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22 septembre 2013

JOHN STEINBECK (1902~1968) - In Dubious Battle (1936) ; En un combat douteux (1939)

JOHN STEINBECK (1902~1968)

In Dubious Battle (1936) ; En un combat douteux (1939)

Traduit de l’anglais par Edmond Michel-Tyl¹

    Dans les années 1930, Mac, un militant communiste chevronné assisté de Jim, un nouvel adepte, est envoyé par le parti dans les vergers d’une vallée de Californie. La mission des deux hommes consiste à profiter du mécontentement d’ouvriers agricoles saisonniers itinérants à qui les propriétaires ont annoncé une diminution de salaire à leur arrivée sur les domaines, afin de tenter de provoquer une grève. Exploitant l’indignation des ramasseurs de pommes après la chute d’un malheureux vieillard gravement blessé en descendant d’une échelle défectueuse, Mac et Jim enclenchent le mouvement revendicatif. Face à cette bande de va-nu-pieds sans domicile, se dresse un comité de propriétaires virulent, armé et puissant dont les membres les plus riches et les plus influents sont impliqués dans la gestion de la ville et du comté. Il y a des bagarres, des enlèvements, des guets-apens, des sabotages, des emprisonnements, des expulsions du comté, des blessés et des morts. L’insurrection est écrasée, mais certains de ces êtres misérables, si faibles isolément, ont pris conscience de leur force en agissant ensemble. Peut-être en sera–t-il autrement, demain…, ou plus tard… !

*****

 

montage pour illustrer un combat douteux

     John STEINBECK narre les événements, de l’engagement de Jim Nolan dans l’équipe de Mac à l’issue tragique de leur combat. Dans un premier temps, il s’agit de gagner la confiance de ces migrants individualistes et soupçonneux envers les inconnus. Fondus dans la masse des travailleurs, les deux hommes observent, écoutent, étudient les comportements et les caractères des uns et des autres, repèrent les personnalités dominantes capables de mobiliser les travailleurs, tout en préparant l’installation d’un campement pour les abriter après leur prévisible expulsion des exploitations. Le moment venu, il leur suffit de tirer les ficelles en coulisses pour faire éclater le mécontentement, de suggérer discrètement l’arrêt de la cueillette à quelques grandes gueules puis d’accompagner de leurs conseils les chefs de la rébellion. Jim et Mac n’agissent pas seuls : ils sont soutenus par le renfort efficace du Dr Burton, leur caution sanitaire. À l’extérieur, grâce à une chaîne de solidarité et de soutien financier occulte parmi les sympathisants du mouvement, Dick, leur camarade de cellule, leur transmet les informations qu’il a pu collecter en ville et assure la logistique.

      Placé au cœur de l’action revendicative, l’auteur raconte les péripéties du conflit du point de vue de l’équipe des meneurs de la grève : l’organisation des rondes de protection du camp, de la mise au point des défilés, des piquets de grève, du débauchage des jaunes, de l’accueil à réserverà leur arrivée en gare du train qui doit amener des chômeurs embauchés pour briser la grève. Il décrit les hésitations des uns ; l’emballement et l’impatience des autres; l’attente ; l’incertitude ; les débats internes face aux revers et leurs inquiétudes concernant la continuité  de la mobilisation des hommes en dépit des échecs dans les différentes phases de leur lutte.

     Par eux, nous savons qu’aucune transaction n’est possible avec le comité de propriétaires fermement déterminés à anéantir une insurrection qui menace la perte du produit de la récolte des fruits et met à mal leur toute puissance. Ayant la maîtrise du terrain, des armes, de la police locale, de l’appareil judiciaire, encouragés par le désir de sécurité et l’ostracisme de la majorité des habitants de la ville, leur combat est impitoyable.

*****

      Plus que leurs actions, c'est la diversité des caractères des protagonistes du récit qui intéressent John STEINBECK. La narration des faits dans lesquels ils interviennent souligne la complexité de leur nature  construite sur une histoire personnelle chaotique et des expériences douloureuses qui expliquent l’ambiguïté de leurs réactions dans l’engagement ou l’adversité. La misère matérielle, physique et morale des travailleurs saisonniers et de leurs familles, leurs conditions de travail et d’hébergement, le mépris et l’exploitation dont ils sont victimes sont mis en évidence.

     Mac et le Dr Burton souhaitent tous deux améliorer le sort des plus déshérités, mais, au cours de leurs échanges, deux points de vue se confrontent. Animé d’un idéal politique, l’engagement du premier est un combat, quel qu’en soit les conséquences pour sa propre sécurité et son coût en vies humaines. Quoique non dénué de sensibilité, du moment qu’une mort peut servir «la cause », Mac n’hésite pas à utiliser le cadavre de la victime pour galvaniser les hommes et les motiver à lutter contre la cupidité de possédants insatiables. Le mobile du soutien aux grévistes de Burton est d’ordre humanitaire, sa priorité étant d’aider des démunis à résister aux épreuves qu’ils subissent. La crise économique du moment les a jetés sur les routes pour la plupart. Le doc reste s’efforce de préserver leur santé durant le conflit et de soulager leurs souffrances. Tout en dénonçant dans son œuvre des faits qui le révoltent, la position de John STEINBECK se rapprocherait plutôt de celle du docteur. « In Dubious Battle »pour titre à son roman n’est pas un choix anodin.

     L’auteur n’oublie pas la précarité des petits propriétaires à travers le sort d’Anderson qui, en dépit de ses réticences, s’est laissé convaincre d’accepter l’installation du campement sur ses terres. La survie de leur exploitation dépend des conditions de vente d’une récolte soumise aux aléas climatiques et perpétuellement menacée par toutes sortes de calamités. Souvent amenés à hypothéquer leur propriété pour surmonter l’adversité, ceux-ci vivent avec la crainte continuelle de la ruine qui entraînera leur expulsion et la vente de leurs biens au plus offrant.

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  Travailleurs saisonniers mal payés, logés dans des conditions indignes ; bilans déficitaires des petites exploitations ruinées à la première calamité climatique ou phytosanitaire ; pression sur le prix d’achat des récoltes par la chaîne des intermédiaires commerciaux ou les centres d’achat des grandes surfaces de vente aux consommateurs ; sur le marché local,  acheteurs attirés par le prix des fruits et des légumes importés cultivés par une main d’œuvre très bon marché souvent sans protection sociale ;  ordres boursiers spéculatifs transmis d’un simple clic, en temps réel, par de grands groupes financiers ; quelque soixante-quinze ans plus tard, les problèmes évoqués dans ce roman sont, hélas, encore d’actualité.

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John STEINBECK (1902~1968) – La Perle ; The Pearl (1945)

Traduction de l’anglais par René VAVASSEUR et Marcel DUHAMEL

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John STEINBECK (1902~1968)

Lune noire (1994) – The Moon is Down (1942)

Traduction de l’anglais par Jean Pavans ¹

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John STEINBECK (1902~1968)- À l’est d’Éden - East of Eden (1952)

Traduction de l’anglais par J.-C.Bonnardot

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Montage photo réalisé par ColineCelia avec des photos provenant des sites suivants :

http://www.bpi.fr/fr/les_dossiers/histoire/le_new_deal/les_ecrivains.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9cheresse

La dernière pomme (Photo NMS)

Note :

1) Edmond MICHEL-TYL (1891-1949) était un romancier français (La vallée des mystères -1939 ; Enfin le bonheur – 1941).

Il est surtout connu comme traducteur anglais-français. Il a traduit des romans de William IRISH, John STEINBECK, Erskin CALDWELL, Francis ILES, Raphaël SABATINI, Rex STOUT, Hugh AUSTIN, P.C.WREN, David FROM, Dashiell HAMMETT, Erle Stanley GARDNER, Neil GORDON, J.S. FLETCHER, Raoul WHITFIELD, Sidney FAIRWAY, Seldon TRUSS, Whit MASTERSON.

Il a traduit notamment 37 romans de la série "Les Aventures du Saint" de Leslie CHARTERIS pour les éditions Fayard dans les années 1930 jusqu’à sa mort.

Il a écrit des adaptations des ouvrages de l’écrivaine américaine France PARKINSON KEYES  et a adapté sous forme romanesque en français 39 autres aventures du héros Simon Templar dit « Le Saint », à partir de diverses pièces radiophoniques, ou en s’inspirant très librement d’une bande dessinée publiée dans le New York Times. Après la mort de son époux, Madeleine MICHEL-TYl continua l’œuvre d’adaptation de son mari jusqu’aux années 1960.

 

 

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