Eric-Emmanuel SCHMITT (1960) – Les deux Messieurs de Bruxelles (2012)
Eric-Emmanuel SCHMITT (1960) – Les deux Messieurs de Bruxelles (2012)
Cinq nouvelles sont assemblées sous le titre de la première d’entre-elles, Les deux messieurs de Bruxelles, Le chien, Ménage à trois, Un cœur sous la cendre et L’enfant fantôme.
Les deux messieurs de Bruxelles
Après avoir accepté le lègue d’un inconnu qui l’a désignée comme unique héritière de ses biens, Geneviève Grenier se trouve soudain à la tête d’un patrimoine important. Intriguée, espérant découvrir ce qui la lie au défunt, la vieille dame se rend sur la tombe de Jean Deamens, le mystérieux testateur. Loin de répondre à ses interrogations, cette visite les accentue, car elle découvre une tombe exactement semblable à côté de la précédente, celle d’un autre homme mort cinq ans plus tôt, Laurent Delphin. Quels liens cette similitude tissait-elle entre ces deux hommes et entre elle et ces deux hommes ?
Le chien
Le récit se déroule en Belgique dans le Hainaut. Dès son installation dans le bourg, La personnalité de l’ancien médecin Samuel Heymann, avait intrigué le narrateur. On lui dit que l’ancien praticien avait toujours vécu avec le même chien, un beauceron nommé Argos. Enfin, toujours avec un animal de même race, qu’il persistait à appeler Argos. L’homme, austère, mais apprécié de tous, vivait au village depuis une cinquantaine d’années. Samuel avait élevé seul sa fille qui n’avait que cinq ans à la mort de sa femme. Après le départ en ville de sa fille, celui-ci vivait retiré dans son manoir, avec Argos pour unique compagnie.
Au cours de ses promenades, le narrateur était entré en relation avec le vieil homme, après plusieurs tentatives d’approche infructueuses. Encore était-ce dû, semblait-il, à l’intérêt qu’Argos avait manifesté envers lui et ses chiens ! Le narrateur, qui était écrivain, aimait les livres. Cette passion partagée les rapprochait, mais jamais leurs échanges ne purent déborder ce domaine, pas plus que celui lié à la dégustation d’excellents whiskies.
Durant une absence professionnelle de l’écrivain, le véhicule d’un chauffard percuta Argos. Cinq jours plus tard, Samuel se donna la mort.
Plus le narrateur repoussait l’hypothèse que la mort de l’un avait entraîné la mort de l’autre, plus cette dernière s’imposait à lui, plus le mystère autour d’Argos prenait de l’importance…
Ménage à trois
Dans un salon viennois, une jeune femme subit avec ennui la conversation d’un homme qu’elle n’avait pas remarqué, jusqu’à ce qu’il s’extraie de la foule pour s’imposer. L’importun continuait à discourir tandis qu’elle cherchait des yeux celui qui pourrait lui être utile parmi les invités à cette fichue soirée. Son mari, épousé neuf ans plus tôt, venait de mourir. Un musicien raté qui la laissait veuve, sans le sou, criblée de dettes, deux enfants sur les bras ! Il lui fallait à tout prix trouver un employeur.
Soudain, l’homme qui l’avait abordée devenait intéressant : il savait son nom, il avait entendu sa sœur chanter, il connaissait sa situation. C’était un diplomate danois qui venait d’arriver à Vienne. Manifestement, elle l’attirait… Il disait aimer la musique. Mais le voilà qui s’intéressait aux compositions du défunt...
Un cœur sous la cendre
Alba appréciait la compagnie de Jonas, son filleul. Elle trouvait l’adolescent au torse frêle, beau, simple, attentif, généreux, toujours disposé à faire plaisir. Curieusement, elle s’entendait mieux avec son neveu qu’avec son fils ou son mari.
« - Tu es un sorcier !
- Moi ?
- Ou un magicien.
- Ah oui ? Quel tour je réussis ?
[ …]
-Voler les cœurs.
[ …]
- Parfois j’aimerais bien.
Elle tressaillit. Quelle sotte ! [ …] Juste les mots à éviter en face d’un garçon qui… »
Pour faire diversion, Alba proposa d’aller marcher dans la campagne islandaise encore enneigée ce 21 mars 2012. Au cours de leur promenade, ils apprirent que le volcan Eyjafjöll s’était réveillé la nuit précédente …
L’enfant fantôme
Cette nouvelle n’occupe que quinze pages et demi de l’ouvrage. Dans un parc, le compagnon du narrateur lui raconte l’origine de l’étrange comportement d’un couple assis sur le banc en face du leur. Manifestement, la femme et l’homme qui l’a rejoint s’ignorent mutuellement ostensiblement.
À la fin du livre, Eric-Emmanuel SCHMITT a joint des extraits de son Journal d’écriture dans lequel il explique l’évolution de la démarche qui a guidé la rédaction de ces cinq nouvelles.
Partant d’un fait social (la marginalisation d’un couple homosexuel ; l’osmose entre un chien et son maître ; la reconnaissance posthume d’un compositeur génial ; le don d’un organe vital ; la dérive eugéniste d’une découverte génétique), Eric-Emmanuel SCHMITT introduit un fait imprévisible (une rencontre ; le hasard ; une catastrophe naturelle ; un accident) qui place des couples dans des situations extrêmes dans lesquelles la complexité de chacun se révèle.