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24 avril 2011

Rachid BOUDJEDRA (1941) - La Vie à l’endroit (1997)

Rachid BOUDJEDRA (1941) - La Vie à l’endroit (1997)

 

     Le livre est sorti en librairie en 1997. Le personnage principal est Rac dont le nom peut être interprété comme un diminutif de Rachid. Tout comme Rachid BOUDJEDA, cet homme fait l’objet d’une fatwa lancée par les « Fous de Dieu ». De nombreux détails sont directement inspirés de la biographie de l’auteur : sa mère répudiée par un père tyrannique qui a eu quatre épouses, trente-six enfants, voyage beaucoup par le monde pour ses affaires et adresse des cartes postales de tous les endroits visités ; une grand-mère obèse autoritaire grande cuisinière ;un oncle veule réduit à sa merci ; les villes de Constantine, de Bône (Annaba) et d’Alger qu’il connaît bien, Le sujet de l’ouvrage porte sur trois dates dans trois lieux différents, le 26 mai 1995 à Alger, 26 juin 1995, à Constantine dans la maison familiale, le 26 juillet 1995, dans un hôtel de Bône. Rac, donc, est un homme condamné à une vie clandestine mouvementée car il n’a pas renoncé à lutter contre les intégristes. Sa compagne française, Flo, est infirmière dans un hôpital d’Alger. Menacé de mort, il est armé, possède une capsule de cyanure prête à être utilisée afin d’éviter de tomber vivant entre les mains de ses ennemis


     De sa planque, Rac assiste, puis se mêle, au délire joyeux des supporters du C.R. Belcourt qui vient de remporter la Coupe d’Algérie de football. La foule en liesse, dirigée par la mascotte du club, un nain fantasque et excentrique surnommé Yamaha, brave le couvre-feu de l’armée et les tabous intégristes. Tout à sa joie, le peuple en transes oublie, par une fête païenne, sa peur et transgresse tous les interdits. C’est un tournant pour le pays, les autorités débordées supprimeront le couvre-feu définitivement. Quelques jours plus tard, Yamaha sera abattu sauvagement par les intégristes.

     Rac, clandestin, est condamné à l’inexistence sociale et privée, à l’inexistence physique sous ses déguisements. Tel un insecte englué dans une toile d’araignée, Rac, obsédé par les meurtres rituels ou sadiques des intégristes et les tortures qu’ils infligent à leurs victimes, se débat entre  ce qu’il appelle « peur extérieure et peur intérieure ». Il tente de leur ériger un rempart de sa subjectivité. Photographe, il réactive son imaginaire en s’entourant de clichés représentant les victimes des horreurs intégristes. Ceux qu’il a réalisés de l’exécution de Yamaha y ont une bonne place. Certains ont été soustraits de la morgue par Flo. Il réveille aussi les démons du passé, afin de les vaincre.

     Flo, inquiète, voit l’homme qu’elle aime, partagé entre haine et compassion, entre terreur et sérénité, entre rejet et recherche d’une vie tranquille. Elle le voit s’enfoncer dans une folie meurtrière et hallucinatoire. La raison l’emportera-t-elle ? La vie finira-t-elle par revenir à l’endroit ?


     L’auteur nous expose les portraits manichéens, figés  et récurrents des personnages qui étayent la subjectivité de Rac/Rachid. Ses descriptions des lieux et des situations sont réalistes, sans concession, voire sordides. Il n’est pas indifférent à la nature, les arbres derrière les vitres, les jacarandas d’Alger, le bougainvillier de Constantine, le platane de Bône résistent au temps, aux évènements qui bouleversent le pays. Ils sont espoir de normalité et de paix dans leur vitalité exubérante.


     La Vie à l’endroit est un ouvrage qui dérange. Son intérêt est de rendre compte de la période de terreur qui a frappé l’Algérie du fait de la menace intégriste. Mais c’est aussi un roman provocateur et subversif. Il me semble que l’auteur ressasse sans fin ses traumatismes  et justifie ses engagements  comme dans une analyse qui peine à aboutir.

 

ColineCelia a lu aussi Fascination (2000) de Rachid BOUDJEDRA

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/05/01/21026303.html

   

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17 avril 2011

Yann QUEFFÉLEC (1949) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Yann QUEFFÉLEC (1949) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

Yann QUEFFÉLEC est né à Paris en 1949. Il est le fils du romancier Henri QUEFFÉLEC (1910-1992). Sa sœur Anne QUEFFÉLEC, née en 1948, est une célèbre pianiste concertiste. Critique musical,  en 1981, il publie un essai sur Béla Bartók.

Encouragé par la célèbre découvreuse de talents qu’était la directrice d’édition Françoise VERNY(1928~2004), il publie son premier roman, Le Charme noir en 1983. Le livre suivant, Les Noces barbares, a rencontré un large succès et a obtenu le Prix Goncourt en  1985. Il produit depuis de nombreux romans, un recueil de poésie. Il a animé en 1991 un roman interactif sur internet Trente jours à tuer et a écrit des paroles de chansons pour Pierre Bachelet. Il a fait partie des chroniqueurs de l’émission de télévision de Stéphane Bern sur France 2 « Pourquoi les manchots n’ont-ils pas froid aux pieds ? »

D’origine bretonne, Yann QUEFFÉLEC est un passionné de navigation à voile. Il a écrit une biographie d’Éric Tabarly, parue  en 2008. Il apporte son soutien aux familles du  Bugaled-Breizh en attente de vérité sur les causes exactes de la disparition du chalutier et a fait paraître Adieu Bugaled-Breizh en 2009.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Béla Bartók, 1981

Le Charme noir, 1983

Les Noces barbares, 1985 (Prix Goncourt)

La Femme sous l’horizon, 1988

Le Maître des chimères, 1990

Prends garde au loup, 1992

Noir animal : La Menace, 1993

Disparue dans la nuit, 1994

Et la force d’aimer, 1996  

Le Pingouin mégalomane, 1994

La Boîte à joujoux, 1994 (conte musical sur une musique de Claude Debussy)

Bretagne : Le soleil se lève à l’Ouest, 1994

Disparue dans la nuit, 1994

Et la force d’aimer, 1996

Happy birthday Sarah, 1998

Toi l’horizon, 1999 (Éditions Cercle d’art)

Osmose, 2000

Jeanne Champion : Idoles, 2002 (Éditions Cercle d’art)

Boris après l’amour, 2002

Vert cruel, 2003

La Dégustation, 2003

Moi et toi, 2004

Les Affamés, 2004

Les Soleils de la nuit, 2004

Ma première femme,2005

L’Amante, 2006

Mineure, 2006

Inside, 2007 en collaboration avec la photographe Katia LEGENDRE et  le baigneur A.N.A.T.O.L.E

Le plus heureux des hommes, 2007

L’Amour est fou, (2007)

Passions criminelles, 2008 coécrit avec Mireille DUMAS

Barbaque, 2008

Tabarly, 2008

Adieu au Bugaled Breizh, 2009

La Puissance des corps, 2009

Le Piano de ma mère, 2009

Les Portes du vent, 2009 (un roman pour la jeunesse)

Dictionnaire amoureux de la Bretagne, 2009

Les Sables de Jubaland, 2010

Les Oubliés du vent, 2010

 

 Voir : Les Noces barbares (1985) :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/10/20859541.html

10 avril 2011

Yann QUEFFÉLEC (1949) - Les Noces barbares (1985)

Yann  QUEFFÉLEC (1949) - Les  Noces barbares (1985)

 

Déroulement du récit :

     Tout a commencé par un mensonge l’après-midi de la Saint-Jean. Une adolescente de treize ans, Nicole, n’était pas à la plage comme le croyaient ses parents, mais au dancing du bar du Chenal. C’est là que Will l’a abordée. Will disait être un pilote militaire américain d’une base de Gironde. Ses compliments flatteurs, ses yeux verts fascinants avaient ému la jeune fille. Le charme de Will avait aussi agi sur madame Blanchard et sur son époux. Depuis deux mois, le jeune homme menait sa cour rondement, avait même parlé mariage. Nicole irait vivre dans le Michigan en Amérique ! « Hé bé... faudra voir avec le temps... Faudra voir à voir. », avait conclu sentencieusement monsieur Blanchard.

      La présence du camp américain ne se justifie plus en ce début des années 1950. Il ferme. Les soldats retournent au pays. Une soirée d’adieu y serait organisée. Grâce à un nouveau mensonge, pour rejoindre Will, Nicole a pu échapper à la vigilance de ses parents comme à celle de Nanette, sa cousine, chez qui elle est censée passer la soirée.

     La réalité de la fête est un horrible traquenard que Will a tendu à l’adolescente. Le camp est désert, son évacuation est terminée. Dans une débauche alcoolique et obscène, ils sont trois à se la disputer, à la bousculer et à la violer, la nuit durant. C’est une Nicole en larmes, détruite, ensanglantée, robe en lambeaux qui, au petit matin, se réfugie chez Nanette.

     De ces « noces barbares », un garçon est né. Ludo a pour tout héritage, les yeux verts de Will. À la naissance, Ludo a déjà un lourd passé. Il a dû surmonter les effets des diverses potions abortives, solutions de bonnes femmes et les multiples manœuvres imposées par madame Blanchard à sa fille pour « décrocher » le fœtus. L’enfant, nié par sa mère, refusé par ses grands-parents, est relégué dans le grenier.

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     Autodidacte, Ludo tente d’interpréter le monde de la lucarne donnant sur la cour, à travers une fente du plancher au-dessus de la chambre de Nicole et par les éclats des imprécations des habitants de la maison. Coupable d’être né, il voudrait être pardonné, regardé par sa mère. Comment, cette gamine de quatorze ans pourrait-elle ne pas revivre à travers lui et ses yeux verts le cauchemar de sa nuit au camp d’Arzac ? - L’enfant n’est pas normal, « Il a le singe », il faut le placer, scande la boulangère. Nanette qui l’a élevé dans sa petite enfance, est seule à s’intéresser à lui et à lui porter affection.

Dessin_de_Ludo_2     Nicole se marie avec un mécano enrichi, Michel Bossard. Les boulangers sont satisfaits de ce mariage de convenance. Si Micho a quinze ans de plus que leur fille et est père d’un gros garçon d’une dizaine d’années surnommé Tatav. Le prétendant est disposé à épouser la fille-mère incasable et reconnaît même l’enfant. De plus, il possède, la plus belle propriété du pays.

     Dans sa septième année,  Ludo quitte donc son antre-grenier pour une chambre aux  Buissonnets où il agrémente de rituels ésotériques les charges domestiques que Nicole lui impose. Quêtant en vain d’obtenir une preuve d’amour ou seulement le regard maternel, il est balloté entre les exigences, les rebuffades, les reproches, les accusations de la jeune femme. Souffre-douleur de Tatav, à qui il sert de faire-valoir dans ses passions sadiques et scatologiques, tout en partageant avec lui une certaine complicité.

 Dessin_de_Ludo4

     Conduit par Nanette, l’enfant « asocial» fait son entrée à l’école du village où il est en proie à la solitude et aux sarcasmes cruels des grands, mais se montre capable de lire et écrire. En l’absence de Tatav, aux Buissonnets, le garçon est livré à lui-même en dehors de son service. Au retour de l’école, il fait un détour par le port. De son nouveau « niglou » du côté du wharf,  il laisse divaguer son imagination et donne consistance à ses rêves, contemplant la mer.

Dessin_de_Ludo_5     Nicole, toujours hantée par son amour brisé, ne trouve pas la paix. Elle cherche vainement une issueLa_Floride_Renaultdans l’alcool et la vitesse à bord de la Floride[1] que Micho lui a offerte. Malgré la patience et les attentions généreuses deMicho, elle méprise son mari plus âgé qu’elle et rustique à ses yeux. Soutenue par le harcèlement continu de sa mère, elle n’aura de cesse de convaincre Micho de faire enfermer Ludo dans une institution pour débiles mentaux. Mademoiselle Rakoff, une cousine de Micho, accepte de prendre l’enfant dans le pensionnat « spécialisé » privé, qu’elle  dirige.

     De nombreux pensionnaires de l’établissement sont des adultes atteints de débilité ou de divLes_dessins_de_Ludo_2erses pathologies mentales, placés là par des familles fortunées. « Calmés » par de mystérieuses pilules blanches, ils sont confinés dans leur déficience par les surprenantes méthodes psychothérapiques et pédagogiques de Melle Rakoff. Ludo souffre de cet enfermement. Les mois se succèdent, presqu’une année passe. Il attend en vain une visite dominicale ou une réponse de sa mère à ses lettres. Dans sa chambre illustrée de ses étranges dessins reproduits à l’infini, en proie à des rêves récurrents, désespéré, Ludo se laisse dépérir ou, mouton noir d’un troupeau de moutons blancs, il défie la discipline de l’établissement. La nuit, déjouant l’espionnage d’Odilon le nain cafteur, il se faufile dans les couloirs, le réfectoire vide, les caves et le parc du château et découvre la sexualité et les secrets des habitants des lieux. Révolté, il s’enfuit le soir de Noël, après avoir mis le feu à la crèche perpétuelle.


     Le fugueur, après avoir erré sans repère dans la forêt de pins, arrive sur une plage bordelaise déserte et trouve asile dans l’épave d’un bateau échoué, en attente de découpage par les ferrailleurs. Devenu «saisonnier, hors saison », il  y vit protégé par les tenanciers de l’épicerie-buvette du village voisin et Francis Couélan, un ex-bagnard de Cayenne qui habite une caravane près de la plage. Toujours habité par l’obsession de la reconnaissance maternelle, il écrit des lettres enflammées à Nicole.

 Mademoiselle Rakoff imagine déjouer la méfiance de Ludo par une ruse afin de le capturer et le faire enfermer dans un asile d’aliénés. Nicole servira d’appât. Dans ce but, cette dernière vient voir son fils et joue la comédie. Dans le bateau-maison, au cours de la confrontation, le garçon plonge enfin les yeux dans le regard qui le fuyait derrière la main noire auréolée de roux. Une métamorphose se produit, ébauche de l’épisode qui achèvera leurs noces barbares.


Les_dessins_de_Ludo

 

Commentaire :

La narration est faite avec sensibilité et empathie.  Yann QUEFFELEC se place aux côtés des victimes, Nicole l’adolescente naïve, Ludo l’enfant rejeté et enfermé. La presse et les médias d’actualité font état régulièrement, hélas, de faits similaires de jeunes adolescentes violées « en réunion », de la découverte d’enfants martyrs séquestrés durant des années à l’insu de tous, ou de conséquences terrifiantes de « déni d’enfant ». On souhaiterait que cette histoire ne soit qu’une accumulation de situations singulières. Il est, hélas, des êtres sur qui le malheur s’acharne !

      Dépassant le réalisme, Yann QUEFFÉLEC a su jouer de cette accumulation pour faire une épopée du passage sur terre de Ludo. L’intérêt du roman est aussi dans la psychologie des personnages. Le roman a été écrit dans la première moitié des années 1980. Yann QUEFFÉLEC a été sensibilisé depuis plus d’une décennie à l’expérience de psychanalystes américains mise à la portée de non-spécialistes par des émissions de télévision et la parution de leurs ouvrages destinés au grand public.

Les personnes qui évoluent dans l’univers de Ludo sont socialement considérées saines d’esprit. Cependant, au fil des pages, on s’aperçoit que le garçon est cerné par une fatalité implacable. Il est entouré d’êtres dans l’incapacité de le comprendre, habités par leurs propres psychoses : les parents Blanchard obsédés par le « Qu’en dira-t-on ? », un compagnon pervers, Tatav, élevé aussi sans mère, Mademoiselle Rakoff fétichiste morbide. Ils s’acharnent sur le plus faible. Ludo cumule sa détresse affective avec son ignorance des codes sociaux habituellement transmis par la famille.

Nanette souffrait de la mort en bas âge de son fils. Nanette a aidé le petit garçon, mais elle est morte. Micho était meurtri par la mort tragique de sa première épouse. Il pensait que Ludo n’était pas aussi bête qu’on prétendait, qu’il pourrait lui apprendre son métier. Micho était généreux mais complexé par ses origines très modestes. Il n’était pas armé pour s’opposer aux exigences de Nicole, laquelle savait habilement user de chantages pour faire aboutir ses désirs. Au village des Forges, il a trouvé des protecteurs discrets le couple illégitime des épiciers-cafetiers et un ancien bagnard violeur d’une vieille femme qui a payé sa dette à la société. Tous trois marginaux ! Sans pouvoir !

Au fur et à mesure du déroulement du récit, l’étau se serre sur Ludo, la fin tragique du récit devient inéluctable.

On ne peut qu’applaudir ce choix fait par le jury du Prix Goncourt qui a récompensé en 1985 ce second livre de Yann QUEFFÉLEC.

 

Voir : Yann QUEFFÉLEC (1949) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

[1] Lancée en 1959, la Floride marque l’avènement de l’automobile plaisir. L’élégance raffinée de cette jolie décapotable séduit. Sa ligne pure, née d’une collaboration avec les carrossiers italiens Ghia et Frua, ainsi que ses teintes recherchées en font une voiture raffinée qu’adoptent certaines vedettes du spectacle.

http://www.renault.com/fr/passionsport/les-vehicules-historiques/pages/renault-floride.aspx

 


 

8 avril 2011

La Vie fantôme - Danièle SALLENAVE (1940)

La Vie fantôme 1986

Danièle SALLENAVE (1940)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/08/19525210.html

Une ville moyenne indéterminée est le théâtre d’un adultère.

Le roman comporte trois parties. L’histoire recouvre les années 1970 sur 5 ans avec une précision chronologique déstructurée dans laquelle on se retrouve cependant parfaitement,. La météo est prise en compte, parfois sans date.

La première scène et la dernière scène du roman sont des scènes de lit dans lesquelles il n’y a aucun détail obscène.

L’amour est organisé, programmé l’après-midi, au goûter. La femme est dans la dépendance totale, aliénée au temps. Elle se sent seulement elle-même et épanouie, dans ces moments. Elle n’éprouve aucune révolte face à cet état de  fait . Paradoxalement, lui est heureux de rentrer chez lui.

Cette situation entraîne des problèmes matériels pour les appels téléphoniques (à une époque sans téléphone portable), nécessite une boîte aux lettres pour la correspondance (elle sera peu utilisée), des aménagements pour la location de la villa des vacances de façon à rester à proximité l’un de l’autre et à s’entrevoir.

Ni l’un ni l’autre n’a la vocation pour son métier. Lui est professeur de lettres et elle est bibliothécaire dans le même lycée. Leur profession ne les absorbe pas.

La deuxième partie du récit est un flash-back dans les années 1950 dans lequel leur rencontre, leurs études et leur choix professionnel sont évoqués. La seule manière de se retrouver se situe autour des livres. Ils ont peu d’amis. Ce qu’il y a entre eux est « l’entente » malgré certaines bourdes de Pierre qui parallèlement, depuis 10 ans, vit heureux en ménage avec son épouse Annie.

Dans la troisième partie, ils auront un très court épisode de vie commune, trois jours, entre Lille et la Belgique.

Laure, qui n’a pour ainsi dire pas d’ami, ira au mariage de son cousin et aura à cette occasion un regard sur la famille. Pierre, qui n’a pas d’amis non ,plus fait cependant des confidences à son beau-père puis à un vieux professeur ,mais les uns et les autres sont dans l’impossibilité de communiquer.

Les amants vont être séparés par la maladie.  Ils se retrouveront dans la même villa où Annie, la femme de Pierre, reviendra d’une absence plus tôt que prévu. Laure devra fuir. Humiliée, elle prend conscience de « la vie fantôme ».

Le roman a une fin ouverte sur … rien. On note le rôle joué par la moustache que porte Pierre au cours de ces retrouvailles et que Laure n’a pas remarquée.

Les Portes de Gubbio (1980)

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/04/08/18986358.html

8 avril 2011

Les Portes de Gubbio (1980) Danièle SALLENAVE (1940)

Danièle SALLENAVE (1940)Les Portes de Gubbio (1980)


  Les Portes de Gubbio (1980) est le troisième roman de Danièle SALLENAVE pour lequel elle obtint le Prix Renaudot en 1980 qui la fit connaître du grand public.

     L’action des Portes de Gubbio se déroule dans un pays d’Europe de l’Est, qui n’est pas nommé, à la veille du « Printemps de Prague », dans un climat lourd d’oppression et de censure politique. Danièle SALLENAVE aurait déclaré dans un entretien qu’il a été publié à la suite d’un court séjour qu’elle avait fait à Berlin en 1977, au cours duquel elle avait expérimenté ce choc des deux mondes séparés par un mur.

     L’introduction de ce roman s’intitule « Avertissement du traducteur ». Ce dernier raconte comment, il s’est vu remettre un paquet par un jeune homme anonyme de la part de l’homme qui l’avait accompagne la veille jusqu’à son hôtel. Le paquet contient 5 cahiers manuscrits du journal de S. et quelques feuillets sans date.

     Ce journal s’étend du 2 octobre 1966 au 23 juin 1967. L’auteur de ce journal est personnage principal du roman, S.. Son nom demeure inconnu. Professeur de musique au conservatoire, il sollicite un congé auprès de son ministère pour se livrer à des recherches de composition musicale. Présenté au départ comme une faveur qui lui est accordée pour poursuivre ses recherches musicales, ce congé se transforme bientôt en une obligation de collaborer avec le régime. L’administration exige en effet que le narrateur produise de la musique subliminale destinée à améliorer la productivité des travailleurs dans les usines.

     S. est rapidement entraîné sur un autre terrain. Au lieu d’écrire de nouvelles partitions, il multiplie les démarches pour recueillir des témoignages concernant les dernières années de la vie d’Egon Kaerner. S. se sent attiré et comme inspiré par Kaerner : Il trouve dans son œuvre une ascèse rigoureuse et exemplaire, sans fraude et sans concession à l’égard du régime. Kaerner possède une vision très particulière de la musique. Les lettres de Kearner ainsi que quelques extraits de son journal s’imbriquent dans le journal de S..

     S. s’interroge sur le phénomène de création et sur l’impression que produit l’écoute musicale.

     À travers les réflexions de S., compositeur et de S., biographe de Kearner Danièle SALLENAVE discute l’opposition qu’on établit d’ordinaire entre l’engagement et l’art pour l’art. Elle montre que l’engagement, qui doit reposer sur le choix et sur la liberté, peut être transformé en propagande d’État, comme c’était alors le cas pour de nombreux artistes dans les pays de l’Est. L’art ne saurait se réduire à l’exaltation d’idéaux collectifs. Mais elle critique aussi les artistes qui comme à l’Ouest dans les années 1960-1970, pratiquèrent un art formaliste à l’extrême, dépourvu de tout message transitif et de tout contenu social. L’art pour l’art implique un certain engagement dans la société.

     Le journal de S., qui s’apprête à franchir le cap de la quarantaine, décrit sa vie privée et sa liaison avec Anne, une étudiante du conservatoire, d’où une réflexion sur l’âge mûr, sur l’amour passion et sur l’amour tendresse, sur la vie de célibataire et sur la vie de couple, sur la création et la procréation.

S. rend fréquemment visite à F., professeur d’archéologie dont les recherches, sur le terrain, sont interrompues. Comme lui, F est aux prises avec une administration tatillonne aux règlements opaques. F., bien que très malade, prépare la réédition d’un de ses ouvrages concernant les découvertes archéologiques qu’il a faites autrefois. 

     Au départ, la pratique de l’écriture rend S. plus attentif aux détails de la vie    quotidienne. Il note chaque incident ou chaque rencontre avec un grand souci d’exactitude. Mais à mesure que son attention aux plus petits détails se développe, la présence de l’inconscient s’affirme.

     Le roman décrit la surveillance policière qu’exerce le régime communiste sur les citoyens. Ce climat oppressant est entretenu par une bureaucratie omniprésente. On songe à l’univers de Kafka. Nul ne peut échapper aux tracasseries de la loi administrative. Chacun exerce sur soi une auto-surveillance pour ne pas être l’objet de délation.

     Malgré le silence des journaux, S. remarque des faits étranges dans le quartier nord de la ville, autour de la briquèterie, de l’autre côté du fleuve. Une explosion, un incendie, des ponts coupés, des mouvements de troupes, des rassemblements. Il est question d’une campagne d’assainissement. Dératisation ? Assèchement ? Évacuation sanitaire ? Épuration sociale ? Épuration politique ? On peut tout imaginer. Il est certain qu’aucune hypothèse n’est invraisemblable, mais S. se garde bien d’interpréter, il note ce qu’il voit sans plus.

      Les Portes de Gubbio proposent une série de réflexions très fines sur la vie courante. S. vit dans une société où la liberté des hommes est niée par un régime policier, bureaucratique et totalitaire. Son existence se déroule dans un monde désenchanté, où la brutalité du vécu contredit l’utopie de l’histoire. S. étouffe dans le cynisme ambiant. Il est prisonnier d’un système mensonger rendu plus sinistre encore par la grisaille qui domine le décor. La maladie et la mort sont omniprésentes. Folie de Kaener, agonie de F., mort du mari de Madame B., les morts de la fabrique et de la manifestation. Cette grisaille fonctionne dans le texte comme l’expression symbolique d’un deuil innommé ; elle désigne l’amertume des espérances trahies et l’abandon de l’idéal des Lumières.

     Le roman décrit la défaite d’un personnage, sa carrière brisée, son existence incertaine. Pourtant S. sort transformé de cette épreuve. Une profonde mutation s’opère chez lui au fur et à mesure de l’écriture de son journal.

     S. se récuse. À travers son journal intime, nous voyons se préciser les motifs de son refus et sa conception personnelle de la musique. Dans la conclusion du roman, le narrateur apprend que son congé est reporté sine die. Il apprend qu’il a perdu son poste au conservatoire de musique parce qu’il refuse de collaborer avec le régime.

(Résumé fait avec l’aide d’extraits du livre : Danièle SALLENAVE et le don des morts de François de La Rochefoucauld  fr.wikipedia.org)

Danièle SALLENAVE (1940) - La Vie fantôme (1986)

Danièle SALLENAVE (1940) - Viol (1997)

Danièle SALLENAVE (1940) - Biographie – Bibliographie

 

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8 avril 2011

Danièle SALLENAVE (1940) – Biographie – Bibliographie

Danièle SALLENAVE (1940) – Biographie – Bibliographie

 

      Danièle SALLENAVE est née à Angers en 1940. Elle est normalienne agrégée de lettres et a enseigné la littérature et le cinéma à l’université de Nanterre (Paris X) de 1968 à 2001. Danièle SALLENAVE à traduit de l’italien des œuvres de PASOLINI et de CALVINO.

      Ce sont ses œuvres qui l’ont distinguée dont :

Paysages de ruines avec personnages, Flammarion, 1975

Le voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation, Flammarion, 1977

Paysages de ruines avec personnages, Flammarion, 1975

·Le voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation, Flammarion, 1977

·Un Printemps froid, Seuil, 1985

·Rome, Autrement, 1986

·La Vie fantôme, Seuil, 1988

·Le Don des morts, Gallimard, 1991

·Le Théâtre des idées, Gallimard, 1991

·Passages de l’Est, Gallimard, 1991

·Villes et villes, Des femmes, 1991

·Le Principe de ruine, Gallimard,...

voir toute la bibliographie

Les Portes de Gubbio, Hachette, 1980, Prix Renaudot 1980

Un Printemps froid, P.O.L., 1985

Rome, Autrement, 1986

La Vie fantôme, P.O.L., 1986

Conversations conjugales, P.O.L., 1987

Adieu, , P.O.L., 1988

Le Don des morts, Gallimard, 1991

Le Théâtre des idées, Gallimard, 1991

Passages de l’Est, Gallimard, 1991

Villes et villes, Des femmes, 1991

Le Principe de ruine, Gallimard, 1991

Lettres mortes, Michalon, 1995

Les Trois Minutes du diable, Gallimard, 1994/1996

Viol, Gallimard, 1997

L’Amazone du grand Dieu, Bayard, 1997

À quoi sert la littérature?, Textuel, 1997

Carnets de route en Palestine occupée : Gaza-Cisjordanie, novembre 1997, Stock, 1998

D’amour, Gallimard, 2002

Nos amours de la France, en collaboration, Textuel, 2002

dieu.com, Gallimard, 2003

La Fraga, Gallimard, 2004, Grand Prix Jean Giono 2005

Au café "Le Rostand", à Paris, Olivier BARROT reçoit Daniele SALLENAVE pour la présentation de son roman "La fraga".

http://www.dailymotion.com/video/xf29xo_daniele-sallenave-la-fraga_news

Quand même, Gallimard, 2006, Grand Prix Marguerite Duras 2006

Castor de guerre, Gallimard, 2008, Prix Jean Monnet de littérature européenne du département de Charente 2008

Olivier BARROT reçoit Danièle SALLENAVE pour son livre "Castor de guerre" archives INA

http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/3554041001/daniele-sallenave-castor-de-guerre.fr.html

Nous, On N'Aime Pas Lire, Gallimard, 2009

La vie éclaircie : Réponses à Madeleine Gobeil, Gallimard, 2010

Pourquoi on écrit des romans ? destiné à la jeunesse, 2010

 

Danièle SALLENAVE est connue aussi comme auteure de pièces de théâtre. Elle collabore à des revues et des journaux, tient depuis 2009 une chronique radiophonique hebdomadaire sur France-Culture et est membre du jury du Prix Femina.

En 2005, Danièle SALLENAVE a obtenu le Grand Prix de l’Académie Française

      Universitaire, elle enseigne depuis 1968, notamment au département Arts du spectacle de l’université de Nanterre.

Danièle  SALLENAVE a été élue à l'Académie française le 7 avril 2011 au fauteuil de Maurice DRUON.

 

 

Elle est Chevalier de la légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des lettres 

Liens  pour suivre : l'entretien de Danielle Sallenave avec Bruno DUVIC au cours du 7/9 sur France Inter le 15 avril 2011

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/sept-neuf/index.php?id=103771

L’Académie française consacre Danièle Sallenave (Europe 1)

http://www.europe1.fr/Culture/L-Academie-francaise-consacre-Daniele-Sallenave-490019/

 

3 avril 2011

David LODGE (1935) – La Vie en sourdine (2008)

David LODGE (1935) – La Vie en sourdine (2008)

 

Traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux

 

Qui est ce « grand monsieur grisonnant à lunettes, qui se tient en lisière de la foule dans la salle principale de la galerie, et se penche tout contre la jeune femme au corsage de soie rouge, baissant la tête et la détournant de son interlocutrice, opinant du chef sagement et émettant un murmure phatique par moment » ? Ce monsieur a adopté cette position parce que « la pièce est pleine de bruit de conversations et que le brouhaha se répercute sur les surfaces dures du plafond, des murs et du plancher, et tourbillonne autour des têtes des invités, les incitant à crier encore plus fort pour se faire entendre. » « ... le bruit a atteint depuis un certain temps un niveau qui ne lui permet d’entendre qu’une fraction des mots ou expressions qu’elle lui adresse. » « Il est voyez-vous, ‘‘dur d’oreille’’, ou ‘’malentendant’’ ou encore, pour faire simple, sourd – pas sourd comme un pot, mais assez sourd pour rendre la communication imparfaite dans la plupart des situations sociales, voire impossible dans certaines, comme celle-ci. »

C’est ainsi que se présente Desmond Bates dans la chronique d’un hiver singulier. Celle-ci est rédigée tantôt à la première personne pour son journal, tantôt à la troisième personne dans de petits textes qui lui permettent d’adopter la distance d’un observateur neutre par rapport à sa personne.

Dans le cadre de la réorganisation des universités, l’administration a offert à Desmond Bates, professeur de linguistique et directeur de son département, la possibilité de prendre sa retraite avec anticipation, proposition assortie de conditions financières intéressantes. Le professeur Bates a accepté, non par lassitude de l’enseignement. Les tracasseries administratives envahissantes ont surement pesées dans la balance, mais pas seulement. Les échanges verbaux avec autrui devenaient de plus en plus difficiles pour lui, car depuis une vingtaine d’années, une surdité progressive lui joue de mauvais tours.

La conversation relatée plus haut, va justement le fourrer dans une situation embarrassante. Croyant opiner à de vagues remarques sur la qualité des œuvres exposées dans cette galerie si sonore, il vient d’accepter un rendez-vous avec cette jeune femme au corsage rouge.

La retraite, qui  fut au début « une espèce de congé sabbatique prolongé » très agréable, commence à perdre son charme au bout de dix-huit mois. La routine, qui s’est progressivement installée, devient pesante. Desmond partage son temps entre la lecture du Gardian, en buvant ses deux premières tasses de thé de la journée, les courses, les petites tâches quotidiennes, ses emprunts à la bibliothèque, ses passages au foyer de l’université, ses voyages mensuels chez son père octogénaire qui vit seul dans sa maisonnette au sud-est de Londres.

Pendant ce temps, Winifred, de huit ans sa cadette occupe sa journée avec des activités de toutes sortes. Dans la galerie marchande d’un grand centre commercial, Fred a fondé, avec son amie et associée Jakki, une entreprise de décoration d’intérieur qui a prospéré et pris de l’ampleur. La présence, la confiance en elle, le dynamisme de Fred en ont fait progressivement une célébrité locale dans les domaines ayant un lien avec les arts. Desmond, tel une sorte de prince consort, l’accompagne dans toutes les sorties mondaines à vocation culturelles auxquelles elle est invitée.

La jeune femme de la galerie, une certaine Alex, s’est rappelée au bon souvenir de Desmond qui l’avait oubliée en toute bonne foi. Un rendez-vous est programmé chez elle. Jouant sur le peu de considération qu’il accorde au Pr Buttervorth qui suit désormais les thésards, Alex Loom obtiendra du Pr Bates, d’abord réticent, qu’il supervise, dans une semi-clandestinité, la thèse de doctorat qu’elle prépare sur le contenu de lettres de suicidés. La révélation à Fred de l’existence et du lieu de cette rencontre ne s’étant pas présentée aussitôt, Desmond renonce à l’en informer. Omission qui le jette dans les affres d’un sentiment de culpabilité.

Il est préoccupé par l’état de son père, un ancien ouvrier, qui vit chichement, dans un isolement volontaire, confiné parmi ses souvenirs et les reliques de ses loisirs comme musicien de jazz et figurant de cinéma ou de sitcom. Le désordre, le laisser-aller ménager et vestimentaire du vieillard le désolent. Incapable de faire face aux tracasseries de l’administration sans visage, le vieil homme s’arc-boute sur son indépendance et refuse toute proposition de changement de cadre d’existence. Inquiet de la dégradation physique et mentale d’Harry, Desmond hésite à contrer le choix paternel pour prendre à sa place la décision qu’il sait inéluctable.

Dans un récit plein d’humour et d’autodérision, Desmond Bates passe sans transition de la relation des déboires, même les plus triviaux, qui jalonnent son existence à l’exposé documenté du domaine médical ou scientifique, à des considérations philosophiques ou métaphysiques sur le sens de la vie et de la mort.

En choisissant le titre Deaf Sentence qui peut se traduire littéralement en français par « Sentence de surdité », David LODGE joue sur la presqu’homophonie des noms deaf et death. Le second signifiant mort. La mort est omniprésente dans ce roman.

Petite mort que l’infirmité de son héros écarté du verbe indispensable à la vie sociale, incapable de comprendre la parole d’autrui, ridiculisé et incompris, et dont il développe tous les aspects et imparfaites tentatives de remède. Petites morts aussi, sous bien des aspects, sont la libido capricieuse et incertaine, la retraite et la vieillesse. David Lodge nous invite à suivre ses réflexions sur le suicide, la mort lente dans la dépendance physique et la déchéance mentale, l’agonie « assistée ».

Après quatre mois éprouvants, Le Pr Bates trouvera, au jour le jour, sur sa route, des petits bonheurs qu’il est bon de goûter au passage.

Dans ce roman drôle, émouvant et poignant, David LOGGE traite de sujets graves avec amour, tact et sensibilité. Suivant les expériences qu’il a déjà vécues ou qu’il sera amené à vivre, chacun peut trouver à s’identifier au Pr Bates en lisant ce récit.

Thérapie (1995 ;1996) :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/20/20679156.html

Pensées secrètes (2002) :

http://colinecelia.canalblog.com/archives/2011/03/27/20719257.html




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