Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999
Contexte politique en Algérie de 1990 à 1999
Mohamed FELLAG situe les 5 nouvelles de C’est à Alger (2002) et L’Allumeur de rêves berbères (2007) durant la période dite des « années noires » de la décennie 1990.
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Le Président de la République algérienne Mohamed Ben Bella (1916~2012) depuis l’Indépendance de l’Algérie en 1962, est renversé le 19 juin 1965, par un coup d’État, dirigé par Mohamed Boukharouba, dit Houari Boumediene (1925~1978).
Houari Boumediene devient alors Président du Conseil de la Révolution, chef du gouvernement et ministre de la Défense. En décembre 1967, une tentative de putsch du colonel Tahar Zbiri, maître de l’armée et du FLN, le parti unique, échoue.
Son autorité n’étant plus contestée, le Président Boumediene fait adopter par référendum, le 27 juin 1976, une Charte nationale qui définit l’Algérie comme une « démocratie socialiste », consacre le rôle dirigeant du parti et garantit à l’Islam le statut de religion d’État.
Le 19 novembre 1976, une nouvelle une nouvelle constitution renforce les pouvoirs du chef de l’État qui est élu Président de la République algérienne.
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Situation politique des années 1990
Après la répression dans le sang de « manifestations de la faim » en octobre 1988, le Président Chadli Bendjedid, dit Chadli (1929), élu à la tête du pays depuis 1972, engagea une timide démocratisation du régime. Une multitude de partis politiques se présentèrent aux élections locales de juin 1990 ouvertes au multipartisme. Parmi ceux-ci, le Front Islamique du Salut (FIS) obtint le plus grand nombre de voix.
L’armée qui se considérait garante des institutions s’opposa à la légalisation du FIS. Le Président Chadli décida de tenir tout de même des élections législatives, en décembre 1991. Le scrutin majoritaire étant favorable aux Islamistes, ceux-ci remportèrent une écrasante victoire au premier tour.
En janvier, l’armée démit Chadli de ses fonctions, annula les élections et confia le pouvoir à un Haut Comité d’État (HCE) présidé par un dirigeant historique du FLN rentré de son exil au Maroc, Mohamed Boudiaf (1919~1992). En mars, le FIS fut dissous. Une vague de répression s’abattit sur les Islamistes. Ceux-ci répliquèrent par le terrorisme assassinant plus de 600 personnes dont Mohamed Boudiaf qui fut remplacé à la présidence du HCE par Ali Kafi (1928), en juillet 1992.
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L’assainissement de l’économie était devenu une priorité absolue pour le régime ainsi que l’intensification de la répression des oppositions.
Le général Liamine Zéroual (1941), ministre de la Défense en 1993 puis nommé chef de l’État en janvier 1994 par le HCE, engagea une lutte sans merci contre le mouvement islamiste qui s’était radicalisé avec la création du GIA (Groupe Islamiste Armé).
Le GIA lança une vague d’attentats contre les forces de l’ordre, les intellectuels, les journalistes, les artistes, et, à partir de 1993, les ressortissants étrangers.
Un mouvement de revendication berbère hostile aux militaires comme aux Islamistes, se développait parallèlement en Kabylie.
Le pouvoir rejeta l’éventualité de négociations avec une plateforme commune composée du FIS, du Front des forces socialiste, du FLN, les principaux partis d’opposition.
En dépit du boycotte de l’opposition, une très forte participation des électeurs au scrutin de novembre 1995, porta le général Zéroual à la Présidence de la République algérienne confirmant sa présence à la tête de l’État. La société algérienne manifestait ainsi sa volonté de voir s’arrêter la violence.
Malgré les efforts de modération du Premier Ministre, Ahmed Ouyahia (1952), nommé en janvier 1996, qui fit entrer dans son gouvernement des membres de l’opposition modérée (MSI-Hamasi, Mouvement du Renouveau National), puis des différentes tentatives des gouvernements qui lui ont succédé, les attentats et les massacres continuaient, entraînant une perte de confiance de la part de la population.
De même, les mesures d’arabisation hâtives décidées en 1998 furent très contestées
À la suite d’une nouvelle recrudescence des attentats islamistes, de nombreux clans se formèrent au sommet de l’État paralysant les institutions politiques. Liamine Zéroual fut contraint de démissionner.
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Le Président Abdelaziz Bouteflika (1937) fut élu à sa succession en avril 1999 et son projet de « Concorde civile » portant sur la restauration de la paix civile, l’ouverture économique et la lutte contre la corruption fut approuvé par référendum par une écrasante majorité.
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Bilan de la guerre civile de janvier 1992 à décembre 1997
Les morts : Dans sa déclaration du 21 janvier 1998, Ahmed Ouyahia (1952), (Premier ministre de l’Algérie de 1995 à 1998, de mai 2003 à mai 2006, puis à nouveau depuis le 23 juin 2008 dans plusieurs gouvernements successifs), ce bilan serait de 26 000 morts. Le département d’État américain l’estime à 70 000 morts dont 6 à 7 mille en 1997. Amnesty international annonce un minimum de 80 000 morts, tandis que l’opposition algérienne parle de plus de 100 000 morts. L’Express en a cité 60 000.
Personnes disparues : Il y aurait eu 3 000 disparus.
Les victimes : De 1990 à 1999, outre les 100 000 morts, le nombre des victimes est estimé à environ 1 million.
20 000 Islamistes auraient été emprisonnés.
Les attentats : Le gazoduc (Transmest) a fait l’objet de 3 attentats depuis 1992. Des bombes déposées aussi bien dans la capitale que dans d’autres villes d’Algérie ont fait de nombreuses victimes tout comme les attaques contre les moyens de transports (cars, train, et les faux barrages de police ou de l’armée).
Sources de la documentation : Le Petit Robert des noms propres ; édit. Dictionnaires Robert ; Michel Mourre Dictionnaire d’histoire universelle ; Jean-Pierre Delarge ; édit. Bordas ; Quid, Dominique et Michèle Frémy ; édit. Robert Laffont www.quid.fr
Mohamed FELLAG (1950) – Rue des petites daurades (2001)
FELLAG Mohamed (1950) – C’est à Alger (2002)
Mohamed FELLAG (1950) – L’Allumeur de Rêves berbères (2007)