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26 juin 2011

ORIGINE DE QUELQUES ÉGLISES PROTESTANTES - LE MÉTHODISME – NIKOLAUS VON ZINZENDORF – LE PIÉTISME – LES FRÈRES MORAVES

ORIGINE DE QUELQUES ÉGLISES PROTESTANTES

LE MÉTHODISME – NIKOLAUS VON ZINZENDORF – LE PIÉTISME – LES FRÈRES MORAVES

 

Le méthodisme est un mouvement religieux  créé en Angleterre par John Wesley en 1729. Le méthodisme a pris naissance dans l’anglicanisme. (Sources : Le Petit Robert – dictionnaire de la langue française)

 John  Wesley (1703~1791): était un prêtre anglican et un réformateur religieux britannique. Il a fondé le méthodisme. À Oxford il dirigea une société pieuse puis il partit en Amérique (1735). De retour à Londres, il se « convertit » subitement le 24 mai 1738, accomplissant un retour aux sources de la Réforme sous l’influence d’un missionnaire morave (Zinzendorf). Il organisa alors la prédication dans toute l’Angleterre, notamment en milieu industriel, prêchant lui-même. Il rompt avec l’Église anglicane en 1784.

À sa mort, on comptait environ méthodistes en Grande Bretagne et 60 000 aux États-Unis. (Sources : idem et  http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Wesley)

 Le comte Nikolaus Ludwig von Zinzendorf (1700~1760) : est né à Dresde et fut élevé dans le piétismeIl fit ses études à Halle et à Wittenberg, puis il voyagea en Hollande et en France où il prit contact avec les milieux protestants et catholiques. En 1727, il renonça à ses fonction de conseiller juridique à la cour de Dresde pour se consacrer à la direction d’une communauté hussite réfugiée sur les terres de Berthelsdorf. Pour elle, il fonda le village de Herrnhute et restaura l’ordre des Frères moraves. La communauté restait au sein de l’église luthérienne mais avait une organisation théocratique, à la fois communautaire et patriarcale, et se caractérisait par son esprit de tolérance et la recherche d’une foi vivante et personnelle.

Zinzendorf fut chassé de Saxe en 1738. Il voyagea alors en Europe et en Amérique, où il chercha à propager ses idées religieuses. À son retour en Saxe en 1747, il fit adhérer les Frères moraves à la confession d’Augsbourg. Il est auteur de cantiques qui sont encore en usage dans les communautés de Herrnhute. (Sources : Le Petit Robert des noms propres)

Le piétisme : est une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle et du sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale. Ce mouvement religieux fut fondé à Francfort par un pasteur luthérien, Philipp Jacob Spener (1635~1705). (Sources : idem et  http://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A9tisme)

           Les Frères moraves : Il s’agit d’une Église protestante issue du hussisme, le mouvement des disciples de Jan Hus (1371~1415), lequel fut excommunié en 1512 puis brûlé vif à Constance en 1514. Ceux-ci sont organisés en communautés sur le modèle de la fraternité des premiers chrétiens qui s’opposent à la richesse du clergé, mènent une vie austère retirées du monde, refusent la violence et revendiquent le droit de prêcher. Ils traduisent la bible en langue vulgaire. Cette église fut persécutée en Moravie (Est de la Tchéquie) dès l’origine. Elle s’installe en Saxe en 1722. Après l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918, cette « Église évangélique tchèque des Frères », y devint prépondérante. Depuis, ils ont eu une très intense activité missionnaire, multipliant les communautés en Europe Centrale, en Angleterre, aux États-Unis, dans les Caraïbes et au Groenland. (Le Petit Robert – dictionnaire de la langue française – et http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_Moraves)

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17 juin 2011

LE PIN BLANC D’AMÉRIQUE - LES CONSÉQUENCES DE SA SUREXPLOITATION AU XIXe SIÈCLE DANS LE MICHIGAN

LE PIN BLANC D’AMÉRIQUE - LES CONSÉQUENCES DE SA SUREXPLOITATION AU XIXe SIÈCLE DANS LE MICHIGAN

Situation géographique du pin blanc

 Il y a environ 6 000 ans, 30 à 40% de la composition forestière le long de la vallée du Saint-Laurent et dans la région des Grands Lacs étaient constitués de pins blancs (Pinus strobus L.). Cette espèce disparue d’Europe n’occupe aujourd’hui que la partie nord-est  du continent américain.

Conditions de développement du pin blanc 

 Cet arbre géant des forêts du nord-est de l’Amérique peut atteindre une hauteur de 40 à 60m, la souche dépasse souvent 1à 1,20m de diamètre. Si ses conditions de développement sont favorables, il a une croissance rapide et une longévité surprenante.

Cette essence qui peut s’adapter à une grande diversité de sols, voit sa croissance favorisée sur les sols sablonneux et bien drainés. La croissance des jeunes pins, qui nécessite la pénétration de la lumière dans le sous-bois, est compromise si elle se trouve en compétition avec celle d’autres espèces résineuses ou de feuillus. 

Adulte, ce pin s’adapte au feu. Sa résistance aux incendies modérés se renforce avec l’âge de l’arbre grâce à son écorce épaisse qui protège le tronc de la chaleur. D’autre part, la distance des premières branches du pin adulte au sol est souvent importante, ce qui isole le feuillage des flammes. Le passage du feu élimine la couche superficielle du parterre forestier et le dessus aéré de l’humus, et augmente la possibilité de germination. Le feu, en détruisant les espèces végétales sensibles au feu, ouvre le passage de la lumière jusqu’au sol et favorise la croissance des futurs plants.

Les incendies périodiques naturels (orages, sécheresse) ou provoqués par l’homme depuis des millénaires ont aidé le maintien et le renouvellement naturel de l’espèce.  

Certains pins blancs survivant de nos jours furent témoins au XVIIe siècle de l’arrivée des premiers explorateurs européens. Plus de 95% des millions d’hectares de pinèdes qui couvraient l’est de l’Amérique du Nord n’ont pas survécu à l’action des hommes.

 Les hommes et le pin blanc 

Une concordance de l’aire de répartition du pin blanc avec celle des territoires occupés par les premières populations humaines a été mise en évidence. De ce constat, a été suggérée l’idée que la pratique des brûlis largement utilisés tant pour l’agriculture, la chasse et l’aménagement du territoire par les peuples autochtones de l’Amérique du Nord, aurait, en plusieurs endroits, contribué à créer des conditions favorables au développement des grandes forêts de pins blancs.

En Amérique du Nord, le pin blanc a toujours fait partie de la vie des gens. Les populations autochtones recouvraient l’extérieur de leur maisons avec son écorce et utilisaient la résine mélangée à de la cendre pour calfater les canots d’écorces.

La région des Grands Lacs fut exploitée par les coupeurs de bois à partir de 1618.

La colonisation encore timide a fourni les première bases d’une exploitation des ressource forestières concentrée le  long des cours d’eau pour satisfaite aux besoins locaux.

Les premiers colons de la Nouvelle Angleterre appartenaient à des sectes protestantes. Leur interprétation littérale de l’Ancien Testament plaçait l’homme au sommet du reste de la création. L’homme pouvait donc dominer la terre. S’installer, au détriment des populations autochtones, des animaux et des plantes, n’était pas un problème moral. Certains parmi ces colons étaient prédestinés à être des élus.  L’Amérique était le paradis terrestre promis aux élus par Dieu. Devenir riche était leur récompense.  

Au début du XIXe siècle, l’exploitation intensive des pins blancs d’Amérique du Canada et du Nord-est de la Nouvelle Angleterre commençait à poser des problèmes de raréfaction. La frontière forestière a progressé de l’Est vers l’Ouest en fonction de l’épuisement des ressources.   

Le Michigan accueillit une vague d’une centaine de milliers d’immigrants après l’ouverture du canal Érié en 1825, qui favorisait le commerce dans les Grands Lacs. Après son entrée dans les États-Unis, une vague de près de 380 000 immigrants de 1837 à 1860 y afflua. Ces migrants étaient originaires des États de l’Est de l’Union, du Nord de l’Europe ou du Canada. Certains ont profité de l’opportunité d’acquérir à bon prix des terres fertiles pour s’installer comme colons dans une région encore vierge, repoussant la frontière des terres agricoles vers l’ouest. D’autres se faisaient embaucher comme travailleurs dans l’agriculture, l’exploitation du bois et dans les années 1840 dans les mines de cuivre et de fer de la Péninsule Nord. Les besoins grandissants, la présence des Grands lacs s’accompagnaient des perfectionnements techniques de la hache, l’utilisation de la hache à double tranchants, des cognées, des scies à double poignées, des scies à chaîne. L’installation dans un premier temps de scieries à eau puis de scieries à vapeur favorisèrent l’exploitation intensive des forêts. La production de pins du Michigan a rapidement progressé dans les années 1850. Elle a enregistré une hausse majeure, des années 1864 au début des années 1870. Grâce à la mise au point d’un nouveau type de locomotives à vapeur pour extraire les grumes, en 1880, des endroits trop pentus et très accidentés devinrent accessibles.

En 1891, les pinèdes du Michigan étaient épuisées. La frontière forestière continua sa progression vers le Wisconsin, le Minnesota et le nord-ouest du Pacifique. On estime qu’à cette date, 160 milliards de Pieds planche (37 millions 760 mille stères) ont été récoltés dans les pinèdes du Michigan. L’Amérique de la deuxième moitié du XIXe siècle s’est construite à partir du bois de cette magnifique forêt primitive.

De 1860 à 1910, d’immenses fortunes se sont constituées au Michigan avec la récolte, le sciage de grumes, et la commercialisation du bois d’œuvre. Les forêts épuisées, les tenants des fortunes  réalisées dans l’exploitation forestière, ainsi que celle des mines de cuivre et de fer de la Péninsule Nord, ont investi de l’argent dans l’industrie automobile naissante, ce qui est une des principales raison de sa concentration  à Detroit, dans le Michigan.

 Fonctionnement de l’exploitation forestière 

Les entrepreneurs forestiers amenaient avec eux des capitaux, des techniques et de la main d’œuvre spécialisée. Les fermiers et les ouvriers agricoles migraient l’hiver vers les exploitations forestières comme bûcherons.  L’abattage se faisait le long des cours d’eau. Les troncs étaient poinçonnés, stockés sur les rives en attendant le printemps. Durant le dégel, les troncs flottaient jusqu’aux lacs où ils étaient assemblés en énormes radeaux, ou bien les grumes étaient attachées les unes aux autres pour former des cordons. Ces radeaux et ces cordons étaient ensuite tirés par des remorqueurs à vapeur jusqu’aux scieries. Plus tard, afin d’éviter les inconvénients pour la navigation que provoquaient les troncs à la dérive détachés des assemblages, des bateaux spécialement équipés pour le transport des grumes acheminèrent le bois d’œuvre jusqu’aux points de transformation.

Parmi les ouvriers, il y avait des Autochtones, des Canadiens, des Irlandais, des Finnois, des Suédois, des Norvégiens, des Allemands. Ces bûcherons passaient l’hiver dans les bois dans des conditions semblables à celles répandues en Europe à cette époque, travaillant 12 heures par jour, six jours sur sept, à transporter, empiler les grumes. Des haricots, le plus souvent accompagnés de poisson grillé pêché sur place ou parfois de gibier abattu à proximité du campement, constituaient la nourriture de base.

 Utilisation 

Le bois de pin blanc léger et fort servait à la construction de navire et de bâtiments, à étayer les galeries très profondes des mines de cuivre et de fer. À partir des années 1860, le bois abattu alimentait aussi les nombreuses fabriques de pâte à papier.

  Conséquences écologiques 

 -  Raréfaction de l’espèce : L’été 1871 fut particulièrement sec dans le nord du Middle-west. La moindre étincelle pouvait être à l’origine de départ de feu. Les pratiques combinées de brûlages agricoles et de l’exploitation forestière qui ne tirait parti que des grumes et laissait sur place les branchages  et les déchets particulièrement inflammables, provoquèrent des incendies gigantesques qui ravagèrent le tour du « pouce » du Michigan, la ville de Chicago et les vallées de la Presqu’île Nord.[1]

On parla de mesures préventives, mais l’exploitation forestière frénétique n’en a pas moins continué, s’enfonçant plus profondément dans les terres. Les forêts furent à nouveau la proie d’énormes incendies en 1881, 1891 et plus tard au Minnesota en 1917.

Une fois cette ressource épuisée, les bûcherons ont dû utiliser d'autres espèces, et ont abattu des feuillus tels que l'érable, le noyer et le chêne, pour fabriquer des meubles, des tonneaux et des produits spéciaux.

La coupe « à blanc » de ces arbres plusieurs fois centenaires, non remplaçables à court termes, était la méthode habituellement pratiquée. À la faveur des espaces libérés, des érables, des sapins se sont implantés entrant, pour les apports en eau, substrats et lumière, en concurrence avec les jeunes pins devenus de ce fait minoritaire. Les sols des terrains dénudés ont été souvent entraînés dans les cours d’eau et les lacs. De vastes étendues de vieilles souches calcinées des nombreux endroits semi-désertiques de la Péninsule Nord du Michigan témoignent des conséquences de la cupidité humaine. D’autre part, en plusieurs points, le choix d’abattre les plus beaux spécimens n’a laissé sur place que des sujets moins vigoureux, malades ou carencés, compromettant la perpétuation de l’espèce.

- La biodiversité : Les graines du pin blanc nourrissent d’une grande variété d’oiseaux, et de petits mammifères. Le feuillage est brouté par les lièvres et les cerfs de Virginie. Les aigles, les pics et plusieurs mammifères se réfugient dans les pins  rescapés. Les grands pins voient souvent les ours noirs creuser leur tanière entre leurs racines. Plus tard, les hautes branches abriteront les petits.

- Les réserves naturelles : Quelques réserves fondées au début du XXe siècle, à partir de 1928, peuvent donner une idée de ce à quoi ressemblait la forêt ancienne des grands pins blancs d’Amérique. C’est le cas du Hartwick Pines State Park dans l’État du Michigan où 49 acres (20ha) sur les  9 672 acres (39,2 km²) de l’étendue du parc témoignent  de l’apparence que pouvait avoir la forêt primitive de pins blancs et pins rouges dans tout le Nord du Michigan avant l’époque de l’exploitation forestière.

 Sources :

http://terrescontees.free.fr/pays/Am%E9rique%20du%20Nord/michigan.htm

http://gleams.altarum.org/glwatershed/atlas/glat-chap3-f.html

http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.designerswithoutborders.org/pdfs/D%26Dfinal.pdf

 http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.geo.msu.edu/geogmich/whitepine-loggingII.html

http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://en.wikipedia.org/wiki/Eastern_White_Pine

http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-217/Pin_blanc_d%27Am%C3%A9rique:_pr%C3%A9servation.html



[1] Une autre théorie, déjà proposée dès 1882, est avancée par l’ingénieur et physicien Robert Wood, lors d’une conférence en 2004 de L’Aerospace Corporation et de l’American Institute of Aeronautics and Astronautics à propos de l’origine de ces multiples départs d’incendies des 8 au 10 octobre 1871. Il suggère que le feu a démarré suite à l’explosion de la Comète de Biela , le 8, au dessus du Middle West. Le même jour que l’incendie de Chicago, quatre foyers se sont déclarés sur les rives du Lac Michigan, ce qui fait penser à une cause commune. D’après Robert Wood, ce pourrait être le méthane généralement contenu par les comètes qui expliquerait les combustions spontanées, l’absence de fumée et les « boules de feu » évoquées par des témoins visuels. http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_incendie_de_Chicago

http://echelledejacob.blogspot.com/2011/04/lete-1871.html

http://fr.sott.net/articles/show/3338-La-comete-Biela-et-la-vache-de-Mme-O-Leary

 

 

 

 

12 juin 2011

Jim HARRISON (1936) – De Marquette à Veracruz(2004)

Jim HARRISON (1936) – De Marquette à Veracruz(2004)

traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSSENT[1]

 

« Je ne me déteste pas, mais j’ai la mâchoire suffisamment saillante pour me rappeler mon arrière-grand-père, mon grand-père et mon père. J’ai eu beaucoup de chance quand les traits délicats de ma mère ont modéré mon héritage paternel, moyennant quoi les plus vieux habitants de la Péninsule Nord du Michigan ne se détournaient pas aussitôt de moi, réduits au silence par le malaise et l’effroi. », ainsi se décrit David Burkett, quatrième d’une lignée de David Burkett remontant aux années 1860. Pourtant né avec une cuiller d’argent dans la bouche, mais il se considère porteur d’une tare rédhibitoire et n’aura de cesse de la repousser. Il ne la crachera qu’à l’issue d’un itinéraire de formation de trois décennies qui se soldera à Veracruz.

Les deux premiers David ont bâti leur fortune sur l’extraction drastique et le commerce de milliards de stères de bois d’œuvre de la Péninsule Nord  du Michigan.

 Contrairement à Cynthia, sa sœur cadette, délurée, teigneuse et provocatrice, le garçon est un tendre, soucieux du regard porté sur lui par autrui, rêveur, amoureux de la nature et passionné de parties de pêche en compagnie de son ami Glenn. Leurs parents vivent des rentes des fortunes héritées de l’exploitation des ressources naturelles du Sud du Lac Supérieur par leurs  aïeux. Ils partagent leur vie oisive en loisirs et fêtes, fréquentant des nantis de même acabit, entre Marquette l’hiver où se trouve la maison familiales, sur leurs lieux de vacances respectifs où leur bungalow au sein d’un club privé.
         Lorsque nous faisons sa connaissance dans les années soixante, le narrateur est un adolescent en pleine crise identitaire. Comment s’identifier à ces Burkett capables de tout pour assouvir leur avidité? Comment s’identifier à ce père, David le troisième, cet ivrogne pervers, roublard, en tête du palmarès du viol de gamines à peine pubères, cet homme égoïste, imbu de son statut social, qui se place au-dessus de la morale commune en achetant le silence des victimes de ses obsessions  pédophiles et de ses orgies ? Quelle consolation trouver auprès d’une mère malheureuse, réfugiée dans l’oubli procuré par l’alcool et les antidépresseurs ?

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Source de l'image : cliquez ICI

Le repentir par procuration de David commence par une conversion à l’église méthodiste[1], église schismatique de l’église anglicane épiscopalienne à laquelle appartient sa famille, afin de devenir pasteur. La méthode du pasteur John Wesley renforce sa hantise de rachat du péché originel et de sanctification personnelle. Le jeune homme renoncera au sacerdoce et décidera de se consacrer à la dénonciation des déprédations irréversibles exercées par sa famille.
         Le père de David est assisté de Jesse son homme à tout faire. Jesse, d’origine mexicaine a obtenu la nationalité américaine pendant la guerre du Pacifique où il a servi sous les ordres de Mac Arthur avec son patron. Il a décidé de revenir avec sa fille, Vera, d’une de ses visites annuelles à sa famille restée au Mexique. Promu répétiteur de Vera pour l’apprentissage de l’anglais, David en tombe secrètement amoureux. Sa protégée est une fillette intelligente et enjouée d’une douzaine d’années qui diffuse son entrain et sa bonne humeur à toute la maisonnée. C’est le viol de cette enfant par M. Burkett père qui provoquera la dislocation de la famille. Un délit resté impuni, évidemment !

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Source de l'image : cliquez ICI

          Enceinte à seize ans d’un condisciple du lycée, Cynthia est la première à fuir cette ambiance folle. Situation d’autant plus scandaleuse, pour une fille d’une grande famille du Mississipi, que le père est Donald, un sang-mêlé finnois et indien chippewa, fils du fidèle jardinier Clarence, vétéran de la guerre de Corée.

        La progression du cheminement vengeur de David  s’identifiera rapidement à un parcours initiatique. Il est soutenu par Fred, l’oncle pasteur alcoolique «qui jouait les funambules entre deux mondes», attiré par les philosophies asiatiques, écarté du ministère sur plainte de ses paroissiens. Son affection pour sa sœur Cynthia et pour Carla sa chienne, les femmes qui ont compté pour lui, Laurie son premier amour, Riva la Noire qui a consacré sa vie aux enfants en difficulté, Polly son ex-épouse avec laquelle il ne voulait pas avoir d’enfant, Vernice la poétesse, aideront à sortir ce « pète-sec » de son petit moi. Les  travaux d’endurance en compagnie des travailleurs manuels, l’écoute des démunis, des victimes de l’exploitation des territoires du Nord, de Clarence et de Jesse le feront émerger de son exil expiatoire et de ses contradictions. Toutes ces rencontres l’aideront à approfondir  ses motivations, à réfléchir sur les problèmes existentiels que sont la religion, le désir, le sexe, l’amour, le sens de la vie, la mort.

PAPO Le plongeon huard

 

David constatera la naïveté de jeter l’opprobre sur les générations antérieures. La cupidité de ses ancêtres n’est pas vécue par les bûcherons survivants de la manière qu’il imagine, c’était le bon temps qui leur fournissait un travail certes dangereux, rude et pénible, mais il permettait de nourrir leur famille. Le malaise et l’effroi qu’il croit percevoir chez eux ne concernent-il pas plutôt l’usage que la génération présente fait de sa fortune et de l’orientation de son appétit du gain ? Surpris de la réticence de ses amis désargentés envers sa générosité financière, cet enfant gâté découvrira que l’argent s’échange. Sans contrepartie de sa part, le bénéficiaire se sent avili.

Goinfrerie et cuisine élaborée, beuveries à la bière, au whisky et dégustation de vins fins, débordements érotiques et retenue puritaine, haine et amour, fortunes colossales et misère, détails triviaux et méditations philosophique, théologique et culturelles, propriétés luxueuses et modestes chalets inconfortables, immensité des magnifiques paysages et friches lamentables, abondance de gibier et massacre d’espèces animales,  solitude absolue et promiscuité des cités, monotonie des routes interminables et encombrement urbains, liberté des grands espaces et regroupements ethniques, enfermement volontaire de riches résidents, froids polaires, tempêtes de neige, orages terrifiants, chaleur accablante,  villes gigantesques  donnent un aperçu des excès de l’Amérique du Nord contemporaine.

PAPO Opossum

Les lecteurs prennent connaissance du dénouement de l’histoire dès le début du roman. Pourtant, au cours de la lecture, quelques doutes naissent quant à la nature de cette page et demie écrite en italique et puis non, on la retrouve bien à la fin. Entre ces pages, une partie est consacrée à chaque décennie, les années soixante,  les années soixante-dix, les années quatre-vingt dans lesquelles la chronologie n’est pas toujours suivie. Un épilogue termine la narration.

Dans les romans précédents Dalva (1987), puis La Route de retour (1998), Jim HARRISON avait abordé les conséquences de l’invasion des immigrants européens en Amérique du Nord sur le sort des populations autochtones. Dans De Marquette à Veracruz, il élargit le thème vers celui du comportement des hommes envers la nature, leur héritage commun. Il resitue la colonisation européenne de l’Amérique, l’asservissement et l’extermination des populations autochtones dans la continuité de l’histoire universelle de l’humanité. Il remet l’espèce humaine à la place de prédateur qu’elle occupe depuis la nuit des temps et souligne la légèreté de sa conduite égocentrique, laquelle provoque des dégâts irréversibles sur l’environnement jusqu’à compromettre l’équilibre la biodiversité de notre planète

Lien vers :

BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE de Jim HARRISSON

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/01/23/20197744.html

LE PIN BLANC D’AMÉRIQUE - LES CONSÉQUENCES DE SA SUREXPLOITATION AU XIXe SIÈCLE DANS LE MICHIGAN

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007) suite de De Marquette à Veracruz

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/07/03/21533906.html


[1] Le méthodisme, l’Église épiscopalienne, John Wesle, voir ORIGINE DE QUELQUES EGLISES PROTESTANTES  : http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/06/26/21487081.html



[1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi  à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

 http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=250

"Jim Harrison de A à X" de Brice MATTHIEUSSENT

http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=50

 


5 juin 2011

Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961) - BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961) - BIOGRAPHIE -BIBLIOGRAPHIE

 

        CÉLINE, de son vrai nom Louis-Ferdinand DESTOUCHES, est né à Courbevoie en banlieue parisienne en 1894. Son père était employé au service de la correspondance dans une compagnie d’assurance et sa mère possédait un commerce de dentelles. Ses parents ne s’entendent guère et connaissent d’incessants problèmes financiers. L’enfant trouvera soutien et réconfort auprès d’un oncle et de sa grand-mère maternelle dont il choisira le prénom comme pseudonyme en 1932.

Il passe son certificat d’études, quitte l’école, effectue des séjours en Allemagne et en Angleterre, avant d’être placé comme apprenti dans divers commerces.

Il s’engage dans la cavalerie où il deviendra maréchal des logis. Il a 20 ans en août 1914, quand la guerre éclate. Il est blessé au bout de 3 mois et est démobilisé l’année suivante. Cette expérience fera de lui un pacifiste acharné.

Il fait une courte expérience conjugale en Angleterre.

De 1916 à 1917, il s’embarque pour l’Afrique de l’Ouest où  il est surveillant de plantation pour une compagnie forestière. De santé fragile et déçu de ne pas avoir fait fortune, il rentre en France à la fin de la guerre.

Profitant des mesures prises en faveur des anciens combattants, il passe son baccalauréat en 1919 et s’engage dans des études de médecine au cursus accéléré de 5 ans.

En 1919, il épouse la fille d’un professeur de médecine.

Après sa thèse, il entre à la S.D.N., à la section d’hygiène, à Genève. Ce poste l’amène à faire de nombreux voyages. Il s’intéresse à la médecine du travail aux États-Unis. Il découvre New York et les usines Ford de Detroit.

Il divorce en 1926 et vit avec une danseuse américaine Élisabeth Craig.

En 1928, il s’installe à Clichy où il ouvre un cabinet privé puis travaille au dispensaire municipal.

En 1932, son père  meurt, il fait paraître chez Denoël, Voyage au bout de la nuit.

En 1933, Élisabeth Craig rompt avec lui et retourne définitivement aux État-Unis.

En 1936, c’est la parution de Mort à crédit qui est reçu fraîchement.

Il rédige ensuite Casse-pipe, un roman de l’expérience militaire qui paraîtra en 1949.

Il compose des arguments de ballets, des essais théâtraux, des synopsis de films et surtout des pamphlets connus pour leur violence : Mea Culpa en 1936 qui s’attaque surtout au communisme soviétique, et pour leur antisémitisme ordurier : Bagatelles pour un massacre en 1937, L’École des cadavres en 1938  où est affirmée sans ambiguïté son admiration pour Hitler et enfin nettement pro allemands avec Les Beaux Draps, ainsi qu’une longue série d’articles favorables à la politique de Vichy.

En 1943, il épouse Lucette Almanzor, une danseuse rencontrée en 1935 qui l’accompagnera jusqu’à sa mort.

En 1944, paraît la première partie d’un nouveau roman rédigé pendant la guerre, Guignol’s band, et dont la seconde partie sera publiée de manière posthume en 1964, sous le titre Pont de Londres.

Au lendemain du débarquement allié, CÉLINE, accompagné de sa femme,  suit Pétain et ses collaborateurs à Sigmaringen, parvient, en 1945, à rejoindre Copenhague au Danemark où il a mis de l’argent en sûreté. Il est extradé pour ses activités collaborationnistes par la France et est incarcéré pendant deux ans. Il sera libéré en 1947 et restera en exil au Danemark. À la suite d’une amnistie, il rentre en France, en 1951, mais est condamné à l’indignité nationale et à la confiscation de ses biens.

Il s’installe à Meudon où il ouvre un nouveau cabinet médical et revient à l’écriture.

Il raconte ses années d’errance et règle ses comptes dans Une féerie pour une autre fois qu’il publie en 1952. En 1954, c’est la publication de la seconde partie de Féerie sous le titre de Normance, et de l’interview imaginaire où il aborde quelques points de sa poétique, Entretiens avec le professeur Y.  Les critiques et le public lui restent hostiles et le boudent.

En 1957, paraît Un château l’autre qui retrace l’épisode peu glorieux de Sigmaringen qui rencontre le succès. Mais Céline reste un auteur sulfureux.

Il poursuit le récit de ses tribulations allemandes dans Nord (1960) et dans Rigodon (posthume 1964).

Dans ces derniers romans, il apparaît sous son vrai nom et dans des circonstances réelles transposées par l’imaginaire.

Lien pour consulter le message sur Voyage au bout de la nuit (1932)

À voir à propos de Céline et son œuvre, son antisémitisme, sa collaboration et son attitude après son retour en France, la vidéo publiée le 17 oct. 2011 par Arteplus7 : Le procès Céline

 ainsi que Les entretiens à Meudon ( en 2 parties) sur la même chaîne

1ère partie

2ème partie

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