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14 octobre 2012

John STEINBECK (1902~1968)- À l’est d’Éden - East of Eden (1952)

John STEINBECK (1902~1968) - À l’est d’Éden - East of Eden (1952)

Traduction de l’anglais par J.-C.Bonnardot

     À l’est d’Eden raconte sur trois générations, des années 1860 à la fin de la Première Guerre mondiale, l’histoire de deux familles les Hamilton et les Trask, établies dans la vallée de Salinas en Californie, aux États-Unis.

 

Baja_California_Desert httpfr

    Dans les deux premières parties du roman, nous suivons séparément les deux familles avant que leurs destins se croisent.

Les Hamilton

        Arrivés sans le sou d’Irlande du nord, le jeune Samuel Hamilton et sa femme Liza s’installèrent vers 1870, à l’est de King City sur une terre aride et ingrate des collines qui bordent la vallée de la Salinas.

    Samuel était un homme cultivé, robuste, énergique, habile de ses mains, inventif, désintéressé, enjoué, ouvert et convivial, alors que son épouse, une petite femme sans attraits, sèche, effacée, excellente ménagère, inhibée par la religion, était dénuée du moindre humour.

     Ils eurent quatre fils : Georges, William, Tom Joseph, et cinq filles : Una, Lizzie, Dessie, Olive la mère de l’auteur et narrateur, et Molly.

     Les Hamilton ne furent jamais riches car Samuel n’avait aucun sens des affaires. Les fruits de ses inventions ingénieuses profitèrent à d’autres.

Les Trask

     Adam Trask avait acheté sa propriété plus tard dans la fertile vallée de Salinas. Adam était né en 1862 dans le Connecticut où Cyrus, son père, exploitait une ferme.

    Cyrus s’était enrôlé dans une milice régionale au cours de la guerre civile. Six mois avant la naissance de son fils, victime d’une blessure dès les premières minutes de confrontation avec les rebelles, Cyrus avait été amputé d’une jambe. Durant sa brève carrière militaire, la boisson, le jeu, la fréquentation des maisons closes, les troussages de jupons vaincus, complétaient agréablement les séances d’entraînement pour cet homme robuste, risque-tout au fort tempérament. Quelques temps après son retour, son épouse, ‘‘une femme incolore et refermée’’, repliée dans une mystique expiatoire, mettait fin à ses jours lui laissant l’entretien de la ferme et le bébé sur les bras.

    Cyrus s’était rapidement remarié avec la fille de fermiers voisins. Alice avait 17 ans, était laide et travailleuse. Elle fut rapidement engrossée et donna naissance à Charles.

Auprès de cette jeune femme minée par la tuberculose, crédule, effacée, qui l’écoutait en silence, le soldat de deuxième classe échafauda de fabuleux récits de campagne où il jouait un rôle de premier plan. Des lectures spécialisées et le temps aidant, d’affabulateur Cyrus devint mystificateur. Réputé être le meilleur spécialiste en stratégie, il était consulté par les hautes instances militaires de Washington et abusait même le Président.

    Les deux frères Trask étaient très différents : Charles, grand, fort, vigoureux, impulsif et teigneux, quoique plus jeune, protégeait Adam qui était intelligent, sensible, pacifique et doux. Cyrus soumit ses fils à une intense préparation militaire de son cru extrêmement précoce qui convint au tempérament bagarreur du cadet, mais dégoûta définitivement l’aîné de toute violence. Histoire d’endurcir Adam, Cyrus lui imposait des exercices d’endurance et de survie et le voua à la carrière militaire, tandis qu’il destinait Charles à reprendre la ferme. Ce dernier, ulcéré de l’attention que son père portait à Adam, dans une pulsion de jalousie meurtrière, avait sauvagement blessé son frère.

   Malgré lui, Adam participa donc à la chasse aux Indiens. En dépit de son manque de goût pour la vie militaire, il rempila à la fin de son contrat. Démobilisé après dix ans d’armée, Adam partit sur les routes, clochard vivant de petits larcins, errant au hasard à travers plusieurs États. Arrêté et condamné aux travaux forcés pour vagabondage, sa peine étant prolongée, il réussit à s’échapper et revint vivre à la ferme familiale où, sans nouvelles de lui, son frère l’attendait.

    L’amertume des rancœurs passées ressurgissait fréquemment, impromptue, au cours de moment de complicité fraternelle, rendant la cohabitation difficile entre les deux frères.

    Une cérémonie grandiose accompagna l’enterrement de Cyrus à Washington où ce dernier mourut laissant en legs à ses fils une fortune conséquente. D’où provenait l’argent de Cyrus ? Cette question obséda Charles. Jusqu’à la fin de ses jours, il se garda de toucher à sa part du magot.

    Adam, toujours indécis, cherchait toujours un sens à sa vie jusqu’à ce qu’il brave l’opposition de Charles en sauvant et soignant Cathy, une jeune femme rescapée d’une tentative d’assassinat, qui avait échoué gravement blessée devant leur porte. Subjugué par la beauté naturelle et l’étrange regard de sa protégée, il décida de l’épouser et d’aller s’installer en Californie dans la vallée de Salinas.

    Dans la troisième partie, Samuel, contacté pour un problème de forage, rencontre les Trask.

    Euphorique et enthousiaste, porté par son amour pour Cathy, Adam échafaude pour sa famille des projets d’avenir grandioses et emploie sa fortune à mettre en valeur toutes les ressources naturelles de son domaine. Adam chérit aveuglément Cathy. L’objet de son amour et de toutes ses attentions n’est hélas qu’un mirage, une créature imaginaire. La Cathy, celle que tous voient, ne l’aime pas, son amour la dégoûte. Pragmatique, enceinte, celle-ci, dont il ignore le passé sulfureux déjà très lourd, indifférente, passive, boudeuse, attend l’instant propice pour reprendre sa liberté.

    Aussitôt après avoir mis au monde des jumeaux, avant de s’enfuir et disparaître, Cathy tire sur Adam qui tente de la retenir, le blessant gravement. Après sa guérison, Adam, anéanti par une agression et une trahison qu’il ne comprend pas, perd tout goût de vivre et d’entreprendre. Le domestique chinois, élève les deux petits garçons, Aaron et Caleb. Lee assume le train de maison de la famille et s’efforce d’aider le maître des lieux à sortir de sa prostration en l’intéressant à la vie de ses fils.

    Dans la dernière et quatrième partie, une douzaine d’années se sont écoulées, les Trask habitent maintenant une maison de Salinas. Les faux jumeaux, Aaron et Caleb n’ont pas de ressemblance physique.  Comme Adam et Charles, leur tempérament et leurs goûts sont très dissemblables. Lee, qui a renoncé à son projet de monter une librairie à San Francisco, a repris son service et contribue à la cohésion familiale.

COMMENTAIRE

    John STEINBECK analyse si besoin le cadre géographique, le contexte historique, économique, social, ou  météorologique dans lesquels il situe chaque nouvelle phase du roman. Le propos du roman s’étend sur une soixantaine d’années, dans la vallée fertile de la Salinas entre les terres arides des collines du comté de Monterey, en Californie du nord. Aventuriers et opportunistes en quête de fortune y tentent leur chance. La Californie : une terre conquise ; un rêve de paradis pas toujours accueillant pour la dernière vague d’immigrants ou la confrontation des fermiers aux aléas pluviométriques saisonniers ou climatiques ; un État sorti de l’isolement avec le développement du chemin de fer, du téléphone et l’arrivée de l’automobile ; un État qui sut garder ses distances pendant la Guerre de Sécession, mais  contribua à la Première Guerre mondiale.

   Il précise l’état psychologique des personnages au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue.

  La communication entre les êtres humains est au centre du roman. Ce sont des personnes incapables d’exprimer leurs sentiments et leurs désirs, inaptes à l’écoute et à la compréhension de l’autre. Leurs actions sont souvent le fruit de leurs pulsions conflictuelles d’amour et de haine. Ces êtres imprégnés de manichéisme, s’interrogent sur leur hérédité et leur prédestination au bien ou au mal.

   Les références bibliques fourmillent dans le roman : la citation de versets bibliques ; le choix des prénoms des protagonistes ; l’exploitation du thème de Caïn et Abel illustré par la jalousie entre les demi-frères Adam et Charles, puis la rivalité entre les jumeaux d’Adam prénommés Aaron et Caleb. Le titre East of Eden est tiré d’une citation de la Bible, c’est à l’est de l’Eden que Caïn court se réfugier après avoir tué son frère Abel.

   John STEINBECK se sert des échanges entre deux personnages particulièrement attachants : Samuel immigré irlandais et Lee sino-américain de la deuxième génération, qui se démarquent des précédents par leur originalité, leur écoute des autres, leur abnégation, leur capacité d’adaptation, leur curiosité du monde, leur soif de culture, leur sagesse. La place de l’individu dans la société occupe une grande part de leurs discussions. Se limitant aux apparences, les groupes sociaux attendent d’autrui des actes fondés sur des préjugés intangibles. Adam et Charles puis d’Aaron et Caleb, sont ravagés par l’anxiété de se faire accepter tels qu’ils sont et de s’assurer une part d’amour paternel. Ils sont victimes de déductions dualistes arbitraires basées sur leurs goûts, leurs capacités et leur apparence physiques. STEINBECK démonte les aprioris d’innocence et de pureté prêtés à Cathy/Kate, fondés sur sa beauté : sous un visage d’ange, se dissimule un être pervers diabolique.

    Il apporte aussi des points de vue personnels dans l’exposé du récit sur les capacités d’invention et de création de l’individu par rapport au groupe. Il précise sa vision de la part prise par l’un et l’autre dans les processus d’invention et de création.

   À l’est d’Eden mêle fiction et réalité. John est le fils d’Olive Hamilton. Samuel est son grand-père maternel, un personnage hors normes, haut en couleur, entré dans la légende familiale. Auteur/narrateur, STEINBECK se fait acteur dans le roman, en y introduisant une part d’autobiographie : son apparition enfant avec Mary la plus jeune de ses sœurs, tous deux témoins, lui rapporteur de certaines scènes.

   À l’heure de la mondialisation de l’économie et des moyens de communication, de l’information instantanée, du brassage des cultures et des groupes sociaux, des flux professionnels, touristiques ou migratoires, l’individu est amené à s’interroger sur son identité et sa place dans une société de plus en plus mouvante. Les problèmes de la connaissance de soi, de la reconnaissance et de l’acceptation de l’autre, d’écoute et de tolérance, déjà rapportés par la tradition biblique et repris au milieu du XXe siècle par John STEINBECK, ont un caractère intemporel et universel.

   À l’est d’Eden estécrit dans un style fluide, simple et précis. Sa lecture est agréable et captivante.

   John STEINBECK a reçu Le prix Pulitzer en 1942 et le Prix Nobel de Littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1962.

    Le réalisateur américain Elia Kazan s’est inspiré de la quatrième partie du roman de John STEINBECK pour son film en couleur et en Cinémascope qui porte le même titre que le roman, sorti en 1955. L’acteur James Dean interprétait le personnage de Cal (Caled) Trask.

 

James Dean dans A l'est d'Eden Photo Elia Kazan

    Le film a été récompensé par le Golden Globe du meilleur film dramatique en 1956. Les Oscars ont attribué les titres de Meilleur réalisateur à Elia Kazan et de Meilleur second rôle masculin (à titre posthume) à James Dean.

John STEINBECK (1902~1968) - Lune noire (1994) – The Moon is Down (1942)

John STEINBECK (1902~1968) – La Perle ; The Pearl (1945) 

Source des images 

http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Steinbeck

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-1944/photos/detail/?cmediafile=18429305

 

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4 octobre 2012

John STEINBECK (1902~1968) - Lune noire (1994) – The Moon is Down (1942)

John STEINBECK (1902~1968)

Lune noire (1994) – The Moon is Down (1942)

Traduction de l’anglais par Jean Pavans ¹

     L’action du roman de John STEINBECK se déroule dans les premières années de la Seconde Guerre mondiale, au nord de la Scandinavie², où une mine de charbon d’intérêt stratégique est exploitée près d’une petite ville côtière jusque là épargnée par les remous des bouleversements de l’échiquier politique européen. L’envahisseur était entré dans la cité sans peine et l’avait rapidement occupée un dimanche matin. S’étant manifestés dès l’abordage des premiers navires, le facteur et le policier étaient faits prisonniers. Un peu plus tard dans la matinée, six membres des  troupes locales gisaient sans vie, criblés de balles. Il faut dire que Mr Corell, le commerçant si populaire, avait bien fait les choses pour éloigner les fonctionnaires locaux, les premiers pêchaient en mer à bord du voilier prêté par ledit Mrs Corell, tandis que les autres se mesuraient là haut, dans les collines, dans un concours de tir généreusement doté par le même Mrs Corell, qui les laissait disposer de son terrain pour l’occasion et leur offrait aussi le déjeuner.

13 avril 1940 le port de Narvik bombardé par les Anglais

     De l’hôtel de ville où il a établi ses quartiers, L’État-major de l’envahisseur s’organise pour multiplier les rendements de la mine et faire construire d’une voie ferrée, afin d’évacuer vers le port, la production charbonnière annexée.

     D’abord hébétés, face aux occupants, les habitants protègent d’un mur d’indifférence hostile leur liberté de penser et d’agir. La ville est conquise, mais ne se soumet pas. Sans se concerter, chaque citoyen fait comprendre à l’envahisseur l’inopportunité de sa présence. Bien avant le verdict d’une parodie de procès, Alexander Morden, le mari de Molly, est condamné à être fusillé. En homme libre, il refusait d’obtempérer aux injonctions menaçantes de l’ennemi. Le mineur s’était rebellé, faisant du capitaine Bentick, le premier Allemand assassiné. Première sentence prononcée pour l’exemple qui s’appliquera sur beaucoup d’autres.

Troupes allemandes traversant un village au cours de l'invasion de la Norvège pendant la guerre

 

     Au fil du temps, chaque lendemain de nuit sans lune, les occupants constatent qu’au port, à la faveur de  la marée, des barques ont levé les amarres et que la neige nocturne a déjà effacé dans les collines les traces de jeunes hommes qui ne se présenteront plus à la mine. Des incidents inopinés ralentissent sans cesse l’extraction du charbon, des accidents détruisent la voie en construction imposant des remaniements incessants aux plans et au tracé du chemin de fer. L’hostilité s’amplifie de part et d’autres. Aux meurtres et aux actions de résistance décuplés, répondent l’intensification des représailles et l’exécution d’otages par les oppresseurs.

     La passivité affichée par la population de la petite cité avait réjoui les occupants dans les premiers temps. Mais, au fil des jours, dans l’accomplissement de la routine quotidienne, ceux-ci perçoivent l’hostilité des autochtones. Omniprésente, une menace invisible filtre sous l’inertie des habitants de la ville figée. Isolés, cernés par la haine de la communauté et l’abondante neige hivernale, point de surhommes d’airain sous le vert de gris, mais tout simplement des êtres nostalgiques, inquiets pour leur famille et leurs amis, des jeunes gens qui voudraient rire, s’amuser, aimer, être aimés, des hommes rongés par la méfiance et la peur de ces citadins pourtant sans armes, des soldats qui se sentent incompris. Ils s’interrogent : les aurait-on oubliés ? Les plus fragiles perdent la raison.

     Le colonel Lanser commande les troupes allemandes. Après quelque vingt-cinq ans, ce vétéran de la Première Guerre mondiale revit une expérience dont il connaît déjà les inévitables conséquences. Officier issu de l’ancien régime, c’est un homme réfléchi et cultivé. Il sait que sous la tranquillité apparente de la ville, couve une révolte sournoise. Son ingéniosité perpétuellement sollicitée, accroché à sa planche à dessin, stimulé par chaque nouveau défi à surmonter, le commandant Hunter, reprend inlassablement les plans de la voie ferrée qu’il a mission de concevoir. Hitlérien endoctriné, sanglé dans son uniforme, abrité derrière les articles du Règlement, le capitaine Loft applique et fait exécuter les ordres, avec une rigueur aveugle, sans états d’âme. Les jeunes lieutenants Tonder et Prackle découvrent sur le terrain que les réalités de la guerre n’ont pas le romantisme qui leur fut distillé au cours de leur formation.

     Ignorant le mépris de ses concitoyens comme des occupants, le fameux Corell, l’homme qui a su si bien préparer l’arrivée des troupes allemandes, refuse les offres de protection du colonel dont il attend la juste récompense de ses services. Pour ce zélé converti, peu importe les conséquences de ses prétentions et les moyens employés pour les assouvir.

     L’apparence modeste, conscient de ce qu’implique son refus de collaborer avec l’ennemi, Orden, le maire, oppose calmement, mais fermement aux dictats d’un pouvoir totalitaire, les limites de son statut de magistrat mandaté par des hommes libres. Il est soutenu par l’amitié et la complicité morale du docteur Winter. Autour d’eux, gravitent, Annie la cuisinière revêche qui saura imposer sa loi à l’office, avant d’élargir son terrain d’action ; Joseph, le majordome qui utilisera les prérogatives de sa fonction pour collecter des renseignements ; l’épouse du magistrat inconsciente du drame qui se joue, tant elle est obsédée par d’infimes détails futiles d’ordre matériel et la mise en valeur des attributs de représentation de son mari.

*****

     The Moon is Down (qu’on pourrait traduire par la lune est couchée), est paru en 1942³ alors que s’amorce sur le front russe, le tournant de la guerre en Europe. La diffusion du livre fut interdite par l’occupant, cependant des traductions publiées clandestinement circulèrent sous le manteau  dans les milieux résistants des pays occupés.

     Lune noire est un roman court : (175 pages, chez Jean-Claude Lattès, 1994), dont les huit chapitres se présentent comme autant d’actes d’une œuvre dramatique. Dans chacun d’eux, STEINBECK décrit d’abord les lieux, fait le point sur l’ambiance qui règne dans la ville et l’état d’esprit des personnages. Les dialogues mettront ensuite en lumière l’évolution psychologique des acteurs du drame.

     La ville conquise n’a pas de nom. La nationalité des envahisseurs ne sera évoquée qu’assez tard, comme incidemment, l’hypothèse de la folie du Führer aussi, encore a-t-elle l’invraisemblance comique d’un délire onirique.  Ces imprécisions ou ces suggestions à peine esquissées, élargissent la portée du propos vers tout régime totalitaire ou porteur d’idéologie  universelle qui s’impose au détriment de la liberté individuelle. Quel que soit le cynisme, quelle que soit la noblesse des raisons d’intervention invoquées, l’adhésion d’un peuple ne se conquiert pas par les armes et la négation de l’individu.

     John STEINBECK a reçu Le prix Pulitzer en 1942 et le Prix Nobel de Littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1962.

     Une version française allégée du texte fut publiée en 1943 à Lausanne sous le titre Nuits sans Lune. Les parties supprimées concernaient les allusions aux nations impliquées par la guerre en cours. 

Origine des photos

1- La Seconde Guerre mondiale tome 1er 1939-1942 Raymond Cartier Larousse – Paris-Match Attaque du port de Narvik le 13 avril 1940 par les navires anglais p 64 (photo scannée) Soldats allemands traversant un village norvégien en 1940

2 - — National Archives and Records Administration, College Park, Md.

http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_ph.php?ModuleId=208&MediaId=1408

*****

1) Jean PAVANS est traducteur de l’œuvre de Henry JAMES dont l’Intégrale thématique des Nouvelles  en quatre tomes (le dernier est paru en 2006) aux éditions La Différence. Il traduit aussi des œuvres d’auteurs classiques anglo-saxons : Edith WHARTON, Virginia WOOLF, Gertrude STEIN, Harold PINTER, John STEINBECK pour de nombreuses maisons d’édition.

Auteur de publications littéraires (récits, romans, nouvelles, théâtre, essais, pastiches) parus pour la plupart aux éditions La Différence depuis 1980, il a fait paraître chez Gallimard en 2007, une biographie de Marlene Dietrich.

Adaptateur de pièces de H. PINTER (Le scénario Proust et Célébration) pour Roger Planchon, il a aussi adapté pour la scène des nouvelles de  H. JAMES (Les Papiers d’Aspern, L’auteur de Beltrafio, la Leçon du Maître). Il a travaillé au livret d’un opéra créé en 2011, inspiré de La Bête dans la Jungle d’Henri JAMES, pour le compositeur Arnaud Petit.

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Pavans

http://www.franceculture.fr/personne-jean-pavans

 2) On peut imaginer que cette ville se situe en Norvège

 L’invasion de la Norvège

     La Norvège proclama sa neutralité au début de la Seconde Guerre mondiale. Durant l’hiver 1939-40, elle refusa aux Britanniques et aux Français le droit d’utiliser son territoire pour faire parvenir du matériel à la Finlande en guerre contre l’URSS. Mais l’importance de ses côtes  pour la guerre sous-marine et le rôle du port de Narvik qui, relié à la Suède par une voie ferré, était un débouché de la route du fer suédois, firent d’elle un enjeu pour les belligérants. Dès l’hiver 1939-40, la Grande-Bretagne et l’Allemagne étudiaient des projets d’intervention.

     Le gouvernement travailliste au pouvoir depuis 1935 avait complètement négligé la politique militaire. L’armée norvégienne était dans un état lamentable : les troupes mal instruites ; l’armement désuet ; une aviation composé d’une centaine d’appareils dont seulement 8 chasseurs. Le fjord d’Oslo n’était même pas miné. Des militants du Nasjonal Samling de Quiling (cinquième colonne) qui étaient nombreux dans l’armée et l’administration étaient favorables à l’Allemagne.

          Le Reich occupa la Norvège, devançant ses adversaires en avril 1940. Au début d’avril 1940, les alliés annonçaient qu’ils avaient mouillé des mines dans les eaux norvégiennes. Mais l’attaque allemande était déjà en cours. Dans la nuit du 8 au 9 avril, les navires allemands réussirent à déjouer la surveillance de la flotte britannique et à l’aube du mardi 9 avril, des débarquements simultanés eurent lieu dans les six principaux ports norvégiens accompagnés en plusieurs endroits de débarquement de parachutistes : Oslo, Kristiansand, Stavanger, Bergen, Trondheim et Narvik. La résistance norvégienne fut désorganisée par la surprise et les faux ordres lancés par la cinquième colonne. Tout en proclamant qu’ils allaient apporter une aide totale à la Norvège, les alliés réagirent avec retard et de façon improvisée. Manquant d’aviation, de chars et de DCA, la tentative franco-britannique de contre-offensive ne put empêcher la jonction des forces allemandes du Nord et du Sud. Les alliés reportèrent tous leurs efforts sur Narvik pendant six semaines qu’ils conquirent le 28 mai. La capitulation de la Belgique, l’évacuation de Dunkerque eurent pour conséquence le rappel du corps expéditionnaire au début juin. Toute la Norvège était aux mains de la Wehrmacht. Les Allemands installèrent un gouvernement de collaboration National Socialiste  dirigé par Quiling. Cependant, les Norvégiens engagés dans la collaboration furent minoritaires, la masse du pays milita activement dans la Résistance.

Source : Michel Mourre Dictionnaire d’histoire universelle – Jean-Pierre Delarge - Bordas

 

3) Le tournant de la guerre

Les États-Unis

     Jusqu’en 1938, les tâches du redressement économique (New Deal) et la persistance d’un puissant courant isolationniste dans l’opinion américaine réduisaient considérablement la marge de manœuvre du Président des États-Unis d’Amérique, le démocrate Franklin D. Roosevelt (de 1933 à 1945), en politique étrangère. Bien qu’il eût dénoncé la menace que représentaient les régimes totalitaires dans le discours de Chicago du 5 octobre 1937, le Président ne put obtenir qu’en octobre 1939 le vote par le Sénat de la loi Cash and Carry, qui permettait de fournir des armes américaines aux deux puissances maritimes, la France et la Grande-Bretagne.

     Lors de l’effondrement français de juin 1940, il ne put répondre à l’appel qui fut lancé in extremis par Paul Raynaud. Il fit cependant adopter par le Congrès un programme de réarmement et la conscription de tous les hommes entre vingt et un à trente-cinq ans.

       Roosevelt, réélu à la Présidence pour la troisième fois en novembre 1940, plaida l’obligation pour les États-Unis d’aider les nations en lutte pour la démocratie. Le 11 mars 1941, il obtint la loi prêts-bails qui fit de l’Amérique l’arsenal de tous les ennemis de l’Axe. Il établit avec Churchill la Chartre de l’Atlantique en août 1941 et fit bénéficier l’URSS de la loi prêts-bails.

            Le 7 décembre 1941, l’attaque japonaise contre Pearl Harbor décida de l’entrée en guerre du peuple américain contre le Japon, le 8 décembre, puis contre l’Allemagne et l’Italie, le 11 décembre.

            Le front Russe

     L’attaque hitlérienne du 22 juin 1941 surprit l’URSS qui connut d’abord de terribles revers. Au cours des campagnes 1941-42, les Allemands conquirent les pays Baltes, la Biélorussie, l’Ukraine, la Crimée, la région industrielle du Donbass, une partie des bassins pétrolifères du Caucase. Ils atteignirent au nord Leningrad qui fut encerclée, au sud, la boucle de la Volga. Cependant au cours de l’hiver 1941-42, ils furent repoussés devant Moscou.

     Les dirigeants hitlériens considéraient indistinctement les Slaves comme une race inférieure, et leur politique d’exploitation systématique et de terreur contribua à rallier le peuple tout entier autour de Staline qui donna à la guerre une tournure plus patriotique que révolutionnaire. La propagande exaltait les héros et les grands chefs de guerre du passé et n’hésitait pas à mettre une sourdine au mouvement des « Sans-Dieu », afin de mobiliser même la religion.

     Grâce à son étatisation, l’industrie soviétique repliée en Oural et en Sibérie se convertit rapidement vers la production de guerre. Parallèlement, les États-Unis et l’Angleterre firent parvenir du matériel via l’Iran qui était occupé depuis juillet 1941 par les Anglais et les Soviétiques. Un traité anglo-soviétique d’assistance mutuelle avait été signé en juillet 1941 et sa durée allongée  à vingt ans en mai 1942 D’autre part, le Président Roosevelt étendit la loi prêts-bails à l’URSS. Le peuple soviétique se ressaisit et se mit à lutter avec acharnement, soit au front, soit dans les unités de partisans, à l’arrière par l’intensification de la production des usines. La défense victorieuse de Stalingrad de septembre 1942 à mars 1943, fut le tournant décisif de la guerre.

Source : Michel Mourre Dictionnaire d’histoire universelle – Jean-Pierre Delarge - Bordas

 

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