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16 juin 2013

Rachid BOUDJEDRA (1941) – Hôtel Saint-Georges (2010)

Rachid BOUDJEDRA (1941) – Hôtel Saint-Georges (2010)

Première édition de ce roman a été publiée en 2007 par les éditions Dar El Gharb

     Jeanne loge à l’Hôtel Saint-Georges pendant son séjour à Alger. Rac avait fait sa connaissance dans une librairie à Paris. Elle lui avait dit qu’elle voulait visiter l’Algérie, sans lui donner d’autres détails. Jeanne « était déjà venue l’année précédente, seule et avait parcouru le pays d’est en ouest, négligeant le sud, le désert et les circuits touristiques parce qu’elle n’avait rien à y faire. ». La jeune femme était munie d’une longue lettre-testament. Elle avait besoin de l’aide de Rac pour accomplir un pèlerinage dans le pays, sur les traces d’un père décédé qui, une quarantaine d’années plus tôt, y avait fait son service militaire pendant la guerre d’indépendance algérienne.

 

Hôtel Saint-Georges Alger

     Rac apprend de Jeanne les tourments qui ont bouleversé l’existence de son père, ébéniste d’art. Rappelé par l’armée, en raison de sa connaissance du travail du bois on l’avait chargé de fabriquer en séries des cercueils pour les dépouilles des soldats morts pour la France. La guerre finie, il fut poursuivi jusqu’à la fin de ses jours, par l’odeur sur ses doigts des cadavres en décomposition. Il avait pris l’habitude de prendre une bière à l’Hôtel Saint-Georges. Là, il parlait longuement avec Nabila, une jeune étudiante, qui était serveuse pour financer ses études de médecine.

Hall de l'hôtel Saint-Georges Alger

     À l’évocation de l’histoire de l’ébéniste, Rac est assailli par une rafale de souvenirs.

Jean ne s’est jamais remis d’avoir trahi son art et l’amour qu’il éprouvait pour l’Algérie. Il ne pouvait oublier le visage étonné de ses compatriotes appelés surpris par la mort, ni les victimes algériennes. Son existence rejoint la vie  de Rac et celle de ses proches. Une convergence de destins individuels que Rachid BOUDJEDRA replace dans l’ambigüité et la complexité de l’Histoire (avec un grand H) d’un pays, des colonisations et plus généralement de l’Histoire des Hommes.

     De courts chapitres, dans lesquels onze personnages se livrent aux lecteurs, composent ce roman. Les récits posthumes de Jean et d’Hamid l’époux de Yasmina, les aveux baragouinés des préparatifs d’horribles supplices concoctés sur ordre d’un sergent français par le harki Kader, les soliloques des membres d’une famille algérienne et de Mic, la Française, porteuse de valises des insurgés, nous plongent dans les ravages et les massacres de la Révolution algérienne : Indépendance chèrement acquise, Pouvoir accaparé par les libérateurs . Tous les protagonistes en sont restés meurtris et les blessures sont encore à vif de chaque côté de la Méditerranée.

     Dans l’adversité et ses conséquences, se mêlent les passions, la violence, le courage, l’amour, la tendresse, la générosité, mais aussi l’opportunisme, les haines, la cruauté, la cupidité, le renoncement, la fuite de la réalité. Tous ces personnages sont profondément humains dans leurs grandeurs et leurs faiblesses. Tous sont dépendants de leur amour de l’Algérie qui agit sur eux comme une drogue.

     L’évocation systématique des caractéristiques des bons et des mauvais génies de la légende familiale de Rac est  moins présent que dans ses romans précédents. Les récits des protagonistes sont une transposition simple, spontanée du langage parlé. Certains expliquent, d’autres se justifient. Les phrases sont courtes. Elles peuvent être tronquées, composées parfois d’un verbe, d’un substantif ou d’un qualificatif. Le style de Rac devient lyrique à certains moments. Rac est le porte-parole de Rachid.   

Rachid Boudjedra

          Rachid BOUDJEDRA, bien que militant politique actif, fait le point, avec sagesse. Même s’il n’a pas perdu son manichéisme, il prend de la distance. Il est conscient du risque de voir, après une bonne quarantaine d’années, la parole des vétérans de la guerre d’indépendance perçue comme du radotage par la jeunesse algérienne. Il incite les jeunes à regarder devant eux pour sortir l’Algérie de sa convalescence et les met en garde contre l’archaïsme de certaines traditions et le culte figé des ancêtres. Il donne toute leur place aux femmes et n’oublie pas les grands textes littéraires et philosophiques.

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