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29 mai 2011

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT (1932) - Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961)

 

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT (1932) - Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961)

Le livre se résume dans son titre Voyage au bout de la nuit.

LA NUIT

La nuit  est du côté de la Terre qui n’est pas éclairé par le soleil. C’est ce qu’on ne voit pas, la face cachée des institutions (l’armée, la recherche médicale, le clergé, le commerce, la psychiatrie), des lieux (la banlieue des villes, leurs bas-fonds, les cours intérieures, les coulisses du théâtre, les maisons closes), des personnes (les sentiments profonds, inavouables, refoulés).

La nuit, c’est l’envers du décor, le côté des idéaux politiques et sociaux, l’envers des valeurs morales.

La nuit, c’est ce que vivent  ceux qui ont perdu leurs repères, les fous, les aveugles.

La nuit, c’est la mort. C’est aussi l’enfer.

LE VOYAGE

Le voyage est une anti- épopée  burlesque et amère, un voyage initiatique vécu par le narrateur, Ferdinand Bardamu,

- Pendant la guerre de 1914-18, dans les coulisses du front, des postes de commandement, à l’arrière dans les hôpitaux avec les convalescents qui ont été blessés dans leur corps, dans leur tête et ont perdu leurs illusions, dans le Paris des permissionnaires, des « planqués », des œuvres caritatives

- En Afrique coloniale et colonisée, dans la brousse

- En Amérique, aux Etats-Unis, à New York, du côté des pauvres, des émigrés, des chercheurs d’emploi, des ouvriers sur les chaînes des usines Ford, à Detroit.

En banlieue parisienne où médecin des pauvres, Barnamu survit à peine et partage le sort misérable de ses patients à une époque sans protection sociale.

À Paris, dans un hôtel meublé pour carabins désargentés, les coulisses d’un cabaret, les maisons closes, les hôtels de passes.

Dans une institution pour aliénés désignée sous l'euphémisme de « maison de santé »

      Le roman est une auto fiction dans laquelle se retrouve l’expérience de CÉLINE qui a vécu dans tous les endroits fréquentés par Bardamu, comme soldat, employé de plantation en Afrique coloniale, médecin à la S.D.N. et en banlieue parisienne pauvre, ami et époux d’artistes.

      LE NARRATEUR s'exprime en langage parlé populaire aux tournures riches et argotiques. Antihéros, tour à tour, simple « troufion », employé subalterne, esclave galérien, immigré, gigolo entretenu par des artistes qui se prostituent, et enfin modeste médecin fauché et sans prestige, il vit les pires expériences et les révèle sous leur aspect habituellement caché.

      Bardamu se présente comme un raté, peureux, prêt à toutes les lâchetés pour se tirer d’embarras. Un être sans ambition, sans idéal, non sans repères moraux car il est conscient de les franchir. Un pleutre incapable de résister à l’attrait de Léon Robinson, son âme damnée, qu’il retrouve à toutes les étapes de son voyage.

     Robinson qui ne supporte aucune contrainte, capable de toutes les turpitudes, même tuer. Rendu momentanément aveugle il le précède dans la nuit. Lui ira au bout de la nuit. Il est celui qui suit ses pulsions, celui qui passe à l’acte.

     Dans ce roman, le narrateur, homme du peuple, fait parler le peuple, montrant sans mélo, sans populisme, un personnage qui évolue en faux naïf dans un monde malsain, sale, pervers. Un homme qui jette un cri de révolte et de désespoir.

     LE STYLE est familier, très imagé, riche des tournures populaires et de l’argot, bien documenté. Le rythme est véhément et d’un lyrisme haletant.

   LES PERSONNAGES sont décrits scientifiquement, médicalement. L’homme n’est qu’un être en décomposition comme le monde qu’il a construit et ce qu’il produit.

   Certaines scènes nous plongent dans  le surréalisme et l’absurde :

     - L’engagement à l’armée de Bardamu, suivant les sergents recruteurs, évoque le conte d’ANDERSEN du « Joueur de flûte ».        
      - L’exercice des miliciens du sergent Alcide chaque matin sur la plage, « en s’imaginant des sacs, des chaussures, voire des baïonnettes et plus fort encore, en ayant l’air de s’en servir…vêtus d’un semblant de culotte kaki. Tout le reste devait être par eux imaginé et l’était. »
     - Bardamu, aux portes de l’immigration, transformé en agent « compte-puces » dans les services de la « Quarantaine » à son arrivée aux Etats-Unis obsédés de statistiques.
           - La visite du caveau de la mère Henrouille.
         - Le voyage au pays des morts alors qu’il raccompagne Tania et traverse un cimetière Montmartre fait penser à la représentation de WALD DISNEY dans le dessin animé Fantasia d’Une Nuit sur le Mont Chauve de MOUSSORGSKI.

     Seules lueurs dans ce tableau sordide et déprimant, Alcide qui se sacrifie pour faire élever sa nièce dignement, Moly, Bébert.

     Il se penche sur des valeurs comme l’autorité, la justice, la compétence professionnelle, la connaissance, la bravoure, l’héroïsme, pour en dénigrer les travers, les ridiculiser, et montrer la futilité de leurs représentants.

    Il met en évidence la fragilité de la frontière entre folie et simulation, entre raison et aliénation, entre vie et mort et souligne leur interpénétration.

    C’est un roman très riche et perturbant. À la fin de chaque étape de ce voyage, le lecteur se réveille d’un cauchemar,amer et mal à l’aise, pour replonger aussitôt dans son atmosphère morbide et délétère. CÉLINE le rend complice de  Bardamu. Il l’entraîne malgré lui, témoin et acteur impuissant, dans des évènements incontrôlables et malsains.

 lien vers : Louis-Ferdinand CÉLINE (1894~1961) - BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE


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22 mai 2011

De François 1er à Henri IV, les familles nobles impliquées dans les guerres de religion

De François 1er à Henri IV, les familles nobles impliquées dans les guerres de religion, en France

Cliquez sur le lien pour accéder au document pdf

Familles_nobles_impliquées_dans_les_guerres_de_religion_en_France_de_François_1er_à_Henri_IV

A l’époque des guerres de religion, les descendants d’Anne de Bretagne XVe et XVIe siècles (pdf)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/22/21199210.html

Voir aussi : Les dernières Dames de Montargis

 

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/15/21140076.html

22 mai 2011

A l'époque des guerres de religion, les descendants d'Anne de Bretagne, Reine de France, XVe et XVIe siècles

A l'époque des guerres de religion, les descendants d'Anne de Bretagne, Reine de France,XVe et XVIe siècles

Cliquez sur le lien pour atteindre le document pdf

Descendants_d_Anne_de_Bretagne_reine_de_France_

__l__poque_des_guerres_de_religion

Les familles nobles impliquées dans les guerres de religion de François 1er à Henri IV  cliquez pour accéder au document (pdf)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/22/21199508.html

A propos de Renée de France et sa fille Anne d'Este:

LELOUP–AUDIBERT Huguette – Les dernières Dames de Montargis

Au temps des guerres de religion

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/15/21140076.html



 
15 mai 2011

LELOUP–AUDIBERT Huguette – Les dernières Dames de Montargis - Au temps des guerres de religion

LELOUP–AUDIBERT Huguette – Les dernières Dames de Montargis

Au temps des guerres de religion

Dans les années 1970, la communauté protestante de la région de Montargis choisissait Renée de France pour nommer son nouveau temple construit sur la colline qui domine la ville. Ce choix  remettait en mémoire l’importance qu’avaient eu Renée de France (1510~1575) puis sa fille Anne d’Este (1531~1607), les deux Dames qui se succédèrent à la tête de la seigneurie de Montargis au XVIe siècle. Progressivement, les intérêts et les enjeux politiques et religieux, locaux et nationaux, postérieurs, avaient jeté sur elles un voile d’oubli dans les mémoires.

Ren_e_de_France_par_Jean_Clouet_____Mus_e_Cond____Chantilly

Renée de France, dame de Montargis, duchesse de Chartres, comtesse de Gisors était la fille du Roi de France Louis XII (1462~1515) et d’Anne de Bretagne (1477~1514), et la sœur de Claude de France (1499~1524), reine de France par son mariage avec le futur François 1er. Elle épousa Hercule II d’Este (1508~1559), duc de Ferrare, de Modène et de Reggio. Elle fut la tante du roi Henri II et la grand-tante des trois derniers rois Valois.

Anna_dEste_FecampAnne d’Este, fille de Renée de France et d’Hercule II d’Este, était, par son père, la cousine germaine de Catherine de Médicis (1519~1589) et la petite cousine des trois derniers Valois. Elle devint duchesse d’Aumale, puis de Guise par son premier mariage avec Henri de Guise (1519~1563)  puis,  par son second mariage avec  Jacques de Savoie (1531~1585), elle devint duchesse de Nemours et de Genevois. Les enfants survivants de son premier mariage, Henri de Guise dit le Balafré (1549~1588), Catherine de Montpensier (1551~1596), le duc Charles de Mayenne (1554~1611) et Louis, d’abord archevêque de Reims puis cardinal de Guise  ont marqué l’histoire de France de leur empreinte.

 Voir : A l’époque des guerres de religion, les descendants d’Anne de Bretagne XVe et XVIe siècles (pdf)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/22/21199210.html

 Familles nobles impliquées dans les guerres de religion en France de François 1er à Henri IV

         http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/22/21199508.html

S’appuyant sur les archives et les écrits de l’époque, Huguette LELOUP-AUDIBERT analyse, avec un souci d’objectivité, sans romancer, le rôle qu’elles ont eu localement. Son étude de leurs biographies respectives remet en lumière leur importance, aussi bien locale que nationale. Ces deux femmes vivaient à l’époque charnière que fut la Renaissance, certes marquée d’humanisme éclairé, mais bouleversée par les luttes hégémoniques de Charles Quint, François 1er, la papauté catholique, l’inquisition contre les hérésies et l’avènement de la réforme protestante, sur fond de querelles de succession.

Intelligentes et cultivées, elles étaient toutes deux passionnées d’art et de littérature. L’une, Renée, était protestante. L’autre, Anne, était catholique. Bien que tolérantes l’une et l’autre, le fanatisme imposé par les stratégies de domination politico-religieuses et les conséquences dramatiques des guerres qui en découlaient, les contraignirent à s’affirmer l’une protestante protectrice des partisans de la Réforme en danger, l’autre catholique acharnée à la vengeance de son premier époux et de ses deux fils assassinés.

  Le quinzième chapitre de l’ouvrage concerne Montargis et son château.

Caves_du_Ch_teau_de_Montargis_2Caves_du_Ch_teau_de_Montargis_1En complément, l’architecte de Renée de  France, Jacques Androuet du Cerceau (Paris 1510~Annecy ou Genève 1585) fait l’objet d’une première partie traitée par Pierre BOURGON sur sa vie, ses travaux et sa mémoire et d’une seconde partie présentée par Michèle GAUDRY sur les jardins de la Collerette dont il fut le concepteur. Cette seconde partie nous éclaire sur ce qu’étaient les jardins de la Renaissance et intéressera particulièrement les amateurs de plantes anciennes et de l’histoire des jardins.

Reconstitution_du_jardin_de_la_Collerette_2011

En fin de livre, de nombreux documents sont donnés en annexe ainsi que la liste des sources et la bibliographie utilisées par les auteurs.

Le château de Renée de France sur la carte Cassini (XVIIIe s.)  Emplacement du château au milieu du XXe s, carte d’État-major Cliquez sur les cartes

pour accéder à leur emplacement sur géoportail.                                     

Emplacement_du_ch_teau_de_Montargis___Carte_CassiniCarte_d_Etat_major_du_ch_teau_de_Montargis

 

 

   L’AUTEURE :

Huguette LELOUP est une Montargoise d’adoption originaire du sud-est de la France. Professeur d’anglais, elle enseigna successivement dans le Loiret au collège du Chinchon, puis au lycée de Montargis, de 1961 à 1989 et jusqu’à ces dernières années à l’Université du Temps Libre de Montargis. Intéressée par l’histoire locale, elle a participé à l’élaboration de nombreux articles pour le bulletin de la Société d’Émulation de Montargis[1] qu’elle a rejoint  dès les années 1970 ainsi que pour le Bulletin des Amis du Vieux Montargis[2].

Elle a écrit : Pierre Louis Manuel  (1753~1793), Du pouvoir à l’échafaud (2006), (Éditions de l’Écluse) 

Biographie du docteur Gastellier (en collaboration avec Gaston LELOUP).

Les dernières Dames de Montargis  au temps de guerres de religion (2010) aux Éditions de l’Écluse.

http://www.editions-de-lecluse.com/-Le-catalogue-.html


Emplacement_qu_occupaient_le_ch_teau_et_les_jardins_de_la_Collerette___Montargis
Le château, de nos jours, est une école privée. Du château de Renée de France, seule la grosse tour subsite. Les jardins de la Collerette sont en voie de restauration, ainsi que les remparts qui donnent sur le centre de la ville. Cliquer sur la carte pour accéder à son emplacement sur géoportail.

Pour voir la vidéo sur l'histoire du château de Montargis par ColineCélia :
Voir le message de ColineCélia : Le château de Montargis (Loiret) FRANCE:

[1] La Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis (Loiret), est une société savante qui à l'instar des autres sociétés d’émulation avait comme but de valoriser la culture locale et l'histoire locale et l'archéologie.

Cette société d'émulation fut fondée le 1er janvier 1853 par six notables montargois à l'initiative du sous-préfet baron de Girardot, du maire le docteur Ballot.

http://gatinais.histoire.pagesperso-orange.fr/histbsem.htm

 [2] L’association des Amis du Vieux Montargis (Loiret) a été créée en réaction aux démolitions massives commencées au cours des années 60. Elle a comme but la préservation et la défense du Patrimoine sous toutes ses formes.

Ce Patrimoine sauvegardé est accessible au public de diverses manières :

* Création de deux musées ouverts au public : le Musée des Tanneurs à Montargis et le Musée de La Pailleterie à Amilly (Loiret)
* Création de « Réserves » dans lesquelles sont stockées et inventoriées les objets rassemblés.
* Publication semestrielle d’un Bulletin qui offre ses colonnes à toutes les contributions.
* Création d’un « Fonds AVM » aux Archives Municipales.
* Edition de brochures.
* Conférences sur un aspect particulier de notre Patrimoine.

http://amis.du.vieux.montargis.pagesperso-orange.fr/


8 mai 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - Biographie - Bibliographie

Rachid BOUDJEDRA  (1941) – Biographie Bibliographie [1]

         Rachid BOUDJEDRA, écrivain et poète algérien, est né en 1941 à Aïn Beida dans la Constantinois. Il est issu d’une famille bourgeoise. D’après Mokhbi ABDELOUAHAB[2], Rachid BOUDJEDRA serait l’aîné de trente-six enfants. Sa mère était la première épouse de son père, qui, tyrannique et féodal, était quatre fois polygame. Il a une sœur et un frère.

         Rachid BOUDJEDRA commence ses études à Constantine puis en Tunisie, à Tunis. En 1959, il prend le maquis où il sera blessé. Il voyage ensuite, comme représentant de FLN, dans  les pays de l’Est, puis en Espagne. Après l’Indépendance de l’Algérie, il rentre au pays et reprend des études de philosophie à Alger et à Paris. C’est un étudiant syndicaliste. Il obtient une licence de philosophie à la Sorbonne en 1965 et présente un mémoire sur CÉLINE.

        Il se marie avec une Française et se destine à l’enseignement  (Blida). Après la prise du pouvoir par Boumediene  en 1965, il quitte l’Algérie. Faisant l’objet d’une condamnation à mort par une fatwa, il est interdit de séjour en Algérie pendant plusieurs années. Il vivra d’abord en France de 1969 à 1972 où il sera professeur de philosophie au lycée de Coulommiers, puis il ira vivre au Maroc où il enseignera jusqu’en 1975.

       En 1977, il devient conseiller pour le ministère de l’Information et de la Culture. Il participe à la rubrique culturelle de la revue hebdomadaire Révolution africaine. Il est membre de la ligue des droits de l’homme.

         En 1981, il est nommé lecteur à la SNED et enseigne à IEP d’Alger.

         Il est condamné par une fatwa du FIS en avril 1983.

         Rachid BOUDJEDRA écrit indifféremment en langue arabe ou en langue française.

SON ŒUVRE :

Pour ne plus rêver, poèmes (1965) ; La Répudiation (1969) ; La Vie quotidienne en Algérie (1971) ; Naissance du cinéma algérien (1971) ; L’Insolation (1987) ; Journal palestinien (1972) ; L’Escargot entêté (1977) ; Topographie idéale pour une agression caractérisée (1975) ; Les 1001 Années de la nostalgie ; (1979) ; Le Vainqueur de coupe (1981) ; Extinction de voix, poèmes (1981) ; Le Démentellement (1982) ;La Macération(1984) ; Greffe (1985) ; La Pluie (1987) ;La Prise de Gibraltar (1987) ; Le Désordre des choses (1991) ; Fis de la haine (1992) ; Philippe Djian (1992) ; Timimoun (1994) ; Mines de rien, théâtre (1995) ; Lettres algériennes (1995) ; La Vie à l’endroit (1997) ; Fascination (2000) ; Le Directeur des promenades (2002 ; Cinq Fragments du désert 2001) ; Les Funérailles (2003) ; Peindre l’Orient (1996) ; Hôtel Saint Georges (2007)

Rachid BOUDJEDRA a également écrit des scénarios d’une dizaine de films. Chronique des années de braise (Mohamed Lakhdar-Hamina) a obtenu en 1975 la Palme d’or au Festival de Cannes ; Ali au pays des mirages Ahmed Rachedi) en 1980 a obtenu le Tanit d’or au Festival de Carthage.

 



[1] Biographie établie avec un document Wikipédia

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1 mai 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - Fascination (2000)

Rachid BOUDJEDRA  (1941) - Fascination (2000)

           L’intrigue du livre est difficile à résumer. Elle tourne autour d’une prolifération de personnages affublés de prénoms de trois lettres contenant tous la lettre L, Ali, Ali Bis, Ila, Lil, Lol, Lam, Eli, Mol, Ela... Aucun n’a de nom patronymique. Le père de famille, Ila, militant indépendantiste, est propriétaire d’un haras internationalement renommé à Constantine. Il élève des chevaux de pure race arabe et voyage à travers le monde à la recherche d’étalons et de pouliches susceptibles de donner les meilleurs croisements. Fascination étant le fruit d’un de ces métissages.  Son mariage avec Lil étant stérile, Ila a adopté une kyrielle d’enfants, Ali, Ali Bis, Lol dont les parents biologiques ont été sauvagement massacrés par de riches colons, Lam, le plus jeune. Chaque prénom contient la lettre L comme dans Ali.

           Lam suit le même cursus que Rachid BOUDJEDRA dans sa jeunesse : naissance en 1941, études à Constantine puis à Tunis, Baccalauréat en 1959, engagement dans le maquis, blessure. Nous le suivons à Moscou, Pékin, Hanoï, Barcelone, Alger, Paris où il travaille pour le FLN. Lam souffre de ne pas connaître ses origines, d’avoir été amputé de son nom et est hanté par l’inceste qu’il a commis avec Lol.

          Lol est une femme excentrique au caractère terrible, au langage ordurier, homosexuelle, sans complexe quant à sa nuit d’amour avec son jeune frère Lam.  

          Ali et Ali Bis ont disparu, l’un avec la sacoche contenant la recette de la vente d’étalons en compagnie de sa maîtresse, l’autre le poursuivant. Tous deux ayant des destins parallèles à travers les péripéties de la Seconde Guerre Mondiale et des guerres coloniales, sans se retrouver pour autant.

          Le récit des aventures de ces différents personnages est noyé dans des extraits d’encyclopédies, de journaux, de récits de grands voyageurs (Marco Polo), d’historiens (Salluste, Ibn Khaldoun, Ibn Batouta), de rapprochements entre certains personnages d’Un Amour de Swann, de Marcel Proust, d’Ulysse de Joyce ou du Bruit et la Fureur de William Faulkner. Est-ce pour donner du poids à une intrigue sans tension ?

          L’histoire à la manière des contes orientaux est truffée de répétitions rappelant les caractéristiques d’une situation ou d’un personnage. Ce procédé ne réussit pas à donner du rythme au récit, ni à maintenir l’attention du lecteur en suspend, il finit même par lasser.

          L’auteur a une volonté certaine de casser les valeurs des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La virilité : il imagine un père de famille stérile. La religion : il réduit la religion musulmane à une série de dogmes et de rituels mécaniques. Le sexe : Son héroïne, Lol est lesbienne et a eu une relation incestueuse avec son frère.

          Pour ce qui est de la politique, la colonisation française est évoquée de façon manichéenne et répétitives. La sauvagerie des assassinats et des combats, les viols ne viennent que d’un seul camp. Il n’est pas question de nier les horreurs et les erreurs de la conquête de l’Algérie, de son occupation puis de la guerre de décolonisation, mais les arguments avancés sentent le discours de propagande marxiste léniniste bien rôdé. De toutes les partenaires de Lol, l’auteur privilégie la femme d’un gros colon et l’épouse d’un haut fonctionnaire. De toutes les dames de la maison close de Bône, c’est une prostituée d’origine française qui incite Ali Bis à voler la sacoche bourré d’argent pour fuir avec elle. Où se trouve le vice ?

            Toutes ces transgressions peuvent séduire une jeunesse algérienne déçue et aigrie, réduite au chômage en dépit de ses diplômes dans un pays qui se cherche politiquement et économiquement. Mais quelle issue le conteur offre-t-il à l’errance de Lam  et à celle de ses frères et sœur ? Le père mort, chacun se range gentiment et travaille à la prospérité de l’affaire familiale. Tout est bien qui finit bien ! Est-ce exaltant pour un jeune qu’on a incité à tout secouer ?

Connaissant les goûts d’une grande partie des intellectuels français et du monde de l’édition, j’adopte volontiers la supposition de Mokhbi Abdelouahab [1]comme mienne «...est-il mu par l’obsession de plaire à ceux qui l’on fait figurer parmi les dix meilleurs écrivains du siècle ? ».

            J’avais choisi ce livre écrit par un Algérien dans l’espoir d’y trouver des réponses sur la société algérienne. Je n’ai trouvé qu’un pamphlet incitant à la haine et au rejet des valeurs traditionnelles sans apporter la moindre solution, dissimulé dans une intrigue singulière.

 

ColineCelia a lu aussi (La Vie à l’endroit) 1997 de Rachid BOUDJEDRA

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/24/20967180.html



[1]Monologue avec Rachid Boudjedra

Ecrire pour qui et pourquoi ?

mardi 15 février 2005, par Mokhbi Abdelouahab

 http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?article68

 

 

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