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27 février 2011

William FAULKNER (1897~1962) - BIOGRAPHIE – SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

William FAULKNER (1897~1962) -BIOGRAPHIE

SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

BIOGRAPHIE : William Falkner, dit William FAULKNER, né à New Albany, Mississipi le 25 septembre 1897, est issu d’une vieille famille aristocratique d’industriels sudistes ruinés par la Guerre de  Sécession[1] et devenus quincailliers au Tennessee.

     Méprisant les Yankees, pendant la  Première Guerre Mondiale il s’engage dans l’aviation canadienne où il est élève-pilote en 1918. Il fait connaissance de l’écrivain Sherwood ANDERSON (1873~1941) dont il s’inspira pour écrire Monnaie de singe (1925). Les hostilités ayant cessé, il est étudiant en français à l’Université de Mississipi (1919-1921). Ses études inachevées en 1921, il a travaillé temporairement, comme postier, comme employé dans une librairie, puis pour un journal de la Nouvelle Orléans.

     En 1924, il publie à compte d’auteur sa première œuvre, un recueil de vers champêtres, Le Faune de marbre.

     Après la publication de Monnaie de singe il se rend en Europe en 1925 et séjourne en Italie du Nord, à Paris, à Londres. En 1930, il achète sa propriété de Rowan Oak (Oxford), où il s’installera définitivement en 1931, au moment de son mariage avec Estelle. Il y vivra en gentleman-farmer. Le couple aura une fille Jill. Les époux étant tous deux alcooliques, cette union se révèle rapidement catastrophique. La même année, il donne quelques nouvelles à des revues et publie un roman rural picaresque Tandis que j’agonise. Il rédige Lumière d’août (1932).

     Le comté d’Oxford sert de décor sous le nom de Yoknapatawpha à la « saga des Jefferson » qui comprend Sartoris (1927), Le Bruit et la fureur (1929), Absalon ! Absalon ! (1936, Descend, Moïse (1942), L’Intrus (1948), Requiem pour une nonne (1951).

     De 1932 à 1937, il alterne les séjours entre Oxford et Hollywood où il travaille comme scénariste pour le cinéma pour Howard Hawks, avec lequel il se lie d’amitié et en qui il trouve aussi un compagnon de beuveries.

     À l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans la défense passive.

     Il reprend ses travaux de scénariste à Hollywood, collabore notamment avec Francis Scott FITZGERALD pour Howard Hawks et avec Jean Renoir pour L’Homme du Sud qui sort en 1945 aux États-Unis.

     En août 1949, une jeune admiratrice Joan WILLIAM (1928~2004) vient le voir à Rowan Oak. Cette visite marquera le début d’une relation de cinq années, suivies, après le mariage de la jeune femme avec Ezra Drinker Bowen, d’une longue amitié  avec des échanges épistolaires dont le thème est souvent le rôle de l’écrivain et le sacrifice de l’artiste. William FAULKNER fut considéré comme le mentor littéraire de l’écrivaine. La même année, il reçoit le Prix Nobel de Littérature qui le fera connaître aussi en Amérique, où il fut longtemps ignoré.

     Il participe en 1954 à une conférence internationale d’écrivains. Il prend des positions politiques et condamne la ségrégation raciale.

     En 1955, il voyage au Japon, à Manille, en Italie.

     De 1957 à 1958, il est « écrivain-résident » à l’Université de Virginie à laquelle il lègue ses manuscrits.

     Son alcoolisme lui vaut de nombreuses hospitalisations.

     Il aime pratiquer l’équitation, malgré de nombreuses chutes. Quelques jours après l’une d’entre-elles, il meurt à Oxford, Mississipi le 6 octobre 1962.

      FAULKNER a eu une grande influence sur la mutation du roman en Europe. Sartre fut un des premiers à le faire connaître en France.

      L’ensemble de l’œuvre de William FAULKNER a été récompensée par le National Book Award. Il a reçu le Prix Pulitzer de la Fiction pour Parabole.

      Pour d’autres précisions sur sa biographie et en particulier la visite en images de sa propriété de Rowanoak, consultez

http://maisonsecrivains.canalblog.com/archives/2008/02/10/7885443.html

 

     SON ŒUVRE :

      William FAULKNER a écrit des poèmes, des scénarios de films, des essais, des discours, des cours,  et des conférences pour l’Université de Virginie. Sa correspondance 1944 à 1962, avec Malcom COWLEY (1898~1989) de  Viking Press a été publiée en français.

     Il est surtout connu pour ses nouvelles et ses romans.

 SES NOUVELLES PARUES EN FRANCE

-         Treize histoires

-        Le docteur Martino et autres histoires

-        Le gambit du cavalier

-        Histoires diverses

-        L’arbre aux souhaits

-        Idylle au désert et autres nouvelles

-        Croquis de la Nouvelle-Orléans, suivi de Mayday.

-        Une rose pour Emily

-        Soleil couchant

-        Septembre ardent


SES ROMANS PARUS EN FRANCE : Les dates sont celles de la parution aux USA.

-        Sanctuaire (1931)

-        Tandis que j’agonise (1930)

-        Lumière d’août (1932)

-        Sartoris (1929) ou, suivant les éditions, Étendards dans la poussière

-        Le Bruit et la Fureur (1929)

-        Pylône (1935)

-        L’invaincu (1938)

-        L’intrus (1948)

-        Les Palmiers sauvages ou, suivant les éditions, Si je t’oublie, Jérusalem (1939)

htthttp://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/13/20379721.html

-        Absalon ! Absalon ! (1936)

-        Descend, Moïse (1942)

-        Requiem pour une nonne (1951)

-        Parabole (1954)

-        Le Hameau (1940)

-        La Ville (1957)

-        Le Domaine (1959)

-        Les Larrons (1962)

  Les Moustiques (1927)

   Elmer suivi  de Le Père Abraham

1] Guerre de  Sécession : conflit intérieur qui divisa les États-Unis de 1861 à 1865
 

 

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20 février 2011

LA GRANDE INONDATION DU MISSISSIPPI EN 1927

LA GRANDE INONDATION DU MISSISSIPPI EN 1927

 

La littérature, le cinéma, des chansons perpétuent la mémoire de la grande inondation du Mississippi en 1927.

Ce déluge sert de cadre dans le récit intitulé Old Man du roman de William FAULKNER dans Les Palmiers sauvages (ou, suivant les éditions) Si je t’oublie, Jérusalem (1939) et du téléfilm qui en a été tiré en 1997, William Faulkner's Old Man, avec Jeanne Tripplehorn et Arliss Howard. 

Il a inspiré le blues « When the Levee breaks » de Memphis Minnie et Joe McCoy et son titre a été repris dans le quatrième album du groupe de rock Led Zeppelin.

 Randy Newman, en 1974, a écrit et sorti également une chanson sur ces inondations de 1927 dont le titre est « Louisana 1927 »

LA CATASTROPHE

La crue : Le Mississippi, déjà gonflé par la fonte des neiges précoces au Canada dans son cours supérieur, en raison du printemps chaud, reçut les flots des rivières gonflées par les pluies tombées dans le haut Middle-Ouest. L’afflux d’eau dans le Delta se heurtait au mascaret et à la houle qui coupaient l’accès au Golfe du Mexique, quand il s’est mis à pleuvoir dans le Sud.

Les cours d’eau et les lacs de l’Arkansas étaient saturés par les conséquences des précipitations exceptionnelles d’avril. L’Arkansas ne fut pas épargné par les eaux du Mississippi. Le mascaret et la houle refoulant le flot profondément à l’intérieur des terres, White River a même coulé vers l’amont à un moment donné.

Une première levée avait déjà cédé au Caire (Illinois), le 1er janvier. Après la rupture d’une digue aux Mounds Landing, les eaux coulaient dans le Mississipi avec la force des chutes du Niagara. Les levées entre Fort Smith (Comté de Sebastian) et Little Rock lâchèrent sous la pression de l’eau. Le Vendredi saint, le Mississippi a franchi les digues, une à une, à plus de 145 endroits et un mur d'eau s’épandit à travers les terres agricoles et les villes.

Les régions touchées : L’Arkansas, l’Illinois, le Kentucky, la Louisiane, le Mississippi, le Missouri, l’Oklahoma et le Tennessee ont été dévastés par les eaux. L’état la plus touché fut l’Arkansas où les terres inondées ont été plus nombreuses que la Louisiane et le Mississippi réunis.

La superficie couverte par les eaux a été évaluée à 73 000 km², soit une surface équivalente à celle de 11 départements français.

Les secours : Dans un premier temps, les moyens technologiques modernes de l’époque ont favorisé les secours. La radio diffusait des avertissements. Les avions repéraient les survivants réfugiés sur les toits ou accrochés aux branches d’arbres. Des canots à moteur procédaient à leur évacuation et les conduisaient vers des points de rassemblement. Les trains  transportaient les sinistrés vers les terres émergées où des camps c’accueil étaient préparés.

La Croix-Rouge américaine et les citoyens ont réagit rapidement. Les secouristes affluaient par trains, par camions ou automobiles. En Arkansas, la Croix-Rouge a installé à la hâte cinquante camps de réfugiés, utilisant les tentes et les lits de l’armée. À Forest City (comté de Saint-François), l’un d’entre eux abritait plus de 15 000 réfugiés. Les victimes, malades, souffrant de froid et de faim, arrivaient de tout l’Arkansas. Certaines d’entre-elles avaient trouvé refuge dans des bâtiments publics ou des abris de fortunes. Tous se sont retrouvés sans eau, sans nourriture ni vêtements secs. Les terrains épargnés par l’eau avaient du mal à contenir ces villes de tentes.

Bon nombre des habitants déplacés de Louisiane ont cherché refuge dans la Nouvelle-Orléans. Quand le mur d’eau s’est approché, les responsables gouvernementaux ont décidé de faire exploser la digue de Caernarvon en Louisiane, inondant des paroisses pauvres et politiquement marginalisés de Louisiane,  dans le but de guider le flot loin de la vulnérable Nouvelle-Orléans. L’effort de protection fut vain, le courant ayant détruit de nombreuses levées en amont.

Accès à une carte claire de l’étendue de l’inondation

http://www.classzone.com/books/earth_science/terc/content/investigations/es1308/es1308page05.cfm

ORIGINES DE LA CATASTROPHE :

Les origines naturelles : Dans la seconde moitié de l’année 1926, les pluies abondantes avaient saturé les sols et porté le niveau de tous les cours d’eau au-dessus de la normale pour cette époque de l’année, produisant déjà de grandes crues sur le Tennessee et le Cumberland à la fin décembre et au début janvier 1927. Après une accalmie, des pluies générales couvrirent les régions à l’est du Mississippi. En avril, les précipitations s’étendirent encore en augmentant d’intensité sur le bas de l’Arkansas et ailleurs, dépassant 400 mm. L’ensemble du bassin reçut de janvier à avril, une quantité moyenne de précipitations de 274 mm provoquant des écoulements qui atteignaient le débit record de 223 milliards de m³.

La configuration du terrain entre aussi en jeu. Après le confluent du Mississipi avec l’Ohio, la plaine alluviale s’élargit considérablement, atteignant jusqu’à 120 km, dans sa partie moyenne. Les méandres s’étalent, se recoupent, se déplacent vers l’aval. Le cours du fleuve s’éloigne peu à peu du lit principal et change soudain de direction. Des rivières comme la Rivière Saint-François traversent ainsi un lacis de lacs allongés qui sont d’anciens bras du fleuve. Le Sun Flower et la rivière Tensas empruntent des anciens lits du Mississippi. Des rivières, qui débouchent dans les alluvions de la plaine, trouvent une contrepente qui détourne leur cours à angle droit et les contraint à suivre les escarpements (les bluffs) qui limitent la vallée avant de se jeter plus tard dans le fleuve. Les bayous et tous ces cours d’eau présents dans la grande plaine du Mississippi sont autant de bassins d’inondation.

Les origines humaines :

La gestion des crues : Jusqu'en 1927, la stratégie du (US Army Corps of Engineers) consistait à contrôler les inondations seulement par des levées. L’aménagement de canaux secondaires, d’exutoires fermés, de réservoirs étanches en amont étaient évités en faveur de remblais gigantesques séparant le lit du fleuve de sa plaine d'inondation.

À la fin des années 1920, les progrès technologiques accompagnaient la croissance économique. D’énormes moyens de financements ont été consacrés pour la construction d’un vaste système de digues, pour retenir les cours d’eau. Ces travaux étaient facilités par la mise en œuvre d’énormes engins de terrassement. Des drainages ouverts ont été réalisés sur les basses terres forestières laissées à nu par l’industrie du bois.

 Protégés par les digues, les agriculteurs ont mis en culture les basses terres de leurs propriétés. Des terres fertiles, jadis inondables ont été mises en valeur. Les récoltes se vendaient d’autant mieux que de nouveau marché étaient accessibles grâce au développement des moyens de transport (rail, route, voies maritimes). Les banques, en plein essor, encourageaient cette expansion en accordant facilement des prêts financiers pour la mise l’aménagement des terres et l’équipement des exploitations.

LES CONSÉQUENCES

Les conséquences humaines: Une grande partie de l’Arkansas est restée noyée sous les eaux boueuses d’avril à la fin du mois de septembre 1927. L’eau envahissait les villes, recouvrait les terres et les routes rendant tout déplacement impossible.

Les moustiques, vecteurs de la malaria avaient trouvé dans les eaux stagnantes les conditions idéales de reproduction. Des épidémies de dysenterie, de typhoïde se répandaient dans les camps surpeuplés. On appréhendait l’apparition de la variole. Les carences alimentaires provoquaient la pellagre [1]chez les réfugiés.

La Croix-Rouge a estimé le nombre de morts à 246 dont 127 dans le seul Arkansas. On évalue à environ 750 000 le nombre de personnes sinistrées, dont 300 000 Afro-Américains qui se sont retrouvées sans nourriture, ni eau, sans vêtements, ni travail.

L’effort de secours a été massif, mais inégal, en grande partie exercé sur des critères raciaux, priorité étant donnée aux Blancs. Les secouristes extérieurs étaient en conflit avec les autorités sanitaires locales et les grands planteurs sur l'ampleur et les types d'aide et à qui cette aide devait aller. Dans certains endroits, la Croix-Rouge distribuait une aide directement aux victimes. Dans d’autre elle chargeait les planteurs de l’organiser.

Accès à un film d’archive présentant l’organisation des secours et la vie dans les camps (On peut constater que la ségrégation raciale était appliquée pour dresser les camps de réfugiés. Le film est intéressant, malgré la qualité très médiocre dans la première partie particulièrement.)

http://www.archive.org/details/mississippi_flood_1927

Les conséquences économiques :

Les camps de réfugiés ont été maintenus par la Croix-Rouge jusqu’au 15 septembre 1927. De très nombreux réfugiés (des Noirs et des Blancs) ont pu alors retrouver leurs terres dévastées avec pratiquement rien pour survivre à l’approche de l’hiver.

Les semis avaient été emportés ou étaient enfouis dans la boue. Toute plantation nouvelle était impossible. Le bétail était décimé. Des milliers d’animaux pourrissaient dans les eaux stagnantes.

Les ponts et les routes avaient été emportés par les flots.

Après le retrait des eaux, les planteurs n’avaient plus de main d’œuvre pour remettre les champs en culture. Beaucoup de métayers blancs et noirs, profondément endettés, ne pouvaient retourner chez eux depuis les camps. Un accord permit aux métayers, particulièrement des Noirs, de partir des camps, sous la supervision de leurs planteurs. Dans ce cas, c’étaient les planteurs qui distribuaient les moyens de secours que la Croix-Rouge leur donnait.

Les Noirs devaient présenter un laissez-passer pour entrer et sortir des camps. Certains ont été contraints par la force publique d’y rester indéfiniment et furent réquisitionnés sous la menace des baïonnettes pour les secours ou le renforcement les digues.

Après le déluge, il y avait peu de travail dans les fermes, les propriétaires des plantations ont réduit considérablement les salaires de la main d’œuvre noire. Un grand nombre d’entre eux souhaitaient partir vers le Nord chercher un emploi. Beaucoup de propriétaires ont essayé de retenir de force leurs travailleurs agricoles. En dépit de leur pression, des dizaines de milliers d’Afro-Américains ont migré vers le Nord, se faire embaucher dans les usines, à Chicago et Detroit principalement.

Les conséquences politiques : La catastrophe s’est produite alors que le pays était en pleine prospérité économique. À Washington, le Président républicain Calvin Coolidge [2]est un partisan convaincu du « laisser faire » et de la libre concurrence. Par un seul dollar n’est allé, en aide directe, de la part du gouvernement fédéral aux victimes des inondations dans le Sud.

Mesures adoptées en vue d’éviter une nouvelle catastrophe : 

Remaniement de la politique d’aménagement des cours d’eaux : Le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis a imaginé la réalisation de l’élargissement, du renforcement et du revêtement des levées dans la mesure où leur surélévation n’aggravait pas le danger pour les riverains. Trois grands chenaux de dérivation parallèles au fleuve ont été établis en dehors des levées. Des réservoirs ont été prévus en amont. La partie inférieure des bassins d’inondations est réservée pour recevoir une portion des crues exceptionnelles. En amont de la ville de la Nouvelle-Orléans, un déversoir réglable détourne une partie des eaux vers le lac Pontchartrain.

Projet d’une modification de la politique agraire : Herbert Hoover (1874~1964) était alors secrétaire au Commerce. Il fut nommé par Coolidge aux opérations de secours locales et chargé d’organiser l’aide bénévole. Cette charge l’a placé sous les projecteurs et l’a fait entrer dans sa campagne électorale.

Il a vu à travers cette épreuve l’occasion d’étudier la mise en place d’une réforme agraire. L’ambition du projet était de changer le système de plantation mis en place depuis la Reconstruction. De vastes étendues de terres de grands planteurs, qui avaient fait faillite à cause de la crue, restaient à l’abandon. Hoover proposait de diviser ces terres en petites exploitations et d’encourager les métayers et les locataires blancs et noirs à accéder à la propriété. Le plan, préparé avec l’aide de Couch Harvey, professeur à Harvey (Arkansas), prévoyait de mettre de côté 2.1 millions de dollars de fonds de secours contre les inondations pour son projet de réinstallation sur de petites fermes. Une société spécifique gérée par des directeurs incluant « la représentation de couleur » était prévue. Lorsqu’en 1928, Hoover fut élu Président, il n’a pas tenu ses promesses. Il confia cette responsabilité à des sociétés privées. Ces expériences de réinstallation furent toutes des échecs.

Les Noirs émigrés furent remplacés par la mécanisation et l’agriculture industrielle. Les métayers blancs, les petits agriculteurs, de nombreuses exploitations familiales dépendirent des grandes propriétés industrielles.

Depuis la Guerre de Sécession, les Afro-Américains étaient traditionnellement favorables au Parti républicain. Leur ressentiment à l’absence de réponse républicaine à la misère des inondations de 1927, les promesses non tenues, provoquèrent un changement politique de leur part, qui les amena à transférer leur préférence au Parti démocrate aux élections du 8 novembre 1932. Entre cette date et son entrée en fonction, le 4 mars 1933, Franklin Delano Roosevelt (1882~1945)  prépara un programme économique et social contre la crise (1929), le New Deal, en s’entourant d’économistes. Dès mars 1933, Roosevelt fit voter par le congrès une série de lois qui éloignèrent les États-Unis de leur conception purement libérale de l’économie, et les firent entrer dans l’interventionnisme étatique

Depuis la nuit des temps, la vallée du Mississipi est affligée par ses crues récurrentes, toutes très destructrices.

En 2005, l’ouragan Katrina a ruiné la Nouvelle-Orléans. Ces deux désastres se sont produits à l’apogée  de périodes d’euphorie économique, à la veille d’un effondrement économique et financier. Dans les deux cas, le Parti républicain était chargé du Gouvernement fédéral et défendait bec et ongles un libéralisme à tout crin. Grâce aux reportages télévisées, aux témoignages sur internet, le monde entier a pu voir l’importance des dégâts provoqués par les eaux, suivre l’organisation des secours, la lenteur de la réaction du Président G. W. Buch (1946). Il est certain que les communautés Afro-Américaines ont apporté leur soutien au changement de majorité favorisant l’élection le Président B. Obama (1961) en 2008. Ce dernier sinistre a eu aussi pour conséquence la migration de la population vers d’autres États, les bas-quartiers anciens évacués étant habités en majorité par des Afro-Américains pauvres. De nombreuses familles, aussi bien noires que blanches, souvent déjà fortement endettées par ailleurs, n’avaient pas souscrit d’assurance et se sont retrouvées sans abri, démunies et sans travail. Depuis d’autres calamités naturelles se sont abattues sur les États-Unis.

Le nombre d’États frappés, l’étendue des dommages causés par la grande inondation du Mississippi de 1927 en font l’une des plus importantes catastrophes naturelles du XXe siècle, pour les États-Unis d’Amérique.

Sources :

Flood of 1927 - The encyclopedia of Arkansas History & culture (Ce site donne accès à des photographies prises à cette époque.)

http://encyclopediaofarkansas.net/encyclopedia/entry-detail.aspx?entryID=2202

Les inondations du Mississipi en 1927 – H. Baulig – Annales de Géographie – Année 1929 – Volume 38 – Numéro 211 – pages 81 à 84

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1929_num_38_211_9556 

 

The Great Mississippi Flood of 1927 - The Most Destructive Flood in the History of the United States
http://www.suite101.com/content/the-great-mississippi-flood-of-1927-a198648#ixzz1633pRcmN

 Laurent GAUDE (1972) s'est inspiré de l'ouragan Katrina pour écrire son roman paru en 2010 OURAGAN

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/06/20559009.html


 

[1] La pellagre est une maladie due à une carence en vitamine PP. Elle est caractérisée par des lésions eczémateuses sur la peau des parties découvertes (visage, mains), l’inflammation des muqueuses de la bouche, des troubles digestifs et nerveux. Elle atteint surtout les populations qui se nourrissent exclusivement de maïs. (déf. Le Petit Robert)

 

[2] Calvin Coolidge  (1872~1933) fut le trentième président des États-Unis. Son prédécesseur, Warren G. Harding étant mort en cours de mandat, il fut élu en 1923. Réélu, il fit un second mandat jusqu’en 1929.

13 février 2011

William FAULKNER (1897~1962) – Les Palmiers sauvages (1952)

William FAULKNER (1897~1962) – Les Palmiers sauvages (1952)

Ouvrage traduit de l’anglais et préfacé par Maurice Edgar COINDREAU[1]

 

William FAULKNER avait tiré le titre de ce livre d’un psaume rappelant la captivité des Juifs à Babylone, If I Forget Thee Jerusalem (Si je t’oublie, Jérusalem). Suite au refus de son éditeur, FAULKNER choisit alors The Wild Palms (Les Palmiers sauvages). L’ouvrage est donc paru en 1939, aux États-Unis sous ce titre.  Les dernières éditions américaines ont adopté le titre d’origine. Gallimard a choisi des traductions plus récentes pour les quatre volumes qui rassemblent « Les Œuvres romanesques » de William FAULKNER dans sa collection de « La Pléiade », dans laquelle figure Si je t’oublie, Jérusalem.

Le livre est composé de deux romans distincts : Les Palmiers sauvages et Le Vieux Père (The Old Man, le surnom donné au Mississipi « Old Man River »). Ces récits sont imbriqués tour à tour par alternance des chapitres. FAULKNER bouscule aussi la chronologie. Le premier récit commence par le chapitre qui aurait été avant dernier s’il avait respecté la succession des événements. Cet artifice lui permet de maintenir l’incertitude des lecteurs jusqu’à la fin, malgré ce bond en avant.

Les Palmiers sauvages :

« Tu seras médecin comme papa !», Cette phrase probablement serinée depuis sa plus tendre enfance, par sa sœur aînée, Harry Wilbourne l’a faite sienne. Orphelin à deux ans, il s’est coulé docilement dans le moule qu’on lui avait préparé. Quelques semaines le séparent de la fin de son internat. Il aura enfin accès au diplôme tant convoité. Son assiduité, sa constance, son austérité trouveront enfin leur récompense.

Comment fêter ses vingt-sept ans ? Flint, un de ses condisciples, l’entraîne en ville à une soirée très « bohème », copieusement arrosée. C’est là qu’il est abordé par Charlotte, une jeune femme mariée, mère de deux petites filles. Rencontre insolite, qui sera suivie de quelques autres et d’amours adultères.

Très rapidement, les amants sacrifient tout pour vivre leur passion. Harry largue internat et diplôme réputé. Charlotte plaque mari et enfants. Pour fuir la tentation du confort, les habitudes, le conformisme religieux et social, Charlotte Rittenmeyer et Harry, commencent une errance qui les conduit « de la Nouvelle Orléans à Chicago, dans le Wisconsin, de nouveau à Chicago et dans l’Utah et à San Antonio et de nouveau à la Nouvelle-Orléans » dans une précarité matérielle extrême.

Les amants, dans leur quête de liberté et d’amour absolu, sont rattrapés par le quotidien et les besoins physiologiques. Plutôt qu’assumer les conséquences biologiques de leur union, Charlotte préfèrera risquer sa vie.

Une histoire très ordinaire, somme toute, comme toutes celles qu’on pouvait lire dans les romans réalistes et puritains de la fin des années 1930, destinés à l’édification des lecteurs ! Les amants, qui avaient enfreint les préceptes religieux et légaux, trouvaient une juste punition divine ou finissaient dans la misère et l’opprobre.

De cette banalité, FAULKNER a construit un roman original tant par l’écriture que par la forme et le traitement psychologique des protagonistes du récit.

À vingt-sept ans, Harry, absorbé par ses études et les petits boulots de survie, est passé à côté des exaltations et des révoltes de l’adolescence et de la jeunesse. Le jeune homme tombe dans les bras de la première femme qui s’intéresse à lui. C’est Charlotte qui mène le couple. Elle porte l’expérience du mariage et de la maternité, en connaît les écueils. C’est elle qui a propulsé leur liaison vers un amour passionnel.

Charlotte est une artiste talentueuse et inspirée. De son imagination et de sa dextérité naissent ces figurines et ces marionnettes uniques, si originales, si expressives que ses dons sont reconnus et appréciés. Mais Charlotte ne pourra s’accomplir que dans une réalisation plus forte que la création matérielle. Pour apaiser sa soif d’idéal, leur amour doit être total, intransigeant.

Rittenmeyer-« Rat », le mari bafoué est-il magnanime au point d’offrir un « chèque-retour » à son épouse infidèle et, plus tard, un comprimé de cyanure au responsable de la mort de sa femme afin d’abréger ses souffrances ? McCord, est-il l’ami serviable qui facilite toutes les étapes de l’odyssée d’Harry et Charlotte ? Leur rôle est ambigu. Ne sont-ils pas plutôt les agents du destin, Rat, le tentateur diabolique, McCord, le facilitateur ? Ceux par qui la tragédie doit s’accomplir ?

Marionnettes_en_papier_m_ch__NMS

Le vieux Père :

Chaque soir, au dortoir du pénitencier agricole de l’État du Mississippi, le grand forçat lit à haute voix les journaux du matin, à ses compagnons. Tellement coupés du monde extérieur, ils suivent, sans trop bien y comprendre, la montée des eaux, par delà la digue qui domine les champs. L’Ohio, le Missouri, le Mississipi débordent depuis quinze jours, en ce mois de mai 1927. Peut être s’intéressent-ils à la terrible lutte des équipes d’hommes, noirs et blancs mêlés, réquisitionnés pour le renforcement des digues, sous les pluies diluviennes ?

La digue de Mound’s Landing cède un matin. Le pénitencier est évacué. À bord du camion bâché puis du train, qui les ont conduits, sous bonne garde armée, vers le Vieux Père, le grand forçat et ses compagnons ont pu découvrir l’étendue du désastre.

Le grand forçat sait pagayer. Il est chargé de secourir les victimes, avec le petit gros forçat imberbe. Emporté dans un tourbillon, l’embarcation chavire. Le grand forçat se retrouve seul dans le canot à ramer obstinément contre la violence des flots. Il a cueilli une femme enceinte sur un arbre, mais n’a pas trouvé l’homme assis sur la faîtière de son hangar. Le grand forçat refusera les multiples occasions de se « faire la belle ». Il s’acharne, à ramer dans son canot chargé de la femme et de l’enfant, à la merci de la lutte entre le flot qui déferle de l’amont ou des monstrueuses incursions du mascaret qui inversent le cours des eaux.

Ayant échappé aux multiples dangers du fleuve en furie, aux menaces terrestres, le grand forçat, qu’on attendait plus, se rend. Le devoir accompli, en sécurité, à l’abri du pénitencier, il raconte à ses compagnons les péripéties de son expédition.

Crue_du_Mississipi_par_NMS

Thèmes qui se rapprochent dans les deux récits

L’enfermement : Harry comme le grand forçat choisissent l’enfermement. La prison, pour Harry, c’est éviter le néant, c’est vivre avec son chagrin et assumer sa culpabilité dans la disparition de Charlotte. Les murs du pénitencier protègent le grand forçat du monde extérieur. L’homme est courageux, persévérant, héroïque, mais il est trop vulnérable. Il préfère la routine sécurisante du travail répétitif et pénible dans les champs de coton, plutôt qu’affronter le monde extérieur où il n’a connu que des déboires. L’enfermement était déjà en eux : Harry, inhibé par une éducation mesquine et confinée ; le grand forçat, prisonnier de lectures qui ont trompé sa naïveté.

La femme est désexualisée du fait d’être mère. Charlotte refuse l’enfant au prétexte qu’il n’apporte que souffrances. En réalité, il n’a pas sa place dans l’amour fusionnel qu’elle recherche. La femme avec son bébé n’a aucun attrait pour le grand forçat. 

Les phénomènes naturels sont omniprésents dans les deux récits. Ils rappellent aux êtres humains la précarité de leur liberté. 

L’anonymat : Aucun nom pour les protagonistes du Vieux Père. Le forçat n’est plus qu’une tenue rayée avec une étiquette sur le dos. Il se distingue seulement par son apparence physique. Les armes caractérisent les gardiens et les soldats. Le chant dans l’adversité, les travaux pénibles non ou peu rémunérés sont les attributs du Noir. Les victimes de la catastrophe se noient dans une foule de réfugiés autour desquels s’activent médecins et infirmières.

La justice : FAULKNER souligne l’absurdité de la condamnation sans preuve du petit gros forçat imberbe à cent quatre-vingt-dix-neuf ans de travaux forcés. Incohérence ou prétention d’une justice qui fait jurer sur la Bible et condamne au-delà de la mort ? Et Dieu, dans tout ça ?

Le style : La qualité des récits occulte très rapidement la longueur des phrases, les abondantes descriptions et la construction du livre déroutantes à prime abord.

A propos de la grande inondation du Mississippi de 1927 (cliquez sur le lien)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/20/20439376.html

WILLIAM FAULKNER (1897~1962) - BIOGRAPHIE - SES NOUVELLES - SES ROMANS (cliquez sur le lien)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/27/20499273.html

William FAULKNER (1897~1962) – The Sound and the Fury – Le Bruit et la Fureur (1929)  

 

[1] Maurice Edgar COINDREAU (1892~1990)

 Agrégé d’Espagnol, M. E. COINDREAU commence sa carrière d’enseignant au lycée de Madrid, puis de 1922 à 1961, il exerce au lycée de Princeton au USA.

 Il traduit pour les Éditions Gallimard toute la génération de romanciers américains de l’entre-deux–guerres Dos Passos, Hemingway, Faulkner, Caldwell, Steinbeck, William Maxwell, Truman Capote, William Goyen, William Styron, Reynolds Price,Fred Chappell, Vladimir Nabokov (en collaboration), Shelby Foote, William Humphrey (en collaboration) ainsi que les romanciers espagnols Valle Inclan, Juan Goytisolo, Rafael Sanchez Ferlosio, Miguel Delibes, Elena Quiroga, Ana Maria Matute, Juan Marsé.

Un prix qui porte son nom récompense chaque année "le meilleur livre américain en traduction française", depuis 1981.

Il a écrit de nombreuses préfaces et introductions aux œuvres qu’il a traduites.

En 1942, La Farce est jouée ; en 1946, Apercus de littérature américaine, en 1974 et 1992, Mémoires d’un traducteur, ses entretiens avec Christian Giudicelli, sont parus chez Gallimard.

 http://www.imec-archives.com/fonds_archives_fiche.php?i=CND

6 février 2011

Hermann HESSE (1877~1962) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Hermann HESSE (1877~1962) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

LES ORIGINES ET LES ANNÉES DE FORMATION

Hermann HESSE est un écrivain suisse d’origine et de langue allemande. Il est né le en 1877 à Calw, petite ville de Forêt-noire dans le Wurtemberg. Son grand-père paternel dirige la librairie d’édition missionnaire tenue par la famille depuis 1873. L’enfant est élevé dans un milieu de missionnaires protestants. Son père, Johannes, qui avait été missionnaire en Inde pendant sa jeunesse, le destine au pastorat et le fait entrer en 1881 au séminaire de Maulbronn. En révolte contre le piétisme[i] et l’austérité religieuse de ses parents, l’adolescent s’enfuit de l’établissement. Après quelques mois difficiles, dépressif et suicidaire, il entre au lycée de Bad Cannstatt, à Stuttgart. Ayant obtenu son diplôme probatoire de première année en 1883, il décide d’arrêter ses études.

     Le jeune homme cherche sa voie et travaille quelques temps comme apprenti mécanicien dans l’horlogerie à Calw, puis commence un apprentissage de libraire à Tübingen.

      Tübingen était une ville universitaire où il  pouvait fréquenter un milieu intellectuel. Autodidacte, il lit des écrits théologiques, les romantiques allemands, la Mythologie grecque, des textes sacrés orientaux et écrit des poèmes.

      En 1899, il s’installe à Bâle où il travaille dans une librairie de livres d’occasion et fréquente les milieux spirituels et artistiques. Il publie des recueils de poèmes d’inspiration romantiques. En 1903, il accompagne en Italie Maria Bemoulli et sa sœur Mathilde qui tenaient à Bâle un studio de photographie d’art chez une amie peintre qui vient de s’installer à Florence. Si Hermann ne pratique pas d’instrument, Maria (Mia) joue du piano et est réputée excellente interprète de Chopin et de Schubert. Le goût de la musique les rapprochent.

 LES PREMIERS ROMANS :

      Le thème central de ses premiers romans est la solitude. Son premier roman Peter Camenzing est publié en 1904. Le héros quitte son petit village suisse à la conquête du monde et devient écrivain. Déçu par la vie parisienne et la civilisation occidentale, il revient dans son village natal devient restaurateur et trouve la paix et la consolation en vivant en communion avec la nature et en menant une vie de charité. 

      Après ce roman, Hermann HESSE se consacre à la littérature et se marie avec Maria. Il a 27 ans, Mia est de neuf ans son aînée. Le couple s’installe au bord du lac de Constance à Gaienhofen.

      L’Ornière, Untern Rad (1906) d’inspiration autobiographique décrit la solitude d’un enfant brimé par l’autorité de ses parents et de ses maîtres.

      Gertrude, Gertrud (1910) est la confession d’un musicien qui renonce à celle qu’il aime pour ne pas briser une amitié. La vie est une solitude. L’artiste est plus seul que les autres.

       Animé par un esprit d’évasion, cet esprit tourmenté entreprend un voyage en Inde en 1911. En 1912, il émigre en Suisse. Avec Maria et leurs trois garçons il emménage à Berne.

 LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE :

      Rosshalde (1914) est une transposition de l’échec de son mariage et expose la solitude de l’homme mal marié.

       Knulp, 1915

      Quand débute la Première Guerre Mondiale (1914~1918), HermannHESSE est horrifié et s’adresse à ses compatriotes au nom de la fraternité universelle, appelle les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Ces positions pacifistes et libérales à contre-courant lui valent d’être placé au milieu d’une violente querelle politique. Il est attaqué par la presse allemande, reçoit des lettres de menaces et se voit abandonné par de vieux amis. Il est cependant soutenu par son ami Theodor Heuss[ii] et par l’écrivain français Romain Rolland[iii] à qui il rendit visite en 1915. Déclaré inapte au combat, il est affecté à l’assistance aux prisonniers allemands, auprès de l’ambassade d’Allemagne à Berne. Il édite des journaux destinés aux prisonniers et est responsable de la « Librairie des prisonniers de guerre allemands ».

      Cette guerre, s’ajoutant à des problèmes personnels, et matériels (Le revenu de ses publications est payé en monnaie allemande dont le cours s’est complètement effondré), provoque chez lui une grave crise psychologique et morale qui l’amène à entreprendre une cure psychanalytique de mai 1916 à novembre 1917, avec un disciple du fondateur de la psychologie analytique suisse, Carl Gustav Jung (1875~1961).

      Suite à cette expérience, les romans qu’il écrit ensuite expriment sous une forme allégorique les conflits intérieurs, les contradictions de l’être humain et la recherche d’une solution.

      Iris (1918), est un conte symbolique sur la quête du bonheur à la recherche de sa véritable identité. Après une vie d’errance, la crise existentielle du héros débouche sur la recherche d’une activité purement spirituelle.

  L’ENTRE-DEUX GUERRES :

      La guerre finie, le couple Maria-Hermann se disloque, Maria schizophrène étant attente d’une grave psychose. Hermann HESSE et Maria se séparent puis divorcent en 1922.

      Hermann HESSE emménage dans le Tessin à Montagnola en 1919. Il a toujours cherché à habiter au sein de paysages l’inspirant dans sa recherche d’harmonie. Là, au bord du lac de Lugano, il s’adonne à la création littéraire et commence à peindre. Il recourt au vin, afin d’entrer en communion avec la sève de la terre, et aux drogues.

      Dans Demain, histoire de la jeunesse d’Emil Sinclair ; Demian, die Geschiste einer Jugend, 1919), Sinclair est l’alter ego de l’auteur, qui y oppose et réconcilie le divin et le démoniaque.

       Siddharta, 1922, s’inspire de la Mythologie indoue. Bon connaisseur des philosophies et religions de l’Inde et de la Chine, tout en restant profondément attaché au protestantisme, il aspire à concilier la spiritualité et la vitalité de l’Europe et de l’Asie. 

En 1923, il obtient la nationalité suisse.

      Il se lie d’amitié avec l’écrivaine suisse Lisa Wenger (1858-1941) et son mari. Cette dernière, qui s’était frayé un modeste chemin dans la littérature, avait pressenti en lui un avenir capital, dès 1920. Elle s’est employée à multiplier les invitations et les occasions de rencontre avec sa fille Ruth. La jeune fille apprend le chant à Zurich et dessine au fusain. En 1924, Hermann HESSE a envie de « se ranger ». Il épouse Ruth. Mariage sans amour. Il a quarante-sept ans. Ruth est une femme-enfant capricieuse de vingt-deux ans. La jeune épouse tombe très rapidement malade, atteinte de tuberculose. Trois ans plus tard, en juillet 1927, le divorce est prononcé sur l’initiative de Ruth.

      Le Loup des steppes ; Der Steppenwolf, 1927, dont bien les aspects fantastiques romantiques se rapprochent sur certains points du surréalisme. Il y oppose la spiritualité à l’animalité. Sont-elles vraiment inconciliables ? L’animalité n’est elle pas une nourriture pour le dynamisme intellectuel ? Le livre sera interdit en Allemagne par les nazis.

      Hermann HESSE rencontre par hasard Ninon Dolbin (1895~1966), parmi ses amis suisses. Cette jeune femme avait été mariée à un caricaturiste Benedict Fred Dolbin et était originaire de Czernovitz[iv]. Cette ville était autrichienne à cette époque. Encore étudiante, bien avant son mariage, alors qu’elle étudiait la médecine, et l’histoire de l’art, elle correspondait avec l’écrivain pour lequel elle éprouvait un penchant. Ninon est passionnée de grec et d’archéologie, n’est pas musicienne mais partage avec lui son amour de la musique. Fin 1927, Hermann et Ninon décidèrent de vivre ensemble.

En 1931, HESSE se marie pour la troisième fois avec Ninon.

Le Voyage en orient ; Die Morgenlandfahrt, 1932. André Gide, avec lequel il était lié en a écrit la préface.

Pendant la période nazie, il s’élève contre l’évolution politique de son pays d’origine et contre la répression culturelle qui y est faite. Son œuvre est interdite en Allemagne et plus aucun journal allemand ne publie ses articles.

En route vers l’exil, en 1933, son ami l’écrivain Thomas MANN (1875~1955) s’arrête à Montagnola de même que le poète, auteur dramatique et théoricien du théâtre allemand, Bertolt BRECHT (1898~1956).

Pendant la guerre, il se consacre à la composition du roman Le jeu des perles de verre ; Das Glassperlenspiel, qui est imprimé en Suisse, en 1943. C’est un roman d’anticipation, l’utopie romantique crée par l’image d’une cité idéale qu’il faut dépasser car l’être humain ne peut accepter l’immuable.

Ce dernier roman et Le Loup des steppes (1927) ont été à l’origine du Prix Nobel de littérature en 1946.

Après la Seconde Guerre mondiale, il n’écrit plus que des poèmes et des nouvelles et répond au courrier de ses lecteurs.

Hermann HESSE a entretenu avec les musiciens des relations intimes. Il a correspondu tout au long de sa vie avec une quarantaine de musiciens[v]. Bien des amitiés profondes et durables de l’écrivain sont nées sous le signe de la musique.

Pour HESSE, la quête spirituelle de l’homme dans sa réalité individuelle unique, « la recherche d’une unité cachée de l’univers et de l’esprit humain » ne peuvent pas trouver de réponse dans la civilisation technique ni dans la culture intellectuelle.

Hermann HESSE meurt à Montagnola le 9 août 1962.

Hermann HESSE a aussi publié des poèmes et des nouvelles.

 Plus de renseignement sur les romans de Hermann HESSE sur :

www.comptoirlitteraire.com/docs/157-hesse-hermann.doc

Ses œuvres picturales sur :

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://museum.oglethorpe.edu/Hesse-1up.jpg&imgrefurl=http://museum.oglethorpe.edu/Hesse.htm&usg=__ox9cGDLyr4AQGunFMCNLnqF82Wo=&h=260&w=280&sz=28&hl=fr&start=599&sig2=F32f9HAcFeSIGvVIoFWTsg&zoom=1&itbs=1&tbnid=htY8mNaCAapsZM:&tbnh=106&tbnw=114&prev=/images%3Fq%3Dhermann%2BHesse%26start%3D588%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26sa%3DN%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26gbv%3D2%26ndsp%3D21%26tbs%3Disch:1&ei=7XEwTci9GNGe4QadoKSSCg 

 Hesse et Mann: une profonde amitié masculine (Swiss Info)

http://www.swissinfo.ch/fre/infos/magazine/Hesse_et_Mann:_une_profonde_amitie_masculine.html?cid=6955470

Des timbres à l’effigie de H. HESSE sur

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&hl=fr&source=imghp&q=TIMBRE+SUISSE+HERMANN+HESSE&btnG=Recherche+d%27images&gbv=2&aq=f&aqi=&aql=&oq=

et

http://www.google.fr/images?hl=fr&client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&gbv=2&tbs=isch%3A1&sa=1&q=TIMBRES+HERMANN+HESSE&btnG=Rechercher&aq=f&aqi=&aql=&oq=

 


 

[i] Piétisme : mouvement religieux d’une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle et le sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale.

 

 

[ii] Theodor Heuss (1884~1963) est un homme d’état allemand. Il fut rédacteur de  la revue libérale Die Hilfe (L’Entraide) de 1905 à 1912. À partir de 1924, il fut deux fois élu représentant au Reichstag du Parti démocrate. Après la guerre, il prit la tête du FDP (Frei Demokratische Partei) et fut le premier président de la RFA (République Fédérale Allemande).

 

 

[iii] Romain ROLLAND (1886~1944) est un écrivain français qui fut élève à l’École normale supérieure. Lors de son séjour à l’École française de Rome de 1889 à 1891, il opta pour l’étude de l’histoire et rencontra en 1889, Malwida von MEYSENBUG qui l’orienta vers la culture germanique.

 Partagé entre la pensée de Nietzsche et celle de Tolstoï, Romain ROLLAND rêva d’un héro non violent qui cherchât à « tout comprendre pour tout aimer ». À la fois internationaliste et attaché à la patrie, il écrit en Suisse une série d’articles Au-dessus de la mêlée (1915) qui lui valurent le Prix Nobel en 1916 mais aussi beaucoup d’attaques des deux côtés du Rhin.

 La correspondance entre Hermann HESSE et Romain ROLLAND, D’une rive à l’autre : Correspondance, est parue en 1972 chez Albin Michel

Malwida von MEYSENBUG vécut de 1816 à 1903. Elle est l’auteure des Mémoires d’une idéaliste (3 vol.,1876). Elle fut une des premières femmes féministe. Avant-gardiste, elle fut une des premières femmes à s’intéresser à l’éducation intellectuelle engagée et fut contrainte à l’exil en Angleterre. Elle fut l’amie de nombreuses personnalités importantes de son époque).

 

 

[iv] Czernowitz "l'appellation Autrichienne", Cernauti, Czernowitz, Tchernovtsy, Chermivtsy : Czernowitz

Czernowitz est son nom allemand, celui que l'on utilise encore par commodité. Mais pour les Ukrainiens elle est Chernivtsy, pour les Roumains Cernauti et pour les Russes Tchernovtsy.

Adossée au versant oriental de la chaîne des Carpates, la ville se trouve aujourd'hui en Ukraine, tout près de la frontière septentrionale de la Roumanie.

http://www.bucovine.com/fr/pages/villes/czernowitz.shtml

[v] Voir à ce sujet : la thèse pour l’obtention du grade de Docteur (discipline : Allemand) HERMANN HESSE ET LA MUSIQUE présentée par Dominique LINGENS à l’université de Metz (Moselle) UFR Lettres et Sciences humaines en juin 1999.

 

ftp://ftp.scd.univ-metz.fr/pub/Theses/1999/Lingens.Dominique.LMZ9907_1.pdf

30 janvier 2011

Hermann HESSE (1877~1962) - Le Loup des steppes (1927)

Hermann HESSE (1877~1962)

Le Loup des steppes (1927)

       Le héros du roman nous est d’abord présenté de l’extérieur par un éditeur fictif censé publier les carnets qu’un locataire de sa tante lui a laissés. Le manuscrit avait été rédigé pendant son séjour et leur auteur l’autorisait à en disposer à sa guise. Harry Haller avait attiré l’attention, puis l’intérêt, du neveu de la logeuse. Il avait été intrigué par le comportement de cet homme tour à tour ténébreux, rébarbatif, méprisant, ou affable et charmant compagnon à la conversation captivante.

      Dès le sous-titre des Carnets de Harry Haller, « Réservé aux insensés », noAraucariaus savons que nous entrons dans l’irrationnel. Harry Haller est un homme en détresse psychologique. Deux tendances s’opposent en lui. L’une génère un homme cultivé, sociable appréciant la vie policée, prenant le temps de vivre et goûtant les distractions à la mode, ayant plaisir à partager autant qu’à recevoir. L’autre, qu’il qualifie de loup des steppes, fait de lui un animal sauvage égaré dans le monde des humains. Les deux cohabitent et se livrent un impitoyable duel. Alternativement, la première prend le dessus, tandis que la seconde veille sournoisement et revient incessamment à la charge jusqu’à l’emporter à son tour. 

     Harry_Loup_des_steppesrInstallé autrefois confortablement dans la société, apprécié et célèbre, il fut vilipendé par la presse de son pays, désapprouvé des intellectuels et des bourgeois, y compris ses meilleurs amis. C’était un peu avant la Première Guerre mondiale. Il avait rédigé des articles pacifistes dans lesquels il condamnait les techniques nouvelles au service des guerres et des causes telles que le libéralisme effréné, le nationalisme et le bolchevisme. Sa femme, devenue folle, l’avait chassé de chez lui.

       Alors, le Loup des steppes a supplanté Harry Haller. À bientôt cinquante ans, il méprise les distractions superficielles et éphémères, et vit maintenant en misanthrope, entouré de ses livres de spiritualité, de littérature et de poésie. Ses compagnons sont Goethe, Mozart et Beethoven. Ses réflexions s’accompagnent de plus en plus de tabac et de vin. Cependant, l’isolement ne comble pas ses attentes, d’autant plus qu’il a conscience que son refus des conventions sociales n’est pas compatible avec le bonheur d’habiter un immeuble bourgeois soigné, ou de se laisser aller aux délices d’une méditation devant un araucaria.

      Âme en peine, ruminant ses dégoûts, ses rejets, ses haines et son infortune existentielle, il déambule par les rues de la ville. Il noie, au passage, son ennui dans le vin des tavernes. Silencieux à sa table parmi les habitués, il repousse des nuits entières le moment de retrouver son logement où l’attend le rasoir tentateur, mais effrayant. Il y reste à vider verre sur verre, dans l’atmosphère bruyante et enfumée du Casque d’Acier.

      Une nuit, alors qu’il rentre chez lui, victime d’une hallucination, il se trouve devant l’entrée d’un théâtre, le Théâtre magique. Quelques minutes plus tard, il croise le porteur d’une pancarte annonçant le prochain spectacle « Réservé aux insensés ». Surgi de nulle part, l’homme, avant de disparaître aussitôt, lui tend le Traité sur le Loup des steppes.

     L’ouvrage décrit les deux faces de la personnalité d’Harry-Loup des steppes aussi bien que s’il avait été rédigé de sa main.

     Harry Haller est invité à dîner par un professeur. Autrefois, il avait apprécié discuter avec lui des mythologies orientales et s’en savait admiré. Dès le début de la soirée, ses deux identités se disputent âprement la place. Le Loup des steppes fait un esclandre quand le maître de maison exprime une critique réprobatrice sur un article dont il ignore qu’Harry est l’auteur. Le goujat assène peu après un jugement péremptoire et insultant sur la qualité d’un portrait de Goethe auquel l’épouse du professeur tient particulièrement. Chassé par ses hôtes ulcérés, l’homme arpente les rues dans la nuit, retardant l’instant du coup de rasoir espéré et redouté qui mettra fin aux éternels combats qui se livrent en lui.

Hermine_dessin    Son errance le conduit dans un faubourg populaire. Dans la salle bondée de la Taverne de l’Aigle noir, il trouve une place à la table d’une mystérieuse jeune femme, Hermine, dont le visage lui rappelle Hermann son ami de jeunesse. Celle-ci lui démontre combien ses confits intérieurs sont vains et lui propose un étrange contrat qu’il accepte. Ses deux entités conciliées, il devra la tuer.

       « Coaché » par Hermine, Harry apprend et pratique les danses à la mode, rit, goûte les joies simples conviviales, dîne en ville, découvre les plaisirs de la chair avec Maria et rencontre Pablo, le saxophoniste passionné de jazz et pourvoyeur des drogues propres à calmer et museler le Loup des steppes. Sa participation au grand bal masqué endiablé qui réjouit toute la ville est l’apogée de la métamorphose. L’exaltation ressentie à la fin du bal dès ses retrouvailles avec Hermine-Hermann, les propulse tous deux, dans le monde fantastique du Théâtre magique.

     Grâce à Pablo, magicien énigmatique, Harry momentanément séparé d’Hermine-Hermann, s’enfonce au plus profond de son inconscient y découvre un univers surnaHarry_et_son_doubleturel de situations rocambolesques générant chez lui des émotions intenses, tragiques, sensuelles ou libérant son agressivité et sa cruauté. Il revisite le passé, répare les actes manqués. À travers un miroir magique, il accède aux portes de la mort, aux espaces d’une profondeur incommensurable où sont réunis les immortels, y rencontre Goethe, et s’entretient musique et perpétuité avec un Mozart railleur. Il peut enfin clore le contrat, posséder Hermine en lui plantant un poignard dans le corps. Condamné à être exécuté, sermonné par Mozart, il retrouve ses sens en présence de Pablo. Harry Haller est disposé à renouveler l’expérience qui lui a permis de prendre conscience des multiples personnages qui l’habitent. « Un jour, je jouerais mieux ; un jour, j’apprendrais à rire. Pablo m’attendait. Mozart m’attendait. »

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Le Loup des steppes, un roman surréaliste?

     Certains trouvent du surréalisme, dans l’ouvrage d’Hermann HESSE.

- Le surréalisme fondé par André BRETON (1896~1966), héritier de Dada fondé par Tristan TZARA (1896~1963) à Zurich en 1916 regroupait des artistes écœurés par les massacres de la Première Guerre mondiale, et s’élevaient contre le nationalisme d’après guerre. Hermann HESSE-Harry Haller, plus âgé, s’était insurgé plus tôt contre l’esprit belliciste des nations de part et d’autre du Rhin, comme eux, il protestait contre le nationalisme montant.

- Si Hermann HESSE voit un danger dans l’expansion du bolchevisme, BRETON adhère au parti communiste en janvier 1927.

- Les surréalistes doivent intégrer la vie psychique inconsciente dans leur œuvre, sans le contrôle de la raison dans un but de création. Si Hermann HESSE/Harry sonde son inconscient, c’est pour concilier le réel et le spirituel, pour trouver un sens à sa vie. Le roman est un exutoire, un jalon posé afin de pouvoir progresser, explorer d’autres pistes, dans l’investigation de son inconscient.

- Les surréalistes pratiquent l’écriture automatique spontanée, sans relecture. Le roman de H. H. est construit, le style est académique, même si le contenu du propos témoigne du mal être du héros.

- Les surréalistes sont en lutte contre les valeurs reçues, et s’intéressent aux « Arts premiers ». H.H. est attaché à la culture, à Goethe et Mozart, est attiré par la spiritualité et les Mythologies asiatiques élaborées et rejette les techniques nouvelles de son époque (1927).                                                

     Le mot surréalisme est souvent employé pour qualifier l’irréel, alors qu’il correspond à une pensée révolutionnaire culturelle, politique et artistique.

Harry_Haller

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Le Loup des steppes, un roman fantastique? 

        Un genre fantastique était très présent en Allemagne au début du XIXème siècle chez les romantiques allemands comme Johan Wolfgang von GOETHE (1749~1832), L’Apprenti sorcier (1797), et surtout son Faust 1 (1808) ; Ernst Theodor Amadeus HOFFMANN (1776~1830), Les Élixir du diable (1816). Un fantastique sombre et pessimiste a marqué les années 1890 à 1930, dans les pays germanophones.

 - Le lecteur se trouve dans l’incertitude, l’ambiguïté, l’hésitation, l’entre-deux pour interpréter les faits.

 - Le récit quitte le rationnel pour relater un voyage mythique, oppose le bien (la culture et la spiritualité) au mal (la joie de vivre, les techniques, le jazz), le paradis à l’enfer.

 - Il met en scène l’irruption du surnaturel dans une mise en scène étonnante et angoissante pour le héros qui bascule dans l’univers fantastique du Théâtre magique à cause de son désir amoureux très violent.

 - La présence du double brouille la frontière entre rêve et réalité.

 - Le lecteur navigue entre les points de vue des personnages secondaires et le point de vue du héros, qui dans le Loup des steppes, sombre dans la psychopathie.

 - Le héros se trouve brusquement en présence d’un homme surgi de nulle part, disparu aussitôt, qu’il retrouve plus tard sur son chemin, suivant un enterrement.

 - Hermine, sans culture mais parlant comme un livre, intervient, bonne fée, au moment opportun alors que le héros n’a plus que la mort pour venir à bout de sa solitude et de son désespoir.

 - L’existence d’un contrat lie Harry à Hermine, son reflet opposé (son négatif, au sens photographique).

 - Pablo sert d’intermédiaire entre le réel et le surnaturel.

 - Le héros entre dans l’univers fantastique grâce à des philtres, poudres magiques ou autres formes de stupéfiant, et par un miroir.

 - Apparitions et disparitions mystérieuses dans la poche d’Harry du jeton de vestiaire, de messages, du poignard. 

 - Sous ses aspects de fiction, Hermann HESSE ne se retient pas de faire quelques critiques politiques.

 - Des artifices de point de vue sont utilisés, avec des modifications de typographie. Le roman est introduit par une personne étrangère à l’histoire. Le manuscrit d’Harry Haller contient un Traité sur le Loup des steppes de style didactique, des poèmes, le compte rendu à la première personne de l’aventure de son auteur.

      Tous ces points sont caractéristiques du genre fantastique.

           Si le fantastique peut apparaître dans une œuvre surréaliste, il est une création venue de l’inconscient où le rêve devient réalité. Le fantastique du Loup des steppes est d’une tout autre nature, il obéit à un rituel.

 

Timbre_sur_Hermann_HESSE_2

 

      Les techniques nouvelles (le cinématographe, le gramophone, la radiodiffusion etc.), accusées par H. HESSE sont maintenant obsolètes. Elles étaient  les devancières de celles qui nous semblent indispensables aujourd’hui. Procédés capables de produire de merveilleuses  réalisations mais aussi de servir des causes bellicistes, nationalistes, totalitaires, les excès capitalistes. Le jugement d’Hermann HESSE à leur propos, loin d’être dépassé et réactionnaire, est au contraire prémonitoire. Aujourd’hui, ne remet-on pas en question leur développement anarchique au mépris de l’environnement naturel, des conséquences climatiques, des ressources en matières premières et du respect de l’Homme qu’ils réduisent à l’état de simple « ressource humaine » ?

      Hermann HESSE a mis de nombreux éléments biographiques dans Le Loup des steppes. C’est un roman déroutant, rébarbatif sur les conflits existentiels, dans lequel il est difficile d’entrer jusqu’à la rencontre avec Hermine. Le lecteur reste étranger au récit. Une sorte de voyeurisme l’aide à maintenir son attention. L’auteur libère des obsessions qui ne sont pas les siennes. Le propos du livre reflète l’influence piétiste subie par l’écrivain. La spiritualité du piétisme est une piété personnelle et un sentiment religieux plus que l’observance stricte d’une doctrine. De même, la solution de nos problèmes est en nous, elle ne peut venir d’ailleurs. C’est à nous de trouver et donner un sens à notre vie sur Terre.

Timbre_sur_Hermann_HESSE

          Le livre, comme toutes les œuvres de HESSE, a été interdit en Allemagne sous les Nazis. Il n’y fut donc connu qu’après la Seconde Guerre mondiale. Il rencontra la faveur de la jeunesse dans les années 1960 à 1980, par les États-Unis avant de revenir en Allemagne. Un groupe de rock’n roll canadien dans les années 1970, a même pris le nom de Steppenwolf. Un réalisateur suisse, Fred Haines a filmé un drame psychologique « Le Loup des Steppes » (produit en 1974), inspiré par Le Loup des steppes.

 

Timbre_Hermann_HESSE_3

 

Des timbres à l’effigie de H. HESSE sur

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&hl=fr&source=imghp&q=TIMBRE+SUISSE+HERMANN+HESSE&btnG=Recherche+d%27images&gbv=2&aq=f&aqi=&aql=&oq=

et

http://www.google.fr/images?hl=fr&client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&gbv=2&tbs=isch%3A1&sa=1&q=TIMBRES+HERMANN+HESSE&btnG=Rechercher&aq=f&aqi=&aql=&oq 

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23 janvier 2011

Jim HARRISON (1937) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Jim HARRISON (1937) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

L’écrivain américain Jim HARRISON est né le 11 décembre 1937 à Grayling dans le Nord du Michigan. Ses parents font partie de la petite bourgeoisie. Ils emménageront trois ans plus tard à Reed City toujours dans le Michigan. Son père, agent agricole, est spécialisé dans la conservation des sols. Sa mère est d’origine suédoise. La famille comptera cinq enfants.

À seize ans, en 1953, il décide de devenir écrivain et quitte le sud pour aller étudier la littérature à Boston et à New York.

En 1960, à l’université, Jim HARRISON se lie d’amitié avec le futur écrivain Thomas MC GUANE[1], et obtient sa Licence de Lettres. Il épouse Linda King la même année. Le couple aura deux filles, Jamie et Anna.

Son père et sa sœur Judith meurent dans un accident automobile en 1962.

En 1965, il obtient son master de Lettres et publie son premier recueil de poésie, « Plain Chant ».

Il devient assistant d’anglais à l’université de Stony Brook (État de New York), poste auquel il renoncera rapidement pour se consacrer à l’écriture. Il rédige des articles de journaux, des scénarios, des recueils de poésie et ses premiers romans.

En 1967, il retourne dans le Michigan. La famille s’installe dans une ferme à Lake Leenau.

En 1971, il publie le roman Wolf, Mémoires fictifs  et  ses poèmes Oulyers and Ghazals (Lointains et Ghazals), puis en 1973, le roman Un beau jour pour mourir, et Lettres à Essenine (courrier fictif).

En 1975, peu après la publication de Farmer (Nord Michigan), Thomas Mc GUANE, qui écrit des scénarios pour Hollywood, lui fait rencontrer Jack Nicholson. Les deux hommes se lieront d’amitié. Grâce à Nicholson qui lui prêtera l’argent nécessaire pour nourrir sa famille, Jim HARRISON pourra consacrer tout son temps à l’écriture. Avec Mc GUANE, il écrit plusieurs scénarios pour Hollywood.

En 1979, un recueil de 3 nouvelles, Légendes d’automnes, est son premier succès littéraire. Suivront

les autres romans

1981, Warlock (Sorcier)

1984, Sundog (Faux soleil)

1988, Dalva

1998, The Road Home (La route du retour) (suite de Dalva)

2004, True North (De Marquette à Veracruz)

2007, Returning to Earth (Retour en terre) (suite de De Marquette à Veracruz)

2008, The English Major (Une Odyssée Américaine)

 Ses poèmes :

1977, Returning to earth

1982, Selected and new poems

1989, Théory and practice of rivers (Théorie et pratique des rivières)

1996, After ikkyu and other poems (L’éclipse de lune de DavenPort)

1998, The shape of the journey

Ses nouvelles :

1979, Legends of the fall (Légendes d’automne), 3 nouvelles

1990,The woman lit by fire flies (La femme aux lucioles), 3 nouvelles

1994, Julip, 3 nouvelles

2000, En route vers l’Ouest, 3 nouvelles

2010, Les jeux de la nuit, 3 nouvelles 

 des essais sur la vie :

1990, Just begfore dark (Entre chien et loup)

 Un texte pour enfants :

2000, The boy who ran to the woods (Le garçon qui s’enfuit dans les bois)

 Un recueil d’articles parus dans les années 80 et 90 :

2001, Adventures of a rowing gourmand (The raw and the cooked), réflexions sur la nourriture.

 Des mémoires :

2002, Off to the side

 Pour le cinéma : en 1989, il adapte sa nouvelle Une vengeance et en 1994, il écrit le scénario de Wolf.


[1] L’écrivain américain Thomas MC GUANE est né en 1939. Nombre de ses livres ont été publiés en France sous les titres suivants : 33° à l'ombre (1978), Embuscade pour un piano (1990), L'homme qui avait perdu son nom (1990), Comment plumer un pigeon (1990), Le club de Chasse (1992), Panama (1992), La source chaude (1994), Rien que du ciel bleu (1994), Outsider (1996), L'ange de personne (1997), Intempéries (2003), À la cadence de l’herbe (2004), En déroute (2006)

16 janvier 2011

Jim HARRISON (1936) – La Route du Retour (1998) traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSSENT

Jim HARRISON (1936)La Route du Retour (1998)
traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSSENT[1]

Dans Dalva (1987), nous avions suivi le destin de la famille Northridge par le journal de l’héroïne, Dalva, les notes de son amant du moment Michael qui, lui même étudiait les récits de John Westley, l’arrière-grand-père, défenseur de la cause indienne. Le livre se terminait en 1985. Un nouvel horizon s’ouvrait dans la vie de Dalva qui s’apprêtait à rencontrer son fils Nelse. Onze ans plus tard, Jim HARRISON apporte un éclairage nouveau à l’histoire de Dalva et la complète, dans La Route du Retour.

Le roman est l’enchaînement des journaux intimes des acteurs principaux du roman. Souvenirs intimes, évocations historiques, traditions ancestrales, petits et grands bonheurs, amours fugaces ou durables, amitiés profondes, chagrins, drames, culpabilité, vulnérabilité, force, générosités, lâchetés, frayeurs, exaltation contemplative de la nature, révoltes, rêves, plaisirs subtiles et raffinés, « cuites carabinées», élucubrations oiseuses, méditations philosophiques ou métaphysiques, références culturelles pour initiés, rencontres. Des détails et les soucis des plus prosaïques s’y mêlent. Dans cette profusion hétéroclite, se cachent les éléments du puzzle qui, assemblés révèlent une image nette et précise de la famille de Dalva. Au lecteur de faire le tri. Tous les Northridge ont en partage l’amour et le respect de la nature, la solidarité familiale, la fidélité en amitié, le  souci de donner un sens à leur vie. Chacun est porteur de qualités et de défauts. Cette humanité les rend attachants.

Nous retrouvons les mêmes protagonistes dans les deux romans. Jim HARRISON a évité le piège des redites et du délayage complaisant que l’on rencontre la plupart du temps dans les sagas familiales. Les mêmes situations vécues et rapportées différemment par les uns et les autres prennent toutes leurs dimensions. Les caractères des personnages et leur rôle respectif s’affirment avec toute leur complexité. En fermant le livre sur la dernière page, on comprend que Jim HARRISON ait désiré revenir sur le métier après la parution de Dalva. Son ouvrage trouve son accomplissement avec La Route du Retour.

Pour se faire une idée de l’univers pictural du grand-père Northridge

Vous pouvez consulter ces sites :

Charles Marion Russel (1864~1926)

 

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Charles+Marion+Russell&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=GRzTTPWeNcSK4QaUqInbDg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CCkQsAQwAA

Charles Éphraïm Burchfield (1893~1967)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Charles+Burchfield&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=1hzTTP_MO92O4gabrvTADg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CC4QsAQwAA

Maynard Dixon (1875~1946)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Maynard+Dixon&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=VB3TTOaJF4Gv4QaV4MStDg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=2&ved=0CDcQsAQwAQ

Marsden Hartley (1877~1943)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Marsden+Hartley&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=mx3TTJx5itTiBsmv6LAO&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CDMQsAQwAA

Stuart Davis (1892~1964)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Stuart+Davis&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=PR7TTIKdIOaN4gaw0-CBDw&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CC4QsAQwAA

Thomas Hart Benton (1889~1975)

http://www.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&q=Thomas+Hart+Benton&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=hh7TTIdkldPiBpXjvLAO&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CC8QsAQwAA

Gottado Piazzoni (1872~1945)

http://www.google.fr/images?hl=fr&client=firefox-a&hs=8zm&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&q=Gottardo+Piazzoni&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=5x7TTKjRNOaX4gb-1ry1Dg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=2&ved=0CDEQsAQwAQ

[1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

 http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=250

"Jim Harrison de A à X" de Brice MATTHIEUSSENT

http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=50

9 janvier 2011

LES MINORITÉS INDIENNES AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE du XVIe au début du XIXe siècle

LES MINORITÉS INDIENNES AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE[1]

du XVIe au début du XIXe siècle

 On estime généralement qu’au XVI e siècle, au début de la colonisation européenne, le nombre d’Indiens vivant sur le territoire occupé aujourd’hui par les États-Unis ne dépassait pas 1 200 000. La plupart vivaient à l’état tribal. On comptait encore 250 au début des années 1980.

On distingue ces tribus par leur langage et leurs dialectes. Le linguiste et anthropologue Edward Sapir (1884~1939) a publié en 1924 une classification en six grandes familles linguistiques :des tribus indiennes d'Amérique du Nord

-eskimo-aléoute, en Alaska, au Canada septentrional, au Groenland par les Esquimaux et les Aléoutes (pêcheurs).

-algonkin-wakash, de la côte atlantique à la côte pacifique dont les principales tribus sont les Crees, Delawares, Chippewas ou Ojibwas, Micmacs, Pieds-Noirs, Cheyennes, Arpahos ;

-na-déné, dans le Nouveau-Mexique où vivent entre autres les Navajos et les Apaches ;

-penutia, en Californie dont les principales tribus sont les Maidus, Miwoks, Yokuts, Klamaths ;

-hoka-sioux, dans les Grandes Plaines, le Sud-Ouest et le Sud-Est des États-Unis pratiqué entre autres par les Sioux, Dakotas, Crows, Pawnees, Cherokees, Iroquois ;

-uto-aztèque-tano, dans les plaines du Sud, le Sud-Ouest principalement pratiqué par les Hopis, Comanches, Zunis.

Certaines de ces tribus cultivaient le maïs, celles des plaines vivaient de la chasse au bison (de 50 à 75 million de têtes au début du XVIe siècle). Les seuls animaux domestiques étaient le chien et la dinde. Les Européens introduisirent le cheval, les moutons dans le Sud-ouest, et les poules.

Dans les Plaines, des sociétés nomades ou sédentaires(les Sioux, les Cheyennes, les Comanches, les Mandans, les Pawnees), sans pouvoir centralisé et à forte connotation guerrière se développèrent.

Dans le Sud-Est, Les Natchez, les Creeks, les Cherokees dans le Sud-Est étaient des sociétés sédentaires fortement hiérarchisées.

Il pouvait exister entre certains peuples des relations pacifiques d’échanges commerciaux ou de voisinage. Les chasseurs nomades du Labrador et du Nord des Grands Lacs, les Assiniboines, les Montanais, les Ottawas, les Micmacs entretenaient des relations commerciales avec les peuples sédentaires hurons et iroquois. Les Hurons et les Iroquois étaient  politiquement organisés en confédérations. Dans le Sud-Ouest, les Pueblos, agriculteurs sédentaires, vivaient en théocratie. Ils avaient accepté le voisinage avec des Navajos et des Apaches venus du Nord.

La plupart des tribus nomades se livraient une guerre continuelle.

Dès la première moitié du XVIIe siècle, dans les colonies de peuplement des colonies anglaises où s’installaient des agriculteurs, les Indiens commencèrent à être refoulés par les Anglais et privés de leurs terrains de chasse. Le système des « réserves » fut introduit en Virginie dès 1656. Aussi, les escarmouches entre Indiens et Blancs devinrent incessantes. En 1675/76, le chef de la tribu des Wampanoags ayant pris la tête d’une coalition rassemblant la plupart des Indiens établis entre le Maine et le Connecticut  ravagea la Nouvelle-Angleterre et détruisit une vingtaine de localités.

Durant les guerres franco-anglaises, au XVIIIe siècle, pour obtenir l’alliance des différentes tribus, les deux parties rivalisèrent de cadeaux et promirent solennellement la signature de traités et l’achat des terres.

Après l’indépendance des États-Unis, l’ordonnance du Nord-Ouest en 1787 confirma qu’aucune tribu ne pouvait être privée de ses terres ou de sa liberté, sauf dans le cas d’une guerre légalement autorisée par le Congrès. Mais, dès cette époque, la ligne des Appalaches était déjà largement franchie par les colons.

Au XIXe siècle

Dans les années 1830/1840, la politique du gouvernement américain devint coercitive à l’égard des Indiens :

À l’Est du Mississipi, 100 000 Indiens Cherokees et Seminoles, ayant refusé de vendre leurs terres, furent transplantés de force à l’Ouest du fleuve, vers le Territoire indien (l’actuel Oklahoma) créé dès 1834. Ces Indiens déportés étaient placés sous l’autorité du Bureau des affaires indiennes.

La grande poussée de l’émigration blanche vers l’Ouest commença en 1848 avec la découverte de l’or en Californie. 

Dans les Grandes Plaines, les épizooties, la sécheresse et les massacres provoquèrent la disparition progressive des bisons dont il ne restait plus que quelques centaines de têtes en 1890. Les Indiens tiraient de cet animal la base de leur nourriture. Les peaux et les carcasses servaient aussi à confectionner leurs vêtements, leurs outils, leur habitat, leurs médicaments. À cela s’ajoutait l’implantation d’agriculteurs sédentaires qui procédaient à l’installation de clôtures autour de leurs propriétés. Les bases de l’économie de chasse traditionnelle des Indiens s’effondra.

En 1871, il fut décidé que les tribus perdaient leur pouvoir indépendant. Désormais, aucun traité ne pourrait être conclu avec elles.

Sur le sentier de la guerre :

Les guerres indiennes occupent toute la deuxième partie du XIXe siècle.

 En 1862, guerre de Little Crow : Les Sioux Santees (Dakotas) dévastèrent le Minnesota et capturèrent un millier de blancs. Ils furent battus par le général Sibley à Wood Lake. 38 chefs sioux furent pendus à Mankato.

 En 1864, les Cheyennes prirent la tête d’une coalition rassemblant les Apaches, les Comanches et les Kiowa. Le colonel John Chivington organisa le massacre des Indiens à Sand Creek. Les Apaches, les Comanches et les Kiowa furent contraints d’accepter leur réinstallation dans le Territoire indien au Nord de la Rivière Rouge.

 En 1867, le Congrès établit une commission de paix. En 1867, le traité de Fort-Laramie finit la guerre des Plaines et garantit la région des Black Hills aux Sioux.

Avant1871, plus de 400 traités avaient été conclus avec les nations indiennes. Cette année là, une loi stipula qu’ «aucune tribu ou nation indienne ne sera reconnue en tant que tribu ou puissance indépendante avec laquelle les USA puissent contracter des traités. »

En 1875, l’or est exploité dans les Black Hills du Dakota du sud que le gouvernement avait pourtant promis de respecter.

En 1876, les Sioux et les Cheyennes commandés par Sitting Bull refusèrent de regagner leur réserve. Le 25 juin, sur les bords de la Little Bighorn, le Colonel Georges Custer (1839~1876), qui avait attaqué un village indien, est cerné par 2 500 Sioux dirigés par Crazy Horse, mourut avec 264 hommes de la 7ème cavalerie.

En janvier 1877, le Général Nelson Miles surprit Crazy Horse dans son camp d’hiver et dispersa ses hommes. Crazy Horse se rendit en mai.

Les Nez-Percés, conduits par le chef Joseph, qui avaient fait un dernier effort pour échapper à la transplantation, furent vaincus en octobre 1877 et déportés en Territoire indien.

La dernière grande guerre indienne fut menée par les Apaches de l’Arizona et du Nouveau Mexique, de 1882 à 1886, sous le commandement de Vitorio et de Geronimo. Après leur défaite, tous les Indiens étaient regroupés sur le Territoire indien ou dans des réserves. L’Allotment Act de 1887 leur attribua un statut officiel.

Le 15 décembre 1890, Sitting Bull fut assassiné. Le 29, un massacre eut lieu à Wounded Knee où 120 hommes, dont Big Foot, 230 femmes et enfants sioux, oglalas, lakotas et minneconjus furent tués. Le 15 janvier 1891, vit la reddition indienne définitive.

Les causes de la défaite :

-leur infériorité numérique considérable,

-leur division et leur opposition entre tribus

-leur armement très inférieur.

Les causes de la quasi disparition des Indiens :

-leur non-résistance aux microbes venus d’Europe avec les immigrants (variole, rougeole, choléra). En 1764, lord Jeffrey Amhert (1717~1797) [2]qui était commandant en chef des troupes anglaise aurait déclenché volontairement l’épidémie de variole[3] dont furent victime les membres de la tribu Delaware qui assiégeait le fort Pitt (Pittsburgh, Pennsylvanie) favorisant la défaite des Indiens à Bushy Run. Dans les années 1830/1840, une autre épidémie de variole dans le bassin du Missouri entraîna la disparition presque complète des Pieds-Noirs. De 1849 à 1851, les Indiens de l’Oregon ont été décimés par le choléra.

-les famines dues à la disparition des bisons et, dans les réserves, la non-distribution des vivres promis par les traités.

-l’alcoolisme principalement dans les réserves.

Vers 1900, le nombre d’Indiens était descendu à environ 250 000. 

Au XXe siècle 

Pendant la première Guerre mondiale, on a compté 6 000 volontaires sur les 8 000 Indiens qui servirent dans l’armée et la marine.

En 1924, le Congrès, accorde en reconnaissance, aux Indiens la citoyenneté s’ils ne l’avaient pas encore. Mais jusqu’en 1948, le Nouveau-Mexique et l’Arizona leur refusent le droit de vote. La plupart d’entre eux restent, jusqu’à ce jour, indifférents aux luttes électorales.

La condition des Indiens resta particulièrement précaire jusqu’à la loi de 1934 qui leur ouvrit des crédits pour acheter des terres et du bétail. 


 

[1] Sources : Dictionnaire d’histoire universelle  en 1 volume Michel MOURRE (Jean-Pierre Delarge – Bordas)

Petit ROBERT des noms propres (Dictionnaires Le Robert – 27 rue de la Glacière 75013 PARIS)

Quid – Dominique et Michèle FRÉMY (Robert Lafond www.quid.fr)

[2] Lord Jeffrey Amhert (1717~1797) qui était commandant en chef des troupes anglaise aurait déclenché volontairement l’épidémie de variole

http://cyberacadie.com/index.php?/deracinement_biographie/Jeffery-Amherst-1er-baron-Amherst.html

[3]Voici un extrait de sa correspondance avec son subalterne, le colonel Henri Bouquet, mercenaire d’origine suisse : « You will do well to try to innoculate the Indians by means of blankets, as well as every method that can serve to extirpate this execrable race. » (« Vous feriez bien d'essayer d'infecter les Indiens avec des couvertures, ou par toute autre méthode visant à exterminer cette race exécrable. ») http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeffery_Amherst


 

 

9 janvier 2011

Jim HARRISON (1936) - Dalva (1987)

Jim HARRISON (1936) -Dalva (1987),

 traduit de l’anglais par Brice MATTHIEUSENT[1]

Dans le premier livre de cette saga familiale, Dalva s’adresse au fils qu’elle a mis au monde trente ans plus tôt, alors qu’elle n’avait que seize ans. Qu’est devenu le bébé qui, sitôt né, lui a été retiré et a été confié à une famille adoptive ? Désire-t-il seulement la connaître ? Dalva cherche à voir clair dans son propre destin et tente de fournir à ce fils inconnu qu’elle recherche, les clés qui l’aideront à se situer dans la lignée des descendants de John Wesley Northridge. Quel secret cache cet enlèvement du fruit de son amour pour Duane, le jeune métis sioux qui travaille au ranch de Grand-père ?

Dalva doit faire un choix d’existence. Employée dans un hôpital de Santa Monica en Californie où elle vit depuis une dizaine d’années, vient d’être congédiée pour avoir pris trop à cœur son travail social auprès de jeunes en détresse. Sérieusement menacée physiquement par l’oncle violeur d’un de ses protégés, elle quitte la région pour le ranch familial au Nebraska. Elle espère remplacer sa mère Naomi qui prend sa retraite du poste d’institutrice de l’école du village.

Carte_de_l_expansion_des_Etats_Unis_au_XIX_me_si_cle


 

AuCouverture_du_livre lendemain de la guerre de Sécession, l’arrière-grand-père de Dalva parcourait les terres indiennes du Middle-West. Missionnaire méthodiste, il était aussi chargé de sédentariser les peuples sioux en leur enseignant l’art de cultiver la terre.S’il n’a réussi ni à christianiser, ni à fixer les indiens nomades sur les terres ingrates qui leur étaient abandonnées, il a appris à connaître, à comprendre, à aimer les farouches guerriers que sont les Sioux et à s’en faire le défenseur. Paradoxalement, Northridge était aussi un pionnier qui a su mettre en valeur les terres qu’il s’est vu attribuer au Nebraska. Il a opportunément acquis à bon prix les biens de fermiers en échec. En même temps qu’un immense domaine prospère, le fils né de son union avec une indienne a hérité des cahiers où il notait le fruit de ses travaux d’ethnologue, ses observations du milieu naturel, ses confessions et tenait son journal.

Grand-père était habité par les deux cultures. Élevé chez les Indiens, il partageait avec Salva le respect de la nature sauvage, savaient prendre le temps de la contempler, d’observer la faune et la flore, avaient le goût des chevauchées dans les grandes plaines et l’amour des chiens et des chevaux. Le contenu de la bibliothèque de Grand-père, les tableaux qui la décoraient, le contenu de sa cave, révélaient l’étendue de sa culture, la qualité de ses choix esthétiques et le raffinement de ses goûts. Homme d’affaire avisé il avait su gérer ses biens et s’était encore enrichi. Il s’était employé à protéger d’une exploitation maladroite ou malsaine le matériel ethnographique légué par son père.

Grâce à Michael, qui prend le relai du récit dans le deuxième livre, nous pourrons lire avec lui certaines pages des cahiers de l’arrière grand-père de Dalva. Michael est un universitaire spécialiste de l’histoire de la résistance des Amérindiens à l’armée des États-Unis pendant la Conquête de l’Ouest. Dalva l’a autorisé à consulter sur place les deux coffres de documents de J. W. Northridge. Né dans une cité minière, puis étudiant et professeur en ville, Michael réalise rapidement que ses discours aussi péremptoires qu’emphatiques et fumeux n’ont aucune portée auprès des ranchers du Nebraska.  Naïf, voire niais, dans cet environnements, ce professeur alcoolique en sevrage apprendra à ses dépens que force, résistance physique et bagarres y font loi. Ses tribulations au Nebraska, qu’il rapporte non sans autodérision, alternent avec les désillusions de J. W. Northridge dans cette deuxième partie du roman.

Dalva est une femme de son temps. Active engagée dans la vie sociale et passionnée, elle essaie de concilier ce qui a été et ce qui est. Sensuelle, sensible aux autres, elle vit pleinement l’instant présent. Elle fait corps avec la nature des grandes plaines, des routes rectilignes interminables, du désert de l’Arizona, de l’océan Atlantique, de l’immense golfe de Californie et aime se ressourcer dans des lieux de solitude absolue. Elle est habitée par le sens de la famille et l’amour des siens.

Dalva, Michael et la plupart des héros de ce récit sont à un tournant de leur vie. Noami va prendre sa retraite et se consacrer davantage à sa passion d’ornithologue, pour laquelle ses observations sur le terrain sont appréciées des spécialistes. Ruth, sa fille cadette, confinée à Tucson depuis que son époux Ted a décidé de vivre son homosexualité, se décide enfin à vivre pour elle-même et vit une passion amoureuse rocambolesque avec un prêtre catholique partagé entre sa sexualité et ses remords.

Que le lecteur ne soit pas intimidé par les 472 pages de ce roman, ni, dans le premier livre, par l’abondance des personnages, dont certains ne sont que de passage, ni par l’afflux des lieux qui jalonnent l’existence des héros, ni par la chronologie volontairement déstructurée par Jim HARRISON ! Quelques pages de persévérance et il se laissera emporter dans la quête existentielle de Dalva. Dans le troisième livre « Retours », la chronologie se stabilise tout comme l’héroïne qui voit s’éclaircir son horizon.

Carte_des_Etats_Unis_d_Am_rique

Nous sommes en 1985, Depuis 150 ans environ, les États-Unis d’Amérique, construits par des immigrants européens fermement décidés à fuir la misère, utopistes pour certains, fanatiques pour d’autres, cupides et assoiffés de richesses pour d’autres encore, sur les territoires occupés par des civilisations antérieures, peuples querelleurs sédentaires ou nomades qu’ils ne se sont pas donné la peine de comprendre, imbus qu’ils étaient de détenir la Vérité, conscients de leur supériorité numérique et de la puissance de leurs armes. Chaque génération est marquée par les séquelles d’une guerre, de Sécession pour l’arrière-grand-père, Première Guerre Mondiale pour le grand-père, Deuxième Guerre Mondiale pour le père de Dalva, de Corée où son avion a été abattu, du Viêt-Nam dont Duane ne se remettra pas. Le Président Reagan[2] soutient les rebellions d’Amérique Centrale et d’Angola et aide militairement les insurgés afghans. Sur le plan social et économique, son gouvernement encourage les productivités industrielle et agricole intensives, les sociétés privées sont favorisée au détriment des services publics. La surconsommation et l’endettement augmentent. Les plus faibles en faillite se trouvent sans ressources. La goinfrerie boulimique, l’alcoolisme et la consommation de drogue sont en expansion. Le milieu gay prend conscience du développement du sida. Les germes des crises de la fin du XXe et du début du XXIe siècle sont en place.

Aucune nostalgie, aucun jugement à postériori dans cette saga, aucune prise de position partisane affirmée, aucune dénonciation accusatrice. Les faits sont ce qu’ils sont, même si ça gratte où ça fait mal. C’est comme ça. Il faut en tenir compte. C’est tout. Jim HARRISON raconte une belle histoire pleine d’humanité, une belle histoire de femme, dans ce magnifique roman qui se déguste.

Pour voir le message sur La Route du Retour (1998)


[1] Brice MATTHIEUSSENT (1950) est diplômé de l’E.N.S. des Mines de Paris (1973), est titulaire d’une licence et Maîtrise de philosophie (1974) et d’un doctorat d’Esthétique. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain et l’esthétique à l’École Supérieure des Beaux-arts de Marseille depuis 1990 et enseigne aussi à l’École Nationale Supérieure de la photographie à Arles. Il participe aussi au Mastère de Traduction Littéraire de Paris. Il est traducteur de nombreuses fictions de langue anglaise depuis 1975 et est directeur de collection aux Éditions Bourgois à Paris depuis 1990. Il auteur d’un roman paru en 2009, Vengeance du traducteur.

http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=250

"Jim Harrison de A à X" de Brice MATTHIEUSSENT

http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=50

[2] Les deux mandats du Président Reagan : 1980~84 et 1984~1988

 

 

26 décembre 2010

Carole MARTINEZ (1966) - Le cœur cousu (2007) - LE CONTEXTE HISTORIQUE

Carole MARTINEZ  - Le cœur cousu (2007)
LE CONTEXTE HISTORIQUE

A propos du roman Le cœur cousu (2007) voir :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2010/12/19/19915426.html

« Actuellement, tout se joue en France : M Pasteur y a fait des découvertes stupéfiantes, sur le virus rabique entre autre... » confiait Eugenio à son auditoire (p 191). 

« Dans une des salles de la mairie à peu près épargnée par les flammes où ce qui restait du groupe de Salvador venait d’établir son quartier général, on s’interrogeait sur la conduite à adopter car il était évident que le gouvernement faussement libéral de Sagasta, même s’il venait d’établir le suffrage universel masculin et d’autoriser tous les partis, ne les laisserait pas prendre ainsi les rênes d’une commune. » (p 251).

 Ces deux indices permettent de dater approximativement l’époque à laquelle se déroule cette histoire et d’en préciser le contexte historique. C’est en 1885 qu’assisté de Roux, Pasteur (1822~1895) appliqua le vaccin de la rage à un enfant mordu par un chien enragé.

D’autre part, Sagasta (1825~1903) fut ministre de l’Intérieur espagnol après la révolution de 1868, Président du Conseil en 1872 et 1874. Il fut ensuite Premier ministre dans 5 gouvernements de 1881 à1902 sous le roi Alphonse XII et pendant la minorité de son fils Alphonse XIII. En cette fin de XIXe siècle, l’Espagne avait pris un retard considérable dans le domaine de l’industrialisation et de l’équipement technique. Malgré le faible développement industriel, le mouvement ouvrier commença à prendre de l’ampleur, surtout en Catalogne, à partir des années 1880. D’inspiration surtout anarchique, il se manifesta avec violence par des grèves révolutionnaires, des incendies d’églises, de couvents. L’Espagne connaissait aussi une grave crise agraire puisque 40% de la fortune foncière appartenait à 1% de propriétaires[1].

Entre 1880 et 1900 de nombreuses familles espagnoles émigrèrent en Algérie dans la région d’Oran.

Origine des Espagnols vivant à Oran en 1900 :

Afrique du Nord 25%

Murcie 18%

Almeria 17%

Valence 9%

Alicante 9%

Albacete 7%

Grenade 4%

Cuenca 3%

Malaga 3%

 

Voir : MIGRATION DES ESPAGNOLS EN ORANIE (1830-1962) par Bernard Zimmermann (Bernard Zimmermann. Président de Soleil en Essonne. Instituteur en Algérie jusqu’en 1966 puis professeur d’histoire et géographie en Région parisienne.)

http://www.soleilessonne.net/IMG/pdf_MIGRATION_DES_ESPAGNOLS_EN_ORANIE.pdf

Lire aussi : Espagnol en Oranie: histoire d'une migration, 1830-1914  Par Jean-Jacques Jordi, ouvrage dont il est fait référence dans l’article qui précède.

http://books.google.fr/books?id=LTuogxsArtYC&pg=PA114&lpg=PA114&dq=Oran+1900+%3Dorigine+des+espagnols&source=bl&ots=bhVEg05Pjw&sig=BiOYW3XFT2eDZSkYN-elcSBdMTo&hl=fr&ei=_j0OTYuwBMSt8gOMoZyCBw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBwQ6AEwAA#v=onepage&q=Oran%201900%20%3Dorigine%20des%20espagnols&f=false

 


 

[1] Sources : Michel MOURRE Dictionnaire d’histoire universelle Jean-Pierre Delarge - Bordas

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