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18 septembre 2011

UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE (1950) Marguerite DURAS (1914~1996)

UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE (1950) - Marguerite DURAS (1914~1996)

      Marguerite DURAS se sert de l’expérience qu’elle a vécue en Indochine, dans sa jeunesse, pour y situer son récit dans les années vingt. La vie de colons blancs pauvres,  la misère de « petits blancs » grugés par l’administration coloniale, proies de la concussion des petits fonctionnaires, constituent le propos du roman.

    L’obsession constante de la mère et de ses deux enfants, Joseph et Suzanne, est trouver le moyen de se procurer de l'argent. La famille côtoie la population indigène misérable, décimée par les maladies et la faim, méprisée des riches blancs, qui, en eux, ne voient  qu’une masse à exploiter.

     Marguerite DURAS décrit la plaine de Kam,  zone reculée de l’Indochine française, belle mais hostile, entre l’océan et la forêt montagneuse. Des bagnards et des terrassiers indigènes au sort encore plus précaire et tout aussi misérable, ont construit la piste qui relie le bungalow de la mère et de ses deux enfants au petit poste avancé de Ram. Celle-ci est fréquentée par les chasseurs de gros gibier et de fauves. 

     L'auteure dépeint la grande ville coloniale, le va-et-vient des hommes d’affaire, les bordées de marins, l’hôtel de passe, la circulation de l’argent, les trafics, la classe des gens d’affaire (M. Jo, Barner, le couple rencontré en ville).

     Ce roman est centré autour de la mère. Les relations, qui lient la mère à son fils et à sa fille, comme celles entre le frère et la sœur, sont fusionnelles  et ambiguës. Nous suivons la lente agonie de la mère, l’émancipation des enfants qui se dégagent de sa tyrannie affective. Suzanne, adolescente, découvre son pouvoir sur les hommes et l’amour physique, tandis que Joseph part avec une femme.

××××××××××××

   On retrouve l’ambiance des récits d’auteurs américains comme Hemingway, Steinbeck, Caldwell:

  •     les dialogues dans une langue parlée autour de la recherche de l’argent, du mariage de Suzanne, de la vente de la bague…, comme la rencontre avec M.Jo à la cantine du père Bart à Ram.    
  •     Des retours en arrière bouleversent la chronologie du récit. La durée de la lutte de la mère contre les eaux, celle du séjour dans la grande ville et celle de la disparition de Joseph, prennent une durée indéfinie alors que ces évènements n’ont dû n’être que ponctuels. La répétition de scènes précises scandent le récit et brouillent la notion de temps.
  •      L’histoire s’organise autour de lieux décrits avec réalisme et une géographie vraisemblable. Le bungalow, la piste, le rac, la forêt, la cantine de Ram, la grande ville, l’hôtel central, l’Eden Cinéma sont autant de décors, qui créent un espace  symbolique favorisant l’expression du désir, du rêve, ou de la mort.
  •     Des objets, la Citroën, la Léon Bollée, le phonographe, le diamant, ont une importance significative dans le récit.
  •    Une grande place est attribuée à l’obsession, la violence, le désir des personnages. Lors de la première rencontre avec M. Jo et lors de la venue de l’inspecteur de l’administration, la conscience du tragique de la situation de la mère et des enfants et de leur impuissance face à des forces qui les dépassent s’exprime par un rire de désespoir démesuré, violent, grotesque.   

      M. DURAS révèle dans ce roman, des qualités qui lui serviront pour le théâtre et pour le cinéma.

       Un barrage contre le Pacifique a fait l'objet d'une adaptation cinématographique distribuée par Diaphana (2008). Il s'agit d'un film franco-belge réalisé par Rethy Panh,  tourné au Cambodge en 2007. Isabelle Huppert avait le rôle de la mère, Gaspard Hulliel celui de Joseph, Astrid Bergès-Frisley celui de Suzanne et Randal Douc était Monsieur Jo.

Marguerite DURAS (1914~1996) - BIOGRAPHIE

Marguerite DURAS (1914~1996) – ŒUVRE

 

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4 septembre 2011

L’Empereur de Chine Qianlong (1711~1799)

L’Empereur de Chine Qianlong (1711~1799)

     Qianlong (1711~1799) ou K’ien-Long fut le 4ème Empereur de la dynastie mandchou  des Qing. Il était le petit-fils de Kangxi ou K’ang-Hi (1654~1722) dont le règne commença en 1662. Le successeur de Kangxi fut son quatrième fils, l’Empereur Yongzheng (1678~1735).Empereur de Chine en 1735, à la mort de son père, dont il était le quatrième fils, Qianlong continua l’œuvre de son grand-père.

Portrait de Qianlong en vêtement de cour : 

454px-Portrait_of_the_Qianlong_Emperor_in_Court_Dress

 L’œuvre intérieure

     Dès le début de son règne, il fit preuve de mansuétude envers des princes de sa famille, fils ou petits-fils de Kangxi qui avaient été emprisonnés, exilés ou dégradés, à la suite d’intrigues de cour ou d’une politique soupçonneuse ou peu éclairée.

Renforcement des institutions : Il fit entreprendre le recensement des membres de chaque foyer et continua d’étendre systématiquement les systèmes baojia et lijia établis à l’origine par la dynastie des Song. Ces systèmes communautaires pyramidaux de contrôle social étaient basés sur le regroupement de familles, qui à tour de rôle étaient responsables du groupe vis à vis de l’administration. Le premier concernait l’application des lois et des décrets, le second garantissait la collecte des impôts.

Grands travaux d’aménagement : Il fit entreprendre de grands travaux pour contenir dans leur lit le Houang-he (Fleuve jaune) et le Yang-Tseu-Kiang (ou Chang Jiang, ou Yangzi Jiang), dont les ravages menaçaient sans cesse les provinces fertilisées par leur cours.

     Il donna l’ordre de faire construire des digues sur le bord de la mer dans les provinces du sud.

Voyages dans les provinces : Qianlong se rendit six fois dans les provinces  du midi, y donnant des ordres utiles d’aménagement mais aussi pour punir les malversations des mandarins corrompus envers lesquels il était inflexible.

     Par les temps de sécheresse, ou d’inondation, il fit dans différentes provinces des remises partielles des droits en nature ou en argent et fit distribuer des secours aux pauvres.

Les révoltes intérieures

      L’empereur mandchou dut faire face aux révoltes nationalistes organisées par des sectes politico-religieuses particulièrement actives à partir du XVIIe siècle qui s’étendirent sur toute la Chine et opéraient pour la restauration de l’empire des Ming.

Les triades fondées en 1650 développèrent un rituel imprégné des rites bouddhistes, taoïstes mêlés de confucianisme. La répression des insurrections qu’elles organisèrent fut extrêmement féroce. Nombre de leurs membres durent s’exiler.

Les Lotus blancs avaient pour origine une sorte de syndicat fondé par des bateliers, la Bande verte ou « Société pour la paix et la félicité », qui revendiquait de meilleures conditions de travail. Les membres en étaient presque tous bouddhistes. Les différentes sectes affiliées au Lotus blanc étaient souvent de caractère violent. Elles s’occupèrent de plus en plus de politique.

     Jusqu’en 1774, les deux mouvements agissaient de concert puis leur chemin divergèrent. Au fur et à mesure, elles se transformèrent en véritables sociétés secrètes.

Les campagnes militaires

- Récupération du Turkestan : Il récupéra définitivement le Turkestan qu’il baptisa Xinjiang (« Nouvelle frontière »). La région avait été sous la domination chinoise des Tang au VIIe siècle. À partir du VIIIe siècle, les Chinois s’étaient trouvés alors rejetés loin vers l’est par l’introduction de l’Islam qui avait favorisé la création de principautés turques indépendantes. L’implantation chinoise se composait essentiellement de garnisons militaires et de marchands de la route de la soie.

 - Annexion de la Dzoungarie peuplée par les Eleuthes (ou Kalmouks ou Dzoungars ou Djoungares ou Jüngars. Cette région, qui est délimitée au sud par les monts Tian Shan, au nord par l’Altaï, à l’est par le désert de Gobi et ouverte à l’ouest sur la vallée de l’Irtych (Ertix, Ertis), fut annexée en 1757.

- Soumission de la Birmanie : De 1765 à 1767, les Chinois tentèrent trois fois d’envahir la Birmanie. Toutes ces tentatives furent repoussées. En 1769, ils investirent à nouveau le pays. L’armée birmane, dirigée par des métis portugais et français, fut défaite. Les Birmans envoyèrent une ambassade pour l’anniversaire de l’empereur. Il fut convenu que tous les dix ans les Birmans adresseraient un tribut à la cour de Pékin.

- Transmigration des Tourgoutes : Un peuple nomade, les Tourgoutes, (Tourgouts), originaire du pays situé entre la Toula et Orgou avait fuit l’oppression des souverains kalmouks et s’étaient établis entre le Don et la Volga. Là, cette tribu ne pouvait s’accommoder des règles institutionnelles de la Russie qui lui imposait de fournir des soldats. D’autre part, étant bouddhistes, elle subissait des vexations en raison de sa religion. Décidé par les avances faites par le gouvernement chinois, le khan, Oubacha, prit la résolution de faire rentrer son peuple dans son pays d’origine. En août 1771, les fonctionnaires chinois accueillirent 50 000 familles (environ 300 000 individus) sur les bords de la rivière Ili où l’empereur leur assigna des terres.

- Réduction des Miao Tseu : Les Miao Tseu appartenaient à un petit peuple de race tibétaine qui avait gardé son indépendance grâce à l’inaccessibilité de son territoire enfermé dans les montagnes du Sse Tchhouan. Des querelles de voisinage se produisaient de temps en temps avec les officiers chinois des villes voisines. Sous prétexte de brigandage de leur part, Qianlong voulut les soumettre en 1775. Malgré la résistance courageuse des Miao Tseu, ils furent pratiquement exterminés. Leur prince fut mis à mort à Pékin, leurs chefs furent massacré et leur tête furent exposées dans des cages.

- La campagne du Tibet : Envahi par le Népal voisin, le Tibet  fit appel à la Chine pour s’en libérer. En 1780, le Pantchen Lama fut invité à Pékin par Qianlong pour son soixante-dixième anniversaire. Après l’audience de l’empereur à Jehol, le Pantchen Lama contracta, dit-on, la variole et mourut à Pékin le 27 novembre 1780. Cette mort parut suspecte.

 - L’Annam : En 1787, au Viêt Nam, le dernier roi de la dynastie Lê, qui avait dû fuir devant les Tay-Son, avait fait appel à la Chine pour sauver son trône. Les Chinois reprirent Hanoï le 19 décembre 1788. Un peu plus d’un mois plus tard, le 26 janvier 1789, l’armée chinoise se laissa surprendre et fut vaincue. Suite à cette défaite, elle se replia et n’intervint plus au Viêt Nam pendant quatre-vingt-dix ans.

     L’empereur ne dirigea jamais lui même les combats. Cependant, il alla visiter les troupes dans la steppe. Il accueillit les généraux vainqueurs et reçut la soumission des vaincus. Ces nombreuses et coûteuses campagnes causèrent de lourdes pertes. Elles n’entraînèrent pas de succès écrasants et affaiblirent l’armée.

Les ambassades occidentales

     Seul, le port de Canton, seulement quelques mois dans l’année,  reste ouvert au commerce avec l’étranger, à partir de 1756. Les compagnies commerciales étrangères souffraient de ces restrictions devant lesquelles elles se montraient de plus en plus impatientes.

L’ambassade anglaise : En 1793, une ambassade anglaise conduite par lord Macartnay, représentant le roi George III, se voit refuser ses demandes d’ouverture du commerce à la Grande Bretagne et d’installation d’une délégation permanente à Pékin. Cet échec sera la source des futurs conflits qui caractériseront par la suite les relations internationales avec la Chine pendant un siècle et demi.

L’ambassade hollandaise : En 1794, financée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Canton, une ambassade hollandaise, venue par voie de terre, est reçue à Pékin parmi les délégations de vassaux de l’empire. Elle n’aura même pas la possibilité de demander quoique ce soit.

    Au problème de l’ouverture restreinte du marché chinois, se greffe un problème monétaire de plus en plus insupportable pour l’économie mondiale fondée sur la monnaie d’or concurrencée par l’économie chinoise qui utilise une monnaie d’argent.

Qianlong esthète et érudit

     Grand amateur d’art, Qianlong enrichit les collections impériales en créant et développant les ateliers impériaux où servirent de nombreux artistes missionnaires jésuites comme l’Italien Giuseppe Castiglione (1688~1766), arrivé en Chine en 1715, et le Français Jean-Denis Attiret (1702~1768), arrivé en Chine en 1738, tous deux décorateurs et peintres,  connus sous le nom chinois de Lan Shining pour le premier et de Wang Zhicheng pour le second.

     Qianlong était passionné de jardins. Il fit édifier des palais européens dans sa résidence du Yuangming yuan et y fit réaliser les travaux hydrauliques, des buffets et jeux  d’eau par  G. Castiglione et le jésuite français, mathématicien, astronome et géographe, Michel Benoist (1715~1774), arrivé en Chine comme missionnaire, connu en Chine sous le nom chinois de Jiang Youren. Ce dernier  participa à la réalisation d’une carte générale de l’Empire de Chine gravée sur cuivre.

     Érudit, Qianlong commanda la rédaction de nombreux ouvrages dont la Bibliothèque complète en quatre sections (Sigu Quanshu), mais ordonna la destruction  des ouvrages hostiles aux Qing.

          L’imprévoyance de Qianlong à préparer la Chine à la confrontation avec l’Occident, la corruption et le fait d’avoir laissé son  favori, Vice-roi, puis ministre tout puissant, Heshen ou Ho Chen (1750~1799), profiter de sa situation pour accaparer le pouvoir, corrompre le gouvernement et amasser une fortune colossale durant 20 années, les exactions de Heshen, furent l’une des causes de la décadence de la dynastie des Qing et commencèrent à miner l’empire de Chine. Le favori fut arrêté cinq jours après la mort de Qianlong et fut condamné au suicide par l’empereur Jiaqing.

          Qianlong abdiqua à 84 ans (1796), en faveur de son fils Jiaqing (1760~1820), qui fut Empereur de 1896 à 1820.  Qianlong conserva cependant la réalité du pouvoir jusqu’à sa mort.

Alain PEYREFITTE (1925~1999) – L’Empire immobile ou le Choc des Mondes (1989) - message de colinecelia - cliquer ici

 

Sources : Le Petit Robert des noms propres Dictionnaires Robert, 27 rue de la Glacière 75013 PARIS

http://books.google.fr/books?id=8gQEAAAAYAAJ&pg=PA2236&lpg=PA2236&dq=Transmigration+des+Tourgoutes+1771&source=bl&ots=v9BaMUAI1_&sig=WIcUDczRoaqSSO3HhoDp05BWlhU&hl=fr&ei=D24TTsGmGIiD-

http://www.chinecroissance.com/histoire-de-la-chine/dynasties-chinoises/

Histoire générale de la Chine, Henri Cordier, 1920, Tome 3, archive BNF

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k26606j/f348

http://classiques.uqac.ca/classiques/abel_remusat_jean_pierre/melanges_asiatiques_t2/remusat_nmelasia_t2.pdf

http://www.chine-informations.com/guide/qianlong_439.html

http://www.religionmonde.info/LE-LOTUS-BLANC.html

http://www.terrescontees.com/regions/chine/xinjiang.htm


28 août 2011

Alain PEYREFITTE (1925~1999) – L’Empire immobile ou le Choc des Mondes (1989)

 

 

Alain PEYREFITTE (1925~1999) – L’Empire immobile ou le Choc des Mondes (1989)

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Dans l’Empire immobile, Alain PEYREFITTE relate l’expédition en Chine de l’ambassade anglaise conduite par lord Macartnay (1737~1806)  du 26 septembre 1792 à  septembre1794, sous le prétexte de présenter les vœux du Roi d’Angleterre, George III (1738~1820)(1), pour le quatre-vingtième anniversaire de l’Empereur Qianlong (1711~1799)(2).

Il s’agissait de gagner les faveurs du Fils du Ciel et de son entourage par des cadeaux exceptionnels témoignant des réalisations scientifiques et techniques dont s’enorgueillissait le royaume anglais.

Mais, la finalité de la démarche consistait à :

·     obtenir la possibilité à l’East India Company (la compagnie des Indes orientales) de conquérir le marché chinois sans passer par le véritable racket exercé par la Guilde des marchands de Canton,

·     se faire attribuer, à cette fin, l’ouverture au commerce britannique de nouveaux ports, d’autres villes et de Pékin,

·     se faire céder une île sous juridiction britannique, où les marchands anglais pourraient résider toute l’année, et autoriser l’installation d’un ministre permanent à Pékin,

·     signer des traités bilatéraux favorisant l’extension des transactions de la compagnie aux autres contrées de l’Extrême-Orient.

La documentation :

Alain PEYREFITTE reconstitue l’odyssée anglaise à travers

-  les comptes rendus officiels de l’ambassadeur,

-  les récits de son secrétaire, John Barrow, et de son second, George Leonard Staunton,

- les journaux que tiennent les différents membres de l’expédition : Macartnay, lui-même, son garde du corps, Samuel Holmes, un des deux peintres de la suite, William Alexander, le précepteur allemand du page de l’envoyé de Sa Majesté britannique, Hans-Christian Hüttner, un conseiller scientifique de l’expédition, l’«Astronome » James Dinwinnie, et celui, quelque peu arrangé par un journaliste, d’Aeneas Anderson, le valet de lord Macarnay.

- La confrontation des différents points de vue de tous ces adultes, avec les écrits candides du jeune George Thomas Staunton, le fils de Sir George Leonard Staunton, choisi par Macartnay pour être son page, un enfant âgé de onze ans au moment du départ.

 S’ajoutent à toutes ces relations,

- la correspondance entre Macartnay et Henry Dundas, secrétaire d’État du gouvernement  de William Pitt le jeune,

- des lettres publiées ou inédites des jésuite présents à la cour de l’Empereur de Chine.

La vision chinoise de la visite de l’envoyé de George III est apportée par des extraits issus des microfilms des édits, des instructions et de la correspondance de l’Empereur signés par son principal ministre Heshen ou un de ses cinq Grands Conseillers ou les mémoires adressés par les mandarins à l’Empereur,  annotés en rouge de la  main-même de  Qianlong.

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Le récit : En termes clairs, à la portée de tous, l’auteur nous conte l’histoire de l’ambassade Macartnay. Il la partage en cinq parties chronologiques allant de son départ à son retour deux ans plus tard. Environ sept cent hommes à bord de trois navires, un vaisseau de soixante-dix canons, le Lion, un trois mâts de la Compagnie des Indes, l’Indostan et la corvette, le  Jackall, levèrent l’ancre  de Portsmouth. Le récit vivant du narrateur, ses tableaux colorés des paysages, invitent le lecteur à partager la vie à bord et goûter l’exotisme des étapes aux Canaries, aux îles du Cap Vert, à Rio de Janeiro, au cap de Bonne Espérance, à l’île d’Amsterdam (3), aux îles de la Sonde, à Java, Batavia (Djakarta), Tourane (Danang au Vietnam), Macao.

Macartnay met à profit les presque neuf mois de navigation à s’informer en lisant d’abondants récits de voyageurs et de missionnaires. Pendant ce temps, George Thomas Staunton, enfant doué, apprend le chinois avec les deux missionnaires catholiques Chinois, recrutés en Italie  avec lesquels, on communique par le truchement du latin. Les progrès du garçon seront tels qu’il sera l’interprète de l’audience de l’Empereur, à Jehol.

Alain Peyrefitte narre ensuite les péripéties rencontrées par le plénipotentiaire en mer de Chine orientale (Dung haï). Il rapporte le transbordement des cadeaux, la lente navigation du convoi de « yachts » sur canaux et fleuves vers Pékin, le Yuanming yuan (Palais d’Été). La réception aura lieu en Tartarie à Jehol, la résidence d’été de Qianlong. La longue caravane de cavaliers, de chariots et de porteurs d’une partie seulement de l’escorte et des cadeaux quitte Pékin, longe la voie impériale, franchit la Grande muraille, afin d’arriver à Jehol «...dans la première décade du huitième mois lunaire(4) » Les autres restent à Pékin où les astronomes  s’affairent au montage d’un des clous du tribut des barbares au Fils du Ciel, le planétaire d’Herschel.

Tout le long du périple, Macartney et les Staunton père et fils sont constamment l'objet de marques protocolaires les plus élevées. Les mandarins qui les escortent les gratifient de cadeaux fastueux tout comme leur équipage. La réception réservée aux visiteurs est pleine de faste. Les tractations se multiplient. Les mandarins chinois ne manquent pas de bonnes manières pour excuser la fin de non-recevoir opposée aux demandes sans cesse réitérées de l’ambassadeur. Les âpres discutions concernant le rituel autour du « kowtow » (neuf prosternations en frappant le sol avec le front), d’usage protocolaire, devant l’Empereur ou tout objet qui le représente, se règleront finalement par une génuflexion accompagnée d’un salut de la tête (neuf fois, écriront les Chinois et laisseront sous-entendre les écrits du jeune George Thomas).

À Jehol, Macartnay et sa suite ne seront reçus qu’en tant qu’envoyés d’un chef barbares venus d’au- delà des mers avec les représentants des peuples vassaux et des autres peuples barbares, pour apporter leur tribut à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Qianlong. De faveurs commerciales, il ne sera pas question.

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Le retour sera précipité. Les cadeaux seront dédaignés. La retraite, qui s’engage par le Sud,  complètera le voyage initiatique de l’ambassade. Macartnay tentera en vain, de faire valoir ses prétentions, jusqu’à son dernier instant sur le sol chinois. L’échec est consommé. Il n’y aura plus qu’à reprendre la mer et peaufiner les comptes rendus de mission. La question du « kowtow » permettra de ne pas « perdre la face » à l’heure des bilans.

La vision anglaise :

Il ressort de ce récit que les Anglais pensent que leur culture et leur idée de la civilisation sont supérieures et incompatibles avec celles des Chinois. Appartenant à un peuple voyageur, navigateur hauturier, ils n’admettent pas que ces derniers se cantonnent dans leurs frontières, et pratiquent le cabotage le long de leur façade maritime. S’ils leur reconnaissent une grande ingéniosité pour compenser leurs retards techniques par la mise en action collective de l’inépuisable main d’œuvre, ils restent persuadés de leur supériorité. Chez eux, les fortunes se créent grâce à la révolution industrielle en plein essor. Le libéralisme est né en Angleterre. Après la théorie politique de John LOCKE (1632~1704) à l’origine du libéralisme et de la notion d’« État de droit », VOLTAIRE n’écrit-il pas dans Les Lettres anglaises, « Ceux qui méritent le nom d’infidèles sont ceux qui ont fait banqueroute. » ? Dans l’Empire du Milieu, les aristocrates sont les guerriers mandchous puis les mandarins lettrés chinois. Les marchands constituent la dernière classe de la société, très loin derrière les deux premières. Citoyens d’une monarchie parlementaire, ils ne voient dans les Chinois qu’un peuple livré à la merci d’un gouvernement absolutiste, centralisé, fondé sur des bases archaïques, dans lequel l’individu n’a pas d’existence. Nourris des lectures des philosophes des Lumières, pour eux, le bonheur individuel est lié au bonheur collectif. Ils ont laissé la tolérance prônée par les philosophes à Portsmouth et suivent d’un œil méprisant les cérémonies rituelles qui précèdent toute entreprise chinoise. Les préceptes de Confucius ? Des adages qui paralysent tout progrès ! Quant à la médecine chinoise, ils n’y voient que vaine subjectivité. Macartnay ne cherche pas à comprendre. La vision de la Chine qu’il transmet est négative. Il la juge incapable de progresser. Seul, l’emploi de la force pourra contraindre les Chinois à changer et s’ouvrir au marché britannique.

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La vision chinoise :

L’affaire du « kowtow » servira de prétexte aux uns et aux autres pour expliquer le fiasco politique et financier de l’ambassade. La lecture des instructions de Qianlong aux mandarins chargés de l’escorte de la pérégrination anglaise révèle que tout était perdu d’avance. Les Chinois échangeaient depuis le milieu du XVIe siècle avec l’Europe et le Japon par Macao sous administration portugaise. Ils commerçaient régulièrement avec les Russes qui avaient fondé un comptoir à Pékin. Ces derniers fournissaient des fourrures, des cuirs, des bois contre du thé, du coton et des porcelaines depuis le traité de Kiakhta de 1727. Des missionnaires étaient reçus et pouvaient prêcher le christianisme, certains vivaient dans l’entourage de l’Empereur. Le va et vient des courriers soigneusement annotés  et paraphés du rouge  impérial prouvent que Qianlong  suit la progression anglaise avec une attention particulière. Les Chinois s’enquièrent des querelles entre barbares, là-bas en Europe. Les britanniques ont établi leur hégémonie sur l’Inde voisine du Tibet en proie à des révoltes récurrentes contre l’Empire. Ils naviguent à bord de vaisseaux impressionnant et lourdement armés et se présentent comme maître des mers. Qianlong n’avait pas l’intention de céder quoique ce soit. Les Anglais étaient plus redoutables à ses yeux que les Portugais et les Russes. Les Anglais, loin d’être d’innocents visiteurs, évaluaient les capacités stratégiques et défensives de leurs hôtes, sans parler des prélèvements d’espèces végétales susceptibles d’être acclimatées en Inde. 

La dernière partie du récit concerne les conséquences de l’échec de l’ambassade Macartnay. Il en allait de l’équilibre du fret des navires et de la balance des capitaux de l’East India Company qui passaient par l’extension des ventes à la Chine. La consommation anglaise de thé, les soies, les cotonnades, les porcelaines, les laques et la mode des chinoiseries étaient en progression constante. La compagnie vendait le coton produit en Inde à Canton. En 1816- 1817, Lord Amherst (1773~1857) ambassadeur de George III reçu un accueil humiliant de la part de  l’Empereur Jiaqing. Les Anglais n’ayant pu obtenir des conditions plus favorables au négoce poussèrent alors leurs ventes illégales d’opium. Ce furent ensuite l’indigne Guerre de l’Opium suivies des expéditions armées internationales successives qui vinrent à bout de l’Empire des Qing.

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Alain PEYREFITTE entrecoupe son récit de ses opinions personnelles bien souvent concordantes avec les constatations et les jugements de l’ambassadeur. Pour lui, la caractéristique de la Chine, de tous temps et encore au vingtième siècle, est son immobilité. Rappelons que l’annonce par la France sous la présidence du général de Gaulle le 27 janvier 1964 d’établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, tenue à l’écart depuis 1949, avait eu l’effet d’une bombe. Dans les années qui ont suivi 1968, beaucoup d’intellectuels français étaient séduits par le communisme maoïste. Homme politique libéral, A. PEYREFITTE s’est rendu en Chine la première fois en  1971, dans le cadre d’une mission parlementaire, il y est retourné ponctuellement plusieurs fois. Ces raisons  expliquent le caractère du message qu’il tente de faire passer. Un message qui a la vie dure et qui permet d’occulter notre impréparation aux problèmes présents. Ce livre est paru à la fin des années quatre-vingt. Depuis, beaucoup de ses appréciations d’immobilismes sont obsolètes. Aux problèmes de circulation de capitaux, d’extension des marchés industriels et des besoins en matières premières, s’ajoutent aujourd’hui l’adaptation de toutes les nations à  ceux mondiaux, non encore maîtrisés, consécutifs à l’ouverture de la Chine à la société de consommation, à son expansion industrielle, urbaine et culturelle.

Dans L’Empire immobile ou  Le Choc des Mondes,  Alain PEYREFITTE s’est appuyé sur des documents qui offrent deux regards croisés sur un fait bien précis, l’ambassade de Lord Macartnay auprès de l’Empereur Qianlong. Son récit attractif peut être une approche intéressante dans la connaissance de l’Empire chinois et de l’administration de la dynastie des Quing.

Quelle leçon en retenir ? En 1964, Jules Roy, cornaqué par les guides et interprètes de Chine populaire, connut des tribulations du même ordre que celles vécues par l’ambassade Macartnay. Certes, l’enjeu n’était ni diplomatique, ni commercial, mais son expérience relatée dans Le Voyage en Chine (1965) chez Julliard, est intéressante à lire ou à relire. Fasciné par l’épopée personnelle de Mao, le motif de son voyage était une étude de repérage préparatoire d’un travail sur « La Longue Marche ». Les difficultés rencontrées furent telles que son projet devint irréalisable. « Il est vrai que cette foi que j’avais m’a quitté. Venu en Chine éperdu d’amour et d’admiration, j’en suis reparti amer et terrorisé. ». Quinze ans plus tard, Alain PEYREFITTE semble avoir gardé une première impression qu’il aurait pu avoir, lors de son premier voyage en 1971. Il est allé plusieurs fois en Chine, mais ses séjours ne pouvaient qu’être courts, en raison de ses autres activités. Pour lui, l’immobilité et son incapacité à changer sont caractéristiques de la Chine.

 Le livre est paru en 1989. Entre temps, la Chine de Deng Xiaoping applique depuis une dizaine d’années d’une politique de réforme, d’ouverture aux l’étrangers et de renaissance du secteur privé.

La Chine d’aujourd’hui relève le défit de la modernisation, est partie prenante dans la mondialisation et voit l’émergence de classes de capitalistes et de technocrates qui mettent la main sur les investissements, les marchés et la finance. Saura-t-elle régler les disparités entre les régions côtières et celles de l’intérieur, entre les villes et les campagnes, entre les élites qui s’enrichissent et la main d’œuvre laborieuses sous-payées, entre le secteur public et l’initiative privée ? Le prix d’un développement aussi prodigieux sera-t-il gérable concernant ses besoins faramineux de matières premières et ses conséquences écologiques catastrophiques. Le Pouvoir voudra-t-il et pourra-t-il trouver un équilibre entre l’autoritarisme nécessaire à sa bonne marche et  la liberté d’expression politique ? Voilà vingt-deux ans que le livre est paru. La conclusion ? wait and see ! Autrement dit, gardons-nous de jugements hâtifs et simplistes !

A propos du règne de l’Empereur de Chine Qianlong (1711~1799) message de colinecelia cliquer ici

 

Liens

Iconographie :

Portrait de Macartnay

L'empereur Qianlong

Qianlong reçoit l'ambassade Macarney en Chine

Portrait de Quianlong en vêtements de cour

Portrait d'un soldat chinois par William Alexander

 

Articles

Mise en  lumière des raisons de l'échec de l'ambassade Macartney

 

La sinologie immobile par Harriet T. Zurndorfer

 

Notes

1 - George III (1738~1820) : http://fr.wikipedia.org/wiki/George_III_du_Royaume-Uni

2 -Qianlong (1711~1799) ou K’ien-Long fut le 4ème Empereur de la dynastie mandchou  des Qing. Empereur de Chine en 1735, à la mort de son père. Qianlong abdiqua à 84 ans (1796), en faveur de son fils Jiaqing (1760~1820), qui fut Empereur de 1896 à 1820.  Qianlong conserva cependant la réalité du pouvoir jusqu’à sa mort.

Sources : Le Petit Robert des noms propres Dictionnaires Robert, 27 rue de la Glacière 75013 PARIS

Portrait de Qianlong en vêtement de cour :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Portrait_of_the_Qianlong_Emperor_in_Court_Dress.jpg

3 -L’île d’Amsterdam est une petite île française des Terres australes et antarctiques françaises située dans le sud de l’Océan indien. Elle se trouve non loin de la route entre Le Cap et les îles de la Sonde, l'ancienne route maritime reliant l'Europe aux Indes. Aperçue et mentionnée dans le journal de l'expédition de Magellan en 1522, observée ensuite à plusieurs reprises par des navigateurs au début XVIIe siècle, c'est un Hollandais, le navigateur Willen de Vlaming sur son bateau le Novara, à la recherche d'un navire perdu qui fut en 1696, le premier à y débarquer Au XIXème siècle elle n'était fréquentée que par des pêcheurs, des chasseurs d'otaries ou de baleines et des naufragés.

4 -La première décade du huitième mois lunaire se situe entre le 5 et le 14 septembre.

 
   

 

21 août 2011

DUVAL Roland (1933) - Biographie – Bibliographie – Filmographie

DUVAL Roland (1933) - Biographie – Bibliographie – Filmographie

 

Roland DUVAL, bien que né à Paris en 1933, a passé la plus grande partie de son enfance en province successivement à Mulhouse, Laon, Lyon. Après l’exode devant l’arrivée des troupes allemandes, celle-ci se poursuit dans l’Ain de 1940 à 1944. Il entreprend des études de journalisme à Lille puis revient à Paris où il fait ses études de lettres modernes à la Sorbonne. Il a fait son service militaire au service météo de la base aérienne de Metz. C’est à la fac de lettres qu’il a rencontré celle qui deviendra son épouse.

Installé avec sa famille dans le Gâtinais, à Montargis (Loiret), il a exercé la plus grande partie de sa carrière de professeur de lettres au Lycée en Forêt. La retraite venue, il a fait partager ses amours littéraires et cinématographiques, au cours d’un septennat de professeur et de conférencier qu’il est toujours, à l’Université du Temps Libre de Montargis.

C’est un homme à multiples facettes :

Sportif, il a longtemps pratiqué le football dans une équipe d’amateurs et soutenu les exploits ou les déboires de l’USM, l’équipe locale.

Journaliste, il a été correspondant, critique de cinéma pour des journaux parisiens. Il a participé à la création des Editions de l'Atlante en janvier 1974, qui éditait la revue « Écran » (1972~1979) à la suite des éditions B and B et en a été un des rédacteurs. Il fait toujours partie de l’équipe rédactionnelle de l’Éclaireur du Gâtinais, où il est l’auteur de « La Gondole » (dans les 2 sens du vocable), la Chronique hebdomadaire du Grand Gondolier sur des faits locaux, nationaux ou internationaux, sur un mode humoristique, ironique et un brin provocateur. Il y établit un bilan comparatif météorologique mensuel pour l’agglomération. Ses critiques cinématographiques avisées et documentées, qui paraissent aussi dans La République du Centre (Orléans), sont attendues par les cinéphiles.

Météorologue amateur, il a coutume d’affirmer que la météorologie était sa vocation réelle qui fut contrariée par les maths. Il collectionne les relevés d’un réseau d’informateurs de la région depuis que très nombreuses années, ce qui lui permet d’établir ses comparatifs et d’évaluer les théories climatologiques et météorologiques développées par MONTESQUIEU dans «De l’Esprit des Lois  », comme de celles qui ont cours actuellement sur le réchauffement climatique.

Passionné de cinéma, dans les années 60, il crée et anime un ciné-club avec un interne du lycée, Pascal Thomas (né en 1945). Leur amitié se concrétisera par la collaboration de Roland Duval à la rédaction ou à l’adaptation de scénarios de cinq films, avec le réalisateur.

Écrivain, il s’est exprimé dans des genres aussi divers que ses passions sont variées. Beaucoup de ses productions ont été éditées à compte d’auteur.

 BIBLIOGRAPHIE :

1956, Compère qu’as-tu vu ? Une enfance occupée (édit. du Tiroir)

1997, L’acte manqué ou Éloge de la désinvolture (édit. JPB)

1998, Le voyageur immobile, petite histoire du cinéma (édit. JPB)

2002, Quarante ans de gondole...et il rame encore ! mémoires (édit. JPB)

2003, Météorologie sentimentale roman, Société des écrivains (épuisé)

2004, Heureux élus politique-fiction, (édit.JPB)

2004, Ces écrivains qui ont fait la France littérature et politique de 1100 à 2000 (édit ; du Christ)

2005, Déconner, traité de savoir-vivre (édit. de la Gondole)

2006, L’empire des Femmes vaudeville mythologique (édit. de la Gondole)

2008, Les cramés de la bobine  (édit. de L’Écluse), sur le cinéma

2008, Suites féminines (édit. de L’Écluse), qui est un hommage épistolaire à quarante femmes de lettres

2009, Mes années météo (édité par l’auteur et diffusé par les Éditions de L’Écluse)

2011, Guerre froide au lycée en forêt (édit. de L’Écluse),

FILMOGRAPHIE de comédies réalisées par Pascal Thomas :

1973, Les Zozos, scénariste et adaptateur

1973, Pleure pas la bouche pleine,  scénariste et adaptateur, (romance)

1976, La surprise du chef, scénariste et acteur

        1981, Celles qu’on n’a pas eues, scénariste

        2007, L’heure zéro, scénariste, (mystère)

 


14 août 2011

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt

Roland DUVAL (1933) – Guerre froide au Lycée en Forêt (2011)

 Un ballon dégagé maladroitement sort du terrain annexe du centre sportif proche du micro-campus à l’américaine qu’était,  pour l’époque, l’établissement récemment érigé à la lisière de la forêt domaniale de Montargis. Un gamin, lancé à sa poursuite découvre, dans les fourrés, une femme inanimée, à dix mètres à peine de la touche. Le match de foot rituel élèves-professeurs de fin d’année scolaire du lycée en forêt est aussitôt interrompu, bien avant le temps règlementaire.

La  jeune femme est tombée à plat ventre dans le sous-bois, avant d’avoir pu, semble-t-il, accéder au terrain. Elle est vêtue curieusement d’un costume folklorique hongrois. Le docteur Guillemot, appelé pour la secourir, reconnaît Marina Szabo son ex-fiancée. En dépit de ses efforts pour la ranimer, le médecin éploré ne peut que constater la mort de Marina  par overdose de barbituriques, associés à de l’alcool.

Nestor Duchemin s’interroge :

- Pourquoi cet accoutrement ?

- Suicide, ou mort provoquée ?

- Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ?

- Pour lequel de ses anciens amants présents à ce match, Marina est-elle revenue ? Guillemot, le fiancé abandonné à la publication des bancs ? Dietrich Varady, l’assistant d’allemand, réfugié d’origine hongroise, comme elle ? Son ancien employeur, le séducteur Léon Corentin, professeur de lettres ?

- Conclusion, ou épisode dramatique du soulèvement lycéen en écho à la révolte étudiante de Mai 1968 ?

Duchemin trouvera bien sûr réponse à toutes ces questions.

Q/ R

Q : -Pourquoi toutes ses découvertes n’ont-elles jamais été publiées, à l’époque ?

R : -Tout simplement parce que la France était sous une chape de silence médiatique ouaté parcouru de rumeurs. Europe 1, seule radio à couvrir l’action concentrait ses sources sur Paris et les grandes métropoles.

Q : - Et pourquoi ne l’ont-elles pas été  après ?

R : - Mais, parce qu’après les évènements et les grèves généralisées, les Accords de Grenelle sur les salaires occupaient la une dans tous les médias et tous les esprits.

Q :- Pourquoi Nestor Duchemin, introduit dans le milieu du journalisme, a-t-il attendu quarante-trois ans pour témoigner ?

R : Lui seul pourrait nous répondre !   

Afin d’éclairer le processus, qui a généré la tournure des évènements en mai et juin 68 au lycée en forêt, Nestor nous invite à l’accompagner dans les couloirs de la Sorbonne, en 1956, au cœur des manifestations révolutionnaires de Mai 1968 du lycée, et même à franchir le Rideau de fer vers  Budapest et Berlin.

Nestor Duchemin, professeur de lettres au lycée en forêt, cycliste urbain, passionné de football, de météo, de cinéma, journaliste, n’est autre que le double de l’auteur du roman. Dans le tableau des évènements qu’il expose et les portraits qu’il brosse, les lecteurs des chroniques hebdomadaires de Roland DUVAL retrouveront  ses expressions favorites, son style, son humour cocasse, son recul goguenard sur les faits, recul mêlé d’aversion ou de complicité. Le narrateur se pose tantôt en témoin neutre, témoin complice qui dit « chiche » - histoire de voir – ou emboîte hardiment le pas des meneurs. Il se plaît à souligner les situations absurdes et les actions paradoxales, quitte à en être l’acteur. La description de la palette de nuances et les « révisions » internes des courants politiques, qui agitaient le milieu estudiantin en 1956, amusera sûrement nombre d’entre-nous.

L’évocation de certaines figures montargoises réveillera chez les plus anciens habitants de la ville, des souvenirs émouvants. Aucun d’entre eux  n’a oublié Monsieur Frayer, dont la librairie, véritable caverne d’Ali Baba pour les bibliophiles, était aussi un forum de discussions littéraires et politiques dans un va et vient permanent d’enseignants, les jeudis et les samedis. Quant aux vociférations martiales proférées à travers un des multiples salons de coiffure du quartier de la Chaussée pas encore détruit, elles résonnent encore aux oreilles des vieux clients.

Livre agréable à lire, distrayant, amusant, Guerre froide au lycée en forêt invite aussi à réfléchir sur l’origine, sans facebook, ni téléphone mobiles (C’était déjà bien beau d’avoir accès à une ligne de téléphone fixe !), et les conséquences réelles de ces journées d’exaltation prometteuses pour les uns, d’agitation stérile pour d’autres ou  pour d’autres encore, de bouleversements  irréversibles.

 

Pour lire : DUVAL Roland (1933) -Biographie – Bibliographie – Filmographie

 

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7 août 2011

Le Château de Montargis

Le Château de Montargis (Loiret) FRANCE

          Le château que nous voyons aujourd’hui à Montargis, au bord du plateau qui domine la vallée du Loing fut édifié à la fin du 19ème siècle, sur l’emplacement d’un château royal, témoin de plus de 7 siècles d’histoire de la ville.

Le Château de Montargis 001

XIIe et XIIIe siècles

Au début du 12ème siècle, Montargis fait partie des possessions de la puissante famille de Courtenay. Afin de contrôler et de défendre le carrefour des routes Sens-Orléans et Paris vers le Sud, un petit château est construit par Renault de Courtenay (1105~1194), en surplomb de l’agglomération, elle-même située au confluent de quatre rivières. La chapelle Sainte Marie, paroisse de la ville est bâtie à proximité de 1134 à 1142.

Les possessions des de Courtenay entrent, puis sont maintenues dans celles de la Couronne de France par l’arrangement de plusieurs mariages unissant la famille royale à la famille de Courtenay. Pierre, (v. 1126 ~1183), le septième enfant du roi Louis VI le Gros épouse Élisabeth de Courtenay (1127~1205), en 1151, et devient seigneur de Montargis sous le nom de Pierre 1er de Courtenay.

 Philippe Auguste (1165~1223) fait ériger une grosse tour de défense en 1184.

 Les travaux défensifs s’achèvent avec la première enceinte  de la ville au début du 13ème siècle.

Charles de Valois (1270~1325) épouse Catherine de Courtenay (1274~1307)

 

Au XIVe siècle :

Charles V de Valois dit Charles-le-Sage (1364~1390), entreprend  à partir de 1370 des travaux d’extension et de rénovation. Il en confie la réalisation à Raymond du Temple (?~ 1403 ou 1404), architecte du Louvres, du château de Vincennes et du château de Sully-sur Loire.

  Il fait réaliser :

Plan de la Grande salle du château par du Cerceau

- la grande salle des armes, 56 m de long et 17 m de large avec 6 cheminées monumentales, éclairée, sur le côté ouest du château, par 17 fenêtres garnies de vitraux,

- un donjon  central de 130 m à 140 m avec une plateforme crénelée qui domine le château,

- un corps de bâtiments au Nord,

- l’église Sainte Marie au NE,

- une rangée d’habitationsau Sud.

Les travaux se terminent en 1380, par la pose d’une des premières horloges de France.

 Des murailles cernent le château et se raccordent aux remparts de la ville. Les communications avec l’extérieur se font au Nord par le « guichet » sous la grosse tour, à l’Ouest sur la cour devant le logis royal et au Sud-Est par la poterne ouverte sur la ville.


       Le fossé de défense de Montargis se prolonge tout autour du château.  Une deuxième enceinte est réalisée autour de l’agglomération.

Plan           XVIe siècle :
           Louis XII de Valois (né en 1462) meurt en 1515 sans héritier mâle, François 1er de Valois (1494~1547) lui succède au trône et épouse Claude de France (1499~1524) issue du mariage d’Anne de Bretagne (1477~1514) avec Louis XII et donc héritière du royaume de Bretagne où la loi salique ne s’applique pas. À la mort de Claude en 1524, sa jeune sœur Renée de France (1510~1575, alors âgée de 14 ans est spoliée de son héritage breton par le Roi en échange d’apanages dont la seigneurie de Montargis et un dédommagement financier qui ne fut jamais versé.

Le Château de Montargis sur les plans de du Cerceau-1

 

En 1528, Renée est mariée à Hercule II d’Este (1508~1559), duc de Ferrare et de Reggio. À la mort du duc, en 1559, Renée choisit de vivre jusqu’à sa mort en 1575, dans sa seigneurie de Montargis. Protestante, Renée de France fait, de la ville et surtout du château, un foyer du protestantisme. Dès son arrivée, elle entreprend de gros travaux de rénovation du château qui avait souffert de manque d’entretien et des conséquences de l’incendie qui détruisit  entièrement la ville en 1525. Elle en confie la direction à Jacques 1er Androuet du Cerceau (v.1515~1585). Elle fait venir Jérôme Teste d’Italie pour la réalisation des jardins. Les jardins d’agréments se prolongent à l’extérieur du fossé par les jardins de subsistance, encadrant le château comme une collerette.

Le 31 octobre 1587, au cours d’un épisode des guerres de religion, une mine fait sauter le pont-levis et fend la grosse tour.

XVIIe siècle :

Pendant la minorité de Louis XIII, Marie de Médicis (1573~1642) rachète la seigneurie de Montargis aux héritiers d’Anne d’Este (1531~1607), la fille de Renée de France, en 1612. Désormais, la seigneurie de Montargis  appartient à la Maison d’Orléans jusqu’à la Révolution. Philippe d’Orléans (1640~1701), frère de Louis XIV (1643~1715), vient souvent au château. Il fait détruire la grosse tour devenue dangereuse, l’église sainte Marie, en ruine depuis un siècle,  et l’énorme donjon.

De 1789 à la fin du XIXe siècle - Révolution française - Conséquences de la vente des biens nationaux :

À la révolution, le château, bien national, est acheté par la ville puis rétrocédé en 1791 au comte de la Touche-Tréville qui installe une filature de coton dans la « grande salle ». Le château, qui en très mauvais état, est ensuite acquit en 1809, par Jean Antoine Massé qui entreprend aussitôt sa démolition et la vente des matériaux récupérés, non sans susciter l’émotion et une vaine tentative de sauvegarde du monument par de nombreux artistes dont le peintre Girodet (1767~1824). Après 1825 la revente des lieux par Massé, les propriétaires successifs poursuivent l’entreprise de déconstruction.

Le Château de Montargis 009Le Château de Montargis 004

 

Le Château de Montargis 011

Aujourd’hui :

Le château actuel, édifié à la fin du 19ème siècle, a gardé la tour d’angle des remparts. La tour carrée de la poterne d’accès par la ville existe toujours. Aujourd’hui, l’emplacement est occupé par un lycée d’enseignement privé. Le public peut encore visiter les vestiges de la crypte de l’ancienne église Sainte Marie dédiée à Saint Guinéfort et les caves médiévales du château.

 

Des fonds publics, auxquels s’ajoute une souscription privée toujours ouverte, financent les travaux entrepris, depuis 2010, pour la restauration des remparts dominant la ville, et la reconstitution partielle des jardins d’agrément.

Pour voir la vidéo sur l'histoire succincte du château de Montargis commentée, montée par ColineCélia, sur youtube:  cliquez ici
On peut trouver plus de détails sur la vie de Renée de France au château de Montargis dans Les dernières Dames de Montargis au temps des guerres de religion d’ Huguette LELOUP–AUDIBERT

Jacques Androuet du Cerceau (Paris v. 1510) Annecy ou Genève v. 1541) Il fit deux séjours en Italie (1530 à 1537 et 1541). En France, il éleva le château de Verneuil-sur-Oise (1565~1575), dont l’ordonnance fut souvent reprise au XVIIe siècle et pour Henri III, le château de Charleval (détruit) ; il adopta des formes courbes, un décor plein de fantaisie ainsi que l’ordre colossal. il publia plusieurs recueils de gravures : Arcs et Monuments antiques (1549~1560), Livre des édifices antiques et romains (1584) et Livres des grotesques (1566) où s’affirme son goût pour le décor luxuriant.  Les représentations du château ci-dessus proviennent de Jacques Androuet du Cerceau. (déf. Le petit Robert des noms propres)

 

Note : De nombreux éléments de ce résumé proviennent d’articles de M. Gaston LELOUP, historien, qui se trouvent dans le fascicule «  Le château de Montargis d’hier à aujourd’hui » édité par l’Association pour la Sauvegarde des Remparts disponible au Syndicat d’Initiative de Montargis.



24 juillet 2011

QUI A DIT et ÉCRIT ? «...ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse. »

QUI A DIT et ÉCRIT ?

 «...ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse. »

Extrait des Œuvres complètes, Tome 1er, Sermons, Avent – Carême – Fêtes et Dimanches de Jacques Bénigne BOSSUET (1627~1704) édition de 1836 - Google livres pages 515 et 516 dans le chapitre sur « La justice »

« ... Je parle premièrement à tous les hommes, et je leur dis à tous de la part de Dieu : O hommes, quels que vous soyez, quelque sort qui vous soit échu par l’ordre de Dieu dans le grand partage qu’il a fait du monde, soit que sa providence vous ait laissé dans le repos d’une vie privée, soit que vous tirant du pair, elle ait mis sur vos épaules avec de grandes charges, de grands périls et de grands comptes à rendre : puisque vous vivez tous en société sous l’empire suprême de Dieu, n’entreprenez rien les uns sur les autres, et écoutez les belles paroles que vous adresse à tous le divin Psalmiste : Si vere utique justiciam loquimini,recto judicate, filii himinium (Ps LVII .1)[1] : ‘’Si c’est véritablement que vous parlez de la justice, jugez donc droitement, ô enfants des hommes.’’

Permettez-moi chrétiens,de paraphraser ces paroles, sans me départir toutefois du sens littéral, et de vous dire avec David : O hommes, vous avez toujours à la bouche l’équité et la justice ; dans vos affaires, dans vos assemblées, dans vos entretiens : on entend partout retentir ce nom sacré ; et si peu qu’on vous blesse dans vos intérêts, vous ne cessez d’appeler la justice à votre secours : mais si c’est sincèrement et de bonne foi que vous parlez de la sorte, si vous regardez la justice comme l’unique asile de la vie humaine, et que vous croyiez avoir raison de recourir quand on vous a fait tort, à ce refuge commun du bon droit et de l’innocence, jugez-vous donc vous-mêmes équitablement, et ne vous laissez pas aveugler par votre intérêt ; contentez-vous dans les limites qui vous sont données, et ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse. »        



[1] Autres traductions : d’après les textes originaux par l’abbé A. CRAMPON chanoine d’Amiens La Sainte Bible (Société de St Jean l’Évangéliste Desclée et Cie, Édit. Pont. PARIS – TOURNAI – ROME

Ps. 58 Hymne de David pages 716 et 717

 « Est-ce donc en restant muets que vous rendez la justice ?

Est-ce selon le droit que vous jugez, fils des hommes ?

Non : au fond du cœur, vous tramez vos desseins iniques.

dans le pays vous vendez au poids la violence de vos mains.

 

en notes : LVIII. En restant muets. litt. mutisme. LXX ET Vulg., parlez-vous vraiment eslon la justice ?  - Vous jugez, fils des hommes. Ou bien : vous jugez les fils des hommes.

Vous vendez au poids (litt. vous pesez la violence de vos mains LXX et Vulg. Vos mains tissent l’injustice.

 

Dans La Sainte Bible traduite en français sous la direction de l’École biblique de Jérusalem aux Éditions du Cerf 29, boulevard Latour-Maubourg PARIS 1961

Psaume 58 (57) Du maître de chant. « Ne détruis pas. » de David. Miktam.

« Est-il vrai, êtres divins, que vous disiez la justice,

que vous jugiez selon le droit les fils des hommes,

Mais non ! de cœur vous fabriquez le faux,

de vos mains, sur terre, vous pesez l’arbitraire. »

 

en notes :‘’êtres divins’’ corr. (litt. ‘’dieux’’) ; ‘’en silence’’ hébr. – L’expression est appliquée ici aux juges et aux princes.

 

 

18 juillet 2011

PASKAL CARLIER (1963) – Grossir à en mourir (2009)

PASKAL CARLIER (1963) – Grossir à en mourir (2009)

 

Patrick Legendre n’a plus le profil. Copie conforme, jusqu’à présent, de l’avatar imaginé par les concepteurs des bureaux de marketing, pour les ressources humaines d’une chaîne de magasins de matériel informatique, Legendre a pris énormément de poids ces derniers temps. Il n’entre plus dans l’uniforme fourni par la firme à ses vendeurs. Il n’est plus qu’un bibendum qui se traîne lamentablement, le regard éteint, entre les rayons regorgeant de produits high-tech. Quelle image de l’enseigne donnée à la clientèle ! Ses quotas de vente fléchissent ! Ils finiront par impacter le chiffre d’affaire de la succursale ! Il est temps d’en finir !

Ce lundi 20 juin 2005, c’est à licencier Patrick Legendre que s’emploie justement le directeur du magasin, Lukas Desjeans, le héros du roman,. N’a-t-il pas déjà mis en garde son subordonné sur son laisser aller ? Legendre est venu à la convocation de Lukas, accompagné d’une femme âgée. Il a beau pleurnicher lamentablement qu’il est malade, qu’il se soigne, que, son traitement achevé, tout rentrera dans l’ordre, son supérieur  reste insensible. Sans états d’âme, Lukas, dégoûté, regarde Legendre, effondré et larmoyant, quitter son bureau. La femme en noir franchit avec lui le pas de la porte, se retourne et lance à Lukas des imprécations menaçantes avant de disparaître.

Lukas Desjeans est un jeune cadre sportif, heureux en amour avec Julie, sa compagne, qui partage ses goûts. Ses qualités professionnelles, son dynamisme au service de son ambition lui ont ouvert l’accès à une excellente situation de directeur dans une entreprise commerciale. Situation assortie d’un salaire qui lui assure une vie confortable, l’accession à la propriété d’un appartement de standing à Neuilly-sur Seine et le plaisir de rouler  à bord d’un bolide, sa Porsche 944.

Dans son journal commencé de lundi 20 juin 2005, avec pour sous titre  –  Le jour où tout a basculé – Lukas associe le lecteur à son combat pour sortir du calvaire cauchemardesque qu’il gravit dès l’instant où la vieille femme en noir a proféré : « Toi aussi tu vas grossir, tu vas tout perdre, rien ni personne ne pourra te venir en aide et tu finiras par en crever. ».

Puristes soyez indulgents pour cette petite maison d’édition s’il vous plaît ! Les grigris des correcteurs informatiques sont impuissants face aux maléfices grammaticaux orthographiques et typographiques de la vieille femme en noir !

Le style, la syntaxe, le vocabulaire, la sensibilité, l’humanité de Paskal Carlier sont accessibles à tous. Grossir à en mourir est un récit dans lequel on trouve le suspense angoissant d’un thriller, mais qui amène chacun à réfléchir sur sa conception du bonheur, de la réussite sociale, les conséquences des comportements collectifs et individuels, la précarité du présent, la solitude dans l’épreuve. La morale à tirer de ce conte du XXIe siècle se rapproche de la recommandation  de BOSSUET, dans un sermon sur la justice, « ... ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse. ».[1]

  L’AUTEUR :

PasKal Carlier le 11 mai 2011

Paskal CARLIER est né en 1963 à Beaumont-sur-Oise. Il vit depuis de nombreuses années à Montargis (Loiret), où il a été élevé dans le quartier de la Chaussée. Il est amateur de musique et aime peindre.

Paskal CARLIER a écrit et chanté environ 200 chansons dans des soirées cabaret et a été animateur de radio libre. Il a toujours aimé écrire des poèmes et des nouvelles.

En 2002, une de ses nouvelles a été retenue pour le 3ème prix au concours du Salon du Livre de Montargis. Il a reçu le prix d’excellence pour un de ses poèmes dans un concours international de poésies.

En 2009, il publie  un conte pour enfants : Les 6 trouilles et leur pot Iron chez Paultick aux Éditions Bio.

Après sa rencontre avec Cécile FAREZ, écrivain public, il franchit le pas vers le roman et écrit Grossir à en mourir, publié en 2009 aux Éditions Plumes Libres, rapidement épuisé. La troisième édition de ce roman remaniée par l’auteur est parue en mars 2011.

Paskal CARLIER est un battant inventif et généreux. Il a décidé de se donner les moyens de réaliser sa passion. Adepte de toutes les possibilités d’ouverture et d’échanges culturels offertes par internet, il s’est lancé dans l’édition en ligne en créant Le Forum des écrivains libres ouvert à toute personne qui écrit.

Il a participé à l’édition d’un recueil L’envol des mots  et d’un conte de Noël.

Avec son épouse et deux autres personnes, il a créé une association ‘loi 1901’, « Plumes Libres Éditions » qui a une boutique de vente en ligne à partir de son site internet.

En 2010, Paskal CARLIER crée sa propre maison d’édition « Les Éditions du Préau » spécialisée dans la littérature pour la jeunesse mais qui publie aussi quelques romans pour adultes.

On peut lire une de ses nouvelles pour enfants, Les Robinsons de Bretagne, sur le site « L’instant poétique ».

http://www.instant-poetique.com/nw_nouvelle3.php?NouvID=115



[1] Ce conseil est tiré  des Extrait des Œuvres complètes, Tome 1er, Sermons, Avent – Carême – Fêtes et Dimanches de Jacques Bénigne BOSSUET (1627~1704)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/07/24/21666724.html

3 juillet 2011

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Jim HARRISON (1936) – Retour en terre (2007)

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice MATTHIEUSSENT[1]

Dans Retour en terre, Jim HARRISON nous conduit à nouveau auprès de la famille Burkett qui avait fait l’objet du roman De Marquette à Veracruz (2004). Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis la mort tragique du père de famille au Mexique. Donald, le mari métis Chippewa-Finnois de Cynthia est corbeau PAPOatteint de la maladie de Lou Gehrig[2].

Conscient de l’évolution inéluctable de son mal et de celle, tout aussi inexorable, de la civilisation de ses ancêtres, Donald décide de transmettre à ses enfants l’histoire de leurs ascendants. La première partie du livre est la transcription par Cynthia du récit  de son époux. La saga de trois générations de Clarence s’accompagne d’un testament spirituel acquis sur la terre de ses ancêtres au cours de son initiation aux rites des Indiens Anishnabe. Cynthia complète le récit de Donald de  précisions et de commentaires explicatifs, placés entre crochets.

Dans laLa coiffure Mohawk PAPO deuxième partie, K, le fils de Polly, très proche de Donald en qui il a trouvé un oncle d’adoption après la mort accidentelle de son père, reprend le récit. La famille, regroupée autour du couple, s’emploie à ménager le malade et soulager ses souffrances. L’échéance venue,  tous ses proches accompagnent l’agonisant vers la délivrance qu’il a choisie et participent à l’exécution de son vœu de retour en terre rituel, sur le lieu de son initiation spirituelle.

Très éprouvée, épuisée par sa lutte contre l’impitoyable mal, lentement, Cynthia, dans la quatrième partie, fait face à l’absence, à la douleur, à la dépression qui suit la mort de l’homme qu’elle aimait. Quel sens donner à la vie  désormais? Comment apprendre à vivre autrement ? Comment réapprendre à aimer ? 

Les évènements relatés s’écoulent sur une année. En réalité, ils sont composés d’un assemblage de souvenirs, de divers points de vue sur de mêmes faits, d’anecdotes sans cohérence les unes et les autres. Des récits en vrac bien rendus composent le message de Donald pressé par le temps qui lui reste ; ses idées se bousculent et les digressions se multiplient. Des échanges  sans homogénéïté, des afflux de souvenirs se rattachant à Donald, des questions existentielles, ces propos décousus tenus par les membres de son entourage témoignent de leur perturbation. Leurs obsessions et le présent bassement terre à terre imprègnent ce chaos hétéroclite. Un discours instable traduit le travail de deuil  de Cynthia doublé de son inquiétude devant l’état dépressif quasi suicidaire de sa fille Clara.

Dans la troisième partie, le frère de Cynthia, David, vours noir d'Amérique PAPOientpasser l’été dans son chalet dans le Nord, après la mort de Donald. Il  été retenu par ses occupations au Mexique où il apporte de l’aide aux immigrants latinos qui tentent de franchir la frontière mexicaine. Le meurtre du père et la publication de l’essai sur les méfaits de la famille Burkett ruminés sur trois décennies, n’ont pas délivré David n° 4 de ses démons. Bien que sorti du Golfe du Mexique, David continue de mener sa barque avec une seule rame, c'est dire qu’il n’avance pas.

Jim HARRISON tirerait-il sur la ficelle ? Cette narration davidienne, insérée dans le fil du roman, donne une impression de déjà vu, de redit. Ce procédé avait déjà été exploité plus habilement dans des romans antérieurs, en particulier dans La route du retour (1998).

Dans De Marquette à Veracruz, Jim HARRISON avait privilégié les conséquences de l’action des colons venus du nord de l’Europe sur les ressources naturelles. Dans Retour en terre, tout en laissant planer leur caractère mystérieux, il s’intéresse à travers Donald, à la survivance de la spiritualité de certaines populations autochtones de la région des Grands Lacs, aux vertus prémonitoires qu’elles attribuent aux rêves et leur foi dans une réincarnation animale de l’esprit d’un défunt.

[1] [1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi  à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

[2] Lou Gehrig est le nom d’un joueur de baseball célèbre mort de cette maladie en 1941. Il s’agit de la  sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot qu’on appelle maladie de Lou Gehrig aux États-Unis. http://fr.wikipedia.org/wiki/Scl%C3%A9rose_lat%C3%A9rale_amyotrophique

 

26 juin 2011

ORIGINE DE QUELQUES ÉGLISES PROTESTANTES - LE MÉTHODISME – NIKOLAUS VON ZINZENDORF – LE PIÉTISME – LES FRÈRES MORAVES

ORIGINE DE QUELQUES ÉGLISES PROTESTANTES

LE MÉTHODISME – NIKOLAUS VON ZINZENDORF – LE PIÉTISME – LES FRÈRES MORAVES

 

Le méthodisme est un mouvement religieux  créé en Angleterre par John Wesley en 1729. Le méthodisme a pris naissance dans l’anglicanisme. (Sources : Le Petit Robert – dictionnaire de la langue française)

 John  Wesley (1703~1791): était un prêtre anglican et un réformateur religieux britannique. Il a fondé le méthodisme. À Oxford il dirigea une société pieuse puis il partit en Amérique (1735). De retour à Londres, il se « convertit » subitement le 24 mai 1738, accomplissant un retour aux sources de la Réforme sous l’influence d’un missionnaire morave (Zinzendorf). Il organisa alors la prédication dans toute l’Angleterre, notamment en milieu industriel, prêchant lui-même. Il rompt avec l’Église anglicane en 1784.

À sa mort, on comptait environ méthodistes en Grande Bretagne et 60 000 aux États-Unis. (Sources : idem et  http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Wesley)

 Le comte Nikolaus Ludwig von Zinzendorf (1700~1760) : est né à Dresde et fut élevé dans le piétismeIl fit ses études à Halle et à Wittenberg, puis il voyagea en Hollande et en France où il prit contact avec les milieux protestants et catholiques. En 1727, il renonça à ses fonction de conseiller juridique à la cour de Dresde pour se consacrer à la direction d’une communauté hussite réfugiée sur les terres de Berthelsdorf. Pour elle, il fonda le village de Herrnhute et restaura l’ordre des Frères moraves. La communauté restait au sein de l’église luthérienne mais avait une organisation théocratique, à la fois communautaire et patriarcale, et se caractérisait par son esprit de tolérance et la recherche d’une foi vivante et personnelle.

Zinzendorf fut chassé de Saxe en 1738. Il voyagea alors en Europe et en Amérique, où il chercha à propager ses idées religieuses. À son retour en Saxe en 1747, il fit adhérer les Frères moraves à la confession d’Augsbourg. Il est auteur de cantiques qui sont encore en usage dans les communautés de Herrnhute. (Sources : Le Petit Robert des noms propres)

Le piétisme : est une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle et du sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale. Ce mouvement religieux fut fondé à Francfort par un pasteur luthérien, Philipp Jacob Spener (1635~1705). (Sources : idem et  http://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A9tisme)

           Les Frères moraves : Il s’agit d’une Église protestante issue du hussisme, le mouvement des disciples de Jan Hus (1371~1415), lequel fut excommunié en 1512 puis brûlé vif à Constance en 1514. Ceux-ci sont organisés en communautés sur le modèle de la fraternité des premiers chrétiens qui s’opposent à la richesse du clergé, mènent une vie austère retirées du monde, refusent la violence et revendiquent le droit de prêcher. Ils traduisent la bible en langue vulgaire. Cette église fut persécutée en Moravie (Est de la Tchéquie) dès l’origine. Elle s’installe en Saxe en 1722. Après l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918, cette « Église évangélique tchèque des Frères », y devint prépondérante. Depuis, ils ont eu une très intense activité missionnaire, multipliant les communautés en Europe Centrale, en Angleterre, aux États-Unis, dans les Caraïbes et au Groenland. (Le Petit Robert – dictionnaire de la langue française – et http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_Moraves)

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