTRE D’AMOUR : La psychologie amoureuse reste le thème de prédilection de nombre d’auteurs à la mode.

Henry BATAILLE (1872~1922) représente le mieux le caractère déjà conventionnel du « théâtre de boulevard » où le sujet des pièces à succès est le conflit entre la passion et les obstacles qu’elle rencontre. Son théâtre propose la peinture complaisante de mœurs décadentes dans un style que l’on a appelé « le réalisme sentimental » (Maman Colibri,  1904 ; La Marche nuptiale, 1905 ; La Femme nue, 1908 ; La Vierge folle, 1910 ; L’Homme à la rose, 1920).

Henry BERNSTEIN (1876~1953) décrit les mœurs d’une société où l’argent et la vie sensuelle constituent d’essentielles raisons de vivre. Il transforme la scène en un champ clos où se heurtent passions, intérêts et valeurs morales. C’est un des maîtres de ce qui s’appellera le « suspens » dramatique. Sa psychologie reste conventionnelle et n’échappe pas au risque de la vulgarité. Le succès de son théâtre fut considérable jusqu’aux années de l’après-guerre 1939 (La Rafale, 1905 ; La Griffe, 1906 ; Le Voleur, 1906 ; Samson, 1907 ; Le Secret, 1913 ; Félix, 1926 ; Mélo, 1929 ; La Soif, 1949).

Georges de PORTO-RICHE (1849~1930) conçoit le théâtre comme une anatomie sentimentale dont il dresse les résultats dans son « Théâtre d’amour » qui a pour thème dominant la passion sensuelle, avec les obsessions, les épreuves et les déchéances qu’elle entraîne pour ses victimes (Amoureuse, 1891 ; Le Passé, 1997 ; Le Viel Homme, 1911 ; Le Marchand d’Estampes, 1917).

 

 

LE THÉÂTRE DU BOULEVARD : Le public a apprécié particulièrement, parmi les nombreux auteurs du boulevard, quatre écrivains de talent qui ont produit une vingtaine de pièces chacun entre 1895 et 1914.

Maurice DONNAY (1859~1945) : fit ses débuts au Chat-noir dont la verve légère qui l’anima se retrouve souvent dans son théâtre (Lysistrata, 1892 ; Éducation du prince, 1900) mais qui prend parfois les couleurs plus sombres du drame (Amants ,1895 ; La Douloureuse ; Le Torrent ; L’Autre Danger, 1902 ; Le Retour de Jérusalem, 1904 ; Paraître, 1906 ; Les Éclaireuses.

Alfred CAPUS (1858~1922) : Les Petites Folles, La Veine, La Petite Fonctionnaire, Notre Jeunesse, Un Ange.

Henri LAVEDAN (1858~1940) a été le peintre complaisant de  la société parisienne de son temps : Le Vieux Marcheur, 1899 ; Viveurs ; Le Marquis de Priola, 1902 ; Le Duel, 1905 ; Servir.

Abel HERMANT (1862~1950) : Monsieur de Courpière, Rue de la Paix, La Belle Madame Hébert, Trains de Luxe, Les Transatlantiques, pièce conçue avec des couplets dus à la collaboration avec Franc-Nohain qui en font presqu’une opérette.

 

 

LE VAUDEVILLE ET LA COMÉDIE LÉGÈRE :

Georges FEYDEAU (1862~1921) fut, après LABICHE, le maître du vaudeville. Il porta ce genre mineur à son point de perfection, avec 39 pièces, comédies en trois actes. Entre la farce et la comédie, son théâtre est un perpétuel jaillissement de situations cocasses, de péripéties tumultueuses et absurdes où se trouvent engagés des personnages dénués de réalité et cependant rigoureusement fidèles, dans leur inconséquence, aux modèles proposés. Une logique rigoureuse, renouvelée par le sens de l’inattendu, et la vivacité d’un mouvement vertigineux font la valeur durable de ce théâtre. On peut citer Monsieur chasse (1892), Un Fil à la patte (1894), L’Hôtel du Libre Échange (1894), Le Dindon (1896), La Dame de chez Maxim (1899), Occupe-toi d’Amélie (1908), Mais n’te promène pas toute nue (1912), pièces qui sont encore souvent à l’affiche de nos jours.

Tristan BERNARD (1866~1947), romancier et auteur dramatique, fut surtout un humoriste dont on cite quantité de bons mots. C’est l’humour qui fait le charme de ses romans comme de ses pièces en un trois ou cinq actes depuis Les Pieds nickelés (1895) jusqu’à Jules, Juliette et Julien (1929). L’Anglais tel qu’on le parle est un court vaudeville qui est resté au répertoire. L’Étrangleuse (1908) est une parodie tragi-comique. Les Jumeaux de Brighton est une amusante reprise du thème des Ménechmes[1]. Monsieur Codomat (1907) est une comédie de caractère. Triplepatte (1905) écrite en collaboration avec André GODFERNAUX est une comédie de l’indécision qui unit l’esprit, la fantaisie et la satire légère à une sympathie compréhensive, presque attendrie.

Robert de FLERS (1872~1927) et Gaston Arman de CAILLAVET (1869~1915) inaugurent avec le siècle une collaboration féconde. Ils trouvent leur voie dans la satire des mœurs tout en demeurant indulgents et en émoussant les traits de « rosserie » par une amabilité mondaine et un ton de bonne compagnie : Le Roi (1908), L’Habit vert (1912), La Belle Aventure (1913). Après la mort prématurée de CAILLAVET, de FLERS collabora avec Francis de CROISSET (1877~1937) pour Les Vignes du Seigneur (1923) et le livret de l’opérette Ciboulette (1923).

Georges COURTELINE (1858~1929) stigmatisa avec drôlerie la bêtise, sous toutes ses formes. Il évoqua la vie militaire dans Les Gaieté de l’escadron (1886), Le Train de 8 heures 47 (1888) et Lidoire, tableau militaire (1891). Il fit souvent s’affronter le citoyen-victime à la tyrannie des lois et des magistrats qui les servent : Un Client sérieux (1896), Le commissaire est bon enfant et Le Gendarme est sans pitié (1899).  Il fait la satire des petits fonctionnaires peignant avec une verve comique, et parfois amère, le médiocre despotisme de ces derniers, serviteurs et esclaves d’un règlement absurde : La Lettre chargée (1897). Il montre dans L’Article 333 (1900) et Les Balances (1901) combien il est difficile d’innocenter un homme qui n’a rien fait. Dans la nouvelle adaptée pour le théâtre et montée par Antoine, Boubouroche (1903), il reprend la satire traditionnelle de la femme volage qui bafoue impudemment un mari pleutre et bon et témoigne de sa verve. La Paix chez soi (1903) et La Peur des coups (1894) connurent aussi un grand succès.

 

 

 


 

[1] Les Menechmes : Comédie de Plaute (v. -254~-184), imitée de Ménandre-v. -342~v. -292), contemporain et ami d’Épicure, auteur de comédies. L’un des deux fils jumeaux d’un marchand sicilien a été enlevé. Devenu homme, l’autre part à la recherche de son frère et le retrouve en Épire où celui-ci a fait fortune. Mais la ressemblance entre les deux frères est si grande que chacun, femme, maîtresse et beau-père s’y laisse prendre. Cette confusion engendre une suite de quiproquos et d’incidents comiques à la suite desquels les deux frères se reconnaissent.

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