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10 avril 2011

Yann QUEFFÉLEC (1949) - Les Noces barbares (1985)

Yann  QUEFFÉLEC (1949) - Les  Noces barbares (1985)

 

Déroulement du récit :

     Tout a commencé par un mensonge l’après-midi de la Saint-Jean. Une adolescente de treize ans, Nicole, n’était pas à la plage comme le croyaient ses parents, mais au dancing du bar du Chenal. C’est là que Will l’a abordée. Will disait être un pilote militaire américain d’une base de Gironde. Ses compliments flatteurs, ses yeux verts fascinants avaient ému la jeune fille. Le charme de Will avait aussi agi sur madame Blanchard et sur son époux. Depuis deux mois, le jeune homme menait sa cour rondement, avait même parlé mariage. Nicole irait vivre dans le Michigan en Amérique ! « Hé bé... faudra voir avec le temps... Faudra voir à voir. », avait conclu sentencieusement monsieur Blanchard.

      La présence du camp américain ne se justifie plus en ce début des années 1950. Il ferme. Les soldats retournent au pays. Une soirée d’adieu y serait organisée. Grâce à un nouveau mensonge, pour rejoindre Will, Nicole a pu échapper à la vigilance de ses parents comme à celle de Nanette, sa cousine, chez qui elle est censée passer la soirée.

     La réalité de la fête est un horrible traquenard que Will a tendu à l’adolescente. Le camp est désert, son évacuation est terminée. Dans une débauche alcoolique et obscène, ils sont trois à se la disputer, à la bousculer et à la violer, la nuit durant. C’est une Nicole en larmes, détruite, ensanglantée, robe en lambeaux qui, au petit matin, se réfugie chez Nanette.

     De ces « noces barbares », un garçon est né. Ludo a pour tout héritage, les yeux verts de Will. À la naissance, Ludo a déjà un lourd passé. Il a dû surmonter les effets des diverses potions abortives, solutions de bonnes femmes et les multiples manœuvres imposées par madame Blanchard à sa fille pour « décrocher » le fœtus. L’enfant, nié par sa mère, refusé par ses grands-parents, est relégué dans le grenier.

Dessin_de_Ludo_3

     Autodidacte, Ludo tente d’interpréter le monde de la lucarne donnant sur la cour, à travers une fente du plancher au-dessus de la chambre de Nicole et par les éclats des imprécations des habitants de la maison. Coupable d’être né, il voudrait être pardonné, regardé par sa mère. Comment, cette gamine de quatorze ans pourrait-elle ne pas revivre à travers lui et ses yeux verts le cauchemar de sa nuit au camp d’Arzac ? - L’enfant n’est pas normal, « Il a le singe », il faut le placer, scande la boulangère. Nanette qui l’a élevé dans sa petite enfance, est seule à s’intéresser à lui et à lui porter affection.

Dessin_de_Ludo_2     Nicole se marie avec un mécano enrichi, Michel Bossard. Les boulangers sont satisfaits de ce mariage de convenance. Si Micho a quinze ans de plus que leur fille et est père d’un gros garçon d’une dizaine d’années surnommé Tatav. Le prétendant est disposé à épouser la fille-mère incasable et reconnaît même l’enfant. De plus, il possède, la plus belle propriété du pays.

     Dans sa septième année,  Ludo quitte donc son antre-grenier pour une chambre aux  Buissonnets où il agrémente de rituels ésotériques les charges domestiques que Nicole lui impose. Quêtant en vain d’obtenir une preuve d’amour ou seulement le regard maternel, il est balloté entre les exigences, les rebuffades, les reproches, les accusations de la jeune femme. Souffre-douleur de Tatav, à qui il sert de faire-valoir dans ses passions sadiques et scatologiques, tout en partageant avec lui une certaine complicité.

 Dessin_de_Ludo4

     Conduit par Nanette, l’enfant « asocial» fait son entrée à l’école du village où il est en proie à la solitude et aux sarcasmes cruels des grands, mais se montre capable de lire et écrire. En l’absence de Tatav, aux Buissonnets, le garçon est livré à lui-même en dehors de son service. Au retour de l’école, il fait un détour par le port. De son nouveau « niglou » du côté du wharf,  il laisse divaguer son imagination et donne consistance à ses rêves, contemplant la mer.

Dessin_de_Ludo_5     Nicole, toujours hantée par son amour brisé, ne trouve pas la paix. Elle cherche vainement une issueLa_Floride_Renaultdans l’alcool et la vitesse à bord de la Floride[1] que Micho lui a offerte. Malgré la patience et les attentions généreuses deMicho, elle méprise son mari plus âgé qu’elle et rustique à ses yeux. Soutenue par le harcèlement continu de sa mère, elle n’aura de cesse de convaincre Micho de faire enfermer Ludo dans une institution pour débiles mentaux. Mademoiselle Rakoff, une cousine de Micho, accepte de prendre l’enfant dans le pensionnat « spécialisé » privé, qu’elle  dirige.

     De nombreux pensionnaires de l’établissement sont des adultes atteints de débilité ou de divLes_dessins_de_Ludo_2erses pathologies mentales, placés là par des familles fortunées. « Calmés » par de mystérieuses pilules blanches, ils sont confinés dans leur déficience par les surprenantes méthodes psychothérapiques et pédagogiques de Melle Rakoff. Ludo souffre de cet enfermement. Les mois se succèdent, presqu’une année passe. Il attend en vain une visite dominicale ou une réponse de sa mère à ses lettres. Dans sa chambre illustrée de ses étranges dessins reproduits à l’infini, en proie à des rêves récurrents, désespéré, Ludo se laisse dépérir ou, mouton noir d’un troupeau de moutons blancs, il défie la discipline de l’établissement. La nuit, déjouant l’espionnage d’Odilon le nain cafteur, il se faufile dans les couloirs, le réfectoire vide, les caves et le parc du château et découvre la sexualité et les secrets des habitants des lieux. Révolté, il s’enfuit le soir de Noël, après avoir mis le feu à la crèche perpétuelle.


     Le fugueur, après avoir erré sans repère dans la forêt de pins, arrive sur une plage bordelaise déserte et trouve asile dans l’épave d’un bateau échoué, en attente de découpage par les ferrailleurs. Devenu «saisonnier, hors saison », il  y vit protégé par les tenanciers de l’épicerie-buvette du village voisin et Francis Couélan, un ex-bagnard de Cayenne qui habite une caravane près de la plage. Toujours habité par l’obsession de la reconnaissance maternelle, il écrit des lettres enflammées à Nicole.

 Mademoiselle Rakoff imagine déjouer la méfiance de Ludo par une ruse afin de le capturer et le faire enfermer dans un asile d’aliénés. Nicole servira d’appât. Dans ce but, cette dernière vient voir son fils et joue la comédie. Dans le bateau-maison, au cours de la confrontation, le garçon plonge enfin les yeux dans le regard qui le fuyait derrière la main noire auréolée de roux. Une métamorphose se produit, ébauche de l’épisode qui achèvera leurs noces barbares.


Les_dessins_de_Ludo

 

Commentaire :

La narration est faite avec sensibilité et empathie.  Yann QUEFFELEC se place aux côtés des victimes, Nicole l’adolescente naïve, Ludo l’enfant rejeté et enfermé. La presse et les médias d’actualité font état régulièrement, hélas, de faits similaires de jeunes adolescentes violées « en réunion », de la découverte d’enfants martyrs séquestrés durant des années à l’insu de tous, ou de conséquences terrifiantes de « déni d’enfant ». On souhaiterait que cette histoire ne soit qu’une accumulation de situations singulières. Il est, hélas, des êtres sur qui le malheur s’acharne !

      Dépassant le réalisme, Yann QUEFFÉLEC a su jouer de cette accumulation pour faire une épopée du passage sur terre de Ludo. L’intérêt du roman est aussi dans la psychologie des personnages. Le roman a été écrit dans la première moitié des années 1980. Yann QUEFFÉLEC a été sensibilisé depuis plus d’une décennie à l’expérience de psychanalystes américains mise à la portée de non-spécialistes par des émissions de télévision et la parution de leurs ouvrages destinés au grand public.

Les personnes qui évoluent dans l’univers de Ludo sont socialement considérées saines d’esprit. Cependant, au fil des pages, on s’aperçoit que le garçon est cerné par une fatalité implacable. Il est entouré d’êtres dans l’incapacité de le comprendre, habités par leurs propres psychoses : les parents Blanchard obsédés par le « Qu’en dira-t-on ? », un compagnon pervers, Tatav, élevé aussi sans mère, Mademoiselle Rakoff fétichiste morbide. Ils s’acharnent sur le plus faible. Ludo cumule sa détresse affective avec son ignorance des codes sociaux habituellement transmis par la famille.

Nanette souffrait de la mort en bas âge de son fils. Nanette a aidé le petit garçon, mais elle est morte. Micho était meurtri par la mort tragique de sa première épouse. Il pensait que Ludo n’était pas aussi bête qu’on prétendait, qu’il pourrait lui apprendre son métier. Micho était généreux mais complexé par ses origines très modestes. Il n’était pas armé pour s’opposer aux exigences de Nicole, laquelle savait habilement user de chantages pour faire aboutir ses désirs. Au village des Forges, il a trouvé des protecteurs discrets le couple illégitime des épiciers-cafetiers et un ancien bagnard violeur d’une vieille femme qui a payé sa dette à la société. Tous trois marginaux ! Sans pouvoir !

Au fur et à mesure du déroulement du récit, l’étau se serre sur Ludo, la fin tragique du récit devient inéluctable.

On ne peut qu’applaudir ce choix fait par le jury du Prix Goncourt qui a récompensé en 1985 ce second livre de Yann QUEFFÉLEC.

 

Voir : Yann QUEFFÉLEC (1949) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

[1] Lancée en 1959, la Floride marque l’avènement de l’automobile plaisir. L’élégance raffinée de cette jolie décapotable séduit. Sa ligne pure, née d’une collaboration avec les carrossiers italiens Ghia et Frua, ainsi que ses teintes recherchées en font une voiture raffinée qu’adoptent certaines vedettes du spectacle.

http://www.renault.com/fr/passionsport/les-vehicules-historiques/pages/renault-floride.aspx

 


 

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8 avril 2011

La Vie fantôme - Danièle SALLENAVE (1940)

La Vie fantôme 1986

Danièle SALLENAVE (1940)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/08/19525210.html

Une ville moyenne indéterminée est le théâtre d’un adultère.

Le roman comporte trois parties. L’histoire recouvre les années 1970 sur 5 ans avec une précision chronologique déstructurée dans laquelle on se retrouve cependant parfaitement,. La météo est prise en compte, parfois sans date.

La première scène et la dernière scène du roman sont des scènes de lit dans lesquelles il n’y a aucun détail obscène.

L’amour est organisé, programmé l’après-midi, au goûter. La femme est dans la dépendance totale, aliénée au temps. Elle se sent seulement elle-même et épanouie, dans ces moments. Elle n’éprouve aucune révolte face à cet état de  fait . Paradoxalement, lui est heureux de rentrer chez lui.

Cette situation entraîne des problèmes matériels pour les appels téléphoniques (à une époque sans téléphone portable), nécessite une boîte aux lettres pour la correspondance (elle sera peu utilisée), des aménagements pour la location de la villa des vacances de façon à rester à proximité l’un de l’autre et à s’entrevoir.

Ni l’un ni l’autre n’a la vocation pour son métier. Lui est professeur de lettres et elle est bibliothécaire dans le même lycée. Leur profession ne les absorbe pas.

La deuxième partie du récit est un flash-back dans les années 1950 dans lequel leur rencontre, leurs études et leur choix professionnel sont évoqués. La seule manière de se retrouver se situe autour des livres. Ils ont peu d’amis. Ce qu’il y a entre eux est « l’entente » malgré certaines bourdes de Pierre qui parallèlement, depuis 10 ans, vit heureux en ménage avec son épouse Annie.

Dans la troisième partie, ils auront un très court épisode de vie commune, trois jours, entre Lille et la Belgique.

Laure, qui n’a pour ainsi dire pas d’ami, ira au mariage de son cousin et aura à cette occasion un regard sur la famille. Pierre, qui n’a pas d’amis non ,plus fait cependant des confidences à son beau-père puis à un vieux professeur ,mais les uns et les autres sont dans l’impossibilité de communiquer.

Les amants vont être séparés par la maladie.  Ils se retrouveront dans la même villa où Annie, la femme de Pierre, reviendra d’une absence plus tôt que prévu. Laure devra fuir. Humiliée, elle prend conscience de « la vie fantôme ».

Le roman a une fin ouverte sur … rien. On note le rôle joué par la moustache que porte Pierre au cours de ces retrouvailles et que Laure n’a pas remarquée.

Les Portes de Gubbio (1980)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/08/18986358.html

8 avril 2011

Les Portes de Gubbio (1980) Danièle SALLENAVE (1940)

Danièle SALLENAVE (1940)Les Portes de Gubbio (1980)


  Les Portes de Gubbio (1980) est le troisième roman de Danièle SALLENAVE pour lequel elle obtint le Prix Renaudot en 1980 qui la fit connaître du grand public.

     L’action des Portes de Gubbio se déroule dans un pays d’Europe de l’Est, qui n’est pas nommé, à la veille du « Printemps de Prague », dans un climat lourd d’oppression et de censure politique. Danièle SALLENAVE aurait déclaré dans un entretien qu’il a été publié à la suite d’un court séjour qu’elle avait fait à Berlin en 1977, au cours duquel elle avait expérimenté ce choc des deux mondes séparés par un mur.

     L’introduction de ce roman s’intitule « Avertissement du traducteur ». Ce dernier raconte comment, il s’est vu remettre un paquet par un jeune homme anonyme de la part de l’homme qui l’avait accompagne la veille jusqu’à son hôtel. Le paquet contient 5 cahiers manuscrits du journal de S. et quelques feuillets sans date.

     Ce journal s’étend du 2 octobre 1966 au 23 juin 1967. L’auteur de ce journal est personnage principal du roman, S.. Son nom demeure inconnu. Professeur de musique au conservatoire, il sollicite un congé auprès de son ministère pour se livrer à des recherches de composition musicale. Présenté au départ comme une faveur qui lui est accordée pour poursuivre ses recherches musicales, ce congé se transforme bientôt en une obligation de collaborer avec le régime. L’administration exige en effet que le narrateur produise de la musique subliminale destinée à améliorer la productivité des travailleurs dans les usines.

     S. est rapidement entraîné sur un autre terrain. Au lieu d’écrire de nouvelles partitions, il multiplie les démarches pour recueillir des témoignages concernant les dernières années de la vie d’Egon Kaerner. S. se sent attiré et comme inspiré par Kaerner : Il trouve dans son œuvre une ascèse rigoureuse et exemplaire, sans fraude et sans concession à l’égard du régime. Kaerner possède une vision très particulière de la musique. Les lettres de Kearner ainsi que quelques extraits de son journal s’imbriquent dans le journal de S..

     S. s’interroge sur le phénomène de création et sur l’impression que produit l’écoute musicale.

     À travers les réflexions de S., compositeur et de S., biographe de Kearner Danièle SALLENAVE discute l’opposition qu’on établit d’ordinaire entre l’engagement et l’art pour l’art. Elle montre que l’engagement, qui doit reposer sur le choix et sur la liberté, peut être transformé en propagande d’État, comme c’était alors le cas pour de nombreux artistes dans les pays de l’Est. L’art ne saurait se réduire à l’exaltation d’idéaux collectifs. Mais elle critique aussi les artistes qui comme à l’Ouest dans les années 1960-1970, pratiquèrent un art formaliste à l’extrême, dépourvu de tout message transitif et de tout contenu social. L’art pour l’art implique un certain engagement dans la société.

     Le journal de S., qui s’apprête à franchir le cap de la quarantaine, décrit sa vie privée et sa liaison avec Anne, une étudiante du conservatoire, d’où une réflexion sur l’âge mûr, sur l’amour passion et sur l’amour tendresse, sur la vie de célibataire et sur la vie de couple, sur la création et la procréation.

S. rend fréquemment visite à F., professeur d’archéologie dont les recherches, sur le terrain, sont interrompues. Comme lui, F est aux prises avec une administration tatillonne aux règlements opaques. F., bien que très malade, prépare la réédition d’un de ses ouvrages concernant les découvertes archéologiques qu’il a faites autrefois. 

     Au départ, la pratique de l’écriture rend S. plus attentif aux détails de la vie    quotidienne. Il note chaque incident ou chaque rencontre avec un grand souci d’exactitude. Mais à mesure que son attention aux plus petits détails se développe, la présence de l’inconscient s’affirme.

     Le roman décrit la surveillance policière qu’exerce le régime communiste sur les citoyens. Ce climat oppressant est entretenu par une bureaucratie omniprésente. On songe à l’univers de Kafka. Nul ne peut échapper aux tracasseries de la loi administrative. Chacun exerce sur soi une auto-surveillance pour ne pas être l’objet de délation.

     Malgré le silence des journaux, S. remarque des faits étranges dans le quartier nord de la ville, autour de la briquèterie, de l’autre côté du fleuve. Une explosion, un incendie, des ponts coupés, des mouvements de troupes, des rassemblements. Il est question d’une campagne d’assainissement. Dératisation ? Assèchement ? Évacuation sanitaire ? Épuration sociale ? Épuration politique ? On peut tout imaginer. Il est certain qu’aucune hypothèse n’est invraisemblable, mais S. se garde bien d’interpréter, il note ce qu’il voit sans plus.

      Les Portes de Gubbio proposent une série de réflexions très fines sur la vie courante. S. vit dans une société où la liberté des hommes est niée par un régime policier, bureaucratique et totalitaire. Son existence se déroule dans un monde désenchanté, où la brutalité du vécu contredit l’utopie de l’histoire. S. étouffe dans le cynisme ambiant. Il est prisonnier d’un système mensonger rendu plus sinistre encore par la grisaille qui domine le décor. La maladie et la mort sont omniprésentes. Folie de Kaener, agonie de F., mort du mari de Madame B., les morts de la fabrique et de la manifestation. Cette grisaille fonctionne dans le texte comme l’expression symbolique d’un deuil innommé ; elle désigne l’amertume des espérances trahies et l’abandon de l’idéal des Lumières.

     Le roman décrit la défaite d’un personnage, sa carrière brisée, son existence incertaine. Pourtant S. sort transformé de cette épreuve. Une profonde mutation s’opère chez lui au fur et à mesure de l’écriture de son journal.

     S. se récuse. À travers son journal intime, nous voyons se préciser les motifs de son refus et sa conception personnelle de la musique. Dans la conclusion du roman, le narrateur apprend que son congé est reporté sine die. Il apprend qu’il a perdu son poste au conservatoire de musique parce qu’il refuse de collaborer avec le régime.

(Résumé fait avec l’aide d’extraits du livre : Danièle SALLENAVE et le don des morts de François de La Rochefoucauld  fr.wikipedia.org)

Danièle SALLENAVE (1940) - La Vie fantôme (1986)

Danièle SALLENAVE (1940) - Viol (1997)

Danièle SALLENAVE (1940) - Biographie – Bibliographie

 

8 avril 2011

Danièle SALLENAVE (1940) – Biographie – Bibliographie

Danièle SALLENAVE (1940) – Biographie – Bibliographie

 

      Danièle SALLENAVE est née à Angers en 1940. Elle est normalienne agrégée de lettres et a enseigné la littérature et le cinéma à l’université de Nanterre (Paris X) de 1968 à 2001. Danièle SALLENAVE à traduit de l’italien des œuvres de PASOLINI et de CALVINO.

      Ce sont ses œuvres qui l’ont distinguée dont :

Paysages de ruines avec personnages, Flammarion, 1975

Le voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation, Flammarion, 1977

Paysages de ruines avec personnages, Flammarion, 1975

·Le voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation, Flammarion, 1977

·Un Printemps froid, Seuil, 1985

·Rome, Autrement, 1986

·La Vie fantôme, Seuil, 1988

·Le Don des morts, Gallimard, 1991

·Le Théâtre des idées, Gallimard, 1991

·Passages de l’Est, Gallimard, 1991

·Villes et villes, Des femmes, 1991

·Le Principe de ruine, Gallimard,...

voir toute la bibliographie

Les Portes de Gubbio, Hachette, 1980, Prix Renaudot 1980

Un Printemps froid, P.O.L., 1985

Rome, Autrement, 1986

La Vie fantôme, P.O.L., 1986

Conversations conjugales, P.O.L., 1987

Adieu, , P.O.L., 1988

Le Don des morts, Gallimard, 1991

Le Théâtre des idées, Gallimard, 1991

Passages de l’Est, Gallimard, 1991

Villes et villes, Des femmes, 1991

Le Principe de ruine, Gallimard, 1991

Lettres mortes, Michalon, 1995

Les Trois Minutes du diable, Gallimard, 1994/1996

Viol, Gallimard, 1997

L’Amazone du grand Dieu, Bayard, 1997

À quoi sert la littérature?, Textuel, 1997

Carnets de route en Palestine occupée : Gaza-Cisjordanie, novembre 1997, Stock, 1998

D’amour, Gallimard, 2002

Nos amours de la France, en collaboration, Textuel, 2002

dieu.com, Gallimard, 2003

La Fraga, Gallimard, 2004, Grand Prix Jean Giono 2005

Au café "Le Rostand", à Paris, Olivier BARROT reçoit Daniele SALLENAVE pour la présentation de son roman "La fraga".

http://www.dailymotion.com/video/xf29xo_daniele-sallenave-la-fraga_news

Quand même, Gallimard, 2006, Grand Prix Marguerite Duras 2006

Castor de guerre, Gallimard, 2008, Prix Jean Monnet de littérature européenne du département de Charente 2008

Olivier BARROT reçoit Danièle SALLENAVE pour son livre "Castor de guerre" archives INA

http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/3554041001/daniele-sallenave-castor-de-guerre.fr.html

Nous, On N'Aime Pas Lire, Gallimard, 2009

La vie éclaircie : Réponses à Madeleine Gobeil, Gallimard, 2010

Pourquoi on écrit des romans ? destiné à la jeunesse, 2010

 

Danièle SALLENAVE est connue aussi comme auteure de pièces de théâtre. Elle collabore à des revues et des journaux, tient depuis 2009 une chronique radiophonique hebdomadaire sur France-Culture et est membre du jury du Prix Femina.

En 2005, Danièle SALLENAVE a obtenu le Grand Prix de l’Académie Française

      Universitaire, elle enseigne depuis 1968, notamment au département Arts du spectacle de l’université de Nanterre.

Danièle  SALLENAVE a été élue à l'Académie française le 7 avril 2011 au fauteuil de Maurice DRUON.

 

 

Elle est Chevalier de la légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des lettres 

Liens  pour suivre : l'entretien de Danielle Sallenave avec Bruno DUVIC au cours du 7/9 sur France Inter le 15 avril 2011

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/sept-neuf/index.php?id=103771

L’Académie française consacre Danièle Sallenave (Europe 1)

http://www.europe1.fr/Culture/L-Academie-francaise-consacre-Daniele-Sallenave-490019/

 

3 avril 2011

David LODGE (1935) – La Vie en sourdine (2008)

David LODGE (1935) – La Vie en sourdine (2008)

 

Traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux

 

Qui est ce « grand monsieur grisonnant à lunettes, qui se tient en lisière de la foule dans la salle principale de la galerie, et se penche tout contre la jeune femme au corsage de soie rouge, baissant la tête et la détournant de son interlocutrice, opinant du chef sagement et émettant un murmure phatique par moment » ? Ce monsieur a adopté cette position parce que « la pièce est pleine de bruit de conversations et que le brouhaha se répercute sur les surfaces dures du plafond, des murs et du plancher, et tourbillonne autour des têtes des invités, les incitant à crier encore plus fort pour se faire entendre. » « ... le bruit a atteint depuis un certain temps un niveau qui ne lui permet d’entendre qu’une fraction des mots ou expressions qu’elle lui adresse. » « Il est voyez-vous, ‘‘dur d’oreille’’, ou ‘’malentendant’’ ou encore, pour faire simple, sourd – pas sourd comme un pot, mais assez sourd pour rendre la communication imparfaite dans la plupart des situations sociales, voire impossible dans certaines, comme celle-ci. »

C’est ainsi que se présente Desmond Bates dans la chronique d’un hiver singulier. Celle-ci est rédigée tantôt à la première personne pour son journal, tantôt à la troisième personne dans de petits textes qui lui permettent d’adopter la distance d’un observateur neutre par rapport à sa personne.

Dans le cadre de la réorganisation des universités, l’administration a offert à Desmond Bates, professeur de linguistique et directeur de son département, la possibilité de prendre sa retraite avec anticipation, proposition assortie de conditions financières intéressantes. Le professeur Bates a accepté, non par lassitude de l’enseignement. Les tracasseries administratives envahissantes ont surement pesées dans la balance, mais pas seulement. Les échanges verbaux avec autrui devenaient de plus en plus difficiles pour lui, car depuis une vingtaine d’années, une surdité progressive lui joue de mauvais tours.

La conversation relatée plus haut, va justement le fourrer dans une situation embarrassante. Croyant opiner à de vagues remarques sur la qualité des œuvres exposées dans cette galerie si sonore, il vient d’accepter un rendez-vous avec cette jeune femme au corsage rouge.

La retraite, qui  fut au début « une espèce de congé sabbatique prolongé » très agréable, commence à perdre son charme au bout de dix-huit mois. La routine, qui s’est progressivement installée, devient pesante. Desmond partage son temps entre la lecture du Gardian, en buvant ses deux premières tasses de thé de la journée, les courses, les petites tâches quotidiennes, ses emprunts à la bibliothèque, ses passages au foyer de l’université, ses voyages mensuels chez son père octogénaire qui vit seul dans sa maisonnette au sud-est de Londres.

Pendant ce temps, Winifred, de huit ans sa cadette occupe sa journée avec des activités de toutes sortes. Dans la galerie marchande d’un grand centre commercial, Fred a fondé, avec son amie et associée Jakki, une entreprise de décoration d’intérieur qui a prospéré et pris de l’ampleur. La présence, la confiance en elle, le dynamisme de Fred en ont fait progressivement une célébrité locale dans les domaines ayant un lien avec les arts. Desmond, tel une sorte de prince consort, l’accompagne dans toutes les sorties mondaines à vocation culturelles auxquelles elle est invitée.

La jeune femme de la galerie, une certaine Alex, s’est rappelée au bon souvenir de Desmond qui l’avait oubliée en toute bonne foi. Un rendez-vous est programmé chez elle. Jouant sur le peu de considération qu’il accorde au Pr Buttervorth qui suit désormais les thésards, Alex Loom obtiendra du Pr Bates, d’abord réticent, qu’il supervise, dans une semi-clandestinité, la thèse de doctorat qu’elle prépare sur le contenu de lettres de suicidés. La révélation à Fred de l’existence et du lieu de cette rencontre ne s’étant pas présentée aussitôt, Desmond renonce à l’en informer. Omission qui le jette dans les affres d’un sentiment de culpabilité.

Il est préoccupé par l’état de son père, un ancien ouvrier, qui vit chichement, dans un isolement volontaire, confiné parmi ses souvenirs et les reliques de ses loisirs comme musicien de jazz et figurant de cinéma ou de sitcom. Le désordre, le laisser-aller ménager et vestimentaire du vieillard le désolent. Incapable de faire face aux tracasseries de l’administration sans visage, le vieil homme s’arc-boute sur son indépendance et refuse toute proposition de changement de cadre d’existence. Inquiet de la dégradation physique et mentale d’Harry, Desmond hésite à contrer le choix paternel pour prendre à sa place la décision qu’il sait inéluctable.

Dans un récit plein d’humour et d’autodérision, Desmond Bates passe sans transition de la relation des déboires, même les plus triviaux, qui jalonnent son existence à l’exposé documenté du domaine médical ou scientifique, à des considérations philosophiques ou métaphysiques sur le sens de la vie et de la mort.

En choisissant le titre Deaf Sentence qui peut se traduire littéralement en français par « Sentence de surdité », David LODGE joue sur la presqu’homophonie des noms deaf et death. Le second signifiant mort. La mort est omniprésente dans ce roman.

Petite mort que l’infirmité de son héros écarté du verbe indispensable à la vie sociale, incapable de comprendre la parole d’autrui, ridiculisé et incompris, et dont il développe tous les aspects et imparfaites tentatives de remède. Petites morts aussi, sous bien des aspects, sont la libido capricieuse et incertaine, la retraite et la vieillesse. David Lodge nous invite à suivre ses réflexions sur le suicide, la mort lente dans la dépendance physique et la déchéance mentale, l’agonie « assistée ».

Après quatre mois éprouvants, Le Pr Bates trouvera, au jour le jour, sur sa route, des petits bonheurs qu’il est bon de goûter au passage.

Dans ce roman drôle, émouvant et poignant, David LOGGE traite de sujets graves avec amour, tact et sensibilité. Suivant les expériences qu’il a déjà vécues ou qu’il sera amené à vivre, chacun peut trouver à s’identifier au Pr Bates en lisant ce récit.

Thérapie (1995 ;1996) :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/20/20679156.html

Pensées secrètes (2002) :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/27/20719257.html




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27 mars 2011

David LODGE (1935) – Pensées secrètes (2002)

Complété le 12 février 2112

David LODGE (1935) – Pensées secrètes (2002)

 

Traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux

 

Le titre original du roman est Thinks (2001).

Nous sommes sur l’immense campus de l’université de Gloucester[1] qui s’étend sur plusieurs hectares, « tel un radeau gigantesque flottant au milieu de la verte campagne du Gloucestershire ».  La faculté de Lettres et celle de Sciences occupent les deux extrémités du site et sont séparées par un jardin paysagé autour d’un lac artificiel. Une navette gratuite les relie entre elles et conduit aux voies d’accès, « déposant et embarquant des passagers comme dans un aéroport ». Les réformes gouvernementales des années 80,  qui ont mis fin au projet ambitieux initial jugé trop onéreux, ont laissé un espace libre entre les deux pôles.

Ce dimanche de février, Ralph Messenger confie à son dictaphone toutes les idées qui lui passent par la tête. Le médiatique professeur, spécialiste éminent des sciences cognitives, s’est isolé dans son bureau ce matin afin de se livrer à cet exercice d’enregistrement des pensées fortuites. La finalité de l’expérience est de tenter de décrire la structure de la pensée à partir des données brutes recueillies. Il va sans dire que ses propos passent du coq à l’âne, sans oublier ses conquêtes, car Ralph Messenger est un fieffé coureur de jupons. Justement, son attention est attirée par une personne qui marche sous la pluie à travers le campus désert ce matin. Il reconnaît Helen Reed, la romancière qui remplace le professeur titulaire du poste de création littéraire parti en congé sabbatique.

 Helen Reed a été engagée pour terminer l’année. Ce poste et le changement de cadre de vie devraient apporter un dérivatif au chagrin qu’elle éprouve depuis la mort brutale récente de Martin, son mari. Ses pensées secrètes, les petits évènements quotidiens, elle les tape plus traditionnellement sur son ordinateur portable.


            Ralph Messenger n’aura de cesse d’attirer Helen dans ses filets : une visite guidée du centre de recherches sur le cerveau et la pensée, qui donne lieu à des échanges de points de vue sur les théories et les expériences  concernant l’intelligence artificielle, des invitations à la campagne en famille, les rencontres provoquées ou fortuites. Helen, qui n’est pas insensible aux avances  de Messenger, tient à contenir leur relation strictement sur le terrain de l’amitié.

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Dans un récit à deux voix, les deux protagonistes relatent leur vision et leur vécu  de mêmes scènes. Les opinions se croisent, divergent, se rejoignent parfois. La conception matérialiste, scientifique et logique de l’existence et des processus de la pensée de Ralph cohabitent avec l’attention qu’il porte à satisfaire sa libido. Comment assouvir ses désirs ‘don giovanesques’ et conserver le confort affectif et matériel d’un père de famille marié à une riche héritière ? Tout l’oppose à la romantique Helen dont le processus de pensée repose sur des valeurs reçues d’une éducation catholique. Il n’est pas question, pour elle, de tromper la confiance de son amie Carry, l’épouse de Messenger.  L’adultère lui répugne. Bien qu’en proie au doute, elle a une approche  métaphysique du monde et de la vie.


           Les jours passent, le semestre s’écoule au rythme de la vie universitaire et des évènements conviviaux dans ce microcosme que constituent les résidents permanents du campus. Des révélations, une indiscrétion, des péripéties vont modifier la distribution des cartes, confirmer qu’on ne peut savoir avec certitude ce que l’autre pense et mettre chacun face à sa véritable personnalité.

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Le procédé employé par David LODGE, consistant à confronter les approches de la pensée, subjectives, intuitives et  empiriques de la romancière avec celles logiques, rigoureuses et expérimentales d’un chercheur, lui permet d’exposer habilement les questions philosophiques et scientifiques posées et les théories élaborées sur l’intelligence artificielles. Il insère dans son récit des textes rédigés par les étudiants d’Helen sur le thème de la conscience apportant ainsi une note pleine d’humour et de dérision aux débats sur ce sujet ardu et complexe. L’auteur exploite aussi les ressources de la communication instantanée, les échanges d’e-mails entre Ralph et Helen : écriture automatique avec ses fautes de frappe des messages de Ralph Messenger opposée à la rédaction soigneuse de ceux d’Helen. Les faits contés par un narrateur indépendant guident le lecteur dans la trame de l’histoire.


           En cette année 1997, le monde clos de l’Université fictive de Gloucester n’est pas isolé de la vie de son temps pour autant. Une soirée de réjouissance  accueille l’élection du nouveau Premier Ministre Tony Blair et la défaite du conservateur britannique John Major. Les conséquences des révolutions étudiantes et de la libération sexuelle des années 1970, celles des positions anti-contraceptives de l’église catholique, des réformes universitaires à l’américaine, le suivi du mécénat dans la recherche scientifique universitaire, les soins médicaux à deux vitesses, les suites de la « maladie de la vache folle », les dérives des utilisateurs d’internet touchent aussi les acteurs de ce récit.

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Pour voir, David LODGE -Thérapie (1995 ;1996)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/20/20679156.html

David LODGE - La Vie en sourdine (2008)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/03/20801273.html

THÉÂTRE : David LODGE a adapté Thinks pour le théâtre.

Pensées secrètes, la traduction française de la pièce par Gérald Sibleyras, interprétée par Isabelle Carré et Samuel Labarthe, mise en scène par Christophe Lidon, est jouée à Paris, depuis le 19 janvier 2012, au Théâtre du Montparnasse.



[1] Gloucester (env. 110 000 habitants) est une ville d’Angleterre  chef lieu du Gloucestershire sur la Severn, au nord de Bristol. La ville a conservé de son passé de nombreux monuments médiévaux dont la cathédrale aux deux cloîtres (XXI è – XV è siècles). Les ressources industrielles sont spécialisées dans  les constructions aéronautiques.

Le Gloucestershire est un comté situé à l’ouest de l’Angleterre (2638 m², 570 000 habitants). le chef lieu est Gloucester. L’élevage est pratiqué dans la vallée de la Severn et la céréaliculture dans les Cotswold Hills. L’industrie et le tertiaire sont concentrés autour de Gloucester-Cheltenham. (Sources : Le Petit Robert des noms propres)

20 mars 2011

David LODGE (1935) – Thérapie (1995 ;1996)

 

David LODGE (1935) – Thérapie (1995 ;1996)

Traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux 

Lawrence Passmore a tout pour se sentir heureux. Il a fait fortune avec un scénario de sitcom très populaire. Sa femme est une universitaire dynamique, sportive et superbe. Le couple habite une belle maison dans la banlieue résidentielle d’une ville du centre de l’Angleterre. Au cours de ses séjours londoniens, il reçoit et sort avec Amy, sa confidente avec qui il partage un amour platonique. Mais voilà que son existence est gâchée par des élancements récurrents au genou, auxquels une récente opération par un éminent chirurgien  n’a pas apporté remède. Dépressif, Passmore occupe une partie de la semaine à rencontrer en vain ses divers thérapeutes.

Cinquante-huit ans, un mètre soixante-treize, quatre-vingt-cinq kilos, ... « la poitrine couverte de quelque chose qui ressemble à une paille de fer de la taille d’un paillasson, et qui monte jusqu’à la pomme d’Adam... », le crâne chauve, « à part une petite frange autour des oreilles, et sur la nuque » qu’il  «garde très longue au point qu’elle pend sur » le col. Tubby se décrit ainsi dans le journal intime qu’il tient sur les conseils du Dr Alexandra Boule, sa psy. Tubby[1], surnom qui lui avait été donné durant son service militaire, en référence à son « torse en forme de barrique, légèrement renflé de la poitrine jusqu’au point de rencontre de la chemise et du short ». Ce sobriquet lui est resté.

Ponctué d’élancements intempestifs au genou, le mal-être de Tubby Passmore qui ne le quitte plus, perturbe sa vie conjugale et professionnelle. Les difficultés s’accumulent. Sally, son épouse, lui annonce qu’elle désire le quitter. Jake, son agent, le prévient du départ, à la fin du dernier épisode de la série en cours, de la célèbre comédienne sur qui s’appuie  « Les Gens d’à côté ». En panne d’inspiration, Tubby ne sait quelle suite crédible apporter à son scénario.

Le comportement du malheureux Tubby prend un tour inquiétant. Persuadé que Sally le quitte au profit de son moniteur de tennis, il agit de façon insensée pour, croit-il, surprendre les amants. Bientôt sexagénaire, il s’inquiète des défaillances de sa libido. Fidèle à son épouse depuis le mariage, le voilà qui se lance à la conquête des occasions naguère repoussées et fait des « escapades de bonne fortune » rocambolesques, toutes plus lamentables les unes que les autres. Indifférent  à l’urgence à trouver une issue au problème de l’évolution de son  sitcom, il est subitement pris d’un engouement pour KIERKEGAARD[2]. Néophyte zélé, il se plonge dans la lecture de toutes ses œuvres et du Journal d’un séducteur. Son fétichisme le conduit à Copenhague dans les pas du philosophe danois. S’identifiant à lui  dans son remord permanent après sa rupture avec sa fiancée Régine Olsen. De retour à Londres, il décide de retrouver la trace de Maureen, son premier amour.

Le journal de Lawrence Passmore se découpe en quatre parties. La première dresse le tableau de la crise existentielle traversée par son auteur et de toutes ses tentatives pour y remédier. La deuxième est faite de six récits-témoignages, autant de points de vue par leurs auteurs sur le comportement étrange de Tubby. En réalité, le scénariste se dédouble en observateur de son propre personnage. Il consacre la troisième partie de son journal à la version  critique de tous ses fiascos suivie de la chronique de ses premiers émois amoureux puis de son enquête pour retrouver Maureen. La quatrième le mène à sa recherche en Espagne. Chaque partie est faite de courtes séquences qui ont permis d’adapter le roman Thérapie en sitcom sous le titre des « Mésaventures de Laurence Passmore »

La formule du journal intime permet à David LODGE d’élargir le panel d’idées exprimées par son personnage qui peut ainsi passer arbitrairement, sans transition, du détail prosaïque le plus intime, voire le plus trivial, à de grandes envolées métaphysiques ou philosophiques. Il souligne au passage les conséquences de la politique libérale de Margareth Thatcher sur la qualité des soins hospitaliers, les transports ferroviaires, les réformes des établissements universitaires. Le milieu des productions télévisuelles,  le monde des « psycho-quelque-chose » de tous poils, le bétonnage intensif des îles au soleil, les différents aspects des grands pèlerinages religieux  sont aussi égratignés au passage.  L’auteur a su traiter avec humour, mais sans dérision, un sujet aussi grave que la dépression.

Pour accéder à David LODGE (1935) – Pensées secrètes (2002)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/27/20719257.html

David LODGE (1935) – La Vie en sourdine (2008)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/03/20801273.html



[1] Tubby, traduction : Rondelet ; nous dirions en français Rondouillard ou Bouboule.

[2] Søren Aabye KIERKEGAARD (Copenhague 1813~1855) est un théologien et penseur danois. Il a décrit dans ses œuvres les étapes du chemin de sa vie. Ses conceptions philosophiques et religieuses  eurent une influence considérable sur les philosophes de l’existence aussi bien athées que chrétiens et sur le renouvellement de la théologie protestante.

 


13 mars 2011

Frédéric FAJARDIE (1947~2008) - UN PONT SUR LA LOIRE (2002)

Frédéric FAJARDIE (1947~2008)

UN PONT SUR LA LOIRE(2002)

 

     L’AUTEUR : Le père de Frédéric FAJARDIE était un ami de Romain GARY et fréquentait les milieux littéraires. Après avoir dilapidé l’héritage familial aux courses, il devint avec son fils, bouquiniste à Paris.

     Frédéric H. FAJARDIE avait une grande culture littéraire. Il avait 20 ans en 1968 et participa activement aux évènements révolutionnaires et naviguait activement entre maoïsme, trotskisme et communisme non stalinien.

     Frédéric H. FAJARDIE était un écrivain prolifique. Il a écrit des romans noirs et des polars, des romans, des livres à destination de la jeunesse, des nouvelles, des anthologies, le texte d’une bande dessinée, il était aussi scénariste de cinéma et de télévision et auteur de pièces de théâtre.

     Il était chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres

     FAJARDIE aimait mettre en scène des militaires de carrière. Le cheminement de son inspiration passe du 17ème siècle, par les années 30, et la 2ème guerre mondiale aux années 1946-47.

     L’HISTOIRE se déroule sur trois jours, du dimanche 16 juin au mardi 18 juin 1940, pendant le déferlement de la Wehrmacht sur la France, la débâcle de l’armée française, l’exode des civils sur les routes. L’action se passe autour d’un pont de la région d’Orléans encore intact. Sur la rive nord, une compagnie de Sénégalais défend les abords du pont. Sur la rive sud, une poignée de volontaires armés d’un canon antichar s’apprête pour une résistance désespérée.

     Le livre s’appuie sur des documents historiques. Des Sénégalais ont effectivement pris part à la défense des ponts sur la Loire et furent victimes de la barbarie nazie. Les armes ainsi que les avions cités étaient en service à cette époque. Ce livre souligne l’attitude observée par les nazis à l’encontre des Sénégalais ainsi que le comportement de certains civils devant la résistance de leurs compatriotes.

     La ville de Chessy-sur-Loire est cependant imaginaire.

     Frédéric FAJARDIE connaissait bien la région Centre et le Loiret où il est intervenu dans des établissements scolaires pour animer des ateliers d’écriture.

 

     Un téléfilm a été tourné à partir de ce roman, il a pour titre Trois jours en juin et a été réalisé en 2005 par Philippe Venault.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Trois_jours_en_juin

     On suit aussi le coup de foudre mutuel de l’écrivain Dragance et d’une de ses lectrices passionnées, Sylvie, petite bourgeoise mal mariée d’origine polonaise  sur la dernière barricade qui défend la route du sud.

     LES PERSONNAGES : Le héros principal est le sergent-chef Henri Dragance, 52 ans, romancier assez connu, édité chez Gallimard, parisien, mondain, bel homme, ayant de nombreux succès féminins, membre de la S.F.I.O., il a déjà fait deux guerres, cassé de son grade de lieutenant suite à son attitude au cours des mutineries de 1917, a participé en tant que volontaire antifasciste à la guerre d’Espagne où il était capitaine. À nouveau mobilisé, il a choisi, malgré son âge, de servir dans l’artillerie.

     Il se montre peu respectueux de la hiérarchie, prenant rapidement la direction de la mise en place du dispositif de résistance des artilleurs, sous le couvert de son supérieur le capitaine Rollet.

L’homme se révèle comme un excellent stratège, un meneur d’hommes. Il est guidé dans sa démarche par son antinazisme.

En dépit de son humour, de ses airs désabusés, de sa vie de bohème, de son détachement d’homme à qui tout semble réussir, c’est un homme fragile et vulnérable.

     Le colonel Edmond Valadon, la soixantaine, réserviste, dans le civil propriétaire d’une entreprise, a déjà participé à la première guerre mondiale. Il est royaliste. Il commande le reliquat de son régiment de tirailleurs sénégalais, une centaine d’hommes qui défendent la rive nord à quelques kilomètres du pont. Il se sacrifie pour subir le même sort que ses soldats.

     Le sergent Sambourat, 27 ans, sénégalais, intelligent, courageux, subtil, est un témoin lucide de la déroute de la métropole. C’est un personnage attachant.

     Pierre Haudrusse, premier adjoint du bourg de Chessy, pharmacien, haineux, est prêt à tout, ainsi que le maire Ferdinand Labarthe et le conseiller municipal, l’avocat Gaston Gollety pour protéger ses biens. Cet homme jaloux, libidineux est particulièrement abject. Ces hommes sont disposés à livrer le village aux Allemands et à tuer les Français qui défendent le pont. Il est représentatif de cette extrême droite collaborationniste issue des années trente.

      L’oberst Kapler, 56 ans, ancien de Verdun, ambitieux, cynique envers ses subordonnés, nazi convaincu, fait preuve d’une cruauté exacerbée par son racisme envers le régiment sénégalais à qui il ne pardonne pas le courage qu’il estime réservé aux soldats allemands. Il justifie l’inhumain par la non-humanité prêtée à l’autre.

     Dans le flot de militaires en déroute, on trouve des militaires de carrière, des gendarmes, des officiers d’État major. Le pont ne sera défendu que par des recrues civiles mobilisées, des réservistes et les soldats coloniaux. Le général responsable s’abrite prudemment en zone sud.

     Les défenseurs du pont se trouvent isolés, sans logistique, se débrouillant avec les moyens du bord, tous se savent  plus ou moins sacrifiés.

     Dans un bruit de fond de canonnade, le désœuvrement, voire une atmosphère festive règne chez les défenseurs avant l’attaque.

     Tout pousse les hommes à céder : la débâcle des troupes affluant du Nord du pays, les attaques de l’aviation allemande, l’isolement, l’hostilité de la population locale et enfin le discours de Pétain entendu à la radio, le 17 juin.

     Le cheminement psychologique de certains personnages est intéressant. Le colonel Valadon prend conscience de la valeur de ses hommes qui défendent une terre qui ne leur est rien. L’officier admire de plus en plus la finesse, l’intelligence et la lucidité de son subordonné Toko Samboura. Il sent chez les soldats coloniaux, la fin du prestige de la métropole sur ses colonies. La surprise de Kapler grandit quand il découvre que son attaque est vaillamment contrée par ceux qu’il considère comme méprisables, des Noirs, puis s’affirme lorsqu’il réalise qu’ils ne sont qu’une poignée. Il défiera cependant les conventions humanitaires et commandera le carnage final.

     LE STYLE est limpide, l’écriture agréable. Certaines situations cocasses agrémentent les descriptions techniques qui auraient pu être fastidieuses. Les chapitres sont courts, aérés. Le langage de nombreux dialogues est imagé. Les échanges sont souvent drôles.

 

La situation de ces défenseurs contre l’invasion nazie nous évoque celle racontée par Ernest HEMINGWAY (1899~1961) dans son roman Pour qui sonne le glas (1940).

Site officiel de Frédéric FAJARDIE :

www.fajardie.fr/

Autres renseignements concernant la biographie et la bibliographie de Frédéric Fajardie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_H._Fajardie

 

On peut trouver 3 extraits du film  "Trois jours en juin" de Philippe Venault  sur :

http://www.dailymotion.com/video/x9yida_3-jours-en-juin-contre-attaque-fran_shortfilms

http://www.dailymotion.com/video/x9y91b_3-jours-en-juin-triste-realite_shortfilms

http://www.dailymotion.com/video/x9y98e_3-jours-en-juin-attaque-aerienne-al_shortfilms

6 mars 2011

Laurent GAUDÉ (1972) – (Ouragan 2010)

Laurent GAUDÉ (1972) – (Ouragan 2010)

 

Le cadre dans lequel Laurent GAUDÉ a situé son roman, nous le connaissons pour avoir suivi la transformation, en quelques jours, d’une tempête tropicale en un cyclone qui approchait du Golfe du Mexique et se dirigeait vers le sud les États-Unis d’Amérique, en cette fin du mois d’août 2005. La presse quotidienne et les journaux télévisés  nous ont largement diffusé les images transmises par les satellites de la progression de Katrina. L’évacuation spectaculaire de la ville de la Nouvelle-Orléans, les autoroutes saturées, immobilisées, la pénurie de carburant, les camps de fortune, les conditions insalubres du regroupement des pauvres gens dans le stade couvert rien ne nous a échappé. Au passage de la tempête, quelques vidéos témoignaient de la rage du vent, de l’importance et de la violence des pluies touchant l’état du Mississipi, la Louisiane et l’Alabama, ravageant la zone la plus peuplée, la Nouvelle-Orléans. Et puis, les crues provoquées par l’ouragan ont envahi le delta. La force et l’abondance des eaux ont détruit les digues. Le lac Pontchartrain, qui surplombe la ville, s’est déversé sur la métropole du Sud, noyant ses bas quartiers.

Le monde entier a pu suivre la polémique au sujet de la lenteur de réaction du Président républicain de l’époque, John W. Buch. Son survol sommaire des lieux à bord d’un hélicoptère a soulevé une controverse sur l’interprétation de son attitude. 

De nombreux agents des services municipaux et d’ordre public ont été rapidement accusés de sauver d’abord leur peau ou d’abandonner à leur sort les communautés les plus pauvres, en grande partie des Noirs.

 

Les personnages du roman : Laurent GAUDÉ, a pris le parti de s’intéresser aux laissés-pour-compte de la société, aux plus démunis, à ceux qu’on a oublié. Ils sont six. Cinq sont Noirs. Nous les suivons tour à tour avec lui dans différents points  de la Nouvelle-Orléans.

Volonté d’acier trempé dans une carcasse décharnée, Joséphine Linc. Steelson « négresse depuis presque cent ans » est fière de presqu’un siècle de conquête de sa dignité. Quitter la ville, c’est aller mourir ailleurs, loin du bayou où Vieille_femme_noire_drap_e_dans_la_banni_re__toil_eMarley, son mari a été massacré dans une rixe avec des Blancs. Ses enfants sont morts. Elle est seule au monde. Joséphine se cache. Elle partira... peut être... si elle veut... quand elle voudra...

Le corps harassé par le travail répétitif, les oreilles résonnant encore du bruit infernal des machines suintantes de pétrole, Keanu Burns a fuit d’une plate-forme pétrolière du Golfe. Fou d’horreur, il est obsédé ne pas avoir pu sauver son camarade écrasé et brûlé vif dans un accident du travail. Le hurlement de la sirène d’alerte, la fournaise, les images et les appels du supplicié en flammes le poursuivent, le torturent jour et nuit, lui font perdre la raison. L’annonce de l’arrivée de l’ouragan sur la ville a mis fin à sa décision d’en finir. Quelqu’un a besoin de lui là-bas. Il a retrouvé une raison de vivre. Seul à contre-courant de la débâcle des évacués, sur quatre cent kilomètres, il retourne vers la jeune femme qu’il a abandonnée six ans plus tôt pour tenter la chance.

La vie de Rose Pekerbye a basculé après le départ de Keanu. Elle méprise la jeune femme vieillie et marquée par la misère qu’elle est devenue. Sans ressources, la voilà seule à protéger Bayron, autiste, l’enfant de personne. Un enfant qu’elle n’arrive pas à aimer!

Comme tous ses codétenus du couloir d’Orleans Parish Prison, Buckeley a regardé, derrière les barreaux de sa cellule « ... le révérend qui accélère transi de peur. » dans lequel, aujourd’hui, tous ne voient « qu’un homme au pas pressé, un Blanc qui tient une bible bien serrée et porte sur le visage un air d’inquisiteur en campagne. » Comme eux, il a aboyé à son passage, haineux contre ce visiteur venu de l’extérieur, symbole de liberté. Dans leurs cellules, ils savent qu’ils valent moins que des chiens. Les autres, directeurs, gardiens, même les chiens sont à l’abri du danger. Eux restent bouclés là.

Le dernier personnage, c’est justement ce révérend. Paniqué, il a fuit la prison sous les quolibets. Il a failli à son ministère, mais Dieu a pitié de lui. Il lui donne une occasion de racheter sa désertion. Le cataclysme va lui permettre de réaliser la Mission divine.

S’appuyant sur des circonstances et quelques faits réels, Laurent GAUDÉ a fait un conte construit à la manière des romanciers américains. Le fléau qui s’est abattu sur les humains s’ajoute à leur combat quotidien, décuple leur volonté, leur force ou leur bassesse et leurs faiblesses.

Les destins se vont se croiser, s’unir, se disloquer dans l’épreuve. Keanu Burns et Rose Pekerbye se retrouvent, parlent, pardonnent, s’aiment, recouvrent leur dignité. Byron, resté seul, sort et s’aventure dans les rues inondées. L’enfant égaré dans la tourmente fera sortir de son refuge la vieille négresse. Une panne électrique favorise l’évasion de Buckeley du pénitencier noyé par la crue. La ville évacuée est livrée à la merci des neuf détenus qui « se sont fait la belle ». Évadé, mais prisonnier d’un groupe prêt à tous les crimes, il lui faudra conquérir sa liberté. Le pasteur s’interroge, impuissant face aux alligators dévorants sous ses yeux l’idiot de la paroisse. Dieu veut surement punir l’humanité ! Il sera le Bras de Dieu.

Dressée noblement drapée dans la bannière étoilée, Joséphine Linc. Steelson pourra affirmer son combat pour l’égalité, au monde entier.


            En proie aux forces maléfiques d’une nature en furie, les méchants périront dans l’épreuve, les bons en sortiront confortés, grandis. Byron fils de Quelqu’un pourra sourire et parler.

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Douze séquences fixent la suite chronologique du roman. Dans chacune de ces parties, Laurent GAUDÉ éclaire en sauts aléatoires tous les personnages en temps donné, passe de l’un à l’autre, puis revient sur eux. Ces paliers dans la cascade du fil du récit sont accentués par des ruptures de style. Ce sont les monologues à la première personne de Joséphine Link. Steelson et ceux du pasteur illuminé. Buckeley est le narrateur  des péripéties de la cavale des neuf prisonniers. L’auteur reprend la main quand il s’agit de Rose, Byron et Keanu. Ces écarts ajoutés au rythme vif, parfois haché, traduisent l’inconfort et l’insécurité provoqués par la furie du vent et des eaux.

La tentation de confronter la fiction à une réalité que nous avons encore présente à l’esprit, parasite la lecture de ce roman. C’est un livre très bien écrit, à garder et à relire quand le temps aura fait son œuvre. Il sera alors apprécié à sa juste valeur.

 

Les romans de Laurent GAUDÉ :

-                  Cris, 2001

-                  La Mort du roi Tsongor, 2002 ; Prix des lycéens 2002, Prix des Libraires 2003

-                  Le Soleil des Scorta, 2004 ; Prix Goncourt 2004, Prix Jean Giono 2004

-                  Eldorado,2006

-                  La Porte des Enfers, 2008

-                  Ouragan, 2010

Laurent GAUDÉ est aussi écrit auteur de nouvelles et d’une douzaine de pièces de théâtre.

 

Biographie et bibliographie :

http://www.linternaute.com/sortir/auteurs/laureats-prix-litteraires-2004/gaude.shtml

L’ouragan Katrina (30 août 2005)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouragan_Katrina

                     

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cons%C3%A9quences_de_l%27ouragan_Katrina_sur_la_Nouvelle-Orl%C3%A9ans

 

http://www.chocolat.tv/etats-unis/ouragan-katrina-nouvelle-orleans.html

 

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/DAVIS/12817

 

27 février 2011

William FAULKNER (1897~1962) - BIOGRAPHIE – SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

William FAULKNER (1897~1962) -BIOGRAPHIE

SES NOUVELLES - SES ROMANS

 

BIOGRAPHIE : William Falkner, dit William FAULKNER, né à New Albany, Mississipi le 25 septembre 1897, est issu d’une vieille famille aristocratique d’industriels sudistes ruinés par la Guerre de  Sécession[1] et devenus quincailliers au Tennessee.

     Méprisant les Yankees, pendant la  Première Guerre Mondiale il s’engage dans l’aviation canadienne où il est élève-pilote en 1918. Il fait connaissance de l’écrivain Sherwood ANDERSON (1873~1941) dont il s’inspira pour écrire Monnaie de singe (1925). Les hostilités ayant cessé, il est étudiant en français à l’Université de Mississipi (1919-1921). Ses études inachevées en 1921, il a travaillé temporairement, comme postier, comme employé dans une librairie, puis pour un journal de la Nouvelle Orléans.

     En 1924, il publie à compte d’auteur sa première œuvre, un recueil de vers champêtres, Le Faune de marbre.

     Après la publication de Monnaie de singe il se rend en Europe en 1925 et séjourne en Italie du Nord, à Paris, à Londres. En 1930, il achète sa propriété de Rowan Oak (Oxford), où il s’installera définitivement en 1931, au moment de son mariage avec Estelle. Il y vivra en gentleman-farmer. Le couple aura une fille Jill. Les époux étant tous deux alcooliques, cette union se révèle rapidement catastrophique. La même année, il donne quelques nouvelles à des revues et publie un roman rural picaresque Tandis que j’agonise. Il rédige Lumière d’août (1932).

     Le comté d’Oxford sert de décor sous le nom de Yoknapatawpha à la « saga des Jefferson » qui comprend Sartoris (1927), Le Bruit et la fureur (1929), Absalon ! Absalon ! (1936, Descend, Moïse (1942), L’Intrus (1948), Requiem pour une nonne (1951).

     De 1932 à 1937, il alterne les séjours entre Oxford et Hollywood où il travaille comme scénariste pour le cinéma pour Howard Hawks, avec lequel il se lie d’amitié et en qui il trouve aussi un compagnon de beuveries.

     À l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans la défense passive.

     Il reprend ses travaux de scénariste à Hollywood, collabore notamment avec Francis Scott FITZGERALD pour Howard Hawks et avec Jean Renoir pour L’Homme du Sud qui sort en 1945 aux États-Unis.

     En août 1949, une jeune admiratrice Joan WILLIAM (1928~2004) vient le voir à Rowan Oak. Cette visite marquera le début d’une relation de cinq années, suivies, après le mariage de la jeune femme avec Ezra Drinker Bowen, d’une longue amitié  avec des échanges épistolaires dont le thème est souvent le rôle de l’écrivain et le sacrifice de l’artiste. William FAULKNER fut considéré comme le mentor littéraire de l’écrivaine. La même année, il reçoit le Prix Nobel de Littérature qui le fera connaître aussi en Amérique, où il fut longtemps ignoré.

     Il participe en 1954 à une conférence internationale d’écrivains. Il prend des positions politiques et condamne la ségrégation raciale.

     En 1955, il voyage au Japon, à Manille, en Italie.

     De 1957 à 1958, il est « écrivain-résident » à l’Université de Virginie à laquelle il lègue ses manuscrits.

     Son alcoolisme lui vaut de nombreuses hospitalisations.

     Il aime pratiquer l’équitation, malgré de nombreuses chutes. Quelques jours après l’une d’entre-elles, il meurt à Oxford, Mississipi le 6 octobre 1962.

      FAULKNER a eu une grande influence sur la mutation du roman en Europe. Sartre fut un des premiers à le faire connaître en France.

      L’ensemble de l’œuvre de William FAULKNER a été récompensée par le National Book Award. Il a reçu le Prix Pulitzer de la Fiction pour Parabole.

      Pour d’autres précisions sur sa biographie et en particulier la visite en images de sa propriété de Rowanoak, consultez

http://maisonsecrivains.canalblog.com/archives/2008/02/10/7885443.html

 

     SON ŒUVRE :

      William FAULKNER a écrit des poèmes, des scénarios de films, des essais, des discours, des cours,  et des conférences pour l’Université de Virginie. Sa correspondance 1944 à 1962, avec Malcom COWLEY (1898~1989) de  Viking Press a été publiée en français.

     Il est surtout connu pour ses nouvelles et ses romans.

 SES NOUVELLES PARUES EN FRANCE

-         Treize histoires

-        Le docteur Martino et autres histoires

-        Le gambit du cavalier

-        Histoires diverses

-        L’arbre aux souhaits

-        Idylle au désert et autres nouvelles

-        Croquis de la Nouvelle-Orléans, suivi de Mayday.

-        Une rose pour Emily

-        Soleil couchant

-        Septembre ardent


SES ROMANS PARUS EN FRANCE : Les dates sont celles de la parution aux USA.

-        Sanctuaire (1931)

-        Tandis que j’agonise (1930)

-        Lumière d’août (1932)

-        Sartoris (1929) ou, suivant les éditions, Étendards dans la poussière

-        Le Bruit et la Fureur (1929)

-        Pylône (1935)

-        L’invaincu (1938)

-        L’intrus (1948)

-        Les Palmiers sauvages ou, suivant les éditions, Si je t’oublie, Jérusalem (1939)

htthttp://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/02/13/20379721.html

-        Absalon ! Absalon ! (1936)

-        Descend, Moïse (1942)

-        Requiem pour une nonne (1951)

-        Parabole (1954)

-        Le Hameau (1940)

-        La Ville (1957)

-        Le Domaine (1959)

-        Les Larrons (1962)

  Les Moustiques (1927)

   Elmer suivi  de Le Père Abraham

1] Guerre de  Sécession : conflit intérieur qui divisa les États-Unis de 1861 à 1865
 

 

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