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31 octobre 2010

Le désert des Tartares (1940) - Dino BUZZATI (1906~1972)

Le désert des Tartares (1940) - Dino BUZZATI (1906~1972)

Un avenir brillant s’annonce au lieutenant Giovanni Drogo fraîchement sorti de l’académie militaire. Affecté au fort Bastiani à la frontière du royaume, il pourra se distinguer dans les combats qui répondront à l’attaque des ennemis venus du Nord. Mais le fort se révèle être une citadelle sombre, froide, au delà de laquelle s’étend l’horizon infini d’un désert de pierres et de terres desséchées, le désert des Tartares.

Toute la garnison du fort s’est fossilisée dans l’attente de l’invasion génératrice du destin glorieux auquel elle se sent appelée mais qui, jour après jour, est devenu plus lointain pour, progressivement, s’évanouir complètement. Chacun se laisse emporter par la routine quotidienne. Le temps est figé. Pourtant, insensiblement, les années passent, les hommes vieillissent. La monotonie de ce microcosme devient sécurisante face au déphasage d’un retour à la vie d’ailleurs. Masqués derrière le règlement, les égoïsmes, les mesquineries, les vanités et les rivalités sont toujours présentes avec leurs conséquences dramatiques, chez ces hommes condamnés à vivre hors du temps.

L’occasion tant attendue apparaît parfois. Fausse alerte ? Illusion ? Elle semble se préciser. On la minimise. On l’ignore. Elle s’éloigne. Elle disparaît. Quand, enfin, elle arrive, il est trop tard. Ce n’est pas la gloire qui est promise à Drogo, c’est la mort.

On ne sait où se trouve ce royaume ni à quelle époque se déroule l’histoire. Au fur et à mesure de sa lecture, celle-ci se révèle être une parabole de l’existence de monsieur et madame Tout-le-monde face à la fuite du temps, à la solitude, au doute, à l’angoisse, à l’attente, au vieillissement. Chacun porte en soi « l’inaccessible espoir » chanté par Jacques Brel dans « L’Homme de la Manche ». Le proverbe conseille de « ne pas lâcher la proie pour l’ombre », mais où est la proie ? Où est l’ombre ? Jacques BREL s'est inspiré, semble-t-il,  du personnage de Drogo dans sa chanson Zangra qui reprend en quelques strophes le destin dérisoire et tragique de l'officier en garnison

« Au fort de Belonzo

 Qui domine la plaine

 D'où l'ennemi viendra

 Qui (le) fera héros... ».

L’atmosphère de ce roman se retrouve dans Le Rivage des Syrtes de Julien GRACQ (1951) et dans Les royaumes de Borée de Jean RASPAIL (2003).

 Drogo, tout comme ses camarades, n’était pas volontaire pour cette affectation. La hiérarchie a laissé à tous ces jeunes hommes l’illusion qu’ils pourraient demander rapidement leur mutation. Quand cela fut enfin possible, s’adapter à une vie nouvelle représentait une aventure insurmontable, décourageante. Le destin promis à tous est la mort. Il importe de l’appréhender dignement.

Autres livres :

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le K (1966)

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24 octobre 2010

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le K (1966)

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le K (1966)

Traduction de l’Italien par Jacqueline REMILLET[1]

Dans cet ouvrage, le K, nom du premier conte, Dino BUZZATI a réuni 51 récits parus initialement dans « Il Corriere della sera ». Ces textes courts peuvent être qualifiés tantôt de contes, tantôt de récits, tantôt de nouvelles réalistes ou fantastiques, parfois de fables. Le point de départ est souvent un fait divers rencontré dans l’exercice de son métier de journaliste. Il fait basculer l’évènement dans le fantastique, l’absurde ou le paradoxe. Il en est soit narrateur extérieur, soit narrateur-témoin ou narrateur-acteur du récit.

Dès la première histoire, nous plongeons dans l’univers de BUZZATI pour lequel l’être humain, après avoir passé son existence à poursuivre un but indéfini, découvre, la vieillesse venue, qu’il n’était qu’un mort en sursis. BUZZATI est pessimiste sur la nature et la destinée humaine. Des enfants martyrs, cruels, ou malheureux, des voyous de banlieue, des escrocs de tous poils, des enquiquineurs, des supérieurs cyniques, des vaniteux, des exploiteurs, des promoteurs avides, des progénitures ingrates, des personnes esseulées, des vieillards abandonnés, peuplent son monde. Et les femmes ? Ah, les femmes ! Elles n’ont pas souvent le beau rôle, jalouses perfides, dominatrices. Seule, sa mère est épargnée. L’amour et la passion se nourrit aux dépens de l’un des deux partenaires. Ne désespérons pas ! L’abjection dérive vers l’absurde ou le fantastique. Les ambitions humaines se perdent dans les nuages ou dans les profondeurs de l’enfer.

Et Dino narrateur-acteur, comment se présente-t-il ? Il est modeste, chétif, manipulé, insatisfait du présent. Il convoite à la fois l’opportunité de se promouvoir vers un travail plus prestigieux, tout en craignant l’incertitude du futur.

Après quoi, les hommes foncent-ils si vite ? Insensiblement, le jeune d’aujourd’hui sera le vieux de demain. Le temps fuit si vite !

Dino BUZZATI est marqué par sa formation chrétienne. La vie sur terre n’est qu’un passage dont l’issue sera le ciel ou l’enfer. Le ciel des bienheureux est-il si attractif ? Le bonheur perpétuel n’est-il pas monotone à la longue, au point qu’un saint préfère retourner sur terre ? Pour ce qui est de l’Enfer ? Il constate dans Le Jardin : « Et puis moi qui y suis allé, je ne suis pas bien certain de savoir si l’Enfer se trouve de l’autre côté.»

Buzzati est un moraliste sur le fond. Dans ses récits, il n’y a pas de formules percutantes, ni de courtes morales dans ses contes, ni de moralité dans ses fables. Sa morale perce dans le contenu même de ses textes. Il sublime sa constatation réaliste et pessimiste en la conduisant vers le surréalisme et le surnaturel.

Il est moderne sur la forme. On se surprend à lire à haute voix ses contes. À l’heure du numérique, des films d’animation en  deux dimensions ou en 3D, la représentation de ses histoires fantastiques ou absurdes est tout à fait réalisable tant ses descriptions sont évocatrices. PRÉVERT avait déjà ouvert cette voie avec « Le Roi et l’Oiseau ».

Le recueil est suivi, chez POCKET, d’une postface très intéressante de François LIVI[1], de repères biographiques et de repères bibliographiques.

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Dino BUZZATI (1906~1972) - Le désert des Tartares (1940)

 

[1] François LIVI : Professeur des universités Directeur d’UFR Italien et Roumain http://www.paris-sorbonne.fr/fr/spip.php?article8719

 


17 octobre 2010

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Dino BUZZATI (1906~1972) - L’écroulement de la Baliverna (1956)

Traduit de l’italien par Michel BEITMAN[1]

  LE LIVRE est un recueil composé de 32 contes.

Dans certains de ces contes, BUZZATI traite du sentiment de culpabilité :  

- L’écroulement de la Baliverna : Le narrateur fuit sa responsabilité indirecte dans une catastrophe et est obsédé par la crainte du châtiment.

-  Le chien qui a vu Dieu : Par son regard, un chien errant réveille la mauvaise  conscience de chaque habitant d’un village. Sa présence est  interprétée comme le jugement de Dieu sur leurs gestes les plus intimes et révolutionne leur conduite.

- Les gladiateurs : Monseigneur, seul dans la campagne, provoque, pour se distraire, un combat cruel entre deux araignées jusqu’à ce que la plus faible soit anéantie par l’autre. À ce moment, il lui semble percevoir une expression dure et cuisante provenant des yeux de la victime ainsi qu’une présence invisible derrière lui.

- La fillette oubliée. Invitée à la campagne pour quelques jours chez des cousins, Ada est taraudée par le doute après qu’un nommé Imbastaro lui ait demandé « Pourriez-vous jurer que vous avez laissé votre maison parfaitement en ordre, de n’avoir absolument rien oublié ? ».

- Le dénonciateur. Un homme a exprimé imprudemment son avis sur un massacre. Il craint tellement d’être dénoncé par un de ses interlocuteurs, parmi lesquels se cachait un traitre, qu’il finit par se trahir lui-même.

D’autres sont irrévérencieuses pour des institutions politiques, l’église, l’armée.

- Jusqu’à la dernière goutte de sang : Proclamer et menacer n’est pas agir

-   Un corbeau au Vatican. Dans un texte surréaliste, onirique, il imagine un pèlerin, qui se rend à Rome, est transformé en corbeau et frappe vainement aux portes du Vatican rejeté par tous comme incarnation du démon. Seul, le pape semble l’attendre

-  Les tentations de saint Antoine ou les distractions d’un prêtre pendant sa leçon de catéchisme.

- Rigoletto avec une revue militaire surréaliste.

 La lutte entre le bien et le mal en est aussi le thème comme dans

- Garage Erebus

- Triomphe

 L’enfermement, l’isolement est déjà un thème déjà rencontré dans Le désert des Tartares, ainsi dans

- Il était arrivé quelque chose : Il décrit l’inquiétude et la peur des passagers d’un train qui traverse un pays déserté et ne s’arrête plus dans aucune gare. Que s’est-il passé pour que tout le monde ait fuit ?

À la lecture de cette nouvelle, chacun peut avoir à l’esprit ces trains qui traversèrent l’Europe, transportant dans leurs wagons scellés des voyageurs ignorant leur destination, dans l’indifférence ou l’aveuglement général.

-  La grosse couleuvre : Les habitants d’un village déserté hors saison touristique comble son ennui en réveillant l’intérêt pour leur village chaque hiver, avec une couleuvre mythique qui aurait été aperçue aux environs.

- Le frère transformé : Un jeune garçon ne reconnaît plus son frère, meneur de chahuts et particulièrement turbulent tant il change totalement de comportement depuis son entrée dans un pensionnat.

- L’homme qui voulut guérir ou de la difficulté de se réinsérer pour quelqu’un qui s’est retiré du monde et l’impossibilité de le faire quand la société vous a stigmatisée.

Il dénonce la vanité de l’Homme qui se place au centre la société ou de l’univers dans :

- Sic transit. Un matin, un ministre découvre qu’il n’est plus qu’un homme ordinaire sans l’apparat qui l’accompagnait jusqu’à la veille.

 Sujets qu’il illustre par la science fiction.

- 24 mars 1968. N’oublions pas que le recueil est paru en 1954. Tout comme Icare du dieu soleil, des hommes s’approche trop près de Dieu.

- La soucoupe se posa, où l’homme imagine être la créature la plus parfaite de l’univers.

- La machine à arrêter le temps. Que se passerait-il si l’on réussissait à arrêter le temps ? BUZZATI traitera aussi de la stagnation du temps et de sa fuite dans Le désert des Tartares.

- Rendez-vous avec Einstein. Au service de qui sont les applications des grandes découvertes scientifiques ?

 Dans d’autres nouvelles, l’homme se débat dans un univers kafkaïen :

- L’obscurité : Un automobiliste tombé en panne d’essence dans un endroit désert en montagne, trouve asile dans une auberge isolée dont tous les hôtes ont un étrange comportement et semblent de connivence.

- Les souris. Des souris s’approprient une résidence à la campagne et soumettent les propriétaires à leur service.

Le traitement allégorique cette nouvelle par BUZZATI lui permet  de déjouer la censure. Les souris peuvent illustrer la montée puis l’installation du fascisme dans une société : l’incursion insidieuse, les premiers signes visibles négligés, l’accommodement progressif aux contraintes qu’elle impose, la prise de conscience de l’invasion trop tardive alors qu’on n’a plus ni les moyens, ni le courage, ni la force d’y faire face, enfin le renoncement. Plus généralement, la métaphore de l’irruption de phénomènes nocifs peut s’appliquer à d’autres menaces d’emprises sur notre société.

Dans Les amis,Toni Appacher, mort depuis vingt jours à peine, revient demander l’hospitalité aux amis qui l’on tant pleuré à son enterrement. Aucun d’entre eux n’accepte de le reconnaître. Tous se sont faits à l’idée de cette morte, ont repris leurs activités ou réorganisé leur existence sur de nouvelles bases. Toni Appacher n’a plus sa place chez les vivants.

 Les nouvelles de Dino BUZZATI sont aussi des contes moraux :

- L’enfant tyran : La démission éducative d’une famille terrorisée à l’idée d’affronter leur fils ou petit-fils fait de ce dernier un tyran qui les méprise et se joue de leur lâcheté.

- Un ver à la maison : Un ancien condisciple du collège perdu de vue depuis de nombreuses années surgit et s’impose dans la vie du narrateur.

- Le musicien envieux : Un musicien renommé et sûr de son talent découvre que le confrère modeste, qu’il méprise et ridiculise, est un compositeur de génie.

- Les cinq frères : Comment le génie du mal sème la discorde et le malheur dans une famille ?

- Ils n’attendaient rien d’autre : Un couple d’inconnus arrive dans une ville. La haine aveugle cachée au fond de chacun déchaîne une foule apparemment paisible contre eux, sous un prétexte futile et conduit celle-ci progressivement au meurtre.

-   À l’hydrogène ou l’effet d’une rumeur.

- La machine ou le combat de David et Goliath revu par BUZZATI.

- Nuit d’hiver à Philadelphie Un guide de haute montagne découvre, en 1945, les traces de parachutistes américains tombés pendant la guerre. La montagne a gardé l’histoire de leur mort.

 Dino BUZZATI, journaliste démontre dans L’avalanche la relativité de la notion d’évènement.

 Un charme étrange à la fois agréable dans leur narration et angoissant quant au fond du propos se dégage de tous ces contes allégoriques. Ils révèlent, chez BUZZATI, un profond pessimisme sur la nature du genre humain, une  inquiétude  sur les conséquences des phénomènes politiques et sociaux sur la liberté d’expression, le libre-arbitre de chacun.

Les certitudes, les embrigadements, le laxisme, la complaisance, l’aveuglement, la lâcheté, le renoncement sont des menaces permanentes, pour BUZZATI. « Soyons vigilant ! », pourrait être son message. 

 Le K (1966) - Dino BUZZATI (1906~1972)

Le désert des Tartares - Dino BUZZATI (1906~1972)

 


 

[1] Michel BEITMAN(1926~2009) – Voir sa biographie et son œuvre sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Breitman

17 octobre 2010

Dino BUZZATI (1906~1972) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE

 Dino BUZZATI (1906~1972) – BIOGRAPHIE – BIBLIOGRAPHIE 

 

Dino BUZZATI-Traverso de son vrai nom, est né dans le Frioul en Italie à Belluno le 16 octobre 1906. Son père, Giulio Cesare Buzzati, magistrat, président de la Cour d’appel de Venise, collaborait au « Corriere della Sera » en matière de droit international. Dès son adolescence, Dino a été en contact avec les représentants du monde journalistique milanais et souhaite devenir écrivain et journaliste. Son père meurt en 1920 d’un cancer du pancréas.

Après des études de droit entreprises en 1924,  il entre en 1928 en tant que chroniqueur au journal « Corriere della Sera » ou il est chargé d’élaborer des informations sur des faits divers recueillis par d’autres, de rédiger la critique musicale des spectacles les moins importants de la Scala.

L’ambiance très austère, les locaux du journal, le fait de rester enfermé dans son bureau, absorbé par ce travail monotone et fatigant jusque tard dans la nuit, de 1933 à 1939, tous ces éléments font prendre conscience à BUZZATI de la fuite du temps. En sera-t-il toujours ainsi ?

Intellectuel raffiné et sensible à l’absurde, BUZZATI, de retour chez lui compose des récits où un puissant sentiment d’étrangeté se dégage de la banalité la plus quotidienne. Il inaugure sa carrière littéraire avec Barnabo des montagnes en 1933, puis paraît en 1935, Le secret du bosco Vecchio.

 En 1936, il part en mission en Afrique dans le désert, comme correspondant et photographe du «Corriere della Sera ». Dans le Désert des Tartares, paru en 1940, il substitue l’atmosphère de la rédaction du journal à celle d’un fort militaire. Cette allégorie hors de tout contact avec la réalité du temps, dans laquelle il transmet sa perception de l’écoulement des heures et des journées, du temps pétrifié par la routine, traduit la sensation que l’univers vacille autour de l’homme. Le livre rencontre un succès immédiat et mondial et fut adapté au cinéma en 1976 par Valerio Zurlini sous le même titre, et fut tourné dans la forteresse de Bam dans le sud de l’Iran.

L’Italie entre en guerre en 1940. Le 30 juillet, BUZZATI est envoyé comme correspondant de guerre sur le croiseur Fiume, puis sur le Trieste. Entre juillet 1940 et 1942, il couvre de nombreuses batailles. Pendant les combats, il observe, prend des notes et photographie.

Le journal est passé à partir de septembre 1943 sous le contrôle des nazi-fascistes. Alors que nombre de rédacteurs sont en contact avec le parti communiste à l’intérieur du journal, lui reste politiquement non engagé, même après la guerre, dans les années 50-60 marquées par la forte politisation  des intellectuels. La crainte de la maladie, du licenciement font partie des obsessions de BUZZATI.

En 1959, il fait la connaissance d’une femme avec laquelle il vivra une histoire malheureuse qu’il sublime dans Un amour en 1963 qui décrit la passion dévorante d'un quadragénaire pour une jeune prostituée, et ses tourments savamment entretenus par elle. Le roman fut très mal accueilli par la critique ce qui n’empêcha pas le livre,d’être le best-seller de l’année, peut être à cause de son sujet.

En 1960, il rencontre Almerina Antoniazzi, mannequin, qu’il épouse et avec laquelle il partage un équilibre affectif basé sur la discrétion et sur le respect mutuel. Atteint à son tour d’un cancer du pancréas, il est décède à Milan en 1972.

BUZZATI, auteur de romans, a écrit aussi des contes, notamment Les sept messagers (1941), L’écroulement de la Baliverna, (1954), L’Image de pierre (1960), des pièces de théâtre, des poèmes, ainsi que des nouvelles dont la plus célèbre est Le K (1966). Peintre, il a fait une bande dessinée Poèmes bulles.

Sources : « Le petit Robert des noms propres » (2004), page357 ;
Internet, rosannadelpiano.perso.sfr.fr/ONPA_Buzzati_html.htm

10 octobre 2010

William BOYD (1952) - Orages ordinaires (2010)

William BOYD (1952) - Orages ordinaires (2010)

 

 Adam Kindred, 31 ans, marié, une excellente situation de professeur-chercheur en climatologie apprécié d’une université privée, menait une vie somme toute heureuse et paisible aux États-Unis. Aurait-il pu imaginer où le mènerait un moment d’amour à la sauvette avec une de ses étudiantes sur la galerie d’observation, tout en haut de la chambre à brouillard, au dessus des nuages ? Aurait-il pu imaginer que par une cascade de maladresses et de coïncidences terrifiantes, il serait aux yeux de tous, indubitablement l’auteur d’un homicide ?

 

Recherché par la police, poursuivi par le tueur à gage qu’il a surpris, Adam entre dans la clandestinité. Agressé par des voyous, il se retrouve rapidement dépouillé de tout, même de vêtements. Comment survivre inaperçu dans Londres sans papiers, sans portable, sans argent, sinon connaître le sort des sans-domiciles, des disparus de tout poil qui errent dans la capitale ? Sur le qui-vive, dans une insécurité permanente, tous doivent déployer une ingéniosité fabuleuse pour faire face, à tout prix, à leurs besoins les plus élémentaires.

 

Le récit nous conduit aussi dans les coulisses d’une société cotée en bourse, nasse de piranhas voraces où le cynisme le plus révoltant est au service de la cupidité. Qu’importe les moyens ! Supprimer les importuns au besoin, sans se salir les mains !

 

Pourchassé et menacé par les uns, aidé par les autres, Adam saura saisir la chance qui lui permettra peut-être de reprendre pied dans la société.

William BOYD articule son roman d’une main de maître, tient le lecteur en haleine et met en valeur la complexité des personnages avec son habileté coutumière.

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3 octobre 2010

LA FIN DE L’IRAN DES PAHLÉVI - (l’année 1978~16/01/1979)

LA FIN DE L’IRAN DES PAHLÉVI [1] (l’année 1978~16/01/1979)

 

Grâce aux revenus du pétrole, Mohamed Réza Pahlévi, schah d’Iran depuis 1941, engagea son pays dans une profonde transformation politique, économique et sociale. Il mit en place une réforme agraire de redistribution des terres appartenant à la couronne et à l’État à partir de 1963. Parallèlement se développait un grand effort d’éducation populaire avec la création d’un corps pédagogique de jeunes gens et de jeunes filles chargés de donner des cours dans les villages peuplés d’illettrés.

De 1969 à 1974, le taux de croissance annuel de l’Iran fut de 12% et le revenu par habitant avait augmenté de plus de 60%. Après le premier choc pétrolier de 1974, consécutif à aux brutales hausses décidées par l’O.P.E.P., le schah joua un rôle modérateur au sein de cette organisation, afin de ne pas asphyxier ses alliés occidentaux. Avec leur aide, il souhaitait faire de son pays une grande puissance économique moderne dans le Moyen-Orient.

Membre du pacte de Bagdad depuis 1955, lié par traité aux États-Unis, Mohamed Réza voulait aussi faire de l’Iran une puissance militaire afin de jouer le rôle privilégié de « gendarme » de l’Occident dans la région du Golfe Persique et envisageait de se doter de l’arme nucléaire.

Cette ascension de l’Iran au rang de grande puissance se faisait dans le cadre d’un régime autoritaire, qui soumettait la population au contrôle implacable de la Savak, la police politique, entraînant des vagues de répression, marquées par des centaines d’exécutions. Selon un rapport d’Amnesty International en 1976, il y aurait eu de 25 000 à 100 000 prisonniers politiques et 300 exécutions en trois ans.

Le loyalisme populaire s’atténuait au fil des années sous l’effet d’une double opposition :

- celle des milieux politiques et universitaires, hostiles à l’autocratie et à la sujétion envers les États-Unis,

- celle des milieux intégristes chiites, hostiles à l’occidentalisation d’un régime, qui sous couvert de mesures de libéralisation (notamment en faveur de l’insertion des femmes dans la vie civile) allait à l’encontre de leur interprétation des préceptes du Coran.  Cette opposition religieuse était relayée par quelque 180 000 mollahs, à travers les 80 000 mosquées du pays. De plus, elle était soutenue par les commerçants du Bazar et trouvait un écho auprès du prolétariat urbain victime de l’industrialisation forcenée et de l’exode rural.

Cette prise de conscience populaire allait permettre aux leaders religieux chiites, les ayatollahs, de l’emporter nettement sur les leaders politiques dans la lutte ouverte véritablement en 1978 contre le régime. L’ayatollah Khomeiny, après 15 ans d’exil, arrive en France à Neauphle-le-Château, le 6 octobre 1978. Meneur de foules à la volonté implacable, il allait faire échouer toutes les solutions politiques empreintes de la moindre compromission avec le Shah et abattre la monarchie.

Dès le début de 1978, des émeutes, des manifestations parfois sanglantes et de graves troubles universitaires dans les villes se succèdent. Leur répression fit des centaines de morts.  À ces soulèvements, s’ajoutaient des évènements dramatiques (400 morts dans l’incendie d’un cinéma à Abadan, le 19 août 1978). L’explosion sociale s’étendit dans tout le pays à partir du mois de septembre. L’extension le 8 septembre, à Téhéran et à dix autres villes, de la loi martiale déjà en vigueur à Ispahan, est proclamée. Ce fut le « Vendredi noir » : l’armée ouvrit le feu sur de jeunes manifestants, laissant environ un millier de morts.

Parallèlement depuis octobre 1978, une vague de grèves est déclenchée dans les usines paralysant les secteurs vitaux de l’économie et notamment celui du pétrole dont les exportations sont arrêtées le 26 décembre. Ces grèves d’abord revendicatives devinrent politiques au fil des jours. Dans tout le pays, les grévistes, comme les manifestants, réclamaient, le retour de l’ayatollah Khomeiny.

Au cours des deux dernières années, depuis 1977, deux gouvernements civils, un gouvernement militaire, puis un gouvernement civil se succédèrent.

Dans le climat de chaos créé par les appels répétés de l’ayatollah Khomeiny à la grève, à la désertion, à l’insurrection générale, seul Chahpour Bakhtiar accepta de tenter une nouvelle expérience de gouvernement civil le 6 janvier 1979.

Des concessions aux intégristes musulmans avaient été faites. Des prisonniers politiques avaient été libérés. Les entraves à la liberté de la presse avaient été supprimées. De hautes personnalités accusées de corruption ainsi que le chef de la Savak avaient été arrêtés. Aucune de ces mesures prises depuis les six derniers mois de 1978, ne purent arrêter la révolution en marche. Le 16 janvier, le schah et sa famille quittaient l’Iran.

L’Iran attendait désormais le retour de l’ayatollah Khomeiny le 1er février. Dès le 13 janvier 1979, celui-ci annonça la formation du Conseil islamique de la révolution, contre pouvoir qui donna naissance le 12 février au premier gouvernement révolutionnaire.

On estime qu’au total, les évènements d’Iran de l’année 1978 avaient coûté la vie à au moins 10 000 personnes.

 

 

Sources : Quid – Dominique et Michèle Frémy ww.quid.fr (Robert Laffont)

Dictionnaire d’histoire universelle en 1 volume Michel MOURRE – Jean-Pierre Delarge – (Bordas)

Le Petit Robert des noms propres - Dictionnaires Le Robert 27, rue de la Glacière 75013 PARIS


 

[1] La famille Palhlévi régna sur l’Iran de 1921 à 1979 

3 octobre 2010

LE BSC (British Security Coordination) AVANT L’ENTRÉE EN GUERRE DES USA (7 déc. 1941)

LE BSC (British Security Coordination) AVANT L’ENTRÉE EN GUERRE DES USA (7 déc. 1941)

 

   Restée seule en face des forces de l’Axe après l’effondrement de la France devant l’avancée nazie, la Grande-Bretagne, fit front, avec une énergie extraordinaire, aux attaques incessantes de la Luftwaffe et  aux menaces de débarquement allemand pendant l’été et l’automne 1940.

   Winston Churchill avait remplacé Chamberlain à la tête du gouvernement de coalition le 10 mai 1940. Il fut l’animateur de la résistance. L’écrasement de l’Angleterre aurait été inévitable si elle n’avait pas bénéficié d’une aide matérielle croissante de la part des États-Unis. Cependant, l’opinion américaine n’était pas disposée à entrer en guerre.

 William Stephenson,  un industriel canadien, est chargé par Winston Churchill de créer un service qui prendra le nom de BSC. Sa tâche du BSC consistait à promouvoir les intérêts britanniques aux  États-Unis, à contrer la propagande nazie et à protéger les convois de l’Atlantique des sabotages ennemis.

   Le BSC a été enregistré par le Département d’État. Ses bureaux étaient installés dans le Rockefeller Center et portaient comme nom de couverture British Passport Control Office.

 On trouvera plus de renseignements sur

 ses activités sur ce site en anglais :

http://www.spinprofiles.org/index.php/British_Security_Co-ordination)

la formation de ses agents :

http://www.mdn.ca/site/commun/ml-fe/article-fra.asp?id=3350

un de ses agents, l’espionne Elisabeth Thorpe :

http://www.toutpourlesfemmes.com/conseil/Elizabeth-Thorpe-espionne-au.html?xtor=RSS-2

son fondateur, sur ce site en anglais :

http://www.intrepid-society.org/intrepid04.htm

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