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27 mars 2014

Guy de MAUPASSANT 1850~1888) - BEL-AMI (1885)

 

buste homme

Guy de MAUPASSANT 1850~1888) - BEL-AMI (1885)

 

     Après quelques études, George Duroy, fils d’aubergistes normands à Canteleu au nord-ouest de Rouen, s’est engagé dans l’armée d’Afrique. Il en sort pour s’asseoir dans le bureau morne d’une compagnie de chemin de fer pour un tout petit salaire et vivre dans un appartement pitoyable. Le jeune homme, venu tenter sa chance à Paris, erre sur les boulevards quand il rencontre fortuitement un ancien camarade de régiment qui lui entrouvre les portes du journal "La vie française", dans lequel il est rédacteur politique.

     Duroy est ambitieux. Son ascension se fera par les femmes de 17 à 77 ans. La petite fille d’une de ses maîtresses le surnommera Bel-ami. La femme est objet de plaisir. La femme est un moyen d’accéder à un statut social par sa fortune et la conclusion d’un mariage, soit en mettant ses capacités intellectuelles et ses relations au service de l’homme.

     MAUPASSANT met ici son talent pour la nouvelle au service fait d’une peinture réaliste des mœurs de la IIIe République à la fin du XIXe siècle, sous la forme d’une succession de tableaux suggestifs, denses, condensés, expressifs. Ces tableaux s’articulent,  autour d’une ligne directrice : l’ascension sociale de Georges Duroy favorisée par les relations féminines. Par les femmes, sa carrière de journalistique progresse, il fait un riche mariage et accède à la fortune, obtient le titre de Baron du Cantel, est décoré. Tout cela le mènera jusqu’à…la députation ? … ou la chute ? … sait-on ?

Tenue de l'homme du monde en 1880

*****

MAUPASSANT décrit l’ambiance qui règne dans les salles de rédaction où se font et se défont des ministères, les salons mondains où naissent les intrigues et les liaisons, dénonçant par là la collusion entre la presse, la finance et la politique. Il peint la société des bourgeois parvenus à laquelle s’accrochent des ambitieux sans scrupules et parfois des représentants de la noblesse pauvre en quête de l’opportunité de redorer leurs blasons.

      MAUPASSANT ne se contente pas de peindre des portraits, des tableaux, il imprègne son récit de l’atmosphère, des odeurs et des bruits périphériques. Il nous incite à partager son amour de la nature.

     Dans les moments importants de son cheminement, au–delà des apparences, les miroirs ou l’eau reflètent l’image de Duroy. L’image de Bel-Ami se retrouve aussi dans la représentation du christ du tableau.

De même, tout au long du roman la mort ou son image est présente.

       Bel-Ami, commencé durant l’été de 1884, est paru en feuilleton du 6 avril au 30 mai 1885 et en volume le 22 mai. Le livre a acquis d’emblée la faveur du public. Son contenu  agite le monde du journalisme, de la politique et des affaires : certains se reconnaissent sous la caricature. MAUPASSANT trouve en effet son inspiration dans un milieu qu’il connaît de l’intérieur.

 

      Il s’appuie sur des affaires et des scandales récents, situe l’intrigue dans des lieux qu’il a fréquentés. L’affaire de la dette du Maroc est la transposition de celle de Tunisie (1881).

A propos de la dette de Tunisie, voir : L’AFFAIRE TUNISIENNE – L’AFFAIRE DE L’ENFIDA (1881-1882)

 

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9 mars 2014

Louise ERDRICH - Dans le silence du vent (2013)

Louise ERDRICH - Dans le silence du vent  (2013)

Traduit de l’américain par Isabelle Reinharez(1)


Antone Bazil Coutts, un Amérindien ojibwa né en territoire indien au nord du Dakota, revit les évènements qui ont bouleversé son existence en 1988, alors qu’il avait treize ans. Fils unique d’un juge aux affaires indiennes et de Géraldine, chargée de la conservation de la généalogie des familles de la réserve, il porte le même nom que son père, mais il préfère se faire appeler Joe.

Territoires indiens aujourd'hui

À quelques jours des vacances d’été, tout l'après-midi de ce dimanche de juin 1988, Joe s'est acharné à extirper les arbustes qui s'étaient attaqués aux fondations de leur maison. Son père avait rapidement renoncé à continuer, il était entré à l'intérieur pour téléphoner à son épouse partie à son bureau chercher un dossier, puis n'était pas ressorti. Jeo avait pensé qu'il avait dû s'allonger pour faire la sieste. À son réveil, Geraldine n’est toujours pas revenue. L’heure de dîner approchant, Antone Bazil Coutts propose de passer emprunter la voiture de sa sœur Clemence et de partir la « trouver » aux bureaux de l’administration tribale. Arrivés là, le parc de stationnement est vide et les fenêtres des bureaux sont obscures. Peut-être, est-elle allée faire un achat de dernière minute, oubliant que la supérette est fermée le dimanche ?  Quand ils la croisent, elle passe à côté d'eux à toute allure, roulant au-delà de la vitesse autorisée, manifestement pressée de rentrer. Quand, en remontant l'allée à pied, après avoir reconduit le véhicule emprunté, ils voient qu'elle est toujours dans l’automobile, assise au volant, face à la porte du garage, ils comprennent que quelque chose d’anormal est arrivé. Geraldine est parvenue à s’enfuir après avoir été violemment attaquée, battue, violée et aspergée avec de l’essence que son agresseur a tentée d’incendier.


Désormais, plus rien ne sera comme avant ! Geraldine s’enferme jours et nuits dans sa chambre, reste prostrée dans le noir, se laisse dépérir, refuse toute visite et prétend ne se rappeler de rien. Joe et son père désespèrent de la voir reprendre goût à la vie. Le crime a eu lieu près de la Maison Ronde où s’imbriquent des territoires dépendants de différentes juridictions. Si la tragédie s’est déroulée hors de la réserve, les lois sont telles qu’elle restera très probablement impunie si le coupable est un Blanc. Le mutisme de la victime, le manque d’indices, ajoutés au peu de zèle des enquêteurs, entravent l’aboutissement des recherches. Persuadé qu’elle sait qui est le coupable, aidé de Joe, le juge sélectionne parmi les dossiers qu’il a traités, d’anciennes affaires dont l’issue pourrait expliquer un acte de vengeance de la part d’une personne mécontente de son jugement. L’image paternelle s’effrite lorsque Joe découvre que les dossiers relevant de la juridiction de la réserve ne portent en réalité que sur de petits délits. Son père n’est plus qu’un vieil homme désemparé au cœur malade, aux pouvoirs juridiques infimes. Obsédé par la présence à l’étage de sa mère confinée dans sa chambre, obnubilé par son visage tuméfié, ses joues marquées, ses lèvres fendues, inquiet des plateaux des repas retrouvés intacts et de l’amaigrissement morbide de Geraldine, Joe fuit chaque jour un foyer désorganisé exhalant l’inquiétude, l’insécurité et la peur. Après avoir mené sa propre enquête, le garçon décide de faire justice lui-même avec la complicité discrète de son meilleur ami Cappy et la protection tacite de toute la communauté.

escapade à vélo


Dans ce récit à la première personne, Louise ERDRICH apporte de la fraîcheur au roman en se glissant avec talent dans la peau de l’adolescent. Joe a l’âge où l’on sort de l’innocence et de l’insouciance de l’enfance, où, tout en défiant pour soi les conventions sociales, on juge sans concession le monde des adultes. Quand ils ne collectent pas le bois pour alimenter le feu de la cabane de sudation, Joe et Cappy retrouvent leurs copains, Zark et Andy. Ensemble, incarnés dans leurs héros de séries télévisées, ils sillonnent la campagne à vélo. La bande ratisse les abords de la maison ronde, jusqu’au lac et les limites du terrain de golf, à la quête du moindre objet perdu ou oublié par l’agresseur de Geraldine.

Cérémonie de purification

Dans un univers de légendes, de magie, de traditions ancestrales, d’épopées de la tribu racontées en rêves par le grand-père Mooshum, d’histoires familiales, de haines ataviques, de la catéchèse du nouveau curé de la paroisse catholique, tout en tournant autour du camp des jeunes de la mission venue prêcher en terre indienne, les jeunes retapent des guimbardes, rendent des services, pratiques de petits boulots, rêvent d’achats de produits de marque, satisfont leur appétit insatiable, prennent leurs premières cuites, tentent de consoler Cappy de son premier chagrin d’amour, tandis que Joe s’émoustille en reluquant les seins de sa tante Sonja.

S’appuyant sur des faits réels, Louise ERDRICH dénonce, dans ce récit traité sous forme de fiction, l’injustice concernant le règlement des affaires de viol sur les femmes amérindiennes par les tribunaux, en raison de l’enchevêtrement des lois, qui entrave les poursuites judiciaires. Elle rappelle, dans sa postface, l’impunité dont bénéficient 86% des auteurs non-Indiens de viols et de violences sexuelles sur des femmes amérindiennes.

          Louise ERDRIC a reçu le National Book Award en 2012 pour son roman DANS LE SILENCE DU VENT, qui fut aussi élu meilleur livre de l’année par les libraires américains.

Isabelle Reinharez

Traductrice littéraire de l’anglais ou de l’américain, Isabelle Reinharez vit en Poitou-Charentes où elle est responsable bénévole de la bibliothèque municipale de Saint-Sauvant (Vienne). Elle a travaillé sur des œuvres de G.K. Chesterton, Louise Erdrich, Robert Olen Butler, Anne Enright, Tim Parks ou Ron Rash. Elle collabore principalement avec les éditions Rivages Noir, Albin Michel et Actes Sud, où elle a dirigé de 1990 à 2000 la collection de littérature anglaise et américaine.

Origine des illustrations et commentaire:

Histoire des Indiens d’Amérique du Nord Arlene Hirschfelder ; Préface de Beverly M. Whright-   Éditions LAROUSSE

Les territoires indiens aujourd’hui pages 172 et 173 :
La population amérindienne est passée, États-Unis et Canada confondus, d'un peu moins de 500 000 individus en 1930 à plus de 3 000 000 en 2000. En 2001, on comptait quelque trois cents réserves indiennes aux États-Unis et environ deux mille cinq cents au Canada. Mais près de 75 p. 100 des Indiens des États-Unis et 42 p. 100 des Indiens du Canada vivent en dehors, à la recherche d'un emploi et de meilleures conditions de vie.

Cérémonie de purification  pages 24 et 25

 Sur cette photo, des Dakotas se préparent pour la cérémonie de purification qui constitue à la fois un rite religieux et une thérapeutique. La cérémonie a lieu sous une tente de branchages recourbés recouverte de peaux. Il s'agit de se purifier dans un bain de vapeur produite en versant de l'eau sur des pierres surchauffées.

Escapade à vélo est une image extraite du film de démonstration du logiciel de montage vidéo Pinnacle 16 « OurNatuteAventure »

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