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19 mai 2013

Eric-Emmanuel SCHMITT (1960) – Les deux Messieurs de Bruxelles (2012)

Eric-Emmanuel SCHMITT (1960) – Les deux Messieurs de Bruxelles (2012)

Cinq nouvelles sont assemblées sous le titre de la première d’entre-elles, Les deux messieurs de Bruxelles, Le chien, Ménage à trois, Un cœur sous la cendre et L’enfant fantôme.

Les deux messieurs de Bruxelles

Saint-Michel-et-Gudule

Après avoir accepté le lègue d’un inconnu qui l’a désignée comme unique héritière de ses biens, Geneviève Grenier se trouve soudain à la tête d’un patrimoine important. Intriguée, espérant découvrir ce qui la lie au défunt, la vieille dame  se rend sur la tombe de Jean Deamens, le mystérieux testateur. Loin de répondre à ses interrogations, cette visite les accentue, car elle découvre  une tombe exactement semblable à côté de la précédente, celle d’un autre homme mort cinq ans plus tôt, Laurent Delphin. Quels liens cette similitude tissait-elle entre ces deux hommes et entre elle et ces deux hommes ?

Le chien

Le récit se déroule en Belgique dans le Hainaut. Dès son installation dans le bourg, La personnalité de l’ancien médecin Samuel Heymann, avait intrigué le narrateur. On lui dit que l’ancien praticien avait toujours vécu avec le même chien, un beauceron nommé Argos. Enfin, toujours avec un animal de même race, qu’il persistait à appeler Argos. L’homme, austère, mais apprécié de tous, vivait au village depuis une cinquantaine d’années. Samuel avait élevé seul sa fille qui n’avait que cinq ans à la mort de sa femme. Après le départ en ville de sa fille, celui-ci vivait retiré dans son manoir, avec Argos pour unique compagnie.

Berger Beauceron ou Bas-rouge2

 

Au cours de ses promenades, le narrateur était entré en relation avec le vieil homme, après plusieurs tentatives d’approche infructueuses. Encore était-ce dû, semblait-il, à l’intérêt qu’Argos avait manifesté envers lui et ses chiens ! Le narrateur, qui était écrivain, aimait les livres. Cette passion partagée les rapprochait, mais jamais leurs échanges ne purent déborder ce domaine, pas plus que celui lié à la dégustation d’excellents whiskies.

Durant une absence professionnelle de l’écrivain, le véhicule d’un chauffard percuta Argos. Cinq jours plus tard, Samuel se donna la mort.

Plus le narrateur repoussait l’hypothèse que la mort de l’un avait entraîné la mort de l’autre, plus cette dernière s’imposait à lui, plus le mystère autour d’Argos prenait de l’importance…

 Ménage à trois

Dans un salon viennois, une jeune femme subit avec ennui la conversation d’un homme qu’elle n’avait pas remarqué, jusqu’à ce qu’il s’extraie de la foule pour s’imposer. L’importun continuait à discourir tandis qu’elle cherchait des yeux celui qui pourrait lui être utile parmi les invités à cette fichue soirée. Son mari, épousé neuf ans plus tôt, venait de mourir. Un musicien raté qui la laissait veuve, sans le sou, criblée de dettes, deux enfants sur les bras ! Il lui fallait à tout prix trouver un employeur.

Soudain, l’homme qui l’avait abordée devenait intéressant : il savait son nom, il avait entendu sa sœur chanter, il connaissait sa situation. C’était un diplomate danois qui venait d’arriver à Vienne. Manifestement, elle l’attirait… Il disait aimer la musique. Mais le voilà qui s’intéressait aux compositions du défunt...

Wolfgang-amadeus-mozart

 

Un cœur sous la cendre

Alba appréciait la compagnie de Jonas, son filleul. Elle trouvait l’adolescent au torse frêle, beau, simple, attentif, généreux, toujours disposé à faire plaisir. Curieusement, elle s’entendait mieux avec son neveu qu’avec son fils ou son mari.

« - Tu es un sorcier !

don du coeur

 

-      Moi ?

-      Ou un magicien.

-      Ah oui ? Quel tour je réussis ?

[ …]

-Voler les cœurs.

[ …]

-      Parfois j’aimerais bien.

Elle tressaillit. Quelle sotte ! [ …] Juste les mots à éviter en face d’un garçon qui… »

Pour faire diversion, Alba proposa d’aller marcher dans la campagne islandaise encore enneigée ce 21 mars 2012. Au cours de leur promenade, ils apprirent que le volcan Eyjafjöll s’était réveillé la nuit précédente …

L’enfant fantôme

Cette nouvelle n’occupe que quinze pages et demi de l’ouvrage. Dans un parc, le compagnon du narrateur lui raconte l’origine de l’étrange comportement d’un couple assis sur le banc en face du leur. Manifestement, la femme et l’homme qui l’a rejoint s’ignorent mutuellement ostensiblement.

À la fin du livre,  Eric-Emmanuel SCHMITT a joint des extraits de son Journal d’écriture dans lequel il explique l’évolution de la démarche qui a guidé la rédaction de ces cinq nouvelles.

          Partant d’un fait social (la marginalisation d’un couple homosexuel ; l’osmose entre un chien et son maître ; la reconnaissance posthume d’un compositeur génial ; le don d’un organe vital ; la dérive eugéniste d’une découverte génétique), Eric-Emmanuel SCHMITT introduit un fait imprévisible (une rencontre ; le hasard ; une catastrophe naturelle ; un accident) qui place des couples dans des situations extrêmes dans lesquelles la complexité de chacun se révèle.

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5 mai 2013

Milena AGUS – Mal de pierre (2007) - Mal di pietre (2006)

Milena AGUS – Mal de pierre (2007) - Mal di pietre (2006)

Traduction Dominique Vittoz   

    

Milena AGUS au salon du livre de Paris 2012

L’héroïne du roman est la grand-mère de la narratrice. Celle-ci est atteinte du « mal de pierre ». C’est elle qui a élevé la narratrice à qui elle racontera ses émotions, ses cheminements, tout en laissant des zones d’ombre.

     Son histoire est celle d’une enfant taciturne, imaginative, intelligente, manifestant des dons artistiques et douée à l’école, élevée dans un village paysan sarde où il ne fait pas bon sortir de la norme et se faire remarquer. Elle écrit ses pensées et des récits dans un cahier noir à tranche rouge qu’elle protège comme un trésor. La jeune fille a soif d’absolu, rêve d’un amour idéal. Ses excentricités et ses crises de désespoir suicidaire font fuir les prétendants. À trente ans, les siens la considèrent comme une vieille-fille folle.

     La Sardaigne connaît les tourments de la Seconde Guerre mondiale. La famille recueille un réfugié des bombardements de Cagliari. Ce dernier travaille à la ferme et demande la jeune femme en mariage. Cette union n’est qu’un mariage de raison. Les protagonistes n’éprouvent aucun amour l’un pour l’autre. L’amour, la jeune femme le rencontrera dans la personne du Rescapé sur le Continent, lors d’une cure thermale destinée à guérir ses calculs rénaux qui lui gâchent la santé et l’empêchent de mener ses grossesses à terme. Momentanément soulagée de son mal de pierre et de son mal d’amour, un fils unique naîtra. Elle fera tout pour faciliter l’accession de son fils à une carrière de pianiste concertiste international. Cette femme sans nom (ma grand-mère) introvertie, étrange « aux longs cheveux noirs et aux yeux immense » vit à contretemps toujours en décalage, en marge des autres et de sa propre vie. Ayant soif d’absolu, elle est incapable de saisir les petits instants de bonheur qui se présentent au fil des jours, ni de percevoir les attentions de son mari et de son entourage. Un mari, sans nom aussi. Son mari tolère et s’accommode des lubies de son épouse. C'est un homme sensuel, prévenant, bon père et beau-père qui est apprécié de tous. Plus tard, l’épouse ingrate se reprochera de ne pas avoir su lui manifester son affection.

     À la fin du livre, la narratrice trouve un élément qui lui permettra d’approcher la vérité de cette grand-mère, mais il faudrait encore bien d’autres clés pour découvrir tous les secrets que recèle cette  personne énigmatique.

     La peinture des autres personnages du roman est faite dans les moindres détails à petites touches précises et délicates. Le Rescapé, les parents de la narratrice, les voisines de la  rue Sulis, les grands-tantes et grands-oncles maternels, la grand-mère Lia, les demoiselles Doloretta et Fanni  mettent tous la grand-mère en valeur.

     Ce court roman de 124 pages ouvre de multiples réflexions sur la Sardaigne. Il aborde la conjoncture politique italienne pendant la Seconde Guerre mondiale, la déportation des marins italiens en Allemagne, les conséquences des bombardements, les maisons closes et leurs « prestations », les vagues migratoires vers le Continent, la vie des migrants dans les grandes villes, l’évolution des conditions de vie en un demi-siècle.

     La narratrice réalise surtout qu’elle ne connaissait pas vraiment cette grand-mère auprès de laquelle elle a vécu tant d'années.

Origine de la photo : http://fr.wikipedia.org/wiki/Milena_Agus

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