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28 novembre 2010

Tendre est la nuit (1934) - F. Scott FITZGERALD (1896~1940)

Tendre est la nuit (1934) - F. Scott FITZGERALD (1896~1940)

Traduit de l’américain par Jacques TOURNIER (1922)

 

     Rosemary Hoyt, dix-huit ans, actrice débutante, chaperonnée par sa mère à laquelle elle est très attachée, vient se reposer à Nice entre deux tournages. La célébrité de la jeune starlette remonte à peine à six mois avec le succès d’un film hollywoodien Daddy’s girl. La plage est fréquentée par les habitués de la pension Gausse. Rapidement repérée pour sa jeunesse, sa beauté et ses capacités de nageuse, elle est acceptée par  un couple d’Américains, Dick et Nicole Diver, et le petit groupe de gens riches qui gravitent autour d’eux , dont Abbe Noth, musicien maudit alcoolique, amoureux de Nicole tout comme Tommy Barban, baroudeur professionnel entre deux guerres et Baby Warren, l’arrogante sœur de Nicole imbue de sa fortune. Cette société de nantis, oisive insouciante, se retrouve dans les palaces de Londres, Paris, Rome, Zurich, sur la Riviera, la côte d’Azur, dans les stations de ski suisses. Ce beau monde baigne dans un univers factice, tente d’arrêter le cours du temps dans une fête perpétuelle. Rosemary est séduite par le charme de Dick, le boute-en-train, l’animateur, le médiateur du groupe. Commencera, entre eux, une relation de passion, de jalousie, de renoncement...

 

      Dick, apparemment si équilibré, cache des failles. Jeune psychiatre ambitieux, à l’avenir professionnel prometteur, n’a-t-il pas déjà écrit un essai qui fait référence ? Il a participé au sauvetage de son épouse, Nicole, atteinte de schizophrénie. Comment offrir à Nicole une vie aisée sans vivre à ses crochets ? Dick devra cependant accepter l’argent des Warren pour fonder avec son ami Franck, la clinique qui fera rentrer l’argent au foyer en attendant la sortie des prochains ouvrages qu’il projette d’écrire. Il assurera ainsi le suivi de la maladie de sa femme. L’alcool aide à tenir le défit, à être toujours disponible, de bonne humeur, à rester le recours des amis, à se surpasser. Au fur et à mesure que Nancy s’avance vers la guérison, Dick s’enfonce dans l’alcool et l’autodestruction. Dick a une relation machiste avec les femmes. Il se plaît dans le rôle paternaliste protecteur qui lui a fait prendre une part importante dans la thérapie de Nancy. Sa relation amoureuse initiatrice avec Rosemary, jeune fille mineure, n’est pas saine. Betty Warren est gestionnaire des biens de son épouse. Il dépend d’elle pour son travail alimentaire. L’assurance et l’indépendance de Betty lui est insupportable, d’autant plus qu’il a dû faire appel à son intervention dans son aventure romaine. 

 

     Francis Scott FITZGERALD analyse avec précision la survenue de l’addiction à l’alcool de Dick (analogue à la sienne). L’alcool devient le déclencheur indispensable pour chauffer l’atmosphère entre amis, se mettre en condition pour ses travaux personnels, trouver l’inspiration, garder son statut de dépanneur dans les situations les plus invraisemblables,  tenir le coup face à la maladie de Nancy, remplir ses obligations à la clinique, être un père exemplaire, etc. ... Dick entrave la guérison définitive de Nancy. Celle-ci ne pourra se faire que sans lui. La prise de conscience de l’échec est de sa déchéance est cruelle.

 

     L’auteur pose aussi le problème de la relation du créateur à l’argent et sa confrontation au quotidien. Nancy, déchargée de tout souci matériel, réussit à exprimer ses talents artistiques dans l’aménagement décoratif de la clinique, de sa villa, de son jardin (Zelda se révélait aussi dans une création artistique). Dick ambitionne, non pas une reconnaissance, mais une renommée mondiale dans le domaine des écrits sur la psychiatrie, d’où son choix de vie en Europe, à portée des congrès et des confrères les plus éminents. Cette œuvre si exigeante, qui devrait faire sa fortune, se trouve reléguée en marge de ses activités de subsistance, de sa vie familiale, amoureuse, amicale et mondaine et des excentricités qu’offre l’argent. Dick, homme à tout faire, échouera, à ses yeux, dans toutes ces entreprises. C’est en Amérique qu’il finira sa vie, s’abîmant dans l’alcool dans une modeste activité de praticien. Il en fut de même pour Francis Scott FITGERALD réduit à des activités de scénariste à Hollywood.

      Francis Scott FITGERALD réussira à produire son roman Tendre est la nuit  laissé en chantier pendant neuf ans, mais son épouse Zelda, contrairement à Nicole, ne guérira pas.

Gatsby le Magnifique  

Biographie de Francis SCOTT FITZGERALD


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21 novembre 2010

Gatsby le magnifique (1925) - F. Scott FITZGERALD (1896~1940)

– Gatsby le magnifique (1925)

F. Scott FITZGERALD (1896~1940)

Traduit de l’américain par Victor LIONA[1]

 


     Nick Carraway, originaire de Louisville dans le Middle West, après avoir obtenu son diplôme de Yale et avoir participé à la Grande Guerre, décide de venir faire son apprentissage dans une banque d’émission de New York. Il loue une maison du quartier de West Egg, dans une île du détroit de Long Island. Daisy, une de ses cousines est mariée avec un riche héritier, très ordinaire intellectuellement, Tom Buchanan. Ils possèdent une propriété dans le quartier d’Est Egg, lequel séparé de West Egg par une baie. Nick rencontre chez eux une championne de golf, miss Baker. Celle-ci connaît son voisin M. Gatsby.

 

     Qui est ce Jay Gatsby ? D’où vient cette fortune qu’il dépense sans compter en donnant fête sur fête, dans sa somptueuse demeure, pour des centaines d’invités, toutes copieusement arrosées malgré la prohibition ? Quelles sont ses activités ? De quoi vit-il ? Les rumeurs vont bon train, répandues par ceux là même qui profitent de son hospitalité. Beaucoup d’entre eux ne sont même pas invités. Ils font partie de bandes de fêtards attirés par la réputation de leur hôte. Certains ne le connaissent même pas et ne lui seront jamais présentés. Nick, lui, a reçu une invitation dans les règles lorsqu’il se rend chez Gatsby. Petit à petit, Nick fera partie du cercle rapproché de son voisin et trouvera petit à petit les réponses à toutes ces questions.

 

     C’est Nick qui relate les faits.

 

     Gatsby avait connu Daisy autrefois dans le Middle West. Il était alors bien trop pauvre pour l’épouser. Le jeune homme a participé à la Grande Guerre où il s’est distingué et n’a jamais oublié Daisy. De retour aux États-Unis, toujours amoureux d’elle, il décide de faire fortune, quels qu’en soient les moyens, n’hésitant pas, pour ce faire, à s’associer à la mafia. Il gagne beaucoup d’argent et devient « Gatsby le magnifique ».

 

Tom mène une double vie. Daisy le sait. Quand cette dernière revoit Gatsby, Tom est terriblement jaloux. Un enchainement d’évènements dramatiques et de quiproquos surviennent. Daisy est responsable d’un accident mortel, Gatsby connaîtra une fin tragique et solitaire pour avoir voulu la protéger.

 

     Ce roman nous fait pénétrer dans cette société d’Américains très riches, des héritiers, des grandes carrières, des self-made-men des années trente. Société dans laquelle la valeur de l’homme s’évalue à l’importance de sa fortune. Gatsby est fasciné par la richesse, il importe pour lui de l’exposer par son train de vie. La débauche de ses réceptions est l’élément d’un « paraître », auquel il ne prend pas part. Le nombre de participants, leur qualité de fortunés témoignent de son existence dans leur monde.

 

     Les biens matériels peuvent s’acheter, pas l’amitié, ni l’amour. La troupe des profiteurs désertera, la première épreuve venue.

Tendre est la nuit (1934) 

 


[1]Victor LIONA (1886~1953) était un romancier et traducteur, Péruvien de naissance, ayant vécu alternativement en France et aux États-Unis, né à Lima en 1886 et décédé à San Francisco en 1953.

 

Pour plus d’indications sur ses travaux de traduction et son œuvre : http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Llona

21 novembre 2010

Francis. SCOTT FITZGERALD (1896~1940) - Biographie et principales œuvres

 

Francis. SCOTT FITZGERALD (1896~1940)

Biographie et principales œuvres [1]

 

 Francis Scott Key FITZGERALD est né au États-Unis le 24 septembre 1896 à Saint-Paul capitale du Minnesota. À sa naissance, son père, Edward, était président d’une manufacture de meubles. Celle-ci ayant fait faillite, deux ans plus tard, il fut engagé comme commis-voyageur chez Procter & Gamble. Sa mère, Mary (Mollie) McQuillan était l’une des trois filles d’un homme d’affaire d’origine irlandaise ayant fait fortune après la guerre de Sécession. Quelques mois avant la naissance de Francis, ses deux sœurs aînées meurent prématurément. En 1900, une autre fille mourra à la naissance. Sa petite sœur Annabel naîtra à New-York en 1908. La famille retournera vivre à Saint-Paul, mais ne trouvera pas de stabilité financière et sociale.

 

L’argent hérité par Mollie permettra au jeune Scott de fréquenter l’école privée Saint Paul Academy puis à partir de 1911, l’école Newman dans le New Jersey. Scott se sent différent des autres garçons. Grand lecteur éclectique, il commence à écrire des poèmes et des nouvelles pour le journal de l’établissement.

 

    Le jeune homme rêve de gloire et de célébrité et entre dans la prestigieuse université de Princeton[1], mais sa prétention et son immaturité l’excluent de la société estudiantine. Sa vaine tentative d’intégration dans l’équipe de football le marquera toute sa vie. Il ne commencera à se faire des amis que la deuxième année et ses écrits trouvent une place dans les journaux de l’université, Princeton Tiger et le Nassau Literary Magazine. Il participe à l’écriture d’une comédie musicale pour le Princeton Triangle Club avec deux de ses condisciples Edmund Wilson [2]et John Peale Bishop et à des revues littéraires et humoristiques. Petit à petit, Scott néglige ses études au profit de la poésie et quittera Princeton sans diplôme.

 

    En 1917, il s’engage dans l’armée. En juin 1918, il est envoyé à Camp Sheridan, près de Montgomery (Alabama) où il tombe amoureux de Zelda Sayre (1900~1948), une belle jeune fille de dix-huit ans excentrique mais pleine d’esprit. Scott entreprend son premier roman  qui paraîtra en librairie en mars 1920 sous le titre de L’Envers du Paradis et rencontrera un énorme succès. Son auteur devient, par ce roman, le représentant de la génération L’Ère du Jazz. Il épouse Zelda la même année et le couple passe une partie des années 20 en Europe, notamment en France, à Paris (Montmartre) et sur la Côte d’Azur. Il écrit un deuxième roman Les Heureux et les Damnés (1922) puis son chef-d’œuvre, Gatsby le Magnifique (1925). Malgré l’enthousiasme du jeune journaliste Ernest HEMINGWAY, la confiance dans le succès de son éditeur et les bonnes critiques, les ventes du livre ne décollent pas autant que l’espérait l’écrivain. Il écrit des nouvelles que lui achètent les journaux  comme le Saturday Evening Post. Le couple se distingue par ses frasques et ses excès.

 

   Commencent les années difficiles. Zelda a une aventure avec un aviateur français rencontré sur la Riviera, Édouard Josan. Francis Scott devient invivable. La jeune femme fait de la peinture, de la danse, écrit des nouvelles, un roman autobiographique Accordez-moi cette valse (qui paraîtra en 1932). Ses tentatives pour devenir célèbre se révèlent vaines à l’ombre du succès, quoique relatif, de Francis Scott. Des symptômes de schizophrénie apparaissent et nécessitent des cures dans des établissements psychiatriques. Scott choisit les meilleurs cliniques en Suisse, se réfugie dans l’alcool, éprouve de la difficulté à écrire, passe par des périodes de dépression et a des soucis financiers qu’il évoquera dans le recueil de nouvelles La Fêlure (posth. 1945). Au bout de neuf ans, il parvient à écrire son quatrième roman, le plus abouti après Gatzby, Tendre est la nuit (1934), considéré aujourd’hui comme son chef-d’œuvre, lequel pourtant ne se vend pas mieux que les autres.

 

    Son œuvre de nouvelliste est aussi importante (Les enfants du jazz, 1920 ; Un Diamant gros comme le Ritz, 1963 en France)

 

    L’écrivain passe ses dernières années à Hollywood, essayant de vivre comme scénariste (Histoires de Pat Hobby, posth. 1946) et laissa un roman inachevé sur le milieu du cinéma, Le dernier Nabab (posth. 1941).

 

    Il meurt à Hollywood en 1940. Sa femme mourra en 1945 dans l’incendie qui ravagea l’établissement dans lequel elle était internée en Suisse à Asheville.

 

    Francis SCOTT FITZGERALD est considéré comme le chef de file de « La Génération perdue [3]»

 

 


 

[1] L’université privée de Princeton (New Jersey) est l’une des plus importantes des États-Unis.

 

 

[2] Edmund WILSON est un critique et écrivain américain (Red Bank, New Jersey 1895~Talcottville, New Jersey 1972). Il fut un critique très influent qui fit connaître HEMINGWAY ? Dos Passos, Faulkner et surtout FITZGERALD. Il publia une analyse du mouvement symboliste qui est devenue un classuque de la critique littéraire américaine, Le Château d’Axel (1931), de la poésie, un roman (J’ai pensé à Daisy, 1929) et un recueil de nouvelles (Mémoire du comté d’Hécate, 1942). Il est aussi l’auteur d’écrits politiques (La Gare de Finlande, 1940). D’après Le Petit ROBERT des Noms propres (2004)

 

[3] Le terme de Génération perdue (Lost Generation) désigne un courant littéraire américain de l'entre-deux-guerres.

Il a été créé par Gertrude STEIN pour décrire un groupe d'auteurs américains expatriés à Paris durant l'entre-deux-guerres. Dans Paris est une fête (titre original : A Moveable Feast), Ernest HEMINGWAY dévoile sous la forme d'une anecdote que le nom de « génération perdue » n'a aucune connotation tragique, au contraire de ce qui est souvent admis.

Le mouvement compte parmi ses membres Ernest HEMINGWAY, le plus emblématique, John STEINBECK, DOS PASSOS,F.Scott FITZGERALD, Ezra POUND, Sherwood ANDERSON, Waldo PIERCE, Sylvia BEACH, T.S. ELIOT et Gertrude STEIN elle-même. Tous ont vu et raconté la perte de transcendance d'une Amérique bouleversée par les mutations sociales et morales. On considère souvent F. Scott FITZGERALD comme le chef de file de la Génération Perdue. (définition Wikipedia)

 


 

[1] SOURCES : Petit Robert des noms propres (2004) et

 http://fr.wikipedia.org/wiki/F._Scott_Fitzgerald

14 novembre 2010

LES ROYAUMES DE BORÉE (2003) - Jean RASPAIL (1925)

LES ROYAUMES DE BORÉE (2003) -Jean RASPAIL (1925)

         Jean RASPAIL est né en 1925 à Chemillé-sur-Dême, Indre et Loire. Il est l’arrière-petit-fils de François-Vincent Raspail, biologiste, chimiste et homme politique français qui participa à la création de la IIIème République en tant que député socialiste.

 Grand voyageur, notamment chez les Indiens d’Amérique (Terre de feu-Alaska, 1952 ; Journal peau-rouge, 1975), dans ses romans (Le camp des saints, 1973 ; Le Jeu du roi, 1976 ; Qui se souvient des hommes…, 1986 ; Sire, 1991 ; L’anneau du pêcheur, 1995) et ses essais (La Hache des steppes, 1974), Jean RASPAIL est le messager des irréductibles, des causes perdues, de la résistance à la civilisation de masse.

En canot sur les chemins d’eau du roi, éditée chez Albin Michel en 2005, raconte comment il s’est lancé, en 1949, sur les traces des pionniers américains de la Compagnie d’Hudson de Trois-Rivières au golfe du Mexique. Il était chef scout à cette époque et a fait cette équipée avec trois équipiers sur deux canots fabriqués à l’ancienne.

 « Monarchiste sentimental » attaché à certaines valeurs chevaleresques, son langage est recherché. Il a le sens de la courtoisie.
Bibliographie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Raspail

L’HISTOIRE, comme dans Septentrion, se passe dans un royaume imaginaire aux confins septentrionaux de l’Europe. La frontière Valduzia de s’étend au nord et à l’est sur quelque quatre cent soixante-dix lieues, traversant d’interminables forêts, des plaines spongieuses semées de lacs, de marécages, de rivières torrentueuses qui coulent vers des destinations inconnues.

Au-delà, s’étend une terre inexplorée, la Borée. Ce territoire serait habité par un mystérieux petit homme couleur d’écorce, portant un arc et un carquois et maniant des javelots à tête de loup ou de harfang. Seuls quelques initiés l’auraient vu.

Quels sont les indices de vie dans ces terres septentrionales ?

- Certains croient avoir aperçu le petit homme et même, lui auraient dû leur survie. –rêve, délire ou réalité ?-

- Des flèches se sont plantées à proximité des envahisseurs qui s’aventuraient trop loin. Une pluie de flèches s’est abattue sur les cavaliers Cosaques au cours de la bataille de la Dvina.

- On a trouvé quelques pieux représentant une tête de loup la gueule sanguinolente, ou une tête de harfang.

- Les incidents météorologiques, les catastrophes d’origine humaine sont toujours précédées du vol des bernaches et de la fuite des animaux.

- Une borne de la frontière porte un dessin qui représente un petit homme.

- Un petit homme soigné et décédé dans l’ambulance de la Campagne d’hiver de mai 1940.

L’enquête menée par le narrateur nous conduit à suivre, dans cette partie de l’Europe de 1658 à 2002, en passant par les États Unis, les bouleversements politiques et les vagues migratoires qui ont accompagné la reconnaissance, la protection puis l’exploitation des ressources minières et forestières de cette région sur plus de trois siècles d’aventures et de batailles.

LES PERSONNAGES : Certains princes de la dynastie régnante s’intéresseront avec l’aide d’officiers des éclaireurs de Ragen à ces « lisières de l’éternité » (O’Neill), cet « outre monde », cet au-delà mystérieux. Nous suivons dans la quête de plusieurs générations de Pikkendorff, de Chapak et de Soudza et du narrateur. Ce dernier se révèle être le dernier descendant du petit homme vert. Aucun d’eux ne prendra la relève, soit qu’ils n’aient pas de descendance, soit que celle-ci ait rompu avec son héritage, happée par le monde moderne. Quoiqu’il en soit, le petit homme n’existe plus, son monde a disparu.

  Le lieutenant Souzda aux U.S.A. émigre dans l’État du Mississipi. Jean RASPAIL ne peut s’empêcher de nous emmener dans cette autre contrée construite au prix de la disparition des peuples autochtones ou de leur concentration dans des réserves. L’homme se fera un défenseur du droit des Indiens dont les descendants s’adaptent à leur manière au capitalisme moderne tout en tentant de préserver leur identité.

 

LE CONTENU : L’enquête est agréable à suivre, c’est une épopée à laquelle il est difficile de s’arracher.

Au début de l’aventure, l’installation du fort de Frechenbach nous fait penser au livre Le Désert des Tartares de Dino BUZZATI (1940) et au film qui en a été tiré.

Certains personnages sont attachants.

On retrouve dans ce roman les convictions, les combats et les valeurs défendues par Jean Raspail dans son œuvre.

La description du départ et des scènes de pillage de la Grande armée se retirant de Moscou en octobre 1812, le portrait de Napoléon abandonnant ses troupes à leur destin, sont accablants.

En avril 1945, la fuite des populations civiles devant le déferlement de l’Armée rouge et les exactions commises par les troupes soviétiques sur ceux qui étaient rattrapés est poignante.

          LE STYLE est agréable, le vocabulaire est riche et juste, les descriptions vivantes et imagées.

          LES PISTES DE RECHERCHE : C’est un livre qui nous amène à chercher plus avant sur le plan géographique et historique.

         Une des expéditions sur la frontière était accompagnée par deux huguenots français de La Rochelle, émigrés suite à la Révocation de l’Édit de Nantes en 1685.

         La Livonie : comprend la Lettonie et l’Estonie. À l’origine, la Lettonie était habitée par les Lives.

En 1561, elle était polonaise. Elle fut disputée jusqu’en 1918 entre la Suède, la Russie et la Pologne. Elle fut annexée à l’Empire russe au traité de Nystad (1721) puis partagée entre la Lettonie et l’Estonie en 1918.

Un des héros, O’Neill, 3ème commandant du fort est un émigré irlandais victime de Cromwell.

-  1541, accaparement des terres, la religion protestante imposée par les Anglais. Henri VIII prend le titre de roi d’Irlande. 

- 1559, révolte de Shane O’Neill

- 1594-1603, révoltes de Hugh O’Neill, comte de Tyrone et de O’Donnel fortement réprimée

- 1641, nouvelles menaces de confiscation, rébellion qui dure dix ans brisée par Cromwell

- 1649, massacres de Drogheda et de Wexford

            La persécution des Juifs d’Europe centrale :

         Les Khazars, peuple d’origine turque de la base de la Volga adoptèrent au IXè siècle le judaïsme comme religion d’État.

         Au Moyen-Âge, des communautés juives apparurent à l’ouest de la Russie et de l’Ukraine.

         La Pologne constituait avec la Turquie un grand refuge juif : dès 1551, les juifs avaient obtenu une autonomie administrative à peu près complète et se gouvernaient eux-mêmes par le Vaad ou Conseil des Quatre Pays. Cette tranquillité cessa brusquement en 1648, lorsque les Cosaques, révoltés contre les Polonais, envahirent les provinces du Sud et se livrèrent à des massacres systématiques. Peu après, les communautés juives de la Pologne occidentale et de la Lituanie furent ravagées par les soldats suédois et russes. De 1648 à 1658, plus de 20 000 juifs furent tués.

         Lors du partage de la Pologne, à la fin du XVIIIè siècle, les Juifs furent contraints de vivre dans des zones spécifiques où ils obtinrent une relative liberté.

         En Allemagne, les Juifs étaient très nombreux, mais toujours en butte à l’hostilité de la population car les corporations redoutaient leur concurrence commerciale. C’est à cette époque qu’on imposa au Juifs des noms germaniques pittoresques et parfois ridicules. Mais les empereurs s’efforçaient de protéger les Juifs et de nombreux petits États allemands recouraient aux services de banquiers, de financiers, de diplomates israélites, qui jouissaient d’une position souvent considérable. Au XVIIè/XVIIIè siècle se répandit ainsi un type nouveau : le « Juif de cour » anobli.

         Origine de l’adjectif et du nom ashkénaze : XIXe s., n. pr. Hébreux , cité dans la bible et appliqué au Moyen-Âge à la diaspora d’Allemagne.

        Juif issu d’une communauté originaire des pays d’Europe non méditerranéens (≠ séfarade). Les Ashkénazes parlent souvent le Yiddish.

        Yiddish : n. m. invariable ; Yudish 1864, mot anglais transcription de l’adj. jüdish « juif »

      Adj. Ensemble des parlers germaniques des communautés juives d’Europe orientale et autrefois d’Allemagne.

       Un exemple du choix d’une religion dans un État :

     Au Xè siècle, Vladimir, tsar de Russie fit venir à Kiev des émissaires des différentes croyances : musulmans bulgares, germains, Juifs de la Volga, Juifs Khazars, Grecs orthodoxes et compara ces religions, séduit par la beauté et la spiritualité du culte grec byzantin, il imposa le culte orthodoxe en 988, déjà adopté par sa grand-mère).


7 novembre 2010

LE RIVAGE DES SYRTES (1951) - Julien GRACQ (1910~2007)

LE RIVAGE DES SYRTES (1951) Julien GRACQ (1910~2007)

 

Le Rivage des Syrtes situe dans un monde imaginaire le processus qui conduit au déclenchement d’une guerre. L’action se situe dans la seigneurie d’Orsenna, état du type de Venise ou Carthage en déclin. Le narrateur et héros est un jeune patricien qui rompt avec une vie facile et un avenir tracé d’avance pour aller loin de la capitale au front du Sud, en tant qu’observateur. « Le front des Syrtes » est celui d’une guerre en suspend, oubliée depuis 300 ans, avec un pays d’Orient fabuleux, au delà de la mer du Farghestan.

Aldo entre pénètre dans un espace désolé, infini, monotone, baigné d’épais brouillards, soumis  aux excès de température. L’écoulement du temps est indéfini. GRACQ nous fait partager cette atmosphère et le vague du temps, par de longues descriptions, des phrases interminables allongées par l’utilisation systématique des digressions, des points-virgules et l’emploi d’expressions en italique. Cette mise en scène, ce style obsédant, déroutent le lecteur et font qu’il est aussi difficile d’entrer dans le récit que dans la province des Syrtes. Les seuls repaires sont la ville de Maremma, capitale de la province, une Venise en décomposition, le fort isolé et désolé où veille l’équipe du capitaine Marino face à l’inconnu, une ville en ruine, Sagra, un domaine agricole de pionniers dont le propriétaire agonise, un cimetière désolé dans la lande.

 

Comme Aldo, nous guettons le moindre signe ou acte qui émerge de son attente fascinée, de sa contemplation des cartes, de la magie des noms ,d’une patrouille vaine, des rumeurs et des sous-entendus de la population, comme une voile aperçue, la vue d’un bateau de contrebande dans les ruines de Sagra. Nous suivons sa lutte contre le capitaine Marino qui maintient le statu quo au prix d’une tension continuelle. Ce dernier a transformé ses soldats en paysans. La veille aux créneaux, face au vide de la mer, les rituels quotidiens sont le rempart dressé contre la tentation.

A Maremma, il retrouve Vanessa Aldobrandi, héritière d’une faction d’aventuriers et de traître. Celle-ci l’emmène dans l’île de Vezzano d’où l’on voit le volcan Tängri qui domine le Farghestan. Elle l’investit d’une mission dans des termes obscurs qui consonnent avec un sermon gnostique entendu la nuit de Noël à Saint-Damase, et des consignes arrivées de la seigneurie dans de mystérieuses enveloppes.

Pendant l’absence du capitaine Marino, Aldo conduit une croisière de reconnaissance. Le franchissement de la ligne de démarcation fictive séparant les deux états, se fait dans une exaltation calme, avec l’aisance du rêve. Il éprouve la certitude d’accomplir sa « mission ». Au moment de toucher le Tängri, trois coups de canons retentissent, le Redoutable fait demi-tour.

L’acte, qui, en soi, est une faute, devient évènement. La collectivité s’empare du médiateur qui a réalisé ses désirs épars et en fait un héros. Par le jeu des versions qui circulent et des fictions de la vie politique, le processus enclenché conduira de lui-même à des actes de guerre, et à la destruction d’Orsenna qui nous a été annoncée dès le début de l’histoire.

             Marino est chassé. Alors qu’il transmet ses pouvoirs à Aldo qui doit prendre le commandement des Syrtes, il tombe du rempart, disparaissant dans les fonds vaseux de la lagune. Accident, suicide ou assassinat ?

Convoqué à la seigneurie, Aldo retourne à Orsenna. Il revoit son père et son ami Orlando. Il y rencontre, dans le palais aux intrigues florentines, le vieux Danielo, instigateur caché de l’acte d’Aldo à qui il tente de donner une explication.

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LES PERSONNAGES :

 

Les personnages du récit sont les intermédiaires entre le héros et la collectivité.

Sur le portrait qui orne la chambre de Vanessa, les yeux de Pietro Aldobrandi, transfuge d’Orsenna trois cent ans plus tôt, fixés vers le large en direction de Rhaghes au Farghestan semblent porteurs d’un message. Sur les autres potraits, les autres personnages n’ont pas de regard ou ceux-ci sont fuyants.

Vanessa est l’instigatrice, c’est elle qui répand les bruits qui courent dans la ville. C’elle qui pose l’acte d’Aldo en fait héroïque. On la sait fascinante et imprévisible mais nous n’avons que sa chevelure pour nous la représenter.

Marino, le capitaine, est un homme droit qui veut éviter tout geste provocateur. Conscient du danger de l’inaction, il fait de ses marins des agriculteurs et maintient le fort dans une routine de guet et de reconnaissance scrupuleuse dans les lignes de démarcation entre les deux états. Sa lutte d’arrière-garde et désespérée contre les changements qui se profilent en fait un personnage attendrissant.

Fabrizio est un jeune homme impulsif, dynamique à qui Marino reproche l’inconséquence des actes. C’est lui qui tient la barre du Redoutable, la nuit fatale. Il est le bras qui passe à l’acte.

Le policier Belsenza, intermédiaire entre la masse turbulente et dangereuse du peuple pauvre et méprisé, et les agents du pouvoir, personnage antipathique, trouble, n’hésite pas à utiliser des sévices pour alimenter ses interrogatoires comme la flagellation de la diseuse de bonne aventure.

Le vieux Carlo, en fin de vie, pressent le changement des temps.

Aldo non plus n’a pas d’image, sinon des mains fortes.

Le vieux Danielo, de la génération du père d’Aldo, instigateur caché de l’acte de ce dernier, semble être un prétexte au support du discours.

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LES PAYSAGES :

              La description des paysages est au service du récit. Tout paysage est contemplé dans la posture du guet : chemin de ronde, chambre-promontoire, passerelle de bateau. Le paysage dominant est la lande rase couverte de joncs.

 Les villes, Orsenna, Maremma, Sagra, La Rhages du portrait, sont toutes exposées à la mer. Orsenna est une ville sur pilotis. Elles ne présentent pas de trace de vie économique. Les bas quartiers sont occupés par la masse misérable et houleuse, au-dessus, les quartiers de négoce, puis les demeures patriciennes, et au sommet, les casemates du pouvoir. À Maremma, le palais Aldobrandi domine la ville et la lagune et est ouvert à tous les vents. 

           Les trajets se font à pieds, à cheval, en voiture, mais on en ignore le type de propulsion. Le Redoutable consomme du charbon.

 

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              LA FIN :
Elle est connue dès le début du livre. Cependant elle surprend. Il semble manquer quelque chose. Le discours-justification de Danielo est peu convainquant sur le plan rationnel. Il est inquiétant pour ce qui concerne la responsabilité des personnages au pouvoir.


              CONCLUSION :


Les connaissances de GRACQ en histoire et en géographie se retrouvent dans la précision des évocations.

 Son attirance pour le surréalisme est sensible dans le propos de l’ouvrage : l’atmosphère dans laquelle Aldo vit, conduit ses actions comme dans un rêve éveillé. Il est entre deux vies, entre deux massacres, celui de Rhages du tableau Aldobrandi et la future destruction d’Orsenna. Il est médiateur et non pas acteur, il est porté par les circonstances. Qui est ce mystérieux visiteur nocturne ? Ne serait-ce pas le retour de conscience après l’accomplissement de l’acte décisif ?

  L’atmosphère des années 1936-39 qui a amené le déclenchement de la seconde guerre mondiale a probablement influencé l’auteur. Le livre a été publié en 1951, la guerre n’était pas loin.

                L’œuvre ne laisse pas indifférent, bien que le lecteur ne reste qu’observateur.

L'inspiration de ce roman de Julien GRACQ n'est pas sans rappeler celui de l'Italien Dino BUZZATI (1906~1972), paru en 1940 Le Désert des tartares.


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7 novembre 2010

Julien GRACQ (1910~2007)- BIOGRAPHIE - BIBLIOGRAPHIE

BIOGRAPHIE:

 Son vrai nom est Louis Poirier. Il est né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Viel. Après des études à l’École normale supérieure, il fut professeur d’histoire-géographie de 1936 à 1942 successivement à Nantes, Quimper, à Henri IV, Angers, puis à Saint-Maur en région parisienne. En 1942, il accepte un poste d’assistant de géographie à l’université de Caen et en 1947, il est nommé professeur au lycée Claude-Bernard, à Paris, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en juillet 1970. Il mènera une production d’écrivain parallèlement à sa carrière d’enseignant.

En 1936, il adhère au PCF. De 1937 à 1939, il sera secrétaire de la section CGT de son lycée de Quimper et participera seul à la grève générale interdite de septembre 1938. En 1939, à l’annonce du pacte germano-soviétique, il renvoie sa carte du parti ; c’est son dernier acte politique.

Au château d’Argol paraît au début de 1939 chez l’éditeur José Corti. André BRETON lui écrit une lettre galvanisante. Les deux hommes se rencontrent en août 1939 à Nantes. Une relation amicale s’établit entre les deux hommes cependant GRACQ ne fera jamais partie du groupe surréaliste.

Louis Poirier choisit son pseudonyme : Julien, comme Sorel, GRACQ, comme les Gracques (Gracchus, nom de famille d’une branche plébéienne de la gens sempronia à Rome IIème siècle av. J.C.).

Fin août 1939, GRACQ est mobilisé

à Quimper comme lieutenant au 137ème régiment d’infanterie. Pendant la « drôle de guerre », son régiment est cantonné en Moselle. Le 2 juin 1940, Julien GRACQ est fait prisonnier sur le front de l’Aa, il restera interné en Silésie jusqu’en février 1941 où il tombera gravement malade ; un risque supposé de contagion lui vaudra d’être libéré.

Du 25 avril au 22 mai 1949, on joue au théâtre Montparnasse sa pièce Le Roi Pêcheur, l’œuvre est éreintée par la critique. GRACQ règlera ses comptes en rédigeant un pamphlet, La Littérature à l’estomac, qui paraît en janvier et février 1950.

Le Rivage des Syrtes paraît en septembre 1951 et devient favori du Goncourt. GRACQ annonce qu’il refuserait le prix s’il lui était décerné. Le livre est cependant couronné. GRACQ maintient son refus.

En 1959 Luciano Chaily crée à Monte-Carlo l’opéra La riva delle Sirti qu’il a composé sur un livret adapté du roman de GRACQ.

 Julien GRACQ est mort à Anger le 22 décembre 2007.

SON ŒUVRE :

 J. GRACQ a exprimé sa conception exigeante de la littérature dans des essais où il s’oppose à « ces valeurs pilotes dont les hauts et bas enfièvrent le marché » : La Littérature à l’estomac (1950) ; Les Eaux étroites (1976) qui proposent une réflexion sur la poésie.

Tout en révélant son penchant pour les romantiques et les surréalistes (André Breton, 1948 ; Préférences, 1961), sa critique et ses essais réhabilitent le droit à la subjectivité en matière artistique (Lettrines I, II, 1967 et 1974 ; En lisant, en écrivant, 1980 ; Autour des sept collines, 1988 et Carnets du grand chemin, 1992 ).

Il emprunte aux légendes du Moyen Âge et aux contes des romantiques allemands dans son théâtre (Le roi pêcheur) et dans ses poèmes en prose (Liberté grande,1946) ainsi que dans ses récits qui en utilisent les riches symboles pour mieux susciter le sentiment de l’étrange (Au Château d’Argol, 1938).

Ses romans soulignent l’influence des milieux géographiques sur l’homme. Le « secret d’un roman est la création d’un milieu homogène d’un éther romanesque où baignent gens et choses et qui transmet les vibrations dans tous les sens ».Les longues descriptions, organisées suivant une construction musicale, sont la projection du paysage intérieur des personnages. Les héros attendent l’irruption de l’insolite ou du danger dans leur vie (Un beau ténébreux, 1945 ; Un Balcon en forêt , 1958 ; les trois récits de La presqu’île, 1970), quand ils ne cristallisent pas avec leurs propres désirs la tentation intime et fiévreuse de tout un peuple (Le Rivage des Syrtes).


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