LA HONGRIE DE 1848 à 1956 - CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE
LA HONGRIE DE 1848 à 1956 - CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE
DE 1848 à 1867
Un mouvement nationaliste d’indépendance, de tendances conservatrices avec le comte Istvan Széchenyi et de tendances libérales avec Lajos Kossuth, se développait déjà depuis les années 1820 en Hongrie.
L’agitation révolutionnaire de 1848, en France eut des répercutions dans le reste de l’Europe. En Hongrie, l’Autriche fut amenée à accorder une administration particulière aux Magyars avec l’archiduc Étienne pour vice-roi. Mais l’opposition des minorités serbes, croates, roumaines, ruthènes, slovaques à la prédominance magyare déchirait le royaume parlementaire hongrois récemment institué. Des combats sanglants se déclenchèrent entre les parties. L’Autriche ayant fait appel à l’intervention du tsar Nicolas II, les Hongrois capitulèrent à Világos le 13 août 1849. La répression de François-Joseph sur les insurgés du pays, redevenu simple province autrichienne, fut terrible et l’état de siège fut maintenu jusqu’en 1854.
Portrait de l’empereur François-Joseph en 1853 par Barabás Miklós (1810~1898) – 268cm par 178,5 cm
La résistance passive intérieure des Hongrois ajoutée aux défaites de la guerre avec la Prusse affaiblissait l’Autriche. Un compromis aboutit à la création d’une monarchie austro-hongroise le 8 février 1867.
DE 1867 à 1914
La monarchie austro-hongroise : L’unité de l’Empire était maintenue. François-Joseph se fit couronner roi de Hongrie et nomma un Premier Ministre hongrois, Gyula Andrássy. L’Autriche et la Hongrie avaient deux gouvernements séparés, mais les Affaires étrangères étaient réglées en commun. La diète de Hongrie comprenait deux chambres, la Table de Magnats et la Table des représentants. Seuls, les Magnats et les propriétaires avaient le droit de vote.
Le nouvel état rencontra deux problèmes graves qui jouèrent dans l’effondrement du royaume austro-hongrois en 1918.
- Le problème des nationalités minoritaires opprimées particulièrement en Hongrie, où une politique de magyarisation à outrance fut appliquée. Cependant, un compromis fut conclu avec les Croates en 1868, qui bénéficièrent d’une certaine autonomie.
- Le problème des réformes sociales et des libertés : Parallèlement à un afflux de capitaux étrangers, qui favorisèrent le développement ferroviaire, l’industrialisation du pays et la modernisation des exploitations agricoles, les problèmes sociaux plus aigus furent marqués par l’essor du mouvement syndical et la multiplication des grèves ouvrières et paysannes.
DE 1914 à 1918
La Hongrie, liée à l’Autriche, prend part à la Première Guerre mondiale. Elle subit de grosses pertes en hommes et en matériels. L’exaspération, la lassitude des populations, la défaite, le contrecoup des révolutions de 1917 en Prusse et en Russie, eurent un impact sur la solidité du système dualiste de l’Autriche-Hongrie
DE 1918 à 1945
En octobre 1918, une révolution bourgeoise éclate sous la direction de Miháli Károlyi. Suite à la Première Guerre mondiale et la défaite des Empires centraux, le 16 novembre 1918, la Hongrie est proclamée république indépendante. Ses liens avec la Croatie-Slovénie (19 octobre) sont rompus ainsi qu’avec la Transylvanie, qui demande son rattachement à la Roumanie (1er décembre). Quant à la Slovaquie, elle est occupée par les Tchèques. Le traité de Trianon (4 juin 1920) consacre ces amputations. La surface de la Hongrie est réduite à un tiers de son ancienne superficie. Une nouvelle source de conflits en Europe danubienne venait de naître.
Mihàly Kàrolyi est président provisoire de la République, dès novembre 1918. En mars 1919, malgré le déclenchement d’une évolution vers la gauche, il dut se retirer devant le communiste Béla Kun.
De mars à août 1919, la République hongroise des Conseils, sous la direction de Béla Kun, prit de très nombreuses mesures économiques et sociales et favorisa les artistes et intellectuels d’avant-garde, mais ne put résoudre la question agraire. Elle dut lutter, à l’intérieur et à l’extérieur, contre les forces roumaines et tchèques soutenues par l’Entente. La République des Conseils est renversée par l’intervention roumaine le 1er août 1919. La dictature soviétique de Béla Kun laissera un souvenir sanglant.
Une armée hongroise contre-révolutionnaire conduite par l’amiral Horthy occupe Budapest le 16 novembre 1919. La Hongrie devient un royaume sans roi (1er mars 1920). La loi du 5 novembre 1921 proclame la déchéance définitive des Habsbourg. La monarchie reste la forme officielle de l’État, sous la régence de l’amiral Horthy (1920-1944).
L’amiral Horthy est reçu après la prise de Budapest, devant l’hôtel Gallert le 16/11/1919)
Malgré la Terreur blanche qui suit l’échec de la République des Conseils, le nouveau régime hongrois, qui se montre très conservateur, voit subsister les oppositions légitimistes et surtout ouvrières. La réforme agraire incomplète de 1920 ne résout pas le problème agraire. Les antagonismes sociaux s’aggravent en raison de la crise économique mondiale des années 1928 à 1933.
La Hongrie prend une attitude révisionniste dès 1927, considérant le traité de Trianon particulièrement injuste, en raison de la perte de la plus grande partie de son territoire, et du fait que 3 millions 500 mille Hongrois vivaient hors du pays. Elle se rapproche de l’Italie fasciste et, plus tard, de l’Allemagne hitlérienne. Elle récupère aux dépends de la Tchécoslovaquie, les districts méridionaux de la Slovaquie et de la Ruthénie du sud des Carpates, grâce à l’intervention de l’Allemagne (arbitrage de Vienne du 2 novembre 1938).
La Hongrie conserve sa neutralité au début de la Seconde Guerre mondiale, mais en novembre 1940, elle adhère au pacte tripartite. Elle rentre en possession de la moitié nord de la Transylvanie de population en majorité hongroise par le second arbitrage de Vienne le 30 août 1940.
En mai 1941, elle s’accroît de divers territoires entre le Danube et la Tisza après l’effondrement de la Yougoslavie. En échange de ces agrandissements, la Hongrie entre en guerre contre l’U.R.S.S., aux côtés du Reich.
En mars 1944, la Wehrmacht occupe la Hongrie. Les S.S. entreprennent la déportation des juifs jusque là épargnés, vers les camps d’extermination.
Les troupes soviétiques envahissent la Transylvanie, prennent Budapest. Horthy demande l’armistice en octobre 1944. Hitler le destitue et le remplace par Szálasi. Le 15 octobre, les S.S. l’enlèvent, l’emmènent en Allemagne.
Le mouvement fasciste des Croix-Fléchées et son chef Szálasi au pouvoir par ce coup d’État appliquent une politique pro-hitlérienne.
Le 24 décembre 1944, un gouvernement provisoire présidé par le général Dalnoki Miklós à Debrecen, a réussi à se constituer.
DE 1945 à 1956
Dalnoki Miklós signe l’armistice avec l’Union soviétique le 20 janvier 1945.
Le traité de Paris en 1947 ramène la Hongrie à ses frontières de 1920. Le pays devra verser une lourde indemnité de guerre à l’U.R.S.S.res de novembre 1945 assurent la majorité au parti des petits propriétaires sur les communistes. La République est proclamée le 1er février 1945.
Les élections libres de novembre 1945 assurent la majorité au parti des petits propriétaires sur les communistes. La République est proclamée le 1er février 1945.
Les communistes assurent le ministère de l’Intérieur : Le 15 mars 1945, la réforme agraire est votée. Elle confisque 3 millions d’hectares. En 1946, les mines et l’industrie lourde sont nationalisées. En 1948, il en est de même pour les entreprises de plus de cent personnes.
Le parti communiste, sous l’impulsion de M. Rákosi, son secrétaire général, réussit à éliminer toutes les autres forces politiques. En août 1947, l’union des forces de gauche remporte les élections avec 95,6% des voix.
La République populaire hongroise est proclamée le 20 août 1949. Le pouvoir est entre les mains du politburo du P.C. avec pour premier secrétaire le rigide stalinien Rákosi. Le premier plan quinquennal (1950 à 1954) entre en application.
L’enseignement et des biens du clergé sont nationalisés en 1948 et le cardinal Mindszenty est condamné en octobre 1949.
La même année, commence l’épuration des communistes titistes.
En 1953, la déstalinisation conduit au remplacement de Rákosi par Imre Nagy. Une amnistie est décidée, suite aux effets d’erreurs dans la collectivisation agraire.
La tendance dure du parti menée par Rákosi provoque la chute de Nagy, en avril 1955.
Sous à la pression populaire, le régime applique une libéralisation relative et réhabilite Rajk en mars 1956. Rákosi démissionne en juillet 1956.
Son remplaçant, Ernö Gerö, déclenche la révolution de Budapest, le 23 octobre 1956 en faisant ouvrir le feu sur une grande manifestation étudiante. Les troupes soviétiques interviennent puis évacuent la capitale le 27.
Pour éviter le pire, Moscou accepte le retour de Nagy à la présidence du conseil. Entraîné par la puissance du mouvement populaire, il forme un gouvernement de coalition le 1er novembre, annonce que la Hongrie se retire du pacte de Varsovie et demande à l’O.N.U.de reconnaître sa neutralité.
Le 4 novembre 1956, les troupes soviétiques entrent à Budapest. En une quinzaine de jours, ils écrasent les insurgés dans la capitale et en province. Un contre gouvernement est constitué, sous leur pression, avec János Kádár.
L’intervention soviétique a fait 25 mille morts. Environ 160 mille réfugiés réussirent à passer à l’Ouest. En juin 1958 Nagy et le chef militaire de l’insurrection, Pál Maleter, sont exécutés. Le cardinal Mindszenty qui a été libéré par les insurgés, se réfugie à l’ambassade américaine. Les Soviétiques ont déporté plus de 15 mille personnes.
Moscou et le gouvernement Kádar appliquent ensuite une certaine modération.
Les évènements de Budapest marquèrent un tournant important dans la vie politique et économique de la Hongrie. Le régime se libéralisera par des mesures d’amnistie, l’ouverture des frontières, l’essor du secteur privé, l’instauration du prix du marché, l’introduction de l’impôt sur le revenu et de la TVA.
Sources :
- Dictionnaire d’histoire universelle Michel Mourre – Jean-Pierre Delarge – Bordas
- Le Petit Robert des Noms Propres – Dictionnaires Robert
Portrait de l’Empereur François-Joseph : Musée national de Budapest
Domaine public
Carte de l'Autriche-Hongrie voir les références sur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Austria-hungary.png
L’amiral Horthy le 19/11/1919 voir les références sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:HorthyReceived.jpg