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23 décembre 2012

Sylvain TESSON (1972) – Dans les forêts de Sibérie (2011)

Sylvain TESSON (1972) – Dans les forêts de Sibérie (2011)

     Dans les forêts de Sibérie est un essai autobiographique sous forme de journal de bord, dans lequel Sylvain TESSON relate six mois de vie solitaire dans le sud de la Sibérie, de février à juillet 2010, au bord du lac Baïkal, un lieu qui l’avait séduit lors de ses précédentes pérégrinations.

     Après avoir traversé à vélo le désert central de l’Islande, fait le tour du monde à bicyclette, traversé l’Himalaya, participé à des expéditions archéologiques, suivi à pied l’itinéraire des évadés du goulag, héros du récit controversé de Slavomir Rawicz¹, de Iakoutz en Sibérie jusqu’à Calcutta en Inde, Sylvain TESSON réalisait un projet qu’il souhaitait concrétiser avant l’âge de quarante ans : rechercher dans la solitude  sa propre vérité.

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     Sylvain TESSON n’a pas posé à la légère ses bagages dans une cabane de rondins isolée entre lac et montagne, par -30°, à plusieurs jours de marche des premiers voisins et du village le plus proche. Il avait anticipé sa retraite dans l’immensité glaciale, d’une préparation matérielle minutieuse.

     « Le camion n’est plus qu’un point. Je suis seul. Les montagnes m’apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle intense. Le pays me saute au visage. […] La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses. »

La perspective des jours :

     - la routine de survie quotidienne, évidemment : couper le bois ; fendre les bûches ; allumer et entretenir le feu ; faire fondre la neige ou la glace pour obtenir de l’eau ; préparer les repas ; plus tard, agrémenter ces derniers d’ombles du lac pêchés dans un trou de glace, ou de quelque proie capturée dans la taïga ; dormir ; ranger la cabane ; faire sa lessive

     - goûter la liberté en pleine nature en compagnie d’Aïka et Bêk, deux chiots offerts par ses amis russes : crapahuter raquettes aux pieds ; glisser sur le lac ; longer la rive ; escalader les pentes, tenter d’atteindre un sommet, remonter le lit des ruisseaux

     - ne rien faire ; laisser couler le temps ; goûter la solitude à la chaleur du poêle devant un thé fumant, une bière ou une vodka ; fumer un gros cigare ; lire ; écouter de la musique ; observer la nature au fil des jours et des saisons ; contempler la mobilité du panorama, s’extasier devant sa beauté sublime, les jeux de lumière ; apprivoiser une mésange ; méditer, philosopher, écrire…

     - Retenu dans la cabane, par le mauvais temps, broyer du noir ; se laisser happer dans un  vide intérieur ; souhaiter furtivement partager avec un ( ?), une ( ?) proche l’impression produite par un beau panorama ; regretter l’être cher qui n’a pas voulu suivre (12 mai) ; la pleurer à l’annonce de la rupture de leur liaison (16 juin) ; taper dans sa réserve de vodka et la siffler verre sur verre pour se consoler et, à tout propos, seul, ou en compagnie des rares riverains ou insulaires du Baïkal.

jeu de massacre 2

 Justification et auto-persuasion

     Vivre tout seul un semestre sabbatique sans tentation relationnelle et faire le point sur soi-même ne nécessitent pas de mettre autant de distance entre soi et son camp de base, ni de s’astreindre à une lutte vitale constante contre un froid extrême. Sylvain TESSON manquait-il à ce point de volonté ? À qui sont destinées toutes les affirmations péremptoires sur le bien fondé de sa décision, dont le récit est ponctué ?

On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre !

     « Les mouches de roche. […] Ces pauvres insectes sont offerts en pâture. Ils sont destinés à fournir l’énergie pendant les semaines de pénurie. […] Ils me plaisent tellement que je me tords les chevilles à tenter de les éviter sur les galets de la plage. » (p 222)

     Sylvain TESSON aurait pu faire preuve d’autant de prévenance envers ses lecteurs ! Que son séjour réponde à ses attentes misanthropiques ne justifie aucunement que, tout au long de son ouvrage, il assène des critiques péjoratives sur notre société, notre mode de vie, nos contraintes sociales, le matérialisme dans lequel nous sommes plongés et notre course perpétuelle après le temps. Qu’a-t-il fait dès son retour ? Une promotion bien orchestrée pour l’ouvrage qui rapporte son expérience d’isolement. La société matérialiste, l’intérêt et l’estime des pauvres citadins confinés dans le métro-boulot-dodo ont tout de même des avantages !

     Au fait, que sont devenus les petits chiens ? A-t-il rapporté ses détritus avec son équipement ? Voilà un sujet intéressant pour la survie de la planète.

     Notre néo-Robinson écrit avoir renoncé à figer sur une photographie l’image d’un panorama naturel féerie. Le petit cachottier préférait la filmer. Pourtant, parmi les soixante-sept lignes qui décrivent (p 27 à 29) le « Matériel nécessaire à six mois de survie dans les bois », point de caméra. Celle-ci se cache peut être sous le terme générique d’« Appareils électroniques » parmi d’autres appareils hit-tec un peu gênants à citer tant la complexité de leur conception  adaptée aux conditions météo est coûteuse. Il ne courait plus après le temps ! Il le faisait durer en le fixant successivement 24 fois par seconde. Que son journal ne soit qu’un procédé littéraire n’interdit pas la franchise.

La tête et les jambes en un seul

     Sylvain TESSON s’est mis en scène dans ce film, comme dans le livre. Se présentant comme un homme accompli, le héros/auteur/narrateur met en avant sa culture intellectuelle, son besoin de spiritualité, ses pensées philosophiques à coups de titres réputés inaccessibles au commun des lecteurs, de citations d’auteurs de haut vol, de postulats et d’aphorismes de son cru.

Le lac Baïkal

     Pourquoi se justifier et se poser en censeur pédant ? Amoureux de cette région de Sibérie orientale peu peuplée, aux hivers longs et particulièrement rigoureux, Sylvain TESSON désirait se faire plaisir tout en s’imposant des défis physiques et psychologiques qui satisfont son tempérament indépendant, son attirance pour les émotions fortes et sa recherche de l’insolite. Se lancer dans des expériences originales  exigeantes physiquement constitue sa raison de vivre.

     La vente de ses récits, ses tournées de conférences et les documentaires tirés de ses voyages lui en procure le financement ainsi que la source de ses revenus.

     Narrer ce long séjour solitaire de six mois réduit au périmètre de la cabane de rondins et de ses alentours était une gageure autrement plus ardue que relater une expédition enrichie à tout moment  de découvertes et de faits nouveaux. N’est pas Montaigne qui veut !

     Le film intitulé Bo Travail a été projeté sur les chaînes de télévision et est publié sur la toile (²). Les prises de vue et les images sont excellentes et les plans extérieurs sont magnifiques. Son montage par une société spécialisée est remarquable.  

    Sylvain TESSON a été récompensé par le Prix Médicis dans la catégorie essai en 2011.     

 1 – Slavomir Rawicz (1915~2004) est l’auteur The long Walk, paru en 2002 dans une traduction d’Éric Chedaille, dont le titre français est À marche forcée : À pied du Cercle polaire à l’Himalaya (1941-1942. Il s’agit d’un  récit rapportant une odyssée vécue par Rawicz en 1941et 1942 qui  défraya la chronique dès sa parution en 1956.

     En compagnie de six autres hommes évadés d’un camp du goulag en Sibérie,  Slavomir Rawicz serait arrivé en Inde après avoir traversé  le lac Baïkal, la Bouriatie, la Mongolie, le désert de Gobie, le Tibet, l’Himalaya. Des imprécisions concernant l’itinéraire, des erreurs géographiques manifestes, soulevèrent des critiques doutant de l’authenticité  du périple évoqué. Des invraisemblances éveillèrent des soupçons d’imposture chez certains, les incitant à enquêter sur la nature exacte des tribulations vécues par Slavomir Rawicz, au cours  cette période du conflit  mondial.

     Après la guerre froide, les archives soviétiques confirmèrent ces présomptions. Elles révélèrent les causes de l’arrestation de Rawicz en 1940, sa condamnation, son incarcération et l’origine de sa libération en 1942. Elles apportèrent aussi des informations concernant sa carrière dans l’armée polonaise de libération pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Bien avant la parution de L’Archipel du Goulag, le livre de Slavomir Rawicz a eu cependant le mérite d’alerter l’opinion sur le sort des prisonniers du goulag.

  2 – réf web du film Bo Travail : http://www.youtube.com/watch?v=wCnGiztNOes

 Références des illustrations :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sylvain_Tesson_en_2011-_P1160238.jpg

 http://www.musees-franchecomte.com/index.php?p=617&art_id=1465&args=Y29tcF9pZD0xMDExJmFjdGlvbj1wb3B1cCZpZD0mY29sbGVjdGlvbl9pZD0yMzd8

 http://www.terdav.com/Produit/Fiche/RUS015/magie-glaciale-lac-baikal

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8 décembre 2012

William BOYD (1952) – Waiting for Sunrise – L’attente de l’aube (2012)

Image L'attente de l'aube

 

Pour accéder au document complet (3 pages) veuillez cliquer sur le lien

William_BOYD_1952___L_attente_de_l_aube

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